Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-12-26
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 décembre 1902 26 décembre 1902
Description : 1902/12/26 (Numéro 15170). 1902/12/26 (Numéro 15170).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 86 décembre 1902
*ues. Or, actuellement, les officiers des différentes
catégories n'ont rien de commun dans leur pre-
mière éducation.
En conséquence, il a été décidé:1
1° Que les ofticiers combattants, les mécaniciens,
les officiers d'artillerie et d'infanterie de marine en-
treront au service, comme les cadets actuels et dans
les mêmes conditions, entre 12 et 13 ans d'âge
2° Que tous les cadets recevront la même instruc-
tion jusqu'au grade d'officier, c'est-à-dire jusque
vers 19 ou 20 ans;
3* Qu'à partir de 20 ans, les nouveaux officiers
seront répartis dans les différents services auxquels
ils se destineront. Autant que possible, chaque offi-
cier aura l'autorisation de choisir sa catégorie; mais
aucun ne sera autorisé à entrer dans une catégorie
autie que celle qu'il aura désignée lors de son arri-
vée à l'école des cadets; la préférence sera donnée,
dans les nominations, à ceux qui se seront déclarés
prêts à servir dans l'une ou l'autre des trois caté-
gories.
Le mémorandum entre ensuite dans le détail des
mesures qui vont être adoptées; pour assurer aux
officiers des diverses catégories les mêmes avanta-
ges au point de vue de l'avancement et de la solde.
Il faudra à l'avenir environ sept ans, au lieu de
quatre ans et demi, pour faire un officier combat-
tant, et neuf ans pour terminer l'instruction des om-
ciers mécaniciens et des officiers d'artillerie et dïn-
fanterie de marine.
Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, les
©moiers d'artillerie et d'infanterie de marine contri-
bueront au service général à bord pour une part
assez large.
Belgique
L'anarchiste Rubino, l'auteur d'un attentat contre
le roi Léopold, aura décidément pour défenseur
M" Roger, assisté de Me Gheude. L'accusé a adressé
an long mémoire à ses avocats.
On nous écrit de Bruxelles, 24 décembre
Le Sénat vient de terminer ce soir une petite session
du bout de fan qui lui a pris trois séances et qui a suffi
à l'expédition rapide de trois budgets qui doivent de
rigueur être votés avant la fin de l'année, le budget des
voies et moyens, le budget des dotations et le contin-
gent de l'armée. Le tout sans compter les crédits pro-
visoires de rigueur et quelques menus projets d'ordre
national et international comme la classification des
communes et une modification à la convention moné-
taire de 1885 (l'union latine).
En bonne règle, le premier de ces budgets, qui ne
comporte pas moins d'un demi-milliard de dépenses,
mériterait quinze jours ou trois semaines d'examen et
de discussion. Mais aujourd'hui tout est changé. Le
gouvernement présente tous les ans à la dernière heure
ces projets importants que nos sénateurs n'ont pas le
temps moral de vérifier ni de discuter. Pendant plu-
sieurs années ils s'en sont plaints amèrement. C'était
surtout M. Houzeau de Lehaie qui portait la parole
dans ce sens, faisant remarquer non sans raison que
ce système menait droit à l'annihilation du régime
parlementaire et à l'instauration du gouvernement ab-
solu.
Il disait toujours la même chose, parce que c'était
toujours la même chose Mais on se lasse à la fin, et
cette année, il n'a même plus dit un mot. On a parlé
de tout autre sujet que des dépenses demandées, des
règles de comptabilité, de budget unique, de boni ap-
parent et de déficit réel; mais on a voté sans broncher
les cinquante millions demandés. C'est le principal.
Le budget des dotations amène tous les ans quelques
protestations de radicaux-socialistes contre la dotation
du comte de Flandre qui, selon eux, ne gagne pas la
«îenne et n'en a nul besoin.
Enfin le contingent a passé, non sans amertume pour
ce bon M. Cousebant d'AIkamade, ministre de la guerre,
coupable aux yeux de la droite de ne pas se prêter as-
sez à l'acceptation des volontaires que lui présentent
les, comités 'de racolage clérical intéressés à faire
croire que la réforme militaire votée l'an passé a pro-
duit tous les résultats rWciivic r'act la /t^i.. ~«:
.¡ou A.u ,VJ.LI,¡J.U.ll0 lJ.W
s'est produit. Les chiffres d'enrôlement sont piteux- la
droite n'est pas contente; elle le dit tout haut par l'or-
gane de M. Hubert qui voudrait voir entrer l'élément
Bivil dans les conseils de revision.
Le banc d'Anvers, le plus intransigeant sur la ques-
tion militaire, déclare qu'il votera le contingent «en-
core cette année » à titre d'essai. Quant au parti libé-
?al, son chef, M. Dupont, refuse de voter, en protesta-
tion contre la loi de réforme qui constitue la banque-
route de la défense nationale. Entre tous ces mécon-
tents M. Cousebant a perdu toute allure martiale. Le
contingent n'en est pas moins voté pour cette année.
Russie
Le tsar et la tsarine, accompagnés de leurs en-
fants se sont installés, hier, à Tsarskoïé-Selo.
M. de Montebello, qui est en ce moment à Saint-
Pétersbourg où il va présenter ses lettres de rappel,
recevra, à cette occasion, le grand-cordon de l'ordre
de Saint- André,
». M. Timiriazof, le nouvel adjoint du ministre
des finances, est arrivé à Saint-Pétersbourg pour
prendre possession de son poste.
Le bureau de la statistique à Saint-Pétersbourg
Le bureau de la statistique amt-Pétersbourg
estime à deux millions l'accroissement annuel de la
population de la Russie, et à peine à une dizaine de
mille le nombre des Russes qui émigrent dans le
courant d'une année. On a donc calculé que, dans
Ses conditions identiques à celles où l'empire russe
se trouve aujourd'hui, la population de la Russie
augmentera de près de cinquante millions dans une
période de vingt ans environ et aura doublé dans
quarante ou cinquante ans.
A Très prochainement aura lieu une nouvelle con-
férence où sera rédigé définitivement le projet rela-
tif -â la réorganisation de l'administration munici-
pale de la ville de Saint-Pétersbourg. A cette confé-
rence prendront part les représentants supérieurs
des différentes administrations intéressées Le pro-
jet sera ensuite soumis à l'examen du Conseil de
i empire.
Bulgarie
On nous écrit de Sofia
La femme de l'agent diplomatique russe à Sofia,
Mme Bachmetief, en sa qualité de présidente du co-
mité russe de bienfaisance, s'est rendue récemment
dans le district frontière du Rilo, accompagnée de fonc-
tionnaires bulgares et de sœurs russes de la Croix-
Rouge pour apporter des secours aux Macédoniens
qui sont venus se réfugier dans cette partie de la
Bulgarie. Suivant Mme Bachmetief, qui est Améri-
caine, et n'a pas craint de s'engager par un hiver aussi
rigoureux dans cette partie montagneuse des Balkans
les réfugiés, au nombre de 2,000 environ, en grande
majorité femmes et enfants, seraient dans une misère
indescriptible. A peine vêtus, sans pain, sans moyens
d existence. La plupart attribuent leur fuite à l'incendie
de leurs maisons par les soldats turcs.
Le fait que parmi eux ne se trouvent que peu d'hom-
mes en état de porter les armes permet de conclure
que les hommes en général ont participé à la récente
insurrection ou se préparent à rentrer en campagne au
printemps.
Cac ~ft1r~!Af enni 'W'u,1:1. -i.. u-
iue»v,v, ouu» Jiaimeuemeui un grand embarras
pour la Bulgarie; cependant, comme l'a déclaré le mi-
nistre Danef au Sobranié, on ne saurait avoir la bar-
^f™ £ep0U,SSer' On espère que les dons russes
de 16,000 roubles, la souscription nationale de 4,000 fr.,
le crédit de 55,000 francs voté par le Sobranié suffiront
a pourvoir à l'existence de ces malheureux pendant
1 hiver, en attendant qu'on puisse songer à les rapa-
trier au printemps.
gypte
Le Congrès médical a clos hier ses séances, après
enl^PnF^v^S0"^8 international aurâitlieu
en K)07 en Egypte. Le Congrès a exprimé le vœu
qu'une conférence analogue se réunît à Venise pro-
chainement. y
Le Congrès a demandé une surveillance hygiéni-
que efficace sur les côtes orientales de l'Egypte et
la réglementation des pèlerinages du Maroc Les
quuKftïoU6 dÔdarent enChantéS dG
qu1ils ont trouvé.
•iAeSffranÇ7ais Snt £té particulièrement fêtés, et
ils ont tenu CS discussions une place prépon-
dérante.
Somaliland
Les opérations contre le Mullah vont reprendre
incessamment. Un communiqué du Foreigf Office
publié hier à Londres, dit que lItalie ayant accordé
aes.faciutés pour le débarquement des troupes an-
glaises sur le littoral du Somaliland italien, Ts me-
sures sont prises pour envoyer de Berbera à Obbia,
tannî *re™ont samedi prochain, 700 soldats bri-
tanniques.
Obbia est une localité sur la côte du Somaliland
italien au nord du ras Eswet. Les troupes qui for-
meront la colonne partant d'Obbia seront accompa-
fenteraPritaieie?aP C°mte Lavatelli,
-.entera l'Italie.
JY.I:.A.:a I N E
LE CONSEIL DES DIRECTEURS do MINISTÈRE DE LA
MARINE. Le conseil des directeurs s'est réuni à
nouveau hier soir, à cinq heures. Il était présidé
&et'té M> ChaDSare1' malade'^ s'fsfpï
présenté.
Nous croyons savoir que le conseil a émis un
aiUé^K88-1? ^position de révocation for-
5ÏKÏÏ6eïïïSiï'. honoraJ)ilité dufonctionnaire
n'étant pas en cause.
h*7aH ministJe de la marine vient de donner l'or-
dre de faire ordonnancer le reliquat des fonds se-
CTets accordés à son département. Les crédits attrî-
?a?néeU19&2f Ton^n H SoeT?is s'élèvent pour
i année ryo^a 100,000 fr., jusqu'à ce jour il aéto
dépensé 44,000 fr.; l'ordre d'ordonnancement porte
nonc sur 56,000 fr.
LISTE D'ADMISSION A L'EcOLE SUP¿RIEUI'IE DE MA-
JUNE. Les lieutenants de vaisseau dont les noms
ibuivent sont désignés pour suivre les cours de l'E-
cole supérieure de marine pour 1903:
Ducoroy, Lanxade, Delgiiey dé Ilalavas, Linkenheld,
~evy-B1Dg.JacqUeU1ont, Reveille, Tiercelin, Hurbin,
Voisin, Prère, Roque, Ourdan, Thomine, Nogues, Fonl
taine et Colin.
♦
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales du 4 janvier
AISNE. M. André Castelin ancien député natio-
naliste non réélu aux élections législatives dernières,
pose sa candidature indépendante, à l'un des quatre
sièges sénatoriaux du département.
Ardennes. M. Gailly, sénateur républicain sor-
tant, adresse aux électeurs une lettre par laquelle il
déclare qu'il ne sollicite pas le renouvellement de
son mandat.
NOUVELLES DU JOUR
M. d'Estournelles de Constant, député de la Sar-
the, vient d'adresser à M. Delcassé, ministre des
affaires étrangères, la lettre suivante
Monsieur le ministre,
J'ai l'intention de vous interpeller sur la non-obser-
vation de l'article 27 de la Convention de la Haye. Cet
article a été longuement discuté par la conférence les
gouvernements n'ont autorisé qu'après plusieurs se-
maines leurs représentants à l'adopter et, depuis lors,
il a été solennellement ratifié par chacun d eux. Il a
consacré, dans le droit international, une innovation
capitale en imposant, pour la première fois, un devoir
auxEtats, qui n'avaient connu, jusqu'alors, que des
droits.
Cet article 27 porte que les puissances considèrent
comme un devoir dans le cas où un conflit aigu me-
nacerait d'éclater entre deux ou plusieurs d'entre elles
de rappeler à celles-ci que la Cour permanente d'ar-
bitrage leur est ouverte.
Or, un conflit aigu est, non pas menaçant, mais dé-
claré, entre le Venezuela et plusieurs puissances signa-
taires de la Convention de la Haye, et l'obligation for-
melle que nous avons souscrite avec vingt-cinq autres
Etats est, non seulement méconnue, mais nous consta-
tons la mise à l'index systématique de la Cour d'arbi-
trage par les gouvernements européens. Une explica-
tion s impose donc aujourd'hui devant l'évidence des
faits. L'état de guerre a été reconnu officiellement.
L'indépendance du Venezuela n'est pas contestée. On
ne saurait sérieusement objecter que cet Etat n'a pas
pris part à la conférence, puisque c'est lui précisé-
ment qui demande l'arbitrage, et puisque c'est aux au-
tres qu'il y a lieu de rappeler l'engagement-qu'ils ont
signé et ratifié.
On ne saurait non plus répondre que, à la différence
des particuliers, les Etats sont libres de ne pas tenir
leurs engagements, et que le devoir ou les obligations
morales n existent qu'à la charge des individus et des
faibles, puisque c'est le principe contraire que le Con-
grès de la Haye a tenu à faire triompher.
En tous cas, il me semble essentiel d'édifier l'opinion,
ou plutôt la conscience publique, sur un point aussi
grave, et je vois beaucoup plus d'avantages que d'in-
convénients à provoquer sur ce sujet un débat dont per-
sonne ne saurait se désintéresser dans un pays libre.
Veuilez agréer, etc.
D'ESTOURNELLES DE CONSTANT.
M. Combes, président du conseil, sénateur sortant
de la Charente-Inférieure, s'est rendu hier à Ma-
rennes. Il a reçu, à l'hôtel de ville, les députés,
conseillers généraux et d'arrondissement, ainsi que
les délégués sénatoriaux.
Aujourd'hui jeudi, M. Combes s'est rendu à Ro-
cheforteta eu une conférence, à' l'hôtel de ville,
avec les députés, les conseillers- généraux et con-
seillers d'arrondissement et les délégués sénato-
riaux. ° a
Par décret sont nommés trésoriers-généraux
Du Finistère, M, Paitel, trésorier général à Vannes,
en remplacement de M. Berger, qui a reçu une autre
destination.
Du Morbihan, M. Pesson, trésorier-payeur à Niort.
T..n T.ox. se
j^ra ucuA-oencs, M. uougom, ancien préfet de Lot
et-Garonne.
De la Loire, M. Rolland, trésorier général à Laon,
en remplacement de M. Prieur, admis sur sa demande,
à la retraite.
De l'Aisne, M. Martinier, trésorier général à Cham-
béry.
Du Gers, M. de la Roche Dumas, receveur particu-
lier des finances à Mantes, en remplacement de M
Delpech, ancien préfet, non acceptant.
Sont nommés receveurs particuliers des finances:
De Rochefort, M. Labracherie, receveur des finances
à Draguignan, en remplacement de M. Laporte, admis,
sur sa demande, à la retraite.
De Draguignan, M. Rey, receveur particulier des fi-
nances à Barbezieux.
De Barbezieux, M. Brothier, receveur particulier des
finances à Lombez.
De Lombez, M. Antoine, ancien militaire retraité,
fondé de pouvoirs de trésorerie générale.
De Gaillac, M. Prades, receveur particulier des finan-
ces Lavaur.
De Lavaur, M. Chevresson, percepteur à Rabàstens
(Tarn).
M. du Hamel de Canchy, conseiller référendaire
àseiller référendaire de 1" classe.
M. de Saint-Quentin, auditeur de 1™ classe, est
nommé conseiller référendaire de 2e classe.
M. de Valroger, auditeur de 2« classe, est nommé
auditeur de 1re classe.
M. Daniel, licencié en droit, est nommé auditeur
de 2e classe à la Cour des comptes.
M.Escudier, président du Conseil municipal, re-
tenu depuis samedi par une assez grave ingisposi_
tion loin de l'Hôtel de Ville, va beaucoup mieux. Il
présidera demain la séance du Conseil municipal,
qui s ouvrira, à neuf heures, par la discussion du
rapport Chérioux sur l'emprunt hospitalier, et sera
reprise à deux heures pour la discussion du rapport
Deville sur le budget.
M. Quirno Costa, vice-président de la République
argentine, est arrivé hier soir à Paris.
On lit dans la Semaine religieuse de Paris
L'épidémie de grippe qui sévit en ce moment n'a
pas épargné notre vénéré cardinal. H vient de prendre
le lit au moment où il se faisait une joie d'aller prési-
der à Montmartre les fêtes du centenaire du cardinal
Li 1111} SI* t.
Par mesure de précaution, les réceptions du jour de
l'an seront remises à une date ultérieure.
D'autre part, la Semaine religieuse publie une
lettre pastorale par laquelle le cardinal Richard or-
donne la célébration du centenaire du cardinal Gui-
bert, son prédécesseur à l'archevôché de Paris.
Cette cérémonie aura lieu demain 26 décembre à
1 église du Sacré-Cœur de Montmartre.
M. le docteur Paul Tissier est nommé médecin
du ministère de l'intérieur.
FAITS DIVERS
LA. TE:M:p:È:B..A.TTjr:R.B
Bureau central raétéoroiogiaue
Jeudi 25 décembre. De violentes bourrasques
passent dans le nord de l'Europe; le baromètre est
descendu depuis hier de 25 mm. à Haparanda, de
15 mm. à Memel, de 14 mm. à Stornoway, et de 5 mm.
a Dunkerque.
L'aire des fortes pressions est attaquée par le nord
et l'est; elle subsiste encore en France où le baromè-
tre marquait 775 mm. dans la plupart des stations.
Une tempête d'ouest sévit sur la Scandinavie et
l'Ecosse; sur la Méditerranée, de très mauvais temps
avec neige règnent vers l'Archipel grec.
En France, le vent est modéré sur le pas de Calais,
faible et variable sur les côtes de l'Océan et de la Pro-
vence la mer est belle partout.
Des neiges et des pluies sont tombées dans le nord
du continent ainsi que dans l'ouest des Iles-Britanni-
ques.
En France on a recueilli seulement 2 mm. d'eau au
mont Ventoux.
La température se relève sur la moitié nord de l'Eu-
rope.
Ce matin, le thermomètre marquait: -9° àBuda"
pest, -3° à Paris, +11° à Alger ·
ioSSFÏEWtaM1**1 Dôme--7°™ ™*tve*
toux et au pic du Midi.
En France, le vent tourne vers l'ouest, le temps va
devenir moins froid et le ciel se couvrir dans le nord.
A Paris, hier, beau. _«*«».
3~1~'no'r~l~ -008, a, été inférieure de
Booill^Sle^r611116' -°°8' a été inIérieure de
Depuis hier, midi, température maximum, + 4»7
minimum, -3°3..
Baromètre à sept heures du matin 774 mm. 7; en
baisse à midi. •
Situation particulière aux ports
La mer est belle partout.
FÊTES DE NOEt.. La clémence de la température
a favorisé les réveillonneurs. Les boulevards ont
présenté, toute la soirée, et fort avant dans la nuit,
une extraordinaire animation. Grand succès pour
les camelots et les petits marchands des baraques •
les jouets s'enlevaient comme par enchantement'
Dans les grands magasins ruisselants de lumière, il
y a eu également affluence de clients. Dans les res-
taurants la fête a duré toute la nuit avec entrain.
La messe de minuit avait attiré dans les églises
une foule énorme. L'attrait de la belle musique n'é- i
tait naturellement pas étranger à cet empressement ]
les fidèles. i
A Saint-Eustache, on a exécuté la messe de Noël
le frère A. des Anges; à Sainte-Clotilde, des Noëls
1 Adam, de Samuel Rousseau, de Th. Dubois, de
saint-Saèns; à Saint-Sulpice, des fragments de l'o-
;atono de Noël de Saint-Sâëns, Bergers et mages de I
samuel Rousseau, ÏO Salutaris de Bellenot à Saint- S
iermain-des.-Prés, la messe pastorale de Samuel 9
Rousseau; à Saint-Séverin, des Noëls,dAdam, An- t
1res, Lemaître, Gounod. etc. d
A la grand'messe, ce matin, on a exécuté à la Ma- d
teleine la messe en si bémol de Schubert; à Saint-
ionore-d Eylau, la messe des Rois Mages de Pillot: t;
Sainte-Clotilde, Bergers et Mages de Samuel Rous. c
eau; à Notre-Dame, la messe de Widor; à Saint- d
lugustm, messe en fa de Mozart; à Saint-Vincent-
ie-Paul, la.messe du Sacre de Cherubini. etc.
CHAUFFEURS EN PRISON. Le président du Tourïng-
Club, M. Baillif, avait appelé 'attention de M. Com-
bes, président du conseil, sur le régime infligé aux
chauffeurs d'automobiles condamnés à la prison à
la suite des accidents causés par eux.
M. Baillif vient de recevoir à ce sujet la lettre
suivanta que lui a fait adresser le ministre de l'in-
térieur
Monsieur le président, Paris, 23 décembre.
Vous avez appelé mon attention sur le régime appli-
qué aux contrevenants détenus à la prison de la Santé.
A la suite d'une première pétition émanée des prési-
dents de diverses chambres syndicales du département
de la Seine, j'ai demandé l'avis de M. le préfet de po-
lice au sujet des améliorations qui pourraient être ap-
portées au régime dont il s'agit.
En principe, les contrevenants sont soumis au ré-
gime des prévenus et des accusés. Ils ne sont en con-
séquence astreints ni au travail ni au port du costume
pénal et ont la faculté de se procurer des vivres sup-
plémentaires. Une feuille spéciale de cantine est même
établie à cinq heures, afin qu'ils puissent demanderdes
vivres pour le lendemain. Les contrevenants sont, en
outre, dispensés de la mensuration et sont placés dans
la division la plus propre et la mieux éclairée de
l'établissement.
En exécution d'un ordre de service, que j'ai invité le
directeur de la Santé à prendre, ils ne doivent être
fouillés que superficiellement, sans être contraints à se
déshabiller ils ne passent pas à la douche et conser-
vent les vêtements qu'ils ont sur eux, y compris cra-
vates, bretelles, ceintures, ainsi que les boutons de
chemise ou de manchettes, à moins qu'ils ne deman-
dent eux mêmes à effectuer le dépôt de ces derniers
objets.
Le personnel a été invité à user envers les contreve-
nants de toute la douceur compatible avec les nécessi-
tés essentielles du service. Enfin, la prison de la Santé
étant cellulaire, aucune promiscuité n'est à craindre
pour les condamnés appelés à y séjourner en qualité
de contrevenants.
Dès que j'aurai reçu l'avis de M. le préfet de police,
j examinerai s'il y a lieu d'apporter d'autres adoucis-
sements au régime des personnes détenues à la prison
de la Santé pour contraventions, notamment en ce qui
concerne les droits de pistole payés pour location d'ob-
jets mobiliers.
Recevez, monsieur le président, l'assurance de ma
considération très distinguée.
Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des cultes,
Par délégation,
le directeur de l'administration pénitentiaire,
GRIMANELLI.
SOCIÉTÉS DE MINES D'OR. Nous avons annoncé
qu'une instruction était ouverte pour infraction à la
loi sur les sociétés contre les administrateurs des
sociétés minières Klondike niew, du lac d'Atlin de
la Colombie britannique et de la Société franco-
canadienne. Trois administrateurs ont été arrêtés
ce sont MM. Oster, Fribourg et Aquasciati dit Pal-
marini. M. Oster était, en outre, le conseiller finan-
cier de la Société franco-canadienne.
Ces arrestations ont été opérées à la suite d'un
rapport adressé par l'expert, M. Détang, à M. Bou-
card, juge d'instruction, et dans lequel est exposé
le fonctionnement de ces sociétés minières. p é
L'INCENDIE DE LA RUE MONTMARTRE. Un incendie a
éclaté ce matin dans un établissement de parfume-
rie, 152, rue Montmartre. A cette adresse, M. Parain,
parfumeur, dont la boutique occupe le rez-de-chaus-
sée, a, dans le sous-sol, un magasin où est déposée
sa marchandise, principalement composée d'objets
en celluloïd, et d'alcool sous différentes formes.
̃ Ce. matin, à sept heures, avant que la boutique
fût ouverte, le commis, Jean Villette, âgé de seize
ans, descendit avec une bougie allumée dans le
sous-sol, pour y mettre de l'ordre. Il déposa mal-
adroitement son bougeoir sous un rideau qui, tout
d'un coup, s'enflamma.
Avec une rapidité extraordinaire, les flammes se
communiquèrent aux objets de celluloïd et firent
sauter les flacons d'alcool. Le feu gagna bientôt la
boutique, et la chaleur dégagée fut telle que la de-
vanture de fer sauta en éclats, laissant passer de
1_ .L1- .L
juugues iiamines ei une épaisse iumee.
Pendant que l'on appelait les pompiers de la ca-
serne de la rue Jean-Jacques-Rousseau, les locatai-
res sortirent de la maison, sauf une dame Blanche
Dufçn, âgée de vingt-huit ans, et sa fillette, qui
subissaient un commencement d'asphyxie. Le bri-
gadier Chanterelle, les agents Rinot et Caillaux,
qui parcouraient les étages pour faire évacuer, arri-
vèrent a temps pour sauver la jeuryj femme et son
enfant, qui furent conduites dans une pharmacie
voisine, où elles purent reprendre leurs sens après
une heure de soin.
A neuf heures, tout danger était écarté. Mais de
la boutique et du dépôt de M. Parrain, il ne restait
absolument rien.
USINE INONDÉE. On nous télégraphie de Lyon que
cette nuit, au sortir de la messe de Noël, un violent
incendie a complètement anéanti les ateliers de mé-
nuiserie et charpente et la scierie mécanique de MM.
Foùrnel et Turc, à Caluire. L'arrivée des pompiers
de Lyon a permis de préserver les maisons voisi-
nes qui étaient fortement menacées.
ASSASSINAT D'UN VIEILLARD. Un cultivateur aisé,
céViioatairerâgâ de soîïahfê-îiïïîl ans, M. Théophile
Chartier, demeurant à Avenoy (Yonne), a été trou-
vé hier assassiné chez lui, le crâne fracassé de cinq
coups do hache. La mort remontait à dimanche
soir. Le mobile du crime est inconnu.
ASSASSINAT D'UN GARDE. On mande de Gien que le
garde Mercier, de Villemurlin, a été assassiné vers
onze heures, dans la nuit de mardi à mercredi.
INFORMATIONS DIVERSES
La Société de statistique vent d'élire son bureau
pour'1903. Ont été nommés
Présidents, M. Schelle, chef de division au ministère
des travaux publics, en remplacement de M. Emile
Mercet;
Vice-président, M. Arthur Fontaine, directeur du
travail au ministère du commerce;
Membres du conseil, MM. Gaston Cadoux, Paul Dou-
mer, président de la commission du budget, et Payelle,
directeur général des contributions directes.
MM. Ed. Flechey et Matrat, conservent leurs fonc-
tions de secrétaire général et do trésorier.
L'Association des instituteurs pour l'éducation et
le patronage de la jeunesse donne sa fête de l'arbre de
Noël au gymnase Voltaire, dimanche, à deux heures.
Cette fête sera présidée par M. Chaumié, ministre de
l'instruction publique.
Pour fêter le cinquantenaire de la fondation de la
maison Larousse, MM. J. Hollier-Larousse, Emile Mo-
reau, Georges Moreau, Claude Auge, Paul Gillon, hé-
ritiers et continuateurs de l'œuvre de Pierre Larousse,
offraient hier soir un grand banquet aux écrivains, ar-
tistes, employés et ouvriers qui ont collaboré au Grand
dictionnaire, à la Revue universelle, au Nouveau Larousse
illustré et aux diverses publications de la librairie.
Trois cents personnes environ étaient ainsi réunies
au Palais d'Orsay. On remarquait, entre autres, MM.
Paul Hervieu. Paul Strauss, Tarde, Rosny, Lucien
Descaves, Gaston Deschamps, Edmond Perrier, Jean
Lahor, Ch. Diehl, Louis Léger, Roger Marx, Jules Bois, r
Raoul Allier, Funck-Brentano, Steeg, Mlle Diclc May,
le juge d'instruction André, Yves Guyot, Maurice Tour-
neùx, de Nolhac, Le Goffic, Lugné-Poë, Rocheblave,
etc. Plusieurs toasts ont été portés, par MM. Jules
Hollier, Alcide Bonneau, Molinier, prote de l'impri-
merie Larousse, AlbertCim. Une belle médaille du gra-
veur Alexandre Charpentier a été offerte à chacun des
convives. Et l'on a fort applaudi, après dîner, Mlle
Odette Dulac, MM. Coquelin Cadet, Dominique Bon-
naud, Chepfer, H. Depas, et une poésie de circonstance
de M. Pascal Forthuny.
-Le jury pour la décoration de la mairie de Van-
ves a décidé que, prendraient part au second degré du
concours MM. Darien, Enders et Pierre Vauthier.
Des mentions avec médailles d'argent sont attribuées
à MM. d'Argence, Maret et Pape.
Le jugement définiti! sera rendu dans la dernière se-
maine de mai 1903.
M. Léonce Benedite vient d'acquérir pour le
Luxembourg le Portrait de Mme Cornereau, à l'exposi-
tion des œuvres du peintre-graveur Marcellin Desbou-
tin. Cette exposition restera ouverte jusqu'au 31 dé-
cembre à l'Ecole des beaux-arts.
M. Gustave Dupont-Ferrier, agrégé d'histoire, ar-
chiviste paléographe, soutiendra les deux thèses sui-
vantes pour le doctorat devant la Faculté des lettres
de Paris, en Sorbonne, le 26 décembre, à midi.
Thèse latine Qux fuerint tam a regibusquama comilibus
in E~oHstMCK~ Afaanato n comitatu instituta (J 445-
̃15i5).
Thèse française Les officiers royaux des bailliages
et sénéchaussées et les institutions monarchiques en
France àla fin du moyen-âge.
Nous avons reçu, pour notre Caisse de charité, de
H. L., 30 francs et de V. P., 20 francs, ensemble 50
francs.
Ali profit de la famille Lazerges. Le peintre orien-
taliste Paul Lazerges, dont nous avons annoncé la
mort cet été, a laissé dans le dénuement sa famille. Un
comité, où l'on relève les noms de MM. Bouguereau,
Bonnat, Gérôme, Henner, Jules Breton, Maignan, J-
P. Laurens, Humbert, Cormon, etc., adresse à tous les
artistes français un chaleureux appel en faveur de
cette infortune, et sollicite d'eux l'envoi d'une de leurs
œuvres pour une vente qui aura lieu du ler au 15 mai.
On est prié d'adresser les envois chez M. Georges Pe-
tit, 12, rue Godot-de-Mauroi, ou chez M. Boy, rue
Bergère, 25.
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la statistique municipale a «ompté
pendant la 51» semaine 1,045 décès, au lieu de 1,018 pen-
iant la semaine précédente et au lieu de la moyenne
156:
La mortalité continue surtout à porter sur les affec-
ions de l'appareil respiratoire, qui ont causé 229
jécès, au lieu de 223 pendant la semaine précédente et
le la moyenne 193.
Les maladies contagieuses continuent à être rares
yphoïde, 6 décès; variole, 1 rougeole,l; scarlatine, 1
:oqueluche, 6. 6.
Par contre, la diphtérie a occasionné 17 décès au lieu
le 15 la semaine précédente et de la moyenne 6.
II y a eu 31 morts violentes, dont 14 suicides»
On a célébré à Paris 474 mariages. i
On a enregistré la naissance de 986 enfants vivants
I (531 garçons et 455 filles), dont 733 légitimes et 253 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 39 ont été reconnus séance
l tenante.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec regret la mort de M. Buvi-
Enier, sénateur républicain de la Meuse, décédé
hier, en son domicile, à Verdun, des suites d'une
attaque de paralysie. Né dans cette ville, le 1« jan-
vier 1823, il avait donc près de quatre-vingts ans,–
M. Buvignier, avocat, professeur honoraire de l'Asso-
ciation polytechnique, avait été successivement
sous-préfet de Montmédy, en 1848, proscrit sous
l'Empire et déporté en 1852. Il rentra en France vers
1860 et s'occupa d'importants travaux historiques
sur la Lorraine et les trois évéchés de Toul, Metz et
Verdun. Après avoir été attaché au service des
archives de la ville de Paris, de 1877 à 1881, il fut
élu député en 1887, puis réélu en 1893 et siégea
quatorze ans à la Chambre. En 1894, le collège élec-
toral de la Meuse Je nomma sénateur et il fut réélu
en 1897 par 696 voix.
M. Charles Buvignier appartenait au Sénat aux
groupes de l'union républicaine et de la gauche dé-
mocratique.
M.etMmeJulesWeinstein,61,avenueVictor-Hugo,
ont eu la douleur de perdre leur mère et belle-mère,
Mme Salomon Weinstein, décédée à Cassel le 18 dé-
cembre, à l'âge de 70 ans, après. une courte maladie.
LIBRAIRIE
VIENT DE PARAITRE
FINANCES CONTEMPORAINES
par Alfred NEYMARCK
TOME 1«
Trente années financières 1872-1901. 1 vol. gd in-8°
540 pages avec index analytique. Prix 7 fr. 50
Gmltaumin el C% édileurs, 14, rue Richelieu.
LA REVUE BLEUE
terminera, dans son n° du 27 décembre, l'enquête sur
la presse dont le retentissement ne peut que se pro-
pager dans les milieux intellectuels que préoccupe
la diffusion des idées françaises en Europe.
L'éditeur Ernest Flammarion met en vente pour
les étrennes le tome IV et avant-dernier de la Géo-
graphie monumentale de la France France du Sud-
Ouest. Abondamment illustré par la photographie
en noir et en couleurs, ce superbe ouvrage est un
de ceux que les jeunes gens et les jeunes filles au-
ront le plus de plaisir à ajouter à leur bibliothèque.
LE
JOURNAL DE JEUNESSE DE SARCEY
(1839-1858)
Seconde année d'Ecole normale. Effort de Sarcey
vers l'élégance. Les dangers du professorat.
Manuel du parfait homme du monde. Taine et
l'équitation. L'Ecole s'amuse. Les ruses d'Ed-
mond About. La première leçon de danse. Le
premier bal. Questions d'argent.
A la rentrée, nous constatons un changement
chez Sarcey. Il fait effort pour devenir homme
du monde. Est-ce l'extrême saleté dont il a
souffert durant son voyage en Bretagne qui a
opéré chez lui cette conversion? Est-ce l'amour (
de quelque petite cousine qui le rend coquet?
Est-ce simplement un effet de l'âge? Je crois (
plutôtque son changement d'humeur est dû à un
certain entretien qu'il eut avec M. Berger. Vous
savez que Sarcey se décidait toujours par raisons
philosophiques. M. Berger était un digne pro-
fesseur de littérature, un savant en us, bourré 1
de latin, excellent quand il se bornait aux ma-
tières de son cours, mais qui devenait fort ridi-
cule lorsqu'il s'abaissait aux menues frivolités (
de la vie. Et telle était sa marotte. Il prétendait 5
s'y connaître et enseignait à ses élèves la ma-
nière de se conduire dans les salons; mais il Ê
parlait de ces choses en homme qui les ignorait
totalement. L'extrême puérilité de son discours 1
blessait Sarcey et lui donnait à réfléchir. « Dé- c
» cidément, dit-il, un professeur, s'il ne veut c
» pas être un sot, doit, de temps à autre, quitter
» sa chaire. » c
Les professeurs du collège Charlemagne ont sur-
nommé M. Berger le « gros naïf ». Il est vrai qu'il
est malaisé d'être plus gros et plus naïf. Jamais
épithète ne fut mieux justifiée. Le pauvre M. Ber-
ger ne sort jamais, il vit tout seul au milieude ses
livres, et il a des prétentions à être bon observa-
teur et au courant des choses de la société. Nous-
mêmes qui n'en connaissons rien du tout, il nous
étonne parfois par son ignorance. Au collège, nous
ne nous apercevions guère de cette naïveté, mais à
l'Ecole, elle amène le sourire sur toutes les lèvres.
Si encore il avait le bon esprit de ne nous parler
que de Cicéron; il connaît pas mal la société ro-
maine, et si Pompée ou César l'eût invité à dîner,
je suis sûr qu'il s'y serait trouvé fort à son aise et
en pays de connaissance. Mais par malheur, il veut
nous prémunir de quelques maximes qui doivent
diriger notre conduite dans la vie, et c'est ici oue le
pauvre homme s'embrouille.
On ne porte pas impunément durant de longues
années ce'double fardeau d'une classe de cent élèves
et d'une conférence à l'Ecole normale. Un esprit a
beau se renouveler par l'étude, il s'appauvrit plus
encore qu'il ne reçoit. Vingt ans de professorat sont
la mort d'un homme. On vieillit vite dans l'Univer-
sité je ne parle pas du corps, presque tous nos
vieux professeurs sont frais, gaillards et droits,
j'entends la tête, l'esprit; tout cela fatigue et s'en
va. On se couche homme d'esprit et l'ont est tout
étonné de se réveiller ganache. Rien ne crétinise
comme l'enseignement. Il me semble que de cinq
ans en cinq ans on devrait accorder un congé de
dix-huit mois aux professeurs, ce serait le seul
moyen de les sauver de la décadence. Mais à les
pousser toujours et sans relâche, comme on le fait
maintenant, ils deviendront tous poussifs. Tout
n'est pas rosé dans le métier, et bien que j'en aie
la vocation, j'ai une peur terrible de m'y encroûter.
̃ Si je sentais que j'enfonce, je jetterais le métier à
la mer et le froc aux orties; je ne veux pas devenir
mâchoire.
Donc, Sarcey, sa résolution prise, va de l'a-
vant, avec la ténacité qui lui est propre et qu'il
montrera plus tard dans toutes les circonstances
de sa vie. Mme About l'y encourage. Elle lui
commande « du papier à son chiffre » quelle
prodigalité! et lui achète un lorgnon, pour
remplacer les lunettes, dont un parfait gentle-
man ne saurait se servir. Francisque en est
d'abord tout confus.
16 octobre 1849.
Je ne m'avise de regarder personne avec mon
lorgnon, je trouve cela impertinent; mais, dans la
rue, j'en ai besoin à chaque instant, et il est plus
commode d'avoir un petit lorgnon pendu à son cou
que des lunettes dans sa poche. Je te prie de croire
que ce n'est pas un de ces petits lorgnons qu'on
se fourre dans le coin de l'œil, et qui vous don-
nent l'air ou d'un sot ou d'un fat; c'est un lor-
gnon comme j'en ai eu autrefois, qui s'ouvre en
poussant un ressort.
Et comme il ne veut pas être en reste de po-
litesse, il demande à sa mère de broder un coli-
fichet quelconque pour Mlle Aimée, sœur d'Ed-
mond About. Puis, ce devoir rempli, il pour-
suit hardiment sa métamorphose. Taine et de
Suckau t'exhortent à se procurer des billets
a'ëquitàtibri;' il prend des leçons de danse à
un franc le càchet
J'ai pris avant-hier ma première leçon de danse,
et j'en prendrai une encore après-demain. Mon maî-
tre est un charmant garçon il a commencé par me
demander de quelle manière je voulais savoir la
danse.
Mais, mon Dieu, comme tout le monde, lui
ai-je répondu, afin de m'en pouvoir tirer dans un
salon.
Eh! bien, alors, il est inutile de vous appren-
dre des pas, ni des ronds de jambe. Nous allons
tout de suite nous mettre à la polka, puis nous
prendrons la valse.
Cet exorde m'a enchanté; je frémissais au souve-
nir des assemblées et autres menus divertisse-
ments dont M. Jousse m'avait autrefois assassiné.
S'il avait fallu repasser par cette filière, je ne sais
pas si jamais j'en aurais eu le courage. Voilà main-
tenant que la danse devient épidémique dans la
section: tous veulent l'apprendre. 0 moutons de
Panurge 1 Merlet même proposait hier de danser le
soir après souper dans la salle d'études. Mais on a
repoussé la motion à l'unanimité, à cause de la
poussière qui rendrait, l'étude suivante, la salle
inhabitable. J'ai dansé un quadrille chez mon maî-
;re je n'en démordrai pas, c'est la plus sotte et la
?lus ridicule invention que le monde ait imaginée
jour s'ennuyer de compagnie. Mme About est ravie
le me voir apprendre. Elle m'a promis que sa fille,
qu'elle m'a donnée pour une excellente valseuse et
polkeuse, me donnerait dès leçons.
Combien le cachet? ai-je dit.
Un bonbon que je vous offrirai, m'a-t-elle ré-
pondu.
Il est vrai que je n'arrive jamais sans qu'elle ait
un petit papier tout plein de bonbons qu'elle me
passe en cachette. Je ne manque jamais d'en aller
offrir à Mlle Olga, qui fait la moue.
Tu le gâtes, dit-elle à Mlle Aimée; tu le gâtes;
il était déjà insupportable, il faudra le mettre à la
perte.
Et de rire.
Mais, ce n'est pas tout d'apprendre à danser.
Il faut passer de la théorie à l'application. Et
l'invincible timidité de Sarcey le cloue au plan-
cher, le rend incapable d'offrir son bras à une
valseuse. Ses camarades lui tendent maligne-
ment des pièges. MaximeGaucher l'entraîne, un
soir, par trahison, chez sa mère, où quelques
jeunes filles et quelques jeunes gens sont as-
semblés.
J'allai résolument à la maîtresse de la maison, je
lui exposai mon cas, et la priai de ne point insister
pour que je dansasse; il y avait d'ailleurs un nom-
bre suffisant de cavaliers.
Je veux bien ne pas trop vous presser, me dit-
elle en souriant, mais à une condition, c'est que,
pour pénitence, vous apprendrez à danser.
Je tirai de ma poche un cachet que j'avais pris le
matin môme, et je le lui montrai.
C'est bien, mais alors, je vous réclame pour
une autre fois, et je ne vous fais pas grâce.
« Décidément, ajoute Sarcey, il faut savoir dan-
ser en ce monde.» Et sa lettre s'achève sur cette
pensée profonde et mélancolique.
Il est assez naturel que Sarcey se laisse en-
traîner par ces aspirations confuses vers l'élé-
gance. Autour de lui on ne rêve que plaisir. Le
charmant et délicat Arthur Bary est amoureux
et par conséquent attentif à plaire; Taine et de
Suckau s'attachent à devenir de fins écuyers
et ils conduisent de force au manège leur ami
Francisque. Quant à About, c'est de la frénésie,
de la rage. Pour échapper à la rude discipline
de l'Ecole, il a recours à des tours de Scapin.
.Il faut que je te conte cette histoire, elle est
plaisante.
Il s'agissait d'un bal, et d'un bal costumé, qui plus
est. Une dame avait proposé à About de lui prêter
le costume de son fils, un charmant costume d'étu-
diant du seizième siècle About mourait d'envie d'y
aller. Le bal se donnait chez des artistes; grande
réunion de jeunes gens, de jolies femmes; du punch,
de l'esprit on devait danser, valser, polker, intri-
guer. C'était à en perdre la tête About dansait rien
que d'y penser. Mais comment faire ? Le bal se don-
nait un mardi; et comment, en semaine, obtenir
une permission de découcher ? De dire que c'était
pour une soirée, pour un bal, il ne fallait pas y son-
ger c'eût été pour aller à l'Académie, qu'on eût re-
fusé net. -̃-̃
Parbleu 1 me dit About, tu -as été à la Saussaye
cette année? ̃
Oui. s
C'est un petit village neu connu?
Oui.
Sur le chemin de fer d'Orléans ?
Oui. Après ? `1
Eh bien voilà mon affaire. J'ai un oncle dans
ce pays-là, je le mets au lit dimanche, la maladie
empire le lundi, il veut me dire adieu avant de mou-
rir, je prends le chemin de fer mardi, j'arrive à son
chevet et je danse toute la nuit. Mardi soir je re-
viens, un crêpe à mon chapeau, et j'envoie des let-
tres de faire-part.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
La plaisanterie était un peu forte, mais Mme
About s'y prêta bien.
About mangeait sa soupe, on vient lui remettre
une lettre. A peine l'a-t-il ouverte, voilà un garçon
dont iaflerure est bouleversée il se sauve de table,
court chez M. Dubois, chez M. Vacherot, personne
il revient trouver les maîtres de service et leur tend
sa lettre avec désespoir. Il fallait partir sans per-
dre un moment, sous peine de ne plus embrasser le
bonhomme. M. Hébert comprend la gravité de la
circonstance, prodigue à About les plaintes et les
consolations, et prend sur lui de signer un laissez-
passer. Nous avons rassuré notre section alarmée
de la douleur d'About nous lui avons annoncé que
te «her-paxent ne mourrait pas de sa maladie. Qui-
not et moi nous avons décidé About a lui faire grâce
de la vie: nous n'irons à son enterrement que dans
trois ans; jusque-là c'est un oncle utile, et dont il
faut ménager la santé.
Ces plaisanteries ont un grave inconvénient:
c'est qu'elles peuvent se répéter, et inspirer des
doutes à l'administration et, même dans un besoin
très pressant, on n'obtiendrait plus d'autorisation.
Mais on ne trouve pas toujours des parents comme
Mme About.
Enfin l'heure sonne, l'heure redoutable où
Sarcey, éduqué et dégrossi, va faire ses débuts
dans le monde
3 juin 1850.
Je commence par une nouvelle qui t'étonnera, je
n'en suis pas encore bien revenu moi-même. Je vais
au balde jeudi en huit, oui au bal, et à un bal où, bon
gré, mal gré, je serai forcé de danser, sans connaître
personne que les maîtres de la maison. Ce n'a pas
été sans une grande répugnance que je me suis dé-
cidé, quelque désir que j'aie de quitter enfin mes
mœurs sauvages. Tu sais quelle insurmontable ti-
midité me retient toujours. Mais j'ai été vaincu par
l'insistance de tous mes camarades. Mon intention
était d'abord de ne pas aller à ce mariage, mais
quand j'en ai parlé à Jules, le priant d'arranger l'af-
faire avec son père, de m'excuser comme il pour-
rait
Parbleu non, me dit-il; je n'en ferai rien. Tu
viendras ou tu n'es qu'un imbécile. Si tu as peur,
je te recommanderai à nos demoiselles, ta gaucherie
disparaîtra après deux verres de punch.
Enfin, il m'en dit tant que je fus presque ébranlé.
Puis Bary, à l'Ecole, me prêcha, me patrocina si
bien et si longtemps que je me résolus à faire le
saut. Le sort en est jeté, mais rien que d'y penser,
j'en ai des transes et je sens des sueurs ,froides qui
me passent dans le dos. Je me lance les yeux fer-
més dans un précipice. A la grâce de Dieu 1
Ce n'est pas une petite affaire, que d'aller au
bal. Il faut d'abord se nipper et ne pas désho-
norer, par sa mauvaise tenue, le salon qui vous
reçoit. Or, Sarcey n'a rien, rien de rien. Il est
pauvre comme Job « Voudrais-tu m'envoyer,
» écrit-il à sa mère, un gilet blanc, la plus belle
» chemise que faire se pourra et m'ouvrir un
» crédit quelque part pour m'acheter des sou-
» liers vernis. »
Son dénuement est tel que quand il va se
promener le dimanche à Ville-d'Avray, « petit
village des environs de Paris », il est réduit à
emprunter les vêtements de ses camarades
« Papillon m'a prêté pour cette excursion tout
» un costume; j'avais un pantalon et une redin-
» gote il. lui, un chapeau gris à son père et un
» bâton qui a réveillé en moi mille souvenirs. »
Mais pour un bal, pour un grand bal, il con-
vient de s'équiper moins sommairement. Et
Sarcey, qui a beaucoup d'amour-propre, veut
y briller de toutes les façons. Non seulement il
charmera les danseuses par ses grâces exté-
rieures, mais il les éblouira par son esprit. Il se
creuse la cervelle pour y trouver un sujet de
conversation qui les puisse captiver. Or, ce su-
jet, il le tient. Il leur parlera de la Chartreuse
de Parme, de M. Stendahl il leur révèlera ce
roman qu'elles ignorent et qui lui inspire un
ardent enthousiasme.
Il est probable que tu ne connais ni la Chartreuse
de Parme, ni Stendhal; c'étaient pour moi aussi des
inconnus. M. Jacquinet m'avait dit, l'année der-
nière, que c'était un chef-d'œuvre ignoré; mais,
comme je n'y crois guère plus qu'aux grand hom-
mes incompris, je n'y avais pas prêté grande atten-
tion. Aujourd'hui, je suis de son avis; c'est un livre
admirable d'idées et de style, et avec cela un des
romans les plus intéressants que j'aie jamais
lus. Je me suis juré que tous mes camarades,
toutes mes connaissances, toutes les dames que
je rencontrerais à ce maudit bal liraient la Char-
treuse de Panne, on du moins en entendraient
parler. Il faut nécessairement qu'un aussi bel ou-
vrage arrive à la gloire. C'est aux gens qui lisent à
la donner; le troupeau, le slolidum vulgus la reçoit
et la répète comme un écho. About, Quinot, Bary,
Albert, Taine et tous ceux qui l'ont lu en ont été en-
thousiasmés comme moi. Nous l'avons répandu et
popularisé dans l'Ecole: il faut poursuivre cette
bonne œuvre au dehors. Je serais volontiers comme
Lafontaine qui demandait à tout venant « Avez-
irous lu Baruch? C'est un bien beau génie que
3aruch». Ce qui a empêché l'auteur dé la Chartreuse
l'être connu, c'est que, par une bizarrerie de carac-
;ère, il a signé tous ses livres d'un nom différent, en
3orte qu'à chaque roman, c'était comme une répu-
tation à refaire. Son dernier, son chef-d'œuvre, la
Chartreuse, a paru dans un mauvais moment, après
1830, et comme il n'était pas protégé par un nom
connu, personne n'en a entendu parler.
« Je serai lu en 1890 ou en 1900 », dit avec quelque
fatuité l'auteur dans sa préface.
Je crois qu'il a raison.
L'heure du bal, l'heure fatale a sonné. Sarcey
s'y est rendu, la mort dans l'âme. Il ne s'y est-
pas trop mal comporté. Mais que de péripéties! 1
Il les retrace dans une longue lettre qui rap-
pelle avec plus de finesse et de bonhomie, les
meilleures chroniques d'Henri Monnier.
15 juin 1850.
Je suis allé à ce bal, et j'en suis revenu; mais
tout ne s'y est pas précisément passé comme js
l'avais espéré. Je comptais obtenir la nuit tout entière,
c'était chose convenue avec Jules Papillon; il m'avait
offert la moitié de son lit, et je serais rentré le len-
demain matin à huit heures. Son père m'avait
donné une lettre pour M. Dubois, le directeur de
l'Ecole, et je ne pouvais croire que l'on me refusât <,
une chose si simple et qui s'accorde toujours. Mais
jeudi matin j'ai reçu la réponse de M. Dubois le
règlement, lui disait-il, lui interdisait ces permis-
sions. Aussitôt je montai chez lui, je lui rappelai
quelques exemples, dont l'un était encore tout ré-
cent à toutes mes questions, il me répondait
Je suis désolé que cela tombe sur vous vous
êtes le dernier à qui je voudrais refuser une de-
mande, mais je ne puis pas. La seule chose qui me
soit possible, c'est de prolonger votre sortie jusqu'à
minuit.
Mais, monsieur, vous savez bien qu'un bal, à
Paris, ne commence jamais avant dix heures, et
ce n'est guère la peine d'aller au bal pour y faire
une apparition, etc.
J'en suis fâché, me disait-il, mais je n'y puis
rien.
Alors, je me suis bravement décidé à lui conter
mon histoire, quelle était ma timidité, comment
c'était la première fois que j'allais dans le mon-
de, etc., etc. Il parut ébranlé, puis se ravisant tout
d'un coup
Non, non, me dit-il, cela n'est pas possible.
Et immédiatement il écrivit une lettre à M. Pa-
pillon il était désolé de ne pas accéder à ses prières,
mais le règlement s'y opposait, et il n'était là que
pour le faire exécuter. Tu vois sa lettre d'ici. Je
sortis désolé. J'eusse beaucoup mieux aimé qu'il
m'eût refusé même une permission de minuit; ce
refus m'eût dégagé vis à vis de M. Papillon. Mais
cette lettre me forçait d'aller à un bal dont je de-
vais avoir tous les désagréments sans aucun des
profits.
J'avais tout ce qu'il me fallait. M. Caffin m'avait
prêté une de ses chemises, qui semblaient faites
pour moi; Bary m'avait apporté une cravate blan-
che. Mon habit, remis à neuf par le tailleur, bril-
lait de tout son lustré j'avais commandé un gilëC
blanc et un pantalon noir qui me vont parfaitement;
enfin, une paire de souliers vernis et de gants com-
plétaient ma toilette de bal. Tout cela coûtait fort
cher (habit, 4 francs; pantalon, 35; gilet, 18; sou-
liers, 16 gants, 3 50; plus quelques menus frais,
coiffure de cheveux et barbe, voitures; il me reste
une vingtaine de francs sur les 100 que m'avait
donnés M. Caffin; là-dessus je prendrai mon inscrip-
tion de droit le mois prochain). Tout cela coûtait
fort cher et ne m'a pas porté grand profit. Il est vrai
que ce sont des affaires qui me restent. Mes sou-
liers vernis sont très bons. Pour ne pas être volé,
j'a prié Mme About de m'accompagner; c'est elle,
aussi, qui m'a acheté mes gants. Tous ces effets me
serviront l'année prochaine dans la ville où l'on
m'enverra, si le préfet donne des bals, et si je re-
trouve des occasions meilleures.
Je me suis fait couper la barbe, non pas précisé-
ment toute la barbe, mais les deux grosses touffes
qui me hérissaient le menton. J'ai gardé tous mes
favoris, la mouche et les moustaches. Là-dessus,
on m'a fait de grands compliments chez M. Papil-
lon tout le monde m'a trouvé beaucoup mieux; le
fait est que j'ai un air moins féroce. A l'école, ils
m'ont dit que j'avais l'air d'un garçon perruquier.
On a voté pour savoir si je devais conserver ainsi
ma barbe ou la laisser repousser tout entière. Il y
i eu 14 voix pour que je la laissasse repousser, et
i seulement pour l'avis contraire. Je crois bien
îue, par paresse, je suivrai l'avis du plus grand
îombre.
Je me suis habillé chez Caffin. C'est son portier
lui m'avait mis ma cravate. Aussi il fallait voir
luel nœud il m'avait fait: on eût dit qu'il était de
iioi. Comme il pleuvait un peu, j'ai pris une voi-
;ure et je suis arrivé chez Papillon à neuf henres.
\.vant d'entrer, je l'ai fait demander par le domes-
;ique, je lui ai conté mon- aventure; nous avons
passé dans sa chambre, il m'a donné une autre
:ravate et un faux-col, et il s'est reculé pourm'ad-
nirer. Il est vrai que j'étais comme tout le monde,
st j'avais tout à fait bon air.
Nous sommes rentrés dans le salon il n'y avait
sncore presque personne, les intimes seuls étaient
irrivés; on finissait de lire le contrat de mariage,
it ie l'ai sie-né comme les aiitraa. A rliv honroa Ion
salons ont commencé à se remplir, j'ai vu arriver
beaucoup de vieilles connaissances que j'avais per-
dues de vue. Nous nous sommes mis à causer, et
nous avons ri comme des bienheureux.
A dix heures et demie, Mlle Papillon a ouvert la
bal avec le fiancé. Mais il n'y avait encore qu'un
double quadrille, autour duquel hommes et femmes
faisaient cercle, par curiosité. On m'eût payé 25
louis que je n'eusse pas dansé à ce moment-là. Du
reste, Jules m'avait dit, au temps où je croyais
avoir la nuit, que je ferais mieux de ne m'y mettre
qu'à onze heures et demie, minuit, parce qu'alors,
tout le monde étant en train, on ne faisait plus at-
tention à personne. Après le quadrile, il y eut une
polka et une valse à deux temps, puis, je crois, une
mazurka, et onze heures sonnèrent. J'avais continué
à causer avec mes camarades, dont aucun ne dan-
sait encore. Ils attendaient, disaient-ils, que le bal
s'échauffât. Si tous les jeunes gens attendaient
ainsi, il me semble que le bal ne s'échaufferait
guère.
Au moment où j'allais partir, je vis arriver Bailly
et deux anciens Massin' dont je ne sais plus les
noms. Cela m'a étonné, jo no croyais qu'on vînt au
bal si tard, mais Jules m'a dit qu'il en arrivait jus-
qu'à minuit, et que, dans les grands bals, on venait
même à une heure, deux heures du matin. Si je
n'avais pas fait une de ces étourderies qui me sont
si ordinaires, j'aurais pu rester jusqu'à onze heures
et demie, et prendre une voiture. Mais, sans y
prendre garde, j'avais emporté la clef de M. Caffin,
et je craignais que, grâce à moi, il ne fût à la
porte. Je pris un cabriolet, je fis cette cour-
se, j'emportai tous mes effets que j'avais laissés
chez M. Caffin, et j'arrivai à minuit cinq à l'Ecole.
Et voilà mon bal. Je n'y ai eu qu'un plaisir, celui
d'avoir prouvé ma bonne volonté à M. Papillon. Je
n'ai même rien consommé. A peine les plateaux
commençaient-ils à circuler quand je suis parti; on
ne passait encore que des sorbets et des glaces, et
encore en très petite quantité. Je suis allé avec Jules
à l'office, où tout cela se préparait, j'y ai pris une
glace, et j'ai vu des apprêts qui m'ont causé un cer-
tain regret.
Mlle Papillon était jolie avec sa robe blanche je
l'aime mieux pourtant avec sa toilette ordinaire.
Plus un vêtement est simple, mieux il va à sa figure,
toute bonne et toute gracieuse. Je n'aime pas non.
plus toutes ces robes décolletées, il me semble que
les plus belles épaules y perdent; cela est moins
poétique. Il n'y a qu'une chose que j'aie trouvée très
jolie dans un bal ce sont les bouquets que portent
les femmes elles en doivent être horriblement em-
barrassées, mais c'est d'un effet charmant.
Je suis encore assez maussade et très chagrin.
Me voyant comme tout le monde, cela me donnait
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*ues. Or, actuellement, les officiers des différentes
catégories n'ont rien de commun dans leur pre-
mière éducation.
En conséquence, il a été décidé:1
1° Que les ofticiers combattants, les mécaniciens,
les officiers d'artillerie et d'infanterie de marine en-
treront au service, comme les cadets actuels et dans
les mêmes conditions, entre 12 et 13 ans d'âge
2° Que tous les cadets recevront la même instruc-
tion jusqu'au grade d'officier, c'est-à-dire jusque
vers 19 ou 20 ans;
3* Qu'à partir de 20 ans, les nouveaux officiers
seront répartis dans les différents services auxquels
ils se destineront. Autant que possible, chaque offi-
cier aura l'autorisation de choisir sa catégorie; mais
aucun ne sera autorisé à entrer dans une catégorie
autie que celle qu'il aura désignée lors de son arri-
vée à l'école des cadets; la préférence sera donnée,
dans les nominations, à ceux qui se seront déclarés
prêts à servir dans l'une ou l'autre des trois caté-
gories.
Le mémorandum entre ensuite dans le détail des
mesures qui vont être adoptées; pour assurer aux
officiers des diverses catégories les mêmes avanta-
ges au point de vue de l'avancement et de la solde.
Il faudra à l'avenir environ sept ans, au lieu de
quatre ans et demi, pour faire un officier combat-
tant, et neuf ans pour terminer l'instruction des om-
ciers mécaniciens et des officiers d'artillerie et dïn-
fanterie de marine.
Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, les
©moiers d'artillerie et d'infanterie de marine contri-
bueront au service général à bord pour une part
assez large.
Belgique
L'anarchiste Rubino, l'auteur d'un attentat contre
le roi Léopold, aura décidément pour défenseur
M" Roger, assisté de Me Gheude. L'accusé a adressé
an long mémoire à ses avocats.
On nous écrit de Bruxelles, 24 décembre
Le Sénat vient de terminer ce soir une petite session
du bout de fan qui lui a pris trois séances et qui a suffi
à l'expédition rapide de trois budgets qui doivent de
rigueur être votés avant la fin de l'année, le budget des
voies et moyens, le budget des dotations et le contin-
gent de l'armée. Le tout sans compter les crédits pro-
visoires de rigueur et quelques menus projets d'ordre
national et international comme la classification des
communes et une modification à la convention moné-
taire de 1885 (l'union latine).
En bonne règle, le premier de ces budgets, qui ne
comporte pas moins d'un demi-milliard de dépenses,
mériterait quinze jours ou trois semaines d'examen et
de discussion. Mais aujourd'hui tout est changé. Le
gouvernement présente tous les ans à la dernière heure
ces projets importants que nos sénateurs n'ont pas le
temps moral de vérifier ni de discuter. Pendant plu-
sieurs années ils s'en sont plaints amèrement. C'était
surtout M. Houzeau de Lehaie qui portait la parole
dans ce sens, faisant remarquer non sans raison que
ce système menait droit à l'annihilation du régime
parlementaire et à l'instauration du gouvernement ab-
solu.
Il disait toujours la même chose, parce que c'était
toujours la même chose Mais on se lasse à la fin, et
cette année, il n'a même plus dit un mot. On a parlé
de tout autre sujet que des dépenses demandées, des
règles de comptabilité, de budget unique, de boni ap-
parent et de déficit réel; mais on a voté sans broncher
les cinquante millions demandés. C'est le principal.
Le budget des dotations amène tous les ans quelques
protestations de radicaux-socialistes contre la dotation
du comte de Flandre qui, selon eux, ne gagne pas la
«îenne et n'en a nul besoin.
Enfin le contingent a passé, non sans amertume pour
ce bon M. Cousebant d'AIkamade, ministre de la guerre,
coupable aux yeux de la droite de ne pas se prêter as-
sez à l'acceptation des volontaires que lui présentent
les, comités 'de racolage clérical intéressés à faire
croire que la réforme militaire votée l'an passé a pro-
duit tous les résultats rWciivic r'act la /t^i.. ~«:
.¡ou A.u ,VJ.LI,¡J.U.ll0 lJ.W
s'est produit. Les chiffres d'enrôlement sont piteux- la
droite n'est pas contente; elle le dit tout haut par l'or-
gane de M. Hubert qui voudrait voir entrer l'élément
Bivil dans les conseils de revision.
Le banc d'Anvers, le plus intransigeant sur la ques-
tion militaire, déclare qu'il votera le contingent «en-
core cette année » à titre d'essai. Quant au parti libé-
?al, son chef, M. Dupont, refuse de voter, en protesta-
tion contre la loi de réforme qui constitue la banque-
route de la défense nationale. Entre tous ces mécon-
tents M. Cousebant a perdu toute allure martiale. Le
contingent n'en est pas moins voté pour cette année.
Russie
Le tsar et la tsarine, accompagnés de leurs en-
fants se sont installés, hier, à Tsarskoïé-Selo.
M. de Montebello, qui est en ce moment à Saint-
Pétersbourg où il va présenter ses lettres de rappel,
recevra, à cette occasion, le grand-cordon de l'ordre
de Saint- André,
». M. Timiriazof, le nouvel adjoint du ministre
des finances, est arrivé à Saint-Pétersbourg pour
prendre possession de son poste.
Le bureau de la statistique à Saint-Pétersbourg
Le bureau de la statistique amt-Pétersbourg
estime à deux millions l'accroissement annuel de la
population de la Russie, et à peine à une dizaine de
mille le nombre des Russes qui émigrent dans le
courant d'une année. On a donc calculé que, dans
Ses conditions identiques à celles où l'empire russe
se trouve aujourd'hui, la population de la Russie
augmentera de près de cinquante millions dans une
période de vingt ans environ et aura doublé dans
quarante ou cinquante ans.
A Très prochainement aura lieu une nouvelle con-
férence où sera rédigé définitivement le projet rela-
tif -â la réorganisation de l'administration munici-
pale de la ville de Saint-Pétersbourg. A cette confé-
rence prendront part les représentants supérieurs
des différentes administrations intéressées Le pro-
jet sera ensuite soumis à l'examen du Conseil de
i empire.
Bulgarie
On nous écrit de Sofia
La femme de l'agent diplomatique russe à Sofia,
Mme Bachmetief, en sa qualité de présidente du co-
mité russe de bienfaisance, s'est rendue récemment
dans le district frontière du Rilo, accompagnée de fonc-
tionnaires bulgares et de sœurs russes de la Croix-
Rouge pour apporter des secours aux Macédoniens
qui sont venus se réfugier dans cette partie de la
Bulgarie. Suivant Mme Bachmetief, qui est Améri-
caine, et n'a pas craint de s'engager par un hiver aussi
rigoureux dans cette partie montagneuse des Balkans
les réfugiés, au nombre de 2,000 environ, en grande
majorité femmes et enfants, seraient dans une misère
indescriptible. A peine vêtus, sans pain, sans moyens
d existence. La plupart attribuent leur fuite à l'incendie
de leurs maisons par les soldats turcs.
Le fait que parmi eux ne se trouvent que peu d'hom-
mes en état de porter les armes permet de conclure
que les hommes en général ont participé à la récente
insurrection ou se préparent à rentrer en campagne au
printemps.
Cac ~ft1r~!Af enni 'W'u,1:1. -i.. u-
iue»v,v, ouu» Jiaimeuemeui un grand embarras
pour la Bulgarie; cependant, comme l'a déclaré le mi-
nistre Danef au Sobranié, on ne saurait avoir la bar-
^f™ £ep0U,SSer' On espère que les dons russes
de 16,000 roubles, la souscription nationale de 4,000 fr.,
le crédit de 55,000 francs voté par le Sobranié suffiront
a pourvoir à l'existence de ces malheureux pendant
1 hiver, en attendant qu'on puisse songer à les rapa-
trier au printemps.
gypte
Le Congrès médical a clos hier ses séances, après
enl^PnF^v^S0"^8 international aurâitlieu
en K)07 en Egypte. Le Congrès a exprimé le vœu
qu'une conférence analogue se réunît à Venise pro-
chainement. y
Le Congrès a demandé une surveillance hygiéni-
que efficace sur les côtes orientales de l'Egypte et
la réglementation des pèlerinages du Maroc Les
quuKftïoU6 dÔdarent enChantéS dG
qu1ils ont trouvé.
•iAeSffranÇ7ais Snt £té particulièrement fêtés, et
ils ont tenu CS discussions une place prépon-
dérante.
Somaliland
Les opérations contre le Mullah vont reprendre
incessamment. Un communiqué du Foreigf Office
publié hier à Londres, dit que lItalie ayant accordé
aes.faciutés pour le débarquement des troupes an-
glaises sur le littoral du Somaliland italien, Ts me-
sures sont prises pour envoyer de Berbera à Obbia,
tannî *re™ont samedi prochain, 700 soldats bri-
tanniques.
Obbia est une localité sur la côte du Somaliland
italien au nord du ras Eswet. Les troupes qui for-
meront la colonne partant d'Obbia seront accompa-
fenteraPritaieie?aP C°mte Lavatelli,
-.entera l'Italie.
JY.I:.A.:a I N E
LE CONSEIL DES DIRECTEURS do MINISTÈRE DE LA
MARINE. Le conseil des directeurs s'est réuni à
nouveau hier soir, à cinq heures. Il était présidé
&et'té M> ChaDSare1' malade'^ s'fsfpï
présenté.
Nous croyons savoir que le conseil a émis un
aiUé^K88-1? ^position de révocation for-
5ÏKÏÏ6eïïïSiï'. honoraJ)ilité dufonctionnaire
n'étant pas en cause.
h*7aH ministJe de la marine vient de donner l'or-
dre de faire ordonnancer le reliquat des fonds se-
CTets accordés à son département. Les crédits attrî-
?a?néeU19&2f Ton^n H SoeT?is s'élèvent pour
i année ryo^a 100,000 fr., jusqu'à ce jour il aéto
dépensé 44,000 fr.; l'ordre d'ordonnancement porte
nonc sur 56,000 fr.
LISTE D'ADMISSION A L'EcOLE SUP¿RIEUI'IE DE MA-
JUNE. Les lieutenants de vaisseau dont les noms
ibuivent sont désignés pour suivre les cours de l'E-
cole supérieure de marine pour 1903:
Ducoroy, Lanxade, Delgiiey dé Ilalavas, Linkenheld,
~evy-B1Dg.JacqUeU1ont, Reveille, Tiercelin, Hurbin,
Voisin, Prère, Roque, Ourdan, Thomine, Nogues, Fonl
taine et Colin.
♦
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales du 4 janvier
AISNE. M. André Castelin ancien député natio-
naliste non réélu aux élections législatives dernières,
pose sa candidature indépendante, à l'un des quatre
sièges sénatoriaux du département.
Ardennes. M. Gailly, sénateur républicain sor-
tant, adresse aux électeurs une lettre par laquelle il
déclare qu'il ne sollicite pas le renouvellement de
son mandat.
NOUVELLES DU JOUR
M. d'Estournelles de Constant, député de la Sar-
the, vient d'adresser à M. Delcassé, ministre des
affaires étrangères, la lettre suivante
Monsieur le ministre,
J'ai l'intention de vous interpeller sur la non-obser-
vation de l'article 27 de la Convention de la Haye. Cet
article a été longuement discuté par la conférence les
gouvernements n'ont autorisé qu'après plusieurs se-
maines leurs représentants à l'adopter et, depuis lors,
il a été solennellement ratifié par chacun d eux. Il a
consacré, dans le droit international, une innovation
capitale en imposant, pour la première fois, un devoir
auxEtats, qui n'avaient connu, jusqu'alors, que des
droits.
Cet article 27 porte que les puissances considèrent
comme un devoir dans le cas où un conflit aigu me-
nacerait d'éclater entre deux ou plusieurs d'entre elles
de rappeler à celles-ci que la Cour permanente d'ar-
bitrage leur est ouverte.
Or, un conflit aigu est, non pas menaçant, mais dé-
claré, entre le Venezuela et plusieurs puissances signa-
taires de la Convention de la Haye, et l'obligation for-
melle que nous avons souscrite avec vingt-cinq autres
Etats est, non seulement méconnue, mais nous consta-
tons la mise à l'index systématique de la Cour d'arbi-
trage par les gouvernements européens. Une explica-
tion s impose donc aujourd'hui devant l'évidence des
faits. L'état de guerre a été reconnu officiellement.
L'indépendance du Venezuela n'est pas contestée. On
ne saurait sérieusement objecter que cet Etat n'a pas
pris part à la conférence, puisque c'est lui précisé-
ment qui demande l'arbitrage, et puisque c'est aux au-
tres qu'il y a lieu de rappeler l'engagement-qu'ils ont
signé et ratifié.
On ne saurait non plus répondre que, à la différence
des particuliers, les Etats sont libres de ne pas tenir
leurs engagements, et que le devoir ou les obligations
morales n existent qu'à la charge des individus et des
faibles, puisque c'est le principe contraire que le Con-
grès de la Haye a tenu à faire triompher.
En tous cas, il me semble essentiel d'édifier l'opinion,
ou plutôt la conscience publique, sur un point aussi
grave, et je vois beaucoup plus d'avantages que d'in-
convénients à provoquer sur ce sujet un débat dont per-
sonne ne saurait se désintéresser dans un pays libre.
Veuilez agréer, etc.
D'ESTOURNELLES DE CONSTANT.
M. Combes, président du conseil, sénateur sortant
de la Charente-Inférieure, s'est rendu hier à Ma-
rennes. Il a reçu, à l'hôtel de ville, les députés,
conseillers généraux et d'arrondissement, ainsi que
les délégués sénatoriaux.
Aujourd'hui jeudi, M. Combes s'est rendu à Ro-
cheforteta eu une conférence, à' l'hôtel de ville,
avec les députés, les conseillers- généraux et con-
seillers d'arrondissement et les délégués sénato-
riaux. ° a
Par décret sont nommés trésoriers-généraux
Du Finistère, M, Paitel, trésorier général à Vannes,
en remplacement de M. Berger, qui a reçu une autre
destination.
Du Morbihan, M. Pesson, trésorier-payeur à Niort.
T..n T.ox. se
j^ra ucuA-oencs, M. uougom, ancien préfet de Lot
et-Garonne.
De la Loire, M. Rolland, trésorier général à Laon,
en remplacement de M. Prieur, admis sur sa demande,
à la retraite.
De l'Aisne, M. Martinier, trésorier général à Cham-
béry.
Du Gers, M. de la Roche Dumas, receveur particu-
lier des finances à Mantes, en remplacement de M
Delpech, ancien préfet, non acceptant.
Sont nommés receveurs particuliers des finances:
De Rochefort, M. Labracherie, receveur des finances
à Draguignan, en remplacement de M. Laporte, admis,
sur sa demande, à la retraite.
De Draguignan, M. Rey, receveur particulier des fi-
nances à Barbezieux.
De Barbezieux, M. Brothier, receveur particulier des
finances à Lombez.
De Lombez, M. Antoine, ancien militaire retraité,
fondé de pouvoirs de trésorerie générale.
De Gaillac, M. Prades, receveur particulier des finan-
ces Lavaur.
De Lavaur, M. Chevresson, percepteur à Rabàstens
(Tarn).
M. du Hamel de Canchy, conseiller référendaire
à
M. de Saint-Quentin, auditeur de 1™ classe, est
nommé conseiller référendaire de 2e classe.
M. de Valroger, auditeur de 2« classe, est nommé
auditeur de 1re classe.
M. Daniel, licencié en droit, est nommé auditeur
de 2e classe à la Cour des comptes.
M.Escudier, président du Conseil municipal, re-
tenu depuis samedi par une assez grave ingisposi_
tion loin de l'Hôtel de Ville, va beaucoup mieux. Il
présidera demain la séance du Conseil municipal,
qui s ouvrira, à neuf heures, par la discussion du
rapport Chérioux sur l'emprunt hospitalier, et sera
reprise à deux heures pour la discussion du rapport
Deville sur le budget.
M. Quirno Costa, vice-président de la République
argentine, est arrivé hier soir à Paris.
On lit dans la Semaine religieuse de Paris
L'épidémie de grippe qui sévit en ce moment n'a
pas épargné notre vénéré cardinal. H vient de prendre
le lit au moment où il se faisait une joie d'aller prési-
der à Montmartre les fêtes du centenaire du cardinal
Li 1111} SI* t.
Par mesure de précaution, les réceptions du jour de
l'an seront remises à une date ultérieure.
D'autre part, la Semaine religieuse publie une
lettre pastorale par laquelle le cardinal Richard or-
donne la célébration du centenaire du cardinal Gui-
bert, son prédécesseur à l'archevôché de Paris.
Cette cérémonie aura lieu demain 26 décembre à
1 église du Sacré-Cœur de Montmartre.
M. le docteur Paul Tissier est nommé médecin
du ministère de l'intérieur.
FAITS DIVERS
LA. TE:M:p:È:B..A.TTjr:R.B
Bureau central raétéoroiogiaue
Jeudi 25 décembre. De violentes bourrasques
passent dans le nord de l'Europe; le baromètre est
descendu depuis hier de 25 mm. à Haparanda, de
15 mm. à Memel, de 14 mm. à Stornoway, et de 5 mm.
a Dunkerque.
L'aire des fortes pressions est attaquée par le nord
et l'est; elle subsiste encore en France où le baromè-
tre marquait 775 mm. dans la plupart des stations.
Une tempête d'ouest sévit sur la Scandinavie et
l'Ecosse; sur la Méditerranée, de très mauvais temps
avec neige règnent vers l'Archipel grec.
En France, le vent est modéré sur le pas de Calais,
faible et variable sur les côtes de l'Océan et de la Pro-
vence la mer est belle partout.
Des neiges et des pluies sont tombées dans le nord
du continent ainsi que dans l'ouest des Iles-Britanni-
ques.
En France on a recueilli seulement 2 mm. d'eau au
mont Ventoux.
La température se relève sur la moitié nord de l'Eu-
rope.
Ce matin, le thermomètre marquait: -9° àBuda"
pest, -3° à Paris, +11° à Alger ·
ioSSFÏEWtaM1**1 Dôme--7°™ ™*tve*
toux et au pic du Midi.
En France, le vent tourne vers l'ouest, le temps va
devenir moins froid et le ciel se couvrir dans le nord.
A Paris, hier, beau. _«*«».
3~1~'no'r~l~ -008, a, été inférieure de
Booill^Sle^r611116' -°°8' a été inIérieure de
Depuis hier, midi, température maximum, + 4»7
minimum, -3°3..
Baromètre à sept heures du matin 774 mm. 7; en
baisse à midi. •
Situation particulière aux ports
La mer est belle partout.
FÊTES DE NOEt.. La clémence de la température
a favorisé les réveillonneurs. Les boulevards ont
présenté, toute la soirée, et fort avant dans la nuit,
une extraordinaire animation. Grand succès pour
les camelots et les petits marchands des baraques •
les jouets s'enlevaient comme par enchantement'
Dans les grands magasins ruisselants de lumière, il
y a eu également affluence de clients. Dans les res-
taurants la fête a duré toute la nuit avec entrain.
La messe de minuit avait attiré dans les églises
une foule énorme. L'attrait de la belle musique n'é- i
tait naturellement pas étranger à cet empressement ]
les fidèles. i
A Saint-Eustache, on a exécuté la messe de Noël
le frère A. des Anges; à Sainte-Clotilde, des Noëls
1 Adam, de Samuel Rousseau, de Th. Dubois, de
saint-Saèns; à Saint-Sulpice, des fragments de l'o-
;atono de Noël de Saint-Sâëns, Bergers et mages de I
samuel Rousseau, ÏO Salutaris de Bellenot à Saint- S
iermain-des.-Prés, la messe pastorale de Samuel 9
Rousseau; à Saint-Séverin, des Noëls,dAdam, An- t
1res, Lemaître, Gounod. etc. d
A la grand'messe, ce matin, on a exécuté à la Ma- d
teleine la messe en si bémol de Schubert; à Saint-
ionore-d Eylau, la messe des Rois Mages de Pillot: t;
Sainte-Clotilde, Bergers et Mages de Samuel Rous. c
eau; à Notre-Dame, la messe de Widor; à Saint- d
lugustm, messe en fa de Mozart; à Saint-Vincent-
ie-Paul, la.messe du Sacre de Cherubini. etc.
CHAUFFEURS EN PRISON. Le président du Tourïng-
Club, M. Baillif, avait appelé 'attention de M. Com-
bes, président du conseil, sur le régime infligé aux
chauffeurs d'automobiles condamnés à la prison à
la suite des accidents causés par eux.
M. Baillif vient de recevoir à ce sujet la lettre
suivanta que lui a fait adresser le ministre de l'in-
térieur
Monsieur le président, Paris, 23 décembre.
Vous avez appelé mon attention sur le régime appli-
qué aux contrevenants détenus à la prison de la Santé.
A la suite d'une première pétition émanée des prési-
dents de diverses chambres syndicales du département
de la Seine, j'ai demandé l'avis de M. le préfet de po-
lice au sujet des améliorations qui pourraient être ap-
portées au régime dont il s'agit.
En principe, les contrevenants sont soumis au ré-
gime des prévenus et des accusés. Ils ne sont en con-
séquence astreints ni au travail ni au port du costume
pénal et ont la faculté de se procurer des vivres sup-
plémentaires. Une feuille spéciale de cantine est même
établie à cinq heures, afin qu'ils puissent demanderdes
vivres pour le lendemain. Les contrevenants sont, en
outre, dispensés de la mensuration et sont placés dans
la division la plus propre et la mieux éclairée de
l'établissement.
En exécution d'un ordre de service, que j'ai invité le
directeur de la Santé à prendre, ils ne doivent être
fouillés que superficiellement, sans être contraints à se
déshabiller ils ne passent pas à la douche et conser-
vent les vêtements qu'ils ont sur eux, y compris cra-
vates, bretelles, ceintures, ainsi que les boutons de
chemise ou de manchettes, à moins qu'ils ne deman-
dent eux mêmes à effectuer le dépôt de ces derniers
objets.
Le personnel a été invité à user envers les contreve-
nants de toute la douceur compatible avec les nécessi-
tés essentielles du service. Enfin, la prison de la Santé
étant cellulaire, aucune promiscuité n'est à craindre
pour les condamnés appelés à y séjourner en qualité
de contrevenants.
Dès que j'aurai reçu l'avis de M. le préfet de police,
j examinerai s'il y a lieu d'apporter d'autres adoucis-
sements au régime des personnes détenues à la prison
de la Santé pour contraventions, notamment en ce qui
concerne les droits de pistole payés pour location d'ob-
jets mobiliers.
Recevez, monsieur le président, l'assurance de ma
considération très distinguée.
Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des cultes,
Par délégation,
le directeur de l'administration pénitentiaire,
GRIMANELLI.
SOCIÉTÉS DE MINES D'OR. Nous avons annoncé
qu'une instruction était ouverte pour infraction à la
loi sur les sociétés contre les administrateurs des
sociétés minières Klondike niew, du lac d'Atlin de
la Colombie britannique et de la Société franco-
canadienne. Trois administrateurs ont été arrêtés
ce sont MM. Oster, Fribourg et Aquasciati dit Pal-
marini. M. Oster était, en outre, le conseiller finan-
cier de la Société franco-canadienne.
Ces arrestations ont été opérées à la suite d'un
rapport adressé par l'expert, M. Détang, à M. Bou-
card, juge d'instruction, et dans lequel est exposé
le fonctionnement de ces sociétés minières. p é
L'INCENDIE DE LA RUE MONTMARTRE. Un incendie a
éclaté ce matin dans un établissement de parfume-
rie, 152, rue Montmartre. A cette adresse, M. Parain,
parfumeur, dont la boutique occupe le rez-de-chaus-
sée, a, dans le sous-sol, un magasin où est déposée
sa marchandise, principalement composée d'objets
en celluloïd, et d'alcool sous différentes formes.
̃ Ce. matin, à sept heures, avant que la boutique
fût ouverte, le commis, Jean Villette, âgé de seize
ans, descendit avec une bougie allumée dans le
sous-sol, pour y mettre de l'ordre. Il déposa mal-
adroitement son bougeoir sous un rideau qui, tout
d'un coup, s'enflamma.
Avec une rapidité extraordinaire, les flammes se
communiquèrent aux objets de celluloïd et firent
sauter les flacons d'alcool. Le feu gagna bientôt la
boutique, et la chaleur dégagée fut telle que la de-
vanture de fer sauta en éclats, laissant passer de
1_ .L1- .L
juugues iiamines ei une épaisse iumee.
Pendant que l'on appelait les pompiers de la ca-
serne de la rue Jean-Jacques-Rousseau, les locatai-
res sortirent de la maison, sauf une dame Blanche
Dufçn, âgée de vingt-huit ans, et sa fillette, qui
subissaient un commencement d'asphyxie. Le bri-
gadier Chanterelle, les agents Rinot et Caillaux,
qui parcouraient les étages pour faire évacuer, arri-
vèrent a temps pour sauver la jeuryj femme et son
enfant, qui furent conduites dans une pharmacie
voisine, où elles purent reprendre leurs sens après
une heure de soin.
A neuf heures, tout danger était écarté. Mais de
la boutique et du dépôt de M. Parrain, il ne restait
absolument rien.
USINE INONDÉE. On nous télégraphie de Lyon que
cette nuit, au sortir de la messe de Noël, un violent
incendie a complètement anéanti les ateliers de mé-
nuiserie et charpente et la scierie mécanique de MM.
Foùrnel et Turc, à Caluire. L'arrivée des pompiers
de Lyon a permis de préserver les maisons voisi-
nes qui étaient fortement menacées.
ASSASSINAT D'UN VIEILLARD. Un cultivateur aisé,
céViioatairerâgâ de soîïahfê-îiïïîl ans, M. Théophile
Chartier, demeurant à Avenoy (Yonne), a été trou-
vé hier assassiné chez lui, le crâne fracassé de cinq
coups do hache. La mort remontait à dimanche
soir. Le mobile du crime est inconnu.
ASSASSINAT D'UN GARDE. On mande de Gien que le
garde Mercier, de Villemurlin, a été assassiné vers
onze heures, dans la nuit de mardi à mercredi.
INFORMATIONS DIVERSES
La Société de statistique vent d'élire son bureau
pour'1903. Ont été nommés
Présidents, M. Schelle, chef de division au ministère
des travaux publics, en remplacement de M. Emile
Mercet;
Vice-président, M. Arthur Fontaine, directeur du
travail au ministère du commerce;
Membres du conseil, MM. Gaston Cadoux, Paul Dou-
mer, président de la commission du budget, et Payelle,
directeur général des contributions directes.
MM. Ed. Flechey et Matrat, conservent leurs fonc-
tions de secrétaire général et do trésorier.
L'Association des instituteurs pour l'éducation et
le patronage de la jeunesse donne sa fête de l'arbre de
Noël au gymnase Voltaire, dimanche, à deux heures.
Cette fête sera présidée par M. Chaumié, ministre de
l'instruction publique.
Pour fêter le cinquantenaire de la fondation de la
maison Larousse, MM. J. Hollier-Larousse, Emile Mo-
reau, Georges Moreau, Claude Auge, Paul Gillon, hé-
ritiers et continuateurs de l'œuvre de Pierre Larousse,
offraient hier soir un grand banquet aux écrivains, ar-
tistes, employés et ouvriers qui ont collaboré au Grand
dictionnaire, à la Revue universelle, au Nouveau Larousse
illustré et aux diverses publications de la librairie.
Trois cents personnes environ étaient ainsi réunies
au Palais d'Orsay. On remarquait, entre autres, MM.
Paul Hervieu. Paul Strauss, Tarde, Rosny, Lucien
Descaves, Gaston Deschamps, Edmond Perrier, Jean
Lahor, Ch. Diehl, Louis Léger, Roger Marx, Jules Bois, r
Raoul Allier, Funck-Brentano, Steeg, Mlle Diclc May,
le juge d'instruction André, Yves Guyot, Maurice Tour-
neùx, de Nolhac, Le Goffic, Lugné-Poë, Rocheblave,
etc. Plusieurs toasts ont été portés, par MM. Jules
Hollier, Alcide Bonneau, Molinier, prote de l'impri-
merie Larousse, AlbertCim. Une belle médaille du gra-
veur Alexandre Charpentier a été offerte à chacun des
convives. Et l'on a fort applaudi, après dîner, Mlle
Odette Dulac, MM. Coquelin Cadet, Dominique Bon-
naud, Chepfer, H. Depas, et une poésie de circonstance
de M. Pascal Forthuny.
-Le jury pour la décoration de la mairie de Van-
ves a décidé que, prendraient part au second degré du
concours MM. Darien, Enders et Pierre Vauthier.
Des mentions avec médailles d'argent sont attribuées
à MM. d'Argence, Maret et Pape.
Le jugement définiti! sera rendu dans la dernière se-
maine de mai 1903.
M. Léonce Benedite vient d'acquérir pour le
Luxembourg le Portrait de Mme Cornereau, à l'exposi-
tion des œuvres du peintre-graveur Marcellin Desbou-
tin. Cette exposition restera ouverte jusqu'au 31 dé-
cembre à l'Ecole des beaux-arts.
M. Gustave Dupont-Ferrier, agrégé d'histoire, ar-
chiviste paléographe, soutiendra les deux thèses sui-
vantes pour le doctorat devant la Faculté des lettres
de Paris, en Sorbonne, le 26 décembre, à midi.
Thèse latine Qux fuerint tam a regibusquama comilibus
in E~oHstMCK~ Afaanato n comitatu instituta (J 445-
̃15i5).
Thèse française Les officiers royaux des bailliages
et sénéchaussées et les institutions monarchiques en
France àla fin du moyen-âge.
Nous avons reçu, pour notre Caisse de charité, de
H. L., 30 francs et de V. P., 20 francs, ensemble 50
francs.
Ali profit de la famille Lazerges. Le peintre orien-
taliste Paul Lazerges, dont nous avons annoncé la
mort cet été, a laissé dans le dénuement sa famille. Un
comité, où l'on relève les noms de MM. Bouguereau,
Bonnat, Gérôme, Henner, Jules Breton, Maignan, J-
P. Laurens, Humbert, Cormon, etc., adresse à tous les
artistes français un chaleureux appel en faveur de
cette infortune, et sollicite d'eux l'envoi d'une de leurs
œuvres pour une vente qui aura lieu du ler au 15 mai.
On est prié d'adresser les envois chez M. Georges Pe-
tit, 12, rue Godot-de-Mauroi, ou chez M. Boy, rue
Bergère, 25.
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la statistique municipale a «ompté
pendant la 51» semaine 1,045 décès, au lieu de 1,018 pen-
iant la semaine précédente et au lieu de la moyenne
156:
La mortalité continue surtout à porter sur les affec-
ions de l'appareil respiratoire, qui ont causé 229
jécès, au lieu de 223 pendant la semaine précédente et
le la moyenne 193.
Les maladies contagieuses continuent à être rares
yphoïde, 6 décès; variole, 1 rougeole,l; scarlatine, 1
:oqueluche, 6. 6.
Par contre, la diphtérie a occasionné 17 décès au lieu
le 15 la semaine précédente et de la moyenne 6.
II y a eu 31 morts violentes, dont 14 suicides»
On a célébré à Paris 474 mariages. i
On a enregistré la naissance de 986 enfants vivants
I (531 garçons et 455 filles), dont 733 légitimes et 253 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 39 ont été reconnus séance
l tenante.
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec regret la mort de M. Buvi-
Enier, sénateur républicain de la Meuse, décédé
hier, en son domicile, à Verdun, des suites d'une
attaque de paralysie. Né dans cette ville, le 1« jan-
vier 1823, il avait donc près de quatre-vingts ans,–
M. Buvignier, avocat, professeur honoraire de l'Asso-
ciation polytechnique, avait été successivement
sous-préfet de Montmédy, en 1848, proscrit sous
l'Empire et déporté en 1852. Il rentra en France vers
1860 et s'occupa d'importants travaux historiques
sur la Lorraine et les trois évéchés de Toul, Metz et
Verdun. Après avoir été attaché au service des
archives de la ville de Paris, de 1877 à 1881, il fut
élu député en 1887, puis réélu en 1893 et siégea
quatorze ans à la Chambre. En 1894, le collège élec-
toral de la Meuse Je nomma sénateur et il fut réélu
en 1897 par 696 voix.
M. Charles Buvignier appartenait au Sénat aux
groupes de l'union républicaine et de la gauche dé-
mocratique.
M.etMmeJulesWeinstein,61,avenueVictor-Hugo,
ont eu la douleur de perdre leur mère et belle-mère,
Mme Salomon Weinstein, décédée à Cassel le 18 dé-
cembre, à l'âge de 70 ans, après. une courte maladie.
LIBRAIRIE
VIENT DE PARAITRE
FINANCES CONTEMPORAINES
par Alfred NEYMARCK
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Trente années financières 1872-1901. 1 vol. gd in-8°
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terminera, dans son n° du 27 décembre, l'enquête sur
la presse dont le retentissement ne peut que se pro-
pager dans les milieux intellectuels que préoccupe
la diffusion des idées françaises en Europe.
L'éditeur Ernest Flammarion met en vente pour
les étrennes le tome IV et avant-dernier de la Géo-
graphie monumentale de la France France du Sud-
Ouest. Abondamment illustré par la photographie
en noir et en couleurs, ce superbe ouvrage est un
de ceux que les jeunes gens et les jeunes filles au-
ront le plus de plaisir à ajouter à leur bibliothèque.
LE
JOURNAL DE JEUNESSE DE SARCEY
(1839-1858)
Seconde année d'Ecole normale. Effort de Sarcey
vers l'élégance. Les dangers du professorat.
Manuel du parfait homme du monde. Taine et
l'équitation. L'Ecole s'amuse. Les ruses d'Ed-
mond About. La première leçon de danse. Le
premier bal. Questions d'argent.
A la rentrée, nous constatons un changement
chez Sarcey. Il fait effort pour devenir homme
du monde. Est-ce l'extrême saleté dont il a
souffert durant son voyage en Bretagne qui a
opéré chez lui cette conversion? Est-ce l'amour (
de quelque petite cousine qui le rend coquet?
Est-ce simplement un effet de l'âge? Je crois (
plutôtque son changement d'humeur est dû à un
certain entretien qu'il eut avec M. Berger. Vous
savez que Sarcey se décidait toujours par raisons
philosophiques. M. Berger était un digne pro-
fesseur de littérature, un savant en us, bourré 1
de latin, excellent quand il se bornait aux ma-
tières de son cours, mais qui devenait fort ridi-
cule lorsqu'il s'abaissait aux menues frivolités (
de la vie. Et telle était sa marotte. Il prétendait 5
s'y connaître et enseignait à ses élèves la ma-
nière de se conduire dans les salons; mais il Ê
parlait de ces choses en homme qui les ignorait
totalement. L'extrême puérilité de son discours 1
blessait Sarcey et lui donnait à réfléchir. « Dé- c
» cidément, dit-il, un professeur, s'il ne veut c
» pas être un sot, doit, de temps à autre, quitter
» sa chaire. » c
Les professeurs du collège Charlemagne ont sur-
nommé M. Berger le « gros naïf ». Il est vrai qu'il
est malaisé d'être plus gros et plus naïf. Jamais
épithète ne fut mieux justifiée. Le pauvre M. Ber-
ger ne sort jamais, il vit tout seul au milieude ses
livres, et il a des prétentions à être bon observa-
teur et au courant des choses de la société. Nous-
mêmes qui n'en connaissons rien du tout, il nous
étonne parfois par son ignorance. Au collège, nous
ne nous apercevions guère de cette naïveté, mais à
l'Ecole, elle amène le sourire sur toutes les lèvres.
Si encore il avait le bon esprit de ne nous parler
que de Cicéron; il connaît pas mal la société ro-
maine, et si Pompée ou César l'eût invité à dîner,
je suis sûr qu'il s'y serait trouvé fort à son aise et
en pays de connaissance. Mais par malheur, il veut
nous prémunir de quelques maximes qui doivent
diriger notre conduite dans la vie, et c'est ici oue le
pauvre homme s'embrouille.
On ne porte pas impunément durant de longues
années ce'double fardeau d'une classe de cent élèves
et d'une conférence à l'Ecole normale. Un esprit a
beau se renouveler par l'étude, il s'appauvrit plus
encore qu'il ne reçoit. Vingt ans de professorat sont
la mort d'un homme. On vieillit vite dans l'Univer-
sité je ne parle pas du corps, presque tous nos
vieux professeurs sont frais, gaillards et droits,
j'entends la tête, l'esprit; tout cela fatigue et s'en
va. On se couche homme d'esprit et l'ont est tout
étonné de se réveiller ganache. Rien ne crétinise
comme l'enseignement. Il me semble que de cinq
ans en cinq ans on devrait accorder un congé de
dix-huit mois aux professeurs, ce serait le seul
moyen de les sauver de la décadence. Mais à les
pousser toujours et sans relâche, comme on le fait
maintenant, ils deviendront tous poussifs. Tout
n'est pas rosé dans le métier, et bien que j'en aie
la vocation, j'ai une peur terrible de m'y encroûter.
̃ Si je sentais que j'enfonce, je jetterais le métier à
la mer et le froc aux orties; je ne veux pas devenir
mâchoire.
Donc, Sarcey, sa résolution prise, va de l'a-
vant, avec la ténacité qui lui est propre et qu'il
montrera plus tard dans toutes les circonstances
de sa vie. Mme About l'y encourage. Elle lui
commande « du papier à son chiffre » quelle
prodigalité! et lui achète un lorgnon, pour
remplacer les lunettes, dont un parfait gentle-
man ne saurait se servir. Francisque en est
d'abord tout confus.
16 octobre 1849.
Je ne m'avise de regarder personne avec mon
lorgnon, je trouve cela impertinent; mais, dans la
rue, j'en ai besoin à chaque instant, et il est plus
commode d'avoir un petit lorgnon pendu à son cou
que des lunettes dans sa poche. Je te prie de croire
que ce n'est pas un de ces petits lorgnons qu'on
se fourre dans le coin de l'œil, et qui vous don-
nent l'air ou d'un sot ou d'un fat; c'est un lor-
gnon comme j'en ai eu autrefois, qui s'ouvre en
poussant un ressort.
Et comme il ne veut pas être en reste de po-
litesse, il demande à sa mère de broder un coli-
fichet quelconque pour Mlle Aimée, sœur d'Ed-
mond About. Puis, ce devoir rempli, il pour-
suit hardiment sa métamorphose. Taine et de
Suckau t'exhortent à se procurer des billets
a'ëquitàtibri;' il prend des leçons de danse à
un franc le càchet
J'ai pris avant-hier ma première leçon de danse,
et j'en prendrai une encore après-demain. Mon maî-
tre est un charmant garçon il a commencé par me
demander de quelle manière je voulais savoir la
danse.
Mais, mon Dieu, comme tout le monde, lui
ai-je répondu, afin de m'en pouvoir tirer dans un
salon.
Eh! bien, alors, il est inutile de vous appren-
dre des pas, ni des ronds de jambe. Nous allons
tout de suite nous mettre à la polka, puis nous
prendrons la valse.
Cet exorde m'a enchanté; je frémissais au souve-
nir des assemblées et autres menus divertisse-
ments dont M. Jousse m'avait autrefois assassiné.
S'il avait fallu repasser par cette filière, je ne sais
pas si jamais j'en aurais eu le courage. Voilà main-
tenant que la danse devient épidémique dans la
section: tous veulent l'apprendre. 0 moutons de
Panurge 1 Merlet même proposait hier de danser le
soir après souper dans la salle d'études. Mais on a
repoussé la motion à l'unanimité, à cause de la
poussière qui rendrait, l'étude suivante, la salle
inhabitable. J'ai dansé un quadrille chez mon maî-
;re je n'en démordrai pas, c'est la plus sotte et la
?lus ridicule invention que le monde ait imaginée
jour s'ennuyer de compagnie. Mme About est ravie
le me voir apprendre. Elle m'a promis que sa fille,
qu'elle m'a donnée pour une excellente valseuse et
polkeuse, me donnerait dès leçons.
Combien le cachet? ai-je dit.
Un bonbon que je vous offrirai, m'a-t-elle ré-
pondu.
Il est vrai que je n'arrive jamais sans qu'elle ait
un petit papier tout plein de bonbons qu'elle me
passe en cachette. Je ne manque jamais d'en aller
offrir à Mlle Olga, qui fait la moue.
Tu le gâtes, dit-elle à Mlle Aimée; tu le gâtes;
il était déjà insupportable, il faudra le mettre à la
perte.
Et de rire.
Mais, ce n'est pas tout d'apprendre à danser.
Il faut passer de la théorie à l'application. Et
l'invincible timidité de Sarcey le cloue au plan-
cher, le rend incapable d'offrir son bras à une
valseuse. Ses camarades lui tendent maligne-
ment des pièges. MaximeGaucher l'entraîne, un
soir, par trahison, chez sa mère, où quelques
jeunes filles et quelques jeunes gens sont as-
semblés.
J'allai résolument à la maîtresse de la maison, je
lui exposai mon cas, et la priai de ne point insister
pour que je dansasse; il y avait d'ailleurs un nom-
bre suffisant de cavaliers.
Je veux bien ne pas trop vous presser, me dit-
elle en souriant, mais à une condition, c'est que,
pour pénitence, vous apprendrez à danser.
Je tirai de ma poche un cachet que j'avais pris le
matin môme, et je le lui montrai.
C'est bien, mais alors, je vous réclame pour
une autre fois, et je ne vous fais pas grâce.
« Décidément, ajoute Sarcey, il faut savoir dan-
ser en ce monde.» Et sa lettre s'achève sur cette
pensée profonde et mélancolique.
Il est assez naturel que Sarcey se laisse en-
traîner par ces aspirations confuses vers l'élé-
gance. Autour de lui on ne rêve que plaisir. Le
charmant et délicat Arthur Bary est amoureux
et par conséquent attentif à plaire; Taine et de
Suckau s'attachent à devenir de fins écuyers
et ils conduisent de force au manège leur ami
Francisque. Quant à About, c'est de la frénésie,
de la rage. Pour échapper à la rude discipline
de l'Ecole, il a recours à des tours de Scapin.
.Il faut que je te conte cette histoire, elle est
plaisante.
Il s'agissait d'un bal, et d'un bal costumé, qui plus
est. Une dame avait proposé à About de lui prêter
le costume de son fils, un charmant costume d'étu-
diant du seizième siècle About mourait d'envie d'y
aller. Le bal se donnait chez des artistes; grande
réunion de jeunes gens, de jolies femmes; du punch,
de l'esprit on devait danser, valser, polker, intri-
guer. C'était à en perdre la tête About dansait rien
que d'y penser. Mais comment faire ? Le bal se don-
nait un mardi; et comment, en semaine, obtenir
une permission de découcher ? De dire que c'était
pour une soirée, pour un bal, il ne fallait pas y son-
ger c'eût été pour aller à l'Académie, qu'on eût re-
fusé net. -̃-̃
Parbleu 1 me dit About, tu -as été à la Saussaye
cette année? ̃
Oui. s
C'est un petit village neu connu?
Oui.
Sur le chemin de fer d'Orléans ?
Oui. Après ? `1
Eh bien voilà mon affaire. J'ai un oncle dans
ce pays-là, je le mets au lit dimanche, la maladie
empire le lundi, il veut me dire adieu avant de mou-
rir, je prends le chemin de fer mardi, j'arrive à son
chevet et je danse toute la nuit. Mardi soir je re-
viens, un crêpe à mon chapeau, et j'envoie des let-
tres de faire-part.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
La plaisanterie était un peu forte, mais Mme
About s'y prêta bien.
About mangeait sa soupe, on vient lui remettre
une lettre. A peine l'a-t-il ouverte, voilà un garçon
dont iaflerure est bouleversée il se sauve de table,
court chez M. Dubois, chez M. Vacherot, personne
il revient trouver les maîtres de service et leur tend
sa lettre avec désespoir. Il fallait partir sans per-
dre un moment, sous peine de ne plus embrasser le
bonhomme. M. Hébert comprend la gravité de la
circonstance, prodigue à About les plaintes et les
consolations, et prend sur lui de signer un laissez-
passer. Nous avons rassuré notre section alarmée
de la douleur d'About nous lui avons annoncé que
te «her-paxent ne mourrait pas de sa maladie. Qui-
not et moi nous avons décidé About a lui faire grâce
de la vie: nous n'irons à son enterrement que dans
trois ans; jusque-là c'est un oncle utile, et dont il
faut ménager la santé.
Ces plaisanteries ont un grave inconvénient:
c'est qu'elles peuvent se répéter, et inspirer des
doutes à l'administration et, même dans un besoin
très pressant, on n'obtiendrait plus d'autorisation.
Mais on ne trouve pas toujours des parents comme
Mme About.
Enfin l'heure sonne, l'heure redoutable où
Sarcey, éduqué et dégrossi, va faire ses débuts
dans le monde
3 juin 1850.
Je commence par une nouvelle qui t'étonnera, je
n'en suis pas encore bien revenu moi-même. Je vais
au balde jeudi en huit, oui au bal, et à un bal où, bon
gré, mal gré, je serai forcé de danser, sans connaître
personne que les maîtres de la maison. Ce n'a pas
été sans une grande répugnance que je me suis dé-
cidé, quelque désir que j'aie de quitter enfin mes
mœurs sauvages. Tu sais quelle insurmontable ti-
midité me retient toujours. Mais j'ai été vaincu par
l'insistance de tous mes camarades. Mon intention
était d'abord de ne pas aller à ce mariage, mais
quand j'en ai parlé à Jules, le priant d'arranger l'af-
faire avec son père, de m'excuser comme il pour-
rait
Parbleu non, me dit-il; je n'en ferai rien. Tu
viendras ou tu n'es qu'un imbécile. Si tu as peur,
je te recommanderai à nos demoiselles, ta gaucherie
disparaîtra après deux verres de punch.
Enfin, il m'en dit tant que je fus presque ébranlé.
Puis Bary, à l'Ecole, me prêcha, me patrocina si
bien et si longtemps que je me résolus à faire le
saut. Le sort en est jeté, mais rien que d'y penser,
j'en ai des transes et je sens des sueurs ,froides qui
me passent dans le dos. Je me lance les yeux fer-
més dans un précipice. A la grâce de Dieu 1
Ce n'est pas une petite affaire, que d'aller au
bal. Il faut d'abord se nipper et ne pas désho-
norer, par sa mauvaise tenue, le salon qui vous
reçoit. Or, Sarcey n'a rien, rien de rien. Il est
pauvre comme Job « Voudrais-tu m'envoyer,
» écrit-il à sa mère, un gilet blanc, la plus belle
» chemise que faire se pourra et m'ouvrir un
» crédit quelque part pour m'acheter des sou-
» liers vernis. »
Son dénuement est tel que quand il va se
promener le dimanche à Ville-d'Avray, « petit
village des environs de Paris », il est réduit à
emprunter les vêtements de ses camarades
« Papillon m'a prêté pour cette excursion tout
» un costume; j'avais un pantalon et une redin-
» gote il. lui, un chapeau gris à son père et un
» bâton qui a réveillé en moi mille souvenirs. »
Mais pour un bal, pour un grand bal, il con-
vient de s'équiper moins sommairement. Et
Sarcey, qui a beaucoup d'amour-propre, veut
y briller de toutes les façons. Non seulement il
charmera les danseuses par ses grâces exté-
rieures, mais il les éblouira par son esprit. Il se
creuse la cervelle pour y trouver un sujet de
conversation qui les puisse captiver. Or, ce su-
jet, il le tient. Il leur parlera de la Chartreuse
de Parme, de M. Stendahl il leur révèlera ce
roman qu'elles ignorent et qui lui inspire un
ardent enthousiasme.
Il est probable que tu ne connais ni la Chartreuse
de Parme, ni Stendhal; c'étaient pour moi aussi des
inconnus. M. Jacquinet m'avait dit, l'année der-
nière, que c'était un chef-d'œuvre ignoré; mais,
comme je n'y crois guère plus qu'aux grand hom-
mes incompris, je n'y avais pas prêté grande atten-
tion. Aujourd'hui, je suis de son avis; c'est un livre
admirable d'idées et de style, et avec cela un des
romans les plus intéressants que j'aie jamais
lus. Je me suis juré que tous mes camarades,
toutes mes connaissances, toutes les dames que
je rencontrerais à ce maudit bal liraient la Char-
treuse de Panne, on du moins en entendraient
parler. Il faut nécessairement qu'un aussi bel ou-
vrage arrive à la gloire. C'est aux gens qui lisent à
la donner; le troupeau, le slolidum vulgus la reçoit
et la répète comme un écho. About, Quinot, Bary,
Albert, Taine et tous ceux qui l'ont lu en ont été en-
thousiasmés comme moi. Nous l'avons répandu et
popularisé dans l'Ecole: il faut poursuivre cette
bonne œuvre au dehors. Je serais volontiers comme
Lafontaine qui demandait à tout venant « Avez-
irous lu Baruch? C'est un bien beau génie que
3aruch». Ce qui a empêché l'auteur dé la Chartreuse
l'être connu, c'est que, par une bizarrerie de carac-
;ère, il a signé tous ses livres d'un nom différent, en
3orte qu'à chaque roman, c'était comme une répu-
tation à refaire. Son dernier, son chef-d'œuvre, la
Chartreuse, a paru dans un mauvais moment, après
1830, et comme il n'était pas protégé par un nom
connu, personne n'en a entendu parler.
« Je serai lu en 1890 ou en 1900 », dit avec quelque
fatuité l'auteur dans sa préface.
Je crois qu'il a raison.
L'heure du bal, l'heure fatale a sonné. Sarcey
s'y est rendu, la mort dans l'âme. Il ne s'y est-
pas trop mal comporté. Mais que de péripéties! 1
Il les retrace dans une longue lettre qui rap-
pelle avec plus de finesse et de bonhomie, les
meilleures chroniques d'Henri Monnier.
15 juin 1850.
Je suis allé à ce bal, et j'en suis revenu; mais
tout ne s'y est pas précisément passé comme js
l'avais espéré. Je comptais obtenir la nuit tout entière,
c'était chose convenue avec Jules Papillon; il m'avait
offert la moitié de son lit, et je serais rentré le len-
demain matin à huit heures. Son père m'avait
donné une lettre pour M. Dubois, le directeur de
l'Ecole, et je ne pouvais croire que l'on me refusât <,
une chose si simple et qui s'accorde toujours. Mais
jeudi matin j'ai reçu la réponse de M. Dubois le
règlement, lui disait-il, lui interdisait ces permis-
sions. Aussitôt je montai chez lui, je lui rappelai
quelques exemples, dont l'un était encore tout ré-
cent à toutes mes questions, il me répondait
Je suis désolé que cela tombe sur vous vous
êtes le dernier à qui je voudrais refuser une de-
mande, mais je ne puis pas. La seule chose qui me
soit possible, c'est de prolonger votre sortie jusqu'à
minuit.
Mais, monsieur, vous savez bien qu'un bal, à
Paris, ne commence jamais avant dix heures, et
ce n'est guère la peine d'aller au bal pour y faire
une apparition, etc.
J'en suis fâché, me disait-il, mais je n'y puis
rien.
Alors, je me suis bravement décidé à lui conter
mon histoire, quelle était ma timidité, comment
c'était la première fois que j'allais dans le mon-
de, etc., etc. Il parut ébranlé, puis se ravisant tout
d'un coup
Non, non, me dit-il, cela n'est pas possible.
Et immédiatement il écrivit une lettre à M. Pa-
pillon il était désolé de ne pas accéder à ses prières,
mais le règlement s'y opposait, et il n'était là que
pour le faire exécuter. Tu vois sa lettre d'ici. Je
sortis désolé. J'eusse beaucoup mieux aimé qu'il
m'eût refusé même une permission de minuit; ce
refus m'eût dégagé vis à vis de M. Papillon. Mais
cette lettre me forçait d'aller à un bal dont je de-
vais avoir tous les désagréments sans aucun des
profits.
J'avais tout ce qu'il me fallait. M. Caffin m'avait
prêté une de ses chemises, qui semblaient faites
pour moi; Bary m'avait apporté une cravate blan-
che. Mon habit, remis à neuf par le tailleur, bril-
lait de tout son lustré j'avais commandé un gilëC
blanc et un pantalon noir qui me vont parfaitement;
enfin, une paire de souliers vernis et de gants com-
plétaient ma toilette de bal. Tout cela coûtait fort
cher (habit, 4 francs; pantalon, 35; gilet, 18; sou-
liers, 16 gants, 3 50; plus quelques menus frais,
coiffure de cheveux et barbe, voitures; il me reste
une vingtaine de francs sur les 100 que m'avait
donnés M. Caffin; là-dessus je prendrai mon inscrip-
tion de droit le mois prochain). Tout cela coûtait
fort cher et ne m'a pas porté grand profit. Il est vrai
que ce sont des affaires qui me restent. Mes sou-
liers vernis sont très bons. Pour ne pas être volé,
j'a prié Mme About de m'accompagner; c'est elle,
aussi, qui m'a acheté mes gants. Tous ces effets me
serviront l'année prochaine dans la ville où l'on
m'enverra, si le préfet donne des bals, et si je re-
trouve des occasions meilleures.
Je me suis fait couper la barbe, non pas précisé-
ment toute la barbe, mais les deux grosses touffes
qui me hérissaient le menton. J'ai gardé tous mes
favoris, la mouche et les moustaches. Là-dessus,
on m'a fait de grands compliments chez M. Papil-
lon tout le monde m'a trouvé beaucoup mieux; le
fait est que j'ai un air moins féroce. A l'école, ils
m'ont dit que j'avais l'air d'un garçon perruquier.
On a voté pour savoir si je devais conserver ainsi
ma barbe ou la laisser repousser tout entière. Il y
i eu 14 voix pour que je la laissasse repousser, et
i seulement pour l'avis contraire. Je crois bien
îue, par paresse, je suivrai l'avis du plus grand
îombre.
Je me suis habillé chez Caffin. C'est son portier
lui m'avait mis ma cravate. Aussi il fallait voir
luel nœud il m'avait fait: on eût dit qu'il était de
iioi. Comme il pleuvait un peu, j'ai pris une voi-
;ure et je suis arrivé chez Papillon à neuf henres.
\.vant d'entrer, je l'ai fait demander par le domes-
;ique, je lui ai conté mon- aventure; nous avons
passé dans sa chambre, il m'a donné une autre
:ravate et un faux-col, et il s'est reculé pourm'ad-
nirer. Il est vrai que j'étais comme tout le monde,
st j'avais tout à fait bon air.
Nous sommes rentrés dans le salon il n'y avait
sncore presque personne, les intimes seuls étaient
irrivés; on finissait de lire le contrat de mariage,
it ie l'ai sie-né comme les aiitraa. A rliv honroa Ion
salons ont commencé à se remplir, j'ai vu arriver
beaucoup de vieilles connaissances que j'avais per-
dues de vue. Nous nous sommes mis à causer, et
nous avons ri comme des bienheureux.
A dix heures et demie, Mlle Papillon a ouvert la
bal avec le fiancé. Mais il n'y avait encore qu'un
double quadrille, autour duquel hommes et femmes
faisaient cercle, par curiosité. On m'eût payé 25
louis que je n'eusse pas dansé à ce moment-là. Du
reste, Jules m'avait dit, au temps où je croyais
avoir la nuit, que je ferais mieux de ne m'y mettre
qu'à onze heures et demie, minuit, parce qu'alors,
tout le monde étant en train, on ne faisait plus at-
tention à personne. Après le quadrile, il y eut une
polka et une valse à deux temps, puis, je crois, une
mazurka, et onze heures sonnèrent. J'avais continué
à causer avec mes camarades, dont aucun ne dan-
sait encore. Ils attendaient, disaient-ils, que le bal
s'échauffât. Si tous les jeunes gens attendaient
ainsi, il me semble que le bal ne s'échaufferait
guère.
Au moment où j'allais partir, je vis arriver Bailly
et deux anciens Massin' dont je ne sais plus les
noms. Cela m'a étonné, jo no croyais qu'on vînt au
bal si tard, mais Jules m'a dit qu'il en arrivait jus-
qu'à minuit, et que, dans les grands bals, on venait
même à une heure, deux heures du matin. Si je
n'avais pas fait une de ces étourderies qui me sont
si ordinaires, j'aurais pu rester jusqu'à onze heures
et demie, et prendre une voiture. Mais, sans y
prendre garde, j'avais emporté la clef de M. Caffin,
et je craignais que, grâce à moi, il ne fût à la
porte. Je pris un cabriolet, je fis cette cour-
se, j'emportai tous mes effets que j'avais laissés
chez M. Caffin, et j'arrivai à minuit cinq à l'Ecole.
Et voilà mon bal. Je n'y ai eu qu'un plaisir, celui
d'avoir prouvé ma bonne volonté à M. Papillon. Je
n'ai même rien consommé. A peine les plateaux
commençaient-ils à circuler quand je suis parti; on
ne passait encore que des sorbets et des glaces, et
encore en très petite quantité. Je suis allé avec Jules
à l'office, où tout cela se préparait, j'y ai pris une
glace, et j'ai vu des apprêts qui m'ont causé un cer-
tain regret.
Mlle Papillon était jolie avec sa robe blanche je
l'aime mieux pourtant avec sa toilette ordinaire.
Plus un vêtement est simple, mieux il va à sa figure,
toute bonne et toute gracieuse. Je n'aime pas non.
plus toutes ces robes décolletées, il me semble que
les plus belles épaules y perdent; cela est moins
poétique. Il n'y a qu'une chose que j'aie trouvée très
jolie dans un bal ce sont les bouquets que portent
les femmes elles en doivent être horriblement em-
barrassées, mais c'est d'un effet charmant.
Je suis encore assez maussade et très chagrin.
Me voyant comme tout le monde, cela me donnait
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