Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-09-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 septembre 1886 09 septembre 1886
Description : 1886/09/09 (Numéro 9259). 1886/09/09 (Numéro 9259).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 9 Septembre iSSû.
A un moment donné, on craint une collision
entre les deux partis mais, heureusement, l'ordre
public n'est pas troublé. Les manifestants se ren-
dent en foule devant le consulat général d'Angle-
terre. M. le capitaine Jones les reçoit avec enthou-
siasme, embrasse les officiers et les félicite de
]our fidélité au prince. Ceux-ci, à leur tour, lui
font une ovation en le soulevant et en le portant
à bras. La foule parcourt presque toutes lès rues
de la ville en poussant des hourras en faveur
du prince Alexandre. Cela dure jusqu'à trois heu-
res du matin. Dans l'intervalle, des coups de feu
sont tirés, on brise les vitres do quelques maisons
habitées par des russophiles. ·
Lo lendemain matin lundi, l'autorité militaire
fait mettre aux arrêts M. Naïdenof, le préfet de la
ville, qui représente l'autorité civile existant avant
et après la révolution de Sofia; elle emprisonne
M. Madjarof, dont le nom a figuré sur la liste des
membres du gouvernement primitivement consti-
tué après le détrônement du prince Alexandre, et
quelques autres personnes connues pour russo-
philes ou appartenant au parti de l'opposilion. La
tranquillité publique n'est, pas troublée, le bazar
est ouvert et tout le monde s'occupe de ses affai-
res, témoignant pour la politique une apathie
frappante. Nous voyons sur une des collines de la
ville une compagnie de soldats, postés en vedette
et chargés de surveiller la route de Tatar-Bazard-
jik. Le bruit a couru, en effet, que la garnison de
cette dernière ville, acquise au gouvernement pro-
visoire de Sofia, marche sur Philippopoli, et ce
bruit s'accrédite d'autant plus facilement que les
communications télégraphiques avec Tatar-Bazard-
jik sont coupées.
A la cathédrale bulgare a lieu un service funèbre
pour le repos de l'âme des volontaires nationaux
tombés dans les combats de Schipka (août 1877),
dont on fête l'anniversaire. A la sortie de l'église,
quelques anciens volontaires, qui passent pour
russophiles, sont arrêtés par l'autorité militaire et
emprisonnés comme gens suspects.
A midi, le commandant Moutkourof fait afficher
les d'eux écrits suivants
.̃ Ukase n° 1 .•̃'
Au nom de l'Assemblée nationale et du prince de Bul-
garie, je nomme commandant en chef de toutes les
troupes bulgares le commandant de brigade M. le lieu-
tenant colonel Moutkourof. J'invite toutes' les autorités
civiles et militaires à exécuter textuellement ses ordres;
le gouvernement provisoire usurpateur de Sofia, je le
déclare imposteur et hors les lois du pays. Quiconque
exécute les ordres de ce gouvernement usurpateur sera
jugé et puni conformément aux lois martiales. Le lieu-
tenant-colonel Moutkourof est autorisé à s'adjoindre des
auxiliaires pour l'administration du pays et pour le
maintien de la tranquillité publique.
Grand-Tirnovo, 11 (23) août 18S6.
Le président de l'Assemblée nationale,
Signé S. Stamuoulof.
Proclamation au peuple bulgare
Au nom du prince de Bulgarie, Alexandre l", et de
l'Assemblée nationale, je déclare imposteur et hors les
lois du pays le gouvernement provisoire de Sofia, ayant
à sa tête Clément, et quiconque obéit aux ordres de ce
gouvernement sera. jugé et puni conformément aux lois
martiales.
Je nomme au commandement en chef de toutes tes trou-
pes bulgares le commandant de brigade lieutenant-colo-
nel Moutkourof, et j'ordonne à toutes les autorités civiles
et militaires d'exécuter textuellement ses ordres. J'in-
vite le vaillant peuple bulgare à défendre la couronne
et la patrie contre les traîtres qui essayent de détrôner
notre courageux et bien-aimé prince. Que le Tout-Puis-
sant fortifie le bras de la nation pour qu'elle maintienne
son honneur, les droits et la gloire de la patrie et du
monarque élu par le peuple.
Vive la Bulgarie Vive Alexandre Ior, prince de Bul-
garie
11 (23) août 1886.
Le président de l'Assemblée nationale,
Signé Stamboulov.
(Contresigné): Signé: S'I'AMDOUL01',
Le commandant en chef des troupes bulgares,
Lieutenant-colonel Moutkourof.
Ces deux documents produisirent, une immense
sensation. Ils confirmaient officiellement la contre-
révolution et nous ouvraient la perspective d'une
guerre civile à conséquences incalculables. Des
bruits contradictoires commencèrent courir: les
uns disaient que le prince Alexandre, quoique dé-
trôné, n'avait pas quitté le pays; une compagnie
de soldats aurait attaqué l'escorte chargée del'em-
mener de Sofia au bord du Danube, l'aurait ramené
au cœur du pays et le garderait dans un monas-
tère autrement dit, une seconde édition du retour
de l'île d'Elbe. D'autres prétendaient que le prince,
mis hors des irontières, serait rentré en Bulgarie
et, à la tête de quelques bataillons dont les rangs
grossissaient en route, marcherait sur la capitale.
On ne savait à qui croire. Les nouvelles de Sofia
manquaient complètement le télégraphe était,
muet pour le public, les journaux supprimés.
Un cordon militaire entourait le bureau postal,
et la valise du bureau de poste autrichien de notre
ville, partie le matin pour Constantinople, reve-
nait ici telle quelle, le train venant d'Andrinople
ayant été arrêté à la frontière par les Turcs; l'au-
torité bulgare, de son côté, n'avait pas laissé le
train rouméliote quitter le territoire. En un mot,
nous étions bloqués et séparés du reste du monde.
Par bonheur, la ville conserva son calme et la nuit
se passa sans aucun incident.
Mardi, %i août. Un bataillon d'infanterie nous
arrive par le train de Hasskeni. Quelques vivats se
font entendre pour le prince Alexandre, mais peu
d'enthousiasme: soldats et peuple paraissent éga-
lement fatigués de la situation qui leur est faite
depuis un an. Le bataillon est suivi d'un convoi de
citoyens de Hasskeni, arrêtés pour manifestations
en faveur du nouveau gouvernement de Sofia. On
les amène pour les emprisonner ici. Le bruit, court
que, ce matin, le prince Alexandre aurait quitté
Bucarest et serait rentré en Bulgarie par Roust-
chouk, bruit difficile à contrôler. On dit aussi que
le commandant Moutkourof aurait fixé au gouver-
nement de Sofia un délai de vingt-quatre heures
pour se rendre, sous la menace de la peine de
mon.
Vers midi, on répand le bruit que les membres
du gouvernement dont il s'agit seraient en fuite
vers la Serbie. Si la chose était vraie, l'autorité lo-
cale en aurait tambouriné la nouvelle; or, elle garde
un mutisme absolu. Nous sommes toujours sans
communication avec l'extérieur. Il est vrai que la
poste distribue quelques lettres retardées; mais
elle n'en reçoit pas. Une muraille de Chine s'est
soudain élevée entre nous et le monde civilisé.
Mercredi 25 août. A sept heures du matin, un
régiment d'infanterie part pour Sofia. Décidément,
le gouvernement provisoire n'est pas encore en
débandade Une rumeur publique dit que le
prince Alexandre, qui serait en Roumanie, refuse-
rait de rentrer dans le pays. Si la nouvelle est
•vraie, elle signifierait la prolongation indéfinie de
l'incertitude mortelle où nous sommes depuis
quatre jours, quatre siècles J'entends dire autour
de moi que la population et la garnison de Tatar-
Bazardjik se sont prononcées pour le gouverne-
ment provisoire de Sofia. Ce bruit s'accrédite de
plus en plus vers le soir. On ajoute même que les
troupes de cette ville occupent le défilé de Vélren
(Portes de Trajan) et s'opposent au passage pour
Sofia du régiment d'infanterie envoyé d'ici pour
agir contre le gouvernement provisoire. J'y crois
d'autant plus facilement que, ce soir, l'autorité
militaire envoie contre Talar-Bazardjik huit pièces
d'artillerie.
Jeudi 26 août. Journée calme. Dans l'après-
midi, le bureau de poste autrichien annonce que,
dès aujourd'hui, le service sera repris avec Con-
stantinople et au delà, et qu'il fonctionnera comme
par le passé. Cette nouvelle, sujette à caution, est
démentie le soir, attendu que le train ottoman ap-
portant la poste de Constantinople n'a pas passé
notre frontière; il n'y aura donc pas de départ de-
main. Ce soir, l'autorité militaire, pour relever
sans doute le moral du parti, commence la publi-
cation d'un Bulletin où l'on proteste contre la ré-
volution de Sofia et le délrônement du prince
Alexandre. C'est en quelque sorte la profession
de foi du gouvernement de Philippopoli.
Vendredi 27 août. Fùte gréco-bulgare de l'As-
somption de la Vierge.Le bazar est fermé, la tran-
quillité publique ne laisse rien à désirer. On pré-
tend que la poste autrichienne, partie ce matin
pour Constantinople, aurait traversé la frontière
au moyen d'une drézine, l'autorité ne permettant
pas de quitter le territoire à l'unique locomotive
.que nous ayons ici et qui sert aux transports mi-
litaires. Vers le soir, nouveaux bruits de la ca-
pitulation de Sofia. Comme détails sur le dé-
trônement du prince, on raconte que celui-ci au-
rait été dirigé sur le Danube et de là, à bord d'un
baleau russe, conduit à Reni, en Bessarabie. Ce-
pendant, sur le refus du gouvernement russe de
lui permettre d'y séjourner, il serait parti pour la
Roumanie et delà pour l'Allemagne. On ajoute
que, maintenant, il refuserait de rentrer en Bul-
garie.
Samedi 28 août. Aujourd'hui, aucune nouvelle
saillante à noter. Hier soir, la police a opéré des
perquisitions chez quelques notables grecs accu-
sés de russophilisme. Aucun résultat. On prétend
que la poste autrichienne acceptera, ce soir, des
lettres pour l'Europe. Si le fait se réalise, j'en pro-
fiterai pour vous envoyer la présente.
AFFAIRES COLONIALES
Tonkin
Le North China Daily News publie sur les affaires
du Tonkin une lettre de Canton, 21 juillet, qui
donne les renseignements suivants
« L'expédition de flibustiers dirigée par Liang-
Shang-Ta, qui a si longtemps tenu tête aux Fran-
çais et les a obligés à de si vigoureux efforts pour
le contraindre à évacuer le Tonkin, gagne chaque
jour du terrain. Il parait que ce chef s'est forte-
ment établi à Yung-Le-Tu ou Yung-Lo-Sheng, où
est installé son quartier général. Il a sous ses or-
dres 120,000 hommes qui sont actuellement em-
ployés à la culture de la plaine de Yung-Lo. La
contrée occupée par ces Chinois est, dit-on, très
fertile; elle produit toutes choses, sauf l'opium et
les armes modernes de précision (sic). Les mines
d'or qui abondent dans les environs sont active-
ment exploitées, et il y a un marché à la frontière
chinoise pour ce précieux métal, que les manda-
rins chinois achètent volontiers pour faire leurs
remises au Trésor. »
Si cette information est exacte, la colonie chi-
noise dont il s'agit serait installée, soit dans la
province de Caobang, soit dans le voisinage de
That-Khé; on sait, en effet, que c'est de ce côté
que se trouvent les plus riches gisements aurifères
du Tonkin. 11 serait d'un véritable intérêt de
faire constater par notre consul à Canton et par
nos agents a Lang-Son le dire du correspondant du
North China Daily News, l'établissement d'une puis-
sante colonie chinoise près de la frontière de
Chine, sur le territoire tonkinois, ne pouvant nous
être indifférent.
Il nous est impossible de donner le moindre ren-
seignement sur la personnalité du chef de cette
colonie, dont le nom chinois est complètement in-
connu toutefois, on peut admettre qu'il a servi
sous les ordres de Liu-Vinh-Phuoc, dont il aurait
été un des principaux lieutenants.
Nouvelles-Hébrides
Londres, 7 septembre.
La Pall Mail Gazette dit que l'affaire des Nouvel-
les-Hébrides prend une mauvaise tournure. Si la
France dénonçait la convention de 1878, cela con-
stituerait, suivant ce journal, un casus belli des
plus clairs.
La Pali Mail Gazette conseille à lord Iddesleigh
d'envoyer un troisième navire aux Nouvelles-Hé-
brides.
Actes officiels
M. le lieutenant de vaisseau Vittu de Kerraoul
est nommé au commandement d'un torpilleur de
la défense mobile, à Rochefort.
Nouvelles maritimes et coloniales
Le croiseur de 1" classe YArêthuse, portant le pa-
villon de M. le contre-amiral Ribell, commandant
en chef de la division navale de l'Atlantique sud,
est parti de Toulon se rendant à Dakar, où aura
lieu la remise du service.
La commission chargée d'examiner les meilleurs
mémoires publiés dans la Revue maritime et coloniale
en 1885 a accordé la première médaille à M. le ca-
pitaine d'artillerie de terre Josse, détaché pendant
plusieurs années auprès du ministre de la marine
et actuellement attaché à l'état-major général au
ministère de la guerre, pour ses belles études sur
la cryptographie et ses applications à l'art mili-
taire.
La seconde médaille a été accordée à MM. les
capitaines d'infanterie de marine Bouinais et Pau-
lus, professeur à l'école Turgot, pour leurs très
excellents articles sur le protectorat du Tonkin et
le royaume d'Annam.
A ce propos, ajoutons que M. le capitaine Boui-
nais, qui va reprendre son poste à la commission
de délimitation des frontières du Tonkin, vient de
faire paraître chez Challamel un nouveau livre in-
titulé La France en Indo-Chine, dans lequel il re-
trace en ses grandes lignes l'histoire de notre ac-
tion en extrême Orient et donne sur l'avenir de ces
régions, conséquemment sur l'avenir de la coloni-
sation, des renseignements de la plus haute va-
leur.
Le Moniteur du protectorat de l'Annam et du Tonkin
publie une note-circulaire au sujet des jeunes
gens faisant partie du contingent de la prochaine
classe de recrutement, résidant "au Tonkin. A la
demande du résident général, ces jeunes gens sont
autorisés à faire leur temps de service en Annam,
c'est-à-dire à satisfaire à la loi militaire sans faire
le voyage de France.
La mesure est excellente et donne satisfaction à
des vœux fréquemment exprimés par les rhambres
de commerce. Les jeunes gens envoyés dans nos
comptoirs de l'extrême Orient pourront donc ac-
complir leur service militaire dans la colonie sans
perdre le contact avec les entreprises auxquelles
ils sont attachés.
Le marquis Tseng, ministre plénipotentiaire de
Chine à Londres et à Saint-Pétersbourg, qui a re-
mis récemment son service à S. Exc. Liu-Jui-Fen,
est attendu demain ou après-demain à Paris, en
route pour Marseille, où il embarquera dimanche
prochain sur le paquebot des Messageries mari-
times qui porte le courrier de l'Indo-Chine.
Le marquis Tseng devait primitivement partir à
la fin du mois de septembre; il a avancé son dé-
part pour des motifs d'ordre privé.
Nous avons déjà annoncé que M. le vice-amiral
Peyron, sénateur inamovible et ancien ministre
de la marine, devait prendre le commandement de
l'escadre de la Méditerranée au mois d'octobre, en
remplacement de M. le vice-amiral Lafont, arrivé
au terme de son commandement.
M. le vice-amiral Peyron a fait choix de M. le ca-
pitaine de vaisseau Dupont pour le poste impor-
tant de chef d'état-major, de M. le capitaine de
vaisseau Maréchal pour celui de capitaine des pa-
villons. M. le capitaine de frégate Richard rem-
plira les fonctions de premier aide de camp.
La plupart des officiers de l'état-major de l'ami-
ral Lafont continueront à servir à l'état-major de
l'amiral Peyron.
Ajoutons' qu'il est décidé que l'escadre conser-
vera quatre cuirassés armés et un nombre varia-
ble de bâtiments blindés en catégorie d'urgence,
c'ést-ù-dire avec équipages réduits.
Une nouvelle promotion dans l'ordre impérial
du Dragon de l'Annam a été signée le 17 mai der-
nier.
MM. Dillon et Vial, résidents supérieurs, le gé-
néral Jamais et l'intendant Baratier ont été nom-
més grands-officiers.
Ont été promus commandeurs, MM. Klobukows-
ki, directeur du cabinet du résident général De-
leschamps, lieutenant de vaisseau; Lemardeley,
médecin-major Cardot, chef de bataillon; Tou-
chard, capitaine de vaisseau.
Mme Ribard, docteur en médecine, dont nous
avons annoncé la mort, avait été nommée of-
ficier.
Parmi les promotions d'officiers, signalons
MM. Chailley, directeur adjoint du ca~binet du ré-
sident général; Laurent, directeur du conlrôle des
finances en Annam et au Tonkin; Luce, capitaine
d'artillerie de marine; Toutée, capitaine d'arlille-
rie Schillemans, vice-résident à Quang-Yen Pot-
teaux, interprète principal à Hué; Girette, secré-
taire particulier du résident général Getten, in-
génieur, chef du service des travaux publics.
Au nombre des chevaliers figurent les noms de
MM. Gerbaut et Thù, attachés à la résidence géné-
rale.
On annonce que M. Joël Le Savoureux, vice-rési-
dent à Tamatave, a été envoyé en mission à Vohé-
mar pour régler certaines questions concernant
des concessions de terrain faites en ce point pen-
dant l'occupation militaire.
M. Guinet, qui a rempli à Vohémar les fonctions
de résident et de représentant civil du gouverne-
ment français pendant l'occupation, s'est rendu à
la fin de juin à Tananarive. M. Guinet est un des
plus anciens colons de Madagascar il par^e très
bien le malgache, et sa présence à la capitale sera
certainement utilisée par M. le résident général.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(DÉPÊCHES HAVAS ET renseignements PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine
Une élection pour le conseil général a eu lieu
dans le canton de Barr pour remplacer M. Hering,
démissionnaire. M. Edmond Roth, propriétaire à
Dambach, a été élu par 1,834 voix sur 1,954 vo-
tants.
L'arrivée de l'empereur d'Allemagne à Stras-
bourg étant fixée au 10 du mois, l'administration
vient d'envoyer aux journaux, avec prière de le
publier, l'avis suivant
Il n'est pas inutile, à propos de la prochaine arrivée
de S. M. l'empereur d'Allemagne, d'appeler l'attention
du public sur les suites fàcheuses qu a déjà eues l'ha-
bitude de jeter des étages supérieurs des maisons des
bouquets et des tleùrs dans les voitures de Leurs Ma-
jestés. A différentes reprises déjà, ces bouquets, au lieu
de tomber dans ces voitures, ont atteint les personnes
qui s'y trouvaient. Il en est même résulté des contu-
sions que ceux qui avaient organisé l'ovation ont été
certainement les premiers à regretter.
Parmi les personnages princiers qui assisteront
aux manœuvres exécutées sous les yeux du souve-
rain allemand, on cite le roi et le prince Georges
de Saxe, le prince Léopold de Bavière, fils du prin-
ce-régent, le grand-duc de Hesse.
Allemagne
Nous avons annoncé que le prince Guillaume,
petit-fils de l'empereur, ira, le 9 de ce mofs, saluer l
le tsar à Bresl-Litowsk. Nous avons reproduit hier t
quelques lignes de la Gazette de la Croix qui faisaient
ressortir discrètement l'importance politique du
voyage du prince allemand. La Gazette de l'Allemagne
du Nêrd confirme indirectement cette importance
en annonçant qu'avant de partir pour le camp
russe, le prince a eu un long entretien avec M. de
Bismarck.
Le traité de commerce hispano-allemand, qui va
être soumis au Reichstag, convoqué pour le 16 de
ce mois, n'est pas un traité nouveau. Il a simple-
ment pour but de proroger jusqu'au 1er février
1892 la convention conclue le 12 juillet 1883, ainsi
que les modifications introduites dans cet instru-
ment par la convention complémentaire du 10 mai
1885.
Plusieurs journaux font remarquer que ce but
ne suffit pas pour expliquer la convocation extra-
ordinaire du Parlement de l'empire. On semble
penser généralement que le chancelier veut profi-
ter de l'occasion pour traiter devant les représen-
tants de la nation les grandes questions soulevées
par les événements d'Orient et leur exposer les
motifs pour lesquels il a adopté une politique qui
parait froisser les sentim-nts d'une partie consi-
dérable du peuple allemand. D'autres journaux,
au contraire, croient savoir que M. de Bismarck
ne paraîtra pas en personne au Reichstag.
La Gazette de l'Allemagne du Nord dément que le
prince de Bismarck souffre de ses anciennes dou-
leurs nerveuses dans les régions fémorale et ilia-
que.
Elle annonce toutefois que le chancelier, en re-
venant de Gastein à Berlin, a contracté des tirail-
lements de muscles.
Toutefois, cet accident ne donne lieu à aucune
inquiétude.
Un second tour de scrutin pour une élection au
Reichstag a eu lieu dimanche dernier dans la cir-
conscription de Lauenbourg. Le candidat libéral,
M. Berling, l'a emporté sur son concurrent con-
servateur, M. le comte Bernstorff.
Des brochures socialistes ont été distribuées
aux soldats logés actuellement chez les habitants
de Plauen, à l'occasion des manœuvres d'automne.
La police a procédé à l'arrestation du distributeur,
M. Christenesen, un publicistc à qui le séjour de
Berlin a été interdit en vertu de la loi sur le socia-
lisme.
En vertu de cette même loi, une réunion socia-
liste, qui devait avoir lieu à Hanovre le 6 septem-
bre a été interdite.
<̃ Angleterre
Hier, à la Chambre des communes, M. Howard
Vincent a demandé au gouvernement s'il est in-
formé du projet de partage du sud-est de l'Europe
par la triple alliance.
Il demande encore si l'occupation de la Bulgarie
par les troupes de la Russie ou l'administration
de la principauté par des gouverneurs russes so-
rait d'accord avec les traités actuels, ou compati-
ble avec l'intégrité de l'Empire ottoman et la sécu-
rité de Constantinople. Il demande enfin si, durant
l'absence de sir E. Thoi-nton, sir W. While doit être
chargé de représenter l'Angleterre à Constanti-
nople.
Sir J. Fergnsson, sous-secrétaire d'Etat au Fo-
reign Office, répond que le cabinet n'a reçu au-
cune communication se rapportant à la première
question de M. Howard Vincent; en ce qui con-
cerne l'action séparée d'une puissance en Bulgarie,
c'est là une hypothèse que le gouvernement ne
peut pas admettre.
II est probable que, pendant l'absence de sir E.
Thornton, l'ambassade de Constantinople sera gé-
rée par le chargé d'affaires.
Sir J. Fergusson, interpellé par M. Tanner, dit
qu'aucune décision n'a encore été prise au sujet de
l'abandon de Port-Hamilton, que les forces navales
occupent denuis le 12 mai 1885.
Lord Randolph Churchill, chancelier de l'échi-
quier, fait connaître les noms des commissaires
chargés de l'enquète sur la question monétaire.
La Chambre conlinue ensuite la discussion du
budget de la guerre.
Une longue discussion s'engage, au sujet de 1 é-
tat des déienses du pays, sur les stations navales
et aussi sur les charbons et la qualité des canons,
principalement sur celle des pièces de marine.
La discussion vise, en outre, les accusations por-
tées récemment contre certains fournisseurs et
fonctionnaires.
M. Smith, ministre de la guerre, déclare qu'il a
prescrit à plusieurs reprises des informations re-
lativement aux accusations portées contre les
fournisseurs et les fonctionnaires; mais, jusqu'à
présent, les renseignements recueillis sont trop
vagues pour permettre de faire une enquête.
Une commission sera nommée pour examiner
l'état des canons fournis durant les cinq dernières
années.
La Chambre des communes a adopté tous les
chapitres du budget de la guerre. Elle a voté en-
suite en seconde lecture le bill relatif à l'enquête
sur les rixes de Belfast.
La Fédération démocratique socialiste vient de
publier un manifeste dans lequel elle dit que
l'hiver qui approche trouvera encore une fois des
milliers de citoyens sans travail et sans pain pour
eux et pour leurs familles. Elle déclare ensuite que
les efforts qu'elle a faits depuis le mois de no-
vembre 1883, pour parer à tous les maux qui sont
le résultat du manque de travail, n'ont abouti à
rien, et que l'on n'a pu obtenir des autorités ni
une réglementation du travail, ni une réduction
des heures de labeur, ni d'autres mesures qui
pourraient améliorer la situation des classes ou-
vrières.
« Ces mesures conclut la Fédération pour-
ront être obtenues si nous continuons sans relâche
le mouvement général en leur faveur. Nous pre-
nons la direction de ce mouvement. Si vous nous
suivez, la famine qui vous menace pour l'hiver
sera conjurée. »
Hollande
On mande de la Haye que la session des Etats-
Généraux sera close le 18 septembre.
Le même jour commencera à la Haye le procès
du chef socialiste, M. Domela Nieuwenhuys.
.v Italie
Voici le bulletin médical publié le dix-huitième
.jour du jeûne de M. Succi:
Pouls, 72. Respiration, 20. Dynamomètre, 57.
Température, 37,4. Poids, 52 800 (400 grammes de
perte en vingt-quatre heures.)
Le pouls est léger, mais régulier, la reaction papil-
laire normale. Energie physique et intellectuelle nor-
male. Succi se montre plus calme que les jours précé-
dents. Il a dormi huit heures un quart dans la nuit, et
une heure durant la journée. Comme boisson, 650
grr.rrimos d'eau de Vichy, dont 300 grammes rejetés
volontairement.
M. Succi a fait au comité la déclaration suivante:
« Comme il n'entre dans mon expérience ni mysti-
fication ni jonglerie, j'exige que l'on publie l'ana-
lyse chimique faite au laboratoire de chimie du
Grand-Hôpital. »
Le dix-huitième jour de jeûne, M. Succi a fait,
pendant trente-cinq minutes, une course au pas
gymnastique sans s'arrêter. 11 montait et descen-
dait les escaliers latéraux de la cascade du Jardin
public, en sautant facilement deux ou trois mar-
ches à la fois.
Un médecin de la province de Catane a écrit au
comité pour le prier de persuader à M. Succi de dé-
poser l'explication de son secret dans une cassette
confiée à une personne de la science, pour qu'en
cas de mort subito il ne soit pas perdu.
M. Succi a avisé le public qu'il poursuivra qui-
conque ferait servir son nom à des pièces de théâ-
tre, à baptiser des liqueurs, des boissons hygiéni-
ques, etc., ou qui mettrait en vente son portrait
en lithographie, en photographie, etc.
Le correspondant du Journal de Genève à Milan
rend compte en ces termes d'un entretien qu'il a
eu avec M. Succi:
M. Succi cause avec beaucoup d'animation, voire
avec une sorte d'excitation nerveuse, surtout lors-
qu'on exprime devant lui la conjecture que sa résis-
tance au jeûne soit l'effet d'un état pathologique.
« La répugnance pour tout aliment qui se produit
souvent dans l'hystérie, m'a-t-il dit, est indépendante
de la volonté du patient, tandis que moi je puis prolon-
ger ou interrompre lo jeûne à mon gré. »
Quant à la fameuse liqueur qui produit ces prodiges, il
m'a semble que M. Succi n'aimait pas trop à en parler.
Il s'est borne a m'assurer, sur ma demande, qu'il n'a
pas trouvé ce philtre chez des peuplades sauvages,
mais que c'est .une liqueur de son invention.
Je lui ai demandé à quoi doit servir l'autre liqueur
contenue dans une petite fiole qu'il videra, à ce qu'il
m'a assure, vers le quinzième ou le seizième jour du
jeûne.
Gela n'a d'autre but que de confondre « messieurs
les savants », m'a répondu M. Succi. Je leur permettrai
même de l'analyser, et ils devront avouer qu' « aucun
homme, sans être en possession de mon secret et sans
avoir bu la liqueur qui me permet de me passer d'ali-
ments, ne saurait l'avaler.
Est-ce un poison?
Non, monsieur mais je vous répète que personne
ne pourrait avaler ce liquide, tandis que moi je le boi-
rai comme si c'était du vin. Bref, vous allez voir sous
peu.
Il m'assura en outre qu'il ne sentait nullement le be-
soin de manger, et n'éprouvait pas plus d'envie que do
répugnance a penser aux repas copieux et succulents
qu'il a faits entre les deux jeûnes de Forli et de
Milan.
Comme je lui exprimais la crainte que des jeûnes si
prolongés ne dussent, à la longue, ébranler sérieuse-
semein sa santé, il me répondit qu'au contraire cela lui
faisait du bien. Quelque temps après le jeûne do
Forli, il avait augmenté de poids. Après ce jeûne et dès
qu'il se sera convenablement nourri, il est convaincu
qu'il gagnera au moins trois kilogrammes sur le poids
d'auparavant.
Saint-Siège
Le Moniteur de Rome dit que l'heureuse issue des
négociations entre le Vatican et la France est pro-
chaine. 11 réfute les arguments des journaux qui
ont prétendu, les uns que le pape avait reculé de-
vant les menaces de la France et qu'il avait subi
un grave échec, les autresj qu'il a paru céder pou-r
mieux jouer la France.
Le Moniteur rappelle que, dès le commencement
des pourparlers, le pape a déclaré que, tout en te-
nant compte des avances de la Chine, il ne voulait
en aucune façon blesser lessusceptibilités ni amoin-
drir la situation privilégiée de la France.
Cet esprit de conciliation a dominé toutes les
phases de cette épineuse affaire.
La France, qui a des liens historiques si intimes
et si nombreux avec les papes, comprendra que
Léon XIII a ajouté un nouvel anneau à la chaîne
glorieuse de services et de bienfaits qui va de
Charlemagne à lui. La question de la Chine, au
lieu de les troubler, aura fortifié l'harmonie et
l'alliance de la France et du Vatican, garanties par
Dieu et par les siècles.
Espagne
Vlmparcial annonce que l'Allemagne vient de re-
noncer an droit d'établir une station navale aux
îles Carolines.
L'état de siège vient d'être proclamé à la Coro-
gne. La ville est tranquille.
M. Granet, ministre des postes et des télégraphes
de France, est arrivé hier à Badajoz.
Danemark
La princesse de Galles, accompagnée de ses trois
filles, vient d'arriver à Copenhague.
On y attend aussi sous peu la reine de Grèce,
qui est partie de Saint-Pétersbourg lundi dernier.
Chine
Le jeune empereur doit prendre les rênes du
gouvernement au commencement^de la prochaine
année chinoise. Au solstice d'hiver, il ira faire ses
dévotions au Temple du Ciel, et le 15 de la pre-
mière lune, qui tombe en février, Kuang-Hsû inau-
gurera sa prise de possession du pouvoir. Le jeune
souverain se mariera probablement l'année sui-
vante toutefois, on croit que l'impératrice ré-
gente est décidée à contrevenir aux usages et à
attendre que l'empereur ait âge d'homme avant
de lui permettre l'entrée du harem. A Pékin, on
critique les Européens, qui se marient trop âgés,
mais les Chinois intelligents estiment, par contre,
qu'en Chine on se marie beaucoup trop jeune.
Le septième prince, le prince Chun, on sait
qu'il est le père de l'empereur, -et l'impératrice-
régente comptent diriger le souverain encore pen-
dant quelques années. En réalité, le pouvoir du
jeune empereur ne sera que nominal.
Etats-Unis
Une secousse de tremblement de terre a été res-
sentie hier matin, à une heure quarante-cinq, a
Evansville (Indiana). Une légère secousse s'est éga-
lement produite à Charleston à onze heures qua-
rante-cinq du matin.
D'après les savants, il faudrait s'attendre à voir
les secousses de tremblement de terre se renou-
veler chaque jour, pendant un certain temps, peut-
être quelques semaines,
Toutefois, à Charleston, la population est plus
calme.
Un grand nombre de personnes ont cherché asile
sur les navires qui se trouvent dans le port.
Le total des décès occasionnés par le tremble-
ment de terre à Charleston est de quatre-vingt-
seize. ̃ _̃-
Le Labour day (fête du travail) a été célébré hier
à New-York, Chicago, Baltimore et Newark par
des processions monstres, dans lesquelles se trou-
vaient représentés tous les corps de métiers; à
Chicago, notamment, plus de 30,000 personnes y
ont pris part.
On pense que plusieurs des Etats de l'Union re-
connaîtront le Labour day comme fête légale.
AFFAIRES MILITAIRES
La classe de 1877. -Tous les hommes de la classe
de 1877, sauf ceux qui sont classés dans les services
auxiliaires et ceux qui sont à la disposition de
l'autorité militaire, devront déposer leur livret in-
dividuel à la mairie ou à la gendarmerie, du di-
manche 21 novembre au dimanche 5 décembre.
Cette mesure ne vise que les hommes qui relèvent
du gouvernement de Paris.
Le voyage du ministre de la guerre. Le ministre
de la guerre, venant de Puget-Théniers par Saint-
Martin-du-Var, est arrivé à Nice hier matin, à dix
heures. 11 a reçu la Société des anciens sous-offi-
ciers, qui lui a offert un bouquet; le général Thierry,
commandant de la division, et M. Goulley, secré-
taire général, représentant le préfet absent.
Après le déjeuner, le ministre de la guerre est
parti pour visiter les forts de la Corniche. Le mi-
nistre, qui a parcouru toute la frontière, a dû
quitter Nice hier soir a minuit; il arrivera à Paris
dans l'après-midi d'aujourd'hui et assistera de-
main au conseil des ministres.
Deux enquêtes. Deux enquêtes ont été ordonnées
par le ministre de la guerre un journal avait ac-
cusé un sous-officier du 48° de ligne d'avoir mal-
traité des hommes punis; le même journal affir-
mait, d'autre part, que l'administration des Inva-
lides avait refusé de restituer ses effets d'habille-
ment à un invalide rayé des contrôles. De l'enquête
ouverte par le général commandant le 10° corps
d'armée et par le gouverneur militaire de Paris il
ressort que les faits rapporlés sont inexacts.
Le soldat du 48° de ligne qui s'était plaint de
prétendus mauvais traitements infligés par un
sous-officier jouit de la plus détestable réputa-
tion quant à l'invalide dont il s'agit, il a été rayé
des contrôles pour ivresse continuelle et pour ab-
sence illégale de trente jours. Sitôt qu'il s'est pré-
senté à l'hôtel des Invalides, on lui a remis ses
effets d'habillement et on l'a congédié.
Nominations et promotions. Le général de division
Arnaudeau, sénateur, est placé, à dater du 8 sep-
tembre, dans la section de réserve.
NOUVELLES DU JOUR
On lit dans le Journal of ficiel
Le président de la République vient de recevoir la ré-
ponse de S. M. l'empereur d'Allemagne à la lettre
mettant fin à la mission que remplissait M. lo baron de
Courcel en qualité d'ambassadeur de la République
française à Berlin.
L'agence Havas nous communique la note sui-
vante
Une circulaire de M. Lockroy, ministre du cbffirr.erce
et de l'industrie, en date du 26 février dernier, et con-
formément à la jurisprudence de la cour de cassation,
interdit l'entrée en France d'objets fabriqués à l'étran-
ger et portant soit la marque, soit le nom d'un com-
merçant français, soit l'indication d'une localité fran-
çaise.
Cette jurisprudence a pu surprendre des négociants
qui, de bonne foi, avaient fait des commandes à l'étran-
ger en se fiant à la jurisprudence antérieure de la cour
de cassation.
Magré le désir qu'a l'administration de ne pas léser
leurs intérêts, des instructions viennent d'être adressées
au service des douanes pour que les adoucissements
qu'on avait cru devoir admettre jusqu'à présent en fa-
veur de certaines industries fussent irrévocablement
supprimés à partir du 1er novembre prochain.
M. Develle, ministre de l'agriculture, vient de
charger M. l'inspecteur général Prillieux, profes-
seur à l'Institut agronomique, d'aller étudier
sur place, dans la Meuse, les maladies des
vignes.
Le conseil général de la Gironde a clos sa ses-
sion.
Nous avons raconté l'incident soulevé lundi à
la séance d'ouverture du conseil général de la
Nièvre.
A la séance d'hier, après la lecture du procès-
verbal, le préfet, M. Granet, a prononcé une allo-
cution dans laquelle, après s'être excusé de n'a-
voir pu assister à la précédente séance, il a expri-
mé le regret que la majorité du conseil aitcru de-
voir émettre contre son administration un vote de
blàme.
Ce vote constitue, a ajouté le préfet, un empié-
tement manifeste sur les droits du pouvoir exécu-
tif, et il n'hésitera pas à en provoquer l'annulation
par les voies légales.
Le préfet s'est ensuite retiré. v
Le Bulletin des Halles donne, d'après les estima-
tions du congrès de Vienne, les chiffres suivants,
qui peuvent donner, quoique approximatifs, une
idée de la quantité de blé récoltée dans le monde
et du mouvement possible de l'offre et de la de-
mande
rieeotte esumee nopenne aes
ETATS ` 1886 5dtrmertsannees
hecto!. hoc1ol.
rtats-Unis et Canada. 171.100.COO 181.250.000
France. 95.000.000 108.750.000
Russie. 78.300.000 92.800.OGO
Indes britanniques. 89.900.000 95.700.000
Autriche-Hongrie. 43.500.000 49.300.000
Allemagne 33.350.000 34.800.000
Royaume-Uni.< 23.200.000 26.1OJ.000
Espagne. 46.400.000 49.3f'0.000
Italie. 49.300.000 55.100.000
Australie. 14.500.000 15.950.000
Turquie 14.500.000 15.950.000
Azérie. 11.600.000 11.600.000
Roumanie. 7.975.000 8.700.000
Chili et République argen-
tine 10.150.000 8.700.000
Egypte. 5.800.000 5.800.000
Hollande. 1.740.000 2.030.000
Belgique. 6.525.000 5.800.000
Danemark. 1.667.500 1.450.0.!)0
Grèce. 1.740.000 1.450.000
Portugal. 2,900.000 2,900.0~0
Suède et Norvège, 870.000 i.015.000
Suisse. 580.000 580.000
Serbie. 1.595.000 1.450.000
192.500 776.475.000
Il ressort à première vue que, à l'exception de
la Bavière, du Wurtemberg, de l'Italie septentrio-
nale et orientale, de la Suisse et de la Pologne, le
rendement est partout au-dessous de la moyenne
et plus mauvais que celui de l'année dernière.
En 1885, la récolte totale pour les pays ci-dessus
a été de 716,198,500 hectolitres.
La récolte de 1886 sera donc inférieure de 4,006,000
hectolitres à celle de 1885, et de 64,452,500 hectoli-
tres à la moyenne des cinq dernières années.
Au directeur du TEMPS
Unieux (Loire), le 7 septembre 1886.
Monsieur le directeur,
Votre correspondant de Lodève n'a pas exacte-
ment saisi les explications fort détaillées cepen-
dant et, je crois, fort claires que j'ai données
au banquet du 4 septembre touchant la politique
coloniale. Ces deux mots ont pris dans les polémi-
ques de ces dernières années un sens si particu-
lier que je n'aurais pu, sans donner un démenti
à toute ma conduite parlementaire, me déclarer,
comme vous le dites, partisan de la politique co-
loniale. J'ai, bien au contraire, maintenu, déve-
loppé mes appréciations précédentes sur les dan-
gers que cette politique de M. Jules Ferry a créés
à notre pays. J'ai ajouté et c'est sans doute là
qu'il faut chercher la cause de la méprise de votre
correspondant-que, si l'on veut coloniser, l'Algé-
rie nous offre encore un vaste champ d'activité, où
les 350 millions du Tonkin eussent été à coup sûr
plus utilement dépensés.
Veuillez recevoir, monsieur le directeur, l'assu-
rance de ma considération distinguée.
'̃̃̃̃• P. MÉNARD-DORIAN,
y; Député de l'Hérault.
ACTES OFFICIELS
Les électeurs du canton de Lessay (Manche) sont
convoqués pour le dimanche 26 septembre, à l'effet d'é-
lire leur représentant au conseil général, en remplace-
ment de M. Gaslonde, décédé.
Les électeurs du canton de Montmirail (Marne) sont
convoqués pour le dimanche- 26 septembre également,
à l'eflet d'élire leur représentant au conseil général, en
remplacement de M. Le Blond, décédé.
Sont convoqués pour le 26 septembre, à l'effet de
nommer des conseillers d'arrondissement, les électeurs
dés cantons de Montluçon-Ouest (Allier), de Pouilly-en-
Auxois (Côte-d'Or), de Loudes et de Saint-Paulien
(Haute-Loire), d'Abbeville-Nord, d'Acheux, de Bray, de
Roisel et de Rosières (Somme), de l'Islc- Jourdain, de
Leigné-sur-Usscau et de Vouneuil-sur-Vienne (Vienne),
de Limoges-Nord et d'Eymoutiers (Haute-Vienne).
Par décret en date du 26 août, est déclaré d'utilité
publique, à titre d'intérêt général, l'établissement du
chemin de fer de raccordement, dans la direction de
Boissy-Saint-Léger, entre le chemin de fer de Boissy-
Saint-Léger à Brie-Comte-Robert et le chemin de fer
de Grande Ceintura autour de Paris.
En conséquence, la concession de cette ligne, faite, à
titre éventuel, à 10. Compagnie des chemins de fer de
l'Est, par la loi du 30 avril 1886, est déclarée définitive,
dans les conditions prévues par la convention du 11
juin 1883, approuvée par la loi du 20 novembre suivant.
Par arrêté en date du 7 septembre, le ministre de
l'agriculture a interdit temporairement l'introduction
des animaux des espèces ovine et caprine par les bu-
reaux de douane de Vintimille, Isola, Saint-Sauveur et
Saint-Mavlin de Lantosque, en raison de l'existence de
la clavelée en Italie, dans la région limitrophe du dé-
partement des Alpes-Maritimes.
AU JOUR LE JOUR
L'acide salicylique
L'acide salicylique fait beaucoup parler de lui en
ce moment. Le laboratoire municipal, qui a dû
essuyer déjà nombre de colères, est maintenant
en butte à celles des débitants de bière. On lui re-
proche de chercher noise aux bières salicylées,
d'en empêcher la vente dans Paris, de laisser s'al-
térer et se perdre en gare des trains entiers char-
gés de bières de diverses provenances. Déjà nous
avons mis nos lecteurs au courant de certains faits
occasionnés par les poursuites dont les bières ad-
ditionnées d'acide salicylique étaient l'objet d'une
part, la prétention du laboratoire à déférer au
parquet les négociants ou leurs représentants re-
connus coupables d'avoir expédié lesdites bières;
d'autre part, la résistance du parquet à saisir les
tribunaux de l'affaire. Il s'en suivait des démar-
ches, des pourparlers et des retards pendant les-
quels les bières s'altéraient et il est arrivé que
des négociants, furieux de n'avoir pu disposer de
leur marchandise en temps utile, ont défoncéleurs
tonneaux et vidé leur bière dans le ruisseau. De-
puis, une entente est intervenue entre le parquet
et la préfecture de police, de laquelle dépend le la-
boratoire, afin que ces retards ne se reproduisent
plus. Les débitants de bière salicylée continueront
à être poursuivis et seront déférés aux tribunaux
correctionnels, au lieu d'être jugés comme cela
avait eu lieu jusqu'ici par le tribunal de simple
police. L'emploi de l'acide salicylique, qui n'était
considéré que comme une contravention, sera
désormais considéré comme un délit, ce qui est
plus grave. Nous avons déjà dit ces choses, mais il
élait nécessaire de les rappeler avant d'exposer les
motifs sur lesquels se basent le laboratoire et le
parquet dans leur action contre l'acide salicylique.
L'acide salicylique est-il nuisible ou non nuisible
à la santé ? Dans sa séance du 29 octobre 1877, le
conseil d'hygiène de France était saisi d'un rapport
fait sur une demande d'avis adressée au ministre
par la chambre de commerce de Paris au sujet de
l'emploi de l'acide salicylique comme agent de con-
servation des vins. Commissaires, MM. Fauvel et
Bergeron; rapporteur, M. Bussy.
Voici les conclusions du rapport
Votre commission a pensé qu'il était prudent de con-
sidérer comme suspect tout vin contenant une quantité
quelconque d'acide salicylique et qu'il devait, comme
tel, être rejeté de la consommation.
En conséquence, elle a l'honneur de vous proposer de
répondre à M. le ministre que l'avis du comité est que
nous n'avons jusqu'ici aucune certitude que le vin con-
tenant de l'acide salicylique ne soit pas de nature à
porter atteinte à la santé; qu'il y a lieu de considérer
comme suspect tout vin contenant une quantité quel-
conque d'acide salicylique et de le rejeter de la consom-
mation.
Plus tard, le 15 novembre 1680, ic même conseil
adoptait les conclusions suivantes d'un rapport de
M. Dubrisay (commissaires MM. Ambaud, Bouley,
Brouardel, Gallard, P. Girard, Wurtz), sur la con-
servation des substances alimentaires par l'acide
salicylique
Messieurs, s'appuyant sur les faits nombreux que je
vous ai exposés, votre commission à l'honneur de vous
proposer de répondre à M. le ministre que le comité,
confirmant aujourd'hui la déclaration antérieurement
faite le 29 octobre 1877, est d'avis
1° Que l'acide salicylique est une substance dange-
reuse dont la vente doit être soumise aux règlements
qui s'appliquent à la vente des autres substances dan-
gereuses
2° Que cet acide, considéré au point de vue de la con-
servation des substances alimentaires, n'est antifer-
meutescible qu'à la condition expresse d'être employé
à doses élevées, c'est-à-dire à doses toxiques;
3° Que l'on devra considérer comme suspecte toute
substance alimentaire solide ou toute boisson contenant
une quantité quelconque d'acide salicylique ou de l'un
de ses dérivés, et qu'il y a lieu d'en interdire la vente.
Le 7 février 1881, M. Tirard, ministre de l'agri-
culture et du commerce, s'inspirant des délibéra-
tions du comité consultatif d'hygiène publique de
France, invitait, par une circulaire, les préfets à
prendre un arrêté interdisant la vente « de toute
substance alimentaire, liquide ou solide, contenant
une quantité quelconque d'acide salicylique ou de
l'un de ses dérivés ». Le 23 février suivant, le préfet
de police, se conformant à la circulaire du ministre,
rendait l'ordonnance suivante
S.U.ICYLA.GE
Ordonnance concernant la vente des substances alimentaires
"T additionnées d'acide salicylique
Paris, le 23 février 1881.
Nous, député, préfet de police,
Considérant que l'acide salicylique employé pour la
conservation des denrées alimentaires, solides ou li-
quides, présente un danger pour la santé publique;
Vu la loi des 16-24 août 1790 et celle du 22 juillet 1791;
Vu les articles 319, 320, 471, et 15 et 477 du Code pé-
nal, ainsi que les lois des 27 mars 1851 et 5 mai 1885;
Vu les arrêtés du gouvernement des 12 messidor
an VIII et 3 brumaire an XI, et la loi du 7 août 1850
Vu l'instruction ministérielle en date du 7 février 1881,
Ordonnons ce qui suit
Article 1er. Il est expressément défendu de mettre en
vente aucune substance alimentaire, soit solide, soit li-
quide, dans la composition de laquelle entrerait une
quantité quelconque d'acide salicylique ou de ses dé-
rivés.
Art. 2. Les contraventions seront poursuivies confor-
mément à la loi devant les tribunaux compétents.
Art. 3. La présente ordonnance sera affichée et publiée
dans le ressort de la préfecture de police.
L'inspecteur général des halles et marchés de Paris,
le chef du laboratoire municipal, le professeur de l'E-
cole de pharmacie, dans leurs visites annuelles, les mai-
res des communes rurales, les commissaires de police
et tous les préposés de la préfecture de police seront
chargés, chacun en ce qui le concerne, d'en assurer
l'exécution.
Le député, préfet de police,
̃-•̃̃̃ Andrieux.
Par le préfet de police
Le secrétaire général,
Jules Camdon.
Dès que cette ordonnance fut publiée, des pour-
suites furent intentées contre les personnes débi-
tant des substances alimentaires salicylées; l'émoi
fut grand parmi les négociants; certains préten-
dirent que l'acide salicylique était inoffensif, et, en
1883, le comité consultatif d'hygiène de France
fut à nouveau appelé par M. Hérisson, ministre du
commerce, à se prononcer sur le danger qu'il y
avait à consommer des substances additionnées de
ce produit. Voici les conclusions que formula la
commission nommée par le comité, commission
composée de MM. Ambaud, Bouley, Dubrisay, Gal-
lard, P. Girard, Grimaux, L. Pasteur, Wurtz et
Brouardel, rapporteur
En résumé, votre commission est d'avis
1° Que, pour les personnes bien portantes, l'usage
journalier d'une dose même minime d'acide salicylique
est suspect, son innocuité n'étant pas démontrée
2° Que pour les personnes dont le rein ou le foie a
subi une altération, soit par les progrès de l'âge, soit
par une dégénérescence quelconque, l'ingestion journa-
lière d'une dose d'acide salicylique, quelque faible qu'elle
soit, est certainement dangereuse.
Dans ces conditions, elle vous propose de répondre à
M. le ministre du commerce que le comité demande
que la prohibition de l'acide salicylique et de ses com-
posés dans les substances alimentaires soit main-
tenue. ̃ "•
M. Hérisson, se conformant au vœu du comité
d'hygiène, adressa aux préfets, le 30 janvier 1884
une circulaire dans laquelle il disait
Après une étude approfondie, le comité a présenté
un rapport dont vous trouverez ci-joint quelques exem-
plaires, et dans lequel il CDnclut que a la prohibition de
l'acide salicylique et de ses composés dans les substan-
ces alimentaires doit être maintenue».
En présence des motifs contenus dans le rapport du
comité, il importe que la prohibition de l'emploi de
l'acide salicylique pour la conservatton des denrées ali-
mentaires ne demeure pas longtemps à l'état de lettre
morte. L'administration encourrait une grande respon-
sabilité en ne prenant point les mesures nécessaires
pour faire cesser des pratiques reconnues dangereuses
et qui continuent à être ouvertement préconisées.
M. le garde des sceaux ministre de la justice et des
cultes vient, sur ma demande, de donner aux parquets
les ordres nécessaires, et, de son côté, M. le ministre
des finances a prescrit au service des douanes de conti-
nuer à signaler aux autorités judiciaires les substances
alimentaires d'origine étrangère qui, à leur entrée en
France, seraient reconnues mélangées d'acide salicyli-
que.
Le laboratoire municipal ne fait donc que rem-
plir les instructions du ministre et du préfet de
police en déférant au parquet les négociants incul-
pés d'additionner d'acide salicylique les substan-
ces alimentaires qu'ils livrent à la consommation
publique.
A la suite des constatations faites par le labora-
toire, de nombreux débitants furent condamnés
par le tribunal de simple police; ceux-ci protestè-
rent et firent valoir que si les bières prélevées
chez eux étaient salicylées, cet antiseptique n'a-
vait pas été introduit dans la bière par eux, mais
par les fabricants ou les entrepositaires. En fait,
ces réclamations étaient justes; en droit elles
étaient inadmissibles et ne pouvaient faire aucune
impression sur le tribunal de simple police, dont
la mission est de juger les contraventions. Ce tri-
bunal condamnait donc, conformément à l'ordon-
nance de police, tout débitant chez lequel on avait
trouvé des denrées salicylées.
Le chef du laboratoire ayant insisté auprès de
M, le préfet de police ponr lui faire remarquer
combien les plaintes du petit commerce lui pa-
raissaient fondées, ce fonctionnaire lança une cir-
culaire prescrivant de faire des prélèvements en
gare.
C'est l'exécution de cette circulaire qui amena.
les incidents dont il a été question. Les analyses
des prélèvements faites par le laboratoire furent
transmises dans les plus courts délais au parquet,
qui dut examiner les procédés à employer pour
pouvoir poursuivre d'une façon efficace !cS étran-
gers, les commissionnaires, les entrepositaires ou
les simples intermédiaires.
Pendant cet examen, les bières continuaient à
arriver, à s'accumuler et il encombrer les gares;
il importait de prendre une décision. Une entre-
vue eut lieu entre M. le préfet de police et M. le
procureur de la République, et, après entente, les
mesures suivantes ont été prises par ordre de M.
le préfet de police
Seules les bières provenant de maisons dont de
nombreux échantillons pris dans le commerce
ont été antérieurement reconnus comme renfer-
mant de l'acide salicylique sont arrêtées en gare,
et cela seulement jusqu'après l'analyse; celle-ci
est faite par le laboratoire dans le plus bref délai.
Après réception des résultats d'analyse, MM. les
commissaires des gares laissent prendre livraison
de toutes les bières. Mais quand les bières sont
reconnues salicylées, un commissaire du labora-
toire se rend immédiatement chez le destinataire
pour lui notifier le résultat de l'analyse et l'avertir
que s'il venait à mettre en vente des bières sali-
cylées, il s'exposerait à des poursuites, conformé-
ment à la loi et à l'ordonnance de 1881.
De plus, un service de surveillance a été orga-
nisé dans les gares avec le concours des agents de
la sûreté; lorsqu'une bière salicylée est livrée
dans Paris, le laboratoire en est informé et pro-
cède immédiatement à un prélèvement.
Il est sûr que, dans ce cas, les destinataires ne
peuvent plus arguer de leur bonne foi et, qu'ils
auront bien du mal à se défendre devant la justice
correctionnelle.
Nous venons de dire que le parquet avait dû
examiner les procédés à employer pour poursui-
vre les étrangers, car ce sont surtout les bières de
provenance allemande qui sont additionnées d'a-
cide salicylique. L'action du parquet, en pareil
cas, est limitée. Il ne peut faire saisir les mar-
chandises ni poursuivre l'expéditeur les tribu-
naux français ne pouvant poursuivre un étranger
que pour un délit commis sur le territoire fran-
çais. Quelques personnes ont paru croire que
cette situation était spéciale aux commerçants
allemands et qu'elle résultait de certains articles du
traité de Francfort. Il n'en est rien. La situation est
absolument la même pour des vins falsifiés envoyés
d'Espagne ou d'Italie ou pour des bières expédiées
d'Angleterre, par exemple. Si elles sont salicylées,
on prévient le destinataire que s'il les met en
venle il sei-û poursuivi et condamné conformément
aux lois françaises. Ledit riesliimtaire .s'empresse
alors de retourner à l'expéditeur sa bière frelatée
et demande la résiliation du marché aux tribunaux
français, qui la prononce toujours.
Le parquet considère qu'il n'y a délit commis
sur le sol français que lorsqu'il y a eu commence-
ment de mise en vente de ces produits alimentai-
res nuisibles. Ainsi, un particulier est parfaitement
en droit de se faire expédier d'Allemagne des fûts
de bière malsaine et de les consommer, tant que
leur absorption ne mettra en danger que sa santé
ou celle de ses amis. Si la bière était falsifiée à
Nancy, par exemple, le cas serait bien différent
le parquet serait autorisé à la faire saisir en gare
et à poursuivre le brasseur, parce qu'il serait
Français. Tel est l'état de notre jurisprudence.
La mine aux mineurs
M. Laur, député de la Loire, publie dans la
France la lettre suivante, que le directeur de la
Société des houillères de Rive-de-Gier vient de lui
adresser ̃' >
Monsieur Laur,
Le conseil d'administration de la Société des houillè-
res de Rive-de-Gier me charge de vous dire qu'il con-
sent dès aujourd'hui (sauf la ratification obligée de son
assemblée générale, l'autorisation gouvernementale et
celle des trois autres groupes faisant partie de l'an-
cienne Société des mines de la Loire, s'il y a lieu) à
abandonner la propriété, en faveur du syndicat des mi-
neurs de Rive-de-Gier, légalement autorisé, des conces-
sions de Collenon, Reclus, la Cappe (moins une ré-
serve en partie basse constituant le champ d'exploita-
tion du puits Saint-Denis et située à l'ouest de la faille
de Frère-Jean), Gravenand, la Montagne-du-Feu, Croza-
gaque, la Verrerie-Chantegraine, Gourd'marin, les Deux-
Verchères, Combes, Eygarandc et Couzon (pour ces
deux dernières, la Compagnie se réserve naturellement
l'indemnité qui lui est due par la Compagnie P.-L.-M.,
affaire en instance devant le conseil de préfecture).
Le syndicat acceptera naturellement de remplir toutes
les charges inhérentes à la propriété de ces concessions,
c'est-à-dire qu'il est substitué purement et simplement
aux lieu et place de la Compagnie concessionnaire.
Les ouvriers mineurs, en attendant l'autorisation gou-*
vcrnementale et la ratification de l'assemblée générale,
peuvent, dès aujourd'hui, pénétrer dans les travaux et
prendre toutes leurs dispositions, pour l'exploitation,
sous la surveillance de l'administration. Tous les tra-
vaux nécessaires à l'exploitation des concessions encore
détenues par la Compagnie seront conservés et res.
pectés.
Le 2 septembre 1886. Le directeur,
RAVEAUD.
M. Laur donne ensuite, au sujet des mesures
qu'il a prises et de la situation des concessions
qui sont énumérées ci-dessus, les renseignements
suivants
Sans perdre un moment, au reçu de cette lettre, nous
avons engagé le syndicat à commencer l'exploitation
sur deux points où il y a notamment du charbon ex-
ploité clandestinement par des propriétaires. Ce ne sera
pas bien malin, et le syndicat fera respecter sa Dropriété,
A un moment donné, on craint une collision
entre les deux partis mais, heureusement, l'ordre
public n'est pas troublé. Les manifestants se ren-
dent en foule devant le consulat général d'Angle-
terre. M. le capitaine Jones les reçoit avec enthou-
siasme, embrasse les officiers et les félicite de
]our fidélité au prince. Ceux-ci, à leur tour, lui
font une ovation en le soulevant et en le portant
à bras. La foule parcourt presque toutes lès rues
de la ville en poussant des hourras en faveur
du prince Alexandre. Cela dure jusqu'à trois heu-
res du matin. Dans l'intervalle, des coups de feu
sont tirés, on brise les vitres do quelques maisons
habitées par des russophiles. ·
Lo lendemain matin lundi, l'autorité militaire
fait mettre aux arrêts M. Naïdenof, le préfet de la
ville, qui représente l'autorité civile existant avant
et après la révolution de Sofia; elle emprisonne
M. Madjarof, dont le nom a figuré sur la liste des
membres du gouvernement primitivement consti-
tué après le détrônement du prince Alexandre, et
quelques autres personnes connues pour russo-
philes ou appartenant au parti de l'opposilion. La
tranquillité publique n'est, pas troublée, le bazar
est ouvert et tout le monde s'occupe de ses affai-
res, témoignant pour la politique une apathie
frappante. Nous voyons sur une des collines de la
ville une compagnie de soldats, postés en vedette
et chargés de surveiller la route de Tatar-Bazard-
jik. Le bruit a couru, en effet, que la garnison de
cette dernière ville, acquise au gouvernement pro-
visoire de Sofia, marche sur Philippopoli, et ce
bruit s'accrédite d'autant plus facilement que les
communications télégraphiques avec Tatar-Bazard-
jik sont coupées.
A la cathédrale bulgare a lieu un service funèbre
pour le repos de l'âme des volontaires nationaux
tombés dans les combats de Schipka (août 1877),
dont on fête l'anniversaire. A la sortie de l'église,
quelques anciens volontaires, qui passent pour
russophiles, sont arrêtés par l'autorité militaire et
emprisonnés comme gens suspects.
A midi, le commandant Moutkourof fait afficher
les d'eux écrits suivants
.̃ Ukase n° 1 .•̃'
Au nom de l'Assemblée nationale et du prince de Bul-
garie, je nomme commandant en chef de toutes les
troupes bulgares le commandant de brigade M. le lieu-
tenant colonel Moutkourof. J'invite toutes' les autorités
civiles et militaires à exécuter textuellement ses ordres;
le gouvernement provisoire usurpateur de Sofia, je le
déclare imposteur et hors les lois du pays. Quiconque
exécute les ordres de ce gouvernement usurpateur sera
jugé et puni conformément aux lois martiales. Le lieu-
tenant-colonel Moutkourof est autorisé à s'adjoindre des
auxiliaires pour l'administration du pays et pour le
maintien de la tranquillité publique.
Grand-Tirnovo, 11 (23) août 18S6.
Le président de l'Assemblée nationale,
Signé S. Stamuoulof.
Proclamation au peuple bulgare
Au nom du prince de Bulgarie, Alexandre l", et de
l'Assemblée nationale, je déclare imposteur et hors les
lois du pays le gouvernement provisoire de Sofia, ayant
à sa tête Clément, et quiconque obéit aux ordres de ce
gouvernement sera. jugé et puni conformément aux lois
martiales.
Je nomme au commandement en chef de toutes tes trou-
pes bulgares le commandant de brigade lieutenant-colo-
nel Moutkourof, et j'ordonne à toutes les autorités civiles
et militaires d'exécuter textuellement ses ordres. J'in-
vite le vaillant peuple bulgare à défendre la couronne
et la patrie contre les traîtres qui essayent de détrôner
notre courageux et bien-aimé prince. Que le Tout-Puis-
sant fortifie le bras de la nation pour qu'elle maintienne
son honneur, les droits et la gloire de la patrie et du
monarque élu par le peuple.
Vive la Bulgarie Vive Alexandre Ior, prince de Bul-
garie
11 (23) août 1886.
Le président de l'Assemblée nationale,
Signé Stamboulov.
(Contresigné): Signé: S'I'AMDOUL01',
Le commandant en chef des troupes bulgares,
Lieutenant-colonel Moutkourof.
Ces deux documents produisirent, une immense
sensation. Ils confirmaient officiellement la contre-
révolution et nous ouvraient la perspective d'une
guerre civile à conséquences incalculables. Des
bruits contradictoires commencèrent courir: les
uns disaient que le prince Alexandre, quoique dé-
trôné, n'avait pas quitté le pays; une compagnie
de soldats aurait attaqué l'escorte chargée del'em-
mener de Sofia au bord du Danube, l'aurait ramené
au cœur du pays et le garderait dans un monas-
tère autrement dit, une seconde édition du retour
de l'île d'Elbe. D'autres prétendaient que le prince,
mis hors des irontières, serait rentré en Bulgarie
et, à la tête de quelques bataillons dont les rangs
grossissaient en route, marcherait sur la capitale.
On ne savait à qui croire. Les nouvelles de Sofia
manquaient complètement le télégraphe était,
muet pour le public, les journaux supprimés.
Un cordon militaire entourait le bureau postal,
et la valise du bureau de poste autrichien de notre
ville, partie le matin pour Constantinople, reve-
nait ici telle quelle, le train venant d'Andrinople
ayant été arrêté à la frontière par les Turcs; l'au-
torité bulgare, de son côté, n'avait pas laissé le
train rouméliote quitter le territoire. En un mot,
nous étions bloqués et séparés du reste du monde.
Par bonheur, la ville conserva son calme et la nuit
se passa sans aucun incident.
Mardi, %i août. Un bataillon d'infanterie nous
arrive par le train de Hasskeni. Quelques vivats se
font entendre pour le prince Alexandre, mais peu
d'enthousiasme: soldats et peuple paraissent éga-
lement fatigués de la situation qui leur est faite
depuis un an. Le bataillon est suivi d'un convoi de
citoyens de Hasskeni, arrêtés pour manifestations
en faveur du nouveau gouvernement de Sofia. On
les amène pour les emprisonner ici. Le bruit, court
que, ce matin, le prince Alexandre aurait quitté
Bucarest et serait rentré en Bulgarie par Roust-
chouk, bruit difficile à contrôler. On dit aussi que
le commandant Moutkourof aurait fixé au gouver-
nement de Sofia un délai de vingt-quatre heures
pour se rendre, sous la menace de la peine de
mon.
Vers midi, on répand le bruit que les membres
du gouvernement dont il s'agit seraient en fuite
vers la Serbie. Si la chose était vraie, l'autorité lo-
cale en aurait tambouriné la nouvelle; or, elle garde
un mutisme absolu. Nous sommes toujours sans
communication avec l'extérieur. Il est vrai que la
poste distribue quelques lettres retardées; mais
elle n'en reçoit pas. Une muraille de Chine s'est
soudain élevée entre nous et le monde civilisé.
Mercredi 25 août. A sept heures du matin, un
régiment d'infanterie part pour Sofia. Décidément,
le gouvernement provisoire n'est pas encore en
débandade Une rumeur publique dit que le
prince Alexandre, qui serait en Roumanie, refuse-
rait de rentrer dans le pays. Si la nouvelle est
•vraie, elle signifierait la prolongation indéfinie de
l'incertitude mortelle où nous sommes depuis
quatre jours, quatre siècles J'entends dire autour
de moi que la population et la garnison de Tatar-
Bazardjik se sont prononcées pour le gouverne-
ment provisoire de Sofia. Ce bruit s'accrédite de
plus en plus vers le soir. On ajoute même que les
troupes de cette ville occupent le défilé de Vélren
(Portes de Trajan) et s'opposent au passage pour
Sofia du régiment d'infanterie envoyé d'ici pour
agir contre le gouvernement provisoire. J'y crois
d'autant plus facilement que, ce soir, l'autorité
militaire envoie contre Talar-Bazardjik huit pièces
d'artillerie.
Jeudi 26 août. Journée calme. Dans l'après-
midi, le bureau de poste autrichien annonce que,
dès aujourd'hui, le service sera repris avec Con-
stantinople et au delà, et qu'il fonctionnera comme
par le passé. Cette nouvelle, sujette à caution, est
démentie le soir, attendu que le train ottoman ap-
portant la poste de Constantinople n'a pas passé
notre frontière; il n'y aura donc pas de départ de-
main. Ce soir, l'autorité militaire, pour relever
sans doute le moral du parti, commence la publi-
cation d'un Bulletin où l'on proteste contre la ré-
volution de Sofia et le délrônement du prince
Alexandre. C'est en quelque sorte la profession
de foi du gouvernement de Philippopoli.
Vendredi 27 août. Fùte gréco-bulgare de l'As-
somption de la Vierge.Le bazar est fermé, la tran-
quillité publique ne laisse rien à désirer. On pré-
tend que la poste autrichienne, partie ce matin
pour Constantinople, aurait traversé la frontière
au moyen d'une drézine, l'autorité ne permettant
pas de quitter le territoire à l'unique locomotive
.que nous ayons ici et qui sert aux transports mi-
litaires. Vers le soir, nouveaux bruits de la ca-
pitulation de Sofia. Comme détails sur le dé-
trônement du prince, on raconte que celui-ci au-
rait été dirigé sur le Danube et de là, à bord d'un
baleau russe, conduit à Reni, en Bessarabie. Ce-
pendant, sur le refus du gouvernement russe de
lui permettre d'y séjourner, il serait parti pour la
Roumanie et delà pour l'Allemagne. On ajoute
que, maintenant, il refuserait de rentrer en Bul-
garie.
Samedi 28 août. Aujourd'hui, aucune nouvelle
saillante à noter. Hier soir, la police a opéré des
perquisitions chez quelques notables grecs accu-
sés de russophilisme. Aucun résultat. On prétend
que la poste autrichienne acceptera, ce soir, des
lettres pour l'Europe. Si le fait se réalise, j'en pro-
fiterai pour vous envoyer la présente.
AFFAIRES COLONIALES
Tonkin
Le North China Daily News publie sur les affaires
du Tonkin une lettre de Canton, 21 juillet, qui
donne les renseignements suivants
« L'expédition de flibustiers dirigée par Liang-
Shang-Ta, qui a si longtemps tenu tête aux Fran-
çais et les a obligés à de si vigoureux efforts pour
le contraindre à évacuer le Tonkin, gagne chaque
jour du terrain. Il parait que ce chef s'est forte-
ment établi à Yung-Le-Tu ou Yung-Lo-Sheng, où
est installé son quartier général. Il a sous ses or-
dres 120,000 hommes qui sont actuellement em-
ployés à la culture de la plaine de Yung-Lo. La
contrée occupée par ces Chinois est, dit-on, très
fertile; elle produit toutes choses, sauf l'opium et
les armes modernes de précision (sic). Les mines
d'or qui abondent dans les environs sont active-
ment exploitées, et il y a un marché à la frontière
chinoise pour ce précieux métal, que les manda-
rins chinois achètent volontiers pour faire leurs
remises au Trésor. »
Si cette information est exacte, la colonie chi-
noise dont il s'agit serait installée, soit dans la
province de Caobang, soit dans le voisinage de
That-Khé; on sait, en effet, que c'est de ce côté
que se trouvent les plus riches gisements aurifères
du Tonkin. 11 serait d'un véritable intérêt de
faire constater par notre consul à Canton et par
nos agents a Lang-Son le dire du correspondant du
North China Daily News, l'établissement d'une puis-
sante colonie chinoise près de la frontière de
Chine, sur le territoire tonkinois, ne pouvant nous
être indifférent.
Il nous est impossible de donner le moindre ren-
seignement sur la personnalité du chef de cette
colonie, dont le nom chinois est complètement in-
connu toutefois, on peut admettre qu'il a servi
sous les ordres de Liu-Vinh-Phuoc, dont il aurait
été un des principaux lieutenants.
Nouvelles-Hébrides
Londres, 7 septembre.
La Pall Mail Gazette dit que l'affaire des Nouvel-
les-Hébrides prend une mauvaise tournure. Si la
France dénonçait la convention de 1878, cela con-
stituerait, suivant ce journal, un casus belli des
plus clairs.
La Pali Mail Gazette conseille à lord Iddesleigh
d'envoyer un troisième navire aux Nouvelles-Hé-
brides.
Actes officiels
M. le lieutenant de vaisseau Vittu de Kerraoul
est nommé au commandement d'un torpilleur de
la défense mobile, à Rochefort.
Nouvelles maritimes et coloniales
Le croiseur de 1" classe YArêthuse, portant le pa-
villon de M. le contre-amiral Ribell, commandant
en chef de la division navale de l'Atlantique sud,
est parti de Toulon se rendant à Dakar, où aura
lieu la remise du service.
La commission chargée d'examiner les meilleurs
mémoires publiés dans la Revue maritime et coloniale
en 1885 a accordé la première médaille à M. le ca-
pitaine d'artillerie de terre Josse, détaché pendant
plusieurs années auprès du ministre de la marine
et actuellement attaché à l'état-major général au
ministère de la guerre, pour ses belles études sur
la cryptographie et ses applications à l'art mili-
taire.
La seconde médaille a été accordée à MM. les
capitaines d'infanterie de marine Bouinais et Pau-
lus, professeur à l'école Turgot, pour leurs très
excellents articles sur le protectorat du Tonkin et
le royaume d'Annam.
A ce propos, ajoutons que M. le capitaine Boui-
nais, qui va reprendre son poste à la commission
de délimitation des frontières du Tonkin, vient de
faire paraître chez Challamel un nouveau livre in-
titulé La France en Indo-Chine, dans lequel il re-
trace en ses grandes lignes l'histoire de notre ac-
tion en extrême Orient et donne sur l'avenir de ces
régions, conséquemment sur l'avenir de la coloni-
sation, des renseignements de la plus haute va-
leur.
Le Moniteur du protectorat de l'Annam et du Tonkin
publie une note-circulaire au sujet des jeunes
gens faisant partie du contingent de la prochaine
classe de recrutement, résidant "au Tonkin. A la
demande du résident général, ces jeunes gens sont
autorisés à faire leur temps de service en Annam,
c'est-à-dire à satisfaire à la loi militaire sans faire
le voyage de France.
La mesure est excellente et donne satisfaction à
des vœux fréquemment exprimés par les rhambres
de commerce. Les jeunes gens envoyés dans nos
comptoirs de l'extrême Orient pourront donc ac-
complir leur service militaire dans la colonie sans
perdre le contact avec les entreprises auxquelles
ils sont attachés.
Le marquis Tseng, ministre plénipotentiaire de
Chine à Londres et à Saint-Pétersbourg, qui a re-
mis récemment son service à S. Exc. Liu-Jui-Fen,
est attendu demain ou après-demain à Paris, en
route pour Marseille, où il embarquera dimanche
prochain sur le paquebot des Messageries mari-
times qui porte le courrier de l'Indo-Chine.
Le marquis Tseng devait primitivement partir à
la fin du mois de septembre; il a avancé son dé-
part pour des motifs d'ordre privé.
Nous avons déjà annoncé que M. le vice-amiral
Peyron, sénateur inamovible et ancien ministre
de la marine, devait prendre le commandement de
l'escadre de la Méditerranée au mois d'octobre, en
remplacement de M. le vice-amiral Lafont, arrivé
au terme de son commandement.
M. le vice-amiral Peyron a fait choix de M. le ca-
pitaine de vaisseau Dupont pour le poste impor-
tant de chef d'état-major, de M. le capitaine de
vaisseau Maréchal pour celui de capitaine des pa-
villons. M. le capitaine de frégate Richard rem-
plira les fonctions de premier aide de camp.
La plupart des officiers de l'état-major de l'ami-
ral Lafont continueront à servir à l'état-major de
l'amiral Peyron.
Ajoutons' qu'il est décidé que l'escadre conser-
vera quatre cuirassés armés et un nombre varia-
ble de bâtiments blindés en catégorie d'urgence,
c'ést-ù-dire avec équipages réduits.
Une nouvelle promotion dans l'ordre impérial
du Dragon de l'Annam a été signée le 17 mai der-
nier.
MM. Dillon et Vial, résidents supérieurs, le gé-
néral Jamais et l'intendant Baratier ont été nom-
més grands-officiers.
Ont été promus commandeurs, MM. Klobukows-
ki, directeur du cabinet du résident général De-
leschamps, lieutenant de vaisseau; Lemardeley,
médecin-major Cardot, chef de bataillon; Tou-
chard, capitaine de vaisseau.
Mme Ribard, docteur en médecine, dont nous
avons annoncé la mort, avait été nommée of-
ficier.
Parmi les promotions d'officiers, signalons
MM. Chailley, directeur adjoint du ca~binet du ré-
sident général; Laurent, directeur du conlrôle des
finances en Annam et au Tonkin; Luce, capitaine
d'artillerie de marine; Toutée, capitaine d'arlille-
rie Schillemans, vice-résident à Quang-Yen Pot-
teaux, interprète principal à Hué; Girette, secré-
taire particulier du résident général Getten, in-
génieur, chef du service des travaux publics.
Au nombre des chevaliers figurent les noms de
MM. Gerbaut et Thù, attachés à la résidence géné-
rale.
On annonce que M. Joël Le Savoureux, vice-rési-
dent à Tamatave, a été envoyé en mission à Vohé-
mar pour régler certaines questions concernant
des concessions de terrain faites en ce point pen-
dant l'occupation militaire.
M. Guinet, qui a rempli à Vohémar les fonctions
de résident et de représentant civil du gouverne-
ment français pendant l'occupation, s'est rendu à
la fin de juin à Tananarive. M. Guinet est un des
plus anciens colons de Madagascar il par^e très
bien le malgache, et sa présence à la capitale sera
certainement utilisée par M. le résident général.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(DÉPÊCHES HAVAS ET renseignements PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine
Une élection pour le conseil général a eu lieu
dans le canton de Barr pour remplacer M. Hering,
démissionnaire. M. Edmond Roth, propriétaire à
Dambach, a été élu par 1,834 voix sur 1,954 vo-
tants.
L'arrivée de l'empereur d'Allemagne à Stras-
bourg étant fixée au 10 du mois, l'administration
vient d'envoyer aux journaux, avec prière de le
publier, l'avis suivant
Il n'est pas inutile, à propos de la prochaine arrivée
de S. M. l'empereur d'Allemagne, d'appeler l'attention
du public sur les suites fàcheuses qu a déjà eues l'ha-
bitude de jeter des étages supérieurs des maisons des
bouquets et des tleùrs dans les voitures de Leurs Ma-
jestés. A différentes reprises déjà, ces bouquets, au lieu
de tomber dans ces voitures, ont atteint les personnes
qui s'y trouvaient. Il en est même résulté des contu-
sions que ceux qui avaient organisé l'ovation ont été
certainement les premiers à regretter.
Parmi les personnages princiers qui assisteront
aux manœuvres exécutées sous les yeux du souve-
rain allemand, on cite le roi et le prince Georges
de Saxe, le prince Léopold de Bavière, fils du prin-
ce-régent, le grand-duc de Hesse.
Allemagne
Nous avons annoncé que le prince Guillaume,
petit-fils de l'empereur, ira, le 9 de ce mofs, saluer l
le tsar à Bresl-Litowsk. Nous avons reproduit hier t
quelques lignes de la Gazette de la Croix qui faisaient
ressortir discrètement l'importance politique du
voyage du prince allemand. La Gazette de l'Allemagne
du Nêrd confirme indirectement cette importance
en annonçant qu'avant de partir pour le camp
russe, le prince a eu un long entretien avec M. de
Bismarck.
Le traité de commerce hispano-allemand, qui va
être soumis au Reichstag, convoqué pour le 16 de
ce mois, n'est pas un traité nouveau. Il a simple-
ment pour but de proroger jusqu'au 1er février
1892 la convention conclue le 12 juillet 1883, ainsi
que les modifications introduites dans cet instru-
ment par la convention complémentaire du 10 mai
1885.
Plusieurs journaux font remarquer que ce but
ne suffit pas pour expliquer la convocation extra-
ordinaire du Parlement de l'empire. On semble
penser généralement que le chancelier veut profi-
ter de l'occasion pour traiter devant les représen-
tants de la nation les grandes questions soulevées
par les événements d'Orient et leur exposer les
motifs pour lesquels il a adopté une politique qui
parait froisser les sentim-nts d'une partie consi-
dérable du peuple allemand. D'autres journaux,
au contraire, croient savoir que M. de Bismarck
ne paraîtra pas en personne au Reichstag.
La Gazette de l'Allemagne du Nord dément que le
prince de Bismarck souffre de ses anciennes dou-
leurs nerveuses dans les régions fémorale et ilia-
que.
Elle annonce toutefois que le chancelier, en re-
venant de Gastein à Berlin, a contracté des tirail-
lements de muscles.
Toutefois, cet accident ne donne lieu à aucune
inquiétude.
Un second tour de scrutin pour une élection au
Reichstag a eu lieu dimanche dernier dans la cir-
conscription de Lauenbourg. Le candidat libéral,
M. Berling, l'a emporté sur son concurrent con-
servateur, M. le comte Bernstorff.
Des brochures socialistes ont été distribuées
aux soldats logés actuellement chez les habitants
de Plauen, à l'occasion des manœuvres d'automne.
La police a procédé à l'arrestation du distributeur,
M. Christenesen, un publicistc à qui le séjour de
Berlin a été interdit en vertu de la loi sur le socia-
lisme.
En vertu de cette même loi, une réunion socia-
liste, qui devait avoir lieu à Hanovre le 6 septem-
bre a été interdite.
<̃ Angleterre
Hier, à la Chambre des communes, M. Howard
Vincent a demandé au gouvernement s'il est in-
formé du projet de partage du sud-est de l'Europe
par la triple alliance.
Il demande encore si l'occupation de la Bulgarie
par les troupes de la Russie ou l'administration
de la principauté par des gouverneurs russes so-
rait d'accord avec les traités actuels, ou compati-
ble avec l'intégrité de l'Empire ottoman et la sécu-
rité de Constantinople. Il demande enfin si, durant
l'absence de sir E. Thoi-nton, sir W. While doit être
chargé de représenter l'Angleterre à Constanti-
nople.
Sir J. Fergnsson, sous-secrétaire d'Etat au Fo-
reign Office, répond que le cabinet n'a reçu au-
cune communication se rapportant à la première
question de M. Howard Vincent; en ce qui con-
cerne l'action séparée d'une puissance en Bulgarie,
c'est là une hypothèse que le gouvernement ne
peut pas admettre.
II est probable que, pendant l'absence de sir E.
Thornton, l'ambassade de Constantinople sera gé-
rée par le chargé d'affaires.
Sir J. Fergusson, interpellé par M. Tanner, dit
qu'aucune décision n'a encore été prise au sujet de
l'abandon de Port-Hamilton, que les forces navales
occupent denuis le 12 mai 1885.
Lord Randolph Churchill, chancelier de l'échi-
quier, fait connaître les noms des commissaires
chargés de l'enquète sur la question monétaire.
La Chambre conlinue ensuite la discussion du
budget de la guerre.
Une longue discussion s'engage, au sujet de 1 é-
tat des déienses du pays, sur les stations navales
et aussi sur les charbons et la qualité des canons,
principalement sur celle des pièces de marine.
La discussion vise, en outre, les accusations por-
tées récemment contre certains fournisseurs et
fonctionnaires.
M. Smith, ministre de la guerre, déclare qu'il a
prescrit à plusieurs reprises des informations re-
lativement aux accusations portées contre les
fournisseurs et les fonctionnaires; mais, jusqu'à
présent, les renseignements recueillis sont trop
vagues pour permettre de faire une enquête.
Une commission sera nommée pour examiner
l'état des canons fournis durant les cinq dernières
années.
La Chambre des communes a adopté tous les
chapitres du budget de la guerre. Elle a voté en-
suite en seconde lecture le bill relatif à l'enquête
sur les rixes de Belfast.
La Fédération démocratique socialiste vient de
publier un manifeste dans lequel elle dit que
l'hiver qui approche trouvera encore une fois des
milliers de citoyens sans travail et sans pain pour
eux et pour leurs familles. Elle déclare ensuite que
les efforts qu'elle a faits depuis le mois de no-
vembre 1883, pour parer à tous les maux qui sont
le résultat du manque de travail, n'ont abouti à
rien, et que l'on n'a pu obtenir des autorités ni
une réglementation du travail, ni une réduction
des heures de labeur, ni d'autres mesures qui
pourraient améliorer la situation des classes ou-
vrières.
« Ces mesures conclut la Fédération pour-
ront être obtenues si nous continuons sans relâche
le mouvement général en leur faveur. Nous pre-
nons la direction de ce mouvement. Si vous nous
suivez, la famine qui vous menace pour l'hiver
sera conjurée. »
Hollande
On mande de la Haye que la session des Etats-
Généraux sera close le 18 septembre.
Le même jour commencera à la Haye le procès
du chef socialiste, M. Domela Nieuwenhuys.
.v Italie
Voici le bulletin médical publié le dix-huitième
.jour du jeûne de M. Succi:
Pouls, 72. Respiration, 20. Dynamomètre, 57.
Température, 37,4. Poids, 52 800 (400 grammes de
perte en vingt-quatre heures.)
Le pouls est léger, mais régulier, la reaction papil-
laire normale. Energie physique et intellectuelle nor-
male. Succi se montre plus calme que les jours précé-
dents. Il a dormi huit heures un quart dans la nuit, et
une heure durant la journée. Comme boisson, 650
grr.rrimos d'eau de Vichy, dont 300 grammes rejetés
volontairement.
M. Succi a fait au comité la déclaration suivante:
« Comme il n'entre dans mon expérience ni mysti-
fication ni jonglerie, j'exige que l'on publie l'ana-
lyse chimique faite au laboratoire de chimie du
Grand-Hôpital. »
Le dix-huitième jour de jeûne, M. Succi a fait,
pendant trente-cinq minutes, une course au pas
gymnastique sans s'arrêter. 11 montait et descen-
dait les escaliers latéraux de la cascade du Jardin
public, en sautant facilement deux ou trois mar-
ches à la fois.
Un médecin de la province de Catane a écrit au
comité pour le prier de persuader à M. Succi de dé-
poser l'explication de son secret dans une cassette
confiée à une personne de la science, pour qu'en
cas de mort subito il ne soit pas perdu.
M. Succi a avisé le public qu'il poursuivra qui-
conque ferait servir son nom à des pièces de théâ-
tre, à baptiser des liqueurs, des boissons hygiéni-
ques, etc., ou qui mettrait en vente son portrait
en lithographie, en photographie, etc.
Le correspondant du Journal de Genève à Milan
rend compte en ces termes d'un entretien qu'il a
eu avec M. Succi:
M. Succi cause avec beaucoup d'animation, voire
avec une sorte d'excitation nerveuse, surtout lors-
qu'on exprime devant lui la conjecture que sa résis-
tance au jeûne soit l'effet d'un état pathologique.
« La répugnance pour tout aliment qui se produit
souvent dans l'hystérie, m'a-t-il dit, est indépendante
de la volonté du patient, tandis que moi je puis prolon-
ger ou interrompre lo jeûne à mon gré. »
Quant à la fameuse liqueur qui produit ces prodiges, il
m'a semble que M. Succi n'aimait pas trop à en parler.
Il s'est borne a m'assurer, sur ma demande, qu'il n'a
pas trouvé ce philtre chez des peuplades sauvages,
mais que c'est .une liqueur de son invention.
Je lui ai demandé à quoi doit servir l'autre liqueur
contenue dans une petite fiole qu'il videra, à ce qu'il
m'a assure, vers le quinzième ou le seizième jour du
jeûne.
Gela n'a d'autre but que de confondre « messieurs
les savants », m'a répondu M. Succi. Je leur permettrai
même de l'analyser, et ils devront avouer qu' « aucun
homme, sans être en possession de mon secret et sans
avoir bu la liqueur qui me permet de me passer d'ali-
ments, ne saurait l'avaler.
Est-ce un poison?
Non, monsieur mais je vous répète que personne
ne pourrait avaler ce liquide, tandis que moi je le boi-
rai comme si c'était du vin. Bref, vous allez voir sous
peu.
Il m'assura en outre qu'il ne sentait nullement le be-
soin de manger, et n'éprouvait pas plus d'envie que do
répugnance a penser aux repas copieux et succulents
qu'il a faits entre les deux jeûnes de Forli et de
Milan.
Comme je lui exprimais la crainte que des jeûnes si
prolongés ne dussent, à la longue, ébranler sérieuse-
semein sa santé, il me répondit qu'au contraire cela lui
faisait du bien. Quelque temps après le jeûne do
Forli, il avait augmenté de poids. Après ce jeûne et dès
qu'il se sera convenablement nourri, il est convaincu
qu'il gagnera au moins trois kilogrammes sur le poids
d'auparavant.
Saint-Siège
Le Moniteur de Rome dit que l'heureuse issue des
négociations entre le Vatican et la France est pro-
chaine. 11 réfute les arguments des journaux qui
ont prétendu, les uns que le pape avait reculé de-
vant les menaces de la France et qu'il avait subi
un grave échec, les autresj qu'il a paru céder pou-r
mieux jouer la France.
Le Moniteur rappelle que, dès le commencement
des pourparlers, le pape a déclaré que, tout en te-
nant compte des avances de la Chine, il ne voulait
en aucune façon blesser lessusceptibilités ni amoin-
drir la situation privilégiée de la France.
Cet esprit de conciliation a dominé toutes les
phases de cette épineuse affaire.
La France, qui a des liens historiques si intimes
et si nombreux avec les papes, comprendra que
Léon XIII a ajouté un nouvel anneau à la chaîne
glorieuse de services et de bienfaits qui va de
Charlemagne à lui. La question de la Chine, au
lieu de les troubler, aura fortifié l'harmonie et
l'alliance de la France et du Vatican, garanties par
Dieu et par les siècles.
Espagne
Vlmparcial annonce que l'Allemagne vient de re-
noncer an droit d'établir une station navale aux
îles Carolines.
L'état de siège vient d'être proclamé à la Coro-
gne. La ville est tranquille.
M. Granet, ministre des postes et des télégraphes
de France, est arrivé hier à Badajoz.
Danemark
La princesse de Galles, accompagnée de ses trois
filles, vient d'arriver à Copenhague.
On y attend aussi sous peu la reine de Grèce,
qui est partie de Saint-Pétersbourg lundi dernier.
Chine
Le jeune empereur doit prendre les rênes du
gouvernement au commencement^de la prochaine
année chinoise. Au solstice d'hiver, il ira faire ses
dévotions au Temple du Ciel, et le 15 de la pre-
mière lune, qui tombe en février, Kuang-Hsû inau-
gurera sa prise de possession du pouvoir. Le jeune
souverain se mariera probablement l'année sui-
vante toutefois, on croit que l'impératrice ré-
gente est décidée à contrevenir aux usages et à
attendre que l'empereur ait âge d'homme avant
de lui permettre l'entrée du harem. A Pékin, on
critique les Européens, qui se marient trop âgés,
mais les Chinois intelligents estiment, par contre,
qu'en Chine on se marie beaucoup trop jeune.
Le septième prince, le prince Chun, on sait
qu'il est le père de l'empereur, -et l'impératrice-
régente comptent diriger le souverain encore pen-
dant quelques années. En réalité, le pouvoir du
jeune empereur ne sera que nominal.
Etats-Unis
Une secousse de tremblement de terre a été res-
sentie hier matin, à une heure quarante-cinq, a
Evansville (Indiana). Une légère secousse s'est éga-
lement produite à Charleston à onze heures qua-
rante-cinq du matin.
D'après les savants, il faudrait s'attendre à voir
les secousses de tremblement de terre se renou-
veler chaque jour, pendant un certain temps, peut-
être quelques semaines,
Toutefois, à Charleston, la population est plus
calme.
Un grand nombre de personnes ont cherché asile
sur les navires qui se trouvent dans le port.
Le total des décès occasionnés par le tremble-
ment de terre à Charleston est de quatre-vingt-
seize. ̃ _̃-
Le Labour day (fête du travail) a été célébré hier
à New-York, Chicago, Baltimore et Newark par
des processions monstres, dans lesquelles se trou-
vaient représentés tous les corps de métiers; à
Chicago, notamment, plus de 30,000 personnes y
ont pris part.
On pense que plusieurs des Etats de l'Union re-
connaîtront le Labour day comme fête légale.
AFFAIRES MILITAIRES
La classe de 1877. -Tous les hommes de la classe
de 1877, sauf ceux qui sont classés dans les services
auxiliaires et ceux qui sont à la disposition de
l'autorité militaire, devront déposer leur livret in-
dividuel à la mairie ou à la gendarmerie, du di-
manche 21 novembre au dimanche 5 décembre.
Cette mesure ne vise que les hommes qui relèvent
du gouvernement de Paris.
Le voyage du ministre de la guerre. Le ministre
de la guerre, venant de Puget-Théniers par Saint-
Martin-du-Var, est arrivé à Nice hier matin, à dix
heures. 11 a reçu la Société des anciens sous-offi-
ciers, qui lui a offert un bouquet; le général Thierry,
commandant de la division, et M. Goulley, secré-
taire général, représentant le préfet absent.
Après le déjeuner, le ministre de la guerre est
parti pour visiter les forts de la Corniche. Le mi-
nistre, qui a parcouru toute la frontière, a dû
quitter Nice hier soir a minuit; il arrivera à Paris
dans l'après-midi d'aujourd'hui et assistera de-
main au conseil des ministres.
Deux enquêtes. Deux enquêtes ont été ordonnées
par le ministre de la guerre un journal avait ac-
cusé un sous-officier du 48° de ligne d'avoir mal-
traité des hommes punis; le même journal affir-
mait, d'autre part, que l'administration des Inva-
lides avait refusé de restituer ses effets d'habille-
ment à un invalide rayé des contrôles. De l'enquête
ouverte par le général commandant le 10° corps
d'armée et par le gouverneur militaire de Paris il
ressort que les faits rapporlés sont inexacts.
Le soldat du 48° de ligne qui s'était plaint de
prétendus mauvais traitements infligés par un
sous-officier jouit de la plus détestable réputa-
tion quant à l'invalide dont il s'agit, il a été rayé
des contrôles pour ivresse continuelle et pour ab-
sence illégale de trente jours. Sitôt qu'il s'est pré-
senté à l'hôtel des Invalides, on lui a remis ses
effets d'habillement et on l'a congédié.
Nominations et promotions. Le général de division
Arnaudeau, sénateur, est placé, à dater du 8 sep-
tembre, dans la section de réserve.
NOUVELLES DU JOUR
On lit dans le Journal of ficiel
Le président de la République vient de recevoir la ré-
ponse de S. M. l'empereur d'Allemagne à la lettre
mettant fin à la mission que remplissait M. lo baron de
Courcel en qualité d'ambassadeur de la République
française à Berlin.
L'agence Havas nous communique la note sui-
vante
Une circulaire de M. Lockroy, ministre du cbffirr.erce
et de l'industrie, en date du 26 février dernier, et con-
formément à la jurisprudence de la cour de cassation,
interdit l'entrée en France d'objets fabriqués à l'étran-
ger et portant soit la marque, soit le nom d'un com-
merçant français, soit l'indication d'une localité fran-
çaise.
Cette jurisprudence a pu surprendre des négociants
qui, de bonne foi, avaient fait des commandes à l'étran-
ger en se fiant à la jurisprudence antérieure de la cour
de cassation.
Magré le désir qu'a l'administration de ne pas léser
leurs intérêts, des instructions viennent d'être adressées
au service des douanes pour que les adoucissements
qu'on avait cru devoir admettre jusqu'à présent en fa-
veur de certaines industries fussent irrévocablement
supprimés à partir du 1er novembre prochain.
M. Develle, ministre de l'agriculture, vient de
charger M. l'inspecteur général Prillieux, profes-
seur à l'Institut agronomique, d'aller étudier
sur place, dans la Meuse, les maladies des
vignes.
Le conseil général de la Gironde a clos sa ses-
sion.
Nous avons raconté l'incident soulevé lundi à
la séance d'ouverture du conseil général de la
Nièvre.
A la séance d'hier, après la lecture du procès-
verbal, le préfet, M. Granet, a prononcé une allo-
cution dans laquelle, après s'être excusé de n'a-
voir pu assister à la précédente séance, il a expri-
mé le regret que la majorité du conseil aitcru de-
voir émettre contre son administration un vote de
blàme.
Ce vote constitue, a ajouté le préfet, un empié-
tement manifeste sur les droits du pouvoir exécu-
tif, et il n'hésitera pas à en provoquer l'annulation
par les voies légales.
Le préfet s'est ensuite retiré. v
Le Bulletin des Halles donne, d'après les estima-
tions du congrès de Vienne, les chiffres suivants,
qui peuvent donner, quoique approximatifs, une
idée de la quantité de blé récoltée dans le monde
et du mouvement possible de l'offre et de la de-
mande
rieeotte esumee nopenne aes
ETATS ` 1886 5dtrmertsannees
hecto!. hoc1ol.
rtats-Unis et Canada. 171.100.COO 181.250.000
France. 95.000.000 108.750.000
Russie. 78.300.000 92.800.OGO
Indes britanniques. 89.900.000 95.700.000
Autriche-Hongrie. 43.500.000 49.300.000
Allemagne 33.350.000 34.800.000
Royaume-Uni.< 23.200.000 26.1OJ.000
Espagne. 46.400.000 49.3f'0.000
Italie. 49.300.000 55.100.000
Australie. 14.500.000 15.950.000
Turquie 14.500.000 15.950.000
Azérie. 11.600.000 11.600.000
Roumanie. 7.975.000 8.700.000
Chili et République argen-
tine 10.150.000 8.700.000
Egypte. 5.800.000 5.800.000
Hollande. 1.740.000 2.030.000
Belgique. 6.525.000 5.800.000
Danemark. 1.667.500 1.450.0.!)0
Grèce. 1.740.000 1.450.000
Portugal. 2,900.000 2,900.0~0
Suède et Norvège, 870.000 i.015.000
Suisse. 580.000 580.000
Serbie. 1.595.000 1.450.000
192.500 776.475.000
Il ressort à première vue que, à l'exception de
la Bavière, du Wurtemberg, de l'Italie septentrio-
nale et orientale, de la Suisse et de la Pologne, le
rendement est partout au-dessous de la moyenne
et plus mauvais que celui de l'année dernière.
En 1885, la récolte totale pour les pays ci-dessus
a été de 716,198,500 hectolitres.
La récolte de 1886 sera donc inférieure de 4,006,000
hectolitres à celle de 1885, et de 64,452,500 hectoli-
tres à la moyenne des cinq dernières années.
Au directeur du TEMPS
Unieux (Loire), le 7 septembre 1886.
Monsieur le directeur,
Votre correspondant de Lodève n'a pas exacte-
ment saisi les explications fort détaillées cepen-
dant et, je crois, fort claires que j'ai données
au banquet du 4 septembre touchant la politique
coloniale. Ces deux mots ont pris dans les polémi-
ques de ces dernières années un sens si particu-
lier que je n'aurais pu, sans donner un démenti
à toute ma conduite parlementaire, me déclarer,
comme vous le dites, partisan de la politique co-
loniale. J'ai, bien au contraire, maintenu, déve-
loppé mes appréciations précédentes sur les dan-
gers que cette politique de M. Jules Ferry a créés
à notre pays. J'ai ajouté et c'est sans doute là
qu'il faut chercher la cause de la méprise de votre
correspondant-que, si l'on veut coloniser, l'Algé-
rie nous offre encore un vaste champ d'activité, où
les 350 millions du Tonkin eussent été à coup sûr
plus utilement dépensés.
Veuillez recevoir, monsieur le directeur, l'assu-
rance de ma considération distinguée.
'̃̃̃̃• P. MÉNARD-DORIAN,
y; Député de l'Hérault.
ACTES OFFICIELS
Les électeurs du canton de Lessay (Manche) sont
convoqués pour le dimanche 26 septembre, à l'effet d'é-
lire leur représentant au conseil général, en remplace-
ment de M. Gaslonde, décédé.
Les électeurs du canton de Montmirail (Marne) sont
convoqués pour le dimanche- 26 septembre également,
à l'eflet d'élire leur représentant au conseil général, en
remplacement de M. Le Blond, décédé.
Sont convoqués pour le 26 septembre, à l'effet de
nommer des conseillers d'arrondissement, les électeurs
dés cantons de Montluçon-Ouest (Allier), de Pouilly-en-
Auxois (Côte-d'Or), de Loudes et de Saint-Paulien
(Haute-Loire), d'Abbeville-Nord, d'Acheux, de Bray, de
Roisel et de Rosières (Somme), de l'Islc- Jourdain, de
Leigné-sur-Usscau et de Vouneuil-sur-Vienne (Vienne),
de Limoges-Nord et d'Eymoutiers (Haute-Vienne).
Par décret en date du 26 août, est déclaré d'utilité
publique, à titre d'intérêt général, l'établissement du
chemin de fer de raccordement, dans la direction de
Boissy-Saint-Léger, entre le chemin de fer de Boissy-
Saint-Léger à Brie-Comte-Robert et le chemin de fer
de Grande Ceintura autour de Paris.
En conséquence, la concession de cette ligne, faite, à
titre éventuel, à 10. Compagnie des chemins de fer de
l'Est, par la loi du 30 avril 1886, est déclarée définitive,
dans les conditions prévues par la convention du 11
juin 1883, approuvée par la loi du 20 novembre suivant.
Par arrêté en date du 7 septembre, le ministre de
l'agriculture a interdit temporairement l'introduction
des animaux des espèces ovine et caprine par les bu-
reaux de douane de Vintimille, Isola, Saint-Sauveur et
Saint-Mavlin de Lantosque, en raison de l'existence de
la clavelée en Italie, dans la région limitrophe du dé-
partement des Alpes-Maritimes.
AU JOUR LE JOUR
L'acide salicylique
L'acide salicylique fait beaucoup parler de lui en
ce moment. Le laboratoire municipal, qui a dû
essuyer déjà nombre de colères, est maintenant
en butte à celles des débitants de bière. On lui re-
proche de chercher noise aux bières salicylées,
d'en empêcher la vente dans Paris, de laisser s'al-
térer et se perdre en gare des trains entiers char-
gés de bières de diverses provenances. Déjà nous
avons mis nos lecteurs au courant de certains faits
occasionnés par les poursuites dont les bières ad-
ditionnées d'acide salicylique étaient l'objet d'une
part, la prétention du laboratoire à déférer au
parquet les négociants ou leurs représentants re-
connus coupables d'avoir expédié lesdites bières;
d'autre part, la résistance du parquet à saisir les
tribunaux de l'affaire. Il s'en suivait des démar-
ches, des pourparlers et des retards pendant les-
quels les bières s'altéraient et il est arrivé que
des négociants, furieux de n'avoir pu disposer de
leur marchandise en temps utile, ont défoncéleurs
tonneaux et vidé leur bière dans le ruisseau. De-
puis, une entente est intervenue entre le parquet
et la préfecture de police, de laquelle dépend le la-
boratoire, afin que ces retards ne se reproduisent
plus. Les débitants de bière salicylée continueront
à être poursuivis et seront déférés aux tribunaux
correctionnels, au lieu d'être jugés comme cela
avait eu lieu jusqu'ici par le tribunal de simple
police. L'emploi de l'acide salicylique, qui n'était
considéré que comme une contravention, sera
désormais considéré comme un délit, ce qui est
plus grave. Nous avons déjà dit ces choses, mais il
élait nécessaire de les rappeler avant d'exposer les
motifs sur lesquels se basent le laboratoire et le
parquet dans leur action contre l'acide salicylique.
L'acide salicylique est-il nuisible ou non nuisible
à la santé ? Dans sa séance du 29 octobre 1877, le
conseil d'hygiène de France était saisi d'un rapport
fait sur une demande d'avis adressée au ministre
par la chambre de commerce de Paris au sujet de
l'emploi de l'acide salicylique comme agent de con-
servation des vins. Commissaires, MM. Fauvel et
Bergeron; rapporteur, M. Bussy.
Voici les conclusions du rapport
Votre commission a pensé qu'il était prudent de con-
sidérer comme suspect tout vin contenant une quantité
quelconque d'acide salicylique et qu'il devait, comme
tel, être rejeté de la consommation.
En conséquence, elle a l'honneur de vous proposer de
répondre à M. le ministre que l'avis du comité est que
nous n'avons jusqu'ici aucune certitude que le vin con-
tenant de l'acide salicylique ne soit pas de nature à
porter atteinte à la santé; qu'il y a lieu de considérer
comme suspect tout vin contenant une quantité quel-
conque d'acide salicylique et de le rejeter de la consom-
mation.
Plus tard, le 15 novembre 1680, ic même conseil
adoptait les conclusions suivantes d'un rapport de
M. Dubrisay (commissaires MM. Ambaud, Bouley,
Brouardel, Gallard, P. Girard, Wurtz), sur la con-
servation des substances alimentaires par l'acide
salicylique
Messieurs, s'appuyant sur les faits nombreux que je
vous ai exposés, votre commission à l'honneur de vous
proposer de répondre à M. le ministre que le comité,
confirmant aujourd'hui la déclaration antérieurement
faite le 29 octobre 1877, est d'avis
1° Que l'acide salicylique est une substance dange-
reuse dont la vente doit être soumise aux règlements
qui s'appliquent à la vente des autres substances dan-
gereuses
2° Que cet acide, considéré au point de vue de la con-
servation des substances alimentaires, n'est antifer-
meutescible qu'à la condition expresse d'être employé
à doses élevées, c'est-à-dire à doses toxiques;
3° Que l'on devra considérer comme suspecte toute
substance alimentaire solide ou toute boisson contenant
une quantité quelconque d'acide salicylique ou de l'un
de ses dérivés, et qu'il y a lieu d'en interdire la vente.
Le 7 février 1881, M. Tirard, ministre de l'agri-
culture et du commerce, s'inspirant des délibéra-
tions du comité consultatif d'hygiène publique de
France, invitait, par une circulaire, les préfets à
prendre un arrêté interdisant la vente « de toute
substance alimentaire, liquide ou solide, contenant
une quantité quelconque d'acide salicylique ou de
l'un de ses dérivés ». Le 23 février suivant, le préfet
de police, se conformant à la circulaire du ministre,
rendait l'ordonnance suivante
S.U.ICYLA.GE
Ordonnance concernant la vente des substances alimentaires
"T additionnées d'acide salicylique
Paris, le 23 février 1881.
Nous, député, préfet de police,
Considérant que l'acide salicylique employé pour la
conservation des denrées alimentaires, solides ou li-
quides, présente un danger pour la santé publique;
Vu la loi des 16-24 août 1790 et celle du 22 juillet 1791;
Vu les articles 319, 320, 471, et 15 et 477 du Code pé-
nal, ainsi que les lois des 27 mars 1851 et 5 mai 1885;
Vu les arrêtés du gouvernement des 12 messidor
an VIII et 3 brumaire an XI, et la loi du 7 août 1850
Vu l'instruction ministérielle en date du 7 février 1881,
Ordonnons ce qui suit
Article 1er. Il est expressément défendu de mettre en
vente aucune substance alimentaire, soit solide, soit li-
quide, dans la composition de laquelle entrerait une
quantité quelconque d'acide salicylique ou de ses dé-
rivés.
Art. 2. Les contraventions seront poursuivies confor-
mément à la loi devant les tribunaux compétents.
Art. 3. La présente ordonnance sera affichée et publiée
dans le ressort de la préfecture de police.
L'inspecteur général des halles et marchés de Paris,
le chef du laboratoire municipal, le professeur de l'E-
cole de pharmacie, dans leurs visites annuelles, les mai-
res des communes rurales, les commissaires de police
et tous les préposés de la préfecture de police seront
chargés, chacun en ce qui le concerne, d'en assurer
l'exécution.
Le député, préfet de police,
̃-•̃̃̃ Andrieux.
Par le préfet de police
Le secrétaire général,
Jules Camdon.
Dès que cette ordonnance fut publiée, des pour-
suites furent intentées contre les personnes débi-
tant des substances alimentaires salicylées; l'émoi
fut grand parmi les négociants; certains préten-
dirent que l'acide salicylique était inoffensif, et, en
1883, le comité consultatif d'hygiène de France
fut à nouveau appelé par M. Hérisson, ministre du
commerce, à se prononcer sur le danger qu'il y
avait à consommer des substances additionnées de
ce produit. Voici les conclusions que formula la
commission nommée par le comité, commission
composée de MM. Ambaud, Bouley, Dubrisay, Gal-
lard, P. Girard, Grimaux, L. Pasteur, Wurtz et
Brouardel, rapporteur
En résumé, votre commission est d'avis
1° Que, pour les personnes bien portantes, l'usage
journalier d'une dose même minime d'acide salicylique
est suspect, son innocuité n'étant pas démontrée
2° Que pour les personnes dont le rein ou le foie a
subi une altération, soit par les progrès de l'âge, soit
par une dégénérescence quelconque, l'ingestion journa-
lière d'une dose d'acide salicylique, quelque faible qu'elle
soit, est certainement dangereuse.
Dans ces conditions, elle vous propose de répondre à
M. le ministre du commerce que le comité demande
que la prohibition de l'acide salicylique et de ses com-
posés dans les substances alimentaires soit main-
tenue. ̃ "•
M. Hérisson, se conformant au vœu du comité
d'hygiène, adressa aux préfets, le 30 janvier 1884
une circulaire dans laquelle il disait
Après une étude approfondie, le comité a présenté
un rapport dont vous trouverez ci-joint quelques exem-
plaires, et dans lequel il CDnclut que a la prohibition de
l'acide salicylique et de ses composés dans les substan-
ces alimentaires doit être maintenue».
En présence des motifs contenus dans le rapport du
comité, il importe que la prohibition de l'emploi de
l'acide salicylique pour la conservatton des denrées ali-
mentaires ne demeure pas longtemps à l'état de lettre
morte. L'administration encourrait une grande respon-
sabilité en ne prenant point les mesures nécessaires
pour faire cesser des pratiques reconnues dangereuses
et qui continuent à être ouvertement préconisées.
M. le garde des sceaux ministre de la justice et des
cultes vient, sur ma demande, de donner aux parquets
les ordres nécessaires, et, de son côté, M. le ministre
des finances a prescrit au service des douanes de conti-
nuer à signaler aux autorités judiciaires les substances
alimentaires d'origine étrangère qui, à leur entrée en
France, seraient reconnues mélangées d'acide salicyli-
que.
Le laboratoire municipal ne fait donc que rem-
plir les instructions du ministre et du préfet de
police en déférant au parquet les négociants incul-
pés d'additionner d'acide salicylique les substan-
ces alimentaires qu'ils livrent à la consommation
publique.
A la suite des constatations faites par le labora-
toire, de nombreux débitants furent condamnés
par le tribunal de simple police; ceux-ci protestè-
rent et firent valoir que si les bières prélevées
chez eux étaient salicylées, cet antiseptique n'a-
vait pas été introduit dans la bière par eux, mais
par les fabricants ou les entrepositaires. En fait,
ces réclamations étaient justes; en droit elles
étaient inadmissibles et ne pouvaient faire aucune
impression sur le tribunal de simple police, dont
la mission est de juger les contraventions. Ce tri-
bunal condamnait donc, conformément à l'ordon-
nance de police, tout débitant chez lequel on avait
trouvé des denrées salicylées.
Le chef du laboratoire ayant insisté auprès de
M, le préfet de police ponr lui faire remarquer
combien les plaintes du petit commerce lui pa-
raissaient fondées, ce fonctionnaire lança une cir-
culaire prescrivant de faire des prélèvements en
gare.
C'est l'exécution de cette circulaire qui amena.
les incidents dont il a été question. Les analyses
des prélèvements faites par le laboratoire furent
transmises dans les plus courts délais au parquet,
qui dut examiner les procédés à employer pour
pouvoir poursuivre d'une façon efficace !cS étran-
gers, les commissionnaires, les entrepositaires ou
les simples intermédiaires.
Pendant cet examen, les bières continuaient à
arriver, à s'accumuler et il encombrer les gares;
il importait de prendre une décision. Une entre-
vue eut lieu entre M. le préfet de police et M. le
procureur de la République, et, après entente, les
mesures suivantes ont été prises par ordre de M.
le préfet de police
Seules les bières provenant de maisons dont de
nombreux échantillons pris dans le commerce
ont été antérieurement reconnus comme renfer-
mant de l'acide salicylique sont arrêtées en gare,
et cela seulement jusqu'après l'analyse; celle-ci
est faite par le laboratoire dans le plus bref délai.
Après réception des résultats d'analyse, MM. les
commissaires des gares laissent prendre livraison
de toutes les bières. Mais quand les bières sont
reconnues salicylées, un commissaire du labora-
toire se rend immédiatement chez le destinataire
pour lui notifier le résultat de l'analyse et l'avertir
que s'il venait à mettre en vente des bières sali-
cylées, il s'exposerait à des poursuites, conformé-
ment à la loi et à l'ordonnance de 1881.
De plus, un service de surveillance a été orga-
nisé dans les gares avec le concours des agents de
la sûreté; lorsqu'une bière salicylée est livrée
dans Paris, le laboratoire en est informé et pro-
cède immédiatement à un prélèvement.
Il est sûr que, dans ce cas, les destinataires ne
peuvent plus arguer de leur bonne foi et, qu'ils
auront bien du mal à se défendre devant la justice
correctionnelle.
Nous venons de dire que le parquet avait dû
examiner les procédés à employer pour poursui-
vre les étrangers, car ce sont surtout les bières de
provenance allemande qui sont additionnées d'a-
cide salicylique. L'action du parquet, en pareil
cas, est limitée. Il ne peut faire saisir les mar-
chandises ni poursuivre l'expéditeur les tribu-
naux français ne pouvant poursuivre un étranger
que pour un délit commis sur le territoire fran-
çais. Quelques personnes ont paru croire que
cette situation était spéciale aux commerçants
allemands et qu'elle résultait de certains articles du
traité de Francfort. Il n'en est rien. La situation est
absolument la même pour des vins falsifiés envoyés
d'Espagne ou d'Italie ou pour des bières expédiées
d'Angleterre, par exemple. Si elles sont salicylées,
on prévient le destinataire que s'il les met en
venle il sei-û poursuivi et condamné conformément
aux lois françaises. Ledit riesliimtaire .s'empresse
alors de retourner à l'expéditeur sa bière frelatée
et demande la résiliation du marché aux tribunaux
français, qui la prononce toujours.
Le parquet considère qu'il n'y a délit commis
sur le sol français que lorsqu'il y a eu commence-
ment de mise en vente de ces produits alimentai-
res nuisibles. Ainsi, un particulier est parfaitement
en droit de se faire expédier d'Allemagne des fûts
de bière malsaine et de les consommer, tant que
leur absorption ne mettra en danger que sa santé
ou celle de ses amis. Si la bière était falsifiée à
Nancy, par exemple, le cas serait bien différent
le parquet serait autorisé à la faire saisir en gare
et à poursuivre le brasseur, parce qu'il serait
Français. Tel est l'état de notre jurisprudence.
La mine aux mineurs
M. Laur, député de la Loire, publie dans la
France la lettre suivante, que le directeur de la
Société des houillères de Rive-de-Gier vient de lui
adresser ̃' >
Monsieur Laur,
Le conseil d'administration de la Société des houillè-
res de Rive-de-Gier me charge de vous dire qu'il con-
sent dès aujourd'hui (sauf la ratification obligée de son
assemblée générale, l'autorisation gouvernementale et
celle des trois autres groupes faisant partie de l'an-
cienne Société des mines de la Loire, s'il y a lieu) à
abandonner la propriété, en faveur du syndicat des mi-
neurs de Rive-de-Gier, légalement autorisé, des conces-
sions de Collenon, Reclus, la Cappe (moins une ré-
serve en partie basse constituant le champ d'exploita-
tion du puits Saint-Denis et située à l'ouest de la faille
de Frère-Jean), Gravenand, la Montagne-du-Feu, Croza-
gaque, la Verrerie-Chantegraine, Gourd'marin, les Deux-
Verchères, Combes, Eygarandc et Couzon (pour ces
deux dernières, la Compagnie se réserve naturellement
l'indemnité qui lui est due par la Compagnie P.-L.-M.,
affaire en instance devant le conseil de préfecture).
Le syndicat acceptera naturellement de remplir toutes
les charges inhérentes à la propriété de ces concessions,
c'est-à-dire qu'il est substitué purement et simplement
aux lieu et place de la Compagnie concessionnaire.
Les ouvriers mineurs, en attendant l'autorisation gou-*
vcrnementale et la ratification de l'assemblée générale,
peuvent, dès aujourd'hui, pénétrer dans les travaux et
prendre toutes leurs dispositions, pour l'exploitation,
sous la surveillance de l'administration. Tous les tra-
vaux nécessaires à l'exploitation des concessions encore
détenues par la Compagnie seront conservés et res.
pectés.
Le 2 septembre 1886. Le directeur,
RAVEAUD.
M. Laur donne ensuite, au sujet des mesures
qu'il a prises et de la situation des concessions
qui sont énumérées ci-dessus, les renseignements
suivants
Sans perdre un moment, au reçu de cette lettre, nous
avons engagé le syndicat à commencer l'exploitation
sur deux points où il y a notamment du charbon ex-
ploité clandestinement par des propriétaires. Ce ne sera
pas bien malin, et le syndicat fera respecter sa Dropriété,
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