Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-11-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 novembre 1919 09 novembre 1919
Description : 1919/11/09 (Numéro 21307). 1919/11/09 (Numéro 21307).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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Jte Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqué*
prie les auteurs d'en garder copie
Adresse télégraphique TJBœPS FAH19
CJaTJ&'STJB FOSrAlj Numéro 60
Paris, 8 novembre
BULLETINjG JOUR
COMMENT L'ALLEMAGNE SE RELÈVE
Depuis mercredi dernier et jusqu'à samedi
Prochain, aucun train de wyageurs ne marche
plus en Allemagne, sauf dans la •banliejj le des
grandes villes. Même pendant la mobilisation
générale de 1014, on n'avait rien vu de pareil.
Une proclamation du président Ebert déclare
qu'il faut tout réserver au transport du charbon
et des pommes de terre, mais cette explication
paraît incomplète. C'est en effet maigre le mi-
nistre prussien des chemins de fer, autorité
particulièrement compétente, que le gouverne-
ment du Reich a décidé de ne plus laisser cir-
culer personne pendant onze jours. L admmis-
tration prussienne, avec l'expérience qu elle a
acquise en exploitant son vaste réseau, mon-
trait par des arguments techniques que V arrêt
du trafic-voyageurs ne permettrait nullement
de rétablir l'équilibre dans le trafic-marchan-
dises Si M. Ebert et ses ministres ont dédaigné
ces objections techniques, c'est qu'ils avaient
sans doute des raisons politiques ou militaires
pour interrompre toute circulation. L'on assure
•qu'ils ont voulu empêcher l'agitation sparta-
kiste de recommencer demain, 0 novembre, a
l'anniversaire do la révolution berlinoise. Si
«ette seconde .explication est la,bonncvon con-
viendra que les ministres sozialdemokrates du
Reich ont trouvé une manière originale de
maintenir l'ordre. C'est contre les révolution-
naires qu'ils font la grève des transports.
D'ailleurs, ils ne paraissent pas inquiets. On
fe entendu dernièrement, à Berlin, deux dis-
cours rassurants sur la situation économique
de l'Allemagne. Les hommes qui les ont pro-
noncés sont deux lumières du parti sozialde-
mokrate M. Robert Schmidt, ministre de 1 éco-
nomie publique, et M. Auguste Müller, ancien
secrétaire d'Etat..
M: Robert Schmidt a annoncé à l'Assemblée
nationale que la production du charbon aug-
mentera sûrement et que la production du
îjgnite est presque revenue au niveau d'avant-
guerre. « Pour le développement de notre in-
dustrie, a-t-il dit, les perspectives ne sont pas
sombres du tout » En commentant ce discours,
le Bediner Taçjeblalt écrivait « Nous recom-
mençons aussi' à exporter. On sera surpris d'ap-
prendre que notre exportation, quoiqu'elle cor-
responde seulement au sixième de ce qu'elle
était en temps de paix, représente cependant
une valeur égale à celle qu'elle atteignait avant
la guerre. » Go paradoxe s'explique par le ren-
chérissement universel des prix, et en particu-
lier par l'avilissement du mark. Mais quoi qu'il
«a soit, le commerce extérieur de l'Allemagne
reprend.
Il n'y a guère qu'un point noir l'Allemagne
Sa besoin d'importer des vivres en masse, sur-
tout cette année-ci, où sa récolte de pommes de
terre est mauvaise et où son cheptel est forte-
ment réduit. M. Robert Schmidt a énuméré les
principales denrées alimentaires qui ont. été.
importées dans 1« prenMeï. semestre de 1919
les céréales y figurent pour 53G millions de
maris, la viande pour 589 millions, et le total
général s'élève à deux milliards 141 millions.
Comme la valeur du mark ne cesse de bais-
ser, le second semestre promet d'être très oné-
reux' aussi. On calcule que le sucre, à lui seul,
-ïi >nace de coûter une somme prodigieuse, car
^Allemagne n'en produira pas assez pour sa
cbnsommation de cette année. Ces énormes
achats contribuent encore à déprécier la mon-
naie allemande sur les marchés étrangers.
M. Auguste iMûller s'en rend compte. Il a dé-
fclaré à l'Association des ingénieurs allemands
qu3 liAllemagne ne peut pas continuer à dila-
pider son patrimoine pour se nourrir. Mais,
loin de conclure qu'il n'y a pas de remède, il en
a indiqué plusieurs, dont certains méritent
4'intiresser des alliés. L'un consiste à « se ren-
dre indépendant, le plus possible, de la sphère
d'influence britannique et à s'orienter dans le
sens de l'Europe orientale, c'est-à-dire à re-
construire en commun la Russie
et la Tcbé co-Slovaquie ». On remarquera que
ce .programme d'expansion allemande en pays
slave n'est pas formulé par un des hobereaux
prussiens qui soutiennent l'entreprise militaire
.de Courlande, mais par un socialiste authenti-
que qui a consacré une grande partie de sa
carrière à développer le mouvement coopéra-
tif. Un autre remède proposé par M. Auguste
Mùller, c'est un vigoureux relèvement des prix
que les producteurs allemands font payer par
leurs clients étrangers. Il s'agit d'augmenter
suffisamment ces prix pour compenser la dé-
préciation du mark, en profitant de ce que les
étrangers sont forcés, d'acheter à n'importe quel
jcours: « Le. besoin de marchandises est im-
mense; chez des neutres -et même chez nos
anciens ennemis, on mendie véritablement pour
obtenir des produits allemands. »
iRetever les prix pour l'exportation, et les re-
lever dans la proportion gigantesque où le
«mark a baissé, c'est décidément une idée qui
fait son chemin en Allemagne. Le ministre iRo-
lje'rfc Schmidt l'a prônée de son côté, en con-
seillant, aux industriels de s'arranger entre eux
pour instituer un contrôle des prix. Mais il y
a. un inconvénient que M. Félix Pinner a si-
gnalé dans le Be'rliner Tageblatt: si les indus-
triels allemands ont la certitude de vendre
beaucoup plus cher au dehors qu'au dedans, ils
seront tentés d'écouler à l'étranger la plus gran-
de partie possible de leur fabrication, et les
consommateurs allemands ne seront plus ser-
yis.
Pour éviter cetbe crise, M. Félix Pinner ex-
pose une combinaison qui parait être, dit-il,
dans les projets du ministre Robert Schmidt:
FEtat prélèverait une portion des bénéfices sup-
plémentaires que le relèvement des prix pro-
curerait aux exportateurs. Et que ferait-on des
recettes ainsi encaissées par le Trésor du Reich?
:« On les emploierait à abaisser le prix de la vie
â l'intérieur de l'Allemagne. ,» On sait en effet
que le gouvernement du Reich dépense des
sommes considérables pour arriver a ce ré-
sultat il a vite épuisé -4e- crédit d'un milliard et
demi qui avait été voté pour diminuer artifi-
ciellement le prix des denrées alimentaires.
Si le gouvernement du Reich réalise l'idée que
lui attribue M. Félix Pinner, on assistera à une
opération vraiment curieuse. Le Trésor du Reich
encaissera, des sommes qui auront été versées
par des acheteurs étrangers. 11 s'en servira pour
mettre le consommateur allemand en mesure
d'acheter, au-dessous du prix normal, des ob-
jets de première nécessité. Le prix de la vie, et
..par conséquent le taux des salaires, sera donc
maintenu en Allemagne à un niveau plus bas,
grâce à un certain apport d'argent étranger. Il
en résultera que les fabricants allemands con-
̃finueront à produire dans des conditions avan-
tageuses puisque les salaires n'auront pas
été relevés, eux, dans la proportion où le mark
est déprécié, et ils conserveront ainsi des fa-
cilités exceptionnelles pour écouler leurs mar-
chandises au dehors. S'ils constatent que leurs
prix majorés pour l'exportation commencent à
effrayer leurs clients, ou à favoriser leurs con-
currents, ils auront encore une assez grande
marge de profits pour que leurs tarifs puis-
sent être réduits sans danger. Du reste, à me-
sure qu'ils reprendront une place sur le mar-
ché du- monde et qu'ils' augmenteront la auan^
tité de leurs exportations, ils pourront se. con-
tenter de gagner moins sur chaque article.
En résumé, • l'Allemagne appliquerait un.
dumping à rebours. Avant la guerre, quand il
y avait pléthore de marchandises, elle se rési-
gnait à vendre cher chez elle, afin de vendre
bon marché au dehors. Maintenant que les de-
mandes dépassent partout les offres, elle obli-
gerait l'étranger à payer cher, afin de se réser-
ver à •elle-même une vie; une main-d'œuvre à
meilleur marché. C'est un système très ingé-
nieux. Mais il serait peut-être plus juste,
comme le Temps l'a déjà proposé, d'employer
à un autre usage les prélèvements faits sur les
bénéfices des exportateurs allemands on
n'aurait qu'à les verser à la caisse des répara-
tions.
DÉPÊCHES TÊLÉGIÂPHSOOES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU STClttîtB
Londres, S novembre.
Le lord-maire a remis à l'ambassadeur de France
un chèque de 75,000 livres sterling, produit de la
«Journée française)-, organisée en Angleterre et au
Canada par le' comité anglais de la Croix-Rouge
française.
Londres, S novembre.
Suivant le Daily 7elerirap!i, sir Heskcth Bell,
tcouverneur de l'ile Maurice, a déclaré que la ques-
tion de la rétrocession de l'île Maurice à la France
a été définitivement réglée, 90 0/0 des habitants
.s'étaiit opposés à tout changement.
I.ondws, 8 novembre.
Suivant une information publiée par le Dritty
Newst le célèbre chanteur russe, M. Féodor Cha-
'liapino, dont on avait annoncé l'exécution par les
bolchevistes, n'a nullement été inquiété.
Bâle, S novembre.
Suivant le Lokal Anzciger, un consortium français
a fait la proposition d'assumer l'exploitation des
bains de Wiesbaden pour deux millions de, marks.
Le conseil municipal de cette ville a repoussé cotte
proposition. •
r r Bruxelles, 8 novembre.
La commission chargée par lo gouvernement
d'examiner la possibilité de créer des cours fla-
mands à l'université de Gand, s'est ralliée à l'avis
du recteur de l'université, M. Pirenne, qui s'est
déclaré hostile à cette mesure et s'est prononcé
contre toute création de cours flamands.
De cette manière, la question de l'université fla-
mande ne sera résolue qu'après les élections, lors-
que le pays aura marqué son sentiment et sa vo-
lonté quant à la solution à donner au grave pro-
blème do l'usage des deux langues nationales.
Programmes électoraux
Plus les élections approchent, plus les pro-
grammes se précisent, plus les déclarations se
multiplient. On sort peu à peu de cette confu-
sion dont se plaint avec raison M. Briand, si
elle devait être habilement calculée pour favo-
riser des choix ambigus ou involontairement
prolongée pour aboutir à des malentendus.
Nous avons eu le programme si clair, si net, de
M. Louis Barthou, qui a enfermé dans des for-
mules heureuses les jdées. essentielles. Aujour-
d'hui, trois manifestations, des plus intéressan-
tes le discours de M. Millerànd, une courte
allocution dé M. Briand, une explication coura-
geuse de M. Barrès. « Hier, la France devait
vaincre ou périr. Aujourd'hui, il lui faut pro-
duire ou disparaître. » Telle est la phrase limi-
naire, telle est la dominante d'idées du discours
prononcé hier par M. Millerand devant 3,000
électeurs de la 2" circonscription de Paris. Pro-
duction disparue ou raréfiée sur certains points
du globe et pour un grand nombre d'objets, sur
la production restante une hausse do prix in-
cessante telle est la situation actuelle. Dispa-
rue ou raréfiée par un fait qui échappait à no-
tre volonté la guerre; par une erreur cardi-
nale de notre volonté. l'étatisme. La guerre a
frappé de paralysie notre production par l'af-
flux subit et prolongé de la main-d'œuvre au
front, par les réquisitions des matières. L'éta-
tisme a gêné le libre jeu des productions pos-
sibles, tari bien des sources de prospérité, con-
tribué à la hausse des prix.
Donc, produire de toute urgence, telle est
l'œuvre primordiale, tel est le devoir impé-
rieux pour tout Français. Pour produire, il faut,
en dehors des moyens matériels, deux. éléments
moraux le calme dans le pays, l'union entre
ses citoyens. Nous avons gagné la guerre; il
nous faut maintenant gagner la paix. La France
de 1914 devait « vaincre ou périr »; elle n'a
pas péri, elle a vaincu par l'héroïsme indivi-
duel de ses enfants, par leur union. La France,
de 1919 doit « produire ou disparaître ». Elle
ne disparaîtra pas, si elle produit. Là encore, il
lui faut une autre forme cf'héroïsme, une autre
forme d'union. Le travail; c'est le courage in-
dividuel du citoyen en temps de paix. L'union,
c'est la subordination d'opinions, de convic-
tions personnelles à l'idéal commun et l'idéal
commun, à l'heure actuelle, c'est de refaire la
France. La refaire dans sa production vivante,
dans sa production de natalité donc, lois de
protection pour la famille, pour l'enfance, pour
l'hygiène, contre le taudis, la tuberculose, l'al-
coolisme. La refaire dans sa production agri-
cole, commerciale,. industrielle donc, sup-
pression des entraves sous lesquelles on a en-
chaîné l'initiative libre, bonne politique doua-
nière, restauration de notre flotte marchande,
exploitation de nos admirables territoires colo-
niaux, et dans l'industrie surtout, comme le
dit justement M. Millerand, « entente entre les
collaborateurs de la production ». Le « patron »
est aussi essentiel à la, production que le « tra-
vailleur ». Le patron est d'ailileurs bien souvent
lui-même un travailleur en fonction, l'ouvrier
un propriétaire en devenir. M. Millerand a mon-
tré, avec cette force singulière qui s'échappe de
ses démonstrations solides et massives, qu'il y
avait, chez certains hommes, tout un plan sourd
et concerté- pour faire surgir, une à une, tan-
tôt sur un champ, tantôt sur un autre, des grè-
ves successives, apparues et disparues, renais-
santes et éteintes, invoquant parfois des rai-
sons professionnelles, mais chaque jour davan-
tage des causes politiques. Il s'agit de créer du
mécontentement, générateur d'agitation, de
créer de la misère, mère de la révolution. Il faut
tellement surexciter ceux qui souffrent, harce-
ler ceux qui produisent, inquiéter ceux qui
possèdent, menacer, troubler tout le monde, que
le foyer social devienne inhabitable tel est le
îmt, hier inavoué, aujourd'hui public, de ces
compagnons du désespoir, Voilà l'entreprise
détestable que doivent couper dans sa. racine
tous ceux qui ne veulent pas qu'après avoir
triomphé de la masse allemande, la France
chancelle et succombe sous la minorité bol-
cheviste.
Donc union des forces saines contre les for-
ces malsaines. Union entre alliés: « iLa France
a été le pays de couverture de la civilisation. »
La civilisation lui doit quelque chose. Sur ce
grand livre taché du sang des alliés, la France
a la page îa plus lourde à son crédit: les alliés
ne doivent pas laisser ce compte indéfiniment
ouvert. Union entre les Français qui n'ont pas
appris ou réappris à s'aimer et à s'aider dans
les-tranchées d'hier pour se haïr et se déchirer
sur les chemins de l'avenir. Cette union com-
mande à la fois le maintien des lois laïques et
la reconnaissance des libertés religieuses. M.
Millerand a été très net sur ce double point.
D'ailleurs il n'y a pas incompatibilité entre les
deux, sauf vovav lés intransigeants de droite «t.
de gauche. pas, -aaai-htenïr les lois acquises,
c'est arracher de l'union ceux qui ne veulent
pas que les idées confessionnelles soient/ impo-
sées ^à leur conscience. Ne pas admettre les li-
bertés religieuses, c'est écarter de son cercle
ceux qui ont le droit de les pratiquer au même
titre que les libertés civiles ou politiques. C'est
ce qu'explique avec un art infini et une hon-
nêteté courageuse M. Maurice Barjjès ce matin
dans VEcho de Paris. Le penseur, dans l'intel-
ligence duquel a toujours monté l'idée reli-
gieuse catholique comme la prière s'élève sous
les voûtes de ces cathédrales glorieuses qu'il a
décrites avec amour, se trouve, en ce moment,'
à un de ces carrefours douloureux où la cons-
cience, pour peu qu'elle soit non pas un mot
vide, mais une réalité vivante, s'arrête et se
consulte avec angoisse. Drame intime dont M.
Barres sort avec la conviction profonde et jus-
tifiée que la guerre qui a épuré tant de vérités
troubles, tant de passions secondaires com-
mande .et -.permet de remplir, pour le bien de la
France, le 'double .devoir, qu'il entend continuer
d'observer, de Français et- de catholique. Tel
est le secret, secret qui n'a rien que de méri-
toire, de son consentement réfléchi au program-
me de M. Millerand, de son adhésion et de son
admission à la liste d'union républicaine na-
tionale.
Nous disons intentionnellement « Union
républioaino nationale. Car M. Briand, avec
cette finesse enjouée et cette raison avisée qui
caractérisent son talent, a soigneusement distin-
gué, à Nantes, dans une allocution qui com-
plète ses précédentes déclarations, « l'union ou
da solidarité nationale »'et « l'union républi-
caine nationale ». La première,, c'est, selon lui,
la confusion; la seconde, c'est la franchise. Il
y a, de par le monde électoral qui s'agite,, des
listes qui se réclament beaucoup d'union na-
tionale. Mais elles oublient par hasard ou omet-
tent par intention d'y ajouter un simple mot,
qui est essentiel, le mot « républicaine ». Cela
va sans dire, répondent-ils aux questionneurs
indiscrets. Comme le répondait Talleyrand au
plénipotentiaire allemand au congrès de
Vienne, cela. ira encore mieux en le disant.
L'union ne doit pas être une duperie.
Reste, pour en revenir au discours de M. Mil-
lerand, toute une partie, qu'on lira plus loin, re-
lative à la réforme parlementaire et même
constitutionnelle. Question trop importante
pour ne pas motiver un examen particulier, que
nous nous réservons de faire.
«e– '̃
A la veiile de l'anniversaire
DE L'ARMISTICE
A l'approche de l'anniversaire de la signa-
ture de l'armistice, il n'est pas sans intérêt de
rappeler la dernière phase de la magistrale
offensive de Foch, qui à contraint le comman-
dement allemand à demander la cessation des
hostilités, faisant ainsi l'aveu de sa défaite.
M. Louis Gillet, dans un remarquable article
de la Revue des Deux Mondas, sur les i mémoi-
res de iLudendorff, écrit: « Pourquoi Lude-n-
» dorffy au lieuï-de battre largement en1 «retraite
» et d'ordonner un vaste repli, en évacuant,
» s'il le fallait, tous les territoires-occupés,
» s'obstina-t-il à faire tête et s'épuisa-t-il en
» des résistances stériles? Que lui coûtait-il de
» renouveler en grand sa plus belle manœuvre,
» celle de mars loi 7, et de rompre le combat
» pour se retirer au besoin sur le tSteuse? Il ne
» sacrifiait que des territoires étrangers: Jof-
» fre, en août 1914, n'avait pas hésité à faire.
» le sacrifice d'une partie de la France. Der-
» rière la Meuse, s'il avait su s'y résigner tout
», de suite, il est hors de doute que Ludendorff f
» nous eût.mis en grand embarras il pou-
» vait y reformer ses forces dans une posture
» redoutable. » Et plus loin l'auteur de l'ar-
ticle ajoute « Au lieu de suivre ce grand parti,
» Ludendorff f s'obstina en chicane de détail;
N il acheva d'y mettre en pièces son armée,
» d'y consumer ses dernières réserves. Il fit
» une retraite imposante, et il faut le dire,
» supérieure chef-d'œuvre funeste! Cette re-
» traite au lieu de sauver son armée, en de-
» vint le tombeau. » Observations parfaite-
ment justes, et qui montrent que l'armée al-
lemande, abordée, sur toute l'étendue de son
front, menacée d'être débordée sur ses deux
flancs, manœuvrée en un mot avec une maî-
trise admirable, ne pouvait plus rien attendre
de la continuation de la lutte. Elle était vain-
cue. Suivons les événements.
A la date du 28 septembre, jour de la mise
en mouvement de toutes les armées, les forces
.alliées étaient réparties de la manière sui-
vante
A droite, -l'armée américaine (Liggett), après
avoir enlevé les hauteurs de Montfaucon,
était établie sur la rive gauche de la Meuse,
de Brieulles à Exermont. Elle se reliait dans
la forêt d'Argonne à la 4° armée (Gouraud),
qui- s'étendait jusqu'à Auberive-sur-Suippes.
Les deux armées avaient pour mission, en at-
taquant entre la Meuse et la Suippes de dé-
border et de faire tomber les monts de iîVIoron-
villers, le massif de Nogent-l'Abbesse et même
le plateau de Craonne.
Entre la Suippes et l'Oise, à cheval sur l'Ais-
ne, les 5*, 10' et 1" armée (Ôuiilaumat, Mangin
et Debeney), allaient d'Aubérive, par Reims,
Vaiîly et Tergnier à Saint-Quentin. Ce groupe
de liaison abordait de front l'ennemi, menacé
à droite par l'armée américaine, et la 4° ar-
mée, et à gauche par les armées britanniques
opérant à l'ouest de l'Oise.
Les 4° et 3° armées anglaises (Rawlinson et
Byng) devaient agir entre .l'0'i.se et l'Escaut (en
aval de Cambrai). Les 1" et 8° (Horne et Bird-
wood) allaient aborder la ligne des canaux qui
réunissent l'Escaut à la Lys et lier leurs mou-
vements avec les armées de Belgique (Plumer,
Dégoutte et armée belge) qui devaient libérer
tout le, territoire au nord de la Lys et de la
ligne Courtrai-Audenarde..
Les positions de l'ennemi étaient singulière-
ment fortes. Au centre, des inondations avaient
été tendues; dans la vallée de l'Oise, .de la
Fère à Etreux (à hauteur du Cateau) et dans
la vallée de la Serre et celle de la Souche, de la.
Serre à Pouilly-sur-Serre et à Sissonne.
La résistance de''l'ennemi fut des plus vio-
lentes devant l'armée américaine, sur les hau-
teurs entre Dun et Grandpré et dans là forêt
d'Argonne à l'est de Vouziers; elle opposait
chaque jour de nouvelles réserves aux efforts
incessants de nos alliés. Dans sa marche vers
i'Aisne, la 4° armée (Ooupaud) renconûra éga-
lement une vive opposition sur i'Arnès et la
Retourne. Le l'4 octobre, elle était établie sur
les hauteurs entre Neufcliâtel-sur- Aisne et
Vouziers, se reliant à droite à l'armée Liggett
par Olizy et Grandpré. La manœuvre de la-
gauche de la 4° armée oblige l'adversaire à se
inetirer au delà de l'Aisne, abandonnant d'a-
bord la partie est des monts de Moronvillers,
puis toutes les défenses au nord de "Reims. iLa
8" armée (Guillaumat) accéléra sa retraite,
pendant que la 10° (Mangin) dépassait Laon et
abordait les défenses de là ©erre et de la Sou-
che. La ï" armée (Debeney) appuyait, de la.
façon la plus efficace et la plus habile, la droite
des armées britanniques sur les hauteurs d'Ai-
son ville" et venait border d'Oise entre la Fère
et lEtreux.
ILe^ armées jbritaiHiJaiiès oyaient ésal-ement
S, givrer de très durs combats, dans les lignes
Hmdenburg, entre le Ûateau, Cambrai et Douai.
Leur aîle gauche progressait vers Lille, les
armées de Belgique, bordant là Lys, en-amont
de Courtrai, étendaient leur front jusqu'à
Bruges. •
Cette période du 28 septembre au 14 octobre
marque un affaiblissement incontestable des
résistances, de l'ennemi qui y a consacré ses
dernières réserves. Déjà le 3 octobre, ce fut la
débâcle des armées bulgares, le prince Max de
Bade entamait avec l'Amérique des négocia-
tions, en vue d'un armistice général, en pre-
nant pour base les propositions du président
WiJson; celui-ci déclina ces ouvertures, qui
n'étaient pas adressées à toutes les nations bel-
ligérantes. Le 0 novembre, l'Allemagne les for-
mulait d'une façon plus précise. A cette date,
le front des armées alliées avait largement
progressé, à gauche sur l'Escaut entre Aude-
narde et Tournai, comme entre Valenciennes
et Condé; au centre, il avait atteint la Sambre
à Berlaincourt, au sud de Maubeuge. Notre
droite s'étendait du nord de Rethel à Beàumont
dans la vaUée de la Meuse. Les armées alle-
mandes étaient toutes en pleine retraite et
n'avaient plus que deux partis à prendre ou
s'échapper par. la Hollande, ou rétrograder à
la hâte devant nos armées victorieuses et re-
passer la Meuse en désordre entre Mésières et
Liège. C'est pour éviter le désastre que les plé-
nipotentiaires allemands signèrent- le 11 no-
vembre l'armistice aux conditions imposées
par le maréchal Foch, qui, placé y. la tête de
plusieurs millions d'hommes, avait en quatre
mois, par une énergie incessante et. d'habiles
manœuvres, obligé ses adversaires à s'incliner
devant sa volonté et sa maîtrise.
Les hostilités cessèrent le fi novembre à
11 heures. Les alliés s'arrêtèrent sur le front
Gand, Ath, Mons, Maubeuge, Beaumont, Rocroi,
Méziè'res, Sedan, Stenay, Damvillers.
Nos armées de l'est étaient intactes, et sous
les ordres du général de Castelnau, elles se
préparaient, avec de nouveaux contingents, à
le 14 novembre une action offensive
en v. Lorraine. Cette offensive visait à douper la
retraite aux armées allemandes, au moins à
celles qui étaient encore engagées dans les
Ardennes. Elle devait fatalement réussir, en
raison de la supériorité numérique qu'elle pré-
sentait et de l'ascendant moral des armées al-
liées. Elle eût accentué par un désastre la dé-
faite, qui était déjà acquise. L'armistice fut
signé. Les armées allemandes laissaient entre
nos mains plus de 300,000 hommes et un ma-
tériel considérable. C'était la victoire, mettant
un à une guerre mondiale sans exemple, en
raison de l'énormité des effectifs engagés, de
l'étendue des fronts, de la durée des opéra-
•tjfths, de la puissance et de la précision des ar-
mëmenAs, de la consommation des munitions,
de l'emploi intensif des chemins de fer et des
camions automobiles, de la télégraphie sans
fil, de l'apparition des chars d'assaut et des
avions do bombardement, des canons à longue
portée, des gaz toxiques et des liquides en-
flammés.
La victoire de l'Entente a été la revanche des
peuples opprimés contre l'esprit vde conquête
et d'annexion. Le 11 novembre 1918, qui l'a
consacrée, doit donc être considéré "comme une
des dates les plus mémorables de l'Histoire,
Général DE Lacroix.
«&,
SUR LA PIERRE NOIRE
Le culte de la pierre ,noire, que l'on croyait
̃aboli, est en train de renaître en Europe et recrute
«hàque jour, chez nous, de nouveaux adeptes. J'ai
<ç,éj$anl"ré, aujourd'hui, un cortège mystique de ses
pf étires et de ses fidèjç-s processionnaiit en plein
P;àris. Un char s'avançait dans la rue, portant l'i-
dole, avec une majestueuse lenteur. II. était suivi
d'une cohorte recueillie, marchant religieusement
dans son sillage. De temps en temps, dans un geste
rituel, ces initiés sa prosternaient brusquement,
tous ensemble, comme pour baiser da terre; et leurs
mains tendues cherchaient à s'emparer, dans la
poussière, 'des menus éclats de la pierre sacrée
qu'avaient pu détacher les cahots de la route. Puis
• ils Se relevaient et, le front pieusement inclina
vers to sol, ils reprenaient leur liturgique défilé.
Les observateurs superficiels ne s'attardaient
pas. à contempler ce spectacle: ils trouvaient par-
faitement naturel qu'en ce temps do crise du char-
bon, une voiture.de 'livraison, chargée de sacs d'an-
thracite mal équilibrés, fût suivie par un groupe
do" «.glaneurs » attentifs. M-ais ces esprits 'légers
avaient tort. La vision que les dieux offraient a
nos méditations avait une haute valeur symboli-
que. Elle était bien te geste allégorique de tout un
peuple adorant une divinité redoutable et s'incli-
maiH' sur son pass-age en se disputant ses reliques.
C'sltàit bien île char d'Un tyran qui passait. Une
pierre la pierre noire! est en train d'asservir
il'hunianité. Elle nous fait sentir durement notre
«scîavage parce que c'est sur cette pierre, super
hanc prtram, que nous avons eu l'imprudence d'é- I
difier toute notre civilisation.
Nous expions durement, aujourd'hui, cette faute.
La crise actuelle du charbon n'est pas seulement
douloureuse pour notre épiderme frileux: elle l'est
aussi pour notre amour-propre. La crise du char-
bon est humiliante. Elle démontre, avec. un luxe de
détails et d'exemples d'une cruauté raffinée, la
précarité des conquêtes du progrès scientifique et
l'impuissance de notre civilisation moderne, dont
nous sommes si fiers, à s'affranchir du servage
primitif. Nous restons tributaires d'une source
unique et incommode dé combustible. Toute notre
existence moderne dépend de la rapidité et de l'a-
bondance avec lesquelles on arrachera aux entrai!-
fes du sol ces végétaux décomposés dans des ter-
mains 'primaires, ces concrétions pierreuses fria-
bles et malpropres sans lesquels nous sommes in-
pabables de faire briller une ampoule électrique
oï(,"de mettre une locomotive ou un navire en mou-
vement
Le charbon joue un rôle politique, social et di-
plomatique démesuré dans les Etats d'aujourd'hui.
On sait quelle influence décisive il a exercée sur la
conduite de cette guerre. On a pu constater égale-
.ment son importance prépondérante dans les né-
gociations de cotte paix. Le charbon de Sïlésie, de
la Ruhr ou de la Sarre fut une monnaie d'échange
dîune valeur considérable au cours des négocia-
tions de la Conférence. Et l'on a vu l'Angleterre
•fon'der, jadis, son empire commercial sur le travail
de ses mineurs: « Les Anglais, a dit d'Avenel, n'a-
vaient aucun génie extraordinaire par-dessus les
autres peuples de l'Europe; mais, comme dans un
conte de fées, ils n'ont eu qu'à frapper de leur pic
̃là petite île qui les portait pour faire surgir de ses
entrailles le génie de la force asservi à leurs ca-
prices! »
̃ Le" génie de la force! Quelle imprudence d'avoir
soumis notre destin aux caprices d'un tel maître!
La puissance mondiale de ce génie malfaisant, tapi
dans ses souterrains, parfois meurtriers, a rendu
J5§f "peuples tributaires les uns des autres. A dis-
tance, il exerce sur les hommes sa redoutable au-
torité. Qu'il refuse de sortir de son antre iténé-
̃breux, et la lumière s'éteint dans les villes, l'usine
s'endort, la -misère et la faim s'installent au foyer;
qu'il ne donne pas tout son effort et les trains és-
iouflés ne peuvent plus terminer 'leur course et se
font écraser dans la nuit. De la qualité et de 1-a
quantité de charbon extrait à cette heure dépens-
eront demain la vie et la mort de créatures inno-
centes. •
Quand serons-oous délivrés de ce joug? Quand
cesserons-nous d'être asservis au ealte apaehro-
»ÏCtue et monstrueux "de la pierre noire?, ̃– tV.
A P~~X
Ii« Esestfc de H'EraêesBâc
ggsr 3a 35ik«c en vî^Bceast" «Ssi trasdë
Suivant une dépêche de Berlin à la Gazette de
Francfort le cabinet allemand s'occupera probable-
ment aujourd'hui samedi de .la dernière note -de
l'Entente. Il consultera auparavant les milieux
compétents. Ces consultations sont actue'leme.nt
rendues difficiles par suite de la suspension du tra-
fic des voyageurs.
On mande d'autre part de Beriin aux Baslcr
Nackrichten que « dans un télégramme parvenu
aujourd'hui à -l'office des affaires étrangères, la
commission des chantiers de Hambourg demande
au gouvernement de repousser les nouvelles de-
mandes faites par -l'Entente alléguant qu'il est im-
possible à l'Allemagne de livrer les docks flot-
tants ».
[Rectifions, à ce propos, una erreur qui s'est gli-ss-fc
hier dans la reproduction du protocote à signer par tes
AMemands avant d'entrée en vigueur du traité c'est
400,000 tonnes. et non 40,000 tonnes de docks flot-
tnfits, grues flottantes, remorqueurs, dragues, etc., que
les puissances alliées .pourront demander à l'Allemagne.]
Si» Sémat tïSEsépîcailaa
et le traité dos Vci-saiîEes
Nous avons annoncé hier que le Sénat améri-
cain a commencé l'examen des quatorze réserves
et du préambule, proposés par la commission des
affaires extérieures comme devant être incor-
porés au traité de Versailles.
On sait qu'aux termes Se ce préambule le traité
ne pourra entrer en vigueur qu'après que les ré-
serves, adoptées par le Sénat américain, auront
été ratifiées par trois des principales puissances.
A la séance du. novembre, la discussion s'est
̃engagée sur ce préambule. Le sénateur Mac Cum-
ber a présenté une résolution tendant à éliminer
du préambule l'article requérant l'assentiment de
trois puissances alliées. Un autre sénateur a pré-
senté une motion demandant que quatre grandes
puissances, au lieu de trois, ratifient les reserves.
Le Sénat a rejeté cotte dernière motion ainsi
que la résolution Mac Cumber. Il a ensuite adopté,
par 48 voix contre 40, la partie du préambule re-
quérant la ratification des réserves par trois des
grandes puissances.
.11 paraît résulter de ce vote que, d'une part,
le Sénat adoptera les réserves présentées par sa
commission, mais que, d'autre part, les républi-
cains n'obtiendront pas les deux tiers des voix
nécessaires au vote définitif de la résolution de
ratification.
Le correspondant du New-York Herald à
Washington télégraphie que le président Wilson
a convoqué hier vendredi, à la Maison-Blanche,
M. Hitchcock, leader des démocrates, afin de s'en-
tretenir avec lui de la question des réserves. 11
lui a déclaré qu'il ne ferait aucune objection à
celles do ces réserves quo ses partisans juge-
raient bon d'accepter, à la condition toutefois
qu'elles ne réduisent pas à néant le pacte de la
Ligue des nations. Le président se propose de
procéder do la façon suivante les démocrates
s'efforceront do faire échouer successivement
toutes les réserves présentées par la commission
sénatoriale des affaires extérieures. S'ils n'y réus-
sissent pas, ils voteront contre la résolution de
ratification énumérant ces réserves en bloc. Après
quoi, le président présentera une autre résolution
de ratification rédigée par lui.
*$»
SUE LE-,PR0NTJORIBOTAL
La situation de l'armée Y oudenitch
Notre correspondant partïoudier de Londres téléphone
samedi matin
Le correspondant du Morning Post à Stockholm
télégraphie que la position du général Youdenitch
est devenue très grave. Il est menacé de flanc et
d'arrière et se retire vers le nord. Lo sort de son
armée va dépendre surtout de l'attitude des Es-
toniens qui, ayant pris position dans le voisinage
de Propsya, menacent le flanc droit des bolche-
vistes.
Selon le Times, on apprend à Helsingfors que
les bolchevistes se sont emparés do la ville de
Gdof, qui était le quartier général de Youde-
nitch.
D'autre part, selon des rapports russes parve-
nus, au ministère do la guerre britannique, les po-
sitions exactes occupées par l'armée du gouver-
nement du nord-ouest de la Russie sont actuelle-
ment les suivantes le flanc gauche va de la mer
jusqu'à 32 kilomètres au sud-ouest de Krasnoïé-
Selo.
Le front passe ensuite à 24 kilomètres au sud-
ouest de Gatchina et se dirige vers le sud à une
distance moyenne de 9 à 25 kilomètres à l'ouest
de la voie ferrée Gatchina-Pskof et â 32 kilomè-
tres au sud-ouest de Louga.
On mamde d'Ke'singfors, le 7 novembre
Des messages particuliers disent que la posi-
tion du général Youdenitch est diïficilé, car il est
menacé sur le flanc et à ̃l'ar-rièrcll s'est retiré à 25
kilomètres a l'ouest de Gatchina. Les bolchevis-
tes se sont emparés de Louga et do quelques sta-'
tions entre Louga et Gatchina. Ils s'approchent
d'Oudova.
Au cours des opérations sur le front Pskof-
Poutalovo, les troupes estoniennes ont capturé, la
semaine passée, 830 prisonniers, pris 5 canons et
18 mitrailleuses.
Les opérations polonaises
On mande de Varsovie, a la date du 6 novembre
Nos troupes ont effectué une incursion au nord-
est de Bobrujsk, en direction de Chonicze et de
Wisenka et ont réussi à disperser les troupes en-
nemies qui se concentraient le long de la rivière
Olla.
Les troupes bolchevistes ont été complètement
battues; nous avons fait 270 prisonniers, ainsi
qu'un commandant de régiment avec son état-
major, et nous avons capturé 7 mitrailleuses et
une grande quantité de munitions et de matériel
technique.
Le 2 novembre, sur le front bolcheviste, vive
activité dans le secteur au nord de la Bérésina.
Le reste du front est sans changement.
Sur le front de Volhynio, après des combats
acharnés contre les troupes bolchevistes, nos sol-
dats se sont emparés de Zwiehele, Reckte, Nov-
grud et de Volhynskj. L'ennemi se retire en dé-
sordre dans la direction de Noresten.
DANS LE PROCHE CRIEN1
L'arrestation des membres du cabinet Bodoslavof
On mande de Sofia
Le gouvernement bulgare confirme officielle-
ment qu'il à fait procéder, dans la nuit du 4 au
5 novembre, à l'arrestation des principaux mem-
bres de l'ancien cabinet Radoslavof qui se trou-
vaient encore en Bulgarie. Outre MM. Tontchef,
ancien ministre des finances, et le général Radko
Petrof, de nombreux députés appartenant au parti
do Radoslavof ont été, arrêtés, ainsi gue trois gé-
néraux qui ont conduit la guerre d'une façon in-
humaine.
Le nombre des arrestations atteint 200.
Le gouvernement bulgare a commencé les dé-
marches en vue d'obtenir l'extradition de l'ex-
tsar Ferdinand, de M. Radoslavof et de l'ancien
généralissime Jekof.
` La démobilisation en Yougo-Slavie
On mande de Betlgrade
Le ministre de la guerre et de te marine a dé-
cidé que les militaires du deuxième ban (hommes
de 30 à 3-8 ans) en permission ou en congé de
convalescence, ne rejoindront pas leur corps,
l'ordre de démobilisation du deuxième ban tout
entier devant être incessamment promulgué.
Une fête sioniste à Salonique
On mande de Salonique
Au cours d'une réunion tenue à l'occasion de
la fête sioniste du 2 novembre, le député des is-
raélites de Salonique à la Chambre grecque, le
docteur Cofinas, a fait ressortir, au milieu de vifs
applaudissements, que parmi les puissances, gran-
des ou petites, la Grèce a manifesté de la façon
la plus officielle et la plus imposante ses sym-
natliies à réeard de l'idéal sioniste dans tes dé-
clarations faites en i9i7 par M. Politis, ministre
des affaires étrangères, à la Chambre des députés.
Roumains et Hongrois
On communique do Bucarest'
Le ministre hongrois du ravitaillement a
adressé une lettre officielle de remerciement au
général Wardar, commandant les troupes roumai-
nes d'occupation en Hongrie, en lui exprimant, au
nom do la population, sa gratitude pour le ravi-
taillement de la capitale magyare. Récemment
mille wagons do blé, dont le transport a com-
mencé, ont été envoyés do Roumanie pour ravi-
tailler Budapest.
«S»
&J&1X& XJEL UBTVJbJSrr
La question da Mésopotamie
Notre correspondant de Londres téléphone
Le Times publie aujourd'hui un premier article
d'-un correspondant qui vient de passer trois ans
en Mésopotamie et qui conclut à la nécessité d'un
contrôle parlementaire sur les plans d'expansion
britannique dans ce pays.
Le correspondant du Times combat l'idée que la
•population de Mésopotamie désire da présence des
Anglais et expose les raisons du mécontentement
de cette population. Sans adopter entièrement les
•idées de son correspondant; le Times demande que
l'opinion publique soit bien éclairée avant que
l'Angleterre se charge du 'lourd fardeau de qa
restauration problématique de l'ancien paradis
terrestre.
~»~ ~a
Mf~nwn~ DE ipFTSAMf~
NOUVELLES.. DE L'ETRANGER
GRANDE-BRETAGNE
Le nouveau lord-maire de Londres
Notre correspondant de Londres téléphone le 8 no-
vembre
Le nouveau lord-maire de Londres, sir Edward
Cooper, entre aujourd'hui en fonctions. La proces-
sion annuelle du lord-maire, qui se déroulera vers
midi dans les rues de la Cité et de Westminster,
comprend plusieurs tableaux illustrant la forma-
tion de la Ligue des nations. Un personnage, re-
présentant le héraut de la ipaix, précédera des 'ama-
zones représentant les différentes nations et por-
tant leurs bannières. Une place d'honneur sera
faite dans le cortège à un détachement des services
des bateaux de sauvetage du port do Deal, qui Sa
semaine dernière, ont s3ieouru plusieurs (bateaux
naufragés sur le fcanc des Goodwins.
ITALIE
La lutte électorale
On télégraphie de Rome ̃
Une violente bagarre s'est produite 'hier soir, -'S.
Turin, à l'issue de réunions électorales. Des coups
de revolver ont été tirés, inais il n'y a eu aucune
victime. Quelques arrestations ont été opérées.
Les organisations socialistes avaient décide d'or-
ganiser une journée de chômage pour célébrer
l'anniversaire de la révolution russe. Les ouvriers
ont déserté les ateliers ce matin, mais les. maga-
sins sont restés ouverts et les tramways ont cir-*
culé dans la ville avec tranquillité.
Dans son édition romaine, VAvanti publie un
appel aux prolétaires en faveur de la révolution
« La lutte, dit cet appel, est entre mous, enne-
mis de la société bourgeoise, et les défenseurs de
celle-ci; c'est, une lutte décisive sans moyen terme
et sans quartier. Une révolution ne se fait pas par
des discussions, mais en opposant la force à la
̃force. ».
Instructions du Vatican
UOsservatore romano, organe officieux dé la cu-
rie romaine, s'occupant do la lutte électorale, dit
L'autorité ecclésiastique reste et entend rester oom«
iplèlement étrangero .parti dans des questions purement politiques, pour se
imiaifl'tewir en dehors et au-dessus d'elles, mais il y a.
des devoirs moraux que tous ont J'obligalion d'observer..
Si chacun a le droit de "voler d'après sa consoiènoe,.
il est vrai aussi que la conscience civile et honnête dé,
Icad de donner un mandat l-dgisTatif à certaines catégo-
ries de personnes.
̃It'élecl-eur doit songer à la protection de t'ordre re-
ligieux et social et par ordre social, nous toisons aiiu-
sion aux franos-jriaçotts, aux tokhevisles et à ceux qui
sympathisent avec eux.
Il s'agit d'une grande ];a-!aillc, pro ans et focls. Ainsi,
quiconque donnera son vote à un candidat franc-maçoni-
ou boloheviste devra on répondra devant Dfeu.
La presse honnCLe a le devoir de rappeler «e.>la à tous
les électeurs à (a veille da 'la Batailla, et nous n'avons
pas cru pouvoir nous dérober à ce 'devoir.
RUSSIE
Les propositions de paix des Soviets
aux alliés
Notre correspondant de Londres téléphone le 8 110^
vernbre
Le journal socialisic Daily Herald publie le
texte dos propositions de paix rapportées de
Russie récemment par le colonel Malone, membre
du Parlement, et que ce député lui a communi-
quées. Le colonel Malone, on s'en souvient, a parlé
il y a trois jours; à la Chambre des communes, en
faveur d'une paix entre l'Entente et le gouverne-
ment des Soviets. Voici le résumé de ces propo-«
sitions qui, dans leurs détails essentiels, sont les
mêmes que ceMes qui furent prés-entées à M. Bul-
litt
Cessation des hostililiSs sur tous les fronts, sur le
territoire do l'ancien empire russe; conclusion d'om ar-t
misliee et réunion d'une conférence dans un pays neu-<
tre sur les bases suivantes
1. Tous les gouvernements existant sur le territoire
de l'ancien empire russe conserveront les territoires
qu'ils ocoupent. 2. Levée du blocus et reprise des rela-
tions commerciales avec la Russie. 3. Le gouvernement
des Soviets aura libre aocès à tous les ports de l'ancien
empire russe. 4. Les citoyens de la République des
Soviets pourront entrer librement dans les pays alliés
et associés à condition de ne pas s'immiscer dans ïa
politique intérieure de ces pays, avec réciprocité pour
les citoyens des pays alliés et associés. 5. Une amnistie
pour tous les prisonniers politiques sera aocordée par
le, gouvernement des Soviets et les autres gouverne-
ments établis en Russie. Elle s'étendra à tous lés sol-
dats ayant combattu contre le gouvernement des Soviets
ou contre les autres gouTcrnem-eals russes. 6. Retrait da
toute les troupes étrangères de Russie et cessation de
toute assistance militaire à l'un quelconque des gou-
vernements établis en Russie. Le gouvernement des
Soviets et les gouvernements antiso-viétistes procéderont
simultanément à la ̃réduction de leurs armements. 7. Le
gouvernement des Soviets et des autres gouvernements
établis en Russie reconnaissent qu'ils sont solidaires des
obligation financières .contractées par l'ancien empira
russe envers les Etats étrangers signataires du présent
accord et envers les nationaux de oes Etats.
'Le gouvernement des Soviets se déclare prêt à'
négocier sur ces bases, pourvu que la proposition
lui en soit faite par les puissances alliées et asso-
ciées le 15 novembre au plus tard.
Le document se termine par deux déclarationjl
d'un tour singulier dans les termes suivants •:
« Le gouvernement des Soviets est désireux, par;
dessus tout, d'obtenir des gouvernements améri-
cain et ̃britannique une garantie semi-officielle
qu'ils feront tout en leur pouvoir pour veiller
à ce que la France respecte les conditions de l'ar-
mistice. Le gouvernement des Soviets espère qu'il
ne lui faudra pas transférer cette offre avec les
modifications appropriées aux puissances cen-
trales. »
Le bolchevisme et les Soviet;
On a beaucoup discuté et on discute encore les
avantages et les inconvénients de la dictature du
prolétariat en Russie, et si les divergences d'opi-
nion sont grandes, au moins tout le monde admet
comme postulat que cette dictature est bel et bien
implantée en Russie. Or, la vérité est qu'il n'y a
pas de dictature du prolétariat en Russie, que
cet immense pays est gouverné par une fraction
du parti socialiste dite bolcheviste et composée
d'un état-major de déclassés, issus pour la plu-
part de la petite bourgeoisie urbaine, mélangée
d'un certain nombre de ci-devants.
Ce n'est pas là 'l'effet de circonstances exception-
Belles dues à la grande tourmente, mais l'appli-
cation d'une conception qui, de tout temps, fut
celle de Lénine, chef du gouvernement des intel-
lectuels déclassés.
CINQUANTE-NEUVIEME ^NNEB^^N0 21307
PÏMANGHE 9 NOVEMBRE ï#fij
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, 8HlfB & scrttiî-&-0I8I! Troismois, 14 fr.; Siamois, 88 {t.; Va. ta, S5Q iî.
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LES AEO5WEMBKIS DATENT DES i" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) s SO centime»'
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LES ABOÎWEJBESTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQOE MOIS
Un numéro (à Paris) :.18 centime»
Directeur politique Emile-Adrien Hébrard
îsutes les lettres destinées i la Rédaction doivent être adressées au Directe
Jte Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqué*
prie les auteurs d'en garder copie
Adresse télégraphique TJBœPS FAH19
CJaTJ&'STJB FOSrAlj Numéro 60
Paris, 8 novembre
BULLETINjG JOUR
COMMENT L'ALLEMAGNE SE RELÈVE
Depuis mercredi dernier et jusqu'à samedi
Prochain, aucun train de wyageurs ne marche
plus en Allemagne, sauf dans la •banliejj le des
grandes villes. Même pendant la mobilisation
générale de 1014, on n'avait rien vu de pareil.
Une proclamation du président Ebert déclare
qu'il faut tout réserver au transport du charbon
et des pommes de terre, mais cette explication
paraît incomplète. C'est en effet maigre le mi-
nistre prussien des chemins de fer, autorité
particulièrement compétente, que le gouverne-
ment du Reich a décidé de ne plus laisser cir-
culer personne pendant onze jours. L admmis-
tration prussienne, avec l'expérience qu elle a
acquise en exploitant son vaste réseau, mon-
trait par des arguments techniques que V arrêt
du trafic-voyageurs ne permettrait nullement
de rétablir l'équilibre dans le trafic-marchan-
dises Si M. Ebert et ses ministres ont dédaigné
ces objections techniques, c'est qu'ils avaient
sans doute des raisons politiques ou militaires
pour interrompre toute circulation. L'on assure
•qu'ils ont voulu empêcher l'agitation sparta-
kiste de recommencer demain, 0 novembre, a
l'anniversaire do la révolution berlinoise. Si
«ette seconde .explication est la,bonncvon con-
viendra que les ministres sozialdemokrates du
Reich ont trouvé une manière originale de
maintenir l'ordre. C'est contre les révolution-
naires qu'ils font la grève des transports.
D'ailleurs, ils ne paraissent pas inquiets. On
fe entendu dernièrement, à Berlin, deux dis-
cours rassurants sur la situation économique
de l'Allemagne. Les hommes qui les ont pro-
noncés sont deux lumières du parti sozialde-
mokrate M. Robert Schmidt, ministre de 1 éco-
nomie publique, et M. Auguste Müller, ancien
secrétaire d'Etat..
M: Robert Schmidt a annoncé à l'Assemblée
nationale que la production du charbon aug-
mentera sûrement et que la production du
îjgnite est presque revenue au niveau d'avant-
guerre. « Pour le développement de notre in-
dustrie, a-t-il dit, les perspectives ne sont pas
sombres du tout » En commentant ce discours,
le Bediner Taçjeblalt écrivait « Nous recom-
mençons aussi' à exporter. On sera surpris d'ap-
prendre que notre exportation, quoiqu'elle cor-
responde seulement au sixième de ce qu'elle
était en temps de paix, représente cependant
une valeur égale à celle qu'elle atteignait avant
la guerre. » Go paradoxe s'explique par le ren-
chérissement universel des prix, et en particu-
lier par l'avilissement du mark. Mais quoi qu'il
«a soit, le commerce extérieur de l'Allemagne
reprend.
Il n'y a guère qu'un point noir l'Allemagne
Sa besoin d'importer des vivres en masse, sur-
tout cette année-ci, où sa récolte de pommes de
terre est mauvaise et où son cheptel est forte-
ment réduit. M. Robert Schmidt a énuméré les
principales denrées alimentaires qui ont. été.
importées dans 1« prenMeï. semestre de 1919
les céréales y figurent pour 53G millions de
maris, la viande pour 589 millions, et le total
général s'élève à deux milliards 141 millions.
Comme la valeur du mark ne cesse de bais-
ser, le second semestre promet d'être très oné-
reux' aussi. On calcule que le sucre, à lui seul,
-ïi >nace de coûter une somme prodigieuse, car
^Allemagne n'en produira pas assez pour sa
cbnsommation de cette année. Ces énormes
achats contribuent encore à déprécier la mon-
naie allemande sur les marchés étrangers.
M. Auguste iMûller s'en rend compte. Il a dé-
fclaré à l'Association des ingénieurs allemands
qu3 liAllemagne ne peut pas continuer à dila-
pider son patrimoine pour se nourrir. Mais,
loin de conclure qu'il n'y a pas de remède, il en
a indiqué plusieurs, dont certains méritent
4'intiresser des alliés. L'un consiste à « se ren-
dre indépendant, le plus possible, de la sphère
d'influence britannique et à s'orienter dans le
sens de l'Europe orientale, c'est-à-dire à re-
construire en commun la Russie
et la Tcbé co-Slovaquie ». On remarquera que
ce .programme d'expansion allemande en pays
slave n'est pas formulé par un des hobereaux
prussiens qui soutiennent l'entreprise militaire
.de Courlande, mais par un socialiste authenti-
que qui a consacré une grande partie de sa
carrière à développer le mouvement coopéra-
tif. Un autre remède proposé par M. Auguste
Mùller, c'est un vigoureux relèvement des prix
que les producteurs allemands font payer par
leurs clients étrangers. Il s'agit d'augmenter
suffisamment ces prix pour compenser la dé-
préciation du mark, en profitant de ce que les
étrangers sont forcés, d'acheter à n'importe quel
jcours: « Le. besoin de marchandises est im-
mense; chez des neutres -et même chez nos
anciens ennemis, on mendie véritablement pour
obtenir des produits allemands. »
iRetever les prix pour l'exportation, et les re-
lever dans la proportion gigantesque où le
«mark a baissé, c'est décidément une idée qui
fait son chemin en Allemagne. Le ministre iRo-
lje'rfc Schmidt l'a prônée de son côté, en con-
seillant, aux industriels de s'arranger entre eux
pour instituer un contrôle des prix. Mais il y
a. un inconvénient que M. Félix Pinner a si-
gnalé dans le Be'rliner Tageblatt: si les indus-
triels allemands ont la certitude de vendre
beaucoup plus cher au dehors qu'au dedans, ils
seront tentés d'écouler à l'étranger la plus gran-
de partie possible de leur fabrication, et les
consommateurs allemands ne seront plus ser-
yis.
Pour éviter cetbe crise, M. Félix Pinner ex-
pose une combinaison qui parait être, dit-il,
dans les projets du ministre Robert Schmidt:
FEtat prélèverait une portion des bénéfices sup-
plémentaires que le relèvement des prix pro-
curerait aux exportateurs. Et que ferait-on des
recettes ainsi encaissées par le Trésor du Reich?
:« On les emploierait à abaisser le prix de la vie
â l'intérieur de l'Allemagne. ,» On sait en effet
que le gouvernement du Reich dépense des
sommes considérables pour arriver a ce ré-
sultat il a vite épuisé -4e- crédit d'un milliard et
demi qui avait été voté pour diminuer artifi-
ciellement le prix des denrées alimentaires.
Si le gouvernement du Reich réalise l'idée que
lui attribue M. Félix Pinner, on assistera à une
opération vraiment curieuse. Le Trésor du Reich
encaissera, des sommes qui auront été versées
par des acheteurs étrangers. 11 s'en servira pour
mettre le consommateur allemand en mesure
d'acheter, au-dessous du prix normal, des ob-
jets de première nécessité. Le prix de la vie, et
..par conséquent le taux des salaires, sera donc
maintenu en Allemagne à un niveau plus bas,
grâce à un certain apport d'argent étranger. Il
en résultera que les fabricants allemands con-
̃finueront à produire dans des conditions avan-
tageuses puisque les salaires n'auront pas
été relevés, eux, dans la proportion où le mark
est déprécié, et ils conserveront ainsi des fa-
cilités exceptionnelles pour écouler leurs mar-
chandises au dehors. S'ils constatent que leurs
prix majorés pour l'exportation commencent à
effrayer leurs clients, ou à favoriser leurs con-
currents, ils auront encore une assez grande
marge de profits pour que leurs tarifs puis-
sent être réduits sans danger. Du reste, à me-
sure qu'ils reprendront une place sur le mar-
ché du- monde et qu'ils' augmenteront la auan^
tité de leurs exportations, ils pourront se. con-
tenter de gagner moins sur chaque article.
En résumé, • l'Allemagne appliquerait un.
dumping à rebours. Avant la guerre, quand il
y avait pléthore de marchandises, elle se rési-
gnait à vendre cher chez elle, afin de vendre
bon marché au dehors. Maintenant que les de-
mandes dépassent partout les offres, elle obli-
gerait l'étranger à payer cher, afin de se réser-
ver à •elle-même une vie; une main-d'œuvre à
meilleur marché. C'est un système très ingé-
nieux. Mais il serait peut-être plus juste,
comme le Temps l'a déjà proposé, d'employer
à un autre usage les prélèvements faits sur les
bénéfices des exportateurs allemands on
n'aurait qu'à les verser à la caisse des répara-
tions.
DÉPÊCHES TÊLÉGIÂPHSOOES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU STClttîtB
Londres, S novembre.
Le lord-maire a remis à l'ambassadeur de France
un chèque de 75,000 livres sterling, produit de la
«Journée française)-, organisée en Angleterre et au
Canada par le' comité anglais de la Croix-Rouge
française.
Londres, S novembre.
Suivant le Daily 7elerirap!i, sir Heskcth Bell,
tcouverneur de l'ile Maurice, a déclaré que la ques-
tion de la rétrocession de l'île Maurice à la France
a été définitivement réglée, 90 0/0 des habitants
.s'étaiit opposés à tout changement.
I.ondws, 8 novembre.
Suivant une information publiée par le Dritty
Newst le célèbre chanteur russe, M. Féodor Cha-
'liapino, dont on avait annoncé l'exécution par les
bolchevistes, n'a nullement été inquiété.
Bâle, S novembre.
Suivant le Lokal Anzciger, un consortium français
a fait la proposition d'assumer l'exploitation des
bains de Wiesbaden pour deux millions de, marks.
Le conseil municipal de cette ville a repoussé cotte
proposition. •
r r Bruxelles, 8 novembre.
La commission chargée par lo gouvernement
d'examiner la possibilité de créer des cours fla-
mands à l'université de Gand, s'est ralliée à l'avis
du recteur de l'université, M. Pirenne, qui s'est
déclaré hostile à cette mesure et s'est prononcé
contre toute création de cours flamands.
De cette manière, la question de l'université fla-
mande ne sera résolue qu'après les élections, lors-
que le pays aura marqué son sentiment et sa vo-
lonté quant à la solution à donner au grave pro-
blème do l'usage des deux langues nationales.
Programmes électoraux
Plus les élections approchent, plus les pro-
grammes se précisent, plus les déclarations se
multiplient. On sort peu à peu de cette confu-
sion dont se plaint avec raison M. Briand, si
elle devait être habilement calculée pour favo-
riser des choix ambigus ou involontairement
prolongée pour aboutir à des malentendus.
Nous avons eu le programme si clair, si net, de
M. Louis Barthou, qui a enfermé dans des for-
mules heureuses les jdées. essentielles. Aujour-
d'hui, trois manifestations, des plus intéressan-
tes le discours de M. Millerànd, une courte
allocution dé M. Briand, une explication coura-
geuse de M. Barrès. « Hier, la France devait
vaincre ou périr. Aujourd'hui, il lui faut pro-
duire ou disparaître. » Telle est la phrase limi-
naire, telle est la dominante d'idées du discours
prononcé hier par M. Millerand devant 3,000
électeurs de la 2" circonscription de Paris. Pro-
duction disparue ou raréfiée sur certains points
du globe et pour un grand nombre d'objets, sur
la production restante une hausse do prix in-
cessante telle est la situation actuelle. Dispa-
rue ou raréfiée par un fait qui échappait à no-
tre volonté la guerre; par une erreur cardi-
nale de notre volonté. l'étatisme. La guerre a
frappé de paralysie notre production par l'af-
flux subit et prolongé de la main-d'œuvre au
front, par les réquisitions des matières. L'éta-
tisme a gêné le libre jeu des productions pos-
sibles, tari bien des sources de prospérité, con-
tribué à la hausse des prix.
Donc, produire de toute urgence, telle est
l'œuvre primordiale, tel est le devoir impé-
rieux pour tout Français. Pour produire, il faut,
en dehors des moyens matériels, deux. éléments
moraux le calme dans le pays, l'union entre
ses citoyens. Nous avons gagné la guerre; il
nous faut maintenant gagner la paix. La France
de 1914 devait « vaincre ou périr »; elle n'a
pas péri, elle a vaincu par l'héroïsme indivi-
duel de ses enfants, par leur union. La France,
de 1919 doit « produire ou disparaître ». Elle
ne disparaîtra pas, si elle produit. Là encore, il
lui faut une autre forme cf'héroïsme, une autre
forme d'union. Le travail; c'est le courage in-
dividuel du citoyen en temps de paix. L'union,
c'est la subordination d'opinions, de convic-
tions personnelles à l'idéal commun et l'idéal
commun, à l'heure actuelle, c'est de refaire la
France. La refaire dans sa production vivante,
dans sa production de natalité donc, lois de
protection pour la famille, pour l'enfance, pour
l'hygiène, contre le taudis, la tuberculose, l'al-
coolisme. La refaire dans sa production agri-
cole, commerciale,. industrielle donc, sup-
pression des entraves sous lesquelles on a en-
chaîné l'initiative libre, bonne politique doua-
nière, restauration de notre flotte marchande,
exploitation de nos admirables territoires colo-
niaux, et dans l'industrie surtout, comme le
dit justement M. Millerand, « entente entre les
collaborateurs de la production ». Le « patron »
est aussi essentiel à la, production que le « tra-
vailleur ». Le patron est d'ailileurs bien souvent
lui-même un travailleur en fonction, l'ouvrier
un propriétaire en devenir. M. Millerand a mon-
tré, avec cette force singulière qui s'échappe de
ses démonstrations solides et massives, qu'il y
avait, chez certains hommes, tout un plan sourd
et concerté- pour faire surgir, une à une, tan-
tôt sur un champ, tantôt sur un autre, des grè-
ves successives, apparues et disparues, renais-
santes et éteintes, invoquant parfois des rai-
sons professionnelles, mais chaque jour davan-
tage des causes politiques. Il s'agit de créer du
mécontentement, générateur d'agitation, de
créer de la misère, mère de la révolution. Il faut
tellement surexciter ceux qui souffrent, harce-
ler ceux qui produisent, inquiéter ceux qui
possèdent, menacer, troubler tout le monde, que
le foyer social devienne inhabitable tel est le
îmt, hier inavoué, aujourd'hui public, de ces
compagnons du désespoir, Voilà l'entreprise
détestable que doivent couper dans sa. racine
tous ceux qui ne veulent pas qu'après avoir
triomphé de la masse allemande, la France
chancelle et succombe sous la minorité bol-
cheviste.
Donc union des forces saines contre les for-
ces malsaines. Union entre alliés: « iLa France
a été le pays de couverture de la civilisation. »
La civilisation lui doit quelque chose. Sur ce
grand livre taché du sang des alliés, la France
a la page îa plus lourde à son crédit: les alliés
ne doivent pas laisser ce compte indéfiniment
ouvert. Union entre les Français qui n'ont pas
appris ou réappris à s'aimer et à s'aider dans
les-tranchées d'hier pour se haïr et se déchirer
sur les chemins de l'avenir. Cette union com-
mande à la fois le maintien des lois laïques et
la reconnaissance des libertés religieuses. M.
Millerand a été très net sur ce double point.
D'ailleurs il n'y a pas incompatibilité entre les
deux, sauf vovav lés intransigeants de droite «t.
de gauche. pas, -aaai-htenïr les lois acquises,
c'est arracher de l'union ceux qui ne veulent
pas que les idées confessionnelles soient/ impo-
sées ^à leur conscience. Ne pas admettre les li-
bertés religieuses, c'est écarter de son cercle
ceux qui ont le droit de les pratiquer au même
titre que les libertés civiles ou politiques. C'est
ce qu'explique avec un art infini et une hon-
nêteté courageuse M. Maurice Barjjès ce matin
dans VEcho de Paris. Le penseur, dans l'intel-
ligence duquel a toujours monté l'idée reli-
gieuse catholique comme la prière s'élève sous
les voûtes de ces cathédrales glorieuses qu'il a
décrites avec amour, se trouve, en ce moment,'
à un de ces carrefours douloureux où la cons-
cience, pour peu qu'elle soit non pas un mot
vide, mais une réalité vivante, s'arrête et se
consulte avec angoisse. Drame intime dont M.
Barres sort avec la conviction profonde et jus-
tifiée que la guerre qui a épuré tant de vérités
troubles, tant de passions secondaires com-
mande .et -.permet de remplir, pour le bien de la
France, le 'double .devoir, qu'il entend continuer
d'observer, de Français et- de catholique. Tel
est le secret, secret qui n'a rien que de méri-
toire, de son consentement réfléchi au program-
me de M. Millerand, de son adhésion et de son
admission à la liste d'union républicaine na-
tionale.
Nous disons intentionnellement « Union
républioaino nationale. Car M. Briand, avec
cette finesse enjouée et cette raison avisée qui
caractérisent son talent, a soigneusement distin-
gué, à Nantes, dans une allocution qui com-
plète ses précédentes déclarations, « l'union ou
da solidarité nationale »'et « l'union républi-
caine nationale ». La première,, c'est, selon lui,
la confusion; la seconde, c'est la franchise. Il
y a, de par le monde électoral qui s'agite,, des
listes qui se réclament beaucoup d'union na-
tionale. Mais elles oublient par hasard ou omet-
tent par intention d'y ajouter un simple mot,
qui est essentiel, le mot « républicaine ». Cela
va sans dire, répondent-ils aux questionneurs
indiscrets. Comme le répondait Talleyrand au
plénipotentiaire allemand au congrès de
Vienne, cela. ira encore mieux en le disant.
L'union ne doit pas être une duperie.
Reste, pour en revenir au discours de M. Mil-
lerand, toute une partie, qu'on lira plus loin, re-
lative à la réforme parlementaire et même
constitutionnelle. Question trop importante
pour ne pas motiver un examen particulier, que
nous nous réservons de faire.
«e– '̃
A la veiile de l'anniversaire
DE L'ARMISTICE
A l'approche de l'anniversaire de la signa-
ture de l'armistice, il n'est pas sans intérêt de
rappeler la dernière phase de la magistrale
offensive de Foch, qui à contraint le comman-
dement allemand à demander la cessation des
hostilités, faisant ainsi l'aveu de sa défaite.
M. Louis Gillet, dans un remarquable article
de la Revue des Deux Mondas, sur les i mémoi-
res de iLudendorff, écrit: « Pourquoi Lude-n-
» dorffy au lieuï-de battre largement en1 «retraite
» et d'ordonner un vaste repli, en évacuant,
» s'il le fallait, tous les territoires-occupés,
» s'obstina-t-il à faire tête et s'épuisa-t-il en
» des résistances stériles? Que lui coûtait-il de
» renouveler en grand sa plus belle manœuvre,
» celle de mars loi 7, et de rompre le combat
» pour se retirer au besoin sur le tSteuse? Il ne
» sacrifiait que des territoires étrangers: Jof-
» fre, en août 1914, n'avait pas hésité à faire.
» le sacrifice d'une partie de la France. Der-
» rière la Meuse, s'il avait su s'y résigner tout
», de suite, il est hors de doute que Ludendorff f
» nous eût.mis en grand embarras il pou-
» vait y reformer ses forces dans une posture
» redoutable. » Et plus loin l'auteur de l'ar-
ticle ajoute « Au lieu de suivre ce grand parti,
» Ludendorff f s'obstina en chicane de détail;
N il acheva d'y mettre en pièces son armée,
» d'y consumer ses dernières réserves. Il fit
» une retraite imposante, et il faut le dire,
» supérieure chef-d'œuvre funeste! Cette re-
» traite au lieu de sauver son armée, en de-
» vint le tombeau. » Observations parfaite-
ment justes, et qui montrent que l'armée al-
lemande, abordée, sur toute l'étendue de son
front, menacée d'être débordée sur ses deux
flancs, manœuvrée en un mot avec une maî-
trise admirable, ne pouvait plus rien attendre
de la continuation de la lutte. Elle était vain-
cue. Suivons les événements.
A la date du 28 septembre, jour de la mise
en mouvement de toutes les armées, les forces
.alliées étaient réparties de la manière sui-
vante
A droite, -l'armée américaine (Liggett), après
avoir enlevé les hauteurs de Montfaucon,
était établie sur la rive gauche de la Meuse,
de Brieulles à Exermont. Elle se reliait dans
la forêt d'Argonne à la 4° armée (Gouraud),
qui- s'étendait jusqu'à Auberive-sur-Suippes.
Les deux armées avaient pour mission, en at-
taquant entre la Meuse et la Suippes de dé-
border et de faire tomber les monts de iîVIoron-
villers, le massif de Nogent-l'Abbesse et même
le plateau de Craonne.
Entre la Suippes et l'Oise, à cheval sur l'Ais-
ne, les 5*, 10' et 1" armée (Ôuiilaumat, Mangin
et Debeney), allaient d'Aubérive, par Reims,
Vaiîly et Tergnier à Saint-Quentin. Ce groupe
de liaison abordait de front l'ennemi, menacé
à droite par l'armée américaine, et la 4° ar-
mée, et à gauche par les armées britanniques
opérant à l'ouest de l'Oise.
Les 4° et 3° armées anglaises (Rawlinson et
Byng) devaient agir entre .l'0'i.se et l'Escaut (en
aval de Cambrai). Les 1" et 8° (Horne et Bird-
wood) allaient aborder la ligne des canaux qui
réunissent l'Escaut à la Lys et lier leurs mou-
vements avec les armées de Belgique (Plumer,
Dégoutte et armée belge) qui devaient libérer
tout le, territoire au nord de la Lys et de la
ligne Courtrai-Audenarde..
Les positions de l'ennemi étaient singulière-
ment fortes. Au centre, des inondations avaient
été tendues; dans la vallée de l'Oise, .de la
Fère à Etreux (à hauteur du Cateau) et dans
la vallée de la Serre et celle de la Souche, de la.
Serre à Pouilly-sur-Serre et à Sissonne.
La résistance de''l'ennemi fut des plus vio-
lentes devant l'armée américaine, sur les hau-
teurs entre Dun et Grandpré et dans là forêt
d'Argonne à l'est de Vouziers; elle opposait
chaque jour de nouvelles réserves aux efforts
incessants de nos alliés. Dans sa marche vers
i'Aisne, la 4° armée (Ooupaud) renconûra éga-
lement une vive opposition sur i'Arnès et la
Retourne. Le l'4 octobre, elle était établie sur
les hauteurs entre Neufcliâtel-sur- Aisne et
Vouziers, se reliant à droite à l'armée Liggett
par Olizy et Grandpré. La manœuvre de la-
gauche de la 4° armée oblige l'adversaire à se
inetirer au delà de l'Aisne, abandonnant d'a-
bord la partie est des monts de Moronvillers,
puis toutes les défenses au nord de "Reims. iLa
8" armée (Guillaumat) accéléra sa retraite,
pendant que la 10° (Mangin) dépassait Laon et
abordait les défenses de là ©erre et de la Sou-
che. La ï" armée (Debeney) appuyait, de la.
façon la plus efficace et la plus habile, la droite
des armées britanniques sur les hauteurs d'Ai-
son ville" et venait border d'Oise entre la Fère
et lEtreux.
ILe^ armées jbritaiHiJaiiès oyaient ésal-ement
S, givrer de très durs combats, dans les lignes
Hmdenburg, entre le Ûateau, Cambrai et Douai.
Leur aîle gauche progressait vers Lille, les
armées de Belgique, bordant là Lys, en-amont
de Courtrai, étendaient leur front jusqu'à
Bruges. •
Cette période du 28 septembre au 14 octobre
marque un affaiblissement incontestable des
résistances, de l'ennemi qui y a consacré ses
dernières réserves. Déjà le 3 octobre, ce fut la
débâcle des armées bulgares, le prince Max de
Bade entamait avec l'Amérique des négocia-
tions, en vue d'un armistice général, en pre-
nant pour base les propositions du président
WiJson; celui-ci déclina ces ouvertures, qui
n'étaient pas adressées à toutes les nations bel-
ligérantes. Le 0 novembre, l'Allemagne les for-
mulait d'une façon plus précise. A cette date,
le front des armées alliées avait largement
progressé, à gauche sur l'Escaut entre Aude-
narde et Tournai, comme entre Valenciennes
et Condé; au centre, il avait atteint la Sambre
à Berlaincourt, au sud de Maubeuge. Notre
droite s'étendait du nord de Rethel à Beàumont
dans la vaUée de la Meuse. Les armées alle-
mandes étaient toutes en pleine retraite et
n'avaient plus que deux partis à prendre ou
s'échapper par. la Hollande, ou rétrograder à
la hâte devant nos armées victorieuses et re-
passer la Meuse en désordre entre Mésières et
Liège. C'est pour éviter le désastre que les plé-
nipotentiaires allemands signèrent- le 11 no-
vembre l'armistice aux conditions imposées
par le maréchal Foch, qui, placé y. la tête de
plusieurs millions d'hommes, avait en quatre
mois, par une énergie incessante et. d'habiles
manœuvres, obligé ses adversaires à s'incliner
devant sa volonté et sa maîtrise.
Les hostilités cessèrent le fi novembre à
11 heures. Les alliés s'arrêtèrent sur le front
Gand, Ath, Mons, Maubeuge, Beaumont, Rocroi,
Méziè'res, Sedan, Stenay, Damvillers.
Nos armées de l'est étaient intactes, et sous
les ordres du général de Castelnau, elles se
préparaient, avec de nouveaux contingents, à
le 14 novembre une action offensive
en v. Lorraine. Cette offensive visait à douper la
retraite aux armées allemandes, au moins à
celles qui étaient encore engagées dans les
Ardennes. Elle devait fatalement réussir, en
raison de la supériorité numérique qu'elle pré-
sentait et de l'ascendant moral des armées al-
liées. Elle eût accentué par un désastre la dé-
faite, qui était déjà acquise. L'armistice fut
signé. Les armées allemandes laissaient entre
nos mains plus de 300,000 hommes et un ma-
tériel considérable. C'était la victoire, mettant
un à une guerre mondiale sans exemple, en
raison de l'énormité des effectifs engagés, de
l'étendue des fronts, de la durée des opéra-
•tjfths, de la puissance et de la précision des ar-
mëmenAs, de la consommation des munitions,
de l'emploi intensif des chemins de fer et des
camions automobiles, de la télégraphie sans
fil, de l'apparition des chars d'assaut et des
avions do bombardement, des canons à longue
portée, des gaz toxiques et des liquides en-
flammés.
La victoire de l'Entente a été la revanche des
peuples opprimés contre l'esprit vde conquête
et d'annexion. Le 11 novembre 1918, qui l'a
consacrée, doit donc être considéré "comme une
des dates les plus mémorables de l'Histoire,
Général DE Lacroix.
«&,
SUR LA PIERRE NOIRE
Le culte de la pierre ,noire, que l'on croyait
̃aboli, est en train de renaître en Europe et recrute
«hàque jour, chez nous, de nouveaux adeptes. J'ai
<ç,éj$anl"ré, aujourd'hui, un cortège mystique de ses
pf étires et de ses fidèjç-s processionnaiit en plein
P;àris. Un char s'avançait dans la rue, portant l'i-
dole, avec une majestueuse lenteur. II. était suivi
d'une cohorte recueillie, marchant religieusement
dans son sillage. De temps en temps, dans un geste
rituel, ces initiés sa prosternaient brusquement,
tous ensemble, comme pour baiser da terre; et leurs
mains tendues cherchaient à s'emparer, dans la
poussière, 'des menus éclats de la pierre sacrée
qu'avaient pu détacher les cahots de la route. Puis
• ils Se relevaient et, le front pieusement inclina
vers to sol, ils reprenaient leur liturgique défilé.
Les observateurs superficiels ne s'attardaient
pas. à contempler ce spectacle: ils trouvaient par-
faitement naturel qu'en ce temps do crise du char-
bon, une voiture.de 'livraison, chargée de sacs d'an-
thracite mal équilibrés, fût suivie par un groupe
do" «.glaneurs » attentifs. M-ais ces esprits 'légers
avaient tort. La vision que les dieux offraient a
nos méditations avait une haute valeur symboli-
que. Elle était bien te geste allégorique de tout un
peuple adorant une divinité redoutable et s'incli-
maiH' sur son pass-age en se disputant ses reliques.
C'sltàit bien île char d'Un tyran qui passait. Une
pierre la pierre noire! est en train d'asservir
il'hunianité. Elle nous fait sentir durement notre
«scîavage parce que c'est sur cette pierre, super
hanc prtram, que nous avons eu l'imprudence d'é- I
difier toute notre civilisation.
Nous expions durement, aujourd'hui, cette faute.
La crise actuelle du charbon n'est pas seulement
douloureuse pour notre épiderme frileux: elle l'est
aussi pour notre amour-propre. La crise du char-
bon est humiliante. Elle démontre, avec. un luxe de
détails et d'exemples d'une cruauté raffinée, la
précarité des conquêtes du progrès scientifique et
l'impuissance de notre civilisation moderne, dont
nous sommes si fiers, à s'affranchir du servage
primitif. Nous restons tributaires d'une source
unique et incommode dé combustible. Toute notre
existence moderne dépend de la rapidité et de l'a-
bondance avec lesquelles on arrachera aux entrai!-
fes du sol ces végétaux décomposés dans des ter-
mains 'primaires, ces concrétions pierreuses fria-
bles et malpropres sans lesquels nous sommes in-
pabables de faire briller une ampoule électrique
oï(,"de mettre une locomotive ou un navire en mou-
vement
Le charbon joue un rôle politique, social et di-
plomatique démesuré dans les Etats d'aujourd'hui.
On sait quelle influence décisive il a exercée sur la
conduite de cette guerre. On a pu constater égale-
.ment son importance prépondérante dans les né-
gociations de cotte paix. Le charbon de Sïlésie, de
la Ruhr ou de la Sarre fut une monnaie d'échange
dîune valeur considérable au cours des négocia-
tions de la Conférence. Et l'on a vu l'Angleterre
•fon'der, jadis, son empire commercial sur le travail
de ses mineurs: « Les Anglais, a dit d'Avenel, n'a-
vaient aucun génie extraordinaire par-dessus les
autres peuples de l'Europe; mais, comme dans un
conte de fées, ils n'ont eu qu'à frapper de leur pic
̃là petite île qui les portait pour faire surgir de ses
entrailles le génie de la force asservi à leurs ca-
prices! »
̃ Le" génie de la force! Quelle imprudence d'avoir
soumis notre destin aux caprices d'un tel maître!
La puissance mondiale de ce génie malfaisant, tapi
dans ses souterrains, parfois meurtriers, a rendu
J5§f "peuples tributaires les uns des autres. A dis-
tance, il exerce sur les hommes sa redoutable au-
torité. Qu'il refuse de sortir de son antre iténé-
̃breux, et la lumière s'éteint dans les villes, l'usine
s'endort, la -misère et la faim s'installent au foyer;
qu'il ne donne pas tout son effort et les trains és-
iouflés ne peuvent plus terminer 'leur course et se
font écraser dans la nuit. De la qualité et de 1-a
quantité de charbon extrait à cette heure dépens-
eront demain la vie et la mort de créatures inno-
centes. •
Quand serons-oous délivrés de ce joug? Quand
cesserons-nous d'être asservis au ealte apaehro-
»ÏCtue et monstrueux "de la pierre noire?, ̃– tV.
A P~~X
Ii« Esestfc de H'EraêesBâc
ggsr 3a 35ik«c en vî^Bceast" «Ssi trasdë
Suivant une dépêche de Berlin à la Gazette de
Francfort le cabinet allemand s'occupera probable-
ment aujourd'hui samedi de .la dernière note -de
l'Entente. Il consultera auparavant les milieux
compétents. Ces consultations sont actue'leme.nt
rendues difficiles par suite de la suspension du tra-
fic des voyageurs.
On mande d'autre part de Beriin aux Baslcr
Nackrichten que « dans un télégramme parvenu
aujourd'hui à -l'office des affaires étrangères, la
commission des chantiers de Hambourg demande
au gouvernement de repousser les nouvelles de-
mandes faites par -l'Entente alléguant qu'il est im-
possible à l'Allemagne de livrer les docks flot-
tants ».
[Rectifions, à ce propos, una erreur qui s'est gli-ss-fc
hier dans la reproduction du protocote à signer par tes
AMemands avant d'entrée en vigueur du traité c'est
400,000 tonnes. et non 40,000 tonnes de docks flot-
tnfits, grues flottantes, remorqueurs, dragues, etc., que
les puissances alliées .pourront demander à l'Allemagne.]
Si» Sémat tïSEsépîcailaa
et le traité dos Vci-saiîEes
Nous avons annoncé hier que le Sénat améri-
cain a commencé l'examen des quatorze réserves
et du préambule, proposés par la commission des
affaires extérieures comme devant être incor-
porés au traité de Versailles.
On sait qu'aux termes Se ce préambule le traité
ne pourra entrer en vigueur qu'après que les ré-
serves, adoptées par le Sénat américain, auront
été ratifiées par trois des principales puissances.
A la séance du. novembre, la discussion s'est
̃engagée sur ce préambule. Le sénateur Mac Cum-
ber a présenté une résolution tendant à éliminer
du préambule l'article requérant l'assentiment de
trois puissances alliées. Un autre sénateur a pré-
senté une motion demandant que quatre grandes
puissances, au lieu de trois, ratifient les reserves.
Le Sénat a rejeté cotte dernière motion ainsi
que la résolution Mac Cumber. Il a ensuite adopté,
par 48 voix contre 40, la partie du préambule re-
quérant la ratification des réserves par trois des
grandes puissances.
.11 paraît résulter de ce vote que, d'une part,
le Sénat adoptera les réserves présentées par sa
commission, mais que, d'autre part, les républi-
cains n'obtiendront pas les deux tiers des voix
nécessaires au vote définitif de la résolution de
ratification.
Le correspondant du New-York Herald à
Washington télégraphie que le président Wilson
a convoqué hier vendredi, à la Maison-Blanche,
M. Hitchcock, leader des démocrates, afin de s'en-
tretenir avec lui de la question des réserves. 11
lui a déclaré qu'il ne ferait aucune objection à
celles do ces réserves quo ses partisans juge-
raient bon d'accepter, à la condition toutefois
qu'elles ne réduisent pas à néant le pacte de la
Ligue des nations. Le président se propose de
procéder do la façon suivante les démocrates
s'efforceront do faire échouer successivement
toutes les réserves présentées par la commission
sénatoriale des affaires extérieures. S'ils n'y réus-
sissent pas, ils voteront contre la résolution de
ratification énumérant ces réserves en bloc. Après
quoi, le président présentera une autre résolution
de ratification rédigée par lui.
*$»
SUE LE-,PR0NTJORIBOTAL
La situation de l'armée Y oudenitch
Notre correspondant partïoudier de Londres téléphone
samedi matin
Le correspondant du Morning Post à Stockholm
télégraphie que la position du général Youdenitch
est devenue très grave. Il est menacé de flanc et
d'arrière et se retire vers le nord. Lo sort de son
armée va dépendre surtout de l'attitude des Es-
toniens qui, ayant pris position dans le voisinage
de Propsya, menacent le flanc droit des bolche-
vistes.
Selon le Times, on apprend à Helsingfors que
les bolchevistes se sont emparés do la ville de
Gdof, qui était le quartier général de Youde-
nitch.
D'autre part, selon des rapports russes parve-
nus, au ministère do la guerre britannique, les po-
sitions exactes occupées par l'armée du gouver-
nement du nord-ouest de la Russie sont actuelle-
ment les suivantes le flanc gauche va de la mer
jusqu'à 32 kilomètres au sud-ouest de Krasnoïé-
Selo.
Le front passe ensuite à 24 kilomètres au sud-
ouest de Gatchina et se dirige vers le sud à une
distance moyenne de 9 à 25 kilomètres à l'ouest
de la voie ferrée Gatchina-Pskof et â 32 kilomè-
tres au sud-ouest de Louga.
On mamde d'Ke'singfors, le 7 novembre
Des messages particuliers disent que la posi-
tion du général Youdenitch est diïficilé, car il est
menacé sur le flanc et à ̃l'ar-rièrcll s'est retiré à 25
kilomètres a l'ouest de Gatchina. Les bolchevis-
tes se sont emparés de Louga et do quelques sta-'
tions entre Louga et Gatchina. Ils s'approchent
d'Oudova.
Au cours des opérations sur le front Pskof-
Poutalovo, les troupes estoniennes ont capturé, la
semaine passée, 830 prisonniers, pris 5 canons et
18 mitrailleuses.
Les opérations polonaises
On mande de Varsovie, a la date du 6 novembre
Nos troupes ont effectué une incursion au nord-
est de Bobrujsk, en direction de Chonicze et de
Wisenka et ont réussi à disperser les troupes en-
nemies qui se concentraient le long de la rivière
Olla.
Les troupes bolchevistes ont été complètement
battues; nous avons fait 270 prisonniers, ainsi
qu'un commandant de régiment avec son état-
major, et nous avons capturé 7 mitrailleuses et
une grande quantité de munitions et de matériel
technique.
Le 2 novembre, sur le front bolcheviste, vive
activité dans le secteur au nord de la Bérésina.
Le reste du front est sans changement.
Sur le front de Volhynio, après des combats
acharnés contre les troupes bolchevistes, nos sol-
dats se sont emparés de Zwiehele, Reckte, Nov-
grud et de Volhynskj. L'ennemi se retire en dé-
sordre dans la direction de Noresten.
DANS LE PROCHE CRIEN1
L'arrestation des membres du cabinet Bodoslavof
On mande de Sofia
Le gouvernement bulgare confirme officielle-
ment qu'il à fait procéder, dans la nuit du 4 au
5 novembre, à l'arrestation des principaux mem-
bres de l'ancien cabinet Radoslavof qui se trou-
vaient encore en Bulgarie. Outre MM. Tontchef,
ancien ministre des finances, et le général Radko
Petrof, de nombreux députés appartenant au parti
do Radoslavof ont été, arrêtés, ainsi gue trois gé-
néraux qui ont conduit la guerre d'une façon in-
humaine.
Le nombre des arrestations atteint 200.
Le gouvernement bulgare a commencé les dé-
marches en vue d'obtenir l'extradition de l'ex-
tsar Ferdinand, de M. Radoslavof et de l'ancien
généralissime Jekof.
` La démobilisation en Yougo-Slavie
On mande de Betlgrade
Le ministre de la guerre et de te marine a dé-
cidé que les militaires du deuxième ban (hommes
de 30 à 3-8 ans) en permission ou en congé de
convalescence, ne rejoindront pas leur corps,
l'ordre de démobilisation du deuxième ban tout
entier devant être incessamment promulgué.
Une fête sioniste à Salonique
On mande de Salonique
Au cours d'une réunion tenue à l'occasion de
la fête sioniste du 2 novembre, le député des is-
raélites de Salonique à la Chambre grecque, le
docteur Cofinas, a fait ressortir, au milieu de vifs
applaudissements, que parmi les puissances, gran-
des ou petites, la Grèce a manifesté de la façon
la plus officielle et la plus imposante ses sym-
natliies à réeard de l'idéal sioniste dans tes dé-
clarations faites en i9i7 par M. Politis, ministre
des affaires étrangères, à la Chambre des députés.
Roumains et Hongrois
On communique do Bucarest'
Le ministre hongrois du ravitaillement a
adressé une lettre officielle de remerciement au
général Wardar, commandant les troupes roumai-
nes d'occupation en Hongrie, en lui exprimant, au
nom do la population, sa gratitude pour le ravi-
taillement de la capitale magyare. Récemment
mille wagons do blé, dont le transport a com-
mencé, ont été envoyés do Roumanie pour ravi-
tailler Budapest.
«S»
&J&1X& XJEL UBTVJbJSrr
La question da Mésopotamie
Notre correspondant de Londres téléphone
Le Times publie aujourd'hui un premier article
d'-un correspondant qui vient de passer trois ans
en Mésopotamie et qui conclut à la nécessité d'un
contrôle parlementaire sur les plans d'expansion
britannique dans ce pays.
Le correspondant du Times combat l'idée que la
•population de Mésopotamie désire da présence des
Anglais et expose les raisons du mécontentement
de cette population. Sans adopter entièrement les
•idées de son correspondant; le Times demande que
l'opinion publique soit bien éclairée avant que
l'Angleterre se charge du 'lourd fardeau de qa
restauration problématique de l'ancien paradis
terrestre.
~»~ ~a
Mf~nwn~ DE ipFTSAMf~
NOUVELLES.. DE L'ETRANGER
GRANDE-BRETAGNE
Le nouveau lord-maire de Londres
Notre correspondant de Londres téléphone le 8 no-
vembre
Le nouveau lord-maire de Londres, sir Edward
Cooper, entre aujourd'hui en fonctions. La proces-
sion annuelle du lord-maire, qui se déroulera vers
midi dans les rues de la Cité et de Westminster,
comprend plusieurs tableaux illustrant la forma-
tion de la Ligue des nations. Un personnage, re-
présentant le héraut de la ipaix, précédera des 'ama-
zones représentant les différentes nations et por-
tant leurs bannières. Une place d'honneur sera
faite dans le cortège à un détachement des services
des bateaux de sauvetage du port do Deal, qui Sa
semaine dernière, ont s3ieouru plusieurs (bateaux
naufragés sur le fcanc des Goodwins.
ITALIE
La lutte électorale
On télégraphie de Rome ̃
Une violente bagarre s'est produite 'hier soir, -'S.
Turin, à l'issue de réunions électorales. Des coups
de revolver ont été tirés, inais il n'y a eu aucune
victime. Quelques arrestations ont été opérées.
Les organisations socialistes avaient décide d'or-
ganiser une journée de chômage pour célébrer
l'anniversaire de la révolution russe. Les ouvriers
ont déserté les ateliers ce matin, mais les. maga-
sins sont restés ouverts et les tramways ont cir-*
culé dans la ville avec tranquillité.
Dans son édition romaine, VAvanti publie un
appel aux prolétaires en faveur de la révolution
« La lutte, dit cet appel, est entre mous, enne-
mis de la société bourgeoise, et les défenseurs de
celle-ci; c'est, une lutte décisive sans moyen terme
et sans quartier. Une révolution ne se fait pas par
des discussions, mais en opposant la force à la
̃force. ».
Instructions du Vatican
UOsservatore romano, organe officieux dé la cu-
rie romaine, s'occupant do la lutte électorale, dit
L'autorité ecclésiastique reste et entend rester oom«
iplèlement étrangero .parti dans des questions purement politiques, pour se
imiaifl'tewir en dehors et au-dessus d'elles, mais il y a.
des devoirs moraux que tous ont J'obligalion d'observer..
Si chacun a le droit de "voler d'après sa consoiènoe,.
il est vrai aussi que la conscience civile et honnête dé,
Icad de donner un mandat l-dgisTatif à certaines catégo-
ries de personnes.
̃It'élecl-eur doit songer à la protection de t'ordre re-
ligieux et social et par ordre social, nous toisons aiiu-
sion aux franos-jriaçotts, aux tokhevisles et à ceux qui
sympathisent avec eux.
Il s'agit d'une grande ];a-!aillc, pro ans et focls. Ainsi,
quiconque donnera son vote à un candidat franc-maçoni-
ou boloheviste devra on répondra devant Dfeu.
La presse honnCLe a le devoir de rappeler «e.>la à tous
les électeurs à (a veille da 'la Batailla, et nous n'avons
pas cru pouvoir nous dérober à ce 'devoir.
RUSSIE
Les propositions de paix des Soviets
aux alliés
Notre correspondant de Londres téléphone le 8 110^
vernbre
Le journal socialisic Daily Herald publie le
texte dos propositions de paix rapportées de
Russie récemment par le colonel Malone, membre
du Parlement, et que ce député lui a communi-
quées. Le colonel Malone, on s'en souvient, a parlé
il y a trois jours; à la Chambre des communes, en
faveur d'une paix entre l'Entente et le gouverne-
ment des Soviets. Voici le résumé de ces propo-«
sitions qui, dans leurs détails essentiels, sont les
mêmes que ceMes qui furent prés-entées à M. Bul-
litt
Cessation des hostililiSs sur tous les fronts, sur le
territoire do l'ancien empire russe; conclusion d'om ar-t
misliee et réunion d'une conférence dans un pays neu-<
tre sur les bases suivantes
1. Tous les gouvernements existant sur le territoire
de l'ancien empire russe conserveront les territoires
qu'ils ocoupent. 2. Levée du blocus et reprise des rela-
tions commerciales avec la Russie. 3. Le gouvernement
des Soviets aura libre aocès à tous les ports de l'ancien
empire russe. 4. Les citoyens de la République des
Soviets pourront entrer librement dans les pays alliés
et associés à condition de ne pas s'immiscer dans ïa
politique intérieure de ces pays, avec réciprocité pour
les citoyens des pays alliés et associés. 5. Une amnistie
pour tous les prisonniers politiques sera aocordée par
le, gouvernement des Soviets et les autres gouverne-
ments établis en Russie. Elle s'étendra à tous lés sol-
dats ayant combattu contre le gouvernement des Soviets
ou contre les autres gouTcrnem-eals russes. 6. Retrait da
toute les troupes étrangères de Russie et cessation de
toute assistance militaire à l'un quelconque des gou-
vernements établis en Russie. Le gouvernement des
Soviets et les gouvernements antiso-viétistes procéderont
simultanément à la ̃réduction de leurs armements. 7. Le
gouvernement des Soviets et des autres gouvernements
établis en Russie reconnaissent qu'ils sont solidaires des
obligation financières .contractées par l'ancien empira
russe envers les Etats étrangers signataires du présent
accord et envers les nationaux de oes Etats.
'Le gouvernement des Soviets se déclare prêt à'
négocier sur ces bases, pourvu que la proposition
lui en soit faite par les puissances alliées et asso-
ciées le 15 novembre au plus tard.
Le document se termine par deux déclarationjl
d'un tour singulier dans les termes suivants •:
« Le gouvernement des Soviets est désireux, par;
dessus tout, d'obtenir des gouvernements améri-
cain et ̃britannique une garantie semi-officielle
qu'ils feront tout en leur pouvoir pour veiller
à ce que la France respecte les conditions de l'ar-
mistice. Le gouvernement des Soviets espère qu'il
ne lui faudra pas transférer cette offre avec les
modifications appropriées aux puissances cen-
trales. »
Le bolchevisme et les Soviet;
On a beaucoup discuté et on discute encore les
avantages et les inconvénients de la dictature du
prolétariat en Russie, et si les divergences d'opi-
nion sont grandes, au moins tout le monde admet
comme postulat que cette dictature est bel et bien
implantée en Russie. Or, la vérité est qu'il n'y a
pas de dictature du prolétariat en Russie, que
cet immense pays est gouverné par une fraction
du parti socialiste dite bolcheviste et composée
d'un état-major de déclassés, issus pour la plu-
part de la petite bourgeoisie urbaine, mélangée
d'un certain nombre de ci-devants.
Ce n'est pas là 'l'effet de circonstances exception-
Belles dues à la grande tourmente, mais l'appli-
cation d'une conception qui, de tout temps, fut
celle de Lénine, chef du gouvernement des intel-
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