Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-07-29
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 juillet 1914 29 juillet 1914
Description : 1914/07/29 (Numéro 19380). 1914/07/29 (Numéro 19380).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
MSRGR~DJ 29 JUILLET 1914
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CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.– N° 19380
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suite de notre feuilleton en cours LE DÉFAUT DE
fcA CUIRASSE.
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çaise de I'~lLIMENTATION un supplément
illustré. que nos abonnés de la banlieue, des
départements et de l'étranger recevront avec
le présent numéro.
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mercredi.
Nous indiquerons prochainement quel jour,
les acheteurs au numéro à Paris pourront le
réclamer aux marchands.
SOMMAIRE
LA RUPTURE AUSTRO-SERBE ET L'ACTION
DES PUISSANCES.
PAGE 3
En Passant le Cousin Jules, Pierre Mille.
Les Livres, PAUL SOUDAY. H »
Le Retour du président de la République. Nou-
velles de L'étranger. Colonies et Protectorats.
Académie des sciences. Le « Petit Pierre »
ANATOLE FRANCE.
Pages 4 ET &
La Sensibilité des plantes. Faits-divers.
Courrier historique. Théâtres. Sports.
Bourse
Page 6
DERNIÈRES Nouvelles la Rupture austro-serbe.
A la Chambre la Réunion du groupe so-
cialiste, etc.
Paris, 28 juillet
TMÏT T 17TTM nT~ T 1 A 1Uf Ï7D
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
L'ACTION A QUATRE
Sir Edward Grey a porté hier à la tribune un
exposé sobre et clair de la situation. Il a rap-
pelé des faits qu'on connaissait, précisé des
projets qui doivent être approuvés par tous les
amis de la paix, énoncé des affirmations que
méditeront, nous l'espérons, les ennemis de la
̃paix, s'il en est. ̃,
Les faits, c1est-à-dire la façon dont les exi-
gences de l'Autriche et la réponse de la Serbie
ont été communiquées à la Grande-Bretagne,
soulignent l'inconcevable attitude du Ballplatz.
Sir Edward Grey n'y a pas insisté, puisqu'il
aoooj~ipHssait, en prenant la parole, un effort
transactionnel, et il a exposé, sans plus dé re-
tard, l'idée dont il a saisi les chancelleries.
Cette idée, nos lecteurs en ont eu connaissance
dès hier c'est une intervention à quatre, de
l'Allemagne, de la France, de l'Italie et de la
Grande-Bretagne, tendant à obtenir d'une part
un règlement de la question austro-serbe, d'au-
tre part un arrêt de toutes opérations ou pré-
paratifs militaires' tant en Russie qu'en Au-
triche.
A cette intervention, conseillée par l'Angle-
terre, la France est prête, et l'Italie aussi, si nulle
pression contraire n'est faite sur elle. Pour
qu'elle s'exerce, une seule condition, toujours
la même, celle que nous avons exposée diman-
che, sur laquelle nous sommes revenus lundi
ae concours de l'Allemagne. Mais aujourd'hui,
comme hier et avant-hier, on ignore si ce
concours se produira. Que veut l'Allemagne?
Est-ce la paix? Est-ce la guerre?. Une fois de
plus, la force des choses nous oblige à poser
la question.
En la posant," nous ajoutons que la forme
d'action conçue par sir Edward Grey est la
seule qui soit acceptable. Les modalités de cette
Â.XJ PALAIS
L'assassinat
GastonXaîmctte
Mme Gaillaux
DEVR11T
la cour d'assises de la Seine
LA MATINEE
Les curieux étaient peu nombreux, ce matin,
aux abords du, Palais da Justice; la surveillance
est restée très active. Des mesures importantes
doivent être prises dans la soirée.
A l'intérieur du Palais, pour éviter que la salle
ne soit encombrée de façon excessive, le com-
mandant du Palais a donné des instructions nou-
velles et précises. Les consignes ont mal été in-
terprétées par certains gardiens du Palais qui t-e
sont montrés d'une exigence extraordinaire et ont
causé plusieurs incidents.
A onze heures et demie, on apprend que la saiie
est bondée; on ferme la porte du couloir des té-
moins les journalistes, à qui l'on refuse l'entrée,
protestent énergiquement. Le commandant du Pa-
lais intervient et leur fait donner satisfaction.
Dans la galerie Lamoignon, c'est un grand tu-
multe la,porte réservée aux avocats est close, ei
les stagiaires, .en grand nombre, veulent pénétrer.
Ils en sont empêchés, car il n'y a plus une place
libre. La porte des magistrats est assiégée
les discussions prennent un ton très vif, car on
refuse toujours le passage, à tel point que le pro-
cureur général Herbaux, Me Henri-Robert et M.
Arthur Meyer, qui l'accbmpagre, éprouvent des
difficultés à franchir le seuil de la porte.
A midi cinq, MM. Caillaux et Ceccaldi arrivent
jgt pénètrent aussitôt dans la salle d'audience.
LES DÉBATS
Compte rendu sténographique
Huitième journée. SB juillet
L'audience est ouverte à midi cinq.
Allocation du président
Le président. Avant de donner la parole à
MM. les avocats de la partie civile, je demande
action peuvent se discuter, le principe non.;
Comme l'a dit le ministre, les quatre puis-
sances dont il s'agit nos d'intérêt direct
dans la question se. t.. cette situation les
qualifie pour agir solidairement. L'Allemagne
accepte-t-elle cette solidarité pour la paix?
Encore un coup, voilà toute la question.
M. Clemenceau écrivait ce matin qu'un jour-
naliste autrichien qu'il ne nomme pas, mais
que tout le monde a reconnu lui a dit « La
Russie cédera, parce qu'elle a toujours cédé. »
De même, n'est-il pas vrai, la Triple-Entente?
Ainsi se confirme l'opinion, tant de fois expri-
mée par le Temps, que la faiblesse de la
Triple-Entente depuis deux ans devait l'acculer
tôt ou tard à une impasse. L'impasse, nous y
sommes. Pour en sortir, pour dissiper l'erreur
des Autrichiens, il se peut qu'il n'y ait demain
qu'un moyen la guerre.
Sir Edward Grey l'a dit avec netteté « Si le
différend cessait d'être limité à' l'Autriche-
Hongrie et à la Serbie, il est évident qu'on
aboutirait à la plus grande catastrophe qui ait
jamais, d'un seul coup, frappé l'Europe. Nul
ne peut dire où s'arrêteraient les questions po-
sées par un pareil conflit, dont les conséquen-
ces directes ou indirectes seraient incalcula-
bles. » Il est superflu d'insister sur le sens de
cet avertissement.
En toute sincérité, avec le seul souci d'éviter
la catastrophe dont a parlé sir Edward Grey,
nous répétons, en pleine connaissance de
cause, que les inductions fondées sur le passé
ne peuvent conduire aujourd'hui l'Autriche et
ses alliés qu'à des erreurs désastreuses.
La Russie ne laissera pas anéantir l'indépen-
dance. de la Serbie. La France et la Grande-
Bretagne ne se sépareront pas de la Russie.
C'est sur la base de cette certitude, éprouvée et
précisée au cours des dernières vingt-quatre
heures, que les cabinets de Vienne et de Berlin
doivent, fonder leurs hypothèses.
La Serbie a cédé tout ce qu'on lui demandait,
plus qu'aucun pays au monde n'a jamais cédé
sous une pression étrangère. Il est donc faux
qu'en invitant l'Autriche il négocier, on l'invite
à s'humilier. Si ses deux alliées, d'accord avec
la France et l'Angleterre, la convient à un rè-
glement pacifique, rien ne l'empêche de l'ac-
cepter rien, si ce n'est la volonté de la
guerre à tout prix. Cette volonté existe-t-elle à
Vienne? Existe-t-elle à Berlin? `
Ainsi se ferme et se referme le cercle où
nous nous mouvons. Que de redites depuis trois
jours! Mais aussi quelle démonstration dans
ces redites! Veut-on la guerre à Berlin?
Si la proposition excellente de sir Edward
Grey n'y est pas franchement et promp-
tement acceptée, l'opinion unanime du monde
civilisé répondra oui. Nous ne voulons pas
renoncer à l'espoir que l'appel si noble et
si juste de la Grande-Bretagne sera entendu.
Mais tant d'heures déjà perdues pèsent lourde-
ment, nous le déclarons, sur cette légitime
espérance!
SilRSMM G® M® A F
Les boulevards ont été hier souillés par une
manifestation impie. Au moment où la foule
parisienne, calme et digne, attendait, anxieuse,
des nouvelles de l'étranger, des gens mobilisés
par un journal révolutionnaire ont essayé de
troubler la voie publique. Au chant de l'Inter-
nationale, au cri de « A bas la guerre! », ils
ont molesté les passants, assailli la police,
enfoncé des boutiques. Singulière façon de
prouver ses sentiments pacifiques. La popu-
lation a opposé à ces violences la seule pro-
testation qui convenait. Elle a crié :f « Vive la
France! Vive l'armée! » Puis elle a laissé la
garde et les agents chasser du boulevard les
hordes qui l'avaient envahi.
Nous voulons croire que les organisateurs de
la manifestation eux-mêmes ont été désagréa-
blement impressionnés par les étranges
concours qu'ils subirent. Les socialistes d'ail-
leurs, le député Jean Bon excepté, s'étaient
instamment à tout le monde d'écouter silencieu-
sement leurs, plaidoiries de même que le réquisi-
toire de M. le procureur général et le plaidoyer
du défenseur. Aux moments angoissants que nous
traversons, je pense qu'ici nous n'avons tous que
le souci de rendre la justice dans la dignité et la
tranquillité; je demande donc instamment à tous
ceux qui ont des cœurs de Français, de vouloir
bien ne pas troubler les débats.
Un membre de la presse. Mais il est impos-
sible à la presse d'entendre s'il y a 50 personnes
debout devant elle!
Le président. Messieurs de la presse, vous
êtes ici pour donner le compte rendu de cette
affaire qui a duré si longtemps, qui a été si longue
et si fatigante pour MM. les jurés; je comprends
très bien que vous demandiez à entendre, c'est
votre droit, mais ce que je demande une fois de
plus c'est que les personnes qui vous entourent
fassent silence.
M. Beau, président de l'Association de la presse
judiciaire parisienne. Permettez-moi, au nom
de mes confrères, de vous faire observer que tou-
tes les personnes qui se trouvent devant eux em-
pochent nos confrères, que vous avez relégués au
fond de la salle, d'entendre.
Le président (au lieutenant de la garde répu-
blicaine). Qu'est-ce que c'est1, que ces per-
sonnes ?
Le lieutenant. Ce sont des personnes qui
étaient au banc des témoins. On ne pourra avoir
le silence dans la salle que si vous me donnez
l'ordre de faire évacuer ces personnes..
Le président. Parfaitement.
Le lieutenant. Donnez-moi l'ordre.
Le président. Les personnes qui sont devant
les:baiics de la presse sont priées de ne plus y res-
ter, sauf bien entendu les témoins, car ici il n'y a
de places réservées que pour les témoins, pour
MM. de la presse, et bien entendu MM. les avocats;
les personnes qui ne se trouveraient pas dan& ces
conditions ne peuvent rester là. (Il est procédé à
quelques expulsions au milieu du brouhaha.) Je
donne maintenant la parole au premier avocat de
la partie civile; je recommande encore une fois
un silence complet.
LES PLAIDOIRIES
Maître Seliginan, vous avez la parole
PLAIDOIRIE DE Me SELIGMAN
Messieurs de la cour,
Messieurs les jurés,
J'ai assisté, muet et attristé, à ces douloureux
débats que vous avez suivis avec une si scrupu-
leuse attention. Ceux qui ont aimé Gaston Calmette
ont passé ici des heures pénibles. Nous avons en-
tendu la lecture de la lettre où deux heures avant
le crime Mme Caillaux annonçait son intention de
commettre l'acte, c'est-à-dire de tuer, nous avons
vu l'arme redoutable, froidement achetée, minu-
tieusement essayée, chargée et armée, soigneuse-
ment dissimulée dans le manchon pendant l'heure
d'attente. Le revolver a été déchargé six fois à
bout portant, presque à bout touchant, sur Gaston
Calmette. Vous avez eu sous les yeux les cjuatre
abstenus, de participer à cette lamentable ten-
tative de désordre. ''L'Humanité se contente de
publier ce matin un manifeste des socialistes
français et un manifesté des socialistes aile-'
mands. Il n'y. aurait rien à reprendre à ces pu-
blications symétriques, invitant lès deux,gou-
vernements à agir sur leurs alliés récipro-
ques, si elles n'engageaient le peuple à expri-
mer, « dans de vastes réunions », son « iné-
branlable volonté de paix ». Comme nous le
disions hier, avant tout la rue doit res-
ter calme. Tout risque de trouble est dange-
reux. Et au surplus le poids de la volonté
populaire n'est pas égal dans la balance
internationale. Nos sdcialistes ont une liberté,
une influence que ne possèdent pas les socia-
listes allemands. Il ne s'agit donc pas, pour le
moment, de chercher à amollir la volonté du
gouvernement. Il faut au contraire se serrer au-
tour de lui dans une union parfaite et le récon-
forter de notre confiance et de notre courage.
L'heure n'est plus aux rêves chimériques. Un
peuple fier, tout en désirant la paix, doit être
prêt à la guerre. La loi de trois ans, proposée
par M. Briand, réalisée par M. Barthou, fer-
mement appliquée par M. Viviani, nous per-
met d'envisager d'un cœur ferme les pires
éventualités. Rendons hommage à nos hommes
d'Etat, dont l'esprit prévoyant et le 'sentiment
patriotique furent toujours dégagés 'de toute
pensée provocatrice.
La France a montré plus que toute autre la
sincérité de ses sentiments pacifiques. Elle
s'est spontanément associée à la tentative de
médiation de l'Angleterre. Jusqu'à présenti'ÀJ-
lemagne n'a pas répondu. C'est donc de Pa-u-
tre côté de la frontière que doivent porter les
efforts des socialistes. Le gouvernement fran-
çais n'a pas à être converti. Issu de la volonté
populaire, il est en parfait accord avec elle. Il
veut la paix dans la dignité et,l'honneur. Le
président de la République et le président du
conseil, conscients de leur devoir en toutes cir-
constances, ont interrompu leur voyage pour
diriger eux-mêmes l'action diplomatique, avec
la volonté et le tact qu'on leur connaît. Fai-
sons. leur confiance. Laissons-les agir. Et
nous, parlementaires, journalistes, simples ci-
toyens, occupons-nous d'effacer les divisions
créées entre nous par la lutte des partis. Soyons
unis et p.rêts à répondre d'une seule voix.
LES AFFAIRES D'ORIENT
LA
Rupture les relations
EJÏTI~E
FAutricbe et la Serbie
Les nouvelles relatives à des faits de guerre
ne sont pas jusqu'à présent confirmées. D'autre
part, il semble que l'initiative anglaise en fa-
veur d'une médiation de l'Angleterre, de la
France, de l'Allemagne et de l'Italie ne rencon-
tre pas, du côté allemand, toute la collaboration'
que les déclarations pacifiques des ambassa-
deurs allemands à Paris et à Londres pouvaient
faire espérer, et les réserves qu'on fait valoir
en atténuent singulièrement la signification.
A Vienne, on ne repousse pas l'idée d'une in-
tervention amicale, ce qui serait d'autant plus
difficile que 'l' Autriche-Hongrie, comme les au-
tres signataires de la convention de la Haye,
s'est engagée à considérer cette intervention
comme un droit. Mais en même temps, on dé-
clare qu'une action conciliatrice ne pourrait
pas arrêter les mesures militaires qu'en Autri-
che-Hongrie on pousse très activement, et en
même temps on soulève de nouvelles préten-
tions. On déclare qu'on ne peut accepter la
soumission de la Serbie parce « qu'elle n'est
pas sincère ». Cette stupéfiante allégation n'a
d'autre but que de préparer des demandes de
garanties que l'Autriche-Hongrie veut soulever,
balles qui ont fait les quatre blessures par les-
quelles en peu d'heures la vie s'est en allée à
nos côtés, un grand-père vous apporte la plainte
d'un jeune homme de 17 ans, d'un petit garçon
de. 10 ans, les deux fils de l'homme assassiné.
En vérité que pourrais-je ajouter à ces faits ?
Je ne suis ici, messieurs les jurés, ni pour pro-
noncer un-plaidoyer ni pour faire un réquisitoire.
J'avais pour Gaston Calmette une profonde af-
fection qui ne me laisserait pas la liberté d'esprit
nécessaire pour plaider cette affaire, ce sera la
tâche du grand orateur que vous allez entendre;
mais cette affection ne me permet pas de me taire
lorsque le drame de la mort de Gaston Calmette
vient devant la cour d'assises.
M. le bâtonnier Chenu, M. le procureur général
exposeront devant vous l'accusation; je vais, moi,
vous dire en peu de mots quel était l'homme qui
a été sacrifié et défendre sa mémoire contre les
calomnies portées à son égard par le moins dés-
intéressé des témoins en cause.
Gaston Calmette et sa famille
Gaston Calmette avait cinquante-cinq ans lors-
que Mme Caillaux est venue l'abattre dans sa mai-
son au pied de sa table de travail. Il laisse deux
fils Edouard, celui qui a dix-sept ans, Henri, qui
a dix ans. Vous avez vu, messieurs, les portraits
de ces deux enfants dont le père ne se séparait
jamais dans le portefeuille qui .a été effleuré par
une des balles de Mme Caillaux. M. Prestat, l'aïeul
maternel, a recueilli les deux orphelins. Les fiis
de Gaston Calmette nous avaient demandé de les
conduire à cette audience, ils voulaient réclamer
au jury justice contre la meurtrière de leur père.
Nous avons refusé à leur piété familiale cette
douloureuse épreuve; mais n'oubliez pas, mes-
sieurs les jurés, que pas bien loin d'ici deux or-
phelins vêtus de noir attendent le verdict qui leur
fera justice.
Gaston Calmette appartenait à une famille tra-
ditionriellement consacrée au service du pays. Son
père, Guillaume Calmette, était un homme da
haute culture. Lors de l'annexion de Nice à la
France, Guillaume Calmette fut sollicité de col-
laborer à l'installation du régime français Ukns ''les
Alpes-Maritimes; il fut successivement conseil-
ler de préfecture, sous-préfèt et secrétaire gé-
néral..
Guillaume Calmette eut-trois fils qui ont été
tous les trois de bons 'serviteurs du pays. L'aîne,
le docteur Emile Calmette, est inspecteur géné-
ral du service de santé militaire en Algérie; il
est commandeur de la Légion d'honneur; tous ses
grades, toutes ses décorations, if les a gagnés en
soignant nos soldats dans les hôpitaux ou dans
de différentes expéditions. Le plus jeune des trois
frères, c'est le docteur Calmette, Albert Calmette,
dont vous avez entendu à cette barre la touchante
déposition; le docteur Albert Calmette, lui aussi
commandeur de la. Légion d'honneur, directeur de
l'institut Pasteur de Lille, est l'illustre savant dont
le nom, dont les travaux sont connus et respectés
dans le monde entier. En 1899, le docteur Albert
Calmette fut chargé de défendre la frontière fran-
çaise menacée par la peste bubonique; dans cetts
périlleuse expédition, une infirmière volontaire
accompagnait le docteur Albert Calmette et prit
place avec lui au chevet des pestiférés, car s'il y*
a des femmes qui tuent, il y a aussi des femmes'
qui sauvent; cette femme, c'était Mme Albert Cal-
mette.
afin dé porter le coup décisif à l'indépendance
de la Serbie. •
Il semble en effet que les Autrichiens soient
résolus à aller à Belgrade, où ils savent d'ail-
leurs ne pas rencontrer d'opposition, l'armée
serbe s.'étant concentrée en arrière de la capi-
tale. Ils comptent, ainsi tenir un gage qu'ils
n'abandonneront que contre de nouveaux avan-
tages.
En se prêtant à ces manœuvres, en y colla-
borant même passivement, l'Allemagne ren-
forcerait l'impression qui commence à se des-
siner qu'il s'agit d'autre chose encore que
d'abaisser la Serbie, mais qu'on veut faire une
manifestation de prestige, et qu'on cherche
l'occasion pour tenter d'établir l'hégémonie
germanique en Europe.
EN ANGLETERRE
L'activité diplomatique anglaise
Notre correspondant de Londres télégraphie
On n'a pas confirmation ici des dépêches d'après
lesquelles les troupes autrichiennes seraient en-
trées en Serbie. Dans l'ensemble on est un peu
plus optimiste". Cet optimisme se justifie en pre-
mière ligne par le fait que les Autrichiens, mal-
gré leurs menaces, n'ont point commencé les opé-
rations actives contre la Serbie. Cela permet d'es-
pérer que les tentatives de médiation n'arriveront
pas trop tard; en second lieu la proposition de sir
Edward Grey communiquée hier aux Communes
a produit une très bonne impression.
Voici le texte de cette communication
Vendredi dernier, dans la matinée, dit le ministre, j'ai
reçu de l'ambassadeur d'.Autriche-Hongrïe te texte de
la communication faite par. le gouvernement austro-
h.pBgfois.*ux puissances.
Dans l'après-midi, je vis d'autres ambassadeurs et je
leur exposai cette vue qu'aussi longtemps que le diffé-
rend resterait limité à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie
seules, je ne croyais pas que nous eussions à intervenir,
mais que si les relations de l'Autriche-Hongrie et de la
Russie prenaient une tournure menaçante, la paix de
l'Europe se trouverait en jeu,' et c'est là une question
qui nous regarde tous..
Ne sachant pas alors de quelle façon le gouvernement
russe envisageait la question, je ne pus pas, faire de
proposition immédiate, mais je déclarai que'si les rela-
tions devenaient tendues entre l'Autriche-Hongrie et la
-Russie, il semblait que l'Allemagne, la France, l'Italie et
la Grande-Bretagne, c'est-à-dire, les quatre grandes puis-
sances n'ayant pas d'intérêt direct dans la question
serbe, devraient agir de concert et simultanément à
Saint-Pétersbourg et à Vienne, pour obtenir de l'Au-
triche-Hongrie et de la Russie qu'elles suspendent leurs
opérations militaires, pendant que les quatre puissances
s'efforceraient d'arranger un règlement de la question.
Quand j'eus appris que l'Autriche-Hongrie avait
rompu les relations diplomatiques avec la Serbie, je fis
hier après-midi, par la voie télégraphique, la proposition
suivante
J'ai prescrit aux ambassadeurs de Grande-Bretagne
à Paris, Berlin et Rome de demander aux gouverne-
ments auprès desquels ils sont accrédités s'ils accepte-
raient que les ambassadeurs de France, d'Allemagne et
d'Italie' à Londres se réunissent dans une conférence,
qui aurait lieu immédiatement à Londres, pour chercher
les moyens d'aplanir les difficultés présentes.
En même temps, je prescrivais aux ambassadeurs
do Sa Majesté dé demander aux mêmes gouvernements
d'autoriser leurs représentants à Vienne, Saint-Péters-
bourg et Belgrade d'informer les gouvernements de ces
capitales de la conférence projetée et de leur demander
deMsuspendre tantes les opérations militaires actives en.
jtUeQdai& l'issue de ta conférence.
Je n'ai pas encore reçu jusqu'à présent de réponse
complète à oette propositipn, à la mise à exécution de
laquelle la coopération des quatre puissances est évi-
demment essentielle, Dans une crise aussi grave que
colie-ci, les, efforts d'une puissance isolée pour mainte-
nir, la paix peuvent être tout à fait impuissants.
Sir Edward Grey dit ensuite que la réponse de
la;.Serbie doit fournir une base sur laquelle un
groupe de puissances amicales et impartiales, com-
prenant les puissances jouissant de la confiance
les,. unes de l'Autriche, les autres de la Russie,
pourront proposer une solution acceptable pour
tous. ̃:•••̃̃
En terminant, le ministre dit
Il est évident que si le différend cessait d'être limité
à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie, cela ne pourrait
aboutir qu'à la plus grande catastrophe qui ait jamais
frappé d'un seul coup l'Europe.; Nul ne peut dire où
s'arrêteraient les questions soulevées par un pareil
conflit, dont les conséquences directes ou indirectes se-
raient incalculables.
•Sir Edward Grey, répondant à un député qui
demandait s'il était vrai que l'empereur' d'Alle-
magne aurait accepté le principe de la médiation,
a encore ajouté
"Je crois comprendre que le gouvernement, allemand
est favorable en principe à'l'idée d'une médiation en-
i tre l'Autriche-Hongrie et la Russie, mais quant à la
Vous avez entendu le docteur Calmette pronon-
cer à la barre le nom de, sa mère. Guillaume Cal-
mette, te père,- avait été veuf de bonne heure; il
avait donné à ses enfants une seconde mère qui
les a élevés la pauvre femme survit à la mort du
second de ses enfants. Gaston Calmette, la vic-
time de Mme Caillaux, s'était destiné à l'état mi-
litaire cette vocation fut renversée et il se con-
sacra à la littérature. En 1885, Magnard te fit en-
trer au Figaro. Pendant vingt-huit ans, l'existence
de Gaston Calmette se confond avec celle du Fi-
garo. Il y a franchi tous les degrés de la hiérar-
chie c'est là qu'il a connu l'homme excellent dont
il a été le gendre, qui lui a succédé dans ses de-
voirs vis-à-vis de ses enfants, M. Prestat, l'ami
'ffë Villetnessant, le fondateur du Figaro. En 1902,
après une crise laborieuse, un vote unanime des
actionnaires appela Gaston Calmette à la direc-
tion du Figaro.
Ce qu'est le "Figaro
Ce n'est pas à un jury parisien que j'ai besoin
d'expliquer ce que c'est que le Figaro. Après les
attaques dont il a été l'objet devant vous, j'ai
peut-être le droit de rappeler que le Figaro oc-
cupe une place, je crois pouvoir le dire, unique
dans la presse du monde entier. Admirablement
informé des événements les plus lointains comme
des menus faits de la vie parisienne, le Figaro
touche à tous les sujets d'une main délicate: c'est
un salon, c'est une tribune, c'est presque une aca-
démie. Le succès qu'a obtenu le Figaro, la vogue
dont il jouit, il ne les doit pas seulement à
soixante ans de bonnes traditions et au talent de
ses rédacteurs; il les doit surtout au respect de
toutes les bienséances, au ménagement que dans
*lea polémiques les plus ardentes il sait garder
vis-à-vis de tout ce qui doit être ménagé.
;c J'ai le droit de vous présenter un document qui
•veus-montre ce que c'est que le Figaro. Il« depuis
sa fondation, en 1855, collaboré à beaucoup d'oeu-
vres de bienfaisance et d'utilité publique, et ainsi,
avec l'aide de ses lecteurs, il a répandu en bienfaits
la somme de 11,165,000 francs. Je passe les dé-
tails.
• "Aux heures graves, le Figaro sait élever la voix.
Beaucoup d'hommes qui ne partagent pas toutes
ses opinions, considèrent le Figaro comme le pain
quotidien de leur intelligence. Et je ne dirai rien
d'exagéré lorsque j'affirme qu'un morceau de la
pensée française est enfermé dans la grande mai-
son dont Gaston Calmette a été le chef pendant
douze années.
Il y fit preuve des plus belles qualités intellec-
tuelles et morales. Sous sa direction, le Figaro est
devenu. un centre recherché de la vie parisienne.
Gaston Calmette était adoré de tous ceux, qui l'ap-
prochaient. Vous vous rappelez l'intense émotion
dont le matin du 17 mars ont été saisis Paris, la
France,'le monde entier lorsqu'on a appris que la
femme du ministre des finances avait assassiné
Gaston Calmette. Paris a fait à Calmette de ma-
gnifiques funérailles, et les dix mille braves gens
qui ont défilé devant son cercueil manifestaient
une indignation qui allaient au-devant.du juge-
ment que vous allez porter.
Dans ce concert unanime de respect, d'affection
et de sympathie, une voix discordante s'est fait
entendre; c'est celle de M. Caillaux, de M. Caillaux
tout seul, bien qu'il ait eu, je le reconnais, un
̃ écho assez sonore dans le discours de M. Cec-
caidi. >
îuelaues jours avant votre audience, nous avons
façon dont 11 sera possible d'appliquer le principe de
ladite conférence, je n'ai pas encore reçu la réponse du
gouvernement allemand.
Dans les milieux diplomatiques, hier soir, on
expliquait cette dernière déclaration de la façon
suivante
Comme je vous'l'ai déjà dit, l'idée de réunir
une conférence à quatre avait déjà été envisa-
gée vendredi et samedi dans les conversations qui
ont eu lieu entre les ambassadeurs de la Triple-
Entente. Sir Edward Grey a eu également diver-
ses conversations avec l'ambassadeur d'Allema-
gne en le priant de les transmettre à Berlin.
C'est vraisemblablement à ces premières sugges-
tions que le gouvernement allemand aurait donné
une adhésion de principe. Quant à l'offre précise
et formelle du gouvernement anglais, il est pro-
bable qu'il n'a point eu le temps d'y répondre
et qu'il ne répondra pas avant de s'être concerté
avec le gouvernement autrichien. C'est du moins
ainsi que l'on s'efforce d'expliquer yn retard qui
ne laisse pas d'être assez préoccupant. On se de-
mande en effet dans'certains milieux si l'Allemagne
ne cherche pas à se donner le bénéfice d'une at-
titude soi-disant pacifique, tout en ne faisant sur
Vienne aucune pression sérieuse, de façon à re-
jeter sur la Triple-Entente la responsabilité d'une
rupture définitive.
En ce qui concerne la réponse de l'Italie, bien
que cette réponse n'ait pas encore été transmise
officiellement, on ne doutait point hier qu'elle ne
fût favorable. Le gouvernement italien s'est
contenté vraisemblablement de faire quelques ré-
serves au sujet, de la procédure.
L'opinion publique en général a accueilli très
favorablement le discours de sir Edward Grey. On
a beaucoup remarqué en particulier le fait que le
ministre s est attaché à reprendre les paroles mê-
mes de l'ambassadeur d'Allemagne dans la com-
munication qu'il a faite samedi au gouvernement
anglais au sujet des incalculables conséquences
directes ou indirectes que pourrait avoir le,con-
flit. Si ces paroles de l'ambassadeur d'Allemagne
étaient un avertissement discret, la réponse de sir
Edward Grey est un avertissement non moins dis-
cret et non moins net.
Les mots par lesquels sir Edward Grey a terminé
son discours, dit le Times, doivent faire comprendre
aux gens les plus insouciants l'extrême gravité de la
situation et la terrible responsabilité qu'endosserait une
puissance qui ne ferait pas tous ses efforts pour main-
tenir la paix. La signification de ces paroles est rendue
plus grande encore, non seulement par la position de
celui qui les a prononcées, mais par l'habituelle pru-
dence et l'habituelle retenue de son langage. Il est à
croire qu'un avertissement aussi solennel,. donné par
un homme d'Etat dont le sang-froid et la sincérité sont
reconnus par tout le monde, aura un effet profond dans
toutes les,capitales de l'Europe.
EN ALLEMAGNE
Le retour de l'empereur Guillaume II
On télégraphie de Berlin
Aussitôt après son arrivée au Nouveau Palais de
Potsdam, l'empereur a entendu tout d'abord un
assez long rapport du chancelier; puis il a reçu
le chef de l'état-major général de Moltke, le chef
de l'état-major naval amiral von Pohl.
L'empereur restera quelques jours à Potsdam,
puis il se rendra à sa résidence habituelle d'été de
Wilhelmshohe.
Attitude ambiguë de l'Allemagne
On télégraphie de Berlin
D'après les renseignements puisés à des sources
autorisées tant allemandes qu'étrangères, il ne
semble pas que la situation se soit sensiblement
modifiée depuis la communication de sir Edward
Grey à Berlin, Paris et Rome. 11 semble de moins
en moins que Berlin, qui affirme cependant tou-
jours son désir de coopérer avec les grandes puis-
sances pour éviter l'extension du conflit, doive ou
veuille agir de façon effective à Vienne, à moins
d'être certain que cela ne déplaira en rien à son
alliée.
A l'office des affaires étrangères on répète avec
insistance que c'est sur l'attitude du Ballplatz et
uniquement sur elle que l'Allemagne se réglera,
mais on dit qu'une manifestation des grandes
puissances n'a chance d.'être prise en considéra-
tion ici que si Vienne l'accepte d'abord en tous
points. Ce serait alors vraiment une médiation.
On ajoute que tout essai de peser sur Vienne ou
de faire peser sur elle serait considéré comme
une intervention et Berlin ne saurait s'y prêter.
Ces dispositions ambiguës, pour ne pas dire
quasi négatives, sont confirmées par la dépêche
suivante, évidemment inspirée, à la Gazette de
Cologne r
Le rôle de l'Allemagne dépend essentiellement de
la façon dont seront accueillies à Vienne les propositions
plus précises qui peuvent être faites en vue d'arriver à
une médiation. De l'attitude adoptée dès le début par
l'Allemagne une conclusion s'impose nécessairement
c'est qu'à Berlin on .accueillera avec satisfaction toute
pressenti la tactique qu'allait adopter" M. Caillaux.
On a répandu dans Paris, on a vendu pour dix
centimes, on a distribué à domicile une brochure
qui portait contre Calmette et contre le Figaro
d'abominables accusations. M. Caillaux les a répé-
tées à votre audience, et pendant de longues heu-
res, vous l'avez entendu soutenir que le Figaro est
un journal vénal qui a plusieurs fois pactisé avec
l'Allemagne. En ce qui, concerne Gaston Calmette,
il vous a dit que Gaston Calmette était un petit
reporter qui a fait dans le journalisme une scan-
daleuse fortune, qui était de douze millions dans'
la brochure rouge, qui est devenue de treize mil-
lions dans les explications de M. Caillaux et qui,
avec celles de M. Ceccaldi, s'était élevée à qua-
torze. Si le procès avait encore duré quelques jours,
Gaston Calmette, pour ses adversaires, aurait
laissé vingt ou trente millions de fortune.
M. Prestat a répondu avec noblesse pour ce
qui concerne le Figaro; les avocats l'ont supplié
de ne rien répondre en ce qui concerne Gaston
Calmette; ils n'ont pas pu admettre que devant
le- jury, un débat s'engageât entre le grand-père
des orphelins et le mari de la meurtrière. Je
vais reprendre très sommairement, je ne serai
pas long, ce qui a été dit pour le Figaro et un peu
plus complètement, puisque là-dessus rien ne
vous a été dit, ce qui regarde Gaston Calmette.
Je fais d'abord une observation pour le Figaro.
Y avait-il beaucoup de convenance & l'heure que
nous vivons, de mêler le nom de l'Allemagne au
procès de Mme Caillaux? Le Figaro, heureuse-
ment pour lui, a derrière lui soixante ans de pa-
triotisme qui lui permettent dé se débarrasser
aisément d'attaques qui, vous l'avez bien compris,
sont des attaques par trop intéressées. Mais des
faits précis ont été aH<5gués; je les reprends som-
mairement, et vous le verrez, je ne serai pas long
à en faire définitive justice. -i.
L'affaire Bayer et la Dresdner Bank
D'abord, ce qu'on a appelé l'affaire Bayer et la
Dresdner Bank.
M. Bayer, qui est mort depuis dix ans, a eu, il y
a quinze ans, des- démêlés avec M. Périvier, an-
cien directeur du Figaro, et le journal le Matin,
au sujet des documents volés qui avaient été pu-
bliés dans le Matin. Un jugement est intervenu
qui a condamné le Matin à des dommages-inté-
rêts vis-à-vis de M. Bayer. Ce jugement contient
une phrase, qui a peiné M. Bayer, qui était un
galant homme, estimé de tous ceux qui l'ont connu
et qui a laissé à Paris où il a passé toute sa vie
les meilleurs et les plu; honorables souvenirs.,
Mais il n'y a pas, dans le jugement que vous a
lu et relu M. Caillaux, un mot,, je dis un mot, qui
vise le Figaro ou M. Calmette. M. Caillaux le sait
bien, et il s'efforce d'établir un lien entre les cri-
tiqués du jugement et M. Calmette, et comme vous
avez peut-être oublié cela, permettez-moi de vous
relire les cinq lignes où se précise la critique de
M. Caillaux, j'ai sous les yeux la sténographie
« Lorsqu'en 1901, M. Calmette voulut prendre
la gérance du Figaro, qui était détenue par MM.
de Rodays et Périvier, il fallait avoir la majorité
à l'assemblée des actionnaires. On ne l'avait point;
il fallait se la procurer.,On ne disposait point des
capitaux nécessaires; on cherchait un groupe. Jus-
que-là rien de plus normal, mais le groupe, on
le trouva. On trouva un groupe allemand à la
tête duquel était M. Bayer, représentant de la
.Dredaer Bank, et l'entente se conclut sur les ba-
médiation qui serait elle-même accueillie par l'Autriehe-
Hongr~e. Ce serait toutefois méconnaître le caractère
de cette attitude si l'on pensait que le gouvernement
allemand pût se prêter, éventuellement à imposer à.
l'Autriche une médiation qu'elle n'aurait pas désirée, où>
pût agir de- concert: avec une tierce puissance Dour la
lui imposer.
L'état d'esprit à Berlin
Notre correspondant particulier nous télégraphie
On continue à considérer dans les milieux diplo-
matiques berlinois la situation comme fort grave.,
On estime que la proposition de sir Edward Grey
n'a que peu de chances d'aboutir, car on craint
que l'Autriche-Hongrie ne consente à apporter'
aucun retard à ses opérations' militaires. Sans être
exactement renseigné sur les intentions de la
Russie on est persuadé que le gouvernement de'
Saint-Pétersbourg interviendra énergiquement
aussitôt que les troupes autrichiennes auront pé-
nétré en territoire serbe. Il est d'ailleurs bien
évident que les autorités militaires russes pren-
nent dès maintenant les mesures que comporte la
gravité de la situation.
La Deutsche Tageszeitung annonce que le géné-
ral Daniloff, commandant la forteresse de Crons-!
tadt, qui faisait une cure à Hambourg, est reparti
la nuit dernière pour la Russie.
J'apprends d'un autre côté que 3,000 hommes de
troupes ont été amenés hier à la frontière alle-
mande à Wirballen. De nouveaux trains militaires;
y sont attendus aujourd'hui. Les abords de la
gare sont gardés militairement.
En Allemagne, on affirme qu'aucune? mesure~
de mobilisation n'ont été prises. Avant-hier en-
core, les nombreux soldats qui se trouvent ac-
tuellement en permission de moisson n'avaient pas
été rappelés. Il y a tout lieu de croire que des>
décisions seront prises à cet égard aujourd'hui,,
J'empereur Guillaume étant rentré hier soir à
Potsdam.
Le roi Frédéric-Auguste de Saxe, en présence de;
la situation, à interrompu sa villégiature il
Schwand et est parti pour Dresde, où il arrivera
demain matin.
La presse allemande continue de soutenir pres-
que sans restriction l'attitude du gouvernement al-
lemand.
La Deutsche Tageszeitung exprime cette opi-
nion Contestable, mais qui existe dans certains mi-
lieux en Allemagne depuis le néfaste discours
Humbert
Si la situation s'éclaircit, nous ne le devons qu'à
l'attitude énergique et décidée de l'Allemagne. Tout le
monde s'est convaincu, en comptant les bataillons alle-
mands, qu'il fallait négocier. L'attitude de la France est
un. aveu de son impuissance militaire. Si à Paris on
s'était cru archiprôt on aurait parlé sur un tout autre
ton. C'est ainsi qu'il faut moti,ver et interpréter les ap-
pels adressés à, l'empereur Guillaume par certains
journaux français.
EN AUTRICHE HONGRIE
Le commentaire du gouvernement
à la réponse serbe
Nous avons publié en Dernière heure hier un.
résumé succinct du mémoire du gouvernement au-
trichien commentant la réponse serbe à la note au-
trichienne. Voici ces commentaires communiqués
en même temps que la note serbe par la chan-
cellerie de Vienne
Quand le gouvernement serbe se borne à constater'
que depuis la déclaration de 1909 il ne fut fait aucuno
tentative de la part.du gouvernement ou de ses or-
gancs pour modifler la situation de la Bosnie, il fausse
sciemment et arbitrairement les bases de la démarcha
austro-hongroise qui ne prétendait nullement que la'
gouvernement serbe ou ses organes eussent entrepris
quelque chose à cet égard.
Le grief de l'Autriche, au contraire, porte sur ce fait
que le gouvernement serbe, malgré sa déclaration so-
lennelle, a négligé de faire cesser le mouvement di-
rigé contre l'intégrité territoriale de la monarchie, de
môme qu'il a négligé de surveiller et sa presse et les
sociétés dont il connaissait bien l'activité contre la mo-
narchie.
L'assertion du gouvernement serbe, prétendant avoir
été douloureusement surpris que des sujets serbes aient
contribué à la préparation de l'attentat de Sarajevo,
n'est pas conforme à la vérité. Le gouvernement serbe,
fut, au contraire, absolument informé des soupçons
qui se portaient sur des personnalités nettement dési-
gnées, et non seulement il pouvait, mais il était obligé
d'après ses propres lois de faire des recherches. Ce-
pendant il n'en fut rien.
Le gouvernement serbe change le texte de la décla-
ration qui doit être publiée dans \lon la demande de la note autrichienne. Il promet de' •
déclarer que le gouvernement serbe « condamne toute
propagande qui serait à l'avenir dirigée contre l'Au-
triche-Hongrie » car l'Autriche-Hongrie, dans ses re-
vendications, réclame que « le gouvernement serbe con-
damne la propagande dirigée contre rAulriche-Hon-
grie n.
En ce qui concerne les engagements que prend la
gouvernement serbe, la promesse qu'il fait de modi-'
ses suivantes le Bulletin financier du Figaro a
été passé à une société constituée à cet effet qu'on!
appelait « la Financière », où il y avait une ma-
jorité allemande, et en échange, on apportait la
majorité des actions pour'faire-, l'opération dé*'
sirée.» ̃
La Financière
Je me vois, messieurs, accusé de mauvaise foi;
mais vous allez voir que j'ai bien le droit d'inçri-,
miner M. Caillaux de passion et de légèreté: la So-
ciété la Financière n'a pas été créée en 1901, corn-l
me l'a dit M. Caillaux, elle a été fondée le 24 dé-
cembre 1881; elle ne l'a donc pas été, comme l'a
dit M. Caillaux, en vue de la gérance de M. Cal-
mette jamais, ni M. Bayer, ni la Dresdner Bank'
n'y ont eu le moindre intérêt.
Son capital était un capital complètement fran-'
çais; elle avait pour président M. le marquis da
Castellane, et pour administrateur M. Manchez;
ce sont là des noms bien français. Il est exact que'
cette société a eu le Bulletin financier du Figaro,
mais à quelle, époque? De 1888 à 1895. Le traité de-
la Société la Financière était expiré en 1895, sept
.ans' avant qu'il fût question de la gérance de M.
Calmette. Voici ce traité, il est à la date du 1"
juillet 1888; il a expiré le 8 février 1895. ̃
Et puis, M. Caillaux vous a dit que M. Calmette
avait pactisé avec la Dresdner Bank. et M. Bayer'
pour devenir gérant du Figaro. J'ai là, messieurs,
la liste dès actionnaires qui, Il l'unanimité, le 24
janvier 1902, ont nommé M. Gaston Calmette gé--
rant du Figaro. Ces actionnaires sont au nombre~
de 500; ils représentent 8,898 actions et 831 voix:,
c'est l'aristocratie morale et intellectuelle de notre
pays; et là-dessus, pas une action, ni à la Dresd-'
nerBank, ni à ses administrateurs; et M. Bayer,'
qui vivait à Paris et y était établi, figure sous le
numéro 156 pour 100 actions et pour 10 voix.
Eh bien, c'est fini, n'est-ce pas, do la question
de la Dresdner Bank et de la question Bayer?
La cotation des valeurs allemandes
J'arrive au troisième grief de M. Caillaux, à'
l'histoire de la cotation des valeurs allemandes,'
quie le Figaro aurait recommandée. Vous vous
rappelez, messieurs les jurés, ce que M. Gai41aux
vous a dit la cession du Congo à l'Allemagne?
opération de peu d'importance. Le Congo, aban--
donné, était un pays dévasté par 'la maladie du
sommeil et où il n'y avait plus de caoutchouc.
Ce n'était pas l'avis de tous les Français et vous
n'avez peut-être pas oublié la lettre émouvante
que la veuve de Brazza, le grand Français qui a
donné le Congo à notre pays a écrite pour protes-
ter contre l'abandon du pays où son glorieux mari
dort son dernier sommeil. I y
Vous vous souvenez, messieurs, de cette émou-
vante séance de la Chambre, où M. Lebrun, minis-
tre des colonies, a demandé, en pleurant, devant'
une Chambre qui pleurait aussi, qu'on ratifiât le
traité. Pendant les négociations relatives à cette
triste affaire, l'idée a été suggérée dans certains
milieux de racheter la terre où dormait de Brazza
par certaines concessions pécuniaires à l'Allema-
gne. Il y avait des gens qui aimaient mieux sa-
crifier de l'argent que de la terre française. Le
Figaro a enregistré ce bruit, et il l'a enregistré
sans prendre parti; et comme je ne veux rien dire
qui ne soit complètement prouvé, dussé-je vous
retenir cinq minutes de plus, je lis, messieurs,
l'article du Figaro sous la signature de .Castoa
Calmette. ati'à visé M. Caillaux;
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (99), et dans tous les Bureaux de Poste
CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.– N° 19380
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G\1tenJ>~l'6' 03.07 03.08 03.09 03.33 08.88
Nos lecteurs trouveront à la quatrième page la
suite de notre feuilleton en cours LE DÉFAUT DE
fcA CUIRASSE.
NOS SUPPLÉMENTS
illustrés et gratuits
Nous consacrons à la grande industrie fran-
çaise de I'~lLIMENTATION un supplément
illustré. que nos abonnés de la banlieue, des
départements et de l'étranger recevront avec
le présent numéro.
Nos abonnés de Paris le recevront demain
mercredi.
Nous indiquerons prochainement quel jour,
les acheteurs au numéro à Paris pourront le
réclamer aux marchands.
SOMMAIRE
LA RUPTURE AUSTRO-SERBE ET L'ACTION
DES PUISSANCES.
PAGE 3
En Passant le Cousin Jules, Pierre Mille.
Les Livres, PAUL SOUDAY. H »
Le Retour du président de la République. Nou-
velles de L'étranger. Colonies et Protectorats.
Académie des sciences. Le « Petit Pierre »
ANATOLE FRANCE.
Pages 4 ET &
La Sensibilité des plantes. Faits-divers.
Courrier historique. Théâtres. Sports.
Bourse
Page 6
DERNIÈRES Nouvelles la Rupture austro-serbe.
A la Chambre la Réunion du groupe so-
cialiste, etc.
Paris, 28 juillet
TMÏT T 17TTM nT~ T 1 A 1Uf Ï7D
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
L'ACTION A QUATRE
Sir Edward Grey a porté hier à la tribune un
exposé sobre et clair de la situation. Il a rap-
pelé des faits qu'on connaissait, précisé des
projets qui doivent être approuvés par tous les
amis de la paix, énoncé des affirmations que
méditeront, nous l'espérons, les ennemis de la
̃paix, s'il en est. ̃,
Les faits, c1est-à-dire la façon dont les exi-
gences de l'Autriche et la réponse de la Serbie
ont été communiquées à la Grande-Bretagne,
soulignent l'inconcevable attitude du Ballplatz.
Sir Edward Grey n'y a pas insisté, puisqu'il
aoooj~ipHssait, en prenant la parole, un effort
transactionnel, et il a exposé, sans plus dé re-
tard, l'idée dont il a saisi les chancelleries.
Cette idée, nos lecteurs en ont eu connaissance
dès hier c'est une intervention à quatre, de
l'Allemagne, de la France, de l'Italie et de la
Grande-Bretagne, tendant à obtenir d'une part
un règlement de la question austro-serbe, d'au-
tre part un arrêt de toutes opérations ou pré-
paratifs militaires' tant en Russie qu'en Au-
triche.
A cette intervention, conseillée par l'Angle-
terre, la France est prête, et l'Italie aussi, si nulle
pression contraire n'est faite sur elle. Pour
qu'elle s'exerce, une seule condition, toujours
la même, celle que nous avons exposée diman-
che, sur laquelle nous sommes revenus lundi
ae concours de l'Allemagne. Mais aujourd'hui,
comme hier et avant-hier, on ignore si ce
concours se produira. Que veut l'Allemagne?
Est-ce la paix? Est-ce la guerre?. Une fois de
plus, la force des choses nous oblige à poser
la question.
En la posant," nous ajoutons que la forme
d'action conçue par sir Edward Grey est la
seule qui soit acceptable. Les modalités de cette
Â.XJ PALAIS
L'assassinat
GastonXaîmctte
Mme Gaillaux
DEVR11T
la cour d'assises de la Seine
LA MATINEE
Les curieux étaient peu nombreux, ce matin,
aux abords du, Palais da Justice; la surveillance
est restée très active. Des mesures importantes
doivent être prises dans la soirée.
A l'intérieur du Palais, pour éviter que la salle
ne soit encombrée de façon excessive, le com-
mandant du Palais a donné des instructions nou-
velles et précises. Les consignes ont mal été in-
terprétées par certains gardiens du Palais qui t-e
sont montrés d'une exigence extraordinaire et ont
causé plusieurs incidents.
A onze heures et demie, on apprend que la saiie
est bondée; on ferme la porte du couloir des té-
moins les journalistes, à qui l'on refuse l'entrée,
protestent énergiquement. Le commandant du Pa-
lais intervient et leur fait donner satisfaction.
Dans la galerie Lamoignon, c'est un grand tu-
multe la,porte réservée aux avocats est close, ei
les stagiaires, .en grand nombre, veulent pénétrer.
Ils en sont empêchés, car il n'y a plus une place
libre. La porte des magistrats est assiégée
les discussions prennent un ton très vif, car on
refuse toujours le passage, à tel point que le pro-
cureur général Herbaux, Me Henri-Robert et M.
Arthur Meyer, qui l'accbmpagre, éprouvent des
difficultés à franchir le seuil de la porte.
A midi cinq, MM. Caillaux et Ceccaldi arrivent
jgt pénètrent aussitôt dans la salle d'audience.
LES DÉBATS
Compte rendu sténographique
Huitième journée. SB juillet
L'audience est ouverte à midi cinq.
Allocation du président
Le président. Avant de donner la parole à
MM. les avocats de la partie civile, je demande
action peuvent se discuter, le principe non.;
Comme l'a dit le ministre, les quatre puis-
sances dont il s'agit nos d'intérêt direct
dans la question se. t.. cette situation les
qualifie pour agir solidairement. L'Allemagne
accepte-t-elle cette solidarité pour la paix?
Encore un coup, voilà toute la question.
M. Clemenceau écrivait ce matin qu'un jour-
naliste autrichien qu'il ne nomme pas, mais
que tout le monde a reconnu lui a dit « La
Russie cédera, parce qu'elle a toujours cédé. »
De même, n'est-il pas vrai, la Triple-Entente?
Ainsi se confirme l'opinion, tant de fois expri-
mée par le Temps, que la faiblesse de la
Triple-Entente depuis deux ans devait l'acculer
tôt ou tard à une impasse. L'impasse, nous y
sommes. Pour en sortir, pour dissiper l'erreur
des Autrichiens, il se peut qu'il n'y ait demain
qu'un moyen la guerre.
Sir Edward Grey l'a dit avec netteté « Si le
différend cessait d'être limité à' l'Autriche-
Hongrie et à la Serbie, il est évident qu'on
aboutirait à la plus grande catastrophe qui ait
jamais, d'un seul coup, frappé l'Europe. Nul
ne peut dire où s'arrêteraient les questions po-
sées par un pareil conflit, dont les conséquen-
ces directes ou indirectes seraient incalcula-
bles. » Il est superflu d'insister sur le sens de
cet avertissement.
En toute sincérité, avec le seul souci d'éviter
la catastrophe dont a parlé sir Edward Grey,
nous répétons, en pleine connaissance de
cause, que les inductions fondées sur le passé
ne peuvent conduire aujourd'hui l'Autriche et
ses alliés qu'à des erreurs désastreuses.
La Russie ne laissera pas anéantir l'indépen-
dance. de la Serbie. La France et la Grande-
Bretagne ne se sépareront pas de la Russie.
C'est sur la base de cette certitude, éprouvée et
précisée au cours des dernières vingt-quatre
heures, que les cabinets de Vienne et de Berlin
doivent, fonder leurs hypothèses.
La Serbie a cédé tout ce qu'on lui demandait,
plus qu'aucun pays au monde n'a jamais cédé
sous une pression étrangère. Il est donc faux
qu'en invitant l'Autriche il négocier, on l'invite
à s'humilier. Si ses deux alliées, d'accord avec
la France et l'Angleterre, la convient à un rè-
glement pacifique, rien ne l'empêche de l'ac-
cepter rien, si ce n'est la volonté de la
guerre à tout prix. Cette volonté existe-t-elle à
Vienne? Existe-t-elle à Berlin? `
Ainsi se ferme et se referme le cercle où
nous nous mouvons. Que de redites depuis trois
jours! Mais aussi quelle démonstration dans
ces redites! Veut-on la guerre à Berlin?
Si la proposition excellente de sir Edward
Grey n'y est pas franchement et promp-
tement acceptée, l'opinion unanime du monde
civilisé répondra oui. Nous ne voulons pas
renoncer à l'espoir que l'appel si noble et
si juste de la Grande-Bretagne sera entendu.
Mais tant d'heures déjà perdues pèsent lourde-
ment, nous le déclarons, sur cette légitime
espérance!
SilRSMM G® M® A F
Les boulevards ont été hier souillés par une
manifestation impie. Au moment où la foule
parisienne, calme et digne, attendait, anxieuse,
des nouvelles de l'étranger, des gens mobilisés
par un journal révolutionnaire ont essayé de
troubler la voie publique. Au chant de l'Inter-
nationale, au cri de « A bas la guerre! », ils
ont molesté les passants, assailli la police,
enfoncé des boutiques. Singulière façon de
prouver ses sentiments pacifiques. La popu-
lation a opposé à ces violences la seule pro-
testation qui convenait. Elle a crié :f « Vive la
France! Vive l'armée! » Puis elle a laissé la
garde et les agents chasser du boulevard les
hordes qui l'avaient envahi.
Nous voulons croire que les organisateurs de
la manifestation eux-mêmes ont été désagréa-
blement impressionnés par les étranges
concours qu'ils subirent. Les socialistes d'ail-
leurs, le député Jean Bon excepté, s'étaient
instamment à tout le monde d'écouter silencieu-
sement leurs, plaidoiries de même que le réquisi-
toire de M. le procureur général et le plaidoyer
du défenseur. Aux moments angoissants que nous
traversons, je pense qu'ici nous n'avons tous que
le souci de rendre la justice dans la dignité et la
tranquillité; je demande donc instamment à tous
ceux qui ont des cœurs de Français, de vouloir
bien ne pas troubler les débats.
Un membre de la presse. Mais il est impos-
sible à la presse d'entendre s'il y a 50 personnes
debout devant elle!
Le président. Messieurs de la presse, vous
êtes ici pour donner le compte rendu de cette
affaire qui a duré si longtemps, qui a été si longue
et si fatigante pour MM. les jurés; je comprends
très bien que vous demandiez à entendre, c'est
votre droit, mais ce que je demande une fois de
plus c'est que les personnes qui vous entourent
fassent silence.
M. Beau, président de l'Association de la presse
judiciaire parisienne. Permettez-moi, au nom
de mes confrères, de vous faire observer que tou-
tes les personnes qui se trouvent devant eux em-
pochent nos confrères, que vous avez relégués au
fond de la salle, d'entendre.
Le président (au lieutenant de la garde répu-
blicaine). Qu'est-ce que c'est1, que ces per-
sonnes ?
Le lieutenant. Ce sont des personnes qui
étaient au banc des témoins. On ne pourra avoir
le silence dans la salle que si vous me donnez
l'ordre de faire évacuer ces personnes..
Le président. Parfaitement.
Le lieutenant. Donnez-moi l'ordre.
Le président. Les personnes qui sont devant
les:baiics de la presse sont priées de ne plus y res-
ter, sauf bien entendu les témoins, car ici il n'y a
de places réservées que pour les témoins, pour
MM. de la presse, et bien entendu MM. les avocats;
les personnes qui ne se trouveraient pas dan& ces
conditions ne peuvent rester là. (Il est procédé à
quelques expulsions au milieu du brouhaha.) Je
donne maintenant la parole au premier avocat de
la partie civile; je recommande encore une fois
un silence complet.
LES PLAIDOIRIES
Maître Seliginan, vous avez la parole
PLAIDOIRIE DE Me SELIGMAN
Messieurs de la cour,
Messieurs les jurés,
J'ai assisté, muet et attristé, à ces douloureux
débats que vous avez suivis avec une si scrupu-
leuse attention. Ceux qui ont aimé Gaston Calmette
ont passé ici des heures pénibles. Nous avons en-
tendu la lecture de la lettre où deux heures avant
le crime Mme Caillaux annonçait son intention de
commettre l'acte, c'est-à-dire de tuer, nous avons
vu l'arme redoutable, froidement achetée, minu-
tieusement essayée, chargée et armée, soigneuse-
ment dissimulée dans le manchon pendant l'heure
d'attente. Le revolver a été déchargé six fois à
bout portant, presque à bout touchant, sur Gaston
Calmette. Vous avez eu sous les yeux les cjuatre
abstenus, de participer à cette lamentable ten-
tative de désordre. ''L'Humanité se contente de
publier ce matin un manifeste des socialistes
français et un manifesté des socialistes aile-'
mands. Il n'y. aurait rien à reprendre à ces pu-
blications symétriques, invitant lès deux,gou-
vernements à agir sur leurs alliés récipro-
ques, si elles n'engageaient le peuple à expri-
mer, « dans de vastes réunions », son « iné-
branlable volonté de paix ». Comme nous le
disions hier, avant tout la rue doit res-
ter calme. Tout risque de trouble est dange-
reux. Et au surplus le poids de la volonté
populaire n'est pas égal dans la balance
internationale. Nos sdcialistes ont une liberté,
une influence que ne possèdent pas les socia-
listes allemands. Il ne s'agit donc pas, pour le
moment, de chercher à amollir la volonté du
gouvernement. Il faut au contraire se serrer au-
tour de lui dans une union parfaite et le récon-
forter de notre confiance et de notre courage.
L'heure n'est plus aux rêves chimériques. Un
peuple fier, tout en désirant la paix, doit être
prêt à la guerre. La loi de trois ans, proposée
par M. Briand, réalisée par M. Barthou, fer-
mement appliquée par M. Viviani, nous per-
met d'envisager d'un cœur ferme les pires
éventualités. Rendons hommage à nos hommes
d'Etat, dont l'esprit prévoyant et le 'sentiment
patriotique furent toujours dégagés 'de toute
pensée provocatrice.
La France a montré plus que toute autre la
sincérité de ses sentiments pacifiques. Elle
s'est spontanément associée à la tentative de
médiation de l'Angleterre. Jusqu'à présenti'ÀJ-
lemagne n'a pas répondu. C'est donc de Pa-u-
tre côté de la frontière que doivent porter les
efforts des socialistes. Le gouvernement fran-
çais n'a pas à être converti. Issu de la volonté
populaire, il est en parfait accord avec elle. Il
veut la paix dans la dignité et,l'honneur. Le
président de la République et le président du
conseil, conscients de leur devoir en toutes cir-
constances, ont interrompu leur voyage pour
diriger eux-mêmes l'action diplomatique, avec
la volonté et le tact qu'on leur connaît. Fai-
sons. leur confiance. Laissons-les agir. Et
nous, parlementaires, journalistes, simples ci-
toyens, occupons-nous d'effacer les divisions
créées entre nous par la lutte des partis. Soyons
unis et p.rêts à répondre d'une seule voix.
LES AFFAIRES D'ORIENT
LA
Rupture les relations
EJÏTI~E
FAutricbe et la Serbie
Les nouvelles relatives à des faits de guerre
ne sont pas jusqu'à présent confirmées. D'autre
part, il semble que l'initiative anglaise en fa-
veur d'une médiation de l'Angleterre, de la
France, de l'Allemagne et de l'Italie ne rencon-
tre pas, du côté allemand, toute la collaboration'
que les déclarations pacifiques des ambassa-
deurs allemands à Paris et à Londres pouvaient
faire espérer, et les réserves qu'on fait valoir
en atténuent singulièrement la signification.
A Vienne, on ne repousse pas l'idée d'une in-
tervention amicale, ce qui serait d'autant plus
difficile que 'l' Autriche-Hongrie, comme les au-
tres signataires de la convention de la Haye,
s'est engagée à considérer cette intervention
comme un droit. Mais en même temps, on dé-
clare qu'une action conciliatrice ne pourrait
pas arrêter les mesures militaires qu'en Autri-
che-Hongrie on pousse très activement, et en
même temps on soulève de nouvelles préten-
tions. On déclare qu'on ne peut accepter la
soumission de la Serbie parce « qu'elle n'est
pas sincère ». Cette stupéfiante allégation n'a
d'autre but que de préparer des demandes de
garanties que l'Autriche-Hongrie veut soulever,
balles qui ont fait les quatre blessures par les-
quelles en peu d'heures la vie s'est en allée à
nos côtés, un grand-père vous apporte la plainte
d'un jeune homme de 17 ans, d'un petit garçon
de. 10 ans, les deux fils de l'homme assassiné.
En vérité que pourrais-je ajouter à ces faits ?
Je ne suis ici, messieurs les jurés, ni pour pro-
noncer un-plaidoyer ni pour faire un réquisitoire.
J'avais pour Gaston Calmette une profonde af-
fection qui ne me laisserait pas la liberté d'esprit
nécessaire pour plaider cette affaire, ce sera la
tâche du grand orateur que vous allez entendre;
mais cette affection ne me permet pas de me taire
lorsque le drame de la mort de Gaston Calmette
vient devant la cour d'assises.
M. le bâtonnier Chenu, M. le procureur général
exposeront devant vous l'accusation; je vais, moi,
vous dire en peu de mots quel était l'homme qui
a été sacrifié et défendre sa mémoire contre les
calomnies portées à son égard par le moins dés-
intéressé des témoins en cause.
Gaston Calmette et sa famille
Gaston Calmette avait cinquante-cinq ans lors-
que Mme Caillaux est venue l'abattre dans sa mai-
son au pied de sa table de travail. Il laisse deux
fils Edouard, celui qui a dix-sept ans, Henri, qui
a dix ans. Vous avez vu, messieurs, les portraits
de ces deux enfants dont le père ne se séparait
jamais dans le portefeuille qui .a été effleuré par
une des balles de Mme Caillaux. M. Prestat, l'aïeul
maternel, a recueilli les deux orphelins. Les fiis
de Gaston Calmette nous avaient demandé de les
conduire à cette audience, ils voulaient réclamer
au jury justice contre la meurtrière de leur père.
Nous avons refusé à leur piété familiale cette
douloureuse épreuve; mais n'oubliez pas, mes-
sieurs les jurés, que pas bien loin d'ici deux or-
phelins vêtus de noir attendent le verdict qui leur
fera justice.
Gaston Calmette appartenait à une famille tra-
ditionriellement consacrée au service du pays. Son
père, Guillaume Calmette, était un homme da
haute culture. Lors de l'annexion de Nice à la
France, Guillaume Calmette fut sollicité de col-
laborer à l'installation du régime français Ukns ''les
Alpes-Maritimes; il fut successivement conseil-
ler de préfecture, sous-préfèt et secrétaire gé-
néral..
Guillaume Calmette eut-trois fils qui ont été
tous les trois de bons 'serviteurs du pays. L'aîne,
le docteur Emile Calmette, est inspecteur géné-
ral du service de santé militaire en Algérie; il
est commandeur de la Légion d'honneur; tous ses
grades, toutes ses décorations, if les a gagnés en
soignant nos soldats dans les hôpitaux ou dans
de différentes expéditions. Le plus jeune des trois
frères, c'est le docteur Calmette, Albert Calmette,
dont vous avez entendu à cette barre la touchante
déposition; le docteur Albert Calmette, lui aussi
commandeur de la. Légion d'honneur, directeur de
l'institut Pasteur de Lille, est l'illustre savant dont
le nom, dont les travaux sont connus et respectés
dans le monde entier. En 1899, le docteur Albert
Calmette fut chargé de défendre la frontière fran-
çaise menacée par la peste bubonique; dans cetts
périlleuse expédition, une infirmière volontaire
accompagnait le docteur Albert Calmette et prit
place avec lui au chevet des pestiférés, car s'il y*
a des femmes qui tuent, il y a aussi des femmes'
qui sauvent; cette femme, c'était Mme Albert Cal-
mette.
afin dé porter le coup décisif à l'indépendance
de la Serbie. •
Il semble en effet que les Autrichiens soient
résolus à aller à Belgrade, où ils savent d'ail-
leurs ne pas rencontrer d'opposition, l'armée
serbe s.'étant concentrée en arrière de la capi-
tale. Ils comptent, ainsi tenir un gage qu'ils
n'abandonneront que contre de nouveaux avan-
tages.
En se prêtant à ces manœuvres, en y colla-
borant même passivement, l'Allemagne ren-
forcerait l'impression qui commence à se des-
siner qu'il s'agit d'autre chose encore que
d'abaisser la Serbie, mais qu'on veut faire une
manifestation de prestige, et qu'on cherche
l'occasion pour tenter d'établir l'hégémonie
germanique en Europe.
EN ANGLETERRE
L'activité diplomatique anglaise
Notre correspondant de Londres télégraphie
On n'a pas confirmation ici des dépêches d'après
lesquelles les troupes autrichiennes seraient en-
trées en Serbie. Dans l'ensemble on est un peu
plus optimiste". Cet optimisme se justifie en pre-
mière ligne par le fait que les Autrichiens, mal-
gré leurs menaces, n'ont point commencé les opé-
rations actives contre la Serbie. Cela permet d'es-
pérer que les tentatives de médiation n'arriveront
pas trop tard; en second lieu la proposition de sir
Edward Grey communiquée hier aux Communes
a produit une très bonne impression.
Voici le texte de cette communication
Vendredi dernier, dans la matinée, dit le ministre, j'ai
reçu de l'ambassadeur d'.Autriche-Hongrïe te texte de
la communication faite par. le gouvernement austro-
h.pBgfois.*ux puissances.
Dans l'après-midi, je vis d'autres ambassadeurs et je
leur exposai cette vue qu'aussi longtemps que le diffé-
rend resterait limité à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie
seules, je ne croyais pas que nous eussions à intervenir,
mais que si les relations de l'Autriche-Hongrie et de la
Russie prenaient une tournure menaçante, la paix de
l'Europe se trouverait en jeu,' et c'est là une question
qui nous regarde tous..
Ne sachant pas alors de quelle façon le gouvernement
russe envisageait la question, je ne pus pas, faire de
proposition immédiate, mais je déclarai que'si les rela-
tions devenaient tendues entre l'Autriche-Hongrie et la
-Russie, il semblait que l'Allemagne, la France, l'Italie et
la Grande-Bretagne, c'est-à-dire, les quatre grandes puis-
sances n'ayant pas d'intérêt direct dans la question
serbe, devraient agir de concert et simultanément à
Saint-Pétersbourg et à Vienne, pour obtenir de l'Au-
triche-Hongrie et de la Russie qu'elles suspendent leurs
opérations militaires, pendant que les quatre puissances
s'efforceraient d'arranger un règlement de la question.
Quand j'eus appris que l'Autriche-Hongrie avait
rompu les relations diplomatiques avec la Serbie, je fis
hier après-midi, par la voie télégraphique, la proposition
suivante
J'ai prescrit aux ambassadeurs de Grande-Bretagne
à Paris, Berlin et Rome de demander aux gouverne-
ments auprès desquels ils sont accrédités s'ils accepte-
raient que les ambassadeurs de France, d'Allemagne et
d'Italie' à Londres se réunissent dans une conférence,
qui aurait lieu immédiatement à Londres, pour chercher
les moyens d'aplanir les difficultés présentes.
En même temps, je prescrivais aux ambassadeurs
do Sa Majesté dé demander aux mêmes gouvernements
d'autoriser leurs représentants à Vienne, Saint-Péters-
bourg et Belgrade d'informer les gouvernements de ces
capitales de la conférence projetée et de leur demander
deMsuspendre tantes les opérations militaires actives en.
jtUeQdai& l'issue de ta conférence.
Je n'ai pas encore reçu jusqu'à présent de réponse
complète à oette propositipn, à la mise à exécution de
laquelle la coopération des quatre puissances est évi-
demment essentielle, Dans une crise aussi grave que
colie-ci, les, efforts d'une puissance isolée pour mainte-
nir, la paix peuvent être tout à fait impuissants.
Sir Edward Grey dit ensuite que la réponse de
la;.Serbie doit fournir une base sur laquelle un
groupe de puissances amicales et impartiales, com-
prenant les puissances jouissant de la confiance
les,. unes de l'Autriche, les autres de la Russie,
pourront proposer une solution acceptable pour
tous. ̃:•••̃̃
En terminant, le ministre dit
Il est évident que si le différend cessait d'être limité
à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie, cela ne pourrait
aboutir qu'à la plus grande catastrophe qui ait jamais
frappé d'un seul coup l'Europe.; Nul ne peut dire où
s'arrêteraient les questions soulevées par un pareil
conflit, dont les conséquences directes ou indirectes se-
raient incalculables.
•Sir Edward Grey, répondant à un député qui
demandait s'il était vrai que l'empereur' d'Alle-
magne aurait accepté le principe de la médiation,
a encore ajouté
"Je crois comprendre que le gouvernement, allemand
est favorable en principe à'l'idée d'une médiation en-
i tre l'Autriche-Hongrie et la Russie, mais quant à la
Vous avez entendu le docteur Calmette pronon-
cer à la barre le nom de, sa mère. Guillaume Cal-
mette, te père,- avait été veuf de bonne heure; il
avait donné à ses enfants une seconde mère qui
les a élevés la pauvre femme survit à la mort du
second de ses enfants. Gaston Calmette, la vic-
time de Mme Caillaux, s'était destiné à l'état mi-
litaire cette vocation fut renversée et il se con-
sacra à la littérature. En 1885, Magnard te fit en-
trer au Figaro. Pendant vingt-huit ans, l'existence
de Gaston Calmette se confond avec celle du Fi-
garo. Il y a franchi tous les degrés de la hiérar-
chie c'est là qu'il a connu l'homme excellent dont
il a été le gendre, qui lui a succédé dans ses de-
voirs vis-à-vis de ses enfants, M. Prestat, l'ami
'ffë Villetnessant, le fondateur du Figaro. En 1902,
après une crise laborieuse, un vote unanime des
actionnaires appela Gaston Calmette à la direc-
tion du Figaro.
Ce qu'est le "Figaro
Ce n'est pas à un jury parisien que j'ai besoin
d'expliquer ce que c'est que le Figaro. Après les
attaques dont il a été l'objet devant vous, j'ai
peut-être le droit de rappeler que le Figaro oc-
cupe une place, je crois pouvoir le dire, unique
dans la presse du monde entier. Admirablement
informé des événements les plus lointains comme
des menus faits de la vie parisienne, le Figaro
touche à tous les sujets d'une main délicate: c'est
un salon, c'est une tribune, c'est presque une aca-
démie. Le succès qu'a obtenu le Figaro, la vogue
dont il jouit, il ne les doit pas seulement à
soixante ans de bonnes traditions et au talent de
ses rédacteurs; il les doit surtout au respect de
toutes les bienséances, au ménagement que dans
*lea polémiques les plus ardentes il sait garder
vis-à-vis de tout ce qui doit être ménagé.
;c J'ai le droit de vous présenter un document qui
•veus-montre ce que c'est que le Figaro. Il« depuis
sa fondation, en 1855, collaboré à beaucoup d'oeu-
vres de bienfaisance et d'utilité publique, et ainsi,
avec l'aide de ses lecteurs, il a répandu en bienfaits
la somme de 11,165,000 francs. Je passe les dé-
tails.
• "Aux heures graves, le Figaro sait élever la voix.
Beaucoup d'hommes qui ne partagent pas toutes
ses opinions, considèrent le Figaro comme le pain
quotidien de leur intelligence. Et je ne dirai rien
d'exagéré lorsque j'affirme qu'un morceau de la
pensée française est enfermé dans la grande mai-
son dont Gaston Calmette a été le chef pendant
douze années.
Il y fit preuve des plus belles qualités intellec-
tuelles et morales. Sous sa direction, le Figaro est
devenu. un centre recherché de la vie parisienne.
Gaston Calmette était adoré de tous ceux, qui l'ap-
prochaient. Vous vous rappelez l'intense émotion
dont le matin du 17 mars ont été saisis Paris, la
France,'le monde entier lorsqu'on a appris que la
femme du ministre des finances avait assassiné
Gaston Calmette. Paris a fait à Calmette de ma-
gnifiques funérailles, et les dix mille braves gens
qui ont défilé devant son cercueil manifestaient
une indignation qui allaient au-devant.du juge-
ment que vous allez porter.
Dans ce concert unanime de respect, d'affection
et de sympathie, une voix discordante s'est fait
entendre; c'est celle de M. Caillaux, de M. Caillaux
tout seul, bien qu'il ait eu, je le reconnais, un
̃ écho assez sonore dans le discours de M. Cec-
caidi. >
îuelaues jours avant votre audience, nous avons
façon dont 11 sera possible d'appliquer le principe de
ladite conférence, je n'ai pas encore reçu la réponse du
gouvernement allemand.
Dans les milieux diplomatiques, hier soir, on
expliquait cette dernière déclaration de la façon
suivante
Comme je vous'l'ai déjà dit, l'idée de réunir
une conférence à quatre avait déjà été envisa-
gée vendredi et samedi dans les conversations qui
ont eu lieu entre les ambassadeurs de la Triple-
Entente. Sir Edward Grey a eu également diver-
ses conversations avec l'ambassadeur d'Allema-
gne en le priant de les transmettre à Berlin.
C'est vraisemblablement à ces premières sugges-
tions que le gouvernement allemand aurait donné
une adhésion de principe. Quant à l'offre précise
et formelle du gouvernement anglais, il est pro-
bable qu'il n'a point eu le temps d'y répondre
et qu'il ne répondra pas avant de s'être concerté
avec le gouvernement autrichien. C'est du moins
ainsi que l'on s'efforce d'expliquer yn retard qui
ne laisse pas d'être assez préoccupant. On se de-
mande en effet dans'certains milieux si l'Allemagne
ne cherche pas à se donner le bénéfice d'une at-
titude soi-disant pacifique, tout en ne faisant sur
Vienne aucune pression sérieuse, de façon à re-
jeter sur la Triple-Entente la responsabilité d'une
rupture définitive.
En ce qui concerne la réponse de l'Italie, bien
que cette réponse n'ait pas encore été transmise
officiellement, on ne doutait point hier qu'elle ne
fût favorable. Le gouvernement italien s'est
contenté vraisemblablement de faire quelques ré-
serves au sujet, de la procédure.
L'opinion publique en général a accueilli très
favorablement le discours de sir Edward Grey. On
a beaucoup remarqué en particulier le fait que le
ministre s est attaché à reprendre les paroles mê-
mes de l'ambassadeur d'Allemagne dans la com-
munication qu'il a faite samedi au gouvernement
anglais au sujet des incalculables conséquences
directes ou indirectes que pourrait avoir le,con-
flit. Si ces paroles de l'ambassadeur d'Allemagne
étaient un avertissement discret, la réponse de sir
Edward Grey est un avertissement non moins dis-
cret et non moins net.
Les mots par lesquels sir Edward Grey a terminé
son discours, dit le Times, doivent faire comprendre
aux gens les plus insouciants l'extrême gravité de la
situation et la terrible responsabilité qu'endosserait une
puissance qui ne ferait pas tous ses efforts pour main-
tenir la paix. La signification de ces paroles est rendue
plus grande encore, non seulement par la position de
celui qui les a prononcées, mais par l'habituelle pru-
dence et l'habituelle retenue de son langage. Il est à
croire qu'un avertissement aussi solennel,. donné par
un homme d'Etat dont le sang-froid et la sincérité sont
reconnus par tout le monde, aura un effet profond dans
toutes les,capitales de l'Europe.
EN ALLEMAGNE
Le retour de l'empereur Guillaume II
On télégraphie de Berlin
Aussitôt après son arrivée au Nouveau Palais de
Potsdam, l'empereur a entendu tout d'abord un
assez long rapport du chancelier; puis il a reçu
le chef de l'état-major général de Moltke, le chef
de l'état-major naval amiral von Pohl.
L'empereur restera quelques jours à Potsdam,
puis il se rendra à sa résidence habituelle d'été de
Wilhelmshohe.
Attitude ambiguë de l'Allemagne
On télégraphie de Berlin
D'après les renseignements puisés à des sources
autorisées tant allemandes qu'étrangères, il ne
semble pas que la situation se soit sensiblement
modifiée depuis la communication de sir Edward
Grey à Berlin, Paris et Rome. 11 semble de moins
en moins que Berlin, qui affirme cependant tou-
jours son désir de coopérer avec les grandes puis-
sances pour éviter l'extension du conflit, doive ou
veuille agir de façon effective à Vienne, à moins
d'être certain que cela ne déplaira en rien à son
alliée.
A l'office des affaires étrangères on répète avec
insistance que c'est sur l'attitude du Ballplatz et
uniquement sur elle que l'Allemagne se réglera,
mais on dit qu'une manifestation des grandes
puissances n'a chance d.'être prise en considéra-
tion ici que si Vienne l'accepte d'abord en tous
points. Ce serait alors vraiment une médiation.
On ajoute que tout essai de peser sur Vienne ou
de faire peser sur elle serait considéré comme
une intervention et Berlin ne saurait s'y prêter.
Ces dispositions ambiguës, pour ne pas dire
quasi négatives, sont confirmées par la dépêche
suivante, évidemment inspirée, à la Gazette de
Cologne r
Le rôle de l'Allemagne dépend essentiellement de
la façon dont seront accueillies à Vienne les propositions
plus précises qui peuvent être faites en vue d'arriver à
une médiation. De l'attitude adoptée dès le début par
l'Allemagne une conclusion s'impose nécessairement
c'est qu'à Berlin on .accueillera avec satisfaction toute
pressenti la tactique qu'allait adopter" M. Caillaux.
On a répandu dans Paris, on a vendu pour dix
centimes, on a distribué à domicile une brochure
qui portait contre Calmette et contre le Figaro
d'abominables accusations. M. Caillaux les a répé-
tées à votre audience, et pendant de longues heu-
res, vous l'avez entendu soutenir que le Figaro est
un journal vénal qui a plusieurs fois pactisé avec
l'Allemagne. En ce qui, concerne Gaston Calmette,
il vous a dit que Gaston Calmette était un petit
reporter qui a fait dans le journalisme une scan-
daleuse fortune, qui était de douze millions dans'
la brochure rouge, qui est devenue de treize mil-
lions dans les explications de M. Caillaux et qui,
avec celles de M. Ceccaldi, s'était élevée à qua-
torze. Si le procès avait encore duré quelques jours,
Gaston Calmette, pour ses adversaires, aurait
laissé vingt ou trente millions de fortune.
M. Prestat a répondu avec noblesse pour ce
qui concerne le Figaro; les avocats l'ont supplié
de ne rien répondre en ce qui concerne Gaston
Calmette; ils n'ont pas pu admettre que devant
le- jury, un débat s'engageât entre le grand-père
des orphelins et le mari de la meurtrière. Je
vais reprendre très sommairement, je ne serai
pas long, ce qui a été dit pour le Figaro et un peu
plus complètement, puisque là-dessus rien ne
vous a été dit, ce qui regarde Gaston Calmette.
Je fais d'abord une observation pour le Figaro.
Y avait-il beaucoup de convenance & l'heure que
nous vivons, de mêler le nom de l'Allemagne au
procès de Mme Caillaux? Le Figaro, heureuse-
ment pour lui, a derrière lui soixante ans de pa-
triotisme qui lui permettent dé se débarrasser
aisément d'attaques qui, vous l'avez bien compris,
sont des attaques par trop intéressées. Mais des
faits précis ont été aH<5gués; je les reprends som-
mairement, et vous le verrez, je ne serai pas long
à en faire définitive justice. -i.
L'affaire Bayer et la Dresdner Bank
D'abord, ce qu'on a appelé l'affaire Bayer et la
Dresdner Bank.
M. Bayer, qui est mort depuis dix ans, a eu, il y
a quinze ans, des- démêlés avec M. Périvier, an-
cien directeur du Figaro, et le journal le Matin,
au sujet des documents volés qui avaient été pu-
bliés dans le Matin. Un jugement est intervenu
qui a condamné le Matin à des dommages-inté-
rêts vis-à-vis de M. Bayer. Ce jugement contient
une phrase, qui a peiné M. Bayer, qui était un
galant homme, estimé de tous ceux qui l'ont connu
et qui a laissé à Paris où il a passé toute sa vie
les meilleurs et les plu; honorables souvenirs.,
Mais il n'y a pas, dans le jugement que vous a
lu et relu M. Caillaux, un mot,, je dis un mot, qui
vise le Figaro ou M. Calmette. M. Caillaux le sait
bien, et il s'efforce d'établir un lien entre les cri-
tiqués du jugement et M. Calmette, et comme vous
avez peut-être oublié cela, permettez-moi de vous
relire les cinq lignes où se précise la critique de
M. Caillaux, j'ai sous les yeux la sténographie
« Lorsqu'en 1901, M. Calmette voulut prendre
la gérance du Figaro, qui était détenue par MM.
de Rodays et Périvier, il fallait avoir la majorité
à l'assemblée des actionnaires. On ne l'avait point;
il fallait se la procurer.,On ne disposait point des
capitaux nécessaires; on cherchait un groupe. Jus-
que-là rien de plus normal, mais le groupe, on
le trouva. On trouva un groupe allemand à la
tête duquel était M. Bayer, représentant de la
.Dredaer Bank, et l'entente se conclut sur les ba-
médiation qui serait elle-même accueillie par l'Autriehe-
Hongr~e. Ce serait toutefois méconnaître le caractère
de cette attitude si l'on pensait que le gouvernement
allemand pût se prêter, éventuellement à imposer à.
l'Autriche une médiation qu'elle n'aurait pas désirée, où>
pût agir de- concert: avec une tierce puissance Dour la
lui imposer.
L'état d'esprit à Berlin
Notre correspondant particulier nous télégraphie
On continue à considérer dans les milieux diplo-
matiques berlinois la situation comme fort grave.,
On estime que la proposition de sir Edward Grey
n'a que peu de chances d'aboutir, car on craint
que l'Autriche-Hongrie ne consente à apporter'
aucun retard à ses opérations' militaires. Sans être
exactement renseigné sur les intentions de la
Russie on est persuadé que le gouvernement de'
Saint-Pétersbourg interviendra énergiquement
aussitôt que les troupes autrichiennes auront pé-
nétré en territoire serbe. Il est d'ailleurs bien
évident que les autorités militaires russes pren-
nent dès maintenant les mesures que comporte la
gravité de la situation.
La Deutsche Tageszeitung annonce que le géné-
ral Daniloff, commandant la forteresse de Crons-!
tadt, qui faisait une cure à Hambourg, est reparti
la nuit dernière pour la Russie.
J'apprends d'un autre côté que 3,000 hommes de
troupes ont été amenés hier à la frontière alle-
mande à Wirballen. De nouveaux trains militaires;
y sont attendus aujourd'hui. Les abords de la
gare sont gardés militairement.
En Allemagne, on affirme qu'aucune? mesure~
de mobilisation n'ont été prises. Avant-hier en-
core, les nombreux soldats qui se trouvent ac-
tuellement en permission de moisson n'avaient pas
été rappelés. Il y a tout lieu de croire que des>
décisions seront prises à cet égard aujourd'hui,,
J'empereur Guillaume étant rentré hier soir à
Potsdam.
Le roi Frédéric-Auguste de Saxe, en présence de;
la situation, à interrompu sa villégiature il
Schwand et est parti pour Dresde, où il arrivera
demain matin.
La presse allemande continue de soutenir pres-
que sans restriction l'attitude du gouvernement al-
lemand.
La Deutsche Tageszeitung exprime cette opi-
nion Contestable, mais qui existe dans certains mi-
lieux en Allemagne depuis le néfaste discours
Humbert
Si la situation s'éclaircit, nous ne le devons qu'à
l'attitude énergique et décidée de l'Allemagne. Tout le
monde s'est convaincu, en comptant les bataillons alle-
mands, qu'il fallait négocier. L'attitude de la France est
un. aveu de son impuissance militaire. Si à Paris on
s'était cru archiprôt on aurait parlé sur un tout autre
ton. C'est ainsi qu'il faut moti,ver et interpréter les ap-
pels adressés à, l'empereur Guillaume par certains
journaux français.
EN AUTRICHE HONGRIE
Le commentaire du gouvernement
à la réponse serbe
Nous avons publié en Dernière heure hier un.
résumé succinct du mémoire du gouvernement au-
trichien commentant la réponse serbe à la note au-
trichienne. Voici ces commentaires communiqués
en même temps que la note serbe par la chan-
cellerie de Vienne
Quand le gouvernement serbe se borne à constater'
que depuis la déclaration de 1909 il ne fut fait aucuno
tentative de la part.du gouvernement ou de ses or-
gancs pour modifler la situation de la Bosnie, il fausse
sciemment et arbitrairement les bases de la démarcha
austro-hongroise qui ne prétendait nullement que la'
gouvernement serbe ou ses organes eussent entrepris
quelque chose à cet égard.
Le grief de l'Autriche, au contraire, porte sur ce fait
que le gouvernement serbe, malgré sa déclaration so-
lennelle, a négligé de faire cesser le mouvement di-
rigé contre l'intégrité territoriale de la monarchie, de
môme qu'il a négligé de surveiller et sa presse et les
sociétés dont il connaissait bien l'activité contre la mo-
narchie.
L'assertion du gouvernement serbe, prétendant avoir
été douloureusement surpris que des sujets serbes aient
contribué à la préparation de l'attentat de Sarajevo,
n'est pas conforme à la vérité. Le gouvernement serbe,
fut, au contraire, absolument informé des soupçons
qui se portaient sur des personnalités nettement dési-
gnées, et non seulement il pouvait, mais il était obligé
d'après ses propres lois de faire des recherches. Ce-
pendant il n'en fut rien.
Le gouvernement serbe change le texte de la décla-
ration qui doit être publiée dans \
déclarer que le gouvernement serbe « condamne toute
propagande qui serait à l'avenir dirigée contre l'Au-
triche-Hongrie » car l'Autriche-Hongrie, dans ses re-
vendications, réclame que « le gouvernement serbe con-
damne la propagande dirigée contre rAulriche-Hon-
grie n.
En ce qui concerne les engagements que prend la
gouvernement serbe, la promesse qu'il fait de modi-'
ses suivantes le Bulletin financier du Figaro a
été passé à une société constituée à cet effet qu'on!
appelait « la Financière », où il y avait une ma-
jorité allemande, et en échange, on apportait la
majorité des actions pour'faire-, l'opération dé*'
sirée.» ̃
La Financière
Je me vois, messieurs, accusé de mauvaise foi;
mais vous allez voir que j'ai bien le droit d'inçri-,
miner M. Caillaux de passion et de légèreté: la So-
ciété la Financière n'a pas été créée en 1901, corn-l
me l'a dit M. Caillaux, elle a été fondée le 24 dé-
cembre 1881; elle ne l'a donc pas été, comme l'a
dit M. Caillaux, en vue de la gérance de M. Cal-
mette jamais, ni M. Bayer, ni la Dresdner Bank'
n'y ont eu le moindre intérêt.
Son capital était un capital complètement fran-'
çais; elle avait pour président M. le marquis da
Castellane, et pour administrateur M. Manchez;
ce sont là des noms bien français. Il est exact que'
cette société a eu le Bulletin financier du Figaro,
mais à quelle, époque? De 1888 à 1895. Le traité de-
la Société la Financière était expiré en 1895, sept
.ans' avant qu'il fût question de la gérance de M.
Calmette. Voici ce traité, il est à la date du 1"
juillet 1888; il a expiré le 8 février 1895. ̃
Et puis, M. Caillaux vous a dit que M. Calmette
avait pactisé avec la Dresdner Bank. et M. Bayer'
pour devenir gérant du Figaro. J'ai là, messieurs,
la liste dès actionnaires qui, Il l'unanimité, le 24
janvier 1902, ont nommé M. Gaston Calmette gé--
rant du Figaro. Ces actionnaires sont au nombre~
de 500; ils représentent 8,898 actions et 831 voix:,
c'est l'aristocratie morale et intellectuelle de notre
pays; et là-dessus, pas une action, ni à la Dresd-'
nerBank, ni à ses administrateurs; et M. Bayer,'
qui vivait à Paris et y était établi, figure sous le
numéro 156 pour 100 actions et pour 10 voix.
Eh bien, c'est fini, n'est-ce pas, do la question
de la Dresdner Bank et de la question Bayer?
La cotation des valeurs allemandes
J'arrive au troisième grief de M. Caillaux, à'
l'histoire de la cotation des valeurs allemandes,'
quie le Figaro aurait recommandée. Vous vous
rappelez, messieurs les jurés, ce que M. Gai41aux
vous a dit la cession du Congo à l'Allemagne?
opération de peu d'importance. Le Congo, aban--
donné, était un pays dévasté par 'la maladie du
sommeil et où il n'y avait plus de caoutchouc.
Ce n'était pas l'avis de tous les Français et vous
n'avez peut-être pas oublié la lettre émouvante
que la veuve de Brazza, le grand Français qui a
donné le Congo à notre pays a écrite pour protes-
ter contre l'abandon du pays où son glorieux mari
dort son dernier sommeil. I y
Vous vous souvenez, messieurs, de cette émou-
vante séance de la Chambre, où M. Lebrun, minis-
tre des colonies, a demandé, en pleurant, devant'
une Chambre qui pleurait aussi, qu'on ratifiât le
traité. Pendant les négociations relatives à cette
triste affaire, l'idée a été suggérée dans certains
milieux de racheter la terre où dormait de Brazza
par certaines concessions pécuniaires à l'Allema-
gne. Il y avait des gens qui aimaient mieux sa-
crifier de l'argent que de la terre française. Le
Figaro a enregistré ce bruit, et il l'a enregistré
sans prendre parti; et comme je ne veux rien dire
qui ne soit complètement prouvé, dussé-je vous
retenir cinq minutes de plus, je lis, messieurs,
l'article du Figaro sous la signature de .Castoa
Calmette. ati'à visé M. Caillaux;
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