Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1901-12-18
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 décembre 1901 18 décembre 1901
Description : 1901/12/18 (Numéro 14799). 1901/12/18 (Numéro 14799).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1
MERCREDI 18 DECEMBRE l^Jt^T
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QUARANTE ET UNIÈME ANNÉE. N° 14799.V
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MAHME ÉTRANGE
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MASSON- FORESTIER
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3e réclamer le PETIT TEMPS d'hier.
Paris, 17 décembre
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
LORD ROSEBERY A PARLÉ
©n se souvient encore des immenses affiches
qui ornèrent jadis les murailles de la bonne
ville de Paris pour annoncer aux lecteurs d'un
roman d'aventures, de crimes et de mystères,
que Feringhea allait parler, que Feringhea
avait parlé. Ce que l'esprit pratique d'un entre-
preneur de publicité et d'un fournisseur de ro-
manesque à la grosse avait mis en œuvre pour
piquer la curiosité générale, le flegme britanni-
que vient de le reproduire à l'occasion de la ren-
trée en scène d'un homme d'Etat célèbre.
Si lord Rosebery s'est donné pour tâche de
faire parler de lui, il y a réussi à merveille. Sa
personnalité un peu énigmatique a toujours eu
le don d'exciter l'intérêt. Dès l'université où il
entra,ayant déjà hérité de son grand-père par la
mort prématurée de son père, il fixa l'attention
du public.
Son mariage avec l'héritière d'une branche de
la maison de. Rothschild surprit parla mésal-
liance les Ecossais très fiers de la pureté de sang
de leur aristocratie, ne déplut pas à ce peuple
avisé par l'acquisition d'une fortune immense,
ajoutée à de beaux domaines héréditaires. Lord
Rosebery, tout en faisant courir -il devait plus
tard avoir cette chance de gagner deux fois le
Derby en étant premier ministre se mit dis-
crètement dans la politique.
Ce fut son malheur pour lui que l'ouverture
prématurée de l'héritage de son aïeul, en l'ap-
pelant tout jeune à la Chambre des lords, lui,
interdit l'apprentissage, tant apprécié, si avan-
tageux, de la Chambre des communes. Il n'en
figura pas moins parmi les jeunes hommes qui
entouraient M. Gladstone, qui formaient son
itat-major particulier et sur lesquels reposait
en partie l'espoir du libéralisme.
L'Ecosse, à cette époque, était l'épine dorsale
du parti progressiste et gladstonien. Après
avoir, tour à tour, représenté l'université d'Ox-
ford, le South-Lancashire Greenwich, M. Glad-
stone avait dû passer la frontière devant les
progrès du néo-torysme à la Disraeli, prédé-
cesseur de l'impérialisme à la Chamberlain, et
solliciter* les suffrages du Midlothian, c'est-à-
dire du cœur de la vieille Ecosse, des Basses-
Terres d'Edimbourg et de son comté.
Lord Rosebery était l'un des châtelains, l'un
des grands propriétaires fonciers de la région.
Il se fit l'hôte, l'adjudant, le cornac du grand
vieillard pendant cette campagne inoubliable
où, à force d'éloquence, de raison, de courage,
d'une activité surhumaine, Gladstone à lui tout
seul fit reculer la coalition des intérêts réaction-
naires et des passions chauvines et renversa
avec Disraëli un système de politique intérieure
et extérieure.
Aussi lord Rosebery fut-il appelé à recueillir
sa part des fruits de la victoire. A trente-deux
ans il devint sous-secrétaire d'Etat dans le se-
cond cabinet Gladstone. Depuis lors, sa carrière
fut rapide et éclatante. Quand, en 1886, le grand
schisme unionniste déchira, à l'occasion du
Home rule le parti libéral, lord Rosebery ne
suivit dans leur défection ni les membres de
l'aristocratie whig avec lord Hartington, aux-
quels sa naissance et son rang eussent pu l'as-
socier, ni les radicaux industriels et financiers
de M. Chamberlain dont ses richesses, quel-
ques-unes de ses opinions et de ses amitiés au-
raient pu le rapprocher. Il demeura fidèle, avec
lord Granville, lord Kimberley, lord Spencer,
à la vieille cause et au vieux leader.
Du fond de sa retraite, d'où il pousse quel-
ques pointes au dehors, lord Rosebery espérait
assister à l'humiliation de ses anciens amis, for-
cés enfin de venir lui demander à. ses condi-
tions aide et secours. Ce plan a 'semblé sur le
point de se réaliser. La guerre d'Afrique avait
poussé à leur comble les divergences de vues
qui minent l'unité du libéralisme. Entre M.
John Morley, adversaire résolu de la conquête,
et sir Edward Grey, partisan convaincu du mil-
nérisme, il n'y a pas d'accord possible.
Lord Rosebery, sorti un instant de son silence
au mois de juin, avait prononcé à la Cité un
discours empreint d'impérialisme. et plein de
sarcasmes contre ses anciens amis et leur chef.
Aussi quand on annonça qu'il parlerait à Ches-
terfield l'attente fut-elle portée à son maximum.
Pendant deux mois elle fut savamment nourrie.
Feringhea parlerait-il? dans quel sens parle-
rait-il ?
Naïvement les libéraux, qui venaient de voir
l'unité se refaire dans leurs rangs à l'exclu-
sion du petit groupe impérialiste par et sur
JFEIJJGLJLETOrV DU ©CtttpS
DU 18 DECEMBRE 1901 (23)
SŒUR MARCELA
ÉPISODE DE LA CAMPAGNE DU NAESTRAZGO
Mais, quand Urdaneta, qui l'avait suivi lente-
ment, arriva essoufflé au sommet escarpé de la
montagne, il trouva Nelet étendu sur le sol, li-
vide, les traits contractés, suant la terreur et
l'angoisse.
Je n'ose pas. je n'ose pas la voir. mur-
mura-t-il en serrant convulsivement Je.bras de
don Beltran. J'ai peur. Je ne veux pas qu'elle
voie mes yeux.
Don Beltran s'efforça de ranimer son courage;
mais, accablé dé fatigue et troublé par l'émotion
de Nelet, il fut obligé de s'asseoir sur un mon-
ceau de décombres; car le château de Horta,
ruiné par plusieurs sièges consécutifs, n'avait
pas un mur qui tînt debout. Il s'épongeait le
front, en promenant autour de lui un regard
assez triste, lorsque Nelet, poussant soudain une
exclamation étouffée, bondit sur ses pieds.
J'entends des pas I. C'est elle 1. Dites-lui
tout !cria-t-il d'une voix étranglée, et, s'é-
lariçant à l'aveugle dans le sentier qu'il venait
de gravir, il disparut au tournant du chemin.
Don Beltran, émotionné malgré lui, prêta
l'oreille et ne tarda pas en effet à percevoir un
bruit de pierres roulantes puis, montant dans
l'air pur du matin, l'écho de plusieurs voix, dont
une apparemment était une voix de femme.
Enfin if vit paraître le brun visage et les yeux
veloutés de Marcela qui semblait émerger du
sol au milieu des décombres et des fragments
de murs écroulés. Elle était suivie de ses deux
inséparables acolytes.
Un sourire éclaira sa physionomie en aperce-
vant don Beltran, qui lui-même sentit se dissi-
per à sa vue toutes ses funèbres pensées, dissi-
«Me voila, chère enfant! me voilà » s'écria-
t-il en se levant et en courant à sa rencontre.
Légère comme une biche, la Nonne errante
Reproduction interdite ̃ l
un programme de paix et de liberté, espéraient
on ne sait pourquoi, contre toute espérance,
voir lord Roscbery combattre l'impérialisme.
Feringhea a parlé! Mais nous n'avons encore
qu'un résumé télégraphique sous les yeux.
Pour apprécier son discours en détail il faut at-
tendre le texte authentique.
Il n'en ressort pas moins de ce que nous sa-
vons déjà que lord Rosebery a été fidèle à ses
habitudes d'esprit. Il a tout critiqué et n'a point
apporté de contribution positive. 11 a blâmé les
détails de la politique de la guerre et en a ap-
prouvé les principes et les procédés généraux.
Il regrette l'emploi du mot « bag » et il n'a pas
un mot à dire contre le sacrifice inutile de dix
mille enfants boers sur l'autel de la concen-
tration.
En fait, ce discours et un adieu au libéralisme
qu'il répudie sur la question du « Home rule »,
comme sur celle de la'guerre, et un essai de
fonder un tiers-parti impérialiste pour recueil-
lir la succession du cabinet et poursuivre son
œuvre.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 17 décembre, 9 h. 35.
Dans le tumulte d'hier, on a remarqué que fort
peu de députés de l'extrême gauche soutenaient M.
Ferri. Celui-ci, dans un entretien qu'il a eu hier soir
avec deux de ses collègues de l'extrême gauche, a
déclaré qu'il avait voulu faire allusion aux classes
dirigeantes du Midi et non aux populations travail-
leuses. Dans tout le Midi, on signale des manifesta-
tions hostiles à M. Ferri.
Ce matin doivent se réunir à Mcntecitorio les trois
groupes de l'extrême gauche pour aviser aux
moyens à adopter pour obtenir de M. Ferri qu'il
accepte la censure et pendant cinq jours ne se pré-
sente pas à la Chambre.
Constantinople, via Sofia, ,17 décembre,
10 h. 15.
Le premier drogman de la légation d'Amérique et
lo trésorier de la. Société des missionnaires partent
ce soir en mission spéciale avec pleins pouvoirs
pour traiter avec les brigands retenant miss Stone
et pour négocier sa-délivrance moyennant une ran-
çon de 14,000 livres. La rencontre aura lieu sur le
territoire turc.
Hier, l'ambassade d'Angleterre a remis à la Porte
une note protestant contre la décision du gouverne-
ment, qui refuse d'accorder de nouvelles autorisa-
tions pour rechercher des mines ou de renouveler
les anciens permis jusqu'à promulgation d*un nou-
veau règlement actuellement en élaboration. L'am-
bassade déclare que le nouveau règlement ne peut
pas avoir d'effet rétroactif. a
SaintPétersbourg, 17 décembre, 8 h. 25.
Le gouvernement russe vient de signer une con-
vention douanière avec la Perse concernant la libre
entrée réciproque des produits des deux pays.
Les droits prélevés sur les produits étrangers en
Perse seront conformes au tarif douanier russe.
Le prince de Montenegro est arrivé hier et a été
reçu immédiatement en audience par le tsar.
Vienne, 17 décembre, 8 h. 45.
Le président du conseil, M. de Kœrber a répondu,
hier, à la récente interpellation du député panger-
maniste Barnreuter, qui lui demandait des explica-
tions sur son discours sensationnel du 9 décembre,
sur les paroles qu'aurait prononcées l'empereur et
sur les bruits de coup d'Etat qui persistent à circuler.
A la première question « Le président du conseil
a-t-il prononcé son discours d'accord avec l'empe-
reur ? » M. de Kœrber a répondu d'une façon éva-
sive en déclarant contraire à la Constitution de mê-
ler la couronne aux débats parlementaires. Sur la
seconde question « Qu'y a-t-il de vrai dans les pa-
roles de l'empereur et dans les bruits de coup d'Etat
possible? » Le premier ministre s'est exprimé
ainsi: « J'ai esquissé à la Chambre dans mon der-
nier discours un tableau fidèle de la situation ac-
tuelle, et je lui en ai montré franchement et sans
réserve toute la gravité. C'était mon devoir, et j'en
prendrai jusqu'au bout la complète responsa-
bilité.
Les pangermanistes, peu satisfaits de ces décla-
rations vagues, ont l'intention de proposer aujour-
d'hui à la Chambre une discussion sur la réponse de
M. de Kœrber.
Belgrade, 17 décembre, 8 h. 20.
Le président du conseil, M. Vouitch, a répondu,
hier, au Sénat, à une interpellation sur les soi-di-
sant exilés à l'étranger.
Le premier ministre a déclaré que l'ancien prési-
dent du conseil M. Vladan Georgevitch et son col-
lègue Voukasine Petrovitch sont à l'étranger vo-
lontairement et pour des raisons qui les regardent
personnellement. Le gouvernement n'a pris aucune
mesure de bannissement, soit actuellement, soit
antérieurement, contre ces deux anciens ministres,
non plus que contre le colonel Constantinovitch.
« En ce qui concerne ce dernier, a ajouté M.
Vouitch, le roi m'a simplement déclaré que le colo-
nel lui ayant fait demander de rentrer en Serbie, il
avait fait répondre que rien ne s'opposait à son re-
tour mais que pourtant, en sa qualité de roi de
Serbie, il demandait au colonel, dans le cas-où il se
déciderait à revenir, de se conformer aux intérêts de
la maison royale, car ses paroles et sa conduite
comme parent du roi ont une importance bien plus
grande que les paroles de toute autre personne. »
Le sénateur Zoujevitch a dirigé, suivant son ha-
bitude, des critiques assez vives quoique voilées
franchit les pierres et les fûts de colonnes bri-
sées qui encombraient le sol et vint affectueuse-
ment baiser la main d'Urdanefa, qui, à son tour,
saisit et baisa les siennes. Et la pénitente, sans
perdre une seconde, promenant ses regards au-
tour d'elle: Et Nelet?. Où est-il donc?.
N'aie aucune crainte, mon enfant, répliqua
don Beltran, jugeant un léger mensonge néces-
saire. Nelet va bien. très bien. cependant, il
est encore faible, et je n'ai pas osé lui permettre
de se lever si matin. Mais je n'ai pas voulu
que tu puisses croire que nous avions oublié
le rendez-vous, et c'est pour cela que je suis
venu seul.
Pourquoi ne pas avoir envoyé la Malaena,
cher seigneur ? A votre âge, il faut éviter les
fatigues.
Il est vrai. Mais. vois-tu. continua don
Beltran, qui ne savait comment aborder son su-
jet, la Malaena est souffrante'aussi. Oui, elle dé-
vora hier soir. une telle quantité de saucisses.
La pauvre Enfin, asseyons-nous et causons,
veux-tu ?. en amis en vieux amis! car il y
a longtemps que je te connais et que je t'aime,
chère enfant. quand ce ne serait que pour l'af-
fection que m'inspirait ton pauvre père.
Surprise de l'agitation que trahissait malgré
lui le vieillard, Marcela leva sur lui ses grands
yeux avec une vague inquiétude. Don Beltran
toussa pour s'éclairer la voix puis, prenant
entre les siennes la main charmante de sa jeune
amie
Ma chère enfant, ma chère Marcela, il est
temps que tu prennes une décision. Le pauvre
Nelet est comme une âme en peine. Dis-moi,
as-tu bien pesé le pour et le contre?.
Un légerincarnat vint animer les joues brunes
de Marcela
Cher seigneur, répondit-elle en hésitant,
peut-être allez-vous me trouver bien légère.
bien,inconstante. Mais non, ce n'est pas de la
légèreté, mais je crois! J'ai bien réfléchi.
Enfin, sachez-le, je me rends aux raisons de mes
deux amis- la fidélité, et la patience de Nelet
m'ont vaincue. je ferai ce que vous voudrez.
Chère enfant, tu me combles de joie
Et je crois que la volonté de Dieu n'est pas
étrangère au changement qui s'est produit dans
mon cœur. Je considère comme divine la voix
qui m'engage à aimer Nelet, à changer de voca-
tion et de vie. Je tiens le mariage pour une in-
stitution sainte et je me propose d'observer rê-
îgieusement ses lois sacrées.
contre le palais, et il a regretté l'attitude prise à
l'égard du colonel Constantinovitch.
Après des observations présentées par MM. Mija-
tovitch et Pavlovitch le Sénat a déclaré, à l'unani-
mité moins deux voix, prendre connaissance des dé-
clarations de M. Vouitch avec satisfaction.
Madrid, 17 décembre, 10 h. 25.
La commission de la Chambre a ajouté aux dix-
neuf classes de marchandises assujetties au paye-
ment des droits de douane en or les voitures de
tramways, les tissus de soie pour meubles, les vins
mousseux, les liqueurs et les bâtiments à vapeur et
à voiles. Elle espère décider. M. Urzaïz de laisser
subsister l'échelle de compensations par parité
arithmétique entre la prime et l'escompte.
La séance d'inauguration de l'assemblée des amis
de l'enseignement, dans la salle de l'Athénée scien-
tifique et littéraire, présidée par le ministre de l'in-
struction publique, a été brillante. Les orateurs,
pour la plupart des professeurs de l'université, ont
reproché durement au gouvernement et aux classes
dirigeantes de marchander les crédits pour l'ensei-
gnement à tout degré, alors qu'ils sont si empres-
sés à augmenter, tous les ans, les budgets de la
guerre, de.la marine et des cultes.
Lyon, 17 décembre.
M. Pichon s'est rendu ce matin à l'Ecole de la
Martinière, accompagnée du préfet et de plusieurs
membres de la chambre de commerce. Il a visité,
avec intérêt, notre importante Ecole, conduit par M.
Lang, directeur.
A midi, la colonie tunisienne a offert un déjeuner
à M. Pichon, qui s'est entretenu avec les proprié-
taires fonciers de Tunisie désintérêts lyonnais dans
la régence, M. Pichon a ensuite visité les riches col-
lections du musée des tissus à la chambre de com-
merce, puis il est rentré à son hôtel.
Le ministre part ce soir, à cinq heures, pour Mar-
seillé.
Echouement d'un transatlantique
Marseille, 17 décembre.
Le Kléber, de la Compagnie transatlantique, s'est
échoué la nuit dernière à environ 800 mètres à l'est
de l'embouchure du Rhône.
Le navire, venant de Cette, allait à Saint-Louis-
du-Rhône et, trompé par la brume intense, il a
franchi les barrages en croyant entrer dans le ca-
nal.
La mer est très grosse et ne permet pas aux re-
morqueurs de sauvetage de s'approcher à plus de
600 mètres du navire échoué sans risquer de se per-
dre eux-mêmes sur les brisants. Le Magellan, de la
Compagnie générale de navigation, envoyé de Saint-
Louis-du-Rhône, le Provençal, venu de Marseille,
ont dû ainsi renoncer à toute tentative. Le Salinier',
ayant à bord le capitaine d'armement et l'ingénieur
de la Compagnie transatlantique, vient de partir
pour les lieux du sinistre; mais une communication
téléphonique que je viens de recevoir de Saint-
Louis m'indique qu'il s'apprête à virer de bord, com-
me les précédents sauveteurs.
Toutefois, les secours peuvent arriver par. le
Rhône, sinon pour le navire, du moins pour le per-
sonnel du bord, qui ne court donc pas de danger sé-
rieux. Le canot de la douane de Saint-Louis a pu en
effet s'approcher du Eléber, qui n'est guère à plus
de 300 mètres du côté de la terre. Le renflouement
du Klêber sera cependant difficile et les marins de
Saint-Louis, qui sont sur les lieux, redoutent qu'il
ne devienne impossible si la mer ne se calme pas.
«a» »
LE BUDGET DES CULTES
Le débat se poursuivait, hier, sur le budget
des cultes. C'est un débat académique. Tout le
monde sait que le budget des cultes sera voté.
On échange des discours sans résultat, comme
les balles des duels parlementaires. Pendant ce
temps on ne fait pas de mal. Il est vrai qu'on ne
fait pas de bien. Pourrait-on en faire C'est une
question. En tout cas, on pourrait voter plus
tôt. Mais, visiblement, le budget n'intéresse
personne. Ce n'est pas à dire que le spectacle
de cette discussion sur le budget des cultes ne
soit pas intéressant en soi. Mais la Chambre
des députés est-elle vouée à ces jeux. Avons-
nous, avec le Palais-Bourbon, un théâtre sub-
ventionné de plus que ceux inscrits au budget
des beaux-arts ? Et quel spectacle nous est of-
fert au bout du pont de la Concorde? Un spec-
tacle en plusieurs journées, comme si l'archi-
tecture du lieu nous ramenait de force aux
jours abolis de l'Orestie! Une Tétralogie, comme
si le wagnérisme, partout vainqueur, envahis-
sait le Parlement! t
C'est extraordinaire tous les développements
que l'on a tirés du vieux thème « Le clérica-
lisme, voilà l'ennemi » » Après la loi des asso-
ciations, nous eûmes l'emprunt de Chine. Après
l'emprunt de Chine, voici le budget des cultes.
Après le budget des cultes, nous aurons des
variations sur le même motif dans le débat sur
le budget des affaires étrangères. En écoutant
tous ces discours; si beaux mais si longs, on se
prend d'envie de crier grâce et d'interrompre
les orateurs et de leur dire « Le cléricalisme
est l'ennemi, c'est entendu Mais démontrez-
nous, d'abord, que le catholicisme est forcément
le cléricalisme. Démontrez-nous que, pour se
défendre contre le cléricalisme, il faut, de
toute nécessité, détruire le catholicisme, offenser
les catholiques et les persécuter. Démontrez-
nous que le budget dcô cultes est un trésor de
guerre pour le cléricalisme. Prouvez-nous seu-
lement qu'il est un trésor. Enseignez-nous com-
ment un curé desservant, quand il a touché ses
900 francs par an, peut, sur cette sommeénorme,
économiser assez comme le lieutenant de la
Dame blanche pour faire de la propagande
cléricale, acquérir les vieux châteaux et recon-
-La sagesse parle par ta bouche, chère en-
fant As-tu consulté ton confesseur?
Oui, et il m'a assuré que, si je consacrais
une partie des richesses de mon père à une fon-
dation religieuse, je pourrais sans péché adop-
ter la vie séculière. Il ne doute pas que je
puisse obtenir les dispenses nécessaires àRome,
eu égard à l'état bouleversé de notre malheureux
pays.
Et ton frère Francisque, l'avais- tu consul-
té ?. Mais avant tout, chère enfant, laisse-moi
te dire la douleur que m'a causée lanouvelle de sa
mort L'as-tu consulté, le pauvre garçon ?.
Oui, cher seigneur. Et mon pauvre Fran-
cisque Dieu ait son âme! qui avait le juge-
ment clair et sain et savait voir le pour et le
contre d'une question, me conseilla après mûre
délibération d'adopter ce nouveau genre de vie,
ajoutant qu'il se trouvait dans le même cas que
moi, car ayant rencontré dans ses pérégrinations
une jeune fille belle et sage, appartenant à une
famille noble, il s'était épris d'elle et avait su
gagner son affection il jugeait que c'était là un
1 avis de Dieu qu'il n'était pas fait pour le cloître,
et me dit que sans doute la. sympathie. crois-
sante. que je ressentais pour Nelet était un avis
semblable. Il me conseilla donc d'embrasser la
règle sévère et pénitentielle du mariage, en
compagnie de Santapau, tandis qu'il en ferait
autant avec la charmante jeune fille qu'il ai-
mait. A son avis nous devions consacrer le
tiers de notre fortune à une fondation pieuse, et
les deux autres tiers à constituer deux familles
chrétiennes, que nous élèverions dans la crainte
et l'amour de Dieu. Enfin, il demeurait convenu
entre nous que nous prélèverions sur nos biens
une somme suffisante pour réaliser les inten-
tions de notre père à votre égard. Voilà, cher
seigneur, ce qui fut décidé entre nous.
Il a pensé à moi, vraiment? 0 divine Pro-
vidence! Sainte justice! c'est bien, mon en-
fant! c'est très bien. Mais, dis-moi, savait-il
que Nelet fût tonprétendant?
Certes 1 je le lui dis dès le début.
Et il fut d'avis que tu devais l'épouser?
Mais, bien sûr, cher seigneur 1. ne vous
l'ai-je pas expliqué ?. Il connaissait Nelet de ré-
putation comme un brave soldat, bien que d'un
caractère un peu ombrageux 9t emporté. Et il
savait aussi qu'il possède des biens considéra-
bles, tant à Cherta qu'à Cambrils.
Tu en es sûre ?- bien sûre *••• Il acceptait
Nelet ?.“
stituer les biens de mainmorte. Voilà la dé-
monstration et renseignement que vous nous
devez. En dehors de ces choses précises, tout
ce que vous dites est bel et bien. Mais la ques-
tion n'en est pas résolue; elle n'est même pas
posée.»
Oui, le. débat académique d'hier ne nous a
rien appris. Nous savions que M. Camille Pelle-
tan n'aime pas les moines et que M. l'abbé
Gayraud n'aime pas les francs-maçons. Nous
avons tous de ces antipathies, les unes justi-
fiées, les autres non; et les efforts que nous fai-
sons pour les consacrer dans une sanction pré-
cise ne sont pas toujours très adroits, ni très
heureux. Ils ont un grand inconvénient, tou-
jours c'est de nous exposer à frapper côté des
gens que nous visons, lesquels sont assez sub-
tils pour éviter le coup. Lorsque l'abbé Gay-
raud veut proscrire ce qu'il nomme l'esprit sec-
taire, nous savons bien que, si tous pouvoirs lui
étaient donnés, c'est, en fin de compte, l'esprit
libéral qu'il atteindrait. Et lorsque M. Camille
Pelletan s'unit familièrement à ses amis Choi-
seul et Guizot pour se défier de l'éternelle « con-
grégation », nous sommes bien obligés de pen-
ser aux fidèles et aux croyants d'un modeste
village, où l'on n'aperçut jamais un membre du
clergé régulier, mais où l'on voudrait froisser
les consciences et bouleverser des habitudes
inoffensives.
Par-dessus tout, nous n'apercevons pas ce
que la République gagnerait à l'expérience
d'une séparation de l'Eglise et de l'Etat, une
séparation brusquée qui surprendrait tout le
monde. Le gouvernement actuel n'est pas sus-
pect de tendresse pour les cléricaux. Il dira s'il
s'engagerait, d'un cœur léger, dans une pareille
aventure.
L'OCTROI DE ROUBAIX
Par 288 voix contre 221, la Chambre a refusé,
hier, de passer à la discussion des articles d'un pro-
jet de loi tendant à autoriser la ville de Roubaix à
établir à son profit diverses taxes en remplace-
ment des droits d'octroi supprimés. A la nouvelle
de cette décision, la municipalité collectiviste de
Roubaix a donné sa démission. Le vote de la Cham-
bré l'avait, en effet, atteinte directement.
Ainsi que l'a exposé à la Chambre M. Motte, les
taxes admises par la municipalité de Roubaix se
trouvaient calculées de telle façon que l'industrie
roubaisienne dût subir une redoutable épreuve à
peine sortie de la crise lainière, elle allait se voir en
proie à des impôts spéciaux auxquels ses rivales
échapperaient. Tourcoing, notamment, eût gardé sa
situation intacte.
Certes, la loi de 1897 sur les octrois a incité les
villes à abolir ce système de taxes seulement, elle
a, très sagement, réservé au Parlement le droit de
surveiller la manière dont seraient établies les taxes
de remplacement. L'Etat ne saurait se désintéresser
du régime fiscal ménagé par des pouvoirs locaux à
telle ou telle fraction du territoire français. Les con-
tribuables ont droit, dans quelque partie du pays
qu'ils habitent, à des garanties supérieures, au point
de vue de la justice et de l'impartialité de l'impôt,
Sous prétexte que les collectivistes auront triomphé
dans une élection municipale, l'application des théo-
ries collectivistes n'en demeure pas moins intoléra-
ble, tant que la France républicaine demeure atta-
chée aux principes de 1789, au premier rang des-
quels figure, avec la propriété individuelle, l'égalité
des citoyens devant l'impôt.
M. Aynard, qui a appuyé de son éloquente parole
les observations si convaincantes et bi courageuses
de M. Motte,. proteste contre la conception collec-
tiviste dont s'était inspiré le projet de là municipa-
lité roubaisienne. Cette municipalité, a-t-il dit, va
relever les barrières du vieux temps elle élève
« une barrière contre le travail ». L'expression est
saisissante, et comme elle peint la situation exacte 1
La Chambre, frappée des démonstrations lumi-
neuses de MM. Motte et Aynard, a coupé court à
l'expérience périlleuse qu'on prétendait faire à Rou-
baix. L'industrie roubaisienne vient de l'échapper
belle.
L'EMPRUNT ET LA CRISE MINISTÉRIELLE EN BULGARIE
(De notre correspondant particulier)
Sofia, 17 décembre, 8 heures.
En présence des tergiversations peut-être calcu-
lées du Sobranié à voter l'emprunt, le représentant
de la Bar -ue de Paris et des Pays-Bas, M. Moret,
qui avait consenti à reculer le terme assigné au
vote de l'emprunt, a finalement déclaré au président
du conseil qu'il se considérait comme dégagé du
contrat, le nouveau délai étant passé sans que le
Sobranié se fût prononcé sur l'emprunt.
M. Karavelof a immédiatement annoncé cette dé-
cision au Sobranié il l'a accompagnée de la démis-
sion du cabinet en demandant au président du So-
branié de bien vouloir ajourner l'assemblée.
Le cabinet avait compté jusqu'au dernier moment
sur une majorité, quoique très petite, sur les zanko-
vistes, les karavelistes et sur les stamboulovistes
à défaut des stoïlovistes. Cotte majorité lui a échap-
pé en partie, surtout du côté des démocrates de la
nuance Karavelof, non pris qu'ils fussent absolu-
ment hostiles en principe à l'emprunt, dont tout le
monde en Bulgarie reconnaît la nécessité, mais par-
ce qu'ils trouvaient les conditions des banques léo-
nines et attentatoires à la dignité et à l'indépen-
dance de l'Etat bulgare, et qu'ils estimaient impos-
sible de concéder à la société de la régie des tabacs
et à l'administration du monopole des droits qui ne
pouvaient appartenir qu'à l'Etat.
Le Sobranié a continué à discuter l'emprunt .nal
Assurément, cher seigneur! puisque
c'était sur mon mariage avec Nelet qu'était basé
mon changement de vocation
Urdaneta mordillait le bout de sa canne en
proie à la plus grande perplexité, ne sachant
plus comment continuer l'entretien enfin
Et combien de jours avant sa mort ton
frère te dit-il ces choses ? demanda-t-il.
Deux jours. Ensuite le pauvre garçon par-
tit avec son régiment pour Gandesa. hélas 1.
Et le soir de la bataille, comme il traversait
une passe écartée avec une vingtaine de cama-
rades, une bande de factieux tomba sur eux à
l'improviste. et ces misérables assassinèrent
mon pauvre Francisque ils l'assassinèrent
lâchement, bassement, comme de vils coquins
qu'ils sont!
Ah 1 quel malheur! quel malheur, ma
pauvre enfant! Mais ceux qui t'apprirent la
triste fin de ton frère. ceux-là purent-ils te
donner quelque renseignement sur l'identité des
gens qui lui donnèrent la mort?.
On m'a dit qu'un capitaine ou un com-
mandant qui était à la tête de ses démons,
perça délibérément mon malheureux frère de
son épée.
Alors. tu ne sais pas.
Comment le saurais-je?
Et si tu connaissais. ce meurtrier, fit don
Beltran en portant la main à sa gorge, car il
ressentait une sensation d'étouffement, si tu le
connaissais. lui pardonnerais-tu, chère Mar-
cela ?
Comme chrétienne, répondit la nonne avec
effort, j'y serais obligée, cher seigneur, mais
comme femme, comme sœur.
Elle fit de la tête un signe énergique de déné-
gation. g q
Puis, un soupçon soudain traversant son es-
prit
Mais pourquoi ces questions, cher sei-
gneur ? fit-elle vivement. Ce que j'ignore, le
sauriez-vous, vous?
La redoutable révélation s'imposait. Mais lé
vieux gentilhomme se trouva incapable de pro-
noncer les paroles décisives. Sa voix s'étrangla
dans sa gorge et il ne put que faire un grand
geste dépouragé.
Grand Dieu Vous le savez! répéta Mar-
cela en lui saisissant le bras. 1
Chère enfant. que veux-tu que je tedise?.
que savons-nous, pauvres mortels que nous
sommes?.
gré la démission du cabinet. L'assemblée comprend
sans doute la nécessité de l'emprunt, nécessité im-
médiate, la Bulgarie devant payer 10 millions qu'elle
n'a pas pour le coupon de janvier. La majorité. du
Sobranié serait encore disposée à voter l'emprunt,
mais en obtenant des modifications aux conditions.
En d'autres termes, l'assemblée joue vis-à-vis des
banques un jeu auquel celles-ci ont voulu mettre
fin.
Il se peut que le prince dissolve la Chambre,
nomme un nouveau ministère et procède à de nou-
velles élections. Dans ce cas, il est encore assez
difficile de prévoir quel homme politique le prince
appellera au pouvoir. Ses goûts le portent vers un
gouvernement personnel, un ministère du palais
avec un homme comme le général Petrof ou e gé-
néral Paprikof, mais il lui faudra, surtout dans les
circonstances actuelles, recourir à un ministère par-
lementaire.
A côté des karavelistes et des zankovistes qui
formaient le cabinet, les stamboulovistes avec M.
Petkof se sont fait remarquer depuis quelque temps
par leur attitude gouvernementale et se sont mon-
trés prêts à voter l'emprunt. Il semble que ce soient
eux que le prince appellera au pouvoir, d'autant plus
qu'ils sont les amis du général Paprikof, ministre de
la guerre et favori actuel du prince.
Il- se peut cependant que ce soit l'opposition, avec
M. Ivan Evstratief Guechof, le chef des stoïlovistes.
Mais cette solution étonnerait fort, le prince étant
très indisposé contre M. Guechof, qui a abandonné
la majorité du Sobranié et renoncé à la présidence
de la Chambre pour ne pas voter l'emprunt.
En tout cas, il est urgent d'aboutir: d'ici à jan-
vier; 10 millions seront nécessaires pour le paye-
ment du coupon. Si on ne les trouve pas, ce serait,
suivant la prédiction de Karavelof, la banque-
route.
Une entente n'est pas impossible toutefois, sinon
sous la forme d'un emprunt, du moins sous celle
d'avances, car le syndicat des banques qui a en
portefeuille une masse de titres de rente bulgare
est presque tout aussi intéressé à ce que la Bulga-
rié puisse faire face à ses engagements. g
Belgrade, 17 décembre, 8 h. 15.
Des voyageurs venant de Sofia déclarent que le
pays et très agité.
La population est très hostile au projet d'em-
prunt du gouvernement et craint qu'il ne constitue
une charge trop lourde pour le pays.
Dans les milieux gouvernementaux on assure que
la première mesure que prendra le cabinet sera la
dissolution du Sobranié.
Le projet de visite des membres du Sobranié à
Belgrade, qui était fixé au 23 décembre, est définiti-
vement abandonné, à ce que l'on dit, par suite de
l'opposition assez vive qu a manifestée une partie
de la presse serbe et russe.
Sofia, 17 décembre.
On croit généralement que M. Karavelof sera de
nouveau chargé de former un cabinet.
LE DISCOURS DE LORD ROSEBERY
Lord Rosebery a prononcé, hier soir, à Chester-
field, un grand discours impatiemment attendu. On
comptait sur ses déclarations. pour éclairer la situa-
tion politique. Elles n'y auront guère servi.
Le parti libéral, dit lord Rosebery, est maintenant
libre de l'alliance irlandaise et de ses conséquences.
C'est donc actuellement un parti purement national
et anglais. Donc qu'il marche avec l'Angleterre,
qu'il respecte ses sentiments, voire ses préjugés.
« Nous devons, dit-il en citant le message du prési-
dent Roosevelt, poursuivre notre route par degrés
successifs et non par bonds; nous devons tenir nos
yeux fixés sur les étoiles, mais nous souvenir en
même temps que nos pieds touchent au sol. »'Or,
l'Angleterre est maintenant impérialiste.
Lord Rosebery engage donc les libéraux à ne pas
se détacher du nouveau sentiment de l'empire qui
occupe la nation.
L'idée que ce sentiment éveille dans les Iles-Britanni-
ques est une vision d'affection et de famille, d'orgueil
et d'epérance. L'homme. dlEtat, si_grand au'il soit, dit-
il, qui s'en détache ne doit éprouver aucune surprise
de voir" la nation se détacher de lui.
Ceci est une leçon posthume à l'adresse de Glad-
stone.
̃ L'orateur dit que, s'il était au pouvoir, son mot
d'ordre serait Efficacité (Efficiency), qui s'appli-
querait à tous les rouages qui font mouvoir la na-
tion.
Passant en revue les différentes administrations,
il dit que les critiques qu'on leur adresse, à l'excep-
tion toutefois de la marine, sont fondées. Il estime
notamment qu'en ce qui concerne l'armée, le gou-
vernement a fait fausse route et il dit que les Alle-
mands, entre autres, auraient adopté un système
tout différent. Le commerce et l'industrie exigent de
leur côté toute l'attention d'un gouvernement éner-
gique. Quant à l'instruction publique, elle est dans
un profond chaos.
En somme, tout va mal.
Mais ce qui va plus mal que tout, c'est la politique
étrangère
L'Angleterre s'est attiré la mauvaise volonté de pres-
que toutes les nations du globe, ce qui constitue un
péril futur, sinon un danger immédiat.
Les nations européennes ont l'impression fausse que
la guerre que nous avons entreprise est celle d'un em-
pire puissant, animé de la soif de l'or, contre deux pe-
tites républiques. Or, au commencement de la guerre,
on aurait dû adresser aux agents du roi à l'étranger
une dépêche récapitulant les mesures que nous avions
prises pour obtenir justice pour nos nationaux habi-
tant le Transvaal, négociations qui ont abouti à ce que
je considère comme l'attaque motivée du gouverne-
ment boer contre le territoire britannique. On aurait
ainsi atténué le mauvais vouloir des autres nations.
En outre, on devrait éviter certaines maladresses.
Lord Rosebery cite, en particulier, l'emploi du mot
« bag » ou « tableau » de chasse pour le total des
Boers capturés pendant la semaine. Il s'y est par-
fois mêlé des tués. Lord Rosebery dit ce que nous
avons dit depuis longtemps, savoir que lord Kitche-
ner peut, s'if lui plaît, employer ce terme sportif en
correspondant avec le gouvernement, mais que le
gouvernement est impardonnable de le donner à la
Mais tandis que Marcela, penchée en avant,
fixait toujours sur le vieillard un regard brûlant
d'angoisse et de doute, Santapau bondit soudain
comme un insensé et, se jetant aux pieds de la
pénitente
Ille sait don Beltran le sait 1. cria-t-il
d'une voix rauque, mais il n'a pas le courage de
te le dire
Effrayée de la brusque apparition du cabe-
cilla, et de son air d'égarement, Marcela recula
comme un oiseau effarouché et voulut s'enfuir;
mais la retenant par sa robe
Ne me fuis pas, Marcela viens! aie
pitié écoute-moi 1. cria le malheureux jeune
homme.
Au nom du ciel, Nelet, parle 1. Qu'y a-t-
il?. Tu me fais peur Pourquoi me regar-
des-tu ainsi?.
--Parce que je suis fou. damné. que les
démons de l'enfer ne peuvent 'souffrir plus que
moi 1. ce que notre ami n'a pas le courage de
dire, je le dirai, moi Le misérable qui a lâ-
chement assassiné ton frère. c'est. le plus
malheureux des hommes. Il est devant tes
yeux, Marcela!
Poussant un cri déchiraat, qui fit résonner
les échos de la montagne, la jeune religieuse
recula en portant les deux mains à ses tempes
d'un geste égaré.
Marcela! cria Nelet se relevant d'un
bond et se rapprochant d'elle à mesure qu'elle
reculait, pâle et les yeux dilatés, Marcela,
pardonne-moi! Il me faut ton pardon!
J'en ai soif! Je lé veux! J'ai agi dans un
moment de folie, d'aveuglement sanguinaire.
Je ne savais ce que je faisais. Au nom du
Ciel! Au nom du Christ. pardonne-moi!
Pardonne-lui, Marcela! s'écria don Beltran
en larmes.
Malheureux! prononça la sainte dont les
lèvres tremblantes avaient peine à articuler un
son. Eloigne-toi de moi. Ote-toi de devant
mes yeux. Mon frère! Mon pauvre frère.
Mon petit Francisque. 0 Dieu assassiné par
toi. par toi!
Marcela pitié gémit Santapau.
Marcela 1. ne' le repousse pas supplia
Urdaneta.
Dieu m'ordonne. de te pardonner. fit-
elle enfin d'une voix entrecoupée, et je le fais.
en chrétienne! Mais jamais plus, jamais 1
plusl., je ne fixerai mes yeux sur toi. La oé-
nitence. le deuil. le remords.
presse. 11 y a des respects qu'on doit aux morts et
aux prisonniers. « Le secrétaire colonial devrait
penser que ce qui est bon pour l'Angleterre n'est"
pas bon pour l'étranger. »
Comment le gouvernement a-t-il conduit la guerret
Très maladroitement.
Le gouvernement a été premièrement averti des pré-
paratifs du président Krüger. Il aurait donc dû immé,
diatement demander le but de ces préparatifs et en exi.
ger la cessation. En le faisant, la guerre aurait beau-*
coup diminué d'importance.
En second lieu, l'attitude du gouvernement dans la,
période qui a suivi le raid Jameson n'a pas été ca.
qu'elle aurait dû être. Il a gêné la commission d'en-
quête et n'a pas insisté pour la production des docu-
ments qui auraient jeté un nouveau jour sur le raid et
sur ses causes.
L'orateur accuse ensuite le gouvernement d'avoir
déclaré, il y a quinze mois, que la guerre était
finie: ». ̃
Mais, enfin, il faudra la finir, cette guerre. Lord
Rosebery veut absolument qu'on la mène jusqu'au
bout. On ne peut pas faire autrement.
Il faut poursuivre la guerre jusqu'au bout avec touta
l'énergie et toutes les ressources dont nous sommes
capables. Notre honneur, notre réputation, l'avenir dq,
sud de l'Afrique exigent que nous terminions cètte
guerre aussi vigoureusement et aussi promptement
que possible. Mais je crois que l'issue naturelle de la
guerre est une paix régulière et un règlement régu-
lier.
C'est pourquoi j'accueillerai favorablement toute pro-
position de paix venant d'une autorité responsable et
plus spécialement si ces propositions venaient du gou-
vernement exilé qui se trouve quelque part dans le
pays qu'habite maintenant l'ex-président Krüger. Il se
peut que ce soit un gouvernement discrédité, quoi
qu'il ne soit pas prouvé qu'il l'est aux yeux de son,
propre peuple. Mais c'est le seul gouvernement qui
ait été en guerre avec l'Angleterre, et qui, en l'absence-
de tout autre, conserve encore quelques' vestiges da
son ancienne autorité.
Donc, s'il était ministre, lord Rosebery accepte-
rait de poursuivre des négociations avec M. Ivrii-
ger.
Mais il ne ferait pas lui-même d'ouvertures de
paix. Il n'indiquerait pas non plus d'avance les con-
ditions auxquelles il ferait la paix. Il ne demande-
rait pas le sacrifice immédiat de M. Chamberlain et
de lord Milner. Cet acte serait sûrement considéré
comme une faiblesse.
Mais l'Angleterre devrait accueillir les ouvertures
qui lui seraient faites et accorder l'amnistie la plus
large et la plus libérale et des droits civiques com-
plets à tous les Boers qui signeraient un serment
d'allégeance bien défini.
L'orateur ajoute, au milieu des applaudissements
de l'assistance, qu'il fera tout ce qu'il pourra pour
mettre à exécution la politique qu'il a exposée et
que ses services sont à la disposition de son pays.
Le discours de lord Rosebery a été accueilli par
les applaudissements chaleureux de l'assistance.
Lord Rosebery avait parlé d'abord pendant deux
heures dans un bâtiment de la gare du chemin de
fer; mais, un grand nombre de personnes n'ayant
pu trouver de place dans ce bâtiment, il s'est rendu,
après avoir pris quelques instants de repos, dans
une autre salle, où il a prononcé un second discours.
En somme, lord Rosebery a dit que le parti libé-
ral doit se rallier à un impérialisme pacifique et sen-
timental que tout va mal; que s'il était au
pouvoir, tout irait bien, car il s'occuperait des af-
faires en homme d'affaires; que la direction de la
guerre a été maladroite; qu'il ne faut pourtant pas
offrir la paix; que si les Boers la demandent on
peut traiter avec M. Kriiger qu'il est, pour lui,
prêt à reprendre le pouvoir. On s'en doutait bien
M. Asquith a ensuite pris la parole pour féliciter
lord Rosebery d'être revenu de sa détermination de
se retirer de la vie publique.
Enfin, sir Edwards Grey a exprimé la conviction
que l'unité du parti libéral se ferait sur les bases
exposées par lord Rosebery.
LA CONFÉRENCE DES SUCRES
L'agence Havas donne le résumé suivant de ce
qui s'est passé dans la réunion de la conférence des
sucres qui a été tenue hier, dans l'après-midi, à
Bruxelles. L'assemblée a abordé la discussion des
questions soumises à ses délibérations.
Le gouvernement belge, depuis la conférence de
1898, obéissant à la mission qui lui avait été donnée,
a établi un projet de convention après négociations
avec les gouvernements intéressés. C'est ce projet
qui sert de base à la discussion. Le secret est gardé
sur son contenu; cependant les points suivants
semblent en faire l'objet p
Les cartels sucriers allemands et autrichiens ne
subiraient aucune atteinte. Tous les pays adhérents
à la conférence perdraient la faculté d'augmenter les r~
droits de douane actuels. Ils ne pourraient pas éta-
blir le régime des cartels chez eux. Par contre, les
gouvernements adhérents à la convention pourront
énéficier d'une prime.
La convention prévoit la diminution fgraduelle de
l'impôt sur les sucres jusqu'à sa suppression. Le,
projet comporterait douze articles. Le dernier est
ainsi conçu:
La conférence de Bruxelles n'arme pas les pays con-
tractants contre la production des sucres de canne;
mais s'il est prouvé que la réduction des primes su-
crières augmente outre mesure la susdite production,
c'est-à-dire, lorsque la production du sucre de canne
aura dépassé trois millions et demi de tonnes. les Etats
contractants s'engagent à se réunir de nouveau dans
une conférence internationale, afin de fixer le taux de
la prime spéciale qui devra être accordée à chaque
pays producteur comme protection contre le préjudi
ce causé par l'extension de la production du sucre de
canne.
Le gouvernement belge lancera les invitations à cette
nouvelle conférence aussitôt qu'un des Etats contrac-
tants aura prouvé que la production du sucre de canne
dépasse la limite indiquée.
Le projet stipule en outre la création d'une com-
mission internationale, chargée du contrôle et de
l'exécution de la convention.
On cherche à hâter la discussion de la prime afin
de pouvoir suspendre les séances samedi. Les dé-
Sa voix se brisa, et, cachant son visage dans
ses mains, elle sanglota amèrement; mais se
redressant soudain, les yeux étincelants, les
joues empourprées, semblant grandie par la
passion
Je mourrais! s'écrià-t-elle avec une vio-
lence et une intensité d'expression inexprima-
ble, je mourrais d'horreur et de honte, s'il
me fallait respirer une seconde de plus l'air que
tu empoisonnes de ta présence
Meurs donc rugit le carliste à moitié
fou, et se lançant sur les traces de la jeune fille
qui fuyait éperdue, il l'atteignit, la saisit d'une
étreinte où la rage et l'amour se confondaient,
et lui fracassa la tête d'un coup de pistolet.
Don Beltran, atterré se laissa tomber sur le
sol, car ses genoux se dérobèrent sous lui. Il
voulait se relever, appeler Nelet, courir au se-
cours de l'infortunée, quand une seconde déto-
nation, éclatant avec un bruit lugubre à travers
les ruines, vint le clouer sur place.
Le meurtrier s'était fait justice et gisait
écroulé sur sa victime, le cœur troué d'une
balle.
Quand les pauvres vieillards, témoins impuis-
sants et presque hébétés de cette scène tragi-
que, eurent la force de se traîner en gémissant
vers les deux cadavres, le vieux Alfajar tourna
ses yeux éteints vers don Beltran.
Que devons-nous faire, seigneur?. arti-
cula-t-il, d'une voix basse et tremblante, creu-
ser deux fosses, n'est-ce pas?.
Non, mon ami. une seule, assez large
pour tous les deux. Et puissent, ces malheu-
reux enfants, nés pour le bonheur et victimes
de nos discordes, y reposer à jamais en paix
côte à côte
La journée entière s'écoula avant que fût ter-
minés la funèbre besogne. Enfin, au coucher
du soleil, comme les trois vieillards se retiraient
à pas lents, le visage baigné de larmes, les
épaules courbées par la douleur, leur ouïe af-
faiblie perçut dans le lointain un fracas de tam-
bours et de clairons.
Le bruit se rapprocha; devant eux, musique
en tête, étendards au vent, défila une longuô
troupe en armes.
C'était l'avant-garde de l'armée royale, se pré*
parant à Dasser la frontière de l'Aragon.
FIN
PÉREZ GaLDOS.
MERCREDI 18 DECEMBRE l^Jt^T
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Sous commencerons demain la publication
fd'un nouveau feuilleton
MAHME ÉTRANGE
PAR
MASSON- FORESTIER
Nos acheteurs an numéro, à Paris, sont priés
3e réclamer le PETIT TEMPS d'hier.
Paris, 17 décembre
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
LORD ROSEBERY A PARLÉ
©n se souvient encore des immenses affiches
qui ornèrent jadis les murailles de la bonne
ville de Paris pour annoncer aux lecteurs d'un
roman d'aventures, de crimes et de mystères,
que Feringhea allait parler, que Feringhea
avait parlé. Ce que l'esprit pratique d'un entre-
preneur de publicité et d'un fournisseur de ro-
manesque à la grosse avait mis en œuvre pour
piquer la curiosité générale, le flegme britanni-
que vient de le reproduire à l'occasion de la ren-
trée en scène d'un homme d'Etat célèbre.
Si lord Rosebery s'est donné pour tâche de
faire parler de lui, il y a réussi à merveille. Sa
personnalité un peu énigmatique a toujours eu
le don d'exciter l'intérêt. Dès l'université où il
entra,ayant déjà hérité de son grand-père par la
mort prématurée de son père, il fixa l'attention
du public.
Son mariage avec l'héritière d'une branche de
la maison de. Rothschild surprit parla mésal-
liance les Ecossais très fiers de la pureté de sang
de leur aristocratie, ne déplut pas à ce peuple
avisé par l'acquisition d'une fortune immense,
ajoutée à de beaux domaines héréditaires. Lord
Rosebery, tout en faisant courir -il devait plus
tard avoir cette chance de gagner deux fois le
Derby en étant premier ministre se mit dis-
crètement dans la politique.
Ce fut son malheur pour lui que l'ouverture
prématurée de l'héritage de son aïeul, en l'ap-
pelant tout jeune à la Chambre des lords, lui,
interdit l'apprentissage, tant apprécié, si avan-
tageux, de la Chambre des communes. Il n'en
figura pas moins parmi les jeunes hommes qui
entouraient M. Gladstone, qui formaient son
itat-major particulier et sur lesquels reposait
en partie l'espoir du libéralisme.
L'Ecosse, à cette époque, était l'épine dorsale
du parti progressiste et gladstonien. Après
avoir, tour à tour, représenté l'université d'Ox-
ford, le South-Lancashire Greenwich, M. Glad-
stone avait dû passer la frontière devant les
progrès du néo-torysme à la Disraeli, prédé-
cesseur de l'impérialisme à la Chamberlain, et
solliciter* les suffrages du Midlothian, c'est-à-
dire du cœur de la vieille Ecosse, des Basses-
Terres d'Edimbourg et de son comté.
Lord Rosebery était l'un des châtelains, l'un
des grands propriétaires fonciers de la région.
Il se fit l'hôte, l'adjudant, le cornac du grand
vieillard pendant cette campagne inoubliable
où, à force d'éloquence, de raison, de courage,
d'une activité surhumaine, Gladstone à lui tout
seul fit reculer la coalition des intérêts réaction-
naires et des passions chauvines et renversa
avec Disraëli un système de politique intérieure
et extérieure.
Aussi lord Rosebery fut-il appelé à recueillir
sa part des fruits de la victoire. A trente-deux
ans il devint sous-secrétaire d'Etat dans le se-
cond cabinet Gladstone. Depuis lors, sa carrière
fut rapide et éclatante. Quand, en 1886, le grand
schisme unionniste déchira, à l'occasion du
Home rule le parti libéral, lord Rosebery ne
suivit dans leur défection ni les membres de
l'aristocratie whig avec lord Hartington, aux-
quels sa naissance et son rang eussent pu l'as-
socier, ni les radicaux industriels et financiers
de M. Chamberlain dont ses richesses, quel-
ques-unes de ses opinions et de ses amitiés au-
raient pu le rapprocher. Il demeura fidèle, avec
lord Granville, lord Kimberley, lord Spencer,
à la vieille cause et au vieux leader.
Du fond de sa retraite, d'où il pousse quel-
ques pointes au dehors, lord Rosebery espérait
assister à l'humiliation de ses anciens amis, for-
cés enfin de venir lui demander à. ses condi-
tions aide et secours. Ce plan a 'semblé sur le
point de se réaliser. La guerre d'Afrique avait
poussé à leur comble les divergences de vues
qui minent l'unité du libéralisme. Entre M.
John Morley, adversaire résolu de la conquête,
et sir Edward Grey, partisan convaincu du mil-
nérisme, il n'y a pas d'accord possible.
Lord Rosebery, sorti un instant de son silence
au mois de juin, avait prononcé à la Cité un
discours empreint d'impérialisme. et plein de
sarcasmes contre ses anciens amis et leur chef.
Aussi quand on annonça qu'il parlerait à Ches-
terfield l'attente fut-elle portée à son maximum.
Pendant deux mois elle fut savamment nourrie.
Feringhea parlerait-il? dans quel sens parle-
rait-il ?
Naïvement les libéraux, qui venaient de voir
l'unité se refaire dans leurs rangs à l'exclu-
sion du petit groupe impérialiste par et sur
JFEIJJGLJLETOrV DU ©CtttpS
DU 18 DECEMBRE 1901 (23)
SŒUR MARCELA
ÉPISODE DE LA CAMPAGNE DU NAESTRAZGO
Mais, quand Urdaneta, qui l'avait suivi lente-
ment, arriva essoufflé au sommet escarpé de la
montagne, il trouva Nelet étendu sur le sol, li-
vide, les traits contractés, suant la terreur et
l'angoisse.
Je n'ose pas. je n'ose pas la voir. mur-
mura-t-il en serrant convulsivement Je.bras de
don Beltran. J'ai peur. Je ne veux pas qu'elle
voie mes yeux.
Don Beltran s'efforça de ranimer son courage;
mais, accablé dé fatigue et troublé par l'émotion
de Nelet, il fut obligé de s'asseoir sur un mon-
ceau de décombres; car le château de Horta,
ruiné par plusieurs sièges consécutifs, n'avait
pas un mur qui tînt debout. Il s'épongeait le
front, en promenant autour de lui un regard
assez triste, lorsque Nelet, poussant soudain une
exclamation étouffée, bondit sur ses pieds.
J'entends des pas I. C'est elle 1. Dites-lui
tout !cria-t-il d'une voix étranglée, et, s'é-
lariçant à l'aveugle dans le sentier qu'il venait
de gravir, il disparut au tournant du chemin.
Don Beltran, émotionné malgré lui, prêta
l'oreille et ne tarda pas en effet à percevoir un
bruit de pierres roulantes puis, montant dans
l'air pur du matin, l'écho de plusieurs voix, dont
une apparemment était une voix de femme.
Enfin if vit paraître le brun visage et les yeux
veloutés de Marcela qui semblait émerger du
sol au milieu des décombres et des fragments
de murs écroulés. Elle était suivie de ses deux
inséparables acolytes.
Un sourire éclaira sa physionomie en aperce-
vant don Beltran, qui lui-même sentit se dissi-
per à sa vue toutes ses funèbres pensées, dissi-
«Me voila, chère enfant! me voilà » s'écria-
t-il en se levant et en courant à sa rencontre.
Légère comme une biche, la Nonne errante
Reproduction interdite ̃ l
un programme de paix et de liberté, espéraient
on ne sait pourquoi, contre toute espérance,
voir lord Roscbery combattre l'impérialisme.
Feringhea a parlé! Mais nous n'avons encore
qu'un résumé télégraphique sous les yeux.
Pour apprécier son discours en détail il faut at-
tendre le texte authentique.
Il n'en ressort pas moins de ce que nous sa-
vons déjà que lord Rosebery a été fidèle à ses
habitudes d'esprit. Il a tout critiqué et n'a point
apporté de contribution positive. 11 a blâmé les
détails de la politique de la guerre et en a ap-
prouvé les principes et les procédés généraux.
Il regrette l'emploi du mot « bag » et il n'a pas
un mot à dire contre le sacrifice inutile de dix
mille enfants boers sur l'autel de la concen-
tration.
En fait, ce discours et un adieu au libéralisme
qu'il répudie sur la question du « Home rule »,
comme sur celle de la'guerre, et un essai de
fonder un tiers-parti impérialiste pour recueil-
lir la succession du cabinet et poursuivre son
œuvre.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 17 décembre, 9 h. 35.
Dans le tumulte d'hier, on a remarqué que fort
peu de députés de l'extrême gauche soutenaient M.
Ferri. Celui-ci, dans un entretien qu'il a eu hier soir
avec deux de ses collègues de l'extrême gauche, a
déclaré qu'il avait voulu faire allusion aux classes
dirigeantes du Midi et non aux populations travail-
leuses. Dans tout le Midi, on signale des manifesta-
tions hostiles à M. Ferri.
Ce matin doivent se réunir à Mcntecitorio les trois
groupes de l'extrême gauche pour aviser aux
moyens à adopter pour obtenir de M. Ferri qu'il
accepte la censure et pendant cinq jours ne se pré-
sente pas à la Chambre.
Constantinople, via Sofia, ,17 décembre,
10 h. 15.
Le premier drogman de la légation d'Amérique et
lo trésorier de la. Société des missionnaires partent
ce soir en mission spéciale avec pleins pouvoirs
pour traiter avec les brigands retenant miss Stone
et pour négocier sa-délivrance moyennant une ran-
çon de 14,000 livres. La rencontre aura lieu sur le
territoire turc.
Hier, l'ambassade d'Angleterre a remis à la Porte
une note protestant contre la décision du gouverne-
ment, qui refuse d'accorder de nouvelles autorisa-
tions pour rechercher des mines ou de renouveler
les anciens permis jusqu'à promulgation d*un nou-
veau règlement actuellement en élaboration. L'am-
bassade déclare que le nouveau règlement ne peut
pas avoir d'effet rétroactif. a
SaintPétersbourg, 17 décembre, 8 h. 25.
Le gouvernement russe vient de signer une con-
vention douanière avec la Perse concernant la libre
entrée réciproque des produits des deux pays.
Les droits prélevés sur les produits étrangers en
Perse seront conformes au tarif douanier russe.
Le prince de Montenegro est arrivé hier et a été
reçu immédiatement en audience par le tsar.
Vienne, 17 décembre, 8 h. 45.
Le président du conseil, M. de Kœrber a répondu,
hier, à la récente interpellation du député panger-
maniste Barnreuter, qui lui demandait des explica-
tions sur son discours sensationnel du 9 décembre,
sur les paroles qu'aurait prononcées l'empereur et
sur les bruits de coup d'Etat qui persistent à circuler.
A la première question « Le président du conseil
a-t-il prononcé son discours d'accord avec l'empe-
reur ? » M. de Kœrber a répondu d'une façon éva-
sive en déclarant contraire à la Constitution de mê-
ler la couronne aux débats parlementaires. Sur la
seconde question « Qu'y a-t-il de vrai dans les pa-
roles de l'empereur et dans les bruits de coup d'Etat
possible? » Le premier ministre s'est exprimé
ainsi: « J'ai esquissé à la Chambre dans mon der-
nier discours un tableau fidèle de la situation ac-
tuelle, et je lui en ai montré franchement et sans
réserve toute la gravité. C'était mon devoir, et j'en
prendrai jusqu'au bout la complète responsa-
bilité.
Les pangermanistes, peu satisfaits de ces décla-
rations vagues, ont l'intention de proposer aujour-
d'hui à la Chambre une discussion sur la réponse de
M. de Kœrber.
Belgrade, 17 décembre, 8 h. 20.
Le président du conseil, M. Vouitch, a répondu,
hier, au Sénat, à une interpellation sur les soi-di-
sant exilés à l'étranger.
Le premier ministre a déclaré que l'ancien prési-
dent du conseil M. Vladan Georgevitch et son col-
lègue Voukasine Petrovitch sont à l'étranger vo-
lontairement et pour des raisons qui les regardent
personnellement. Le gouvernement n'a pris aucune
mesure de bannissement, soit actuellement, soit
antérieurement, contre ces deux anciens ministres,
non plus que contre le colonel Constantinovitch.
« En ce qui concerne ce dernier, a ajouté M.
Vouitch, le roi m'a simplement déclaré que le colo-
nel lui ayant fait demander de rentrer en Serbie, il
avait fait répondre que rien ne s'opposait à son re-
tour mais que pourtant, en sa qualité de roi de
Serbie, il demandait au colonel, dans le cas-où il se
déciderait à revenir, de se conformer aux intérêts de
la maison royale, car ses paroles et sa conduite
comme parent du roi ont une importance bien plus
grande que les paroles de toute autre personne. »
Le sénateur Zoujevitch a dirigé, suivant son ha-
bitude, des critiques assez vives quoique voilées
franchit les pierres et les fûts de colonnes bri-
sées qui encombraient le sol et vint affectueuse-
ment baiser la main d'Urdanefa, qui, à son tour,
saisit et baisa les siennes. Et la pénitente, sans
perdre une seconde, promenant ses regards au-
tour d'elle: Et Nelet?. Où est-il donc?.
N'aie aucune crainte, mon enfant, répliqua
don Beltran, jugeant un léger mensonge néces-
saire. Nelet va bien. très bien. cependant, il
est encore faible, et je n'ai pas osé lui permettre
de se lever si matin. Mais je n'ai pas voulu
que tu puisses croire que nous avions oublié
le rendez-vous, et c'est pour cela que je suis
venu seul.
Pourquoi ne pas avoir envoyé la Malaena,
cher seigneur ? A votre âge, il faut éviter les
fatigues.
Il est vrai. Mais. vois-tu. continua don
Beltran, qui ne savait comment aborder son su-
jet, la Malaena est souffrante'aussi. Oui, elle dé-
vora hier soir. une telle quantité de saucisses.
La pauvre Enfin, asseyons-nous et causons,
veux-tu ?. en amis en vieux amis! car il y
a longtemps que je te connais et que je t'aime,
chère enfant. quand ce ne serait que pour l'af-
fection que m'inspirait ton pauvre père.
Surprise de l'agitation que trahissait malgré
lui le vieillard, Marcela leva sur lui ses grands
yeux avec une vague inquiétude. Don Beltran
toussa pour s'éclairer la voix puis, prenant
entre les siennes la main charmante de sa jeune
amie
Ma chère enfant, ma chère Marcela, il est
temps que tu prennes une décision. Le pauvre
Nelet est comme une âme en peine. Dis-moi,
as-tu bien pesé le pour et le contre?.
Un légerincarnat vint animer les joues brunes
de Marcela
Cher seigneur, répondit-elle en hésitant,
peut-être allez-vous me trouver bien légère.
bien,inconstante. Mais non, ce n'est pas de la
légèreté, mais je crois! J'ai bien réfléchi.
Enfin, sachez-le, je me rends aux raisons de mes
deux amis- la fidélité, et la patience de Nelet
m'ont vaincue. je ferai ce que vous voudrez.
Chère enfant, tu me combles de joie
Et je crois que la volonté de Dieu n'est pas
étrangère au changement qui s'est produit dans
mon cœur. Je considère comme divine la voix
qui m'engage à aimer Nelet, à changer de voca-
tion et de vie. Je tiens le mariage pour une in-
stitution sainte et je me propose d'observer rê-
îgieusement ses lois sacrées.
contre le palais, et il a regretté l'attitude prise à
l'égard du colonel Constantinovitch.
Après des observations présentées par MM. Mija-
tovitch et Pavlovitch le Sénat a déclaré, à l'unani-
mité moins deux voix, prendre connaissance des dé-
clarations de M. Vouitch avec satisfaction.
Madrid, 17 décembre, 10 h. 25.
La commission de la Chambre a ajouté aux dix-
neuf classes de marchandises assujetties au paye-
ment des droits de douane en or les voitures de
tramways, les tissus de soie pour meubles, les vins
mousseux, les liqueurs et les bâtiments à vapeur et
à voiles. Elle espère décider. M. Urzaïz de laisser
subsister l'échelle de compensations par parité
arithmétique entre la prime et l'escompte.
La séance d'inauguration de l'assemblée des amis
de l'enseignement, dans la salle de l'Athénée scien-
tifique et littéraire, présidée par le ministre de l'in-
struction publique, a été brillante. Les orateurs,
pour la plupart des professeurs de l'université, ont
reproché durement au gouvernement et aux classes
dirigeantes de marchander les crédits pour l'ensei-
gnement à tout degré, alors qu'ils sont si empres-
sés à augmenter, tous les ans, les budgets de la
guerre, de.la marine et des cultes.
Lyon, 17 décembre.
M. Pichon s'est rendu ce matin à l'Ecole de la
Martinière, accompagnée du préfet et de plusieurs
membres de la chambre de commerce. Il a visité,
avec intérêt, notre importante Ecole, conduit par M.
Lang, directeur.
A midi, la colonie tunisienne a offert un déjeuner
à M. Pichon, qui s'est entretenu avec les proprié-
taires fonciers de Tunisie désintérêts lyonnais dans
la régence, M. Pichon a ensuite visité les riches col-
lections du musée des tissus à la chambre de com-
merce, puis il est rentré à son hôtel.
Le ministre part ce soir, à cinq heures, pour Mar-
seillé.
Echouement d'un transatlantique
Marseille, 17 décembre.
Le Kléber, de la Compagnie transatlantique, s'est
échoué la nuit dernière à environ 800 mètres à l'est
de l'embouchure du Rhône.
Le navire, venant de Cette, allait à Saint-Louis-
du-Rhône et, trompé par la brume intense, il a
franchi les barrages en croyant entrer dans le ca-
nal.
La mer est très grosse et ne permet pas aux re-
morqueurs de sauvetage de s'approcher à plus de
600 mètres du navire échoué sans risquer de se per-
dre eux-mêmes sur les brisants. Le Magellan, de la
Compagnie générale de navigation, envoyé de Saint-
Louis-du-Rhône, le Provençal, venu de Marseille,
ont dû ainsi renoncer à toute tentative. Le Salinier',
ayant à bord le capitaine d'armement et l'ingénieur
de la Compagnie transatlantique, vient de partir
pour les lieux du sinistre; mais une communication
téléphonique que je viens de recevoir de Saint-
Louis m'indique qu'il s'apprête à virer de bord, com-
me les précédents sauveteurs.
Toutefois, les secours peuvent arriver par. le
Rhône, sinon pour le navire, du moins pour le per-
sonnel du bord, qui ne court donc pas de danger sé-
rieux. Le canot de la douane de Saint-Louis a pu en
effet s'approcher du Eléber, qui n'est guère à plus
de 300 mètres du côté de la terre. Le renflouement
du Klêber sera cependant difficile et les marins de
Saint-Louis, qui sont sur les lieux, redoutent qu'il
ne devienne impossible si la mer ne se calme pas.
«a» »
LE BUDGET DES CULTES
Le débat se poursuivait, hier, sur le budget
des cultes. C'est un débat académique. Tout le
monde sait que le budget des cultes sera voté.
On échange des discours sans résultat, comme
les balles des duels parlementaires. Pendant ce
temps on ne fait pas de mal. Il est vrai qu'on ne
fait pas de bien. Pourrait-on en faire C'est une
question. En tout cas, on pourrait voter plus
tôt. Mais, visiblement, le budget n'intéresse
personne. Ce n'est pas à dire que le spectacle
de cette discussion sur le budget des cultes ne
soit pas intéressant en soi. Mais la Chambre
des députés est-elle vouée à ces jeux. Avons-
nous, avec le Palais-Bourbon, un théâtre sub-
ventionné de plus que ceux inscrits au budget
des beaux-arts ? Et quel spectacle nous est of-
fert au bout du pont de la Concorde? Un spec-
tacle en plusieurs journées, comme si l'archi-
tecture du lieu nous ramenait de force aux
jours abolis de l'Orestie! Une Tétralogie, comme
si le wagnérisme, partout vainqueur, envahis-
sait le Parlement! t
C'est extraordinaire tous les développements
que l'on a tirés du vieux thème « Le clérica-
lisme, voilà l'ennemi » » Après la loi des asso-
ciations, nous eûmes l'emprunt de Chine. Après
l'emprunt de Chine, voici le budget des cultes.
Après le budget des cultes, nous aurons des
variations sur le même motif dans le débat sur
le budget des affaires étrangères. En écoutant
tous ces discours; si beaux mais si longs, on se
prend d'envie de crier grâce et d'interrompre
les orateurs et de leur dire « Le cléricalisme
est l'ennemi, c'est entendu Mais démontrez-
nous, d'abord, que le catholicisme est forcément
le cléricalisme. Démontrez-nous que, pour se
défendre contre le cléricalisme, il faut, de
toute nécessité, détruire le catholicisme, offenser
les catholiques et les persécuter. Démontrez-
nous que le budget dcô cultes est un trésor de
guerre pour le cléricalisme. Prouvez-nous seu-
lement qu'il est un trésor. Enseignez-nous com-
ment un curé desservant, quand il a touché ses
900 francs par an, peut, sur cette sommeénorme,
économiser assez comme le lieutenant de la
Dame blanche pour faire de la propagande
cléricale, acquérir les vieux châteaux et recon-
-La sagesse parle par ta bouche, chère en-
fant As-tu consulté ton confesseur?
Oui, et il m'a assuré que, si je consacrais
une partie des richesses de mon père à une fon-
dation religieuse, je pourrais sans péché adop-
ter la vie séculière. Il ne doute pas que je
puisse obtenir les dispenses nécessaires àRome,
eu égard à l'état bouleversé de notre malheureux
pays.
Et ton frère Francisque, l'avais- tu consul-
té ?. Mais avant tout, chère enfant, laisse-moi
te dire la douleur que m'a causée lanouvelle de sa
mort L'as-tu consulté, le pauvre garçon ?.
Oui, cher seigneur. Et mon pauvre Fran-
cisque Dieu ait son âme! qui avait le juge-
ment clair et sain et savait voir le pour et le
contre d'une question, me conseilla après mûre
délibération d'adopter ce nouveau genre de vie,
ajoutant qu'il se trouvait dans le même cas que
moi, car ayant rencontré dans ses pérégrinations
une jeune fille belle et sage, appartenant à une
famille noble, il s'était épris d'elle et avait su
gagner son affection il jugeait que c'était là un
1 avis de Dieu qu'il n'était pas fait pour le cloître,
et me dit que sans doute la. sympathie. crois-
sante. que je ressentais pour Nelet était un avis
semblable. Il me conseilla donc d'embrasser la
règle sévère et pénitentielle du mariage, en
compagnie de Santapau, tandis qu'il en ferait
autant avec la charmante jeune fille qu'il ai-
mait. A son avis nous devions consacrer le
tiers de notre fortune à une fondation pieuse, et
les deux autres tiers à constituer deux familles
chrétiennes, que nous élèverions dans la crainte
et l'amour de Dieu. Enfin, il demeurait convenu
entre nous que nous prélèverions sur nos biens
une somme suffisante pour réaliser les inten-
tions de notre père à votre égard. Voilà, cher
seigneur, ce qui fut décidé entre nous.
Il a pensé à moi, vraiment? 0 divine Pro-
vidence! Sainte justice! c'est bien, mon en-
fant! c'est très bien. Mais, dis-moi, savait-il
que Nelet fût tonprétendant?
Certes 1 je le lui dis dès le début.
Et il fut d'avis que tu devais l'épouser?
Mais, bien sûr, cher seigneur 1. ne vous
l'ai-je pas expliqué ?. Il connaissait Nelet de ré-
putation comme un brave soldat, bien que d'un
caractère un peu ombrageux 9t emporté. Et il
savait aussi qu'il possède des biens considéra-
bles, tant à Cherta qu'à Cambrils.
Tu en es sûre ?- bien sûre *••• Il acceptait
Nelet ?.“
stituer les biens de mainmorte. Voilà la dé-
monstration et renseignement que vous nous
devez. En dehors de ces choses précises, tout
ce que vous dites est bel et bien. Mais la ques-
tion n'en est pas résolue; elle n'est même pas
posée.»
Oui, le. débat académique d'hier ne nous a
rien appris. Nous savions que M. Camille Pelle-
tan n'aime pas les moines et que M. l'abbé
Gayraud n'aime pas les francs-maçons. Nous
avons tous de ces antipathies, les unes justi-
fiées, les autres non; et les efforts que nous fai-
sons pour les consacrer dans une sanction pré-
cise ne sont pas toujours très adroits, ni très
heureux. Ils ont un grand inconvénient, tou-
jours c'est de nous exposer à frapper côté des
gens que nous visons, lesquels sont assez sub-
tils pour éviter le coup. Lorsque l'abbé Gay-
raud veut proscrire ce qu'il nomme l'esprit sec-
taire, nous savons bien que, si tous pouvoirs lui
étaient donnés, c'est, en fin de compte, l'esprit
libéral qu'il atteindrait. Et lorsque M. Camille
Pelletan s'unit familièrement à ses amis Choi-
seul et Guizot pour se défier de l'éternelle « con-
grégation », nous sommes bien obligés de pen-
ser aux fidèles et aux croyants d'un modeste
village, où l'on n'aperçut jamais un membre du
clergé régulier, mais où l'on voudrait froisser
les consciences et bouleverser des habitudes
inoffensives.
Par-dessus tout, nous n'apercevons pas ce
que la République gagnerait à l'expérience
d'une séparation de l'Eglise et de l'Etat, une
séparation brusquée qui surprendrait tout le
monde. Le gouvernement actuel n'est pas sus-
pect de tendresse pour les cléricaux. Il dira s'il
s'engagerait, d'un cœur léger, dans une pareille
aventure.
L'OCTROI DE ROUBAIX
Par 288 voix contre 221, la Chambre a refusé,
hier, de passer à la discussion des articles d'un pro-
jet de loi tendant à autoriser la ville de Roubaix à
établir à son profit diverses taxes en remplace-
ment des droits d'octroi supprimés. A la nouvelle
de cette décision, la municipalité collectiviste de
Roubaix a donné sa démission. Le vote de la Cham-
bré l'avait, en effet, atteinte directement.
Ainsi que l'a exposé à la Chambre M. Motte, les
taxes admises par la municipalité de Roubaix se
trouvaient calculées de telle façon que l'industrie
roubaisienne dût subir une redoutable épreuve à
peine sortie de la crise lainière, elle allait se voir en
proie à des impôts spéciaux auxquels ses rivales
échapperaient. Tourcoing, notamment, eût gardé sa
situation intacte.
Certes, la loi de 1897 sur les octrois a incité les
villes à abolir ce système de taxes seulement, elle
a, très sagement, réservé au Parlement le droit de
surveiller la manière dont seraient établies les taxes
de remplacement. L'Etat ne saurait se désintéresser
du régime fiscal ménagé par des pouvoirs locaux à
telle ou telle fraction du territoire français. Les con-
tribuables ont droit, dans quelque partie du pays
qu'ils habitent, à des garanties supérieures, au point
de vue de la justice et de l'impartialité de l'impôt,
Sous prétexte que les collectivistes auront triomphé
dans une élection municipale, l'application des théo-
ries collectivistes n'en demeure pas moins intoléra-
ble, tant que la France républicaine demeure atta-
chée aux principes de 1789, au premier rang des-
quels figure, avec la propriété individuelle, l'égalité
des citoyens devant l'impôt.
M. Aynard, qui a appuyé de son éloquente parole
les observations si convaincantes et bi courageuses
de M. Motte,. proteste contre la conception collec-
tiviste dont s'était inspiré le projet de là municipa-
lité roubaisienne. Cette municipalité, a-t-il dit, va
relever les barrières du vieux temps elle élève
« une barrière contre le travail ». L'expression est
saisissante, et comme elle peint la situation exacte 1
La Chambre, frappée des démonstrations lumi-
neuses de MM. Motte et Aynard, a coupé court à
l'expérience périlleuse qu'on prétendait faire à Rou-
baix. L'industrie roubaisienne vient de l'échapper
belle.
L'EMPRUNT ET LA CRISE MINISTÉRIELLE EN BULGARIE
(De notre correspondant particulier)
Sofia, 17 décembre, 8 heures.
En présence des tergiversations peut-être calcu-
lées du Sobranié à voter l'emprunt, le représentant
de la Bar -ue de Paris et des Pays-Bas, M. Moret,
qui avait consenti à reculer le terme assigné au
vote de l'emprunt, a finalement déclaré au président
du conseil qu'il se considérait comme dégagé du
contrat, le nouveau délai étant passé sans que le
Sobranié se fût prononcé sur l'emprunt.
M. Karavelof a immédiatement annoncé cette dé-
cision au Sobranié il l'a accompagnée de la démis-
sion du cabinet en demandant au président du So-
branié de bien vouloir ajourner l'assemblée.
Le cabinet avait compté jusqu'au dernier moment
sur une majorité, quoique très petite, sur les zanko-
vistes, les karavelistes et sur les stamboulovistes
à défaut des stoïlovistes. Cotte majorité lui a échap-
pé en partie, surtout du côté des démocrates de la
nuance Karavelof, non pris qu'ils fussent absolu-
ment hostiles en principe à l'emprunt, dont tout le
monde en Bulgarie reconnaît la nécessité, mais par-
ce qu'ils trouvaient les conditions des banques léo-
nines et attentatoires à la dignité et à l'indépen-
dance de l'Etat bulgare, et qu'ils estimaient impos-
sible de concéder à la société de la régie des tabacs
et à l'administration du monopole des droits qui ne
pouvaient appartenir qu'à l'Etat.
Le Sobranié a continué à discuter l'emprunt .nal
Assurément, cher seigneur! puisque
c'était sur mon mariage avec Nelet qu'était basé
mon changement de vocation
Urdaneta mordillait le bout de sa canne en
proie à la plus grande perplexité, ne sachant
plus comment continuer l'entretien enfin
Et combien de jours avant sa mort ton
frère te dit-il ces choses ? demanda-t-il.
Deux jours. Ensuite le pauvre garçon par-
tit avec son régiment pour Gandesa. hélas 1.
Et le soir de la bataille, comme il traversait
une passe écartée avec une vingtaine de cama-
rades, une bande de factieux tomba sur eux à
l'improviste. et ces misérables assassinèrent
mon pauvre Francisque ils l'assassinèrent
lâchement, bassement, comme de vils coquins
qu'ils sont!
Ah 1 quel malheur! quel malheur, ma
pauvre enfant! Mais ceux qui t'apprirent la
triste fin de ton frère. ceux-là purent-ils te
donner quelque renseignement sur l'identité des
gens qui lui donnèrent la mort?.
On m'a dit qu'un capitaine ou un com-
mandant qui était à la tête de ses démons,
perça délibérément mon malheureux frère de
son épée.
Alors. tu ne sais pas.
Comment le saurais-je?
Et si tu connaissais. ce meurtrier, fit don
Beltran en portant la main à sa gorge, car il
ressentait une sensation d'étouffement, si tu le
connaissais. lui pardonnerais-tu, chère Mar-
cela ?
Comme chrétienne, répondit la nonne avec
effort, j'y serais obligée, cher seigneur, mais
comme femme, comme sœur.
Elle fit de la tête un signe énergique de déné-
gation. g q
Puis, un soupçon soudain traversant son es-
prit
Mais pourquoi ces questions, cher sei-
gneur ? fit-elle vivement. Ce que j'ignore, le
sauriez-vous, vous?
La redoutable révélation s'imposait. Mais lé
vieux gentilhomme se trouva incapable de pro-
noncer les paroles décisives. Sa voix s'étrangla
dans sa gorge et il ne put que faire un grand
geste dépouragé.
Grand Dieu Vous le savez! répéta Mar-
cela en lui saisissant le bras. 1
Chère enfant. que veux-tu que je tedise?.
que savons-nous, pauvres mortels que nous
sommes?.
gré la démission du cabinet. L'assemblée comprend
sans doute la nécessité de l'emprunt, nécessité im-
médiate, la Bulgarie devant payer 10 millions qu'elle
n'a pas pour le coupon de janvier. La majorité. du
Sobranié serait encore disposée à voter l'emprunt,
mais en obtenant des modifications aux conditions.
En d'autres termes, l'assemblée joue vis-à-vis des
banques un jeu auquel celles-ci ont voulu mettre
fin.
Il se peut que le prince dissolve la Chambre,
nomme un nouveau ministère et procède à de nou-
velles élections. Dans ce cas, il est encore assez
difficile de prévoir quel homme politique le prince
appellera au pouvoir. Ses goûts le portent vers un
gouvernement personnel, un ministère du palais
avec un homme comme le général Petrof ou e gé-
néral Paprikof, mais il lui faudra, surtout dans les
circonstances actuelles, recourir à un ministère par-
lementaire.
A côté des karavelistes et des zankovistes qui
formaient le cabinet, les stamboulovistes avec M.
Petkof se sont fait remarquer depuis quelque temps
par leur attitude gouvernementale et se sont mon-
trés prêts à voter l'emprunt. Il semble que ce soient
eux que le prince appellera au pouvoir, d'autant plus
qu'ils sont les amis du général Paprikof, ministre de
la guerre et favori actuel du prince.
Il- se peut cependant que ce soit l'opposition, avec
M. Ivan Evstratief Guechof, le chef des stoïlovistes.
Mais cette solution étonnerait fort, le prince étant
très indisposé contre M. Guechof, qui a abandonné
la majorité du Sobranié et renoncé à la présidence
de la Chambre pour ne pas voter l'emprunt.
En tout cas, il est urgent d'aboutir: d'ici à jan-
vier; 10 millions seront nécessaires pour le paye-
ment du coupon. Si on ne les trouve pas, ce serait,
suivant la prédiction de Karavelof, la banque-
route.
Une entente n'est pas impossible toutefois, sinon
sous la forme d'un emprunt, du moins sous celle
d'avances, car le syndicat des banques qui a en
portefeuille une masse de titres de rente bulgare
est presque tout aussi intéressé à ce que la Bulga-
rié puisse faire face à ses engagements. g
Belgrade, 17 décembre, 8 h. 15.
Des voyageurs venant de Sofia déclarent que le
pays et très agité.
La population est très hostile au projet d'em-
prunt du gouvernement et craint qu'il ne constitue
une charge trop lourde pour le pays.
Dans les milieux gouvernementaux on assure que
la première mesure que prendra le cabinet sera la
dissolution du Sobranié.
Le projet de visite des membres du Sobranié à
Belgrade, qui était fixé au 23 décembre, est définiti-
vement abandonné, à ce que l'on dit, par suite de
l'opposition assez vive qu a manifestée une partie
de la presse serbe et russe.
Sofia, 17 décembre.
On croit généralement que M. Karavelof sera de
nouveau chargé de former un cabinet.
LE DISCOURS DE LORD ROSEBERY
Lord Rosebery a prononcé, hier soir, à Chester-
field, un grand discours impatiemment attendu. On
comptait sur ses déclarations. pour éclairer la situa-
tion politique. Elles n'y auront guère servi.
Le parti libéral, dit lord Rosebery, est maintenant
libre de l'alliance irlandaise et de ses conséquences.
C'est donc actuellement un parti purement national
et anglais. Donc qu'il marche avec l'Angleterre,
qu'il respecte ses sentiments, voire ses préjugés.
« Nous devons, dit-il en citant le message du prési-
dent Roosevelt, poursuivre notre route par degrés
successifs et non par bonds; nous devons tenir nos
yeux fixés sur les étoiles, mais nous souvenir en
même temps que nos pieds touchent au sol. »'Or,
l'Angleterre est maintenant impérialiste.
Lord Rosebery engage donc les libéraux à ne pas
se détacher du nouveau sentiment de l'empire qui
occupe la nation.
L'idée que ce sentiment éveille dans les Iles-Britanni-
ques est une vision d'affection et de famille, d'orgueil
et d'epérance. L'homme. dlEtat, si_grand au'il soit, dit-
il, qui s'en détache ne doit éprouver aucune surprise
de voir" la nation se détacher de lui.
Ceci est une leçon posthume à l'adresse de Glad-
stone.
̃ L'orateur dit que, s'il était au pouvoir, son mot
d'ordre serait Efficacité (Efficiency), qui s'appli-
querait à tous les rouages qui font mouvoir la na-
tion.
Passant en revue les différentes administrations,
il dit que les critiques qu'on leur adresse, à l'excep-
tion toutefois de la marine, sont fondées. Il estime
notamment qu'en ce qui concerne l'armée, le gou-
vernement a fait fausse route et il dit que les Alle-
mands, entre autres, auraient adopté un système
tout différent. Le commerce et l'industrie exigent de
leur côté toute l'attention d'un gouvernement éner-
gique. Quant à l'instruction publique, elle est dans
un profond chaos.
En somme, tout va mal.
Mais ce qui va plus mal que tout, c'est la politique
étrangère
L'Angleterre s'est attiré la mauvaise volonté de pres-
que toutes les nations du globe, ce qui constitue un
péril futur, sinon un danger immédiat.
Les nations européennes ont l'impression fausse que
la guerre que nous avons entreprise est celle d'un em-
pire puissant, animé de la soif de l'or, contre deux pe-
tites républiques. Or, au commencement de la guerre,
on aurait dû adresser aux agents du roi à l'étranger
une dépêche récapitulant les mesures que nous avions
prises pour obtenir justice pour nos nationaux habi-
tant le Transvaal, négociations qui ont abouti à ce que
je considère comme l'attaque motivée du gouverne-
ment boer contre le territoire britannique. On aurait
ainsi atténué le mauvais vouloir des autres nations.
En outre, on devrait éviter certaines maladresses.
Lord Rosebery cite, en particulier, l'emploi du mot
« bag » ou « tableau » de chasse pour le total des
Boers capturés pendant la semaine. Il s'y est par-
fois mêlé des tués. Lord Rosebery dit ce que nous
avons dit depuis longtemps, savoir que lord Kitche-
ner peut, s'if lui plaît, employer ce terme sportif en
correspondant avec le gouvernement, mais que le
gouvernement est impardonnable de le donner à la
Mais tandis que Marcela, penchée en avant,
fixait toujours sur le vieillard un regard brûlant
d'angoisse et de doute, Santapau bondit soudain
comme un insensé et, se jetant aux pieds de la
pénitente
Ille sait don Beltran le sait 1. cria-t-il
d'une voix rauque, mais il n'a pas le courage de
te le dire
Effrayée de la brusque apparition du cabe-
cilla, et de son air d'égarement, Marcela recula
comme un oiseau effarouché et voulut s'enfuir;
mais la retenant par sa robe
Ne me fuis pas, Marcela viens! aie
pitié écoute-moi 1. cria le malheureux jeune
homme.
Au nom du ciel, Nelet, parle 1. Qu'y a-t-
il?. Tu me fais peur Pourquoi me regar-
des-tu ainsi?.
--Parce que je suis fou. damné. que les
démons de l'enfer ne peuvent 'souffrir plus que
moi 1. ce que notre ami n'a pas le courage de
dire, je le dirai, moi Le misérable qui a lâ-
chement assassiné ton frère. c'est. le plus
malheureux des hommes. Il est devant tes
yeux, Marcela!
Poussant un cri déchiraat, qui fit résonner
les échos de la montagne, la jeune religieuse
recula en portant les deux mains à ses tempes
d'un geste égaré.
Marcela! cria Nelet se relevant d'un
bond et se rapprochant d'elle à mesure qu'elle
reculait, pâle et les yeux dilatés, Marcela,
pardonne-moi! Il me faut ton pardon!
J'en ai soif! Je lé veux! J'ai agi dans un
moment de folie, d'aveuglement sanguinaire.
Je ne savais ce que je faisais. Au nom du
Ciel! Au nom du Christ. pardonne-moi!
Pardonne-lui, Marcela! s'écria don Beltran
en larmes.
Malheureux! prononça la sainte dont les
lèvres tremblantes avaient peine à articuler un
son. Eloigne-toi de moi. Ote-toi de devant
mes yeux. Mon frère! Mon pauvre frère.
Mon petit Francisque. 0 Dieu assassiné par
toi. par toi!
Marcela pitié gémit Santapau.
Marcela 1. ne' le repousse pas supplia
Urdaneta.
Dieu m'ordonne. de te pardonner. fit-
elle enfin d'une voix entrecoupée, et je le fais.
en chrétienne! Mais jamais plus, jamais 1
plusl., je ne fixerai mes yeux sur toi. La oé-
nitence. le deuil. le remords.
presse. 11 y a des respects qu'on doit aux morts et
aux prisonniers. « Le secrétaire colonial devrait
penser que ce qui est bon pour l'Angleterre n'est"
pas bon pour l'étranger. »
Comment le gouvernement a-t-il conduit la guerret
Très maladroitement.
Le gouvernement a été premièrement averti des pré-
paratifs du président Krüger. Il aurait donc dû immé,
diatement demander le but de ces préparatifs et en exi.
ger la cessation. En le faisant, la guerre aurait beau-*
coup diminué d'importance.
En second lieu, l'attitude du gouvernement dans la,
période qui a suivi le raid Jameson n'a pas été ca.
qu'elle aurait dû être. Il a gêné la commission d'en-
quête et n'a pas insisté pour la production des docu-
ments qui auraient jeté un nouveau jour sur le raid et
sur ses causes.
L'orateur accuse ensuite le gouvernement d'avoir
déclaré, il y a quinze mois, que la guerre était
finie: ». ̃
Mais, enfin, il faudra la finir, cette guerre. Lord
Rosebery veut absolument qu'on la mène jusqu'au
bout. On ne peut pas faire autrement.
Il faut poursuivre la guerre jusqu'au bout avec touta
l'énergie et toutes les ressources dont nous sommes
capables. Notre honneur, notre réputation, l'avenir dq,
sud de l'Afrique exigent que nous terminions cètte
guerre aussi vigoureusement et aussi promptement
que possible. Mais je crois que l'issue naturelle de la
guerre est une paix régulière et un règlement régu-
lier.
C'est pourquoi j'accueillerai favorablement toute pro-
position de paix venant d'une autorité responsable et
plus spécialement si ces propositions venaient du gou-
vernement exilé qui se trouve quelque part dans le
pays qu'habite maintenant l'ex-président Krüger. Il se
peut que ce soit un gouvernement discrédité, quoi
qu'il ne soit pas prouvé qu'il l'est aux yeux de son,
propre peuple. Mais c'est le seul gouvernement qui
ait été en guerre avec l'Angleterre, et qui, en l'absence-
de tout autre, conserve encore quelques' vestiges da
son ancienne autorité.
Donc, s'il était ministre, lord Rosebery accepte-
rait de poursuivre des négociations avec M. Ivrii-
ger.
Mais il ne ferait pas lui-même d'ouvertures de
paix. Il n'indiquerait pas non plus d'avance les con-
ditions auxquelles il ferait la paix. Il ne demande-
rait pas le sacrifice immédiat de M. Chamberlain et
de lord Milner. Cet acte serait sûrement considéré
comme une faiblesse.
Mais l'Angleterre devrait accueillir les ouvertures
qui lui seraient faites et accorder l'amnistie la plus
large et la plus libérale et des droits civiques com-
plets à tous les Boers qui signeraient un serment
d'allégeance bien défini.
L'orateur ajoute, au milieu des applaudissements
de l'assistance, qu'il fera tout ce qu'il pourra pour
mettre à exécution la politique qu'il a exposée et
que ses services sont à la disposition de son pays.
Le discours de lord Rosebery a été accueilli par
les applaudissements chaleureux de l'assistance.
Lord Rosebery avait parlé d'abord pendant deux
heures dans un bâtiment de la gare du chemin de
fer; mais, un grand nombre de personnes n'ayant
pu trouver de place dans ce bâtiment, il s'est rendu,
après avoir pris quelques instants de repos, dans
une autre salle, où il a prononcé un second discours.
En somme, lord Rosebery a dit que le parti libé-
ral doit se rallier à un impérialisme pacifique et sen-
timental que tout va mal; que s'il était au
pouvoir, tout irait bien, car il s'occuperait des af-
faires en homme d'affaires; que la direction de la
guerre a été maladroite; qu'il ne faut pourtant pas
offrir la paix; que si les Boers la demandent on
peut traiter avec M. Kriiger qu'il est, pour lui,
prêt à reprendre le pouvoir. On s'en doutait bien
M. Asquith a ensuite pris la parole pour féliciter
lord Rosebery d'être revenu de sa détermination de
se retirer de la vie publique.
Enfin, sir Edwards Grey a exprimé la conviction
que l'unité du parti libéral se ferait sur les bases
exposées par lord Rosebery.
LA CONFÉRENCE DES SUCRES
L'agence Havas donne le résumé suivant de ce
qui s'est passé dans la réunion de la conférence des
sucres qui a été tenue hier, dans l'après-midi, à
Bruxelles. L'assemblée a abordé la discussion des
questions soumises à ses délibérations.
Le gouvernement belge, depuis la conférence de
1898, obéissant à la mission qui lui avait été donnée,
a établi un projet de convention après négociations
avec les gouvernements intéressés. C'est ce projet
qui sert de base à la discussion. Le secret est gardé
sur son contenu; cependant les points suivants
semblent en faire l'objet p
Les cartels sucriers allemands et autrichiens ne
subiraient aucune atteinte. Tous les pays adhérents
à la conférence perdraient la faculté d'augmenter les r~
droits de douane actuels. Ils ne pourraient pas éta-
blir le régime des cartels chez eux. Par contre, les
gouvernements adhérents à la convention pourront
énéficier d'une prime.
La convention prévoit la diminution fgraduelle de
l'impôt sur les sucres jusqu'à sa suppression. Le,
projet comporterait douze articles. Le dernier est
ainsi conçu:
La conférence de Bruxelles n'arme pas les pays con-
tractants contre la production des sucres de canne;
mais s'il est prouvé que la réduction des primes su-
crières augmente outre mesure la susdite production,
c'est-à-dire, lorsque la production du sucre de canne
aura dépassé trois millions et demi de tonnes. les Etats
contractants s'engagent à se réunir de nouveau dans
une conférence internationale, afin de fixer le taux de
la prime spéciale qui devra être accordée à chaque
pays producteur comme protection contre le préjudi
ce causé par l'extension de la production du sucre de
canne.
Le gouvernement belge lancera les invitations à cette
nouvelle conférence aussitôt qu'un des Etats contrac-
tants aura prouvé que la production du sucre de canne
dépasse la limite indiquée.
Le projet stipule en outre la création d'une com-
mission internationale, chargée du contrôle et de
l'exécution de la convention.
On cherche à hâter la discussion de la prime afin
de pouvoir suspendre les séances samedi. Les dé-
Sa voix se brisa, et, cachant son visage dans
ses mains, elle sanglota amèrement; mais se
redressant soudain, les yeux étincelants, les
joues empourprées, semblant grandie par la
passion
Je mourrais! s'écrià-t-elle avec une vio-
lence et une intensité d'expression inexprima-
ble, je mourrais d'horreur et de honte, s'il
me fallait respirer une seconde de plus l'air que
tu empoisonnes de ta présence
Meurs donc rugit le carliste à moitié
fou, et se lançant sur les traces de la jeune fille
qui fuyait éperdue, il l'atteignit, la saisit d'une
étreinte où la rage et l'amour se confondaient,
et lui fracassa la tête d'un coup de pistolet.
Don Beltran, atterré se laissa tomber sur le
sol, car ses genoux se dérobèrent sous lui. Il
voulait se relever, appeler Nelet, courir au se-
cours de l'infortunée, quand une seconde déto-
nation, éclatant avec un bruit lugubre à travers
les ruines, vint le clouer sur place.
Le meurtrier s'était fait justice et gisait
écroulé sur sa victime, le cœur troué d'une
balle.
Quand les pauvres vieillards, témoins impuis-
sants et presque hébétés de cette scène tragi-
que, eurent la force de se traîner en gémissant
vers les deux cadavres, le vieux Alfajar tourna
ses yeux éteints vers don Beltran.
Que devons-nous faire, seigneur?. arti-
cula-t-il, d'une voix basse et tremblante, creu-
ser deux fosses, n'est-ce pas?.
Non, mon ami. une seule, assez large
pour tous les deux. Et puissent, ces malheu-
reux enfants, nés pour le bonheur et victimes
de nos discordes, y reposer à jamais en paix
côte à côte
La journée entière s'écoula avant que fût ter-
minés la funèbre besogne. Enfin, au coucher
du soleil, comme les trois vieillards se retiraient
à pas lents, le visage baigné de larmes, les
épaules courbées par la douleur, leur ouïe af-
faiblie perçut dans le lointain un fracas de tam-
bours et de clairons.
Le bruit se rapprocha; devant eux, musique
en tête, étendards au vent, défila une longuô
troupe en armes.
C'était l'avant-garde de l'armée royale, se pré*
parant à Dasser la frontière de l'Aragon.
FIN
PÉREZ GaLDOS.
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