Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-08-24
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 août 1900 24 août 1900
Description : 1900/08/24 (Numéro 14320). 1900/08/24 (Numéro 14320).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS 34 août 1900.
§ pu formuler des opinions personnelles. Vous savez
Nue notre parti est bien résolu à ne jamais sortir de la
légalité, mais à défendre même par la force le pouvoir
qu'il aura ^également conquis. ~> p
M. Duvernay crie « Nous serons révolutionnaires
guand il le faudra. »
Le président cherche à apaiser l'incident qui menace
lie redevenir violent, mais M. Dansette, debout, crie à
pleine voix .-•̃
-Si vous voulez un jour, monsieur Devernay, parler
de l'exploitation socialiste je serai votre homme. Vous
î.tes des exploiteurs hier vous étiez des prolétaires,
aujourd'hui vous êtes dos bourgeois.
Payez mes dettes I Voulez-vous payer mes dettes ?
Jépond M. Devernay.
La plupart des conseillers réclament la clôture qui
îst mise aux voix et votée à l'unanimité' moins quel-
ques voix.
Après une intervention sur la question du rachat des
Chemins de fer de MM. Dron, Pliohon et Guillain,'le çon-
aeil repousse à l'unanimité moins trois voix le vœu'sor
Pialiste (MM. Ghesquière et Lasson étaient absents.)
Finalement, le conseil vote les conclusions du rap-
porteur repoussant le rachat des chemins dé fer, avec
cette adjonction de M. Guillain: « qu'il n'y a pas lieu
actuellement d'examiner la question du rachat »..
Aucun autre incident ne s'est produit jusqu'à la fin
ï»e la séance.
Pas-de-Calais. Tous les membres républi-
cains du conseil général, réunis hors séance, signè-
rent l'adresse suivante, rédigée par M. Jonnart
Les conseillers généraux soussignés, interprètes des
sentiments patriotiques des populations du Pas-de-Ca-
lais, réunis hors séance, ont l honneur d'adresser au
président de la République l'hommage de leur respec-
tueux dévouement, de leur confiance et de leur vive
gratitude.
Ils lui sont profondément reconnaissants d'avoir si
noblement exprimé la pensée et les aspirations de la
France républicaine au cours des fêtes magnifiques qui
ont célébré à Paris le travail, le progrès et la civilisa-
tion, et de l'inoubliable cérémonie de la remise des dra-
oeaux au vaillant corps expéditionnaire en route pour
l'Extrême-Orient. ̃
En séance, le conseil a adopté un vœu tendant à
"abrogation de la loi de 1897 sur le dégrèvement
des boissons hygiéniques qui, sans aucun profit
pour le consommateur au détail, priverait les villes
à octroi de leur principale source de revenus.
Le conseil a renvoyé à l'administration, pour étu-
de, le vœu du conseil d'arrondissement d'Arras,
concernant la réduction du service militaire à deux
ans) et des vœux de M. Basly sur la journée de
huit heures daus les mines et la création de prud'-
hommes mineurs;
n a rejeté un autre vœu de M. Basly, tendant à
fixer par voie législative le minimum de salaire, et
un vœu de M. Delcluze, portant suppression des pé-
riodes des vingt-huit et des treize jours.
Pyrénées-Orientales. Sur la rfroposition de
M. Pams, député, le conseil a voté 500 francs pour
'les grévistes de Fillols, au lieu de 1,000 francs de-
mandés par M. Bourrât.
Vienne (Haute-). Le conseil, après avoir en-
voyé au personnel de la légation de France à Pékin
et au corps expéditionnaire de Chine toutes ses féli-
citations et l'expression de sa vive sympathie, a
adopté le vœu suivant, à l'unanimité
Au nom de la civilisation et des principes supérieurs
de la liberté et de l'indépendance des peuples, 1
Le conseil général do la Haute-Vienne, pour faire
suite à son vœu émis lors de la session d'avril, invite le
gouvernement de la République française à s'entendre
• avec les gouvernement de la Russie, de l'Allemagne et
les Etats-Unis pour mettre un terme à la lutte barbare
qui désole l'Afrique du Sud.
Yonne. Une discussion assez vive s'est pro-
Suite à propos du salut adressé aux troupes de
Chine, auquel MM. Collinot, Lordereau, sénateurs,
Mcrlou, Vlllejean et Loup, députés, proposaientd'a- t
jouter ce qui suit
Mais considérant que la guerre actuelle prend un ca-
ractère des guerres de religion, qui sont la honte de I
l!humanité, et que le poids le plus lourd est supporté par
la démocratie, qui paye de son sang et par des impôts
disproportionnés le fanatisme et l'avidité des mission-
naires, le conseil demande que les missionnaires soient
.laissés à eux-mêmes et chassés de toutes les colonies
ïrançaises où ils sont au milieu de populations cré-
dules un élément do troubles et de' désordres encore
plus dangereux que pour la métropole.
Ce vœu a été vivement combattu par M. Flan- 1
din, qui a rappelé à ce propos que « l'anticléri-
calisme n'était pas un article d'exportation ». Il a été
adopté par 13 voix.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales
Indre. Les électeurs sénatoriaux • sont convo-
qués pour le 7 octobre afin d'élire un nouveau séna-
teur en remplacement de M. Brunet, décédé.
Les conseils municipaux éliront leurs délégués le
2 septembre.
Elections législatives
Les électeurs de la 1" circonscription du Puy
(Haute-Loire) sont convoqués pour le 16 septembre
afin d'élire un député en remplacement de M. Char-
les Dupuy, élu sénateur.
Ceux de la lro circonscription de Riom (Puy-de-
Dôme\ sont également convoqués pour le 16 sep-
tembre afin d'élire un député en remplacement de
M. Girard, décédé.
NOUVELLES DU JOUR
Le congrès de la fédération socialiste de l'Isère
s'ouvrira le samedi 25 août, à Voiron, sous la prési-
dence du citoyen Zévaôs, député de la 2° circonscrip-
tion de Grenoble.
La séance du dimanche 26 août commencera à
sept heures du matin, sous la présidence du citoyen
Jules Guesde.
Une grande conférence publique aura lieu dans l'a-
près-midi pour la clôture du congrès.
Le p rince Mohammed) prince héritier de Tunisie,.
a quitté Paris hier soir, après un séjour d'une se-
maine. Il a, avant son départ, fait remercier le mi-
Distre des affaires étrangères pour les marques de
sympathie qui lui avaient été données à Pans.
A huit heures, Mohammed bey a pris le train pour
Marseille, à la gare de Lyon. L'accompagnaient
son fils, le prince Si Tahar bey, Si Rcçnid Haïdor,
son neveu^Ie général El Asfouri, M. Rémy, inten-
dant de la courbeylicale, Si Denguzli, son interprète
et secrétaire, et El Hadi Lakoua, secrétaire inter-
prète. Le capitaine Vinçon et M. Ferdinand Royer
sont venus saluer le prince au nom du ministre.
Par décret, M. Maringer, maire de Nancy, est pro-
mu officier de la Légion d'hohneur.
En présidant, à l'hôtel de ville de Bar-le-Duc, l'as-
semblée générale annuelle do la société de secours
mutuels dos instituteurs delà Meuse, M. "Raymond
Poincaré, député de Commercy et ancien ministre
dp .l'instruction publique, a prononcé un important
discours dont voici la partie principale
Ouvrir et meubler les intelligences, c'est bien; mais
ïormer des volontés énergiques, invinciblement tour-
nées vers la beauté morale, c'est mieux; et ce mieux,
vous vous efforcez tous les jours de le réaliser.
Je ne veux médire d'aucune des matières de votre
enseignement. Je respecte l'arithmétique, et la géogra-
phie. Je respecte même, la grammaire et l'orthographe,
qui, pour être fort décriées aujourd'hui, n'en restent pas
moins, à mes yeux, les garde-fou de la langue et les
régulatrices du style.
Mais l'instruction n'est que la partie subalterne de
1 l'éducation. Elle est lumière, elle n'est pas chaleur." Et
pour faire éclore la fieur de l'âme humaine il ne suf-
fit pas d'une lueur qui brille, il faut un rayon,qui
échauffe.
Faites donc de l'école, messieurs, un foyer de rayon-
nement et d'action bienfaisante.
Apprenez, leur, à ces écoliers, apprenez-leur, dès l'âge
le plus tendre, à regarder, à comprendre, à aimer leur
terre natale.
Ne les laissez pas passer indifférents ou aveugles
dans les rues de leur village ou de leur petite ville.
Dites-leur l'histoire de leur cité et de leur province,
en même temps que celle de leur patrie.
Ces vieilles pierres que voici ont leurs souvenirs et
leur langage; cote mairie représente la commune, le
groupement des intérêts locaux, les libertés municipa-
les; ce coteau, cette vallée, cette forêt sont peuples par
les ombres des siècles, et vous y pouvez cueillir à
chaque pas des enseignements rétrospectifs. Ce ruis-
seau a été une frontière; ce défilé a été plusieurs fois,
à deux ou trois cents ans de distance, le théâtre de ba-
tailles où s'est joué le sort de la France. Déroulez,
messieurs, sous les regavas des enfants tout ce qu'il y
a de coloré, d'attrayant, j'allais dire de vivant dans ces
choses mortes. Du pacte de Verdun à l'histoire des
Trois-Evêches, de- l'équipement de Jeanne d'Arc au rè-
gne de Stanislas, faites-leur parcourir rapidement tou-
tes les étapes par lesquelles ont passé l'ancienne Lor-
raine et l'ancien Barrois.
Ne les attardez pas aux détails; déployez-leur les en-
sembles, conduisez-les sur les sommets.
Montrez-leur comment et pourquoi ces provinces
sont devenues françaises. Puis, de l'amour éclairé de
la petite patrie, élevez-les plus haut encore, àj'amour
ïéfléchi de la grande patrie.
•y
Par décret, en date du 21 août, ont été nommés
dans le corps de l'inspection des colonies, pour
compter du 16 août 1900
Au grade d'inspecteur de 1"> classe des colonies,
M. Pierre-Aristide Crayssac, inspecteur de 2" classe.
Au grade d'inspecteur de 3" classe des colonies,
MM. Georgos-Lucien-Constantin Norès, commissaire de
1" classe de la marine, et Xavier- Vincent-Amédée Fer-
landé, commissaire de 1" classe de la marine.
Par arrêté du ministre des colonies, du 16 août
MM. Emile Démaret, docteur en droit, et Albert-Ma-
rie-Victor Lemée, rédacteur de 5e classe au ministère
des colonies, ont été nommés à l'emploi d'adjoint à
J'inspection des colonies.;
Une commission internationale, composée des
délégués officiels de presque toutes les nations d'Eu-
rope et d'Amérique, vient de se réunir à l'Ecole de
médecine, sous la- présidence do M. Brouardel.
doyen de la Faculté} pour établir une nomenclature
internationale des causes de décès. Le but pour-
suivi par cette commission est de rendre compara-
bles entre elles les statistiques nosologiques des
différents pays.
%a nomenclature adoptée est celle que M. Jacques
Bertillon a rédigée pour la ville de Paris.'Tous les dé-
légués (moins un) ont pris l'engagement écrit de la
recommander à leurs pays respectifs, pour qu'elle
soit en usage à partir du 1" janvier 1901. Il est dès
à présent acquis'que la nomenclature française sera
la s.eule usitée dans les deux Amériques et dans un
grand nombre de pays européens.
M. Jacques Bertillon a été chargé de centraliser
les statistiques ainsi recueillies.
Le résultat des travaux de la commission in-
ternationale constitue un succès pour la science
française.
Voici le tableau des opérations effectuées par la
Caisse nationale d'épargne pendant le mois- de juil-
let 1900
versements reçus de 274,579 déposants, dont
40,011 nouveaux 34. 680. 7Î8 75
Remboursements à 132,238
déposants, dont 16.716 pour
solde. 27.893.755 70\
Rentes achetées ( ç,s nR. 8T
à 512 déposants, i 28.451.084 87
pour un capital de 557.329 17;
Excédent des versements.. 6.229.633 88
Nombre de comptes existant au 31 juillet 1900
3,506,789, ̃*̃̃̃̃ J
LES GRÈVES
On nous écrit de Belfort
Une partie des'ouvriers (350 sur 520) de la filature
et du 'tissage de MM. Warnod-Boigeol de Giroma-
gny se sont mis en grève, demandant le renvoi d'un
concierge et le payement au mètre. Les grévistes
sont calmes.
On télégraphie de Saint-Étienne `
Le directeur des mines de Roche-la-Molière et de
Firminy a adressé, hier soir, une lettre au secrétaire
de la fédération des mineurs dû bassin de la Loire,
.lui fixant une entrevue pour vendredi, à cinq heu-
res du soir. Une délégation de mineurs s'y rendra.
On crojt qu'une entente en résultera et que la
grève générale sera évitée.
AU JOUR LE JOUR. 1
Les grèves dans les ports
(Dépêches de nos correspondants particuliers)
t Marseille, 23 août.
Voici le texte du contrat intervenu entre les gré-
vistes chauffeurs, soutiers et matelots et les arma-
teurs
Marseille, 21 août.
A la mer et pendant les mouvements des navires dans
les ports, les inscrits maritimes doivent,. en tout temps,
les services de leurs spécialités notamment pour les
appareillages, mouillages, manœuvres du bâtiment, la
propreté du matin et lorsque la sécurité du bâtiment
ou de sa cargaison est en jeu, et enfin dans tous les
cas de force majeure.
Hors de ces circonstances, ils ne sont astreints, en
dehors de leur quart, à aucun travail gratuit, mais ils
no peuvent se refuser à exécuter les ordres qui leur
seront donnés. •
Tout travail accompli en dehors des circonstances
spécifiées au paragraphe l" à bord ou hors du bord
pendant le service, toute manipulation de charbon et
des marchandises donnent lieu à l'application du "tarif
des heures supplémentaires.
Les heures de service sont réglées ainsi qu'il suit
A la mer, quarts de quatre heures alternant avec des
périodes de repos de quatre heures pour les marins, do
huit heures pour les chauffeurs.
Enradeetdansleport, les premiers chauffeurs, chauf-
feurs et soutiers prennent le service à sept heures du
matin et le quittent à cinq heures du soir. Ils ont droit
pendant ce temps à un repos de deux heures, pour pren-
dre leur repas du milieu de la journée.
Les capitaines d'armes, timoniers, pointeurs, mate-
lots prennent le service à 6 heures du matin et le quittent
à la fermeture de la douane. Ils ont droit à trois repos
d'une heure chacun, pour prendre leurs repas.
La bordée de quart assure la garde du bâtiment pen-
dant la nuit.
Les armateurs s'engagent à donner aux -marins les
soldes mensuelles suivantes
1er» chautfeurs long cours, 124 fr.; cabotage, 112
lors timoniers, capitaines d'armes: long cours, 118 fr.;
cabotage, 106.
Matelots et soutiers long cours, 83 fr.; cabotage, 77.
Chauffeurs long cours, 100 fr.; cabotage, 95.
Le tarif des heures supplémentaires est flxé à 50 cen-
times pour les chauffeurs et soutiers, 40 centimes pour
les matelots.
Les armateurs s'engagent à retirer leurs plaintes
pour faits de grève.
Le délégué des inscrits maritimes,
Docteur Mirkur.
Pour le Syndicat de la marine marchande,
en dehors des Messageries maritimes,
BERGASSE.
Vu et certifié le contre-amiral,
BESSON.
D'autre part,- MM. Cadenat et Carnaud, députés,
adressent aux journaux une lettre très violente pour
MM. Quilici et Mireur à propos de l'ordre du jour
de blâme qui a été voté contre eux par les grévistes
chauffeurs.
Bordeaux, 23 août.,
La grève des inscrits maritimes est terminée, du
moins pour le moment, les Messageries maritimes
ayant après tous les autres armateurs accepté les
tarifs demandés, mais cette acceptation ne comprend
que les inscrits des paquebots actuellement en rade,
Chili, Brésil, Médoc.
Ces décisions ont été communiquées aux grévistes
dans une réunion tenue à l'Athénée hier .Voir. La
question des heures supplémentaires qui restait en
suspens a été réglée comme Suit Premiers chauf-
feurs, cinquante centimes; chauffeurs, quarante cen-
times soutiers, trente centimes.
Les grévistes ont décidé de reprendre le travail dès
ce mâtin, ce qui a été fait, quitte à reprendre la grève
au cas où les compagnies ne feraient pas bénéficier
des nouveaux tarifs les inscrits des bateaux qui vont
arriver.
Le Havre, 22 août.
La grève des ouvriers voiliers des ateliers, ainsi
que celle des ouvrières bâcheuses, continue. Les
grévistes poursuivent leurs revendications pour la
journée do huit heures.
Les charpentiers de navires les perceurs et les
calfats demandent également la journée de huit
heures.
Dans sa dernière séance qui vient d'avoir lieu, le
tribunal maritime commercial a condamné à quinze
jours d'emprisonnement chacun les nommés Louis
Savalle, Victor Joignant, René Marzin et Yves
Pont, chauffeurs, pour avoir manqué, les deux pre-
miers, à la date du 11 août, le départ au Havre du
steamer Uruguay de la Société des Chargeurs-Réu-
nis, et les deux autres le départ des steamers Caro-
lina et Lion.
Bayonne, 23 août.
Les chauffeurs, soutiers et matelots du vapeur
Nord, de 1,500 tonneaux, appartenant à la Compa-
gnie Nord, de Duhkerque, se sont mis en grève
avant-hier, réclamant une augmentation mensuelle
de leur salaire variant, suivant leurs emplois, de 20
à 30 francs..
La grèVb s'est étendue, hier, au personnel des va-
peurs Allanliqtte, Voltn, Boucan, La-Palice, de la
Compagnie d'Orbignv, Faustin et Gc, de la Rochelle,
et à celui de VEduar do-Marie, de la maison Le Gal,
de Nantes. Les grévistes ont abandonné leurs bâti-
ments, à bord desquels sont restés les officiers et les
mécaniciens.
Dans l'après-midi d'hier, lo personnel du Nord et
celui de l'Eduardo-Maric, ayant reçu satisfaction,
ont repris le travail. Les autres grévistes sont
calmes.
CORRESPONDANCE
1 Neucbâtei, 22 août.
A M. le directeur du Temps, à Paris
Monsieur le directeur,
Sous le titre do « la Chine et ses missions », M. Mar-
cel Monnier publie, dans le Temps de dimanche dernier,
un article dans lequel il établit une comparaison des
résultats obtenus par les missions catholiques et les
missions protestantes en Chine.
L'éminent écrivain cite le chiffre de 37,300 convertis
comme fruit de l'activité dos missi'ons protestantes.
C'est à ce chiffre que s'élevait, en effet, le nombre des
communiants, c'est-à-dire des chrétiens adultes, en
1889. Actuellement, il dépasse toutefois 100,000, ce qui
revient, enfants compris, à au moins 200,000 chrétiens.
D'autre part, M. Monnier indique le nombre des
chrétiens catholiques à 1,200,000; mais le même nu-
méro du Temps indique leur nombre, sur l'autorité de
la Semaine religieuse du diocèse de Paris, à 769,000, tan-
dis que les Missiones catholicx do 1898, publication offi-
cielle, de la Propagande de Rome, les fixe à 616,000.
Le chiffre de 200,000 chrétiens atteint par les missions
protestantes en quarante ans d'activité-car ce n'estque
depuis 1860 qu'elles travaillent sérieusement en Chine
me semble bien supporter la comparaison avec les
616,000 ou 769,000 des missions catholiques, résultat
d'une activité de plusieurs siècles.
M. Monnier relève encore particulièrement l'œuvre
de l'enfance abandonnée que poursuit avec beaucoup
de zèle la mission catholique. La mission protestante
est aussi active sur ce terrain, bien que dans une
moins grande mesure. En revanche, elle a une mission
médicale qui comprend 125 médecins hommes et 60
médecins femmes diplômées, 30 écoles de médecine, 11
asiles pour lépreux, 124 hôpitaux et 240 dispensai-
res.
Dans ce dernier domaine, la mission protestante a.
certainement une avance considérable sur l'oeuvre ca-
tholique.
Recevez, monsieur le directeur, l'expression de mes
sentiments distingués.
CH. PITON
ancien missionnaire protestant
en Chine.
FAITS DIVERS
Jeudi 23 août. Une dépression persiste sur les Iles-
Britanniques (Scilly, 748 mm.); elle amène une tempête
d'est au nord de l'Ecosse. Le baromètre reste bas dans
la moitié occidentale de l'Europe il dépasse 765 mm.
dans le centre de la Russie.
Le vent est modéré d'entre sud et ouest sur nos côtes
de la Manche et de l'Océan; il est faible de l'est en Pro-
vence.
Des pluies sont tombées dans l'ouest de l'Europe.
En France, on a recueilli 10 mm. d'eau à Lyon, 5 à
Boulogne, 2 à Biarritz, 1 à Paris. On signale des orages
à Lyon, à Besançon et à Perpignan.
La température a baissé en France et en Angleterre;
elle était, ce matin, de 9° à Bodœ, 15° à Arkhangelsk,
'Paris, 28° à Alger.
On notait 11° au mont Aigoual, 9° au puy de Dôme,
5° au pic du Midi.
En France, quelques ondées sontprobables avec temps
chaud.
A Paris, hier l'après-midi, nuageux petite pluie..
Moyenne d'hier 22 août, 19°, supérieure de 1°1 à la
normale.
Depuis hier midi, température maxima, 22°8, minima,
11°9;
A la tour Eiffel: maximum, 18°6; minimum, 13°2.
Baromètre à 7 heures du matin, 756 mm. 7; station-
naire à midi.
Situation particulière aux ports
La mer est agitée sur la Manche et l'Océan et belle
sur la Méditerranée.
LA GRÈVE DES COCHERS DE FIACRE. Ce fut hier un
grand émoi parmi les grévistes qui composent l'au-
ditoire habituelde MM. Calmels et Rouletàla Bourse
du travail. On n'aurait jamais cru que M. Bixio osât
rouvrir les portes de ses dépôts. Pourtant, il avait
fallu s'e rendre à l'évidence non seulement les dé-
pôts avaient été rouverts, mais il en était sorti des
voitures. Et aussitôt la fureur des grévistes de se
porter sur les « renégats », les « faux frères ». Au
début de la rôunion; M. Calmels avait déclaré que
leur nombre était infime. Quand on lut la liste .de
leurs noms, on s'aperçut en somme qu'ils étaient
lus nombreux que l'optimiste secrétaire de la cham-
bre syndicale le prétendait.
Cette lecture ne manqua pas de gaieté. Les co-
chers ont coutume de se donner entre eux des so-
briquets. C'est ainsi que nous vîmes successive-
ment clouer au ban d'infamie V. le « Rouquin »,
X. le- « Bouffi », Y. dit « Rothschlld », Z. dit le
« Barbu de Réaumur ».
Une rumeur d'indignation accueillit l'énoncé de
ces noms abhorrés, et les quolibets plurent à leur
adresse.
D'ailleurs, la caractéristique de cette réunion est
une recrudescence de violence dans le langage des
principaux orateurs. Ils s'en prirent d'abord au pré-
fet de police, qui fut irrévérencieusement qualifié de
« petit bonhomme ». M. Lépine a le'tort, à leurs
yeux, de protéger les « renégats ». Une -délégation
s'est rendue auprès de lui, hier, pour demander « do
faire respecter la tarification par les loueurs » {sic).
Le préfet de police répondit à cette injonction im-
prévue que la tarification avait été faite à l'usage
des cochers qui sont en relation directe avec le pu-
blic, et non pas à celui dés loueurs. Il ne fit aucune
difficulté pour reconnaître que les premiers la vio-
laient fréquemment, surtout pendant l'Exposition, et
promit si tel était le but de cette démarche de
veiller désormais à ce qu'elle fût observée. Mais ce
n'était pas ce que voulaient les délégués. Au con-
trair e, ils se plaignirent des agents en civil qui ver-
balisent contre leurs camarades sur lavoie publique
et terminèrent en demandant à M. Lépine de ne pas
empêcher l'exercice du droit de grève. Ils avaient
par avance obtenu satisfaction sur ce point M. Lé-
pine s'engagea à faire respecter le droit de grève et.
la liberté du travail.
En somme, les grévistes n'ont pas -été satisfaits
du langage de M: Lépine. Ils se sont vengés en l'ap-
pelant « petit bonhomme », et M. Roulet a expliqué
que son attitude n'avait rien d'extraordjnaire, étant
donné qu'il est au mieux avec M. Bixio et que
tous ces gens-là s'entendentcontre les travailleurs».
Néanmoins, il a engagé ses camarades à ne pas
abandonner la lutte. Puis M. Calmels, tout en lais-
sant percer ses craintes, a prononcé un vigoureux
̃^pel à la résistance
D'ici deux ou trois jours, a-t-il affirmé, il n'y aura
pas la moitié des renégats qui oseront sortir. Il suffit
pour cela que vous résistiez aux offres qu'on vous fait.
Vous ne pouvez pas changer de tactique. Ce n'est pas
au moment où de partout nous recueillons un appui
moral et financier que vous nous lâcherez. Attendez en-
core deux ou trois jours, et Bixio sera contraint de fer-
mer une fois de plus ses dépôts. Alors c'est nous qui
irons,les ouvrir aux conditions que nous avons posées.
Continuez à exercer votre contrôle sur les faux
frères. Cest un droit que nous revendiquons et qu'on
ne peut pas vous disputer. A vous de ne pas vous lan-
cer dans une méthode de 'violence, du moins pour le
moment. Tant que la préfecture de police existera, elle
cherchera à créer des conflits chez les ouvriers; dédai-
gnez ses agents provocateurs et soyez unis dans la
grève, afin do l'être dans la victoire.
Les discours de MM. Calmels et Roulet, les deux
directeurs de la grève, l'un, gros, rouge, à la parole
sourde et pâteuse, l'autre, grand, mince, au mot
incisif, au geste bref, sont habituellement les seuls
intéressants. La corporation des cochers compte peu
d'orateurs, et c'est une infériorité en temps de grève,
car il importe de relever les courages et d'arracher
les grévistes aux dangers du dehors en les retenant
dans les assemblées. M. Roulet a compris cela. Aussi
se fait-il de plus en plus aimable pour faciliter l'accès
de là tribune aux hommes de*bohne volonté. Hier,
un vieux cocher à l'épaisse moustache blanche y a;
fait ses débuts. Peu sûr de lui, il avait écrit son dis-
cours. Ce fut d'abord une longue philippique contre
« les infâmes carnassiers qui portent le nom de capi-
talistes », contre « ces gens qui sont des voleurs en
étant des assassins ». Puis le nouvel orateur haussa
le ton, se laissa emporter par. son lyrisme, « 0 ci-
vilisation, mot sublime, s'écria-t-il, quo de crimes on
commet en ton nom !» »
Un autre orateur nouveau montra un talent bien
différent. Sa devise est sans doute « Acta, non verba »,
car toutes les petites histoires qu'il raconta, des ré-
cits de rencontre entre lui et des « renégats », se ter-
minaient par une correction infligée à ceux-ci. Ce
mode de discussion a beaucoup plu aux grévistes,
et M. Roulet a profité de leur bonne humeur pour
faire voter la continuation de la grève.
Ce matin, le nombre des cochers qui travaillent
a sensiblement augmenté. Il était,. hier, de 480; on
croit, à la préfecture de police, qu'il atteindra, au-
jourd'hui, environ 800. Les manœuvres des grévis-
tes, pour empêcher la rentrée dans les dépôts, sem-
blent donc échouer devant la ferme volonté des co-
chers fatigués de la lutte. Cependant, les grévistes
̃ne renoncent pas à leur service de surveillance. Ils
l'ont, au contraire, perfectionné. Ce matin, des bicy-
clistes se lancent à la poursuite des fiacres de la
Compagnie générale pour relever leurs numéros et,
d'autres grévistes, munis d'appareils photographi-
ques, prennent l'instantané des cochers qui sortent
des dépôts avec leur attelage.
SAISIE DE CARTES POSTALES. -Sur la plainte de M. Bé-
renger, l'honorable sénateur, M. André, juge d'in-
struction, a chargé M. Hamard, sous-chel de la
sûreté, de saisir chez divers commerçants des cartes
postales ornées de dessins obscènes.
M. Hamard a saisi hier un nombre considérable
de ces cartes. Il continuera aujourd'hui son œuvre
d'épuration.
LA STATUE D'ALPHONSE DAUDET. -Le total des sommes
recueillies par la Société des gens de lettres pour
l'érection d'un monument à Alphonse Daudet, atteint
aujourd'hui la somme de 10,900 francs. Parmi les
souscripteurs de la première heure, la Société des
gens de lettres, 1,000 fr. Emile Zola, 100 fr. Fran-
çois Coppée, 100 fr.; Louis Ganderax,20 fr. Mais
tout cela est insuffisant, et le comité espère que les
admirateurs de l'écrivain voudront bientôt apporter
tous leur obole.
En attendant, le sculpteur de Sain t-Marceaux s'est
mis à l'œuvre pour acchver le monument que déjà
nous avons décrit. Dans une attitude d'observation
mélancolique, Daudet est assis près du tronc noueux
d'un vieil olivier, symbole du Midi, emblème de la
Provence, où il naquit. Ce monument est destiné à
Paris, square Sainte-Clotilde ou jardin du Luxem-
bourg. Et l'inauguration doit avoir lieu dans le prin-
temps prochain.
L'OUVERTURE DE LA CHASSE EN SEINE-ET-MARKE. Sur
les instances du conseil général, le ministre de l'a-
griculture vient de décider que l'ouverture de la
chasse, dans le département de Seine-et-Marne,
primitivement fixée au 2 septembre, aurait lieu le
dimanche 26 août, comme pour tous les départe-
ments compris dans la 2° zone.
UN DRAME A LA « IAISON DU RIRE ». La parade venait
de finir et la représentation allait commencer, hier
après midi, à la «.Maison du Rire » de l'Exposition,
lorsque, tout a coup, un individu, sortant de la foule,
se précipita vers le théâtre en bousculant les mr-
sonnes qui se trouvaient devant lui et, sortant de sa
poche un revolver, tira trois coups de feu sur M.
Chappelet, contrôleur, qui se tenait debout près de
la porte d'entrée.
M. Chappelet, atteint d'une balle à la joue droite,
s'enfuit en traversant la salle du théâtre et gagna
une porte de derrière. Son agresseur le suivit, mais
les emplovés du théâtre coururent après lui et par-
vinrent à l'arrêter. Dans la lutte, le meurtrier ache-
va de décharger son arme, mais, heureusement, 'il
n'atteignit personne.
Aidés d'un inspecteur de la sûreté et de deux gar-
diens de la paix, les employés le conduisirent au
commissariat de police. En le fouillant, on découvrit
un livret militaire au nom de Valat, habitant rue des
Lyonnais. Il avoua que ce livret était le sien, mais
refusa de donner aucun autre renseignement. M. Pré-
lat l'envoya alors au Dépôt.
Dans la soirée, une enquête fut faite au domicile
de Valat, rue des Lyonnais. Là, on apprit que le
meurtrier, garçon boulanger de son métier, était ar-
rivé à Pans, venant de Montpellier, il y a deux
mois, qu'il menait une vie très régulière, qu'il cau-
sait très peu avec les voisins et que par conséquent
on ne savait rien de lui.
M. Chappelet, dont l'état est assez grave, a été
conduit à son domicile, 106, rue de la Boôtie. Il dé-
clare ne pas connaître son agresseur, qui est égale-
ment inconnu des autres employés de la « Maison
du Rire ).
1 L'ACCIDENT DE LA PASSERELLE.– Les nouvelles des
blessés sont ce matin tout à fait satisfaisantes et
l'on peut espérer que ceux mêmes dont la vie sem-
blait en danger jusqu'à présent guériront de leurs
blessures.
Aujourd'hui ont lieu les obsèques de trois des vic-
times, A Lille, on enterre M. Lecaillé à Paris, M.
Brassard et Mme Reigagne. Le ministre du com-
merce se fera représenter à ces deux dernières céré-
monies par MM. Jourde et Richard, attachés de son
cabinet. Le corps de la quatrième victime, Mme Di-
dier, a été transporté hier soir à la Morgue; la date
des obsèques n'est pas encore fixée.
Hier, les experts ont continué leur enquête à l'Ex-
position. Accompagnés de M. Prélat, commissaire
de police, ils ont fait remettre en place pour quel-
ques instants, par une équipe d'ouvriers, les débris
de la balustrade. Puis ces débris ont été replacés
sous scellés. p
Il ne reste plus à entendre que quelques témoins
de l'accident. Leurs dépositions reçues, M. Prélat
transmettra le dossier de l'affaire à M. Boursy, juge
d'instruction il enverra en même temps au greffe
un certain nombre d'objets chapeaux, manteaux,
bottines, cannes, bijoux, etc., trouvés sur la passe-
relle après l'accident et qui n'ont pas encore été ré-
clamés,
EST-CE UN ASSASSIN? Un homme âgé de 35 ans
environ, correctement vêtu, entrant hier après-midi
dans une brasserie servie par des femmes, 4 bis, rue
Croix-Nivert, leur offrait des consommations.
L'individu parlait beaucoup et à un certain mo-
ment ses propos éveillèrent l'attention du proprié-
taire de l'établissement, qui se mit à écouter p
Moi je n'ai pas peur, disait l'homme. Tel que
vous me voyez j'ai assassiné un vieux bonhomme à
Tours, et je ne me cache pas.
Le tenancier de la brasserie envoya prévenir le
commissaire de police, et un instant après deux
inspecteurs arrêtaient le singulier consommateur.
Interrogé" par M, Bouteiller, commissaire de po-
lice, il déclara se nommer Jean-Baptiste Corbin et
être né à Préaux, dans la Mayenne. Loin de nier
les propos qui avaient provoqué son arrestation, il
les précisa et s'accusa d'avoir assassiné dimanche
dernier, à Tours, un rentier, M. Clément, au service
duquel il était attaché en qualité de garde-malade.
Le commissaire de police crut être en présence
d'un fou, mais Corbin donna des détails si précis
que le magistrat finit par croire à son récit. Corbin
raconta qu'il était un ancien infirmier de l'hospice
général de Tours, où M. Clément avait été en. trai-
tement. Le vieillard, satisfait de ses soins, avait
pris en amitié et l'avait engagé à son service à sa
sortie de l'hôpital.
Dès que je fus installé chez lui, poursuivit Cor-
bin, j'eus l'idée de l'assassiner. J'épiai le moment favo-
rable et, dimanche, tandis que ses deux petites filles
étaient dans leur chambre au troisième étage, je pris
un marteau et je lui brisai le crâne. Mon crime accom-
pli, je fouillai les meubles et m'emparai de l'argent
qulils renfermaient, une vingtaine de mille francs. Je
me promenai pendant quelques heures dans les rues de
Tours. Ensuite, je pris le train pour Paris. Ce fut une
bien mauvaise idée.
En effet, j'arrivai la nuit, je fft'assis sur un banc et
m'endormis. A mori réveil, je m'aperçus que les vingt
mille francs du père Clément avaient disparu. 3'avais
été volé Il ne me restait plus que 43 francs. J'étais en
train de les dépenser quand on m'a arrêté.
Corbin, qui semble alcoolique, a été envoyé au
Dépôt.
Il est parfaitement exact qu'un rentier nom-
mé Clément a été assassiné à Tours. Il est donc
probable que Corbin est son assassin. M. Hamard,
sous-chef de la sûreté, va le faire conduire à Tours.
UN TRAIN CONDUIT PAR LES VOYAGEURS. Hier, une,
compagnie du génie du régiment do chemin de fer
partait de Versailles à destination de Marseille, où
elle doit s'embarquer pour la Chine.
Arrivé àJuvisy, le mécanicien occupé à graisser la
machine glissa, tomba et se tua. Le chauffeur ar-
rêta- Je train pour dégager le cadavre; mais dans
son émotion il s'évanouit et on le transporta dans
un wagon. On était en pleine voie, le mécanicien et
le chauffeur du régiment du génie montèrent alors
sur la locomotive et amenèrent le train à Laroche et
à Dijon sans aucun retard.
INFORMATIONS DIVERSES
-La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon
et à la Méditerranée nous fait savoir que la circulation
qui avait été interrompue entre Chindrieux et Aix-les-
Bains par suite d'éboulèment est rétablie depuis plu-
sieurs jours.
Les relations de toutes les gares du réseau avec Aix-
les-Bains sont assurées dans les mômes conditions que
précédemment.
Les docteurs Paul et Alice Sollier recevront de-
main, au Sanatorium de Boulogne-sur-Seine (pour les
maladies nerveuses et la morphinomanie), les mem-
bres du congrès de psychologie. Visite de l'établisse-
ment et lunch. Un tramway spécial partira du palais
des Congrès à onze heures. •
Nous avons eu le plaisir de voir figurer sur la liste
des nouveaux promus dans l'ordre de la Légion d'hon-
neur le nom de M. Edmond Stasse, administrateur do
la Belle Jardinière.
Exposition de mobiliers complets par milliers aux
Grands Magasins Dufayel. Sièges, tentures, bronzes,
horlogerie, bijouterie, articles de chasse, sport et jar-
din, armes, machines il coudre, pianos et instruments
de musique, etc., etc., livrés franco d'emballage pour
toute la France, quel que soit le poids ou le volume.
Nombreuses attractions.
J. _J
'M"T3oT&T jf~
HECaOLOGIE
Cluserpt
M. Cluseret, député de la deuxième circonscription
de Toulon, est inort cette nuit à la Capte, près
d'Hyères. Il a succombé à une fluxion de poitrine
contractée il y a quelques jours.
Gustave-Paul Cluseret était né à Suresnes (Seine),
en 1823. Il avait donc soixante-dix-huit ans. Il était'
fils d'un colonel d'infanterie qui le fit élever non
pas, comme il a été dit, comme enfant de troupe, ̃
mais, au contraire, par un précepteur ecclésiastique
qui conduisit ses études jusqu'à Saint-Cyr.
Sorti en 1843 de l'Ecole spéciale militaire, il fut
promu lieutenant en 1848. Le 22 juin, il prit part à
la répression do l'insurrection et se distingua par sa
bravoure à l'attaque des barricades de la rue Saint-
Jacques et de la rue des Mathurins. Dans une lettre
qu'il adressa au Constitutionnel, Cluseret rappelait
qu'il avait enlevé onze barricades et trois drapeaux.
Il fut décoré à Cette occasion. Il avait abandonné
l'armée régulière pour la garde mobile; au licencie-
ment de la garde, il reprend sa place dans son an-
cien régiment. Mais, en 1851, ses tendances républi-
caines l'ayant signalé à la vigilance de ceux qui pré-
paraient le coup d'Etat, il fut mis en non-activité
avec 1,200 officiers.
Trois ans plus tard, il demande à reprendre le ser-
vice et obtient un emploi de son grade au 4° batail-
lon do chasseurs à pied à Tlemcen. Cluseret a été fait
capitaine en Grimée, où il reçut deux blessures. Il
revint avant la fin de la guerre en Kabylie, où il fit
campagne. Proposé pour la rosette, il fut « nommé,
dit-il, par le ministre et rayé par l'empereur. » Il
donna sa démission.
Cluseret s'occupa quelque temps d'agriculture.
Son humeur inquiète lui fait bientôt entreprendre
d'autres projets. Il part pour New-York pour s'y
lancer dans les affaires financières. La fortune ne
lui souriant pas, il reprend le métier des armes. On
se battait en Sicile. Cluseret recrute des volontaires
et rejoint Garibaldi, qui le nomme colonel. II est
blessé au siège de Capoue, démissionne et retourne
aux Etats-Unis pour prendre part à la guerre de
Sécession. Attaché à l'état-major de Mac-Clellan, le
président Lincoln le nomme général.
La guerre finie, le général prend la plume du
journaliste et fonde un journal pour soutenir contre
Grant la candidature à la présidence du général
Fremont.
Grant élu président des Etats-Unis, Cluseret passe
en Irlande pour se mêler au mouvement fenian.
Condamné en Angleterre, il s'échappe, revient en
France, lutte contre l'Empire, est expulsé, retourne
en Amérique, d'où le rappelle la déclaration de
guerre àla Prusse.
Cluseret, n'ayant pas obtenu de lettres de service,
suit la guerre en amateur .Après le 4 septembre, il
collabore à la Marseillaise pour attaquer violem-
ment les hommes du gouvernement de la défense
nationale. Il va de Lyon à Marseille, où il se pro-
clame chef militaire des forces du midi de la France.
Il doit bientôt abandonner ce titre.
Membre de la Commune, il est délégué à la guerre.
Ses collègues l'accusent d'avoir voulu livrer Paris à
Thiers. Les fédérés l'arrêtent à la suite de l'aban-
don du fort d'Issy. Du 1er mai jusqu'au 24, jour de
l'entrée des troupes de Versailles, Clusoret demeure
emprisonné à Mazas. Il 's'échappe, se réfugie en
Suisse, puis en Angleterre.
Entre temps, le conseil de guerre le condamnait
par contumace à la peine de mort.
En Suisse, le fugitif fait de la peinture sous la di-
rection âe son ami Gustave Courbet. En 1878, il
prend part pour le compte delà Turquie à. la guerre
des Balkans..
Après l'amnistie, en 1881, Cluseret collabore à di-
vers journaux, expose des tableaux, publie des Mé-
moires où il apprécie sévèrement la plupart des hom-
mes de la Commune, et enfin se fait élire député du
Var, en 1888. Il siégea à l'extrême gauche. Il fut
réélu depuis à toutes les législatures.
Son action parlementaire n'a pas été très grande.
Dans les derniers événements qui ont agité le pays s
il s'était prononcé contre la révision du procès Drey-
fus et avait donné son adhésion à la Ligue de la
patrie française.
Les obsèques auront lieu à Hyères, vendredi à dix
heures.
Hier, ont été célébrées, à Saint-Ferdinand des Ter-
nes, les obsèques de M. Auguste Wieczffinski de
Serres, ingénieur, ancien directeur président de la
Compagnie des chemins de fer austro-hongrois à
Tienne, chevalier de la Légion d'honneur.
Après la cérémonie religieuse, le corps a été trans-
porté à Bayonne, où aura lieu aujourd'hui l'inhu-
mation.
M. de Serres; dont la mort laisse de grands re-
grets parmi ses nombreux amis de Paris, comptait
aussi de nombreuses sympathies en Autriche, où il
a joué un rôle important comme directeur de la
Compagnie des chemins de fer autrichiens.
Elève de l'Ecole polytechnique et des ponts et
chaussées, il était entré aux chemins autrichiens,
en 1860, comme ingénieur aux constructions, et fut
bientôt le chef de ce service. En 1870, il rentra en
France et se mit à la disposition du gouvernement
de la Défense nationale pour l'organisation des
transports militaires sur les chemins de fer, et ne
rentra en Autriche qu'après la guerre.
Lors de la séparation des réseaux autrichiens et
hongrois, qui amena la démission de la direction gé-
nérale de M. Kopp, Auguste de Serres fut nommé
directeur général du réseau autrichien; mais,
après la conclusion de l'alliance austro-allemande sa
position devint fort difficile, tant à cause de ,son atti-
tude pendant la guerre de 1870 que des tendances de
plus en plus marquées d'écarter l'élément français
des hautes positions dans les chemins de fer en Au-
triche. p
En 1890, il donna sa démission en méme temps
que M. Joubert, le président de la société, et revint
définitivement en France.
Il était commandeur de l'ordre de François-Joseph.
TRIBUNAUX
l,a Cour de cassation et le colportage.
La chambre criminelle de la Cour de cassation vient
de casser, dans l'intérêt de la loi, un jugement rendu
par le juge de paix de Montfaucon-d'Argonne et con-
damnant à cinq francs d'amende et aux frais une
demoiselle Marie Guensquin, comme coupable d'a-
voir contrevenu aux dispositions de l'article 18 de la
loi du 21 juillet 1881 sur la presse, en distribuant,
sans avoir fait de déclaration préalable, des brochu-
res de propagande républicaine, ce qui constituait,
dans l'esprit du juge de paix, le fait de colportage
professionnel.
Or, d'après l'article 21, la même loi précise que
la distribution et le colportage accidentels ne sont
assujettis à aucune déclaration.
C'est pour cette raison que la Cour de cassation a
cassé, dans l'intérêt 3e la loi, le jugement du juge o
àc paix. J J h
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la statistique municipale a compté,
pendant la 33e semaine, 949 décès; au lieu de la moyenne
(907).
La fièvre typhoïde a causé 29 décès la rougeole, 6,
au lieu de 18; la coqueluche, 8; la diphtérie, seulement
1. La variole a causé 3 décès. Il n'y a pas eu de décès
par scarlatine.
La diarrhée infantile a causé 109 décès, de 0 à 1 an
(au lieu do la moyenne 132).
On a attribué 2 décès à la grippe.
Il y a eu 12 suicides et 29 autres morts violentes.
On a célébré à Paris 426 mariages.
On a enregistré la naissance de 1,260 enfants vivants
(633 garçons et 627 filles), dont 892 légitimes et 368 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 68 ont été reconnus immé-
diatement.
A TRAVERS LES CONGRES
Congrès international d'électricité
Le congrès international d'électricité, qui s'est ou-
vert au palais des Congrès le 18 août, sous la prési-
dence de M. Mougoot, sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes, tient ses séances de sections
dans l'hôtel de la Société d'encourag'ement pour l'in-
dustrie nationale, rue de Rennes. Les congressistes
sont très nombreux et les travaux présentés fort inté-
ressants tant au point de vue scientifique pur qu'ace-
lui des applications. Des excursions sont faites de
divers côtés. Hier, cinq cents des congressistes
étrangers sont allés, sur invitation de leurs' collègues
français, visiter le château de Chantilly. Deux trains
spéciaux avaient été formés par la Compagnie du
Nord, et, à cinq heures, un lunch luxueusement
servi réunissait tous les congressistes sous une
vaste tente dressée dans le champ de courses; cette
excursion avait été organisée par M. Eug.,Sartiaux,
ingénieur. chef des services électriques aux che-
mins de fer du Nord. Tous les jours ont lieu des vi-
sites aux grandes installations électriques de Paris.
Ce soir, séance spéciale à la salle des Illusions de
l'Exposition. Vendredi, il cinq heures, visite du La-
boratoire central et de l'Ecole supérieure d'électri-
cité, sous la direction de M. P. Janet, secrétaire gé-
néral du congrès, directeur de ces établissements.,
tf& Congrès international des œuvres
ç1'assistanoe médicale
La séance du congrès des œuvres d'assistance en
temps de guerre, qui a eu lieu mardi à la Faculté de
médecine, a touché à des points particulièrement
intéressants. Elle a été présidée par M. le docteur
Riant, 'premier vice-président, en l'absence de
M. Mézières, président, retenu en province par la
session des conseils généraux.
On s'est d'abord occupé de la question de savoir
si la délivrance du brassard par les autorités mili-
taires est, en temps de guerre, indispensable aux
femmes qui soignent les blessés ou malades dans
les hôpitaux.
Tel est l'avis du colonel de Tscharner, qui, dans
son rapport, explique qu'un brassard (ou autre, signe
apparent) est utile pour que les blessés puissent
reconnaître les infirmières, pour que l'autorité mili-
taire soit à même de mieux se garer de l'intrusion
de personnes étrangères pourvu qu'elle puisse,
bien entendu, contrôler l'insigne porté et l'identité
des porteuses, pour qu'enfin les femmes elles-
mêmes trouvent dans cet insigne une précieuse
sauvegarde.
On a objecté qu'un signe suffisait, à la rigueur, sur
le champ de bataille; que dans les hôpitaux locaux
la plupart des raisons mentionnées ci-dessus ne se
présenteraient guère.
Un membre a proposé que, pour éviter certains
abus comme il en a été. signalé notamment pendant
le siège de Paris, les femmes soient astreintes à
porter un costume, sinon uniforme, du moins mo-
deste et simple. On a victorieusement répondu que
c'est déjà ce qui existe en fait, puisque les toiles'
antiseptisées qui sont en usage recouvrent entière-
ment le costume, quel qu'il soit.
Finalement, le congrès adopte le vœu que toutes
les femmes qui donnent leurs soins dans les hôpi-
taux soient munies du brassard.
Ensuite, M. Duchaussoy étudie cette autre ques-
tion capitale Quels sont les avantages que les gou-
vernements pourraient assurer aux sociétés de la
Croix-Rouge pour faciliter leur développement et
leur fonctionnement?
Déjà, dans la plupart des pays étrangers, on a
accordé toute une série d'avantages de ce genre au
personnel et au matériel franchise postale (ou au
moins une diminution des frais d'affranchissement),
réduction des tarifs de transport en chemin de fer
et des tarifs s douaniers– en temps de paix comme en
temps de guerre; la Hollande a même été jusqu'à
attribuer des appointements aux secrétaires des co-
mités et concéder des locaux gratuits. Si certains
gouvernements, qui ne sont pas maîtres de leurs
chemins de fer, par exemple, ne peuvent aller aussi
loin, du moins pourraient-ils accorder, avec les
avantages postaux et douaniers, certains dégrève-
ments sur les droits de succession, sur les droits
à payer à l'assistance publique la suite des fê-
tes, etc. Ils pourraient admettre que lorsque les
comités de la Croix-Rouge reçoivent uij legs ou
donnent une fête de charité, ils ne se trouvent pas
dans le cas normal des particuliers.
Le congrès, à l'unanimité, émet le voeu que ceux
des gouvernements qui n'ont pas encore fait tout
ce qui est souhaitable à cet égard -imitent l'exemple
des autres et n'hésitent pas à remplir ainsi un vé-
ritable devoir, étant donné que, sans l'initiative pri-
vée dont il s'agit, ils auraient eux-mêmes à suppor-
ter un lourd surcroît de dépenses pour organiser les
secours nécessaires dans l'état actuel des armements
militaires.
La question traitée ensuite est plus délicate Le/
docteur Benech, médecin principal de lro classe,
examine quels sont les cas où l'un des belligérants
pourrait retenir le personnel et le matériel d'une for-
mation sanitaire appartenant à l'autre belligérant.
11 voudrait que les personnels sanitaires ne fus-
sent plus neutralisés qu'ils continuent à appartenir
à leur armée, mais qu'ils ne puissent, en aucun cas,
être détournés de leur destination spéciale.
Ils soigneraient les blessés des deux partis indis-
tinctement, et, par suite, si un événement de guerre
fait casser une partie des effectifs d'un côté à l'au-
tre (laissés sur le champ de bataille abandonné, faits
prisonniers, etc.), une partie proportionnelle en quel-
que sorte de médecins suivraient ces effectifs pour
concourir provisoirement, aussi longtemps qu'il se-
rait nécessaire, au service médical du côté du vain-
queur. Puis ils seraient rendus.
Evidemment, cette combinaison, mieux qu'une
neutralisation complète, flatterait l'amour-propre des
personnels médicaux, militaires surtout; mais rem-
plirait-elle mieux le but proposé? La majorité du
congrès ne l'a pas pensé.
Un personnel neutralisé doit être, au contraire, a
priori plus élastique; il se prêtera mieux à toutes
les éventualités, pourvu qu'il se conforme rig-oureu-
sement aux clauses existantes et accepte franche-
ment la douloureuse nécessité de ne gêner en aucun'
cas l'action militaire, la recherche de la victoire de-
vant tout primer.
Enfin, restant ainsi dans le statu quo, on ne risque
pas. de remettre en question les principes mêmes de
la précieuse convention de Genève, qui n'a pas été
établie sans quelque peine, il y a quarante ans.
Congrès de droit international
Dans sa réunion d'hier, mercredi, le congrès da
droit international, qui se tient à Rouen, a adopté à'
l'unanimité la résolution suivante, présentée par i,
M. Richard Waddington, sénateur. P
Etant données les grandes améliorations récemment
effectuées dans l'estuaire de la Seine et les facilités que
présente aujourd'hui le port de Rouen pour l'arrivée
en sûreté et pour le déchargement rapide des cargai-;
sons, il est à désirer que les conditions de tout con-
tràt, soit chartes-parties, polices d'assurances, soit tout
autre document relatif au transport des marchandises
de ou pour le port, soient, autant que possible, simi-
laires à celles qui ont cours dans les contrats en vi-,
gueur pour le transport de marchandises de ou pour
les autres ports de l'Europe occidentale. >
LIBRAIRIE
L'ŒUVRE DE GUSTAVE MOREAU J
Sous la signature ,de Gustave Geffroy, l'éminent
critique d'art, il vient d'être «lis en vente à la
librairie de l'Œuvre d'Art un fascicule sur Gustave
Moreau et son oeuvre.
Nul mieux que Gustave Geffroy n'avait qualité
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plorera longtemps encore la perte. Le fascicule
sur Gustave Moreau, outre de' nombreuses illustra-
tions dans le texte, comporte huit gravures hors
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a fait de meilleur.
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3 francs, adressé à la librairie de l'Œuvre d'Art,
passage des Princes, Paris.
On vient de céléber le cinquantpnaire de la mort de
Balzac, le génial romancier. La Revue Bleue a heu-
reusement aidé à cette célébration en publiant, avpc
des commentaires du vicomte de Spœlborch de Lo-
venjoul, des lettres et fragments inédits de Balzac
permettant de voir la genèse de son roman les
Paysans. L'intérêt de cette publication est considé-
rable, et la foule des admirateurs de Balzac en sera
reconnaissante à la Revue Bleue.
Le n° 60 centimes; Schleicher frères, éditeurs,
15, rue des Saints-Pères, Paris (6°).
A signaler parmj les meilleurs ouvrages d'Al-
phonse Daudet parus chez Ernest Flammarion, dans
la collection in-18: Tartarin sur les Alpes, Tartarin
de Tarascon, la Fédor, Jack, Trente ans de Paris, Sa-
pho, Souvenirs d'un homme de lettres, l'Obstacle, Rose
et Minelie, les Rois en exil, l'Evangélisle; Robert Hel-
mont.
Une « vingtième » édition. ·
C'est un succès qui mérite qu'on le signale. La li-
brairie Ollendorff vient de mettre en vente la
« vingtième édition de la Carrière d'André Tou-
relle, le nouveau roman de Lucien Muhlfeld. A ce
propos, notre confrère le Figaro observe avec raison
que « dans le roman un vingtième tirage équivaut
à la deux centième d'une pièce de théâtre ».
Annonçons la mise en vente d'un nouveau vo-
lume de la collection in-18 à 3 fr. 50 des Œuvres
complètes de Michèle t Armagnacs et Bourguignons,
avec des illustrations d'après des documents his-
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Encaisse or. 2.248.126.862aug. 14.197.018
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Portefeuille. 668 698 930 dim. 22 751 284
Avances sur titres 494.315.752 aug. 2/485.27S
Comptes courànts part" 523.527.826 aug. 41.299.830
Cortipte cl du Trésor. 331.839.523 aug. 10.8i3.398
Billets en circulation. 3.897.722.105 dim. 48.615.910
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers pour la semaine. 287.662
Dépenses 32.752
Bénéfices nets provisoires des neuf premières se-
maines du deuxième semestre des quatre dernières an-
nées, tels' qu'ils ressortent de la situation hebdoma-
daire
Bénéfices Cours correspte
Année 1897. 1.552.062 3.705
1898. 2.035.2G6 3.560
1899. 3.651.948 3.980
1900. 4.183.479
.~®® 0
Recettes des chemins de fer
Etat. + 39.400 + 0.58 Ouest.. »
Midi. + 126.700 + 3.96 Est. + 270.000 + 6. 8Î
Nord. + 338.000 + 7.46 Lyon. + 660.000 + 7.42
Orléans + 753.000 ».»» Alger.. + 12.000 + 5.61
THÉÂTRES
Les « Surprises du divorce »
Le Gymnase, qui n'était guère heureux depuis
quelque temps et dont le Chemineau de M. Richepin
venait encore de tromper les espérances, a sans
doute enfin trouvé sa pièce d'Exposition avec les
Surprises du divorce. Créée il y a une douzaine d'an-
nées au Vaudeville, la pièce de MM. Alexandre Bis-
son et Antony Mars est restée aussi exhilarante
qu'au premier jour. On a beaucoup applaudi MM.
Galipaux qui succède au pauvre Jolly, Dubosc et
Mme Daynes-Grassot qui reprenait son rôle do la
création. y
A l'Opéra, M. Gailhard, après une absence de quel-
ques jours, rentre ce soir à Paris.
Pendant son absence, Mlle Soyer a travaillé, sous la
direction de M. Victor Capoul, le rôle de Fidès, qu'elle.
chantera très prochainement.
Mlle Lucy Berthet, qui avait quitté l'Opéra il y a
quelque dix-huit mois déjà, a été réengagé par M.
Gailhard à partir du 15 septembre. Elle fera sa rentrée
par le rôle d'Ophélie, dans Ilamtet.
A la Comédio-Française, on a répété hier l'Ami
Fritz, d'Erckmann-Chatrian, qui sera repris après-de-
main samedi avec la distribution suivante
MM. de Féraudy, Kobus Baillet, Fritz Pierre Lau-
gier, Hanzo Dehelly, Josef Barrai, Christel; Mlles
.Muller, Suzel; Lynnès, Lisbeth..
C'est la première fois que Mlle Muller jouera, à la
Comédie-Française, le rôle de Suzel, qui avait été tenu
jusqu'ici par Mlle Reichenberg, qui le créa, ou par la a
regrettée Jeanne Samary.
A l'occasion de sa nomination au grade de com-
mandeur de la Légion d'honneur, M. Ludovic Halévy
a fait don d'une somme de 1,000 francs à la Société do
secours mutuels du théâtre des Variétés, dont il est
président d'honneur.
On a fêté hier soir, à l'Ambigu, dans. l'intimité, la
nomination de M. Pierre Decourcelle, l'heureux auteur
des Deux Gosses, au grade de chevalier de la Légion
d'honneur. M. Holacher, directeur, a adressé à M.
Pierre Decourcelle un petit discours et lui a offert, au
nom des artistes et du personnel du théâtre, une croix
en brillants.
Mme Réjane nous prie d'informer le public qu'elle
n'a d'intérêts d'aucune sorte dans une maison da cou-
ture de la place Vendôme.
L'éminente artiste nous prie de déclarer en outre
qu'elle est, par conséquent, tout à fait étrangère à toute
demande de commandite qui pourrait être faite en son
nom.
Nous avons donné le chiffre global des recettes
réalisées pendant le dernier exercice. En voici mainte»
nant le détail, avec la comparaison de l'exercice préc6>
dent
théâtres 1899-1900 1898-1899
Opéra. "T. 2.873.91642 2.942.399 74
Français 1.884.240 40 1.917.050 03
Opéra-Comique. 1.979.681 20 1.211.235 40
Odéon 629.595 95 575.326 56
Vaudeville 1.007.917 » 1.320.576 50.
Variétés, 1.406.495 » 1.082.236 80
Gymnase. 453.706 40 698.880 »
Palais-Royal. 656.902 50 635.220 50
Nouveautés 1.190.08460 1.014.158 »
Sarah-Bernhardt .729.795 25 303.154 75
Porte-Saint-Martin. 901.847 50 1.842.68650
Gaîté 702.02170 1.013.815 75
Ambigu. 468.970 50 569.50625
Châtelet 1.214.793 03 938.439 75
Renaissance (Lyrique). 475.848 05 448.428 •>•-
Bouffes-Parisiens 380.74160 387.93105
Folies-Dramatiques 120.83675 476.73060
Cluny 283.287 45 267.878 50
République. 292.701 » 460.315 50
Athénée 210.227 50 122.08250
Déjazet 171.98550 150.208 50
Antoine. 492.059 » 388.595 »
Folies-Marigny. 386.994 » 357.55070
Bouffes-du-Nord 168.112 85 171.517 90
Nouveau-Théâtre 252.258 60 100.01550
Application. 30.235 » 34.813 85
Galerie Vivienne.' 10.54105 OS'
Théâtre Mondain 2.507 »
Tour Eiffel 7.725 »
Folies-Bergère. 1.178. 374 50 1.342.866 75
Olympia. 894.978 » 762.667 50
Casino de Paris. 652.329 » 677.673 50
Total. 22.154.292 22 22.266.65493
VIOLETTE IDEÀlEmS^SR^rSASlV^Sù
§ pu formuler des opinions personnelles. Vous savez
Nue notre parti est bien résolu à ne jamais sortir de la
légalité, mais à défendre même par la force le pouvoir
qu'il aura ^également conquis. ~> p
M. Duvernay crie « Nous serons révolutionnaires
guand il le faudra. »
Le président cherche à apaiser l'incident qui menace
lie redevenir violent, mais M. Dansette, debout, crie à
pleine voix .-•̃
-Si vous voulez un jour, monsieur Devernay, parler
de l'exploitation socialiste je serai votre homme. Vous
î.tes des exploiteurs hier vous étiez des prolétaires,
aujourd'hui vous êtes dos bourgeois.
Payez mes dettes I Voulez-vous payer mes dettes ?
Jépond M. Devernay.
La plupart des conseillers réclament la clôture qui
îst mise aux voix et votée à l'unanimité' moins quel-
ques voix.
Après une intervention sur la question du rachat des
Chemins de fer de MM. Dron, Pliohon et Guillain,'le çon-
aeil repousse à l'unanimité moins trois voix le vœu'sor
Pialiste (MM. Ghesquière et Lasson étaient absents.)
Finalement, le conseil vote les conclusions du rap-
porteur repoussant le rachat des chemins dé fer, avec
cette adjonction de M. Guillain: « qu'il n'y a pas lieu
actuellement d'examiner la question du rachat »..
Aucun autre incident ne s'est produit jusqu'à la fin
ï»e la séance.
Pas-de-Calais. Tous les membres républi-
cains du conseil général, réunis hors séance, signè-
rent l'adresse suivante, rédigée par M. Jonnart
Les conseillers généraux soussignés, interprètes des
sentiments patriotiques des populations du Pas-de-Ca-
lais, réunis hors séance, ont l honneur d'adresser au
président de la République l'hommage de leur respec-
tueux dévouement, de leur confiance et de leur vive
gratitude.
Ils lui sont profondément reconnaissants d'avoir si
noblement exprimé la pensée et les aspirations de la
France républicaine au cours des fêtes magnifiques qui
ont célébré à Paris le travail, le progrès et la civilisa-
tion, et de l'inoubliable cérémonie de la remise des dra-
oeaux au vaillant corps expéditionnaire en route pour
l'Extrême-Orient. ̃
En séance, le conseil a adopté un vœu tendant à
"abrogation de la loi de 1897 sur le dégrèvement
des boissons hygiéniques qui, sans aucun profit
pour le consommateur au détail, priverait les villes
à octroi de leur principale source de revenus.
Le conseil a renvoyé à l'administration, pour étu-
de, le vœu du conseil d'arrondissement d'Arras,
concernant la réduction du service militaire à deux
ans) et des vœux de M. Basly sur la journée de
huit heures daus les mines et la création de prud'-
hommes mineurs;
n a rejeté un autre vœu de M. Basly, tendant à
fixer par voie législative le minimum de salaire, et
un vœu de M. Delcluze, portant suppression des pé-
riodes des vingt-huit et des treize jours.
Pyrénées-Orientales. Sur la rfroposition de
M. Pams, député, le conseil a voté 500 francs pour
'les grévistes de Fillols, au lieu de 1,000 francs de-
mandés par M. Bourrât.
Vienne (Haute-). Le conseil, après avoir en-
voyé au personnel de la légation de France à Pékin
et au corps expéditionnaire de Chine toutes ses féli-
citations et l'expression de sa vive sympathie, a
adopté le vœu suivant, à l'unanimité
Au nom de la civilisation et des principes supérieurs
de la liberté et de l'indépendance des peuples, 1
Le conseil général do la Haute-Vienne, pour faire
suite à son vœu émis lors de la session d'avril, invite le
gouvernement de la République française à s'entendre
• avec les gouvernement de la Russie, de l'Allemagne et
les Etats-Unis pour mettre un terme à la lutte barbare
qui désole l'Afrique du Sud.
Yonne. Une discussion assez vive s'est pro-
Suite à propos du salut adressé aux troupes de
Chine, auquel MM. Collinot, Lordereau, sénateurs,
Mcrlou, Vlllejean et Loup, députés, proposaientd'a- t
jouter ce qui suit
Mais considérant que la guerre actuelle prend un ca-
ractère des guerres de religion, qui sont la honte de I
l!humanité, et que le poids le plus lourd est supporté par
la démocratie, qui paye de son sang et par des impôts
disproportionnés le fanatisme et l'avidité des mission-
naires, le conseil demande que les missionnaires soient
.laissés à eux-mêmes et chassés de toutes les colonies
ïrançaises où ils sont au milieu de populations cré-
dules un élément do troubles et de' désordres encore
plus dangereux que pour la métropole.
Ce vœu a été vivement combattu par M. Flan- 1
din, qui a rappelé à ce propos que « l'anticléri-
calisme n'était pas un article d'exportation ». Il a été
adopté par 13 voix.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Elections sénatoriales
Indre. Les électeurs sénatoriaux • sont convo-
qués pour le 7 octobre afin d'élire un nouveau séna-
teur en remplacement de M. Brunet, décédé.
Les conseils municipaux éliront leurs délégués le
2 septembre.
Elections législatives
Les électeurs de la 1" circonscription du Puy
(Haute-Loire) sont convoqués pour le 16 septembre
afin d'élire un député en remplacement de M. Char-
les Dupuy, élu sénateur.
Ceux de la lro circonscription de Riom (Puy-de-
Dôme\ sont également convoqués pour le 16 sep-
tembre afin d'élire un député en remplacement de
M. Girard, décédé.
NOUVELLES DU JOUR
Le congrès de la fédération socialiste de l'Isère
s'ouvrira le samedi 25 août, à Voiron, sous la prési-
dence du citoyen Zévaôs, député de la 2° circonscrip-
tion de Grenoble.
La séance du dimanche 26 août commencera à
sept heures du matin, sous la présidence du citoyen
Jules Guesde.
Une grande conférence publique aura lieu dans l'a-
près-midi pour la clôture du congrès.
Le p rince Mohammed) prince héritier de Tunisie,.
a quitté Paris hier soir, après un séjour d'une se-
maine. Il a, avant son départ, fait remercier le mi-
Distre des affaires étrangères pour les marques de
sympathie qui lui avaient été données à Pans.
A huit heures, Mohammed bey a pris le train pour
Marseille, à la gare de Lyon. L'accompagnaient
son fils, le prince Si Tahar bey, Si Rcçnid Haïdor,
son neveu^Ie général El Asfouri, M. Rémy, inten-
dant de la courbeylicale, Si Denguzli, son interprète
et secrétaire, et El Hadi Lakoua, secrétaire inter-
prète. Le capitaine Vinçon et M. Ferdinand Royer
sont venus saluer le prince au nom du ministre.
Par décret, M. Maringer, maire de Nancy, est pro-
mu officier de la Légion d'hohneur.
En présidant, à l'hôtel de ville de Bar-le-Duc, l'as-
semblée générale annuelle do la société de secours
mutuels dos instituteurs delà Meuse, M. "Raymond
Poincaré, député de Commercy et ancien ministre
dp .l'instruction publique, a prononcé un important
discours dont voici la partie principale
Ouvrir et meubler les intelligences, c'est bien; mais
ïormer des volontés énergiques, invinciblement tour-
nées vers la beauté morale, c'est mieux; et ce mieux,
vous vous efforcez tous les jours de le réaliser.
Je ne veux médire d'aucune des matières de votre
enseignement. Je respecte l'arithmétique, et la géogra-
phie. Je respecte même, la grammaire et l'orthographe,
qui, pour être fort décriées aujourd'hui, n'en restent pas
moins, à mes yeux, les garde-fou de la langue et les
régulatrices du style.
Mais l'instruction n'est que la partie subalterne de
1 l'éducation. Elle est lumière, elle n'est pas chaleur." Et
pour faire éclore la fieur de l'âme humaine il ne suf-
fit pas d'une lueur qui brille, il faut un rayon,qui
échauffe.
Faites donc de l'école, messieurs, un foyer de rayon-
nement et d'action bienfaisante.
Apprenez, leur, à ces écoliers, apprenez-leur, dès l'âge
le plus tendre, à regarder, à comprendre, à aimer leur
terre natale.
Ne les laissez pas passer indifférents ou aveugles
dans les rues de leur village ou de leur petite ville.
Dites-leur l'histoire de leur cité et de leur province,
en même temps que celle de leur patrie.
Ces vieilles pierres que voici ont leurs souvenirs et
leur langage; cote mairie représente la commune, le
groupement des intérêts locaux, les libertés municipa-
les; ce coteau, cette vallée, cette forêt sont peuples par
les ombres des siècles, et vous y pouvez cueillir à
chaque pas des enseignements rétrospectifs. Ce ruis-
seau a été une frontière; ce défilé a été plusieurs fois,
à deux ou trois cents ans de distance, le théâtre de ba-
tailles où s'est joué le sort de la France. Déroulez,
messieurs, sous les regavas des enfants tout ce qu'il y
a de coloré, d'attrayant, j'allais dire de vivant dans ces
choses mortes. Du pacte de Verdun à l'histoire des
Trois-Evêches, de- l'équipement de Jeanne d'Arc au rè-
gne de Stanislas, faites-leur parcourir rapidement tou-
tes les étapes par lesquelles ont passé l'ancienne Lor-
raine et l'ancien Barrois.
Ne les attardez pas aux détails; déployez-leur les en-
sembles, conduisez-les sur les sommets.
Montrez-leur comment et pourquoi ces provinces
sont devenues françaises. Puis, de l'amour éclairé de
la petite patrie, élevez-les plus haut encore, àj'amour
ïéfléchi de la grande patrie.
•y
Par décret, en date du 21 août, ont été nommés
dans le corps de l'inspection des colonies, pour
compter du 16 août 1900
Au grade d'inspecteur de 1"> classe des colonies,
M. Pierre-Aristide Crayssac, inspecteur de 2" classe.
Au grade d'inspecteur de 3" classe des colonies,
MM. Georgos-Lucien-Constantin Norès, commissaire de
1" classe de la marine, et Xavier- Vincent-Amédée Fer-
landé, commissaire de 1" classe de la marine.
Par arrêté du ministre des colonies, du 16 août
MM. Emile Démaret, docteur en droit, et Albert-Ma-
rie-Victor Lemée, rédacteur de 5e classe au ministère
des colonies, ont été nommés à l'emploi d'adjoint à
J'inspection des colonies.;
Une commission internationale, composée des
délégués officiels de presque toutes les nations d'Eu-
rope et d'Amérique, vient de se réunir à l'Ecole de
médecine, sous la- présidence do M. Brouardel.
doyen de la Faculté} pour établir une nomenclature
internationale des causes de décès. Le but pour-
suivi par cette commission est de rendre compara-
bles entre elles les statistiques nosologiques des
différents pays.
%a nomenclature adoptée est celle que M. Jacques
Bertillon a rédigée pour la ville de Paris.'Tous les dé-
légués (moins un) ont pris l'engagement écrit de la
recommander à leurs pays respectifs, pour qu'elle
soit en usage à partir du 1" janvier 1901. Il est dès
à présent acquis'que la nomenclature française sera
la s.eule usitée dans les deux Amériques et dans un
grand nombre de pays européens.
M. Jacques Bertillon a été chargé de centraliser
les statistiques ainsi recueillies.
Le résultat des travaux de la commission in-
ternationale constitue un succès pour la science
française.
Voici le tableau des opérations effectuées par la
Caisse nationale d'épargne pendant le mois- de juil-
let 1900
versements reçus de 274,579 déposants, dont
40,011 nouveaux 34. 680. 7Î8 75
Remboursements à 132,238
déposants, dont 16.716 pour
solde. 27.893.755 70\
Rentes achetées ( ç,s nR. 8T
à 512 déposants, i 28.451.084 87
pour un capital de 557.329 17;
Excédent des versements.. 6.229.633 88
Nombre de comptes existant au 31 juillet 1900
3,506,789, ̃*̃̃̃̃ J
LES GRÈVES
On nous écrit de Belfort
Une partie des'ouvriers (350 sur 520) de la filature
et du 'tissage de MM. Warnod-Boigeol de Giroma-
gny se sont mis en grève, demandant le renvoi d'un
concierge et le payement au mètre. Les grévistes
sont calmes.
On télégraphie de Saint-Étienne `
Le directeur des mines de Roche-la-Molière et de
Firminy a adressé, hier soir, une lettre au secrétaire
de la fédération des mineurs dû bassin de la Loire,
.lui fixant une entrevue pour vendredi, à cinq heu-
res du soir. Une délégation de mineurs s'y rendra.
On crojt qu'une entente en résultera et que la
grève générale sera évitée.
AU JOUR LE JOUR. 1
Les grèves dans les ports
(Dépêches de nos correspondants particuliers)
t Marseille, 23 août.
Voici le texte du contrat intervenu entre les gré-
vistes chauffeurs, soutiers et matelots et les arma-
teurs
Marseille, 21 août.
A la mer et pendant les mouvements des navires dans
les ports, les inscrits maritimes doivent,. en tout temps,
les services de leurs spécialités notamment pour les
appareillages, mouillages, manœuvres du bâtiment, la
propreté du matin et lorsque la sécurité du bâtiment
ou de sa cargaison est en jeu, et enfin dans tous les
cas de force majeure.
Hors de ces circonstances, ils ne sont astreints, en
dehors de leur quart, à aucun travail gratuit, mais ils
no peuvent se refuser à exécuter les ordres qui leur
seront donnés. •
Tout travail accompli en dehors des circonstances
spécifiées au paragraphe l" à bord ou hors du bord
pendant le service, toute manipulation de charbon et
des marchandises donnent lieu à l'application du "tarif
des heures supplémentaires.
Les heures de service sont réglées ainsi qu'il suit
A la mer, quarts de quatre heures alternant avec des
périodes de repos de quatre heures pour les marins, do
huit heures pour les chauffeurs.
Enradeetdansleport, les premiers chauffeurs, chauf-
feurs et soutiers prennent le service à sept heures du
matin et le quittent à cinq heures du soir. Ils ont droit
pendant ce temps à un repos de deux heures, pour pren-
dre leur repas du milieu de la journée.
Les capitaines d'armes, timoniers, pointeurs, mate-
lots prennent le service à 6 heures du matin et le quittent
à la fermeture de la douane. Ils ont droit à trois repos
d'une heure chacun, pour prendre leurs repas.
La bordée de quart assure la garde du bâtiment pen-
dant la nuit.
Les armateurs s'engagent à donner aux -marins les
soldes mensuelles suivantes
1er» chautfeurs long cours, 124 fr.; cabotage, 112
lors timoniers, capitaines d'armes: long cours, 118 fr.;
cabotage, 106.
Matelots et soutiers long cours, 83 fr.; cabotage, 77.
Chauffeurs long cours, 100 fr.; cabotage, 95.
Le tarif des heures supplémentaires est flxé à 50 cen-
times pour les chauffeurs et soutiers, 40 centimes pour
les matelots.
Les armateurs s'engagent à retirer leurs plaintes
pour faits de grève.
Le délégué des inscrits maritimes,
Docteur Mirkur.
Pour le Syndicat de la marine marchande,
en dehors des Messageries maritimes,
BERGASSE.
Vu et certifié le contre-amiral,
BESSON.
D'autre part,- MM. Cadenat et Carnaud, députés,
adressent aux journaux une lettre très violente pour
MM. Quilici et Mireur à propos de l'ordre du jour
de blâme qui a été voté contre eux par les grévistes
chauffeurs.
Bordeaux, 23 août.,
La grève des inscrits maritimes est terminée, du
moins pour le moment, les Messageries maritimes
ayant après tous les autres armateurs accepté les
tarifs demandés, mais cette acceptation ne comprend
que les inscrits des paquebots actuellement en rade,
Chili, Brésil, Médoc.
Ces décisions ont été communiquées aux grévistes
dans une réunion tenue à l'Athénée hier .Voir. La
question des heures supplémentaires qui restait en
suspens a été réglée comme Suit Premiers chauf-
feurs, cinquante centimes; chauffeurs, quarante cen-
times soutiers, trente centimes.
Les grévistes ont décidé de reprendre le travail dès
ce mâtin, ce qui a été fait, quitte à reprendre la grève
au cas où les compagnies ne feraient pas bénéficier
des nouveaux tarifs les inscrits des bateaux qui vont
arriver.
Le Havre, 22 août.
La grève des ouvriers voiliers des ateliers, ainsi
que celle des ouvrières bâcheuses, continue. Les
grévistes poursuivent leurs revendications pour la
journée do huit heures.
Les charpentiers de navires les perceurs et les
calfats demandent également la journée de huit
heures.
Dans sa dernière séance qui vient d'avoir lieu, le
tribunal maritime commercial a condamné à quinze
jours d'emprisonnement chacun les nommés Louis
Savalle, Victor Joignant, René Marzin et Yves
Pont, chauffeurs, pour avoir manqué, les deux pre-
miers, à la date du 11 août, le départ au Havre du
steamer Uruguay de la Société des Chargeurs-Réu-
nis, et les deux autres le départ des steamers Caro-
lina et Lion.
Bayonne, 23 août.
Les chauffeurs, soutiers et matelots du vapeur
Nord, de 1,500 tonneaux, appartenant à la Compa-
gnie Nord, de Duhkerque, se sont mis en grève
avant-hier, réclamant une augmentation mensuelle
de leur salaire variant, suivant leurs emplois, de 20
à 30 francs..
La grèVb s'est étendue, hier, au personnel des va-
peurs Allanliqtte, Voltn, Boucan, La-Palice, de la
Compagnie d'Orbignv, Faustin et Gc, de la Rochelle,
et à celui de VEduar do-Marie, de la maison Le Gal,
de Nantes. Les grévistes ont abandonné leurs bâti-
ments, à bord desquels sont restés les officiers et les
mécaniciens.
Dans l'après-midi d'hier, lo personnel du Nord et
celui de l'Eduardo-Maric, ayant reçu satisfaction,
ont repris le travail. Les autres grévistes sont
calmes.
CORRESPONDANCE
1 Neucbâtei, 22 août.
A M. le directeur du Temps, à Paris
Monsieur le directeur,
Sous le titre do « la Chine et ses missions », M. Mar-
cel Monnier publie, dans le Temps de dimanche dernier,
un article dans lequel il établit une comparaison des
résultats obtenus par les missions catholiques et les
missions protestantes en Chine.
L'éminent écrivain cite le chiffre de 37,300 convertis
comme fruit de l'activité dos missi'ons protestantes.
C'est à ce chiffre que s'élevait, en effet, le nombre des
communiants, c'est-à-dire des chrétiens adultes, en
1889. Actuellement, il dépasse toutefois 100,000, ce qui
revient, enfants compris, à au moins 200,000 chrétiens.
D'autre part, M. Monnier indique le nombre des
chrétiens catholiques à 1,200,000; mais le même nu-
méro du Temps indique leur nombre, sur l'autorité de
la Semaine religieuse du diocèse de Paris, à 769,000, tan-
dis que les Missiones catholicx do 1898, publication offi-
cielle, de la Propagande de Rome, les fixe à 616,000.
Le chiffre de 200,000 chrétiens atteint par les missions
protestantes en quarante ans d'activité-car ce n'estque
depuis 1860 qu'elles travaillent sérieusement en Chine
me semble bien supporter la comparaison avec les
616,000 ou 769,000 des missions catholiques, résultat
d'une activité de plusieurs siècles.
M. Monnier relève encore particulièrement l'œuvre
de l'enfance abandonnée que poursuit avec beaucoup
de zèle la mission catholique. La mission protestante
est aussi active sur ce terrain, bien que dans une
moins grande mesure. En revanche, elle a une mission
médicale qui comprend 125 médecins hommes et 60
médecins femmes diplômées, 30 écoles de médecine, 11
asiles pour lépreux, 124 hôpitaux et 240 dispensai-
res.
Dans ce dernier domaine, la mission protestante a.
certainement une avance considérable sur l'oeuvre ca-
tholique.
Recevez, monsieur le directeur, l'expression de mes
sentiments distingués.
CH. PITON
ancien missionnaire protestant
en Chine.
FAITS DIVERS
Jeudi 23 août. Une dépression persiste sur les Iles-
Britanniques (Scilly, 748 mm.); elle amène une tempête
d'est au nord de l'Ecosse. Le baromètre reste bas dans
la moitié occidentale de l'Europe il dépasse 765 mm.
dans le centre de la Russie.
Le vent est modéré d'entre sud et ouest sur nos côtes
de la Manche et de l'Océan; il est faible de l'est en Pro-
vence.
Des pluies sont tombées dans l'ouest de l'Europe.
En France, on a recueilli 10 mm. d'eau à Lyon, 5 à
Boulogne, 2 à Biarritz, 1 à Paris. On signale des orages
à Lyon, à Besançon et à Perpignan.
La température a baissé en France et en Angleterre;
elle était, ce matin, de 9° à Bodœ, 15° à Arkhangelsk,
'Paris, 28° à Alger.
On notait 11° au mont Aigoual, 9° au puy de Dôme,
5° au pic du Midi.
En France, quelques ondées sontprobables avec temps
chaud.
A Paris, hier l'après-midi, nuageux petite pluie..
Moyenne d'hier 22 août, 19°, supérieure de 1°1 à la
normale.
Depuis hier midi, température maxima, 22°8, minima,
11°9;
A la tour Eiffel: maximum, 18°6; minimum, 13°2.
Baromètre à 7 heures du matin, 756 mm. 7; station-
naire à midi.
Situation particulière aux ports
La mer est agitée sur la Manche et l'Océan et belle
sur la Méditerranée.
LA GRÈVE DES COCHERS DE FIACRE. Ce fut hier un
grand émoi parmi les grévistes qui composent l'au-
ditoire habituelde MM. Calmels et Rouletàla Bourse
du travail. On n'aurait jamais cru que M. Bixio osât
rouvrir les portes de ses dépôts. Pourtant, il avait
fallu s'e rendre à l'évidence non seulement les dé-
pôts avaient été rouverts, mais il en était sorti des
voitures. Et aussitôt la fureur des grévistes de se
porter sur les « renégats », les « faux frères ». Au
début de la rôunion; M. Calmels avait déclaré que
leur nombre était infime. Quand on lut la liste .de
leurs noms, on s'aperçut en somme qu'ils étaient
lus nombreux que l'optimiste secrétaire de la cham-
bre syndicale le prétendait.
Cette lecture ne manqua pas de gaieté. Les co-
chers ont coutume de se donner entre eux des so-
briquets. C'est ainsi que nous vîmes successive-
ment clouer au ban d'infamie V. le « Rouquin »,
X. le- « Bouffi », Y. dit « Rothschlld », Z. dit le
« Barbu de Réaumur ».
Une rumeur d'indignation accueillit l'énoncé de
ces noms abhorrés, et les quolibets plurent à leur
adresse.
D'ailleurs, la caractéristique de cette réunion est
une recrudescence de violence dans le langage des
principaux orateurs. Ils s'en prirent d'abord au pré-
fet de police, qui fut irrévérencieusement qualifié de
« petit bonhomme ». M. Lépine a le'tort, à leurs
yeux, de protéger les « renégats ». Une -délégation
s'est rendue auprès de lui, hier, pour demander « do
faire respecter la tarification par les loueurs » {sic).
Le préfet de police répondit à cette injonction im-
prévue que la tarification avait été faite à l'usage
des cochers qui sont en relation directe avec le pu-
blic, et non pas à celui dés loueurs. Il ne fit aucune
difficulté pour reconnaître que les premiers la vio-
laient fréquemment, surtout pendant l'Exposition, et
promit si tel était le but de cette démarche de
veiller désormais à ce qu'elle fût observée. Mais ce
n'était pas ce que voulaient les délégués. Au con-
trair e, ils se plaignirent des agents en civil qui ver-
balisent contre leurs camarades sur lavoie publique
et terminèrent en demandant à M. Lépine de ne pas
empêcher l'exercice du droit de grève. Ils avaient
par avance obtenu satisfaction sur ce point M. Lé-
pine s'engagea à faire respecter le droit de grève et.
la liberté du travail.
En somme, les grévistes n'ont pas -été satisfaits
du langage de M: Lépine. Ils se sont vengés en l'ap-
pelant « petit bonhomme », et M. Roulet a expliqué
que son attitude n'avait rien d'extraordjnaire, étant
donné qu'il est au mieux avec M. Bixio et que
tous ces gens-là s'entendentcontre les travailleurs».
Néanmoins, il a engagé ses camarades à ne pas
abandonner la lutte. Puis M. Calmels, tout en lais-
sant percer ses craintes, a prononcé un vigoureux
̃^pel à la résistance
D'ici deux ou trois jours, a-t-il affirmé, il n'y aura
pas la moitié des renégats qui oseront sortir. Il suffit
pour cela que vous résistiez aux offres qu'on vous fait.
Vous ne pouvez pas changer de tactique. Ce n'est pas
au moment où de partout nous recueillons un appui
moral et financier que vous nous lâcherez. Attendez en-
core deux ou trois jours, et Bixio sera contraint de fer-
mer une fois de plus ses dépôts. Alors c'est nous qui
irons,les ouvrir aux conditions que nous avons posées.
Continuez à exercer votre contrôle sur les faux
frères. Cest un droit que nous revendiquons et qu'on
ne peut pas vous disputer. A vous de ne pas vous lan-
cer dans une méthode de 'violence, du moins pour le
moment. Tant que la préfecture de police existera, elle
cherchera à créer des conflits chez les ouvriers; dédai-
gnez ses agents provocateurs et soyez unis dans la
grève, afin do l'être dans la victoire.
Les discours de MM. Calmels et Roulet, les deux
directeurs de la grève, l'un, gros, rouge, à la parole
sourde et pâteuse, l'autre, grand, mince, au mot
incisif, au geste bref, sont habituellement les seuls
intéressants. La corporation des cochers compte peu
d'orateurs, et c'est une infériorité en temps de grève,
car il importe de relever les courages et d'arracher
les grévistes aux dangers du dehors en les retenant
dans les assemblées. M. Roulet a compris cela. Aussi
se fait-il de plus en plus aimable pour faciliter l'accès
de là tribune aux hommes de*bohne volonté. Hier,
un vieux cocher à l'épaisse moustache blanche y a;
fait ses débuts. Peu sûr de lui, il avait écrit son dis-
cours. Ce fut d'abord une longue philippique contre
« les infâmes carnassiers qui portent le nom de capi-
talistes », contre « ces gens qui sont des voleurs en
étant des assassins ». Puis le nouvel orateur haussa
le ton, se laissa emporter par. son lyrisme, « 0 ci-
vilisation, mot sublime, s'écria-t-il, quo de crimes on
commet en ton nom !» »
Un autre orateur nouveau montra un talent bien
différent. Sa devise est sans doute « Acta, non verba »,
car toutes les petites histoires qu'il raconta, des ré-
cits de rencontre entre lui et des « renégats », se ter-
minaient par une correction infligée à ceux-ci. Ce
mode de discussion a beaucoup plu aux grévistes,
et M. Roulet a profité de leur bonne humeur pour
faire voter la continuation de la grève.
Ce matin, le nombre des cochers qui travaillent
a sensiblement augmenté. Il était,. hier, de 480; on
croit, à la préfecture de police, qu'il atteindra, au-
jourd'hui, environ 800. Les manœuvres des grévis-
tes, pour empêcher la rentrée dans les dépôts, sem-
blent donc échouer devant la ferme volonté des co-
chers fatigués de la lutte. Cependant, les grévistes
̃ne renoncent pas à leur service de surveillance. Ils
l'ont, au contraire, perfectionné. Ce matin, des bicy-
clistes se lancent à la poursuite des fiacres de la
Compagnie générale pour relever leurs numéros et,
d'autres grévistes, munis d'appareils photographi-
ques, prennent l'instantané des cochers qui sortent
des dépôts avec leur attelage.
SAISIE DE CARTES POSTALES. -Sur la plainte de M. Bé-
renger, l'honorable sénateur, M. André, juge d'in-
struction, a chargé M. Hamard, sous-chel de la
sûreté, de saisir chez divers commerçants des cartes
postales ornées de dessins obscènes.
M. Hamard a saisi hier un nombre considérable
de ces cartes. Il continuera aujourd'hui son œuvre
d'épuration.
LA STATUE D'ALPHONSE DAUDET. -Le total des sommes
recueillies par la Société des gens de lettres pour
l'érection d'un monument à Alphonse Daudet, atteint
aujourd'hui la somme de 10,900 francs. Parmi les
souscripteurs de la première heure, la Société des
gens de lettres, 1,000 fr. Emile Zola, 100 fr. Fran-
çois Coppée, 100 fr.; Louis Ganderax,20 fr. Mais
tout cela est insuffisant, et le comité espère que les
admirateurs de l'écrivain voudront bientôt apporter
tous leur obole.
En attendant, le sculpteur de Sain t-Marceaux s'est
mis à l'œuvre pour acchver le monument que déjà
nous avons décrit. Dans une attitude d'observation
mélancolique, Daudet est assis près du tronc noueux
d'un vieil olivier, symbole du Midi, emblème de la
Provence, où il naquit. Ce monument est destiné à
Paris, square Sainte-Clotilde ou jardin du Luxem-
bourg. Et l'inauguration doit avoir lieu dans le prin-
temps prochain.
L'OUVERTURE DE LA CHASSE EN SEINE-ET-MARKE. Sur
les instances du conseil général, le ministre de l'a-
griculture vient de décider que l'ouverture de la
chasse, dans le département de Seine-et-Marne,
primitivement fixée au 2 septembre, aurait lieu le
dimanche 26 août, comme pour tous les départe-
ments compris dans la 2° zone.
UN DRAME A LA « IAISON DU RIRE ». La parade venait
de finir et la représentation allait commencer, hier
après midi, à la «.Maison du Rire » de l'Exposition,
lorsque, tout a coup, un individu, sortant de la foule,
se précipita vers le théâtre en bousculant les mr-
sonnes qui se trouvaient devant lui et, sortant de sa
poche un revolver, tira trois coups de feu sur M.
Chappelet, contrôleur, qui se tenait debout près de
la porte d'entrée.
M. Chappelet, atteint d'une balle à la joue droite,
s'enfuit en traversant la salle du théâtre et gagna
une porte de derrière. Son agresseur le suivit, mais
les emplovés du théâtre coururent après lui et par-
vinrent à l'arrêter. Dans la lutte, le meurtrier ache-
va de décharger son arme, mais, heureusement, 'il
n'atteignit personne.
Aidés d'un inspecteur de la sûreté et de deux gar-
diens de la paix, les employés le conduisirent au
commissariat de police. En le fouillant, on découvrit
un livret militaire au nom de Valat, habitant rue des
Lyonnais. Il avoua que ce livret était le sien, mais
refusa de donner aucun autre renseignement. M. Pré-
lat l'envoya alors au Dépôt.
Dans la soirée, une enquête fut faite au domicile
de Valat, rue des Lyonnais. Là, on apprit que le
meurtrier, garçon boulanger de son métier, était ar-
rivé à Pans, venant de Montpellier, il y a deux
mois, qu'il menait une vie très régulière, qu'il cau-
sait très peu avec les voisins et que par conséquent
on ne savait rien de lui.
M. Chappelet, dont l'état est assez grave, a été
conduit à son domicile, 106, rue de la Boôtie. Il dé-
clare ne pas connaître son agresseur, qui est égale-
ment inconnu des autres employés de la « Maison
du Rire ).
1 L'ACCIDENT DE LA PASSERELLE.– Les nouvelles des
blessés sont ce matin tout à fait satisfaisantes et
l'on peut espérer que ceux mêmes dont la vie sem-
blait en danger jusqu'à présent guériront de leurs
blessures.
Aujourd'hui ont lieu les obsèques de trois des vic-
times, A Lille, on enterre M. Lecaillé à Paris, M.
Brassard et Mme Reigagne. Le ministre du com-
merce se fera représenter à ces deux dernières céré-
monies par MM. Jourde et Richard, attachés de son
cabinet. Le corps de la quatrième victime, Mme Di-
dier, a été transporté hier soir à la Morgue; la date
des obsèques n'est pas encore fixée.
Hier, les experts ont continué leur enquête à l'Ex-
position. Accompagnés de M. Prélat, commissaire
de police, ils ont fait remettre en place pour quel-
ques instants, par une équipe d'ouvriers, les débris
de la balustrade. Puis ces débris ont été replacés
sous scellés. p
Il ne reste plus à entendre que quelques témoins
de l'accident. Leurs dépositions reçues, M. Prélat
transmettra le dossier de l'affaire à M. Boursy, juge
d'instruction il enverra en même temps au greffe
un certain nombre d'objets chapeaux, manteaux,
bottines, cannes, bijoux, etc., trouvés sur la passe-
relle après l'accident et qui n'ont pas encore été ré-
clamés,
EST-CE UN ASSASSIN? Un homme âgé de 35 ans
environ, correctement vêtu, entrant hier après-midi
dans une brasserie servie par des femmes, 4 bis, rue
Croix-Nivert, leur offrait des consommations.
L'individu parlait beaucoup et à un certain mo-
ment ses propos éveillèrent l'attention du proprié-
taire de l'établissement, qui se mit à écouter p
Moi je n'ai pas peur, disait l'homme. Tel que
vous me voyez j'ai assassiné un vieux bonhomme à
Tours, et je ne me cache pas.
Le tenancier de la brasserie envoya prévenir le
commissaire de police, et un instant après deux
inspecteurs arrêtaient le singulier consommateur.
Interrogé" par M, Bouteiller, commissaire de po-
lice, il déclara se nommer Jean-Baptiste Corbin et
être né à Préaux, dans la Mayenne. Loin de nier
les propos qui avaient provoqué son arrestation, il
les précisa et s'accusa d'avoir assassiné dimanche
dernier, à Tours, un rentier, M. Clément, au service
duquel il était attaché en qualité de garde-malade.
Le commissaire de police crut être en présence
d'un fou, mais Corbin donna des détails si précis
que le magistrat finit par croire à son récit. Corbin
raconta qu'il était un ancien infirmier de l'hospice
général de Tours, où M. Clément avait été en. trai-
tement. Le vieillard, satisfait de ses soins, avait
pris en amitié et l'avait engagé à son service à sa
sortie de l'hôpital.
Dès que je fus installé chez lui, poursuivit Cor-
bin, j'eus l'idée de l'assassiner. J'épiai le moment favo-
rable et, dimanche, tandis que ses deux petites filles
étaient dans leur chambre au troisième étage, je pris
un marteau et je lui brisai le crâne. Mon crime accom-
pli, je fouillai les meubles et m'emparai de l'argent
qulils renfermaient, une vingtaine de mille francs. Je
me promenai pendant quelques heures dans les rues de
Tours. Ensuite, je pris le train pour Paris. Ce fut une
bien mauvaise idée.
En effet, j'arrivai la nuit, je fft'assis sur un banc et
m'endormis. A mori réveil, je m'aperçus que les vingt
mille francs du père Clément avaient disparu. 3'avais
été volé Il ne me restait plus que 43 francs. J'étais en
train de les dépenser quand on m'a arrêté.
Corbin, qui semble alcoolique, a été envoyé au
Dépôt.
Il est parfaitement exact qu'un rentier nom-
mé Clément a été assassiné à Tours. Il est donc
probable que Corbin est son assassin. M. Hamard,
sous-chef de la sûreté, va le faire conduire à Tours.
UN TRAIN CONDUIT PAR LES VOYAGEURS. Hier, une,
compagnie du génie du régiment do chemin de fer
partait de Versailles à destination de Marseille, où
elle doit s'embarquer pour la Chine.
Arrivé àJuvisy, le mécanicien occupé à graisser la
machine glissa, tomba et se tua. Le chauffeur ar-
rêta- Je train pour dégager le cadavre; mais dans
son émotion il s'évanouit et on le transporta dans
un wagon. On était en pleine voie, le mécanicien et
le chauffeur du régiment du génie montèrent alors
sur la locomotive et amenèrent le train à Laroche et
à Dijon sans aucun retard.
INFORMATIONS DIVERSES
-La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon
et à la Méditerranée nous fait savoir que la circulation
qui avait été interrompue entre Chindrieux et Aix-les-
Bains par suite d'éboulèment est rétablie depuis plu-
sieurs jours.
Les relations de toutes les gares du réseau avec Aix-
les-Bains sont assurées dans les mômes conditions que
précédemment.
Les docteurs Paul et Alice Sollier recevront de-
main, au Sanatorium de Boulogne-sur-Seine (pour les
maladies nerveuses et la morphinomanie), les mem-
bres du congrès de psychologie. Visite de l'établisse-
ment et lunch. Un tramway spécial partira du palais
des Congrès à onze heures. •
Nous avons eu le plaisir de voir figurer sur la liste
des nouveaux promus dans l'ordre de la Légion d'hon-
neur le nom de M. Edmond Stasse, administrateur do
la Belle Jardinière.
Exposition de mobiliers complets par milliers aux
Grands Magasins Dufayel. Sièges, tentures, bronzes,
horlogerie, bijouterie, articles de chasse, sport et jar-
din, armes, machines il coudre, pianos et instruments
de musique, etc., etc., livrés franco d'emballage pour
toute la France, quel que soit le poids ou le volume.
Nombreuses attractions.
J. _J
'M"T3oT&T jf~
HECaOLOGIE
Cluserpt
M. Cluseret, député de la deuxième circonscription
de Toulon, est inort cette nuit à la Capte, près
d'Hyères. Il a succombé à une fluxion de poitrine
contractée il y a quelques jours.
Gustave-Paul Cluseret était né à Suresnes (Seine),
en 1823. Il avait donc soixante-dix-huit ans. Il était'
fils d'un colonel d'infanterie qui le fit élever non
pas, comme il a été dit, comme enfant de troupe, ̃
mais, au contraire, par un précepteur ecclésiastique
qui conduisit ses études jusqu'à Saint-Cyr.
Sorti en 1843 de l'Ecole spéciale militaire, il fut
promu lieutenant en 1848. Le 22 juin, il prit part à
la répression do l'insurrection et se distingua par sa
bravoure à l'attaque des barricades de la rue Saint-
Jacques et de la rue des Mathurins. Dans une lettre
qu'il adressa au Constitutionnel, Cluseret rappelait
qu'il avait enlevé onze barricades et trois drapeaux.
Il fut décoré à Cette occasion. Il avait abandonné
l'armée régulière pour la garde mobile; au licencie-
ment de la garde, il reprend sa place dans son an-
cien régiment. Mais, en 1851, ses tendances républi-
caines l'ayant signalé à la vigilance de ceux qui pré-
paraient le coup d'Etat, il fut mis en non-activité
avec 1,200 officiers.
Trois ans plus tard, il demande à reprendre le ser-
vice et obtient un emploi de son grade au 4° batail-
lon do chasseurs à pied à Tlemcen. Cluseret a été fait
capitaine en Grimée, où il reçut deux blessures. Il
revint avant la fin de la guerre en Kabylie, où il fit
campagne. Proposé pour la rosette, il fut « nommé,
dit-il, par le ministre et rayé par l'empereur. » Il
donna sa démission.
Cluseret s'occupa quelque temps d'agriculture.
Son humeur inquiète lui fait bientôt entreprendre
d'autres projets. Il part pour New-York pour s'y
lancer dans les affaires financières. La fortune ne
lui souriant pas, il reprend le métier des armes. On
se battait en Sicile. Cluseret recrute des volontaires
et rejoint Garibaldi, qui le nomme colonel. II est
blessé au siège de Capoue, démissionne et retourne
aux Etats-Unis pour prendre part à la guerre de
Sécession. Attaché à l'état-major de Mac-Clellan, le
président Lincoln le nomme général.
La guerre finie, le général prend la plume du
journaliste et fonde un journal pour soutenir contre
Grant la candidature à la présidence du général
Fremont.
Grant élu président des Etats-Unis, Cluseret passe
en Irlande pour se mêler au mouvement fenian.
Condamné en Angleterre, il s'échappe, revient en
France, lutte contre l'Empire, est expulsé, retourne
en Amérique, d'où le rappelle la déclaration de
guerre àla Prusse.
Cluseret, n'ayant pas obtenu de lettres de service,
suit la guerre en amateur .Après le 4 septembre, il
collabore à la Marseillaise pour attaquer violem-
ment les hommes du gouvernement de la défense
nationale. Il va de Lyon à Marseille, où il se pro-
clame chef militaire des forces du midi de la France.
Il doit bientôt abandonner ce titre.
Membre de la Commune, il est délégué à la guerre.
Ses collègues l'accusent d'avoir voulu livrer Paris à
Thiers. Les fédérés l'arrêtent à la suite de l'aban-
don du fort d'Issy. Du 1er mai jusqu'au 24, jour de
l'entrée des troupes de Versailles, Clusoret demeure
emprisonné à Mazas. Il 's'échappe, se réfugie en
Suisse, puis en Angleterre.
Entre temps, le conseil de guerre le condamnait
par contumace à la peine de mort.
En Suisse, le fugitif fait de la peinture sous la di-
rection âe son ami Gustave Courbet. En 1878, il
prend part pour le compte delà Turquie à. la guerre
des Balkans..
Après l'amnistie, en 1881, Cluseret collabore à di-
vers journaux, expose des tableaux, publie des Mé-
moires où il apprécie sévèrement la plupart des hom-
mes de la Commune, et enfin se fait élire député du
Var, en 1888. Il siégea à l'extrême gauche. Il fut
réélu depuis à toutes les législatures.
Son action parlementaire n'a pas été très grande.
Dans les derniers événements qui ont agité le pays s
il s'était prononcé contre la révision du procès Drey-
fus et avait donné son adhésion à la Ligue de la
patrie française.
Les obsèques auront lieu à Hyères, vendredi à dix
heures.
Hier, ont été célébrées, à Saint-Ferdinand des Ter-
nes, les obsèques de M. Auguste Wieczffinski de
Serres, ingénieur, ancien directeur président de la
Compagnie des chemins de fer austro-hongrois à
Tienne, chevalier de la Légion d'honneur.
Après la cérémonie religieuse, le corps a été trans-
porté à Bayonne, où aura lieu aujourd'hui l'inhu-
mation.
M. de Serres; dont la mort laisse de grands re-
grets parmi ses nombreux amis de Paris, comptait
aussi de nombreuses sympathies en Autriche, où il
a joué un rôle important comme directeur de la
Compagnie des chemins de fer autrichiens.
Elève de l'Ecole polytechnique et des ponts et
chaussées, il était entré aux chemins autrichiens,
en 1860, comme ingénieur aux constructions, et fut
bientôt le chef de ce service. En 1870, il rentra en
France et se mit à la disposition du gouvernement
de la Défense nationale pour l'organisation des
transports militaires sur les chemins de fer, et ne
rentra en Autriche qu'après la guerre.
Lors de la séparation des réseaux autrichiens et
hongrois, qui amena la démission de la direction gé-
nérale de M. Kopp, Auguste de Serres fut nommé
directeur général du réseau autrichien; mais,
après la conclusion de l'alliance austro-allemande sa
position devint fort difficile, tant à cause de ,son atti-
tude pendant la guerre de 1870 que des tendances de
plus en plus marquées d'écarter l'élément français
des hautes positions dans les chemins de fer en Au-
triche. p
En 1890, il donna sa démission en méme temps
que M. Joubert, le président de la société, et revint
définitivement en France.
Il était commandeur de l'ordre de François-Joseph.
TRIBUNAUX
l,a Cour de cassation et le colportage.
La chambre criminelle de la Cour de cassation vient
de casser, dans l'intérêt de la loi, un jugement rendu
par le juge de paix de Montfaucon-d'Argonne et con-
damnant à cinq francs d'amende et aux frais une
demoiselle Marie Guensquin, comme coupable d'a-
voir contrevenu aux dispositions de l'article 18 de la
loi du 21 juillet 1881 sur la presse, en distribuant,
sans avoir fait de déclaration préalable, des brochu-
res de propagande républicaine, ce qui constituait,
dans l'esprit du juge de paix, le fait de colportage
professionnel.
Or, d'après l'article 21, la même loi précise que
la distribution et le colportage accidentels ne sont
assujettis à aucune déclaration.
C'est pour cette raison que la Cour de cassation a
cassé, dans l'intérêt 3e la loi, le jugement du juge o
àc paix. J J h
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la statistique municipale a compté,
pendant la 33e semaine, 949 décès; au lieu de la moyenne
(907).
La fièvre typhoïde a causé 29 décès la rougeole, 6,
au lieu de 18; la coqueluche, 8; la diphtérie, seulement
1. La variole a causé 3 décès. Il n'y a pas eu de décès
par scarlatine.
La diarrhée infantile a causé 109 décès, de 0 à 1 an
(au lieu do la moyenne 132).
On a attribué 2 décès à la grippe.
Il y a eu 12 suicides et 29 autres morts violentes.
On a célébré à Paris 426 mariages.
On a enregistré la naissance de 1,260 enfants vivants
(633 garçons et 627 filles), dont 892 légitimes et 368 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 68 ont été reconnus immé-
diatement.
A TRAVERS LES CONGRES
Congrès international d'électricité
Le congrès international d'électricité, qui s'est ou-
vert au palais des Congrès le 18 août, sous la prési-
dence de M. Mougoot, sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes, tient ses séances de sections
dans l'hôtel de la Société d'encourag'ement pour l'in-
dustrie nationale, rue de Rennes. Les congressistes
sont très nombreux et les travaux présentés fort inté-
ressants tant au point de vue scientifique pur qu'ace-
lui des applications. Des excursions sont faites de
divers côtés. Hier, cinq cents des congressistes
étrangers sont allés, sur invitation de leurs' collègues
français, visiter le château de Chantilly. Deux trains
spéciaux avaient été formés par la Compagnie du
Nord, et, à cinq heures, un lunch luxueusement
servi réunissait tous les congressistes sous une
vaste tente dressée dans le champ de courses; cette
excursion avait été organisée par M. Eug.,Sartiaux,
ingénieur. chef des services électriques aux che-
mins de fer du Nord. Tous les jours ont lieu des vi-
sites aux grandes installations électriques de Paris.
Ce soir, séance spéciale à la salle des Illusions de
l'Exposition. Vendredi, il cinq heures, visite du La-
boratoire central et de l'Ecole supérieure d'électri-
cité, sous la direction de M. P. Janet, secrétaire gé-
néral du congrès, directeur de ces établissements.,
tf& Congrès international des œuvres
ç1'assistanoe médicale
La séance du congrès des œuvres d'assistance en
temps de guerre, qui a eu lieu mardi à la Faculté de
médecine, a touché à des points particulièrement
intéressants. Elle a été présidée par M. le docteur
Riant, 'premier vice-président, en l'absence de
M. Mézières, président, retenu en province par la
session des conseils généraux.
On s'est d'abord occupé de la question de savoir
si la délivrance du brassard par les autorités mili-
taires est, en temps de guerre, indispensable aux
femmes qui soignent les blessés ou malades dans
les hôpitaux.
Tel est l'avis du colonel de Tscharner, qui, dans
son rapport, explique qu'un brassard (ou autre, signe
apparent) est utile pour que les blessés puissent
reconnaître les infirmières, pour que l'autorité mili-
taire soit à même de mieux se garer de l'intrusion
de personnes étrangères pourvu qu'elle puisse,
bien entendu, contrôler l'insigne porté et l'identité
des porteuses, pour qu'enfin les femmes elles-
mêmes trouvent dans cet insigne une précieuse
sauvegarde.
On a objecté qu'un signe suffisait, à la rigueur, sur
le champ de bataille; que dans les hôpitaux locaux
la plupart des raisons mentionnées ci-dessus ne se
présenteraient guère.
Un membre a proposé que, pour éviter certains
abus comme il en a été. signalé notamment pendant
le siège de Paris, les femmes soient astreintes à
porter un costume, sinon uniforme, du moins mo-
deste et simple. On a victorieusement répondu que
c'est déjà ce qui existe en fait, puisque les toiles'
antiseptisées qui sont en usage recouvrent entière-
ment le costume, quel qu'il soit.
Finalement, le congrès adopte le vœu que toutes
les femmes qui donnent leurs soins dans les hôpi-
taux soient munies du brassard.
Ensuite, M. Duchaussoy étudie cette autre ques-
tion capitale Quels sont les avantages que les gou-
vernements pourraient assurer aux sociétés de la
Croix-Rouge pour faciliter leur développement et
leur fonctionnement?
Déjà, dans la plupart des pays étrangers, on a
accordé toute une série d'avantages de ce genre au
personnel et au matériel franchise postale (ou au
moins une diminution des frais d'affranchissement),
réduction des tarifs de transport en chemin de fer
et des tarifs s douaniers– en temps de paix comme en
temps de guerre; la Hollande a même été jusqu'à
attribuer des appointements aux secrétaires des co-
mités et concéder des locaux gratuits. Si certains
gouvernements, qui ne sont pas maîtres de leurs
chemins de fer, par exemple, ne peuvent aller aussi
loin, du moins pourraient-ils accorder, avec les
avantages postaux et douaniers, certains dégrève-
ments sur les droits de succession, sur les droits
à payer à l'assistance publique la suite des fê-
tes, etc. Ils pourraient admettre que lorsque les
comités de la Croix-Rouge reçoivent uij legs ou
donnent une fête de charité, ils ne se trouvent pas
dans le cas normal des particuliers.
Le congrès, à l'unanimité, émet le voeu que ceux
des gouvernements qui n'ont pas encore fait tout
ce qui est souhaitable à cet égard -imitent l'exemple
des autres et n'hésitent pas à remplir ainsi un vé-
ritable devoir, étant donné que, sans l'initiative pri-
vée dont il s'agit, ils auraient eux-mêmes à suppor-
ter un lourd surcroît de dépenses pour organiser les
secours nécessaires dans l'état actuel des armements
militaires.
La question traitée ensuite est plus délicate Le/
docteur Benech, médecin principal de lro classe,
examine quels sont les cas où l'un des belligérants
pourrait retenir le personnel et le matériel d'une for-
mation sanitaire appartenant à l'autre belligérant.
11 voudrait que les personnels sanitaires ne fus-
sent plus neutralisés qu'ils continuent à appartenir
à leur armée, mais qu'ils ne puissent, en aucun cas,
être détournés de leur destination spéciale.
Ils soigneraient les blessés des deux partis indis-
tinctement, et, par suite, si un événement de guerre
fait casser une partie des effectifs d'un côté à l'au-
tre (laissés sur le champ de bataille abandonné, faits
prisonniers, etc.), une partie proportionnelle en quel-
que sorte de médecins suivraient ces effectifs pour
concourir provisoirement, aussi longtemps qu'il se-
rait nécessaire, au service médical du côté du vain-
queur. Puis ils seraient rendus.
Evidemment, cette combinaison, mieux qu'une
neutralisation complète, flatterait l'amour-propre des
personnels médicaux, militaires surtout; mais rem-
plirait-elle mieux le but proposé? La majorité du
congrès ne l'a pas pensé.
Un personnel neutralisé doit être, au contraire, a
priori plus élastique; il se prêtera mieux à toutes
les éventualités, pourvu qu'il se conforme rig-oureu-
sement aux clauses existantes et accepte franche-
ment la douloureuse nécessité de ne gêner en aucun'
cas l'action militaire, la recherche de la victoire de-
vant tout primer.
Enfin, restant ainsi dans le statu quo, on ne risque
pas. de remettre en question les principes mêmes de
la précieuse convention de Genève, qui n'a pas été
établie sans quelque peine, il y a quarante ans.
Congrès de droit international
Dans sa réunion d'hier, mercredi, le congrès da
droit international, qui se tient à Rouen, a adopté à'
l'unanimité la résolution suivante, présentée par i,
M. Richard Waddington, sénateur. P
Etant données les grandes améliorations récemment
effectuées dans l'estuaire de la Seine et les facilités que
présente aujourd'hui le port de Rouen pour l'arrivée
en sûreté et pour le déchargement rapide des cargai-;
sons, il est à désirer que les conditions de tout con-
tràt, soit chartes-parties, polices d'assurances, soit tout
autre document relatif au transport des marchandises
de ou pour le port, soient, autant que possible, simi-
laires à celles qui ont cours dans les contrats en vi-,
gueur pour le transport de marchandises de ou pour
les autres ports de l'Europe occidentale. >
LIBRAIRIE
L'ŒUVRE DE GUSTAVE MOREAU J
Sous la signature ,de Gustave Geffroy, l'éminent
critique d'art, il vient d'être «lis en vente à la
librairie de l'Œuvre d'Art un fascicule sur Gustave
Moreau et son oeuvre.
Nul mieux que Gustave Geffroy n'avait qualité
pour présenter aux nombreux amateurs du Beau.
l'œuvre colossale du maître dont l'art français dé-
plorera longtemps encore la perte. Le fascicule
sur Gustave Moreau, outre de' nombreuses illustra-
tions dans le texte, comporte huit gravures hors
texte, le tout choisi parmi ce que le grand peintre
a fait de meilleur.
Envoi franco de port à domicile contre mandat de
3 francs, adressé à la librairie de l'Œuvre d'Art,
passage des Princes, Paris.
On vient de céléber le cinquantpnaire de la mort de
Balzac, le génial romancier. La Revue Bleue a heu-
reusement aidé à cette célébration en publiant, avpc
des commentaires du vicomte de Spœlborch de Lo-
venjoul, des lettres et fragments inédits de Balzac
permettant de voir la genèse de son roman les
Paysans. L'intérêt de cette publication est considé-
rable, et la foule des admirateurs de Balzac en sera
reconnaissante à la Revue Bleue.
Le n° 60 centimes; Schleicher frères, éditeurs,
15, rue des Saints-Pères, Paris (6°).
A signaler parmj les meilleurs ouvrages d'Al-
phonse Daudet parus chez Ernest Flammarion, dans
la collection in-18: Tartarin sur les Alpes, Tartarin
de Tarascon, la Fédor, Jack, Trente ans de Paris, Sa-
pho, Souvenirs d'un homme de lettres, l'Obstacle, Rose
et Minelie, les Rois en exil, l'Evangélisle; Robert Hel-
mont.
Une « vingtième » édition. ·
C'est un succès qui mérite qu'on le signale. La li-
brairie Ollendorff vient de mettre en vente la
« vingtième édition de la Carrière d'André Tou-
relle, le nouveau roman de Lucien Muhlfeld. A ce
propos, notre confrère le Figaro observe avec raison
que « dans le roman un vingtième tirage équivaut
à la deux centième d'une pièce de théâtre ».
Annonçons la mise en vente d'un nouveau vo-
lume de la collection in-18 à 3 fr. 50 des Œuvres
complètes de Michèle t Armagnacs et Bourguignons,
avec des illustrations d'après des documents his-
toriques.
BILAN DE LA BANQUE DE France (du 16 au 23 août 1900)
Encaisse or. 2.248.126.862aug. 14.197.018
argent. 1.13G.974,715 aug. 2.868.97G
Portefeuille. 668 698 930 dim. 22 751 284
Avances sur titres 494.315.752 aug. 2/485.27S
Comptes courànts part" 523.527.826 aug. 41.299.830
Cortipte cl du Trésor. 331.839.523 aug. 10.8i3.398
Billets en circulation. 3.897.722.105 dim. 48.615.910
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers pour la semaine. 287.662
Dépenses 32.752
Bénéfices nets provisoires des neuf premières se-
maines du deuxième semestre des quatre dernières an-
nées, tels' qu'ils ressortent de la situation hebdoma-
daire
Bénéfices Cours correspte
Année 1897. 1.552.062 3.705
1898. 2.035.2G6 3.560
1899. 3.651.948 3.980
1900. 4.183.479
.~®® 0
Recettes des chemins de fer
Etat. + 39.400 + 0.58 Ouest.. »
Midi. + 126.700 + 3.96 Est. + 270.000 + 6. 8Î
Nord. + 338.000 + 7.46 Lyon. + 660.000 + 7.42
Orléans + 753.000 ».»» Alger.. + 12.000 + 5.61
THÉÂTRES
Les « Surprises du divorce »
Le Gymnase, qui n'était guère heureux depuis
quelque temps et dont le Chemineau de M. Richepin
venait encore de tromper les espérances, a sans
doute enfin trouvé sa pièce d'Exposition avec les
Surprises du divorce. Créée il y a une douzaine d'an-
nées au Vaudeville, la pièce de MM. Alexandre Bis-
son et Antony Mars est restée aussi exhilarante
qu'au premier jour. On a beaucoup applaudi MM.
Galipaux qui succède au pauvre Jolly, Dubosc et
Mme Daynes-Grassot qui reprenait son rôle do la
création. y
A l'Opéra, M. Gailhard, après une absence de quel-
ques jours, rentre ce soir à Paris.
Pendant son absence, Mlle Soyer a travaillé, sous la
direction de M. Victor Capoul, le rôle de Fidès, qu'elle.
chantera très prochainement.
Mlle Lucy Berthet, qui avait quitté l'Opéra il y a
quelque dix-huit mois déjà, a été réengagé par M.
Gailhard à partir du 15 septembre. Elle fera sa rentrée
par le rôle d'Ophélie, dans Ilamtet.
A la Comédio-Française, on a répété hier l'Ami
Fritz, d'Erckmann-Chatrian, qui sera repris après-de-
main samedi avec la distribution suivante
MM. de Féraudy, Kobus Baillet, Fritz Pierre Lau-
gier, Hanzo Dehelly, Josef Barrai, Christel; Mlles
.Muller, Suzel; Lynnès, Lisbeth..
C'est la première fois que Mlle Muller jouera, à la
Comédie-Française, le rôle de Suzel, qui avait été tenu
jusqu'ici par Mlle Reichenberg, qui le créa, ou par la a
regrettée Jeanne Samary.
A l'occasion de sa nomination au grade de com-
mandeur de la Légion d'honneur, M. Ludovic Halévy
a fait don d'une somme de 1,000 francs à la Société do
secours mutuels du théâtre des Variétés, dont il est
président d'honneur.
On a fêté hier soir, à l'Ambigu, dans. l'intimité, la
nomination de M. Pierre Decourcelle, l'heureux auteur
des Deux Gosses, au grade de chevalier de la Légion
d'honneur. M. Holacher, directeur, a adressé à M.
Pierre Decourcelle un petit discours et lui a offert, au
nom des artistes et du personnel du théâtre, une croix
en brillants.
Mme Réjane nous prie d'informer le public qu'elle
n'a d'intérêts d'aucune sorte dans une maison da cou-
ture de la place Vendôme.
L'éminente artiste nous prie de déclarer en outre
qu'elle est, par conséquent, tout à fait étrangère à toute
demande de commandite qui pourrait être faite en son
nom.
Nous avons donné le chiffre global des recettes
réalisées pendant le dernier exercice. En voici mainte»
nant le détail, avec la comparaison de l'exercice préc6>
dent
théâtres 1899-1900 1898-1899
Opéra. "T. 2.873.91642 2.942.399 74
Français 1.884.240 40 1.917.050 03
Opéra-Comique. 1.979.681 20 1.211.235 40
Odéon 629.595 95 575.326 56
Vaudeville 1.007.917 » 1.320.576 50.
Variétés, 1.406.495 » 1.082.236 80
Gymnase. 453.706 40 698.880 »
Palais-Royal. 656.902 50 635.220 50
Nouveautés 1.190.08460 1.014.158 »
Sarah-Bernhardt .729.795 25 303.154 75
Porte-Saint-Martin. 901.847 50 1.842.68650
Gaîté 702.02170 1.013.815 75
Ambigu. 468.970 50 569.50625
Châtelet 1.214.793 03 938.439 75
Renaissance (Lyrique). 475.848 05 448.428 •>•-
Bouffes-Parisiens 380.74160 387.93105
Folies-Dramatiques 120.83675 476.73060
Cluny 283.287 45 267.878 50
République. 292.701 » 460.315 50
Athénée 210.227 50 122.08250
Déjazet 171.98550 150.208 50
Antoine. 492.059 » 388.595 »
Folies-Marigny. 386.994 » 357.55070
Bouffes-du-Nord 168.112 85 171.517 90
Nouveau-Théâtre 252.258 60 100.01550
Application. 30.235 » 34.813 85
Galerie Vivienne.' 10.54105 OS'
Théâtre Mondain 2.507 »
Tour Eiffel 7.725 »
Folies-Bergère. 1.178. 374 50 1.342.866 75
Olympia. 894.978 » 762.667 50
Casino de Paris. 652.329 » 677.673 50
Total. 22.154.292 22 22.266.65493
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