Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-05-25
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mai 1873 25 mai 1873
Description : 1873/05/25 (Numéro 4424). 1873/05/25 (Numéro 4424).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
mai 1873.
1" Tous les homme's de 14 à 60 ans devront
prendre les armes et se joindre aux colonnes
pour combattre les carlistes.
2° Ils devront se munir des armes blanches
ou à feu qui seront à leur disposition.
s 3° Les volontaires ou miliciens des villages
devront aussi se joindre aux-troupes.
Y <" Les maires des populations feront délivrer
à tous ceux qui feront partie de la battue (du
somaten) cinq rations de pain et la solde et l'as-
."sistamee nécessaires si les opérations duraient
plus que. le temps supposé.
5° L'autorité militaire prendra la direction des
opérations.
6° Les forces civiques des villages devront
''donner avis de l'approche de l'ennemi ou des
positions qu'il aura prises.
Les municipalités foraines sont responsables
de l'exécution du présent ordre; celles qui refu-
seraient ou mettraient de là lenteur dans leur
exécution seront frappées d'une amende de 1,000
à/10,000 duros (de. 5,000 à 50,000 piécettes).
> Le capitaine-général ajoute « Le moment est
venu de choisir entre la paix et la guerre, et
contre un ennemi qui ravage le pays sans s'ex-
poser à se rencotitrer avec nos troupes, il ne
reste plus que ce moyen suprême. Le salut du
• pays dépend de la décision de ses habitants. »
D'un autre côté, le brigadier Martinez del
Campos a ordonné à la Compagnie des chemins
do fer de Barcelone à Figueras de reprendre le
service jusqu'à/Gerone. Des forces imposantes
~échelonnées, 'sur la ligne ferrée assureront le
service.
Un service de signaux télégraphiques combi-
né epXe.fi l'entreprise et l'autorité militaire met
les envoyés à l'abri d'un coup de- main.
«
Voici le texte d'un ordre du jour mo-
1i vé relatif à l'interpellation de la droite,
et qui est proposé par M. Antonin Lefè-
vre-Pontalis, député de Seine-et-Oise
L'Assemblée nationale, décidée à passer
à l'examen des lois constitutionnelles pro-
posées par le gouvernement et attendant
ou mimstère une politique résolument
conservatrice, passe à l'ordre du iou''
+~
Un lit dans le Bien public
Les chefs de la coalition auraien-t, si
3ious sommes bien renseignés, pris leurs
précautions dans le cas d'un succès de
plus en plus improbable. De hauts fonc-^
iionnaires civils et militaires auraient été
tâtés. Nous n'attachons pas à ce rensei-
gnement, fort exact cependant, plus d'im-
portance qu'il ne faut. La prévoyance est
une vertu, surtout en politique; cependant
on en peut conclure que les promoteurs
de l'interpellation ne poursuivent pas,
.comme ils le prétendent, l'amélioration
du gouvernement, mais la conquête du
pouvoir.
e~~
Réunion du centre droit.
Le centre droit s'est réuni hier à une heure, à
l'hôtel Vatel, à Versailles, sous la présidence de
"M. Delille. Plus de cent membres étaient pré-
sents.
Plusieurs orateurs demandent que la réunion
examine si l'on doit appuyer ou combattre la
proposition qui doit être faite de voter au scru-
• tin secret sur l'interpellation qai sera discutée
à l'Assemblée il la seance de ce jour.
M. Lambert de Sainte-Croix combat le scrutin
secret; il termine en disant que le premier de-
voir d'un grand parti politique est de s'affirmer
vis-à-vis de ses amis comme en face de ses ad-
VGrsflicfiS t.
MM. de Cumont, Adrien Léon, soutiennent
l'opinion de M. Lambert de Sainte-Croix.
M. Paris parle dans le même sens, tout en
exposant qu'une autre réunion parlementaire à
laquelle il appartient a exprime à une grande
majorité un avis favorable au scrutin secret.
MM. le général Mazure, Keller et Chesnelong,
au noiuM'uiic réunion formée de nombreux dé-
puté* qui n'appartiennent à aucun groupe, sont
mtroduits t 1 viennent offrir au centre droit le
concours de cette réunion pour obtenir du gou-
vernement qu'il donne, par des actes et non pas
s'îuieinci t par de simples déclarations, des ga-
rantios conservatrices. Ils ajoutent que la reu-
nion, au nom de laquelle ils sont délégués, s'est
prononcée pour le scrutin secret.
M. le général de Chabaud-Latour présente de
nouvelles observations en faveur du scrutin pu-
b'ic. La discussion est close.
Le rentre droit, consulté par M. le président,
se prononce à une grande majorité en faveur du
scrutin public.
A l'unanimité moins deux ou trois voix, la
réunion décide qu'elle suivra dans le vote de
l'ordre du jour ceux de ses membres qui sont
chargés de conduire la discussion, et de pro-
poser un ordre du jour répondant aux senti-
ments conservateurs des signataires de l'inter-
pellation.
Réunion des députés conservateurs.
La réunion convoquée par M. Pradié pour hier
vendredi, à onze heures, a été, très nombreuse.
Elle a été d'environ 120 députés n'appartenant
pour la plupart à aucun groupe. M. Raoul Du-
val a fait connaître le but de la réunion, qui
est, dit-il, de grouper toutes les forces conserva-
trices pour mettre un terme à la politique de
l'équivoque.
La réunion a décidé, à la presque unanimité,
qu'elle repousserait tout ordre du jour transac-
tionnel, et qu'elle voterait l'ordre du jour qui
aurait pour objet un changement de politique et
de personnes..
de Elle a nommé, enfin, six commissaires ou
membres du bureau qui devront se mettre im-
médiatement en communication avec les com-
missaires ou membres du bureau de la droite
et du centre droit. Ont été nommés membres
du bureau: MM. Changarnier, Pradié, comte
Daru, Chesnelong. Keller, Raoul Duval."
Immédiatement trois de ces commissaires se
sont m1s en communication avec le centre droit
et avec la droite, oui étaient en séance, pour
leur faire part du résultat des délibérations de
la réunion.
+
NOUVELLES DU JOUfc
i..
~Les trois fractions de la gauche, repré-
sentées par leurs bureaux, se sont mises
d'accord pour opposer à l'interpellation
l'ordre du jour pur et simple. Le groupe
Casimir Périer se serait rangé à cet avis
dans une courte réunion tenue avant la
séance de la Chambre.
Quant au gouvernement, il ne serait pas
encore décidé entre l'ordre du jour pur et
simple ou un ordre du jour motive. Cela
dépendra des ordres du jour de la droite
qu on ne connaît pas.
M. Fourcand, président de la gauche, et
M. Christophle, président du centre gau-
che ont fait part hier matin àM.Thiers
de la détermination de tous les partisans
du gouvernement de voter l'ordre du jour
pur et simple.
M. Thiers, dans cette entrevue, s'est
montré, dit le Siècle, très confiant dans
-l'issue de la bataille:
II a confirmé toutefois à ces deux repré •
sentants son intention de se retirer dans
le «as où il se trouverait en minorité.
Le bureau de la gauche républicaine,
conformément à la décision prise par cette
réunion dans sa séance de lundi dernier,
s'est rendu hier chez M. Jules Simon pour
porter au ministre démissionnaire l'ex-
pression de la sympatMe/tlu groupe parle-
-Tnentaire qu'il représente.^ ;>moj.i- > u
Aujourd'hui l'Académie des sciences mo-
rales et politiques aprocédé au remplace-
ment de M. Ch. Dupin.
Sur 23 votants, M. Joseph Garnier a
obtenu 12 suffrages, M. Batbie 9, M. Audi-
ganne l, M. Victor Bonnet 1. M. Garnier
est.élu.. ,-ji,
Nous avons reproduit hier, à titre de
renseignement, une note du Bien public
sur tëi séparation projetée de la direction
des théâtres et de la direction des beaux-
arts. Il va sans dire que nous ne nous as-
socions en aucune manière à l'argumen-
tation de notre confrère sans se pronon-
cer personnellement sur la valeur de cette
mesure, on peut trouver bizarre que le
ministre' des beaux-arts soit désormais
.étranger à l'Opéra, â I'Opéra-Comiqne, à
iCComédie-Françaisa, c'est-à-dire à l'art
dramatique et à l'art lyrique. Quant à la
censure, c'est le gouverneur de Paris qui
l'exerce, et le ministère de l'intérieur n'a
à s'en occuper que provisoirement et à ti-
tre consultatif, à raison de l'état de siège,
mesure temporaire.
M. Guerrin, adjoint an maire de Che-
milly (Haute-Saône) a été, par arrêté pré-
fectoral du 14 mai, suspendu de ses fonc-
tions,. pour s'être abstenu de toute inter-
vention dans une rixe qui se passait sous
ses yeux et dans laquelle six officiers du
9° régiment de hussards, en garnison à
Chemilly, ont été insultés.
Par arrêté du 17 mai, M. Thiéry, maire
de Lavoncourt, a été suspendu de ses
fonctions pour avoir néglige d'avertir la
justice d'un crime d'infanticide commis
dans cette commune quoiqu'il en fût
averti par la rumeur publique. Ce fonc-
tionnaire s'est refusé, en outre, à répon-
dre aux questions qui lui ont .été posées
par le juge d'instruction.
La Décentralisation, de Lyon, dit qu'une
nouvelle fort grave vient de lui parvenir
les ouvriers mineurs du bassin de la
Loire auraient annoncé la résolution de
se mettre en grève dans le courant du
mois prochain.
Rien, heureusement, dans les journaux
de diverses nuances que nous recevons de
Saint-Etienne, de la Loire et de la Haute-
Loire, ne confirme cette nouvelle.
Le Courriel' du Bas-Rhin dit que des
pourparlers engagés font penser que M.
Klein, ancien maire de Strasbourg, con-
sentira à reprendre ses fonctions.
La vie publique ne semble pas près de
renaître en Alsace. Dimanche dernier des
élections pour sept conseillers municipaux
ont eu lieu à Sainte-Marie-aux-Mines. Or,
sur 2,000 électeurs inscrits, le candidat le
plus favorisé n'a réuni que 65 voix. Il
n'y a pas eu d'élection. Le Courrier du
Bas-Rhin annonce que l'on se voit réduit
à recourir à un nouveau voté demain, di-
manche.
On lit dans la Nouvelle presse libre, de
Vienne, du 22 mai
L'effondrement de nombreux comptoirs de
bourse, des maisons Placht, Petschek, Square-
nina, Reichenberg, a enfin déterminé le gouver.
vernemènt à ordonner un examen sévère de la
situation de la caisse et des agissements de tous
les comptoirs de bourse de Vienne, afin de pré-
venir, dans la mesure du possible, des éventua-
lités semblables. Dans la journée d'aujourd'hui,
l'on a commencé l'exécution de cette mesure.
Deux employés supérieurs du bureau de sûreté
de la direction de la police se sont présentés en
habits civils,, dans la matinée, dans un comp-
toir de bourse et de banque sur le Schottenring,
et ont entrepris la révision des livres, de la cor-
respondance'et de la caisse. Après plusieurs
heures de travail, les agents ont constaté que
les bruits accueillis par le public étaient faux.
La révision des comptoirs sera continuée inces-
samment.
+
Conseil supérieur de l'instruction publique.
On lit dans le Journal officiel
Le 23 mai, M. le ministre de l'instruction pu-
blique a réuni dans son cabinet M. Jourdain,
inspecteur général de l'enseignement supérieur,
et M. Mourier, vice-recteur de l'Académie de
Paris, désignés pour procéder, sous sa prési-
dence, au dépouillement des votes des profes-
seurs des facultés des .divers ordres pour le
dhoix de leurs délégués au conseil supérieur' de
l'instruction publique.
M. Manuel, chef du cabinet et du secrétariat,
assistait à la séance en qualité de secrétaire.
Le dépouillement a donné les résultats sui-
vants
Dans l'ordre des facultés de droit, "78 profes-
seurs ont pris part au vote. M. Giraud, inspec-
teur général de l'enseignement supérieur, pro-
fesseur à la faculté de droit de Paris, a obtenu
46 voix; M. Demolombe, professeur à la faculté
de droit de Caen, 16 M. Bertauld, professeur à
la même faculté, 6; M. Valette, professeur à la
faculté de droit de Paris, 4; M. Bourbeau, pro-
fesseur à la faculté de droit de Poitiers, 3; M.
Colmet-d'Aage, doyen de la faculté de droit de
Paris, 1. Bulletins blancs, 2.
Dans l'ordre des facultés de médecine, 57 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Wurtz, doyen
de la faculté de médecine de Paris, a obtenu 47
voix; M. Bouisson, doyen de la faculté de mé-
decine de Montpellier, 6; M. Gavarret, profes-
seur à la faculté de médecine de Paris, 2 M,
Tardieu, professeur à la même faculté, 1. Bulle-
tin blanc, 1.
Dans l'ordre Ces facultés des sciences, 84 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Milne-Edwards,
doyen de la faculté des sciencees de Paris, a ob-
tenu 55 voix M. Paul Bert, professeur à la mê-
me faculté, a obtenu 24 voix; M. Isidore Pierre,
doyen de la faculté des sciences de Caen, 3; M.
Fabre, doyen de la faculté des'sciences de Mar-
seille, 2.
Dans l'ordre des facultés des lettres, 68 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Patin, doyen
de la faculté des lettres de Paris, a obtenu 52
voix; M. Abel Desjardins, doyen de la faculté
des lettres de Douai, en a obtenu 14; M. Paul
Janet, professeur à la faculté des lettres de
Paris, 2.
En conséquence, sont élus membres du con-
seil supérieur de l'instruction publique, M. Gi-
raud, inspecteur général de 6l'enseignement su-
périeur, professeur à la faculté de droit de Pa-
rls M. Wurtz, doyen de la faculté de médecine
de Paris; M* Milne-Edwards, doyen de la facul-
té des sciences de Paris M. Patin, doyen de la
faculté des lettres de Paris.
Fait à Paris, le 23 mai 1873.
Le ministre de l'instruction publique,
WADDINGTON.
JOURDAIN, MOURIER, EUGÈNE MANUEL.
ACTES OFFICIELS
Le Journal officiel contient la promulgation
de la loi dont la teneur suit
Article unique. Les dispositions de la loi pro.
visoire du 16 septembre 1871, relative à l'orga-
nisation et aux attributions du conseil général
du département de la Seine, continueront à être
observées jusqu'à ce qu'une loi définitive ait été
votée par l'Assemblée nationale, ou, au plus
tard, jusqu'à l'expiration des pouvoirs des mem-
bres du conseil municipal de Paris, actuellement
en fonctions.
Les pouvoirs des membres du conseil général,
constitués en exécution de ladite loi, expireront
à la même époque.
Délibéré en séance publique, à Versailles le
21 mai 1873.
Le Journal officiel publieun décret, en date
du 19 mai, qui réglemente la vente des huiles de
pétrole.
FAItS' 1 V'E R S'
Aujourd'hui, 24 mai, la thermomètre de la
maison A. Queslin, 1, rue de la Bourse, mar-
quait
A 7 heures du matin, 10 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin, 15 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A 1 heure après-midi, 19 degrés 0 .dixième
au-dessus de zéro. >
Hauteur barométrique, 760.
M. Thiers a promis de venir assister di-
manche prochain à l'ouverture de la grande ex-
position canine qui aura lieu au Jardin d'accli-
matation du bois de Boulogne, et qui doit du-
rer jusqu'au dimanche suivant.
Les serres de la ville de Paris, établies ave.
nue d'Eylau, 137, à Passy, seront ouvertes au
public tous les jours de 2 heures à G heures, du
dimanche 25 mai au dimanche. 1« juin inclusi-
vement, pour visiter les azalées en fleurs.
Ce matin a eu lieu l'exécution du nommé
Couturier, condamné à la peine de mort par la
cour d'assises de la Seine.
Hier à six heures et demie, un porteur de
journal a trouvé avenue Uhrich, devant le n° 33,
un paquet contenant le cadavre d'un enfant
nouveau-né.
La tête était presque complètement séparée
du trono; et ne tmait plus que par un mince
lambeau de chair.
Le porteur, a fait immédiatement part de sa
trouvaille au gardien de la paix Charbilli, qui a
transporté le tout chez M. Tomasi, commissaire
de police du quartier des Bassins.
Le corps a été transporté à la Morgue, où M.'
le docteur Tardieu en fera l'autopsie.
On mande de Nantes, le 23 mai, 6 heures
40 minutes du soir
« Les funérailles civiles du docteur Guépin
viennent d'avoir lieu. Une foule immense d'ou-
vriers et de bourgeois suivait le convoi ou for-
mait la haie. Il n'y a eu aucun désordre. »
Une note communiquée au Salut public de
Lyon annonce un « pèlerinage des hommes à
Notre-Dame do Fourviéres » pour dimanche 25
mai. Les pèlerins doivent se réunir à midi et
demi à Saint-Jean, pour monter en procession à
Notre-Dame dé Fourvières.
On écrit de Metz à la Gazette de Francfort
que M. H. ingénieur français, a été blessé
grièvement par un soldat allemand, dans la
nuit de dimanche dernier. L'agresseur a pris la
fuite.
Un incendie qui a éclaté au Mans dans la
nuit du mercredi au jeudi, chez M. Pavy, place
de l'Eperon, a dévoré huit maisons.
Les pertes, purement matérielles, sont éva-
luées à une centaine de mille francs.
On écrit de Gerone à l'Indépendant dea Py-
rcnéeS'Orienlales
«Dans la nuit de samedi à dimanche, la voi-
ture qui fait le service de dépêches entré Ge-
rone et Barcelone a été détroussée et compléte-
ment dévalisée à 15 kilomètres de Gerone.
» La voiture contenait onze voyageurs et qua-
tre dames arrivée au col de las Fulinas, elle
fut tout à coup cernée par une bande de bri-
gands. Le chef ordonna au conducteur de des-
cendre de son siège et de lui livrer ses dépê-
ches puis, pour rassurer les voyageurs, il leur
dit Vous n'avez rien à craindre.
» Mais aussitôt, les brigands s'emparèrent du
.conducteur, lui lièrent les mains derrière le dos
et le couchèrent à plat ventre sur le bord de la
route à l'arrière de la voiture. Vint ensuite le
tour du postillon et celui des onze voyageurs,
sans excepter les femmes, qui subirent le même
sort.
» Cette opération achevée, les brigands, au
nombre de cinq seulement, dit-on, armés de
grands coutelas catalans, se mirent à fouiller
très minutieusement tous les voyageurs éper-
dus ils enlevèrent bourses, portefeuilles et tous
les bijoux, puis se mirent à visiter la voiture, et
sous prétexte de chercher les dépêches, ils s'em-
parèrent d'une petite caisse contenant des bijoux
pour une valeur de dix à douze mille francs.
» Leur opération terminée, ils prirent la fuite
en abandonnant les malheureux voyageurs dans
la situation indiquée plus haut. »
ASSEMBLÉE NATIONALE
Séance du vendredi 23 mai 1873.
PRÉSIDENCE DE M. BUFFET () j
Quoique plusieurs réunions se soient tenues
dans la matinée à Versailles, les députés sont
très nombreux au train de midi et demi, qui
emporte également et les personnes favorisées
de billets et celles qui espèrent l'être au der-
nier moment. La pluie a cessé à l'arrivée, et les
fiacres découverts, rapidement remplis, dévo-
rent l'espaca qui sépare la gare de la rive droi-
te de la cour de Maroc. Tout le monde fait la
remarque qu'une de ces voitures emmène MM.
Challemol-Lacour, Brelay et Gambetta, en com-
pagnie de M. le général Changarnier, mais nul
n'a le mauvais esprit d'en être scandalisé.
Les groupes ordinaires stationnent à la porte
du palais. A l'intérieur, l'élément parlementaire
et féminin envahit les corridors, les escaliers,
les couloirs. Les tribunes commencent à se
garnir. Nous y remarquons, au hasard de la lor-
gnette, plusieurs membres du corps diplomati-
que M. Washburne, ministre des Etats-Unis,
entre autres, qui, du reste, a assisté à toutes les
séances depuis la rentrée MM. Odilon Barrot,
Pascal, Mac-Mahon, général Bataille, amiral
Krantz, Jérôme David, Léopold Lehon, Maurice
Richard, colonels Lambert et Fabre, Cochut, di-
recteur du Mont-de-Piétô, Mmes de la Rochefou-
cauld, Casimir Périer, Mme Thiers et la prin-
cesse Troubetzkoï. Dans la salle les députes se
dirigent petit à petit vers leurs places. M. Du-
faure s'assied le premier au banc des ministres.
Le président de la république ne tarde pas à y
rejoindre les membres du cabinet. Il a un par-
dessus jeté sur le bras gauche, une liasse de
papiers dans la main droite, et paraît de très
bonne humeur. On s'abstient de se précipiter
vers lui comme d'habitude, et cette discrétion,
qu'on avait déjà montrée au 29 novembre, se
conçoit par des i aisons diverses de la part des
deux côtés de la Chambre.
Que dire des bruits qui circulent S'ils ont
paru contradictoires au moment même, combien
n'ont-ils pas chance de le paraître encore da-
vantage quand on lira ce que nous écrivons,
et que la tournure, sinon l'issue du débat, sera
connue du pays tout entier Ces conjectures
se résument, d'ailleurs, en deux courants prin-
cipaux l'un, venant de la droite, répand la
nouvelle de défections croissantes dans le grou-
pe. de la république conservatrice, que le gou-
vernement s'était flatté d'entraîner par M. Casi-
mir Périer; suivant l'autre, au contraire, ce se-
raient des membres du centre droit qui se dis-
poseraient à abandonner la politique de combat
pour peu qu'on leur en offrit le prétexte. Il est
certain du moins que les coalisés, avant même
d'être vainqueurs, ont conçu des soupçons les
uns vis·à-vis des autres sur les suites de la vic-
toire. Ce qui est non moins certain, c'est qu'on
prête au gouvernement la résolution de mettre
dans son langage toute la fermeté que compor-
te une heure si décisive.
A deux heures et demie, M. Buffet monte au
fauteuil.
M. le vicomte Blin de Bourdon, l'un des se-
crétaires, donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance.
Le procès-verbal est adopté.
M. Thiers, président de la république, est au
banc du gouvernement.
M. Dutaure, garde des sceaux, vice-président
du conseil des ministres. Je demande la pa-
role.
M. le président. La parole est à M. le vice-
président du conseil.
M. le vice-président du conseil. Mes-
sieurs, avant l'ouverture de la discussion et
conformément à l'article 4 de la loi du 13 mars
1873, j'ai l'honneur de communiquer à l'Assem-
blée la délibération suivante du conseil des mi-
nistres
« Le conseil des ministres, après en avoir dé-
libéré, déclare que l'interpellation déposée dans
la séance du 19 de ce mois sur le bureau de
l'Assemblée, se rattachant à la politique géné-
rale du gouvernement et engageant ainsi la
responsabilité du président de la république,
» Le président exercera 'le droit de prendre
part à la discussion, droit qui résulte pour lui
des dispositions de l'article 4 de la loi du 13
mars 1873.
» Délibéré à Versailles, le 20 mai 1873. »
Suivent les signatures de tous les membres
du conseil MM. Dufaure, Léon Say, Rémusat,
général de Cissey, Teisserenc de Bort, de Four-
fou, Waddington, Casimir Périer, A. Pothuau,
Bérenger:
M. le président. Il est donné acte à M. le
vice-président du conseil de, la communication
qu'il vient de faire à l'Assemblée.
On a remarqué que, dans la phrase qu'il vient
de prononcer, M. Buffet s'est repris sur l'expres-
sion « garde des sceaux », pour dire « M. le
vice-président du conseil des ministres. »
L'ordre du jour appelle la discussion de l'in-
terpellation d un grand nombre de députés con-
cernant les dernières modifications ministé-
rielles et la politique intérieure du gouverne-
ment.
La parole est à M. le duc de Broglie.
M. le duc de Broglie. Messieurs, l'inter-
pellation déposée par nous, et qui a reçu l'adhé-
sion de plus de trois cents signataires, porte
sur deux choses la nécessite reconnue par
ceux qui interpellent de voir à la tête des af-
faires, dans la gravité de la situation présente,
un cabinet dont la fermeté rassure le pays;
l'impatience éprouvée parles mêmes députés de
savoir si le cabinet qui est sur ces bancs, avec
les modifications qu'il a subies, répond à cette
nécessité.
Je ne serais pas tout à fait sincère si je n'a-
joutais pas que le doute, un doute profond,
existe à cet égard dans leur esprit. (Mouve-
ment) et que la discussion présente a pour but
de savoir s'il peut être dissipé.
Quelle est donc, messieurs, la gravité de
cette situation et dans quel état cette situation
trouve-t-elle l'administration de la France ?
Aux yeux des signataires, la grayit$ de la
.< .1: ~¡..l.
situation se résume en ceci la possibilité ré-
vélée par les dernières élections de voir arriver,
dans un délai plns ou moins prochain, le parti
radical à la tete des affaires par la voie du suf-
frage universel, tel qu'il est organisé aujour-
d'hui. La possibilité du triomphe du parti radi-
cal, voilà ce qui constitue à leurs yeux la gra-
vité de la situation. N
Si lo' parti radical était un parti politique
comme ceux qui divisent ordinairement les
Assemblées, le triomphe de ce parti sur un
autre serait une de ces vicissitudes auxquelles
tous doivent s'attendre et dont personne ne doit
ni s'effrayer ni s'indigner. Mais le parti radical
n'est pas un parti politique ordinaire c'est
avant tout et surtout, chacun le sait, un parti
social.
Je n'essaierai point de déterminer par des dé-
finitions théoriques qui seraient toujours con-
testables et qui venues de ma part seraient
certainement contestées, quelles sont les doc-
trines du parti radical. Je me bornerai à dire,
t ceux qui représentent ici le parti radical ne
le contesteront probablement pas, qu'aux
yeux de ce parti, dans la France, telle que la
révolution de 89 l'a faite, avec le suffrage uni-
versel, avec l'égalité civile absolue, avec la li-
berté religieuse, il y a encore à accomplir de
profondes réformes, presque des révolutions so-
ciales. C'est, par conséquent, un parti qui me-
nace la société actuelle dans ses bases, pour les
refondre, sinon pour les détruire. Voila ce qui
rend son triomphe si redoutable pour cette so-
ciété même, qui ne paraît pas généralement
pressée de se soumettre à ce travail de refonte,
qui pourrait être un travail de destruction.
(Très bien très bien 1 à droite et au centre
droit 1)
Mais dans des temps de révolution comme le
nôtre; les doctrines ne restent pas longtemps à
l'état de théorie; elles se réalisent dans les faits
et s'incarnent dans les hommes.
Or, il y a pour nous un grand fait qui domine
toute notre situation intérieure, et qui l'éclaire
encore de ses sinistres lueurs, c'est le souvenir
de cette épouvantable insurrection qui a me-
nacé, au début de cette Assemblée, la souverai-
neté nationale, et que cette Assemblée a dû,
comme le héros de la fable, étouffer dans son
berceau.
Quels ont donc été les rapports du parti radical
avec la Commune de Paris Je ne veux calom-
nier personne; je ne dirai pas qu'il ait approuvé
toutes les doctrines ou justifié tous les crimes de
la Commune de Paris; je dirai simplement, et
je ne crois pas que ses représentants ^le contestent,
que dans ce débat entre l'Assemblée et la
Commune de Paris, le parti radical a pensé que
les torts étaient partages; il a pensé que si la
Commune de Paris avait des prétentions exagé-
rées, elle avait aussi des griefs légitimes, et que
si nous avions, nous, des -droits, nous les avions
dépassés dans l'application.
Que telle soit l'opinion du parti radical, que
ce soit son opinion sur les faits d'il y a deux
ans, cela n'est pas douteux. Les noms seuls des
nouveaux collègues que le parti radical envoie
dans cette enceinte le démontrent jusqu'à l'évi-
dence.
Notre nouveau collègue, M. Barodet, est venu
exprès à Paris pour opérer une pacification en-
tre la Commune et l'Às?emblée et s'est plaint,
à son retour, dans un document public, d'avoir
trouvé une égale ardeur de dissentiment, un
égal défaut d'esprit de conciliation à Paris et à
Versailles.
Notre nouveau collègue, M. Ranc, a siégé dans
la Commune de Paris; il a pris part à quelques-
uns de ses faits les plus sinistres, et, sans un
scrupule tardif et un ralentissement de la jus-
tice qui n'est pas encore expliqué, il aurait figu-
ré parmi les accusés. (Vifs applaudissements à
droite et au centre droit.)
Une double salve d'applaudissements et de
bravos salue cette dernière allusion. La gauche
ne répond pas un mot, ne fait pas un geste.
Telle a été son attitude pendant toute cette
séance, où la droite a témoigné quelque sage
envie de l'imiter, mais n'y a pas réussi. Plus loin,
les passages du discours de M. de Broglie, rela-
tifs aux lettres de M. Barthélemy Saint-Hilaire,
ont excité son allégresse. Quant à M. Jules Si-
mon, qui considérait attentivement les frises de
la salle pendant qu'on parlait de lui, ce qui le
concevait a certainement été souligné, mais
dans mie espèce de mezza voce discret qui te^
moignait de 1 empire gardé par l'ancien ministre
sur plus d'un membre de cette Assemblée.
« Notre nouveau collègue, M. Lockroy, a donné
sa démission de membre de cette Assemblée,
où il siégeait déjà, pour ne pas prendre part à
sa résistance.
Enfin, le chef avoué, quoique pas toujours
obéi, du parti radical, l'honorable M. Gambetta,
parlant dernièrement à Belleville des souvenirs
de la Commune, s'est plaint que Paris eût été
livré à toutes les horreurs dune réaction fu-
rieuse.
Ajouterai-je enfln, pour compléter le tableau,
que sinon un de nos collègues lui-même au
moins un de ses patrons, un de ceux qui, dans
les réunions publiques, appuyaient sa candida-
ture, un procureur de la république démission-
naire volontaire seulement de l'année dernière,
M. Andrieux, ami et soutien du docteur Guyot,
un des correspondants de l'honorable M. Bar-
thélémy Saint-Hilaire– (Rires ironiques à droite)
s'exprimait ainsi
« Je n'hésite pas à dire que c'est l'Assem-
blée qui a fait l'insurrection du 18 mars,
et quelle est responsable du sang et des
ruines qui ont marqué le passage de la Com-
mune.» »
Voilà, messieurs, quelle est l'opinion, non pas
de tous les membres, mais d'une grande frac-
tion du parti radical sur les souvenirs effroya-
bles que .je vous rappelle. Je résume cette opi-
nion dans ces mots qu'à leurs yeux les torts
sont partagés et qu'il y a une réparation à faire
à la Commune de Pans.
De là, messieurs, le programme que le parti
radical a développé dans les dernières, élections,
programme qui se réduit à trois termes disso-
lution immédiate de cette Assemblée qui a été
le boulevard de la société contre la Commune,
amnistie de tous les condamnés de la Commu-
ne, levée immédiate de l'état de siège qui est
une précaution contre le retour de pareilles
horreurs. On n'y joint pas le. réarmement de la
garde nationale; mais je pense que cette con-
séquence des mêmes principes y est également
comprise.
Imaginez, messieurs, avec ces doctrines d'un
côté, avec cette appréciation de faits récents,
et si récents (car lis sont bien récents, puisque
à la date d'hier il y a eu deux ans seulement
que l'armée française est entrée dans Paris),
avec cette appréciation de l'autre, ce que peut
être le triomphe légal du parti radical I Imagi-
nez une Assemblée dont la majorité serait radi-
cale, rentrant dans Paris pour réformer la so-
ciété, aux acclamations des amnistiés de la
Commune 1 Imaginez-vous le spectacle qu'un
tel événement donnerait. J'ose dire que cela
serait la revanche légale de la Commune de
Paris. (Oui 1 oui 1 Très bien 1 très bien à à
droite et au centre droit:)
Voilà, messieurs, l'éventualité qui, aperçue
par la société, l'a pénétrée de terreur, et qui "ré-
sume, pour nous, la gravité de la situation dont
parle l'interpellation. Naturellement, nous avons
dû nous demander ce que pensait, dans une
pareille éventualité, ce que préparait pour la
prévenir, ce que jugeait nécessaire et convena-
ble le gouvernement qui a reçu de nous le dé-
pôt du pouvoir exécutif.
Loin de moi l'idée que ce gouvernement, re-
présentant l'Assemblée et régissant la France
en son nom, ait pour les doctrines du parti ra-
dical le plus léger degré de sympathie les con-
séquences que ces doctrines emporteraient le
menacent comme nous, au même degré, plus
que nous peut-être, puisqu'il a eu l'honneur de
marcher à notre tete pour triompher de ces
nouveaux barbares.
Mais le danger que je signale n'est pas nou-
veau. Il a apparu le 27 avril et le 11 mai sous
une forme vive et pressante que personne n'a
pu méconnaître, et nous l'avions déjà aperçu
plusieurs fois à l'horizon sous des traits moins
apparents, et par des démarches successives
nous l'avions signalé au gouvernement. Nous
avions alors cru remarquer dans le sein du
gouvernement, au sujet de ses rapports avec le
parti radical, deux tendances, deux manières
de voir, deux manières de se conduire qui
étaient en conflit tacite l'une avec l'autre, conflit
qui, dans ces derniers temps, s'est accusé tout
à fait. Il nous avait toujours semblé qu'il y
avait dans le gouvernement une tendance
franchement, ouvertement hostile aux doc-
trines comme aux pratiques du parti radical,
décidée à user, pour le combattre, de toute l'é-
tendue des moyens légaux, des moyens maté-
riels que'la loi permet, et de la force morale
dont tout gouvernement dispose, une tendance
décidée, en un mot, pour une politique de résis-
tance aux doctrines comme aux pratiques du
parti radical. A côté de cette tendance, nous en
avons toujours distingué une autre, d'après la-
quelle on semblait penser que dans les rapports
avec le parti radical, les ménagements, les con-
cessions, les compromis étaient la meilleure
manière d'apaiser ses passions ou d'amoindrir
ses prétentions qu'il fallait user avec lui de
douceur, de patience, ne pas aller jusqu'au
bout des moyens légaux, ne réprimer que l'ex-
cès du désordre matériel, n'entrer en conflit
avec lui qu'à la dernière extrémité, et en tem-
pérant par la bonne grâce des relations, ce que
pouvait avoir de rude la répression légale. (Nou-
velle approbation à droite. Mouvements di-
vers. )
Ces deux tendances, messieurs, nous ne som-
mes pas surpris de les rencontrer; dans les
temps de révolution, elles partagent ordinaire-
ment les assemblées. Ces deux tendances se
sont rencontrées, après la révolution de Juillet
dans deux partis commandés par dos hommes
inégalement illustres, mais également honora-
bles elles sont au fond de la nature des cho-
ses comme de l'esprit humain. Nous ne nous
sommes donc pas étonnés de les voir repa-
raître.
Mais ce qui est peut-être plus surprenant, c'est
de les voir réunies dans le même ministère,
dans le même cabinet, à côté l'une de l'autre,
ayant chacune leur jour, leur moment d'empire
prévalant par intermittence et se partageant,
en quelque sorte, la carte de France, de maniè-
re que des régions entières semblaient abandon-
nées par l'administration, à l'une ou à l'autre.
(Rires d'adhésion sur plusieurs bancs à droite.)
olà pourtant le spectacle auquel, il faut bien
le dire, le gouvernement nous a fait assister
depuis deux ans. Que ces deux tendances aient
été suivies et pratiquées par lui tour à tour,
suivaiït les lieux et les heures, j'en appelle àvos
souvenirs; j'en appellerai au. souvenir de ces
discussions qui, quelquefois dans le même dé-
bat, ont valu anx organes du gouvernement ou
les applaudissements qui partaient de la pointe
extreme de ce cdté (la gauche) ou aés adhé-
sions qui partaient du sommet de celui-ci (la
droite).
J'en appellerai aux souvenirs que chacun a
pu rapporter de son département, de ces con-
damnations provoquées par les magistrats con-
tre des individus subitement graciés par des
interventions supérieures; j'en appellerai au
souvenir de ces promotions de fonctionnaires,
où la part semblait à dessein également faite à
deux éléments contradictoires j'en appellerai
enfin au souvenir do ces correspondances tant
dé fois parties du secrétariat général, de la pré-
sidence, et tant de fois désavouées dansle Jour-
nal officiel.
Dans tous ces faits, les deux tendances étaient
visibles; on les saisissait aux prises l'une avec
l'autre. Dans le cours de la session dernière, en
particulier, ces conflits et ces différends se sont
accusés aux yeux du public tous les jours da-
vantage, à ce point qu'on a commencé à nom-
mer dans le cabinet ceux qui représentaient
l'une et l'autre. (C'est vrai 1 c'est vrai à droite.)
Eh bien, les élections de Paris du 27 avril, et
déjà même les préliminaires bruyants de' ces
élections, ont fait passer ce conflit de tendan-
ces, de l'état latent et tacite à l'état public et
aigu. Le conflit a éclaté alors à tous les yeux de
manière à ne plus pouvoir être dissimulé.
Je ne veux pas prolonger cette discussion. Je
ne prendrai donc que deux faits très caractéris-
tiques et incontestables.
La conduite du gouvernement à l'égard de la
loi sur la municipalité lyonnaise est le premier
de ces faits. La nécessité de cette loi a été pour
la première fois signalée à cette tribune par M.
la ministre de l'intérieur c'est lui qui a dit dans
la discussion sur la police de Lyon que le dé-
sordre moral était tel à Lyon,qu'on ne pouvait
pas le souffrir plus longtemps. C'est le ministre
de l'intérieur qui a présenté la première loi
pour v porter remède.
Modifiée par la commission, cette loi a été ac-
ceptée dans ses modifications par le gouverne-
ment, représenté cette fois encore par le mi-
nistre de l'intérieur. Si jamais loi paraissait
établir une solidarité étroite entre le gouverne-
ment et l'Assemblée, c'était bien celle-là assu-
rément qui avait été préparée par le gouver-
nement, modifiée par la commission, et ac-
ceptée à la tribune par le ministre de l'inté-
rieur..
Qu'estril arrivé? Ce qui, en réalité, devait arl
river, ce que des hommes d'Etat apparemment
devaient prévoir, ce qui ne pouvait pas ne pas
arriver. C'est que la municipalité lyonnaise étant
un centre puissant, une:véritable citadelle du
parti radical, le parti radical tout entier a res-
senti l'attaque et s'est proposé immédiatement
d'user de représailles. Il a voulu se défendre et
rendre au gouvernement qui l'avait frappé atta-
que pour attaque. Cela était inévitable. Je ne
puis que m'étonner que des hommes d'Etat en
aient été surpris.
Quant à nous, membres de la majorité, nous
nous étions parfaitement attendus à ce que le
parti radical ne se laisserait pas déposséder sans
combat, sans résistance, d'un de ses centres les
plus puissants. Nous nous étions donc attendus
au conflit c'était une lutte qui commençait.
(Très bien très bien I à droite et au centre
droit. Rumeurs à gauche.)
Qu'avons-nous vu cependant ? Quel a été le
résultat de ces représailles contre cette attaque
portée en commun, contre un acte fait à la fois
par le gouvernement et par l'Assemblée Je dis
« en commun >, car ce qu'un gouvernement
laisse faire il le fait. (Nouvelle approbation à
droite et au centre droit.) Je dis donc et je ré-
pèto que l'acte était fait en commun par le
gouvernement et par l'Assemblée.
Eh bien, aussitôt que la représaille a paru
sous la forme d'une candidature opposée à celle
de M. le ministre des affaires étrangères à Paris,
tous les organes officiels ou officieux du gou-
vernement ont désavoué la loi votée en com-
mun par lui et par l'Assemblée. (C'est cela
très bien très bien à droite et au centre
droit.)
Tous les patrons de la candidature de M. le
ministre des affaires étrangères, les comités dont
il visait les circulaires, ont condamné cette loi,
l'ont condamnée comme une atteinte aux fran-
chises municipales et ont dénoncé l'Assemblée
comme ayant jeté à ces franchises municipales
une provocation gratuite.
Voilà ce que j'appelle le conflit des deux ten-
dances à l'état public et aigu. (Vive approba-
tion et applaudissements à droite et au centre
droit.)
Depuis, autre chose s'est passé, plus considé-
rable encore dans ses conséquences.
Pendant que durait cette grande lutte élec-
torale, tout à coup, dans un congrès de sociétés
savantes, où la politique était déplacée, et ne
pouvait, par conséquent, entrer sans calcul, M.
le ministre de l'instruction publique, le mi-
nistre d'alors s'entend, dans des paroles dont
on ne connaît pas bien la teneur exacte, a porté
contre cette Assemblée une cruelle imputation.
L'honorable M. Jules Simon, contre lequel au-
cun grief personnel ne n'anime. (Légères ru-
meurs sur quelques bancs à gauche), me per-
mettra de n'être pas plus blessant pour lui
qu'il ne l'a été pour chacun de nous; mais enfln
son discours, quel qu'en soit le texte exact,
soit celui qui a été primitivement recueilli par les
divers journaux, soit celui qui a été publié dans
le Journal officiel, son discours contenait,
au fond, une offense bien grande et bien dou-
loureuse contre chacun des membres de cette
Assemblée. (Vif assentiment à droite et au cen-
tre droit.)
Dire, en effet, qu'un homme, un homme seul,
quelque illustre qu'il soit, a opéré la libération
du territoire français le dire quand cette As-
semblée a reçu du pays, comme première mis-
sion, le rachat de notre indépendance, c'était
lui dire qu'elle avait négligé et compromis la
partie la plus chère et, la plus sacrée de son
mandat. (Très bien très bien à droite.) Qu'on
•l'ait dit expressément ou par prétérition, l'of-
fense est la même. (C'est vrai Très bien l'du
même côté.)
Le ministre de l'intérieur, dans la commis-
sion de permanence qui vous représentait si
dignement, sommé do s'expliquer sur ces pa«
rôles, en a solennellement désavoué la respon-
sabilité il a déclaré qu'il ne voulait pas en ré-
pondre.
Voilà ce que j'appeile, encore une fois, le con-
flit de tendance à 1 état public et aigu. (Marques
d'assentiment à droite et au centre droit.)
Dès lors, messieurs, ce conflit ost devenu tout
à fait officiel la presse; les journaux la publi-
cité, tout le monde,s'en est emparé, et les deux
tendances ont été représentées par l'honorable
M. de Goulard d'un coté, par l'honorable M. Ju-
les Simon de l'autre tendance à la résistance
ouverte contre le parti radical d'un côté, ten-
dance aux ménagements à l'égard de ce même
•parti, de l'autre; car, porter atteinte à l'Assem-
blée, comme l'avait fait l'honorable M. Jules
Simon, c'était apporter au premier article du
programme' du parti radical un appui qui ve-
nait de haut, puisque ce premier article est la
dissolution immédiate de l'Assemblée. (Nouvel-
les marques d'assentiment à droite et au centre
droit.)
Ce conflit a duré, je crois, trois semaines, pu-
bliquement, devant tout le monde chaque mi-
nistre ayant des journaux qui l'appuyaient; le
public attendant de quel côté pencherait le gou-
vernement..
Enfin, le Journal officiel a paru avec cette
mention que M*, le président de la république
avait reconnu la nécessité de modifier son ad-
ministration. Je le crois bien, en vérité! Il était
= difficile de faire revenir sur les mêmes bancs les
ministres séparés par de telles différences d'ap-
préciation politique. La politique d'équilibre, de
bascule, comme on l'a appelée, la coexistence de
deux tendances contraires au sein du cabinet,
tout cela avait fait son temps il fallait pren-
dre son parti-entre^ l'une et l'autre.
Quel est le parti qui a été pris t Le nouveau
cabinet qui se présente, quelles tendances re-
présente-t-il? Est-ce une' tendance ouverte à la
résistance, à la politique de résistance, à la ré-
sistance par tous les moyens légaux et moraux,
aux pratiques comme aux doctrines' du parti
radical ? Est-ce, au contraire, la tendance à la
concession, aux complaisances, aux compromis,
une politique se rapprochant du parti radical
autant que la sécurité de la. société et la con-
science d'honnêtes gens pourraient le permet-
tre Laquelle de ces deux tendances le cabinet
représente-t-il î
A droite et au centre droit. Très bien 1-
Voilà la question.
M. te duc de Broglie. Voila, messieurs, a
quoi revient, en définitive, l'interpellation adres-
sée au cabinet. Que représente-t-il Est-ce la
tendance à la résistance Est-ce la tendance à
la concession ? '1
Je vais dire tout de suite, sauf à être contre-
dit, et je serais heureux de l'être, mais il
faudra que je le sois par des faits positifs, par
des explications concluantes, et non par des
déclarations générales (Ouil oui! Très bien 1
très bien I Applaudissements à droite et au
centre droit.). dont les termes sont toujours
vagues, et dont, à la longue, les oreilles se fa-
tiguent. (Nouvelles marques d'approbation à
droite.) Il faudra que je sois contredit par dea
explications concluantes, je serai heureux da
l'être, mais il faudra qu'elles soient con<
cluantes.
Un membre à droite. II faut des actes f 1
M.' le duc de Broglie. En attendant, je dw
rai quelle est l'impression publique générale!
que chacun de nous peut recueillir en causant,
en dehors de cette enceinte, avec tous ceux que
la politique préoccupe.
Cette impression est que le cabinet actuel est
un pas de plus dans la voie des concessions,
des ménagements, des compromis vis-à-vis du
parti radical. (Rumeurs à gauche. Marques
d'assentiment et applaudissements répétés du
côté droit )
Je dis que c'est là l'impression commune, qua
c'est celle' que chacun de nous peut recueillir»
même parmi les gens d'opinions le plus oppo*
sées.
Sans doute chacun ne se sert pas des mêmes
termes pour rendre sa pensée ceux qui ap-
prouvent le cabinet nouveau ne parlent pas dg
complaisance et de compromis; mais ils conv
viennent volontiers que c'est un paâ fait en ae4
hors de la politique de résistance et dans" la vois
contraire.
Qu'est-ce qui donne cette opinion au public?
quand les noms des personnes appelées nouvel-»
lement à prendre place dans le cabinet devraient
donner l'impression toute contraire, quand leura^
intentions connues, quand leurs actes mêineif
leurs actes récents, comme par exemple le dis^
cours de M. Bérenger, qu'il aurait peut-être un'
peu de peine à refaire aujourd'hui qu'il est ïni-*
nistre. (Rires à droite. Protestations et ru»
meurs à gauche.)
H. Dufaure, garde des sceaux. Poufquof
donc aurait-il de la peine à le refaire î
SI. le duc de Broglie. Je tiens à explique^
ma pensée qui n'a rien de blessant pour l'hono^
rable M. Bérenger.
Je doute que le ministère assis sur ces banc*
voulût prendre la solidarité du discours pronon-
cé par M. Bérenger et de ses attaques contre 1»
municipalité lyonnaise j'en doute. S'il dit qu'il
accepte cette solidarité, je ne demande pas
mieux.
Quelle est donc la raison qui fait croire efnë
des personnes si honorables, des noms si com4
promis dans la cause de l'ordre même depuis
plusieurs générations, paraissent déterminait
par leur arrivée au pouvoir un pas en dehors
de la politique de résistance. Bien des faitS«-
messieurs, qu'il serait trop long d'éhumérér, ëV
surtout la base étroite sur laquelle s'est placée^
la nouvelle modification ministérielle, Ja. basa'
étroite qui sépare les nouveaux ministres, q
les tient du moins à distance- de la 'majorité?
conservatrice de cette Assemblée et de la plu*
part de ses nuances, et puis, comme cons
quence, la sortie dit cabinet du membre qui
dans ces derniers temps, avait représenté le*
intérêts, les doctrines, les pensées de la grânttA'
majorité conservatrice de cette Assemblée*
(Très bien très bien au centre droit et à droW
te.) Voilà les faits qui, éclatant aux yeux dît
publie, ont donné tout de suite à la dernière
modification ministérielle le caractère d'être mt
pas fait en dehors de la politique de résistances
Je sais bien qu'un autre membre du cabinet?
qui représentait l'autre tendance, en est sorti lof
même jour et à la même heure. Mais on me per-
mettra de faire remarquer qu'il n'y a point def
parité. j
En effet, il était difficile à l'honorable M. Jtfl
les Simon, ayant une opinion si sévère suc ses
collègues de la majorité de cette Assemblée, ds
continuer à les représenter comme ministre da
leur délégué. La même raison n'existait pasv*.
c'était la raison contraire, pour le ministre qui
représentait les intérêts et les pensées de la maw
jorité de cette Assemblée. (Assentiment à droite'
et au centre droit.)
Et s'il était vrai que c'est pour faire une Sortêr
de compensation qu'ils sont sortis l'un et l'au*
tre, alors ce serait bien là ce que j'appelle une
politique de concessions et de compromis. (Nouvel assentiment sur les mêmes bancs.)
J'insiste, messieurs, sur ce fait, qui est. M
plus saillant; non qu'il soit le fait unique, niais-
il est le fait dominant dans la crise. j
Je crois que le moment est venu de parler ou*
vertement et qu'il doit m'être permis de pronon-
cer quelques noms propres. Je tâcherai de la
faire sans être blessant; mais le pays a besoin;
de lumière, il a besoin de sortir des sous-enten-
dus et de l'obscurité. (Rumeurs sur quelque»;
bancs à gauche.) i
A droite et au centre droit.- Parlez parlez I Ecoutez! écoutez 1 11
BI. le duc de Broglie. Messieurs, j'insistêf
sur ce fait, parce qu'il répond d'avance à l'ob*
jection que je prévois et que nous font, de plu*
sieurs cotés, les organes de la presse amie da
gouvernement.
On nous a dit, depuis un an, on nous répètS'
beaucoup, depuis quelques jours, que les incer-
titudes, que les conflits et que les contradiction»
que je vous signale dans la politique du gou-»
vernement proviennent de ce que le gouverne-
ment n'a, pour assiette, que des institutions
provisoires de ce qu'il ne. peut prendre sont
point d'appui, de résistance sur des institutions
définitives. Le mal vient, dit-on, de ce que 1»
majorité conservatrice se refuse à passer d*
provisoire au définitif de ce que le parti con*
servateur n'est pas suffisamment rêpublicainjj
on ajoute que le nouveau cabinet va retrempée
ses armes de conservation dans les eaux repu*
blicaines et qu'il les en retirera moins émoutfi
sées et plus vives contre le parti radical.
Messieurs, je serais d'abord un peu étonni
de rencontrer cette objection dans la bouche da
M. le garde des sceaux; car, s'il m'en souvien*
bien, dans la discussion si récente encore de la
commission des Trente, c'est lui, au nom du
gouvernement, c'est lui qui a insisté surtout'
pour qu'on ne passât en aucune manière et bous
aucun prétexte du provisoire au définitif c'estf
lui, au nom du gouvernement, qui, dans de*
termes que j'ai sous les yeux. a dit que le go
vernement était d'avis que le moment n'étais
pas venu alors, c'était Il y deux mois à peinef
ni de faire la république ni de constituer li
monarchie que ce n'était pas là de sa part unç
tactique parlementaire étudiée, ce sont se
termes mêmes, mais la suite d'une profond»
étule de la situation du pays. C'est lui qui, daim
l'intérêt de la paix et du repos, a demandé à
la commission des Trente de s'abstenir da
toucher, à la question des institutions définit^
ves.
D'accord avec lui sur ce point, nous lui avons
accordé aussi ce qu'il demandait dans la mesura
et dans la forme qu'il avait déterminées lui»
même nous lui avons remis le soin de présetH
ter à l'Assemblée, sous la forme qu'il jugerait
convenable, trois lois organiques qui sont de
vraies lois constitutionnelles.
Comme rapporteur de'la commission desf
Trente, j'ai adhéré et demandé à l'Assemblée
son adhésion à toutes ces mesures. Je l'ai fait
surtout par cette considération qu'aux yeux du
gouvernement l'intérêt conservateur, l'intérêt
de la politique conservatrice était engagé dans
ces mesures. Je l'ai fait au prix de sacrifices
douloureux beaucoup de mes amis l'ont fait
avec moi. Tels le gouvernement nous a trou-
vés alors, tels, dans la discussion des prcV
jets de loi qu'il vient de déposer sur le bureau
de l'Assemblée, il nous retrouvera, s'il veut en-
core de notre concours, que sa réserve et sa me-
sure rendent essentiellement désintéressé. (Mou-
vements divers.) Mais si l'on pouvait reprocher «
la majorité de cette Assemblée de n'être pas as-
sez républicaine, l'honorable M. do Goulard ne
méritait pas ce reproche il avait pris, lui, très
résolument son parti d'adhérer à toutes les dé-
clarations et à toutes les tendances républicai-
nes da gouvernement.
Le premier, il avait fait honneur de l'emi
prunt des 3 milliards à la république conser^
vatrice'; il avait accepté, comme ministre, la
solidarité du Message du 13 novembre. Rien
n'indique qu'il n'ait pas collaboré aussi aux
lois actuellement soumises à l'Assemblée. S'il
est sorti du cabinet avec la tendance qu'il repré«
sentait, ce n'est donc pas qu'il fut trop peu ré-
publicain, il faut bien convenir que c'est qu'il
était trop conservateur. (Vives marques d'adhé-
sion à droite.)
Eh bien, messieurs, si cela est vrai, si c'est
bien la, en dehors de toutes les questions de
formes de gouvernement, si c'est bien là la dis-
sidence qui nous sépare du nouveau cabinet, si
-c'est la crainte que son avènement ne soit un
pas fait en dehors de la politique de résistance,
• et si cette crainte n'est pas démentie par dea
explications catégoriques fondées sur des faits,
je demande la permission d'appeler l'attention
du cabinet sur la position où il va se trouver.
Il y a ici 320 députés ayant signé l'interpellai
tion, qui sont profondéinentconyaincus que con«
tre le progrès des doctrines radicales l'action ac»
tive, énergique du gouvernement dans la voie
légale est indispensable qui attribuent à ses os-
cillations, à ses indécisions la plus grande partit
du progrès que ces doctrines font dans le pays,
l'autre partie seule étant imputable aux pas-
sions qu'elles flattent dans le cœur des popula-
tions. (Très bien!) 1)
Profondément convaincus aussi que ces oscil«
lations, que ces indécisions, que cet équilibra
entre la résistance et les ménagements dont j«
parle ont été le grand véhicule des progrès du
parti radical (Très bien très bien adroite).
ils ont conclu résolument qu'il faut renoncer a
ces oscillations, à cet équilibré et à plus forte
raison s'abstenir de faire un pas dans le sens
contraire à larésistance. Ils pensent qu'un gou-
vernement n'a pas tout fait quand il a assuré
l'ordre matériel que l'ordre moral dépend
beaucoup de lui, qu'il peut le fortifier ou
1" Tous les homme's de 14 à 60 ans devront
prendre les armes et se joindre aux colonnes
pour combattre les carlistes.
2° Ils devront se munir des armes blanches
ou à feu qui seront à leur disposition.
s 3° Les volontaires ou miliciens des villages
devront aussi se joindre aux-troupes.
Y <" Les maires des populations feront délivrer
à tous ceux qui feront partie de la battue (du
somaten) cinq rations de pain et la solde et l'as-
."sistamee nécessaires si les opérations duraient
plus que. le temps supposé.
5° L'autorité militaire prendra la direction des
opérations.
6° Les forces civiques des villages devront
''donner avis de l'approche de l'ennemi ou des
positions qu'il aura prises.
Les municipalités foraines sont responsables
de l'exécution du présent ordre; celles qui refu-
seraient ou mettraient de là lenteur dans leur
exécution seront frappées d'une amende de 1,000
à/10,000 duros (de. 5,000 à 50,000 piécettes).
> Le capitaine-général ajoute « Le moment est
venu de choisir entre la paix et la guerre, et
contre un ennemi qui ravage le pays sans s'ex-
poser à se rencotitrer avec nos troupes, il ne
reste plus que ce moyen suprême. Le salut du
• pays dépend de la décision de ses habitants. »
D'un autre côté, le brigadier Martinez del
Campos a ordonné à la Compagnie des chemins
do fer de Barcelone à Figueras de reprendre le
service jusqu'à/Gerone. Des forces imposantes
~échelonnées, 'sur la ligne ferrée assureront le
service.
Un service de signaux télégraphiques combi-
né epXe.fi l'entreprise et l'autorité militaire met
les envoyés à l'abri d'un coup de- main.
«
Voici le texte d'un ordre du jour mo-
1i vé relatif à l'interpellation de la droite,
et qui est proposé par M. Antonin Lefè-
vre-Pontalis, député de Seine-et-Oise
L'Assemblée nationale, décidée à passer
à l'examen des lois constitutionnelles pro-
posées par le gouvernement et attendant
ou mimstère une politique résolument
conservatrice, passe à l'ordre du iou''
+~
Un lit dans le Bien public
Les chefs de la coalition auraien-t, si
3ious sommes bien renseignés, pris leurs
précautions dans le cas d'un succès de
plus en plus improbable. De hauts fonc-^
iionnaires civils et militaires auraient été
tâtés. Nous n'attachons pas à ce rensei-
gnement, fort exact cependant, plus d'im-
portance qu'il ne faut. La prévoyance est
une vertu, surtout en politique; cependant
on en peut conclure que les promoteurs
de l'interpellation ne poursuivent pas,
.comme ils le prétendent, l'amélioration
du gouvernement, mais la conquête du
pouvoir.
e~~
Réunion du centre droit.
Le centre droit s'est réuni hier à une heure, à
l'hôtel Vatel, à Versailles, sous la présidence de
"M. Delille. Plus de cent membres étaient pré-
sents.
Plusieurs orateurs demandent que la réunion
examine si l'on doit appuyer ou combattre la
proposition qui doit être faite de voter au scru-
• tin secret sur l'interpellation qai sera discutée
à l'Assemblée il la seance de ce jour.
M. Lambert de Sainte-Croix combat le scrutin
secret; il termine en disant que le premier de-
voir d'un grand parti politique est de s'affirmer
vis-à-vis de ses amis comme en face de ses ad-
VGrsflicfiS t.
MM. de Cumont, Adrien Léon, soutiennent
l'opinion de M. Lambert de Sainte-Croix.
M. Paris parle dans le même sens, tout en
exposant qu'une autre réunion parlementaire à
laquelle il appartient a exprime à une grande
majorité un avis favorable au scrutin secret.
MM. le général Mazure, Keller et Chesnelong,
au noiuM'uiic réunion formée de nombreux dé-
puté* qui n'appartiennent à aucun groupe, sont
mtroduits t 1 viennent offrir au centre droit le
concours de cette réunion pour obtenir du gou-
vernement qu'il donne, par des actes et non pas
s'îuieinci t par de simples déclarations, des ga-
rantios conservatrices. Ils ajoutent que la reu-
nion, au nom de laquelle ils sont délégués, s'est
prononcée pour le scrutin secret.
M. le général de Chabaud-Latour présente de
nouvelles observations en faveur du scrutin pu-
b'ic. La discussion est close.
Le rentre droit, consulté par M. le président,
se prononce à une grande majorité en faveur du
scrutin public.
A l'unanimité moins deux ou trois voix, la
réunion décide qu'elle suivra dans le vote de
l'ordre du jour ceux de ses membres qui sont
chargés de conduire la discussion, et de pro-
poser un ordre du jour répondant aux senti-
ments conservateurs des signataires de l'inter-
pellation.
Réunion des députés conservateurs.
La réunion convoquée par M. Pradié pour hier
vendredi, à onze heures, a été, très nombreuse.
Elle a été d'environ 120 députés n'appartenant
pour la plupart à aucun groupe. M. Raoul Du-
val a fait connaître le but de la réunion, qui
est, dit-il, de grouper toutes les forces conserva-
trices pour mettre un terme à la politique de
l'équivoque.
La réunion a décidé, à la presque unanimité,
qu'elle repousserait tout ordre du jour transac-
tionnel, et qu'elle voterait l'ordre du jour qui
aurait pour objet un changement de politique et
de personnes..
de Elle a nommé, enfin, six commissaires ou
membres du bureau qui devront se mettre im-
médiatement en communication avec les com-
missaires ou membres du bureau de la droite
et du centre droit. Ont été nommés membres
du bureau: MM. Changarnier, Pradié, comte
Daru, Chesnelong. Keller, Raoul Duval."
Immédiatement trois de ces commissaires se
sont m1s en communication avec le centre droit
et avec la droite, oui étaient en séance, pour
leur faire part du résultat des délibérations de
la réunion.
+
NOUVELLES DU JOUfc
i..
~Les trois fractions de la gauche, repré-
sentées par leurs bureaux, se sont mises
d'accord pour opposer à l'interpellation
l'ordre du jour pur et simple. Le groupe
Casimir Périer se serait rangé à cet avis
dans une courte réunion tenue avant la
séance de la Chambre.
Quant au gouvernement, il ne serait pas
encore décidé entre l'ordre du jour pur et
simple ou un ordre du jour motive. Cela
dépendra des ordres du jour de la droite
qu on ne connaît pas.
M. Fourcand, président de la gauche, et
M. Christophle, président du centre gau-
che ont fait part hier matin àM.Thiers
de la détermination de tous les partisans
du gouvernement de voter l'ordre du jour
pur et simple.
M. Thiers, dans cette entrevue, s'est
montré, dit le Siècle, très confiant dans
-l'issue de la bataille:
II a confirmé toutefois à ces deux repré •
sentants son intention de se retirer dans
le «as où il se trouverait en minorité.
Le bureau de la gauche républicaine,
conformément à la décision prise par cette
réunion dans sa séance de lundi dernier,
s'est rendu hier chez M. Jules Simon pour
porter au ministre démissionnaire l'ex-
pression de la sympatMe/tlu groupe parle-
-Tnentaire qu'il représente.^ ;>moj.i- > u
Aujourd'hui l'Académie des sciences mo-
rales et politiques aprocédé au remplace-
ment de M. Ch. Dupin.
Sur 23 votants, M. Joseph Garnier a
obtenu 12 suffrages, M. Batbie 9, M. Audi-
ganne l, M. Victor Bonnet 1. M. Garnier
est.élu.. ,-ji,
Nous avons reproduit hier, à titre de
renseignement, une note du Bien public
sur tëi séparation projetée de la direction
des théâtres et de la direction des beaux-
arts. Il va sans dire que nous ne nous as-
socions en aucune manière à l'argumen-
tation de notre confrère sans se pronon-
cer personnellement sur la valeur de cette
mesure, on peut trouver bizarre que le
ministre' des beaux-arts soit désormais
.étranger à l'Opéra, â I'Opéra-Comiqne, à
iCComédie-Françaisa, c'est-à-dire à l'art
dramatique et à l'art lyrique. Quant à la
censure, c'est le gouverneur de Paris qui
l'exerce, et le ministère de l'intérieur n'a
à s'en occuper que provisoirement et à ti-
tre consultatif, à raison de l'état de siège,
mesure temporaire.
M. Guerrin, adjoint an maire de Che-
milly (Haute-Saône) a été, par arrêté pré-
fectoral du 14 mai, suspendu de ses fonc-
tions,. pour s'être abstenu de toute inter-
vention dans une rixe qui se passait sous
ses yeux et dans laquelle six officiers du
9° régiment de hussards, en garnison à
Chemilly, ont été insultés.
Par arrêté du 17 mai, M. Thiéry, maire
de Lavoncourt, a été suspendu de ses
fonctions pour avoir néglige d'avertir la
justice d'un crime d'infanticide commis
dans cette commune quoiqu'il en fût
averti par la rumeur publique. Ce fonc-
tionnaire s'est refusé, en outre, à répon-
dre aux questions qui lui ont .été posées
par le juge d'instruction.
La Décentralisation, de Lyon, dit qu'une
nouvelle fort grave vient de lui parvenir
les ouvriers mineurs du bassin de la
Loire auraient annoncé la résolution de
se mettre en grève dans le courant du
mois prochain.
Rien, heureusement, dans les journaux
de diverses nuances que nous recevons de
Saint-Etienne, de la Loire et de la Haute-
Loire, ne confirme cette nouvelle.
Le Courriel' du Bas-Rhin dit que des
pourparlers engagés font penser que M.
Klein, ancien maire de Strasbourg, con-
sentira à reprendre ses fonctions.
La vie publique ne semble pas près de
renaître en Alsace. Dimanche dernier des
élections pour sept conseillers municipaux
ont eu lieu à Sainte-Marie-aux-Mines. Or,
sur 2,000 électeurs inscrits, le candidat le
plus favorisé n'a réuni que 65 voix. Il
n'y a pas eu d'élection. Le Courrier du
Bas-Rhin annonce que l'on se voit réduit
à recourir à un nouveau voté demain, di-
manche.
On lit dans la Nouvelle presse libre, de
Vienne, du 22 mai
L'effondrement de nombreux comptoirs de
bourse, des maisons Placht, Petschek, Square-
nina, Reichenberg, a enfin déterminé le gouver.
vernemènt à ordonner un examen sévère de la
situation de la caisse et des agissements de tous
les comptoirs de bourse de Vienne, afin de pré-
venir, dans la mesure du possible, des éventua-
lités semblables. Dans la journée d'aujourd'hui,
l'on a commencé l'exécution de cette mesure.
Deux employés supérieurs du bureau de sûreté
de la direction de la police se sont présentés en
habits civils,, dans la matinée, dans un comp-
toir de bourse et de banque sur le Schottenring,
et ont entrepris la révision des livres, de la cor-
respondance'et de la caisse. Après plusieurs
heures de travail, les agents ont constaté que
les bruits accueillis par le public étaient faux.
La révision des comptoirs sera continuée inces-
samment.
+
Conseil supérieur de l'instruction publique.
On lit dans le Journal officiel
Le 23 mai, M. le ministre de l'instruction pu-
blique a réuni dans son cabinet M. Jourdain,
inspecteur général de l'enseignement supérieur,
et M. Mourier, vice-recteur de l'Académie de
Paris, désignés pour procéder, sous sa prési-
dence, au dépouillement des votes des profes-
seurs des facultés des .divers ordres pour le
dhoix de leurs délégués au conseil supérieur' de
l'instruction publique.
M. Manuel, chef du cabinet et du secrétariat,
assistait à la séance en qualité de secrétaire.
Le dépouillement a donné les résultats sui-
vants
Dans l'ordre des facultés de droit, "78 profes-
seurs ont pris part au vote. M. Giraud, inspec-
teur général de l'enseignement supérieur, pro-
fesseur à la faculté de droit de Paris, a obtenu
46 voix; M. Demolombe, professeur à la faculté
de droit de Caen, 16 M. Bertauld, professeur à
la même faculté, 6; M. Valette, professeur à la
faculté de droit de Paris, 4; M. Bourbeau, pro-
fesseur à la faculté de droit de Poitiers, 3; M.
Colmet-d'Aage, doyen de la faculté de droit de
Paris, 1. Bulletins blancs, 2.
Dans l'ordre des facultés de médecine, 57 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Wurtz, doyen
de la faculté de médecine de Paris, a obtenu 47
voix; M. Bouisson, doyen de la faculté de mé-
decine de Montpellier, 6; M. Gavarret, profes-
seur à la faculté de médecine de Paris, 2 M,
Tardieu, professeur à la même faculté, 1. Bulle-
tin blanc, 1.
Dans l'ordre Ces facultés des sciences, 84 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Milne-Edwards,
doyen de la faculté des sciencees de Paris, a ob-
tenu 55 voix M. Paul Bert, professeur à la mê-
me faculté, a obtenu 24 voix; M. Isidore Pierre,
doyen de la faculté des sciences de Caen, 3; M.
Fabre, doyen de la faculté des'sciences de Mar-
seille, 2.
Dans l'ordre des facultés des lettres, 68 pro-
fesseurs ont pris part au vote. M. Patin, doyen
de la faculté des lettres de Paris, a obtenu 52
voix; M. Abel Desjardins, doyen de la faculté
des lettres de Douai, en a obtenu 14; M. Paul
Janet, professeur à la faculté des lettres de
Paris, 2.
En conséquence, sont élus membres du con-
seil supérieur de l'instruction publique, M. Gi-
raud, inspecteur général de 6l'enseignement su-
périeur, professeur à la faculté de droit de Pa-
rls M. Wurtz, doyen de la faculté de médecine
de Paris; M* Milne-Edwards, doyen de la facul-
té des sciences de Paris M. Patin, doyen de la
faculté des lettres de Paris.
Fait à Paris, le 23 mai 1873.
Le ministre de l'instruction publique,
WADDINGTON.
JOURDAIN, MOURIER, EUGÈNE MANUEL.
ACTES OFFICIELS
Le Journal officiel contient la promulgation
de la loi dont la teneur suit
Article unique. Les dispositions de la loi pro.
visoire du 16 septembre 1871, relative à l'orga-
nisation et aux attributions du conseil général
du département de la Seine, continueront à être
observées jusqu'à ce qu'une loi définitive ait été
votée par l'Assemblée nationale, ou, au plus
tard, jusqu'à l'expiration des pouvoirs des mem-
bres du conseil municipal de Paris, actuellement
en fonctions.
Les pouvoirs des membres du conseil général,
constitués en exécution de ladite loi, expireront
à la même époque.
Délibéré en séance publique, à Versailles le
21 mai 1873.
Le Journal officiel publieun décret, en date
du 19 mai, qui réglemente la vente des huiles de
pétrole.
FAItS' 1 V'E R S'
Aujourd'hui, 24 mai, la thermomètre de la
maison A. Queslin, 1, rue de la Bourse, mar-
quait
A 7 heures du matin, 10 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin, 15 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A 1 heure après-midi, 19 degrés 0 .dixième
au-dessus de zéro. >
Hauteur barométrique, 760.
M. Thiers a promis de venir assister di-
manche prochain à l'ouverture de la grande ex-
position canine qui aura lieu au Jardin d'accli-
matation du bois de Boulogne, et qui doit du-
rer jusqu'au dimanche suivant.
Les serres de la ville de Paris, établies ave.
nue d'Eylau, 137, à Passy, seront ouvertes au
public tous les jours de 2 heures à G heures, du
dimanche 25 mai au dimanche. 1« juin inclusi-
vement, pour visiter les azalées en fleurs.
Ce matin a eu lieu l'exécution du nommé
Couturier, condamné à la peine de mort par la
cour d'assises de la Seine.
Hier à six heures et demie, un porteur de
journal a trouvé avenue Uhrich, devant le n° 33,
un paquet contenant le cadavre d'un enfant
nouveau-né.
La tête était presque complètement séparée
du trono; et ne tmait plus que par un mince
lambeau de chair.
Le porteur, a fait immédiatement part de sa
trouvaille au gardien de la paix Charbilli, qui a
transporté le tout chez M. Tomasi, commissaire
de police du quartier des Bassins.
Le corps a été transporté à la Morgue, où M.'
le docteur Tardieu en fera l'autopsie.
On mande de Nantes, le 23 mai, 6 heures
40 minutes du soir
« Les funérailles civiles du docteur Guépin
viennent d'avoir lieu. Une foule immense d'ou-
vriers et de bourgeois suivait le convoi ou for-
mait la haie. Il n'y a eu aucun désordre. »
Une note communiquée au Salut public de
Lyon annonce un « pèlerinage des hommes à
Notre-Dame do Fourviéres » pour dimanche 25
mai. Les pèlerins doivent se réunir à midi et
demi à Saint-Jean, pour monter en procession à
Notre-Dame dé Fourvières.
On écrit de Metz à la Gazette de Francfort
que M. H. ingénieur français, a été blessé
grièvement par un soldat allemand, dans la
nuit de dimanche dernier. L'agresseur a pris la
fuite.
Un incendie qui a éclaté au Mans dans la
nuit du mercredi au jeudi, chez M. Pavy, place
de l'Eperon, a dévoré huit maisons.
Les pertes, purement matérielles, sont éva-
luées à une centaine de mille francs.
On écrit de Gerone à l'Indépendant dea Py-
rcnéeS'Orienlales
«Dans la nuit de samedi à dimanche, la voi-
ture qui fait le service de dépêches entré Ge-
rone et Barcelone a été détroussée et compléte-
ment dévalisée à 15 kilomètres de Gerone.
» La voiture contenait onze voyageurs et qua-
tre dames arrivée au col de las Fulinas, elle
fut tout à coup cernée par une bande de bri-
gands. Le chef ordonna au conducteur de des-
cendre de son siège et de lui livrer ses dépê-
ches puis, pour rassurer les voyageurs, il leur
dit Vous n'avez rien à craindre.
» Mais aussitôt, les brigands s'emparèrent du
.conducteur, lui lièrent les mains derrière le dos
et le couchèrent à plat ventre sur le bord de la
route à l'arrière de la voiture. Vint ensuite le
tour du postillon et celui des onze voyageurs,
sans excepter les femmes, qui subirent le même
sort.
» Cette opération achevée, les brigands, au
nombre de cinq seulement, dit-on, armés de
grands coutelas catalans, se mirent à fouiller
très minutieusement tous les voyageurs éper-
dus ils enlevèrent bourses, portefeuilles et tous
les bijoux, puis se mirent à visiter la voiture, et
sous prétexte de chercher les dépêches, ils s'em-
parèrent d'une petite caisse contenant des bijoux
pour une valeur de dix à douze mille francs.
» Leur opération terminée, ils prirent la fuite
en abandonnant les malheureux voyageurs dans
la situation indiquée plus haut. »
ASSEMBLÉE NATIONALE
Séance du vendredi 23 mai 1873.
PRÉSIDENCE DE M. BUFFET () j
Quoique plusieurs réunions se soient tenues
dans la matinée à Versailles, les députés sont
très nombreux au train de midi et demi, qui
emporte également et les personnes favorisées
de billets et celles qui espèrent l'être au der-
nier moment. La pluie a cessé à l'arrivée, et les
fiacres découverts, rapidement remplis, dévo-
rent l'espaca qui sépare la gare de la rive droi-
te de la cour de Maroc. Tout le monde fait la
remarque qu'une de ces voitures emmène MM.
Challemol-Lacour, Brelay et Gambetta, en com-
pagnie de M. le général Changarnier, mais nul
n'a le mauvais esprit d'en être scandalisé.
Les groupes ordinaires stationnent à la porte
du palais. A l'intérieur, l'élément parlementaire
et féminin envahit les corridors, les escaliers,
les couloirs. Les tribunes commencent à se
garnir. Nous y remarquons, au hasard de la lor-
gnette, plusieurs membres du corps diplomati-
que M. Washburne, ministre des Etats-Unis,
entre autres, qui, du reste, a assisté à toutes les
séances depuis la rentrée MM. Odilon Barrot,
Pascal, Mac-Mahon, général Bataille, amiral
Krantz, Jérôme David, Léopold Lehon, Maurice
Richard, colonels Lambert et Fabre, Cochut, di-
recteur du Mont-de-Piétô, Mmes de la Rochefou-
cauld, Casimir Périer, Mme Thiers et la prin-
cesse Troubetzkoï. Dans la salle les députes se
dirigent petit à petit vers leurs places. M. Du-
faure s'assied le premier au banc des ministres.
Le président de la république ne tarde pas à y
rejoindre les membres du cabinet. Il a un par-
dessus jeté sur le bras gauche, une liasse de
papiers dans la main droite, et paraît de très
bonne humeur. On s'abstient de se précipiter
vers lui comme d'habitude, et cette discrétion,
qu'on avait déjà montrée au 29 novembre, se
conçoit par des i aisons diverses de la part des
deux côtés de la Chambre.
Que dire des bruits qui circulent S'ils ont
paru contradictoires au moment même, combien
n'ont-ils pas chance de le paraître encore da-
vantage quand on lira ce que nous écrivons,
et que la tournure, sinon l'issue du débat, sera
connue du pays tout entier Ces conjectures
se résument, d'ailleurs, en deux courants prin-
cipaux l'un, venant de la droite, répand la
nouvelle de défections croissantes dans le grou-
pe. de la république conservatrice, que le gou-
vernement s'était flatté d'entraîner par M. Casi-
mir Périer; suivant l'autre, au contraire, ce se-
raient des membres du centre droit qui se dis-
poseraient à abandonner la politique de combat
pour peu qu'on leur en offrit le prétexte. Il est
certain du moins que les coalisés, avant même
d'être vainqueurs, ont conçu des soupçons les
uns vis·à-vis des autres sur les suites de la vic-
toire. Ce qui est non moins certain, c'est qu'on
prête au gouvernement la résolution de mettre
dans son langage toute la fermeté que compor-
te une heure si décisive.
A deux heures et demie, M. Buffet monte au
fauteuil.
M. le vicomte Blin de Bourdon, l'un des se-
crétaires, donne lecture du procès-verbal de la
dernière séance.
Le procès-verbal est adopté.
M. Thiers, président de la république, est au
banc du gouvernement.
M. Dutaure, garde des sceaux, vice-président
du conseil des ministres. Je demande la pa-
role.
M. le président. La parole est à M. le vice-
président du conseil.
M. le vice-président du conseil. Mes-
sieurs, avant l'ouverture de la discussion et
conformément à l'article 4 de la loi du 13 mars
1873, j'ai l'honneur de communiquer à l'Assem-
blée la délibération suivante du conseil des mi-
nistres
« Le conseil des ministres, après en avoir dé-
libéré, déclare que l'interpellation déposée dans
la séance du 19 de ce mois sur le bureau de
l'Assemblée, se rattachant à la politique géné-
rale du gouvernement et engageant ainsi la
responsabilité du président de la république,
» Le président exercera 'le droit de prendre
part à la discussion, droit qui résulte pour lui
des dispositions de l'article 4 de la loi du 13
mars 1873.
» Délibéré à Versailles, le 20 mai 1873. »
Suivent les signatures de tous les membres
du conseil MM. Dufaure, Léon Say, Rémusat,
général de Cissey, Teisserenc de Bort, de Four-
fou, Waddington, Casimir Périer, A. Pothuau,
Bérenger:
M. le président. Il est donné acte à M. le
vice-président du conseil de, la communication
qu'il vient de faire à l'Assemblée.
On a remarqué que, dans la phrase qu'il vient
de prononcer, M. Buffet s'est repris sur l'expres-
sion « garde des sceaux », pour dire « M. le
vice-président du conseil des ministres. »
L'ordre du jour appelle la discussion de l'in-
terpellation d un grand nombre de députés con-
cernant les dernières modifications ministé-
rielles et la politique intérieure du gouverne-
ment.
La parole est à M. le duc de Broglie.
M. le duc de Broglie. Messieurs, l'inter-
pellation déposée par nous, et qui a reçu l'adhé-
sion de plus de trois cents signataires, porte
sur deux choses la nécessite reconnue par
ceux qui interpellent de voir à la tête des af-
faires, dans la gravité de la situation présente,
un cabinet dont la fermeté rassure le pays;
l'impatience éprouvée parles mêmes députés de
savoir si le cabinet qui est sur ces bancs, avec
les modifications qu'il a subies, répond à cette
nécessité.
Je ne serais pas tout à fait sincère si je n'a-
joutais pas que le doute, un doute profond,
existe à cet égard dans leur esprit. (Mouve-
ment) et que la discussion présente a pour but
de savoir s'il peut être dissipé.
Quelle est donc, messieurs, la gravité de
cette situation et dans quel état cette situation
trouve-t-elle l'administration de la France ?
Aux yeux des signataires, la grayit$ de la
.< .1: ~¡..l.
situation se résume en ceci la possibilité ré-
vélée par les dernières élections de voir arriver,
dans un délai plns ou moins prochain, le parti
radical à la tete des affaires par la voie du suf-
frage universel, tel qu'il est organisé aujour-
d'hui. La possibilité du triomphe du parti radi-
cal, voilà ce qui constitue à leurs yeux la gra-
vité de la situation. N
Si lo' parti radical était un parti politique
comme ceux qui divisent ordinairement les
Assemblées, le triomphe de ce parti sur un
autre serait une de ces vicissitudes auxquelles
tous doivent s'attendre et dont personne ne doit
ni s'effrayer ni s'indigner. Mais le parti radical
n'est pas un parti politique ordinaire c'est
avant tout et surtout, chacun le sait, un parti
social.
Je n'essaierai point de déterminer par des dé-
finitions théoriques qui seraient toujours con-
testables et qui venues de ma part seraient
certainement contestées, quelles sont les doc-
trines du parti radical. Je me bornerai à dire,
t ceux qui représentent ici le parti radical ne
le contesteront probablement pas, qu'aux
yeux de ce parti, dans la France, telle que la
révolution de 89 l'a faite, avec le suffrage uni-
versel, avec l'égalité civile absolue, avec la li-
berté religieuse, il y a encore à accomplir de
profondes réformes, presque des révolutions so-
ciales. C'est, par conséquent, un parti qui me-
nace la société actuelle dans ses bases, pour les
refondre, sinon pour les détruire. Voila ce qui
rend son triomphe si redoutable pour cette so-
ciété même, qui ne paraît pas généralement
pressée de se soumettre à ce travail de refonte,
qui pourrait être un travail de destruction.
(Très bien très bien 1 à droite et au centre
droit 1)
Mais dans des temps de révolution comme le
nôtre; les doctrines ne restent pas longtemps à
l'état de théorie; elles se réalisent dans les faits
et s'incarnent dans les hommes.
Or, il y a pour nous un grand fait qui domine
toute notre situation intérieure, et qui l'éclaire
encore de ses sinistres lueurs, c'est le souvenir
de cette épouvantable insurrection qui a me-
nacé, au début de cette Assemblée, la souverai-
neté nationale, et que cette Assemblée a dû,
comme le héros de la fable, étouffer dans son
berceau.
Quels ont donc été les rapports du parti radical
avec la Commune de Paris Je ne veux calom-
nier personne; je ne dirai pas qu'il ait approuvé
toutes les doctrines ou justifié tous les crimes de
la Commune de Paris; je dirai simplement, et
je ne crois pas que ses représentants ^le contestent,
que dans ce débat entre l'Assemblée et la
Commune de Paris, le parti radical a pensé que
les torts étaient partages; il a pensé que si la
Commune de Paris avait des prétentions exagé-
rées, elle avait aussi des griefs légitimes, et que
si nous avions, nous, des -droits, nous les avions
dépassés dans l'application.
Que telle soit l'opinion du parti radical, que
ce soit son opinion sur les faits d'il y a deux
ans, cela n'est pas douteux. Les noms seuls des
nouveaux collègues que le parti radical envoie
dans cette enceinte le démontrent jusqu'à l'évi-
dence.
Notre nouveau collègue, M. Barodet, est venu
exprès à Paris pour opérer une pacification en-
tre la Commune et l'Às?emblée et s'est plaint,
à son retour, dans un document public, d'avoir
trouvé une égale ardeur de dissentiment, un
égal défaut d'esprit de conciliation à Paris et à
Versailles.
Notre nouveau collègue, M. Ranc, a siégé dans
la Commune de Paris; il a pris part à quelques-
uns de ses faits les plus sinistres, et, sans un
scrupule tardif et un ralentissement de la jus-
tice qui n'est pas encore expliqué, il aurait figu-
ré parmi les accusés. (Vifs applaudissements à
droite et au centre droit.)
Une double salve d'applaudissements et de
bravos salue cette dernière allusion. La gauche
ne répond pas un mot, ne fait pas un geste.
Telle a été son attitude pendant toute cette
séance, où la droite a témoigné quelque sage
envie de l'imiter, mais n'y a pas réussi. Plus loin,
les passages du discours de M. de Broglie, rela-
tifs aux lettres de M. Barthélemy Saint-Hilaire,
ont excité son allégresse. Quant à M. Jules Si-
mon, qui considérait attentivement les frises de
la salle pendant qu'on parlait de lui, ce qui le
concevait a certainement été souligné, mais
dans mie espèce de mezza voce discret qui te^
moignait de 1 empire gardé par l'ancien ministre
sur plus d'un membre de cette Assemblée.
« Notre nouveau collègue, M. Lockroy, a donné
sa démission de membre de cette Assemblée,
où il siégeait déjà, pour ne pas prendre part à
sa résistance.
Enfin, le chef avoué, quoique pas toujours
obéi, du parti radical, l'honorable M. Gambetta,
parlant dernièrement à Belleville des souvenirs
de la Commune, s'est plaint que Paris eût été
livré à toutes les horreurs dune réaction fu-
rieuse.
Ajouterai-je enfln, pour compléter le tableau,
que sinon un de nos collègues lui-même au
moins un de ses patrons, un de ceux qui, dans
les réunions publiques, appuyaient sa candida-
ture, un procureur de la république démission-
naire volontaire seulement de l'année dernière,
M. Andrieux, ami et soutien du docteur Guyot,
un des correspondants de l'honorable M. Bar-
thélémy Saint-Hilaire– (Rires ironiques à droite)
s'exprimait ainsi
« Je n'hésite pas à dire que c'est l'Assem-
blée qui a fait l'insurrection du 18 mars,
et quelle est responsable du sang et des
ruines qui ont marqué le passage de la Com-
mune.» »
Voilà, messieurs, quelle est l'opinion, non pas
de tous les membres, mais d'une grande frac-
tion du parti radical sur les souvenirs effroya-
bles que .je vous rappelle. Je résume cette opi-
nion dans ces mots qu'à leurs yeux les torts
sont partagés et qu'il y a une réparation à faire
à la Commune de Pans.
De là, messieurs, le programme que le parti
radical a développé dans les dernières, élections,
programme qui se réduit à trois termes disso-
lution immédiate de cette Assemblée qui a été
le boulevard de la société contre la Commune,
amnistie de tous les condamnés de la Commu-
ne, levée immédiate de l'état de siège qui est
une précaution contre le retour de pareilles
horreurs. On n'y joint pas le. réarmement de la
garde nationale; mais je pense que cette con-
séquence des mêmes principes y est également
comprise.
Imaginez, messieurs, avec ces doctrines d'un
côté, avec cette appréciation de faits récents,
et si récents (car lis sont bien récents, puisque
à la date d'hier il y a eu deux ans seulement
que l'armée française est entrée dans Paris),
avec cette appréciation de l'autre, ce que peut
être le triomphe légal du parti radical I Imagi-
nez une Assemblée dont la majorité serait radi-
cale, rentrant dans Paris pour réformer la so-
ciété, aux acclamations des amnistiés de la
Commune 1 Imaginez-vous le spectacle qu'un
tel événement donnerait. J'ose dire que cela
serait la revanche légale de la Commune de
Paris. (Oui 1 oui 1 Très bien 1 très bien à à
droite et au centre droit:)
Voilà, messieurs, l'éventualité qui, aperçue
par la société, l'a pénétrée de terreur, et qui "ré-
sume, pour nous, la gravité de la situation dont
parle l'interpellation. Naturellement, nous avons
dû nous demander ce que pensait, dans une
pareille éventualité, ce que préparait pour la
prévenir, ce que jugeait nécessaire et convena-
ble le gouvernement qui a reçu de nous le dé-
pôt du pouvoir exécutif.
Loin de moi l'idée que ce gouvernement, re-
présentant l'Assemblée et régissant la France
en son nom, ait pour les doctrines du parti ra-
dical le plus léger degré de sympathie les con-
séquences que ces doctrines emporteraient le
menacent comme nous, au même degré, plus
que nous peut-être, puisqu'il a eu l'honneur de
marcher à notre tete pour triompher de ces
nouveaux barbares.
Mais le danger que je signale n'est pas nou-
veau. Il a apparu le 27 avril et le 11 mai sous
une forme vive et pressante que personne n'a
pu méconnaître, et nous l'avions déjà aperçu
plusieurs fois à l'horizon sous des traits moins
apparents, et par des démarches successives
nous l'avions signalé au gouvernement. Nous
avions alors cru remarquer dans le sein du
gouvernement, au sujet de ses rapports avec le
parti radical, deux tendances, deux manières
de voir, deux manières de se conduire qui
étaient en conflit tacite l'une avec l'autre, conflit
qui, dans ces derniers temps, s'est accusé tout
à fait. Il nous avait toujours semblé qu'il y
avait dans le gouvernement une tendance
franchement, ouvertement hostile aux doc-
trines comme aux pratiques du parti radical,
décidée à user, pour le combattre, de toute l'é-
tendue des moyens légaux, des moyens maté-
riels que'la loi permet, et de la force morale
dont tout gouvernement dispose, une tendance
décidée, en un mot, pour une politique de résis-
tance aux doctrines comme aux pratiques du
parti radical. A côté de cette tendance, nous en
avons toujours distingué une autre, d'après la-
quelle on semblait penser que dans les rapports
avec le parti radical, les ménagements, les con-
cessions, les compromis étaient la meilleure
manière d'apaiser ses passions ou d'amoindrir
ses prétentions qu'il fallait user avec lui de
douceur, de patience, ne pas aller jusqu'au
bout des moyens légaux, ne réprimer que l'ex-
cès du désordre matériel, n'entrer en conflit
avec lui qu'à la dernière extrémité, et en tem-
pérant par la bonne grâce des relations, ce que
pouvait avoir de rude la répression légale. (Nou-
velle approbation à droite. Mouvements di-
vers. )
Ces deux tendances, messieurs, nous ne som-
mes pas surpris de les rencontrer; dans les
temps de révolution, elles partagent ordinaire-
ment les assemblées. Ces deux tendances se
sont rencontrées, après la révolution de Juillet
dans deux partis commandés par dos hommes
inégalement illustres, mais également honora-
bles elles sont au fond de la nature des cho-
ses comme de l'esprit humain. Nous ne nous
sommes donc pas étonnés de les voir repa-
raître.
Mais ce qui est peut-être plus surprenant, c'est
de les voir réunies dans le même ministère,
dans le même cabinet, à côté l'une de l'autre,
ayant chacune leur jour, leur moment d'empire
prévalant par intermittence et se partageant,
en quelque sorte, la carte de France, de maniè-
re que des régions entières semblaient abandon-
nées par l'administration, à l'une ou à l'autre.
(Rires d'adhésion sur plusieurs bancs à droite.)
olà pourtant le spectacle auquel, il faut bien
le dire, le gouvernement nous a fait assister
depuis deux ans. Que ces deux tendances aient
été suivies et pratiquées par lui tour à tour,
suivaiït les lieux et les heures, j'en appelle àvos
souvenirs; j'en appellerai au. souvenir de ces
discussions qui, quelquefois dans le même dé-
bat, ont valu anx organes du gouvernement ou
les applaudissements qui partaient de la pointe
extreme de ce cdté (la gauche) ou aés adhé-
sions qui partaient du sommet de celui-ci (la
droite).
J'en appellerai aux souvenirs que chacun a
pu rapporter de son département, de ces con-
damnations provoquées par les magistrats con-
tre des individus subitement graciés par des
interventions supérieures; j'en appellerai au
souvenir de ces promotions de fonctionnaires,
où la part semblait à dessein également faite à
deux éléments contradictoires j'en appellerai
enfin au souvenir do ces correspondances tant
dé fois parties du secrétariat général, de la pré-
sidence, et tant de fois désavouées dansle Jour-
nal officiel.
Dans tous ces faits, les deux tendances étaient
visibles; on les saisissait aux prises l'une avec
l'autre. Dans le cours de la session dernière, en
particulier, ces conflits et ces différends se sont
accusés aux yeux du public tous les jours da-
vantage, à ce point qu'on a commencé à nom-
mer dans le cabinet ceux qui représentaient
l'une et l'autre. (C'est vrai 1 c'est vrai à droite.)
Eh bien, les élections de Paris du 27 avril, et
déjà même les préliminaires bruyants de' ces
élections, ont fait passer ce conflit de tendan-
ces, de l'état latent et tacite à l'état public et
aigu. Le conflit a éclaté alors à tous les yeux de
manière à ne plus pouvoir être dissimulé.
Je ne veux pas prolonger cette discussion. Je
ne prendrai donc que deux faits très caractéris-
tiques et incontestables.
La conduite du gouvernement à l'égard de la
loi sur la municipalité lyonnaise est le premier
de ces faits. La nécessité de cette loi a été pour
la première fois signalée à cette tribune par M.
la ministre de l'intérieur c'est lui qui a dit dans
la discussion sur la police de Lyon que le dé-
sordre moral était tel à Lyon,qu'on ne pouvait
pas le souffrir plus longtemps. C'est le ministre
de l'intérieur qui a présenté la première loi
pour v porter remède.
Modifiée par la commission, cette loi a été ac-
ceptée dans ses modifications par le gouverne-
ment, représenté cette fois encore par le mi-
nistre de l'intérieur. Si jamais loi paraissait
établir une solidarité étroite entre le gouverne-
ment et l'Assemblée, c'était bien celle-là assu-
rément qui avait été préparée par le gouver-
nement, modifiée par la commission, et ac-
ceptée à la tribune par le ministre de l'inté-
rieur..
Qu'estril arrivé? Ce qui, en réalité, devait arl
river, ce que des hommes d'Etat apparemment
devaient prévoir, ce qui ne pouvait pas ne pas
arriver. C'est que la municipalité lyonnaise étant
un centre puissant, une:véritable citadelle du
parti radical, le parti radical tout entier a res-
senti l'attaque et s'est proposé immédiatement
d'user de représailles. Il a voulu se défendre et
rendre au gouvernement qui l'avait frappé atta-
que pour attaque. Cela était inévitable. Je ne
puis que m'étonner que des hommes d'Etat en
aient été surpris.
Quant à nous, membres de la majorité, nous
nous étions parfaitement attendus à ce que le
parti radical ne se laisserait pas déposséder sans
combat, sans résistance, d'un de ses centres les
plus puissants. Nous nous étions donc attendus
au conflit c'était une lutte qui commençait.
(Très bien très bien I à droite et au centre
droit. Rumeurs à gauche.)
Qu'avons-nous vu cependant ? Quel a été le
résultat de ces représailles contre cette attaque
portée en commun, contre un acte fait à la fois
par le gouvernement et par l'Assemblée Je dis
« en commun >, car ce qu'un gouvernement
laisse faire il le fait. (Nouvelle approbation à
droite et au centre droit.) Je dis donc et je ré-
pèto que l'acte était fait en commun par le
gouvernement et par l'Assemblée.
Eh bien, aussitôt que la représaille a paru
sous la forme d'une candidature opposée à celle
de M. le ministre des affaires étrangères à Paris,
tous les organes officiels ou officieux du gou-
vernement ont désavoué la loi votée en com-
mun par lui et par l'Assemblée. (C'est cela
très bien très bien à droite et au centre
droit.)
Tous les patrons de la candidature de M. le
ministre des affaires étrangères, les comités dont
il visait les circulaires, ont condamné cette loi,
l'ont condamnée comme une atteinte aux fran-
chises municipales et ont dénoncé l'Assemblée
comme ayant jeté à ces franchises municipales
une provocation gratuite.
Voilà ce que j'appelle le conflit des deux ten-
dances à l'état public et aigu. (Vive approba-
tion et applaudissements à droite et au centre
droit.)
Depuis, autre chose s'est passé, plus considé-
rable encore dans ses conséquences.
Pendant que durait cette grande lutte élec-
torale, tout à coup, dans un congrès de sociétés
savantes, où la politique était déplacée, et ne
pouvait, par conséquent, entrer sans calcul, M.
le ministre de l'instruction publique, le mi-
nistre d'alors s'entend, dans des paroles dont
on ne connaît pas bien la teneur exacte, a porté
contre cette Assemblée une cruelle imputation.
L'honorable M. Jules Simon, contre lequel au-
cun grief personnel ne n'anime. (Légères ru-
meurs sur quelques bancs à gauche), me per-
mettra de n'être pas plus blessant pour lui
qu'il ne l'a été pour chacun de nous; mais enfln
son discours, quel qu'en soit le texte exact,
soit celui qui a été primitivement recueilli par les
divers journaux, soit celui qui a été publié dans
le Journal officiel, son discours contenait,
au fond, une offense bien grande et bien dou-
loureuse contre chacun des membres de cette
Assemblée. (Vif assentiment à droite et au cen-
tre droit.)
Dire, en effet, qu'un homme, un homme seul,
quelque illustre qu'il soit, a opéré la libération
du territoire français le dire quand cette As-
semblée a reçu du pays, comme première mis-
sion, le rachat de notre indépendance, c'était
lui dire qu'elle avait négligé et compromis la
partie la plus chère et, la plus sacrée de son
mandat. (Très bien très bien à droite.) Qu'on
•l'ait dit expressément ou par prétérition, l'of-
fense est la même. (C'est vrai Très bien l'du
même côté.)
Le ministre de l'intérieur, dans la commis-
sion de permanence qui vous représentait si
dignement, sommé do s'expliquer sur ces pa«
rôles, en a solennellement désavoué la respon-
sabilité il a déclaré qu'il ne voulait pas en ré-
pondre.
Voilà ce que j'appeile, encore une fois, le con-
flit de tendance à 1 état public et aigu. (Marques
d'assentiment à droite et au centre droit.)
Dès lors, messieurs, ce conflit ost devenu tout
à fait officiel la presse; les journaux la publi-
cité, tout le monde,s'en est emparé, et les deux
tendances ont été représentées par l'honorable
M. de Goulard d'un coté, par l'honorable M. Ju-
les Simon de l'autre tendance à la résistance
ouverte contre le parti radical d'un côté, ten-
dance aux ménagements à l'égard de ce même
•parti, de l'autre; car, porter atteinte à l'Assem-
blée, comme l'avait fait l'honorable M. Jules
Simon, c'était apporter au premier article du
programme' du parti radical un appui qui ve-
nait de haut, puisque ce premier article est la
dissolution immédiate de l'Assemblée. (Nouvel-
les marques d'assentiment à droite et au centre
droit.)
Ce conflit a duré, je crois, trois semaines, pu-
bliquement, devant tout le monde chaque mi-
nistre ayant des journaux qui l'appuyaient; le
public attendant de quel côté pencherait le gou-
vernement..
Enfin, le Journal officiel a paru avec cette
mention que M*, le président de la république
avait reconnu la nécessité de modifier son ad-
ministration. Je le crois bien, en vérité! Il était
= difficile de faire revenir sur les mêmes bancs les
ministres séparés par de telles différences d'ap-
préciation politique. La politique d'équilibre, de
bascule, comme on l'a appelée, la coexistence de
deux tendances contraires au sein du cabinet,
tout cela avait fait son temps il fallait pren-
dre son parti-entre^ l'une et l'autre.
Quel est le parti qui a été pris t Le nouveau
cabinet qui se présente, quelles tendances re-
présente-t-il? Est-ce une' tendance ouverte à la
résistance, à la politique de résistance, à la ré-
sistance par tous les moyens légaux et moraux,
aux pratiques comme aux doctrines' du parti
radical ? Est-ce, au contraire, la tendance à la
concession, aux complaisances, aux compromis,
une politique se rapprochant du parti radical
autant que la sécurité de la. société et la con-
science d'honnêtes gens pourraient le permet-
tre Laquelle de ces deux tendances le cabinet
représente-t-il î
A droite et au centre droit. Très bien 1-
Voilà la question.
M. te duc de Broglie. Voila, messieurs, a
quoi revient, en définitive, l'interpellation adres-
sée au cabinet. Que représente-t-il Est-ce la
tendance à la résistance Est-ce la tendance à
la concession ? '1
Je vais dire tout de suite, sauf à être contre-
dit, et je serais heureux de l'être, mais il
faudra que je le sois par des faits positifs, par
des explications concluantes, et non par des
déclarations générales (Ouil oui! Très bien 1
très bien I Applaudissements à droite et au
centre droit.). dont les termes sont toujours
vagues, et dont, à la longue, les oreilles se fa-
tiguent. (Nouvelles marques d'approbation à
droite.) Il faudra que je sois contredit par dea
explications concluantes, je serai heureux da
l'être, mais il faudra qu'elles soient con<
cluantes.
Un membre à droite. II faut des actes f 1
M.' le duc de Broglie. En attendant, je dw
rai quelle est l'impression publique générale!
que chacun de nous peut recueillir en causant,
en dehors de cette enceinte, avec tous ceux que
la politique préoccupe.
Cette impression est que le cabinet actuel est
un pas de plus dans la voie des concessions,
des ménagements, des compromis vis-à-vis du
parti radical. (Rumeurs à gauche. Marques
d'assentiment et applaudissements répétés du
côté droit )
Je dis que c'est là l'impression commune, qua
c'est celle' que chacun de nous peut recueillir»
même parmi les gens d'opinions le plus oppo*
sées.
Sans doute chacun ne se sert pas des mêmes
termes pour rendre sa pensée ceux qui ap-
prouvent le cabinet nouveau ne parlent pas dg
complaisance et de compromis; mais ils conv
viennent volontiers que c'est un paâ fait en ae4
hors de la politique de résistance et dans" la vois
contraire.
Qu'est-ce qui donne cette opinion au public?
quand les noms des personnes appelées nouvel-»
lement à prendre place dans le cabinet devraient
donner l'impression toute contraire, quand leura^
intentions connues, quand leurs actes mêineif
leurs actes récents, comme par exemple le dis^
cours de M. Bérenger, qu'il aurait peut-être un'
peu de peine à refaire aujourd'hui qu'il est ïni-*
nistre. (Rires à droite. Protestations et ru»
meurs à gauche.)
H. Dufaure, garde des sceaux. Poufquof
donc aurait-il de la peine à le refaire î
SI. le duc de Broglie. Je tiens à explique^
ma pensée qui n'a rien de blessant pour l'hono^
rable M. Bérenger.
Je doute que le ministère assis sur ces banc*
voulût prendre la solidarité du discours pronon-
cé par M. Bérenger et de ses attaques contre 1»
municipalité lyonnaise j'en doute. S'il dit qu'il
accepte cette solidarité, je ne demande pas
mieux.
Quelle est donc la raison qui fait croire efnë
des personnes si honorables, des noms si com4
promis dans la cause de l'ordre même depuis
plusieurs générations, paraissent déterminait
par leur arrivée au pouvoir un pas en dehors
de la politique de résistance. Bien des faitS«-
messieurs, qu'il serait trop long d'éhumérér, ëV
surtout la base étroite sur laquelle s'est placée^
la nouvelle modification ministérielle, Ja. basa'
étroite qui sépare les nouveaux ministres, q
les tient du moins à distance- de la 'majorité?
conservatrice de cette Assemblée et de la plu*
part de ses nuances, et puis, comme cons
quence, la sortie dit cabinet du membre qui
dans ces derniers temps, avait représenté le*
intérêts, les doctrines, les pensées de la grânttA'
majorité conservatrice de cette Assemblée*
(Très bien très bien au centre droit et à droW
te.) Voilà les faits qui, éclatant aux yeux dît
publie, ont donné tout de suite à la dernière
modification ministérielle le caractère d'être mt
pas fait en dehors de la politique de résistances
Je sais bien qu'un autre membre du cabinet?
qui représentait l'autre tendance, en est sorti lof
même jour et à la même heure. Mais on me per-
mettra de faire remarquer qu'il n'y a point def
parité. j
En effet, il était difficile à l'honorable M. Jtfl
les Simon, ayant une opinion si sévère suc ses
collègues de la majorité de cette Assemblée, ds
continuer à les représenter comme ministre da
leur délégué. La même raison n'existait pasv*.
c'était la raison contraire, pour le ministre qui
représentait les intérêts et les pensées de la maw
jorité de cette Assemblée. (Assentiment à droite'
et au centre droit.)
Et s'il était vrai que c'est pour faire une Sortêr
de compensation qu'ils sont sortis l'un et l'au*
tre, alors ce serait bien là ce que j'appelle une
politique de concessions et de compromis. (Nouvel assentiment sur les mêmes bancs.)
J'insiste, messieurs, sur ce fait, qui est. M
plus saillant; non qu'il soit le fait unique, niais-
il est le fait dominant dans la crise. j
Je crois que le moment est venu de parler ou*
vertement et qu'il doit m'être permis de pronon-
cer quelques noms propres. Je tâcherai de la
faire sans être blessant; mais le pays a besoin;
de lumière, il a besoin de sortir des sous-enten-
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bancs à gauche.) i
A droite et au centre droit.- Parlez parlez I
BI. le duc de Broglie. Messieurs, j'insistêf
sur ce fait, parce qu'il répond d'avance à l'ob*
jection que je prévois et que nous font, de plu*
sieurs cotés, les organes de la presse amie da
gouvernement.
On nous a dit, depuis un an, on nous répètS'
beaucoup, depuis quelques jours, que les incer-
titudes, que les conflits et que les contradiction»
que je vous signale dans la politique du gou-»
vernement proviennent de ce que le gouverne-
ment n'a, pour assiette, que des institutions
provisoires de ce qu'il ne. peut prendre sont
point d'appui, de résistance sur des institutions
définitives. Le mal vient, dit-on, de ce que 1»
majorité conservatrice se refuse à passer d*
provisoire au définitif de ce que le parti con*
servateur n'est pas suffisamment rêpublicainjj
on ajoute que le nouveau cabinet va retrempée
ses armes de conservation dans les eaux repu*
blicaines et qu'il les en retirera moins émoutfi
sées et plus vives contre le parti radical.
Messieurs, je serais d'abord un peu étonni
de rencontrer cette objection dans la bouche da
M. le garde des sceaux; car, s'il m'en souvien*
bien, dans la discussion si récente encore de la
commission des Trente, c'est lui, au nom du
gouvernement, c'est lui qui a insisté surtout'
pour qu'on ne passât en aucune manière et bous
aucun prétexte du provisoire au définitif c'estf
lui, au nom du gouvernement, qui, dans de*
termes que j'ai sous les yeux. a dit que le go
vernement était d'avis que le moment n'étais
pas venu alors, c'était Il y deux mois à peinef
ni de faire la république ni de constituer li
monarchie que ce n'était pas là de sa part unç
tactique parlementaire étudiée, ce sont se
termes mêmes, mais la suite d'une profond»
étule de la situation du pays. C'est lui qui, daim
l'intérêt de la paix et du repos, a demandé à
la commission des Trente de s'abstenir da
toucher, à la question des institutions définit^
ves.
D'accord avec lui sur ce point, nous lui avons
accordé aussi ce qu'il demandait dans la mesura
et dans la forme qu'il avait déterminées lui»
même nous lui avons remis le soin de présetH
ter à l'Assemblée, sous la forme qu'il jugerait
convenable, trois lois organiques qui sont de
vraies lois constitutionnelles.
Comme rapporteur de'la commission desf
Trente, j'ai adhéré et demandé à l'Assemblée
son adhésion à toutes ces mesures. Je l'ai fait
surtout par cette considération qu'aux yeux du
gouvernement l'intérêt conservateur, l'intérêt
de la politique conservatrice était engagé dans
ces mesures. Je l'ai fait au prix de sacrifices
douloureux beaucoup de mes amis l'ont fait
avec moi. Tels le gouvernement nous a trou-
vés alors, tels, dans la discussion des prcV
jets de loi qu'il vient de déposer sur le bureau
de l'Assemblée, il nous retrouvera, s'il veut en-
core de notre concours, que sa réserve et sa me-
sure rendent essentiellement désintéressé. (Mou-
vements divers.) Mais si l'on pouvait reprocher «
la majorité de cette Assemblée de n'être pas as-
sez républicaine, l'honorable M. do Goulard ne
méritait pas ce reproche il avait pris, lui, très
résolument son parti d'adhérer à toutes les dé-
clarations et à toutes les tendances républicai-
nes da gouvernement.
Le premier, il avait fait honneur de l'emi
prunt des 3 milliards à la république conser^
vatrice'; il avait accepté, comme ministre, la
solidarité du Message du 13 novembre. Rien
n'indique qu'il n'ait pas collaboré aussi aux
lois actuellement soumises à l'Assemblée. S'il
est sorti du cabinet avec la tendance qu'il repré«
sentait, ce n'est donc pas qu'il fut trop peu ré-
publicain, il faut bien convenir que c'est qu'il
était trop conservateur. (Vives marques d'adhé-
sion à droite.)
Eh bien, messieurs, si cela est vrai, si c'est
bien la, en dehors de toutes les questions de
formes de gouvernement, si c'est bien là la dis-
sidence qui nous sépare du nouveau cabinet, si
-c'est la crainte que son avènement ne soit un
pas fait en dehors de la politique de résistance,
• et si cette crainte n'est pas démentie par dea
explications catégoriques fondées sur des faits,
je demande la permission d'appeler l'attention
du cabinet sur la position où il va se trouver.
Il y a ici 320 députés ayant signé l'interpellai
tion, qui sont profondéinentconyaincus que con«
tre le progrès des doctrines radicales l'action ac»
tive, énergique du gouvernement dans la voie
légale est indispensable qui attribuent à ses os-
cillations, à ses indécisions la plus grande partit
du progrès que ces doctrines font dans le pays,
l'autre partie seule étant imputable aux pas-
sions qu'elles flattent dans le cœur des popula-
tions. (Très bien!) 1)
Profondément convaincus aussi que ces oscil«
lations, que ces indécisions, que cet équilibra
entre la résistance et les ménagements dont j«
parle ont été le grand véhicule des progrès du
parti radical (Très bien très bien adroite).
ils ont conclu résolument qu'il faut renoncer a
ces oscillations, à cet équilibré et à plus forte
raison s'abstenir de faire un pas dans le sens
contraire à larésistance. Ils pensent qu'un gou-
vernement n'a pas tout fait quand il a assuré
l'ordre matériel que l'ordre moral dépend
beaucoup de lui, qu'il peut le fortifier ou
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