Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-11-04
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 novembre 1870 04 novembre 1870
Description : 1870/11/04 (Numéro 3537). 1870/11/04 (Numéro 3537).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Ce ne sont plus des vétérans armés, mais
simplement des citoyens.
Les postes ne sont plus des corps de
garde; ce sont des dépendances de la mai-
rie de l'arrondissement.
La mission du corps civique n'est pas de
remplacer la police de nos rues, ou la force
armée de nos corps de garde. Elle consiste
à veiller par quartiers, par sections, par
îlots sur nos familles et nos habitations,
au point de vue de la sécurité de la rue et
de l'incendie. Des pompes et des pompiers
adjoints sont organisés. Elle consiste en-
core, cette mission délicate, à veiller sur
l'alimentation de cette grande famille qu'on
nomme un quartier. Dresser les listes de
recensement, distribuer les cartes de ra-
tionnement, surveiller les boucheries, veil-
ler à ce que chacun ait sa part, raisonner
les indisciplinés, calmer les justes récla-
mations en un mot, maintenir l'ordre et
n'avoir d'autre arme que la loi, la justice,
l'équité, et, si faire se peut, la persuasion
voilà toute l'organisation et l'attribution
du corps civique.
Faudrait-il donc. aujourd'hui qu'il fonc-
tionne depuis longtemps, venir le détruire,
sous prétexte de fusion et à cette décen-
tralisation municipale civile, substituer
une centralisation militaire? Nous ne le
croyons pas.
Que feraient de plus des fusils et diss*
baïonnettes entre les mains affaiblies ou
inhabiles? Quel rôle jouerait ce fusil si con-
voité, sur un bras paralysé, sou s l'œil myope
ou presbyte? Quel sera son office encore
entre les mains d'un enfant de seize ans
ou d'un vieillard de soixante à soixante-
dix ans
Si on réclame un fusil, qu'on ait au moins
la force de s'en servir, de le porter même,
et d'aller aux remparts.
Si la force manque ou l'aptitude, à quoi
bon une arme doublement inutile, et parle
eut civil qu'il faut atteindre, et par l'exé-
cution même?
En résumé, deux éléments sont en pré-
sence
Le militarisme. rembrigàflèment armé
dépendant de la place militaire, opposant
une baïonnette à toute réclamation ou
réglementation civile.
L'élément civil, municipal, décentralisa-
teur, ennemi de toute bureaucratie auto-
ritaire, faisant pénétrer jusque dans la
plus infime fraction de la citée– l'ilot– les
saines doctrines du self-government, avec
l'attache de sa propre municipalité.
Entre les deux, qu'on choisisse.
Mais avant de faire ce choix si grave,
qu'on songe à l'avenir.
Si donc une fusion des deux éléments
doit se faire, nous souhaitons de tous nos
vœux que le vétéran militaire s'efface de-
vant le corps civique. :;f£~7-4
LE PHARE ÉLECTRIQUE
DE MONTMARTRE
Tandis que c'est à l'électricité de la pile,
c'est-à-dire au fluide né des actions chimi-
ques qui se produisent lorsque certains
corps se trouvent en contact les uns avec
les autres, que les électriciens des remparts
demandent le rayon lumineux qu'ils pro-
jettent à l'horizon, l'éclairage électrique du
phare de Montmartre, plus connu des Pa-
risiens sous le nom d'appareil Bazin, repo-
se sur le principe de l'électro-magnétisme.
c'est-à-dire du mouvement électrique qui
se manifeste lorsqu'on approche d'un mor-
ceau de fer doux, enveloppé d'un fil de cui-
vre recouvert de soie, un aimant naturel
ou un barreau d'acier aimanté. »
L'appareil employé est la machine ma-
gnéto-électrique de Clarke, modiflée par
MM. Nollet et Berlioz, communément dé-
signée sous le nom de machine de la Com-
pagnie l'Alliance.
Il se compose essentiellement d'un bâtis
octogonal en fonte supportant sur chacune
de ses arrêtes sept forts aimants artificiels
en forme de fer à cheval, dont les extrémi-
tés ou pôles convergent toutes vers le
centre du bâtis occupé par un cylindre
de cuivre monté sur axe d'acier. Le cy-
lindre supporte quatre séries de dou-
bles bobines de fer dont chaque bran-
che est recouverte de fil de cuivre en-
veloppé de soie. L'axe prolongé en de-
hors du bâtis fait corps avec une pou-
lie recevant d'une locomobile de trois
chevsux un mouvement de rotation de
quatre cents tours par minute. Chaque fois
que, par suite de ce rapide mouvement
circulaire, les doubles bobines passent de-
vantles pôles des aimants, ilyaproduction
defluide positif dans le fil d'une branche, de
fluide négatif, 'dans le fil de l'autre. Ces
courants de noms contraires se réunis-
sent, s'accumulent sur deux conducteurs
communs auxquels se rattachent deux
gros fils de cuivre dirigeant les courants
dans le phare. Gelui-ci n'est àùfre q&'utie*
lampe électrique ordinaire dans laquelle l'é-
tincelle apparaît entre les pointes de deux
baguettes de charbon dur, qui se maintien-
nent dans un écart constant, grâce au jeu de
cet admirable mécanisme que l'on appelle
le régulateur de Foucault-Dubosc. Ce ré-
gule teur conserve au point lumineux une
fixité à peu près immuable.
Les rayons de lumière recus par un nli-
roir concave sphérique sont projetés au de-
hors en faisceau sensiblement parallèle,
après avoir traversé une puissante lentille
à échelons de Fresuel. Tout le système,
monté pour se mouvoir très facilement
dans le sens horizontal et vertical, est en-
veloppé d'un tambour mobile de cuivre
qui permet de le masquer complètement à
la vue de l'ennemi. Disons enfin que, par
sa position sur un point culminant des
buttes Montmartre, le phare de M. Bazin
domine tout Paris. De la plate-forme du
Moulin de la Galette, l'œil embrasse dans
son ensemble, comme dans ses détails, le
cirque de hauteurs qui entourent la capi-
tale et les plaines âumlheu desquelles ser-
pente la Seine.
Quels sont maintenant les résultats obte-
nus
Le rayon, parfaitement cylindrique éma-
né du phare, parcourt, éclaire et fouille
l'espace de telle sorte, qu'un observateur
placé sur la terrasse du Moulin aperçoit
distinctement les détaiis de la façade d'une
maison bâtie à 2.600 mètres de là à 2,900,
un homme est visible à une fenêtre de la
mairie de Saint-Ouen; à 3,000, on écou-
vre, dans la plaine, une masse d'infante-
rie ou de cavalerie; à 4,000, le, dôme des
Invalides resplendit, et on en distingue les
bandes obscures.
Cependant, à cette énorme distance, no-
tre observateur n'apercevra pas un indi-
vidu placé sur le dôme, parce que le rayon
luminenx ne fait plus retour sur lui-même
pour ramener sur la rétine l'impression
des objets éclairés. Mais, si l'on se rappro-
che du monument, les détails s'accentuent
et l'homme du dôme devient visible. Nous
avons pu nous-même constater qu'au bas-
tion 48, distant de 3,800 mètres du phare
de Montmartre, la lumière provenant de
celui-ci était suffisamment intense pour
permettre la lecture d'un journal de texte
ordinaire, et cependant les observateurs
de Montmartre ne nous apercevaient pas.
Il s'ensuit donc, que si la portée utile ne
dépasse pas 3,000 mètres environ, lors-
que l'on reste au pied de l'appareil-ce qui
est déjà un très beau résultat, le champ
d'éclairage s'étend jusqu'à à 7,000 pour
des observateurs convenablement placés
sur des points éloignés.
Ainsi; par exemple, des mouvements de
troupes prussiennes dans la plaine de Gen-
nevilliers, à six ou sept mille mètres de la
Butte, pourront être aperçus des vedettes
francaises de Saint-Ouen, ces vedettes res-
tant "elles-mêmes plongées dans l'obscu-
rité, et par conséquent, invisibles à cause
de leur position en dehors du champ d'ac-
tion du faisceau électrique. Ce dernier,
grâce à la situation dominante du phare
de Montmartre, peut, lorsque le temps est
bien clair, passer au-dessus du fort de la
Briche pour aller jeter ses dernières lueurs
dans la plaine jusqu'à mille mètres au delà
de Saint-Denis.
Sentinelle vigilante, inflexible fureteur
de l'horizon, tel est donc le rôle auquel se
prête admirablement le phare Bazin, rôle
dont les autorités militaires ont &i bien
compris, apprécié l'importance et les| ré-
sultats, que plusieurs commandants des
forts, celui du Mont-Valérien entre autres,
ont demandé l'installation chez eux d'ap-
pareils du même genre en remplacement
des lampes électriques ordinaires, beau-
coup moins puissants. Il doit, en outre,
servir d'auxiliaire très utile à la grande
batterie de Montmartre,qu'il domine, pour
éclairer en temps opportun le champ de tir
des pièces de la marine, et, dans le cas
peu probable aujourd'hui d'invasion des
fortifications, d'où résulterait par consé-
quent la mise hors d'usage de leurs appa-
reils électriques, le phare pourra rempla-
cer ceux-ci pour l'éclairage de plusieurs
secteurs de nos lignes défensives. Dans ce
dernier cas, le champ lumineux devant se
trouver étendu en surface plutôt qu'allon-
gé, la lentille Fresnel serait enlevée.
Enfin, le point lumineux du phare de
Montmartre étant, comme celui de tous
les phares maritimes, visible à de très
grandes distances, et cela malgré le brouil-
lard, M. Bazin propose de transformer son
appareil en télegi'aphe^ïiocturne, par l'a-
doption d'un système de signaux basé sur
l'emploi des éclats, des éclipses et des é-
crans colorés pour l'échange de nouvelles
et d'ordres entre l'enceinte parisienne et
les forts. Ce nouvel ordre de travaux ne
serait du reste qu'une répétition de ceux
que M. Bazin a exécutés en mer, à bord de
la corvette le Coligny, dont les signaux
électriques s'apercevaient très distincte-
ment à plus de neuf kilomètres de dis-
tance.
Disons,avant de terminer,et pour obéir à
d'honorables scrupules, que dans le sys-
tème d'éclairage électrique employé à la
Butte-Montmartre, il n'y a aucun fait scien-
tifique nouveau, aucun appareil d'inven-
tion récente. La machine à vapeur, la ma-
chine magnéto-électrique, le régulateur
de Foucault-Dubosc, la lentille de Fresnel
sont déjà bien connues des savants et des
marins, mais ce qui revient de droit à M.
Bazin, ce qui lui appartient en propre et
lui a valu un rapport flatteur des agents
officiels, c'est la réunion, le groupement
de ces divers éléments pour former un
tout parfaitement coordonné, appelé à ren-
'dre des services très importants à l'œuvre
de la défense commune. Ajoutons que l'ex-
périence journellement répétée au poste
de Montmartre, sous la direction de M.
Bazin, que seconde activement un homme
universellement apprécié pour ses travaux
sur l'optique et l'électricité, M. Varlin, au-
ra largement contribué "su progrès de l'in-
téressant et utile problème des applica-
tions de l'éclairage électrique à l'art mi-
litaire.
PAUL LAURENCIN,
48, rue de la Tour-d'Auvergne.
COMMUNICATIONS A LA PRESSE
Aujourd'hui, à trois heures, M. Eugène
Pelletan, membre du gouvernement; M.
Etienne Arago, maire de Pans, assisté
de MM. Hérisson, Clamagéran, adjoints;
EmileDurier, secrétaire du gouvernement,
ont passe en revue les bataillons de ser-
vice à l'Hôtel de Ville.
Descendus sur la place, ils ont été sa-
lués par les plus vives acclamations, qui
n'ont cessé de retentir pendant toute la
revue, et le maire de Paris a prononcé
une allocution patriotique chaleureuse-
ment accueillie.
Le gouvernement a reçu, dans les jour-
nées d'hier et d'avanthiêr, un très grand
nombre de députations d'officiers de la
garde nationale pour protester contre les
manœuvres dont ils avaient été et dont ils
étaient encore l'objet de la part de cer-
tains de leurs collègues.
Le Journal offidiel a également reçu de
nombreuses protestations dans le même
sens signées par les officiers de divers ba-
taillons. Nous ne croyons pas devoir insé-
rer ces documents in extenso, mais nous
croyons devoir les mentionner.
ACTES OFFICIELS
Création, de .régiments d'artillerie.
Le gouvernement de la défense natio-
nale,
Vu l'ordonnance du 13 mai 1867 sur l'or-
ganisation de l'artillerie;
Vu le décret du 4 septembre 1868, por-
tant modification aux tableaux du person-
uebdê l'artillerie;
Vu le décret du 16 juillet 1870, portant
création d'un cadre de dépôt dans les régi-
ments de cette arme";
Vu le décret du 28 octobre 1870, portant
suppression de la garde impériale;
Sur le rapport du ministre de la guerre,
Décrète
.Art. 1er. Il sera créé deux nouveaux ré-
giments montés d'artillerie, avec les batte-
ries et détachements des régiments d'ar-
tillerie de l'ex-garde et une partie des bat-
teries de marche qui font actuellement
partie de l'armée de Paris.
Art. 2. Ces régiments comprendront un
état-major, un petit état-major, un peloton
hors rang et un cadre de dépôt composés
conformément à l'organisation du 13 mai
1867, modifiée par les décrets du 4 septem-
bre 1868 et 16 juillet 1870, en ce qui concer-
ne les régiments montés.
Art. 3. Ces deux régiments prendront les
îios 21 et 22.
Fait à Paris, le Ier novembre 1870.
Artillerie de la garde mobile.
Le gouvernement de la défense natio-
nale,
Décrète
Art. l". Un emploi d'adjudant-major est
créé dans chacun des régiments. provisoi-
res d'artillerie de la garde nationale mo-
bile.
Art". 2. Cet emploi, dévolu à un capitaine
ou à un lieutenant, sera attrilué par le
ministre de la guerre à l'un des officiers
de batterie déjà pourvu de l'un de ces
grades.
Art. 3. Il sera procédé par la voie de l'é
lection, et conformément aux prescriptions
du décret du 17 septembre dernier et de
l'arrêté ministériel de même, au remplace-
ment du capitaine ou lieutenant désigné
pour occuper l'emploi d'adjudant-major
immédiatement après sa nominaiion.
Art. 4. Le lieutenant devenu adjudant-
major pourra être nommé capitaine après
trois mois de fonctions.
Art. 5 Le ministre de la guerre estchar-
gé de l'exécution du présent décret.
Fait à.Paris, le 1er novembre 1870.
•m Nominations.
Par décret en date du 2 novembre, M. Ernest
Cresson, avocat à la cour d'appel de Paris, est
nommé préfet ds police, en remplacement de
M. Edmond Adam, démissionnaire.
Par décret, en date du 1er novembre, rendu
sur lé rapport"' du ministre de la guerre, Kl. de
la Mariouse, colonel du 35e régiment de ligne.
a été nommé au grade de général de brigade
dans la lre section du cadre de l'état-major gé-
néral de l'armée.
Par décret du ler novembre ont été
nommés
DANS LE CORPS D'ÉTAT-MàJOR
Au grade de colonel
M. le lieutenant-colonel Crépy.
Au grade de lieutenant-colonel
M. le chef d'escadron Eoadet.
DANS L'INFATSTERTE
Au grade de colonel
35e réginftnt de ligne M. Bonnet, lieutenant-
colonel du 115e régiment de ligne
138e régiment do ligne M. Colonieu, lieute-
nant-colonel commandant le corps.
Au grade de lieutenant-colonel
35e régiment de ligne M. Martineaud, chef
de bataillon au corps;
115e régiment de ligne M. Benedetti, chef de
bataillon au 109" régiment de ligne.
Révocations.
Le gouvernement de la défense nationale
Décrète
Art. ler. Sont révoqués les chefs de bataillon
e la garde nationale dont les noms suivent
Gromier, chef du "4e bataillon;
Barberet, chef du 79e bataillon;
Dietsch, chef du 190e bataillon;
Longuet, chef du 248e bataillon;
Chassin, chef du 252e bataillon.
Art. 2. Le jour de l'élection qui aura lieu pour
remplacer les chefs de bataillon révoqués sera
ultérieurement indiqué.
Fait à Paris, le 2 novembre 15*70.
<
€HROMIQU£
Aux démissions que nous avons men-
tionnées hier, il faut ajouter celles de M.
Girard, maire du 2e arrondissement et de
ses adjoints, MM. Jernet et Turpin; de
M. Passedouet, maire du 13e arrondisse-
ment et de son adjoint, M Combes.
Quant à celles de M. Robinet, maire du
6e arrondissement et de l'un de ses ad-
joints, M. André Rousselle, il résulte d'une
lettre que nous avons reçue hier, que ces
deux citoyens n'ont pas du tout donné
leur démission MM. Robinet et Rousselle
auraient bien, en effet, signé la proclama-
tion dont nous avons emprunté le texte
au Journal de Paris, mais ce document au-
rait subi leur insu des modifications im-
portantes et aurait été affiché sans leur
aveu. Ils ont déclaré, au contraire, que
tous leurs vœux étaient pour le gouverne-
ment de la défense nationale, quoique en
désapprouvant énergiquement la rédac-
tion des affiches posées le matin et qui
pouvaient faire ^croire à des pensées de
capitulation.
Nous apprenons que MM. Georges Ave-
nel, chef de la correspondance générale à
la mairie de Paris; Edouard Siebecker,
secrétaire du cabinet de la mairie de Pa-
ris, et Gabriel Guillemot, attaché au cabi-
net de la mairie de Paris, ont donné leur
démission.
Plusieurs journaux ont annoncé que le
capitaine Emile Vandsrheym, officier d'or-
donnance du général lieutenant supérieur
de 'Vincennes, avait été tué dans l'affaire
du Bourget. Le capitaine Vanderheym
nous prie de démentir ce fait.
On lit dans le Journal des Débats
Une foule nombreuse et recueillie remplissait
aujourd'hui mercredi les cimetières pour fêter
le jour des Morts. Au cimetière Montmartre, la
tombe du général Cavaignac était couverte de
couronnes d'immortelles. Quelques manifesta-
tions ont eu lieu autour de la tombe du repré-
sentant Baudin; les bouquets et'les couronnes
jonchaient la modeste pierre qui recouvre cette
tombe. Un discours a été prononcé au nom
d'une députation des éclaireurs du 113e batail-
lon.
L'orateur après avoir rendu hommage à
la mémoire de Baudîn, a cru devoir atta-
quer « l'aristocratie financière » au nom de la
république démocratique et sociale. Il a de-
mandé l'instruction obligatoire et la Commune,
mais le cri de «Vive la Commune! » n'a point
trouvé d'écho. Le public, qui se pressait autour
de la tombe, y a répondu par le cri fortement
accentué de « Vive la république »
La Vérité annonce que M. Jules Vallès,
qui s'était emparé de la mairie de Belle-
ville, en aété expulsé parla garde nationale,
qui s'est empressée de rétablir M. Richard,
l'ancien maire.
Le conseil de l'Ecole spéciale d'architec-
ture vient d'adresser aux professeurs de
l'Ecole la lettre suivante
« Monsieur et cher collègue,
»La crise terrible que la France traverse
en ce moment crée pour toutes les œuvres
semblables à la nôtre des conditions ex-
-eeptionnelles. »
» L'isolement de Paris, l'appel adressé à
toutes les activités par la patrie en péril,
ne nous permettent pas de compter sur la
présence de nos élèves anciens etnouveaux,
ni sur les services de nos professeurs.
Presque tous remplissent, comme nous-
mêmes, un devoir sacré, et il ne nous ap-
partient pas de les en distraire.
» En présence de cette situation, le con-
seil de l'Ecole a cru devoir prendre la ré-
solution suivante:
» Ecole spéciale d'architecture. Par
décision du conseil, l'ouverture de l'Ecole
n'aura pas lieu le 10 novembre. Elle sera
ultérieurement fixée dès que les événements
dela guerre le permettront.
» En prononçant cette suspension, le
conseil conserve toute sa foi dans la va-
leur et dans l'avenir de l'œuvre à laquelle
vous vous êtes dévoués avec nous. Il croit
que la France, éclairée parses malheurs,
régénérée par l'universel dévouement, fera
une place de plus en plus grande aux crén-
tions pénétrées, comme la nôtre, du libre
esprit de l'initiative individuelle.
» Vous partagez, nous n'en doutons pas,
ces sentiments et cette espérance.
» Agréez, etc.
Les membres du conseil présents
à Paris
ÉMILE TRÉLAT, directeurde l'Ecole;
emile mtjller,. président du con-
seil d'administration; HENRI DE
DION, ÉMILE BOUTMY.
DONS PATRIOTIQUES
pour la fabrication des canons.
La réunion des Jurassiens, convoquée
pour dimanche, 29 octobre, a été nom-
breuse.
Tous ont voté par acclamation une sous-
cription pour offrir un canon à la défense
nationale.
Ce canon s'appellera le Jura.
La lr0 compagnie du 69° bataillon (quar-
tier de l'Europe), de nouvelle formation,
vient de réunir, en deux jours, parmi les
gardes et officiers de la compagnie, une
somme de 776 fr. pour souscriptions volon-
taires à la fabrication des canons.
MM..M. TM 1» ï W M k& s»
Aujourd'hui, 3 novembre, le thermomètre
de la maison A. Queslin, 1, rue de la Bour-
se, marquait
A 7 heures du matin, 1 degré 5 dixiè-
mes au-dessus de zéro.
A 11 heures du matin, 8 degrés 0 dixiè-
me au-dessus de zéro.
A l heure du soir, 8 degrés 5 dixièmes
au-dessus de zéro.
Hauteur barométrique, 765.
Après plusieurs jours de retard occa-
sionné par le mauvais temps, le ballon le
Fui ton est parti hier matin de la gare d'Or-
léans, à huit heures trente«cm«j'- minutes,
se dirigeant vers le Mans.
Il emportait dans sa nacelle l'aéronaute
M. Le Gloennec, marin, élève de MM. Go-
dard frères, et une autre personne; 253
kilogr. de dépêches, 600 kilogr. de le.t, et
plusieurs pigeons.
Aujourd'hui, jeudi matin, départ du Ga-
lilée.
La réunion de jeudi, des habitans de
Loire-t-Clier. est remise à un jour très pro-
chain qui sera annoncé, tant par lettres
missives que par voie des journaux; le co-
mité et les délégués n'ayant pu terminer
leur rapport.
NÉCROLOGIE
~3 >z.-
Avant-hier, jour de la Toussaint, malgré
les graves préoccupations du moment, les
nombreux services commandés à la garde
nationale et les tristes devoirs de famille
de chacun de nous, un nombreux cortège
d'amis artistes, professeurs, hommes
de lettres accompagnait au cimetière
Montmartre un modeste homme de bien,
M. Louis Bauderon de Vermeron, peintre
d'histoire. Le deuil était conduit par M. A.
Rén.aury et par notre collaborateur et ami
M. L. Montigny, beau-p.ère et beau-frère
du défunt. On remarquait dans l'assistance
MM. Ambroise Thomas, Barrias, Bonnat,
Guérard, Menu de Saint-Mesmin, comte
Serrurier, d'Avrécdurt Brunet-Vivien
Puvis de Chavannes, le plus cher de ses
amis parmi les artistes.
M. Bauderon de Vermeron, à quiun beau
portrait du duc de Larochefoucauld avait
valu jadis une médaille de 2e classe, s'était
depuis une quinzaine d'années plus parti-
culièrement adonné à l'enseignement, et il
était même le créateur de ces leçons sur
l'histoire de l'art, aujourd'hui recônnues si
utiles. C'est ce qu'a rappelé,avec une sorte
de reconnaissance émue, M. Menu de Saint-
Mesmin, secrétaire général de l'Associa-
tion polytechnique, dans les quelques pa-
roles si pleines d'élévation qu'il a pronon-
cées sur la tombe de ce collaborateur, qui
était pour lui un ami
« Cher Bauderon, cher collègue. com-
pagnon de mes travaux dans la Mte; enga-
gée par la science qui vivifie, contre l'i-
gnorance qui tue, nous te comptions par-
mi les plus vaillants combattants dans cette
guerre sainte qui ne fait pas de victimes,
qui ne détruit pas les hommes,mais qui les
fait. Nous nous souvenons tous de tes le-
çons que nous aimions à entendre, quand,
plein de verve et de jeunesse, malgré tes
cheveux blanchis dans le combat de la
vie, tu nous racontais l'Histoire des
arts et l'existence des grands maîtres.
Tu avais le secret de soulever la pierre de
leur tombeau et de nous les montrer vi-
vants. Tu étais le créateur de cet ensei-
gnement apôtre convaincu, tu avais réus-
si, à force de foi, de persévérance et de ta-
lent, à convaincre les autres. Les élèves
de nos premières écoles, de nos lycées,
de nos colléges, trop ignorants jusqu'ici
des lois éternelles qui régïssent'les arts et
gouvernent leurs progrès, t'avaient choisi
pour maître et te demandaient de les gui-
der au milieu des merveilles de nos mu-
sées, que les malheurs du temps nous con-
damnent à cacher dans nos caves! Cher
Bauderon. le secrétaire général de l'Asso-
ciation polytechnique te devait bien ce su-
prême adieu.
» Vous parlerai-je du citoyen? A l'âge ou
le repos est permis, il avait tenu à honneur
de prendre le fusil dans nos rangs,de payer
de sa personne, et de partager notre for-
tune dans les malheurs de la patrie. »
Son dévouement lui a peut-être coûté la
vie. Encore quelques années d'existence,
et sans doute il eùt laissé, en dehors des
œuvres de son pinceau, une trace durable
de son passage ici-bas, en publiant le ré-
sultat de ses infatigables recherches esthé-
tiques. Ces matériaux, un soin pieux enga-
gera probablement son beau-frère à les re-
cueillir et à les publier quelque jour.
TMIBEIMAIS
Condamnation à mort. Commuta •
tion de peine. Par décision du gouver-
nement de la défense nationale, en date du
24 octobre, la peine de mort prononcée con-
tre le sieur André Decker, fusilier au 95e
régiment d'infanterie par le 2e conseil de
guerre permanent de la lre division mili-
taire, pour avoir assassiné le caporal Bel-
legarde, a été commuée en celle des tra-
vaux forcés à perpétuité.
Ce condamne devra comparaître à la pre-
mière séance du 2° conseil de guerre, où il
lui sera donné lecture des lettres de grâce,
qui seront ensuite transcrites sur les mi-
nutes dudit conseil.
vaaïÉTÉà ̃*̃*̃
LA QUESTION DES AMBULANCES
La population de Paris assiégé se com-
pose de deux éléments les défenseurs, et
les habitants qui ne concourent pas direc-
tement à la défense, en autre terme, l'élé-
ment militaire et l'élément civil. Le pre-
mier n'est pas homogène, en effet, l'armée
proprement dite ne comprend pas la-gar.ie
nationale. Par conséquent, nous avons
trois groupes les troupes régulières et la
garde mobile représentent le groupe mili-
taire la garde nationale oumilice civique,
le groupe municipal, qui est intermédiaire
entre Je premier et le groupe civil propre-
ment dit. ̃
Voilà une division qu'on ne saurait con-
tester. Eh bien! c'est de cette division qu'il
faut partir pour organiser le service de
santé, ou plutôt pour en achever l'organi-
sation, car la voie est tracée, et il n'y a
qu'à la suivre.
Les militaires ont leurs ambulances vo-
lantes, qui vont chercher les blessés sur le
champ de bataille, donner les premiers
secours; le dépôt d'ambulance où se font
les opérations urgentes et les pansements
indispensables, et trois grands hôpitaux
le Val-de-Grâce, le Gros-Caillou et les' Ré-
collets, ainsi qu'un assez grand nomore
d'ambulances libres et privées qui s'intitu-
lent, à bon droit, ambulances militaires,
et qui sont l'œuvre, soit de l'esprit d'asso-
ciation, soit de la charité privée et de l'ini-
tiative individuelle.
Ces succursales des hôpitaux militaires
relèvent naturellement et doivent relever
de l'administration de la guerre; car il
peut arriver qu'à un moment donné 1rs
ressources des sociétés de secours fassent
défaut, et à plu foi le raison les ressour-
ces des particuliers; de telle sorte que les
malades et les blessés de l'armée soient
obligés de compter sur leur providence
naturelle, qui est l'intendance; et d'ailleurs,
il importe que l'autorité militaire ait sous
la main tous -les hommes -en activité de
service.
Il ne faut donc pas toucher pour le mo-
ment au service de santé militaire. Les
médecins de l'armée forment un corps qui
se compose de très bons éléments, qui
l'emplit admirablement ses devoirs et qui
n\\ pas besoin d'èlre stimulé par qui que
ce ty>it; car il a un esprit d'initiative qui
n'est pas commun dans la médecine civile s
et la p reuve, c'est la construction, de ces ba-
rauuêiuSTits élevés sur les terrains vagues
du Luxembourg; innovation heureuse,
quoique tardive, qui deviendra prochaine-
ment la picis éloquente des protestations
contre ees vastes hôpitaux civils. « Ces
magasins d'air empesté » dont Cabanis, à
qui le mot apnartient, demandait la démo-
lition, dès 1789, au nom de l'humanité, de
l'hygiène et de l'économie sociale. Ren-
dons justice aux médecin1! militaires qui
ne craignent pas de condamner autrement
qu'en paroles le régime de la caserne ap-
pliqué aux malades et aux blessés.
La médecine militaire, dont le personnel
est insuffisant, particulièrement en temps
de guerre, trouve de précieux auxiliaires
dans les médecins des ambulances où sont
reçus les hommes appartenant aux troupes
régulières et à la garde mobile. L'occasion
est unique pour cimenter entre la méde-
cine militaire et la médecine civile cette
bonne entente cordiale, qui est l'âme de
la confraternité et qui a pour base l'estime
mutuelle l'art lui-même peut retirer de
grands avantages de ce rapprochement. Il
y aurait donc impudence, pour ne rien
dire de plus, à froisser, par des empiéte-
ments intempestifs et injustifiables, les
justes susceptibilités d'un corps essentiel-
lement recommandable.
La garde nationale se compose de ci-
toyens armés; elle représente un élément
mixte. Dans cette milice, la discipline et la
hiérarchie ne portent aucune atteinte à la
liberté individuelle. Les chefs sont nom-
més à l'élection. Il en est de même des mé-
decins. Désignés au choix du bataillon par
leurs confrères d'arrondissement, ils sont
éluspar les gardes nationaux. Ceux-ci res-
tent libres, bien entendu, de confier leur
santé, même en cas d'accident, au méde-
cin ou au chirurgien en qui ils ont con-
fiance c'est leur droit, et c'est par là qu'ils
diffèrent du militaire, du soldat enrégi-
menté, qui est obligé de recevoir les soins
qu'on lui donne à l'hôpital ou à l'ambulan-
ce, et ne peut se faire traiter à domicile.
Mais tous les gardes nationaux ne sont
pas dans ces conditions exceptionnelles
le plus grand nombre n'a que la liberté
restreinte du pauvre qui, en cas de mala-
die, réclame les secours médicaux que lui
offre l'administration de l'Assistance publi-
que.
Hâtons-nous de dire que, dans la garde
nationale, telle que l'a faite la république,
la fraternité n'est pas un vain mot tous
les gardes nationaux d'un même bataillon
sont liés entre eux par le principe vraiment
démocratique de la solidarité, et animés
de l'esprit d'association, qui transforme
nos mœurs en rapprochant les distances.
La garde nationale, dans l'intérêt même
de la défense, à laquelle son concours est
si précieux, ne peut consentir à voir ses
malades et ses blessés abandonnés à des
soins étrangers. Elle doit avoir son assis-
tance à elle, assistance différente de l'as-
sistance militaire et de l'assistance publi-
que. Elle doit avoir par conséquent un ser-
vice de santé qui lui soit propre, indépen-
dant et autonome; autrement, il serait
puéril d'élire des médecins et des chirur-
giens de la garde nationale, qui ne seraient
bons que pour la parade.
Ce n'est pas ainsi que l'entendent les
gardes nationaux et les médecins qui por-
tent l'uniforme de la garde civique. Ils ont
tous droit à l'ambulance, aussi bien que
les militaires la milice sédentaire ne sau-
rait se passer des secours médicaux qui
sont assurés à l'armée active. Le person-
nel du service de santé de la garde natio-
nale, de par le principe même de l'élec-
tion, doit organiser ce service et ces se-
cours comme il l'entend, en prenant con-
seil de la nécessité, et pour modèle l'orga-
nisation du service de santé militaire, avec
les modifications heureuses qu'il peut se
permettre, n'étant tenu par aucun règle-
ment, et pouvant être utilement secondé
par l'administration municipale de son ar-
rondissement.
Le garde national est le gardien du rem-
part mais la milice sédentaire, qui rivalise
de patriotisme avec nos soldats de la ma-
rine, de la ligne et de la garde mobile, fait
aussi des sorties offensives, elle va au feu.
Il faut donc qu'il y ait pour le service de
santé de la garde nationale des ambulances
volantes, des ambulances de rempart et des
infirmeries, ou ambulances fixes, comme
on dit, par une alliance de mots singulière.
L'ambulance volante relève les blessés
après un pansement immédiat, s'il y a lieu,
ils sont conduits à l'ambulance de rempart,
d'où ils sont dirigés, si leur état l'exige,
sur l'ambulance fixe, quand ils ne doivent
pas être traités à domicile.
Un médecin distingué, M. le docteur Du-
chaussoy, a proposé, dès le 4 septembre, un
«plan d'ambulance volante, qui a le double
mérite d'être à la fois très simple, très pra-
tique et inspiré par l'initiative individuelle,
en dehors de toute influence administra-
tive.
Le personnel des ambulances voiames se
recrute parmi les chirurgiens de l'arron-
dissement ils ne relèvent que du prési-
dent élu par eux ils se partagent le servi-
ce, lequel consiste à suivre le bataillon qui
va au feu afin que les blessés puissent rece
voir des secours immédiats. Les chirur-
giens de l'ambulance volante doivent coo-
pérer, de concert avec ceux de la garde
nationale, au pansement des blessés. Ces
derniers seront transportés sur un bran-
card-lit à 11. bsraque d'ambulance, où se-
ront faits les panseme ts qu'on n'aura pu
faire sous le feu ennemi.
« Cette baraque, construite par l'admi-
nistration, sera encastrée dans le talus
intérieur des remparts, et couverte de ma-
driers formant blindage. Elle contiendra
quatre brancards-lits, des bottes de paille,
un banc, une table avec ce qu'il faut pour
écrire, un registre des blessés, de l'eau
chaude, de l'eau froide, des bassins d'é-
tain, les grands appareils pour les mem-
bres, et quatre ou cinq lanternes à main
pour la recherche des blessés pendant la
nuit. »
Voilà décrite en termes très clairs la ca-
semate, l'ambulance de rempart, la vraie,
la seule possible, bien différente de ces
ambulances que la commission spéciale de
l'Hôtel de Ville installe inconsidérément
dans des maisons par elle désignées de la
rue de rempart, exposées aux coups des
obus et des boulets, et des ervies par des
médecins et des chirurgiens de son choix,
qui n'ont rien de commun avec ceux de la
garde nationale d'où des conflits inévita-
bles et très fâcheux, et pour les blessés et
pour la dignité de la profession médicale.
Il n'en est pas ainsi dans le système très
libéral de M. le docteur Duchaussoy « La
Société internationale à laquelle nous som-
mes affilies, dit ce confrère distingué,
nous fournit les linges, médicaments et
appareils qui peuvent nous manquer. Son
service circulaire autour des remparts per-
met aussi de transporter une partie de nos
blessés après qu'ils ont reçu les premiers
soins. Ainsi, -nous tenons, d'une part, au
service de santé de la garde nationale,
pour lequel nous sommes des auxiliaires
actifs et permanents, et, d'aulre part,* la
Société internationale, dont nous remplis-
sons en partie la mission sans recevoir
d'elle aucun subside en argent (1). »
C'est là vraiment une institution utile et
libérale, très féconde. Si les médecins de
(1) Gazette médicale de Paris, n° du 17 sep-
tembre 16*70, page 507.
la garde nationale en adoptaient le prin-
cipe, ils trouveraient des auxiliaires en
grand nombre dans leurs confrères de la
ville, qui leur prêteraient un concours très
efficace dans les ambulances libres et pri-
vées, succursales naturelles des ambulan-
ces municipales ou d'arrondissement.
Pour éviter tout conflit d'attributions, il
suffirait de bien distribuer les rôles les
médecins de l'ambulance volante devraient
agir de concert avec ceux de l'ambulance
de rempart, et n'intervenir que pour les
besoins du service dans les ambulances
d'arrondissement et leurs succursales, par
exemple, quand il faudrait accompagner
le blessé à l'ambulance fixe ou à domicile,
dans les cas graves, c'est-à-dire exception-
nellement.
Il va sans dire que les gardes natio-
naux atteints de maladie ou par les projec-
tiles, pourraient faire appeler les cliirur'
giens et les médecins de leur choix à titre
de consultants, ainsi qu'il est d'usage dans
la pratique civile, car ilnefautpas oublier
que les gardes nationaux sont des citoyens
armés, et non des soldats soumis aux exi-
gences d'un règlement inflexible. Il fau-
drait seulement, pour aplanir les difficul-
tés, que les médecins et les chirurgiens du
corps de l'état- major de la garde natio-
nale, fussent élus par leurs pairs, comme
leurs confrères du bataillon, et non pas
imposés par la nomination officielle. Entre
médecins, l'égalité est de rigueur; sans
elle, la confraternité n'est qu'un vain mot.
Quant à la question économique, il fau-
drait ne pas connaître les sentiments gé
néreux de la garde nationale, pour s'in-
quiéter. Les ambulances municipales sont
parfaitement pourvues; ni le personnel, ni
le matérfel ne font défaut; et les ambu-
lances privées ou auxiliaires, desservies
par des médecins d'arrondissement, prêts
à donner leur concours aux médecins de
la garde nationale, complètent l'organisa-
tion du service.
On a dit beaucoup de mal, beaucoup trop
même, des ambulances privées, sans consi-
dérer que les attaques dirigées contre ces
établissements utiles atteignaient directe-
ment les médecins qui offrent à ces ambu-
lances leurs services gratuits, et sans le
moindre égard pour les œuvres de l'initia-
tive individuelle, condition fondamentale
de la liberté. On n'a pas considéré surtout,
et ici la considération a son importance,
car il faut respecter les principes et de plus
les sentiments les plus respectables, on n'a
pas considéré que dans ces petites infirme-
ries, les malades et les blessés, à proximité
de leurs familles, peuvent recevoir et re-
coivent en effet des soins attentifs, et sont
même l'objet de ces attentions délicates,
qu'on ne prodigue point aux malades des
grands établissements hospitaliers et qui
constituent la meilleure partie de la méde
cine morale. Or, cette médecine n'est pas à
dédaigner, surtout dans le traitement des
blessés, dont il importe de relever le mo-
ral. Le cœur a plus de part qu'on ne pense
à la cure; pour soigner avec fruit ces jeu-
nes hommes qui gardent tous les souvenirs
récents de la famille, il ne suffit point d'être
habile et d'avoir la main légère; un cœur
compatissant sait adoucir les blessures de
l'âme. Plus d'un blessé a du sa guérison
rapide à la douce charité des infirmières
volontaires qui remplissent une tâche mo-
deste et sublime dans nos ambulances pri-
vées, dont le personnel, encore une fois,
mérite considération et respect.
Ce n'est pas tout. Ces infirmités privées
offrent des avantages précieux au point de
vue de l'hygiène. Il n'est pas besoin d'avoir
étudié la médecine pour savoir que les
opérations de chirurgie sont en général
moins graves que leurs suites. C'est dans
les cas chirurgicaux particulièrement, qu'il
faut tenir compte des influences du milieu,
des choses extérieures, comme disait Hip-»
pocrate. Qu'importe que l'opération soit
bien faite, si l'opéré meurt à la suite d'une
de ces complications terribles qui sont si
fréquentes et contre lesquelles on ne peut
rien dans les hôpitaux? Opérez aussi sa-
vamment, aussi habilement que vous vou-
drez, avec touie la grâce et l'élégance d'un
artiste irréprochable pourrez-vous arra-
cher votre opéré à une mort certaine -s'il
devient la proie de cet ennemi impitoya-
ble, si bien nommé la pourriture d'hô-
pital ?
Et la diphlhérite, et l'érysipèle, et les
autres fléaux qui régnent épidéaiiquement
et endémiquement dans les grands hôpi-
taux, les conjurerez-vous par quelque se-
cret de magie? Comment, vous prétendez
confisquer nos malades et nos blessés pour
les entasser dans ces bâtiments magnifi-
ques et funestes, dans ces vastes salles
dont les murs suintent la mort? Et il s'agit
d'une question de salut public? de la santé
et de la vie de nos déienseurs? Non, ce
̃n'est point ainsi qu'on organise les divers
services destinés à recevoir les malades et
les blessés. Cen'raliser ces services dans
les hôpitaux, ce serait produire une désor-
ganisation dont les suites seraient désas-
treuses. Et janiai* le corps médical, qui a
souci de ses droits et de ses devoirs, c'est-
à-dire de sa dignité, jamais le corps médi-
cal ne consentira à cette interversion des
rôles.
Les ambulances n'ontet ne doiventavoir
rien de commun avec les établissements
de l'Assistance publique; les ambulances,
les petites surtout, qui sont les meileures,
diffèrent en tout des hôpitaux. Il faudrait
en vérité professer le plus profond mépris
des droits acquis et des principes les plus
élémentaires de l'hygiène, pour songer à
les transformer en succursales des hôpi-
taux.
Ceux-ci sont réservés aux malades in-
digents ils regorgent en ce moment, où
les misères de l'état de ssége, dans cette
population immense, font la guerre à la
santé publique; et certes, les médecins de
l'Assistance publique ne manquent point
d'occupation.
C'e<«t dans les hôpitaux qu'il faut confi-
ner.concentrer les affections contagieuses,
infectieuses et épidémiques,qu'il serait im-
prudent de disséminer dans les ambulan-
ces, car on multiplierait ainsi les foyers
d'infection
On le voit, rien n'est plus aimple que
l'organisation du service de santé dans
Paris assiégé II est évident que l'oreani-
sation deviendrait plus facile, s'il s'établis-
sait un conseil supérieur de santé, com-
posé de médecins de l'armée, de médecins
de ia garde naiiouale, de médecins civils
et des hôpitaux, nommés à l'élection, par
leurs confrères. Le conseil aur dt une
grande autoiïté,.il exercerait une légitime
influence.
J.-M. GUARDIA.
Le gérant resnonsable,
A. HÉBRARD.
~
I!adom!h'ie! diwcB'¡;¡etl
WMWW WfMHW Exigerlemot:J?fo««
~)fbUGV~ ,EJr[~I!'1iJ1 'sûr chaque bougie. K
S&WUWrE( DE î/JiS ifîliM sur chaque bougie. «
lmp. Cb. Seniller, rue du Fbg.-Montmartre, 10.
simplement des citoyens.
Les postes ne sont plus des corps de
garde; ce sont des dépendances de la mai-
rie de l'arrondissement.
La mission du corps civique n'est pas de
remplacer la police de nos rues, ou la force
armée de nos corps de garde. Elle consiste
à veiller par quartiers, par sections, par
îlots sur nos familles et nos habitations,
au point de vue de la sécurité de la rue et
de l'incendie. Des pompes et des pompiers
adjoints sont organisés. Elle consiste en-
core, cette mission délicate, à veiller sur
l'alimentation de cette grande famille qu'on
nomme un quartier. Dresser les listes de
recensement, distribuer les cartes de ra-
tionnement, surveiller les boucheries, veil-
ler à ce que chacun ait sa part, raisonner
les indisciplinés, calmer les justes récla-
mations en un mot, maintenir l'ordre et
n'avoir d'autre arme que la loi, la justice,
l'équité, et, si faire se peut, la persuasion
voilà toute l'organisation et l'attribution
du corps civique.
Faudrait-il donc. aujourd'hui qu'il fonc-
tionne depuis longtemps, venir le détruire,
sous prétexte de fusion et à cette décen-
tralisation municipale civile, substituer
une centralisation militaire? Nous ne le
croyons pas.
Que feraient de plus des fusils et diss*
baïonnettes entre les mains affaiblies ou
inhabiles? Quel rôle jouerait ce fusil si con-
voité, sur un bras paralysé, sou s l'œil myope
ou presbyte? Quel sera son office encore
entre les mains d'un enfant de seize ans
ou d'un vieillard de soixante à soixante-
dix ans
Si on réclame un fusil, qu'on ait au moins
la force de s'en servir, de le porter même,
et d'aller aux remparts.
Si la force manque ou l'aptitude, à quoi
bon une arme doublement inutile, et parle
eut civil qu'il faut atteindre, et par l'exé-
cution même?
En résumé, deux éléments sont en pré-
sence
Le militarisme. rembrigàflèment armé
dépendant de la place militaire, opposant
une baïonnette à toute réclamation ou
réglementation civile.
L'élément civil, municipal, décentralisa-
teur, ennemi de toute bureaucratie auto-
ritaire, faisant pénétrer jusque dans la
plus infime fraction de la citée– l'ilot– les
saines doctrines du self-government, avec
l'attache de sa propre municipalité.
Entre les deux, qu'on choisisse.
Mais avant de faire ce choix si grave,
qu'on songe à l'avenir.
Si donc une fusion des deux éléments
doit se faire, nous souhaitons de tous nos
vœux que le vétéran militaire s'efface de-
vant le corps civique. :;f£~7-4
LE PHARE ÉLECTRIQUE
DE MONTMARTRE
Tandis que c'est à l'électricité de la pile,
c'est-à-dire au fluide né des actions chimi-
ques qui se produisent lorsque certains
corps se trouvent en contact les uns avec
les autres, que les électriciens des remparts
demandent le rayon lumineux qu'ils pro-
jettent à l'horizon, l'éclairage électrique du
phare de Montmartre, plus connu des Pa-
risiens sous le nom d'appareil Bazin, repo-
se sur le principe de l'électro-magnétisme.
c'est-à-dire du mouvement électrique qui
se manifeste lorsqu'on approche d'un mor-
ceau de fer doux, enveloppé d'un fil de cui-
vre recouvert de soie, un aimant naturel
ou un barreau d'acier aimanté. »
L'appareil employé est la machine ma-
gnéto-électrique de Clarke, modiflée par
MM. Nollet et Berlioz, communément dé-
signée sous le nom de machine de la Com-
pagnie l'Alliance.
Il se compose essentiellement d'un bâtis
octogonal en fonte supportant sur chacune
de ses arrêtes sept forts aimants artificiels
en forme de fer à cheval, dont les extrémi-
tés ou pôles convergent toutes vers le
centre du bâtis occupé par un cylindre
de cuivre monté sur axe d'acier. Le cy-
lindre supporte quatre séries de dou-
bles bobines de fer dont chaque bran-
che est recouverte de fil de cuivre en-
veloppé de soie. L'axe prolongé en de-
hors du bâtis fait corps avec une pou-
lie recevant d'une locomobile de trois
chevsux un mouvement de rotation de
quatre cents tours par minute. Chaque fois
que, par suite de ce rapide mouvement
circulaire, les doubles bobines passent de-
vantles pôles des aimants, ilyaproduction
defluide positif dans le fil d'une branche, de
fluide négatif, 'dans le fil de l'autre. Ces
courants de noms contraires se réunis-
sent, s'accumulent sur deux conducteurs
communs auxquels se rattachent deux
gros fils de cuivre dirigeant les courants
dans le phare. Gelui-ci n'est àùfre q&'utie*
lampe électrique ordinaire dans laquelle l'é-
tincelle apparaît entre les pointes de deux
baguettes de charbon dur, qui se maintien-
nent dans un écart constant, grâce au jeu de
cet admirable mécanisme que l'on appelle
le régulateur de Foucault-Dubosc. Ce ré-
gule teur conserve au point lumineux une
fixité à peu près immuable.
Les rayons de lumière recus par un nli-
roir concave sphérique sont projetés au de-
hors en faisceau sensiblement parallèle,
après avoir traversé une puissante lentille
à échelons de Fresuel. Tout le système,
monté pour se mouvoir très facilement
dans le sens horizontal et vertical, est en-
veloppé d'un tambour mobile de cuivre
qui permet de le masquer complètement à
la vue de l'ennemi. Disons enfin que, par
sa position sur un point culminant des
buttes Montmartre, le phare de M. Bazin
domine tout Paris. De la plate-forme du
Moulin de la Galette, l'œil embrasse dans
son ensemble, comme dans ses détails, le
cirque de hauteurs qui entourent la capi-
tale et les plaines âumlheu desquelles ser-
pente la Seine.
Quels sont maintenant les résultats obte-
nus
Le rayon, parfaitement cylindrique éma-
né du phare, parcourt, éclaire et fouille
l'espace de telle sorte, qu'un observateur
placé sur la terrasse du Moulin aperçoit
distinctement les détaiis de la façade d'une
maison bâtie à 2.600 mètres de là à 2,900,
un homme est visible à une fenêtre de la
mairie de Saint-Ouen; à 3,000, on écou-
vre, dans la plaine, une masse d'infante-
rie ou de cavalerie; à 4,000, le, dôme des
Invalides resplendit, et on en distingue les
bandes obscures.
Cependant, à cette énorme distance, no-
tre observateur n'apercevra pas un indi-
vidu placé sur le dôme, parce que le rayon
luminenx ne fait plus retour sur lui-même
pour ramener sur la rétine l'impression
des objets éclairés. Mais, si l'on se rappro-
che du monument, les détails s'accentuent
et l'homme du dôme devient visible. Nous
avons pu nous-même constater qu'au bas-
tion 48, distant de 3,800 mètres du phare
de Montmartre, la lumière provenant de
celui-ci était suffisamment intense pour
permettre la lecture d'un journal de texte
ordinaire, et cependant les observateurs
de Montmartre ne nous apercevaient pas.
Il s'ensuit donc, que si la portée utile ne
dépasse pas 3,000 mètres environ, lors-
que l'on reste au pied de l'appareil-ce qui
est déjà un très beau résultat, le champ
d'éclairage s'étend jusqu'à à 7,000 pour
des observateurs convenablement placés
sur des points éloignés.
Ainsi; par exemple, des mouvements de
troupes prussiennes dans la plaine de Gen-
nevilliers, à six ou sept mille mètres de la
Butte, pourront être aperçus des vedettes
francaises de Saint-Ouen, ces vedettes res-
tant "elles-mêmes plongées dans l'obscu-
rité, et par conséquent, invisibles à cause
de leur position en dehors du champ d'ac-
tion du faisceau électrique. Ce dernier,
grâce à la situation dominante du phare
de Montmartre, peut, lorsque le temps est
bien clair, passer au-dessus du fort de la
Briche pour aller jeter ses dernières lueurs
dans la plaine jusqu'à mille mètres au delà
de Saint-Denis.
Sentinelle vigilante, inflexible fureteur
de l'horizon, tel est donc le rôle auquel se
prête admirablement le phare Bazin, rôle
dont les autorités militaires ont &i bien
compris, apprécié l'importance et les| ré-
sultats, que plusieurs commandants des
forts, celui du Mont-Valérien entre autres,
ont demandé l'installation chez eux d'ap-
pareils du même genre en remplacement
des lampes électriques ordinaires, beau-
coup moins puissants. Il doit, en outre,
servir d'auxiliaire très utile à la grande
batterie de Montmartre,qu'il domine, pour
éclairer en temps opportun le champ de tir
des pièces de la marine, et, dans le cas
peu probable aujourd'hui d'invasion des
fortifications, d'où résulterait par consé-
quent la mise hors d'usage de leurs appa-
reils électriques, le phare pourra rempla-
cer ceux-ci pour l'éclairage de plusieurs
secteurs de nos lignes défensives. Dans ce
dernier cas, le champ lumineux devant se
trouver étendu en surface plutôt qu'allon-
gé, la lentille Fresnel serait enlevée.
Enfin, le point lumineux du phare de
Montmartre étant, comme celui de tous
les phares maritimes, visible à de très
grandes distances, et cela malgré le brouil-
lard, M. Bazin propose de transformer son
appareil en télegi'aphe^ïiocturne, par l'a-
doption d'un système de signaux basé sur
l'emploi des éclats, des éclipses et des é-
crans colorés pour l'échange de nouvelles
et d'ordres entre l'enceinte parisienne et
les forts. Ce nouvel ordre de travaux ne
serait du reste qu'une répétition de ceux
que M. Bazin a exécutés en mer, à bord de
la corvette le Coligny, dont les signaux
électriques s'apercevaient très distincte-
ment à plus de neuf kilomètres de dis-
tance.
Disons,avant de terminer,et pour obéir à
d'honorables scrupules, que dans le sys-
tème d'éclairage électrique employé à la
Butte-Montmartre, il n'y a aucun fait scien-
tifique nouveau, aucun appareil d'inven-
tion récente. La machine à vapeur, la ma-
chine magnéto-électrique, le régulateur
de Foucault-Dubosc, la lentille de Fresnel
sont déjà bien connues des savants et des
marins, mais ce qui revient de droit à M.
Bazin, ce qui lui appartient en propre et
lui a valu un rapport flatteur des agents
officiels, c'est la réunion, le groupement
de ces divers éléments pour former un
tout parfaitement coordonné, appelé à ren-
'dre des services très importants à l'œuvre
de la défense commune. Ajoutons que l'ex-
périence journellement répétée au poste
de Montmartre, sous la direction de M.
Bazin, que seconde activement un homme
universellement apprécié pour ses travaux
sur l'optique et l'électricité, M. Varlin, au-
ra largement contribué "su progrès de l'in-
téressant et utile problème des applica-
tions de l'éclairage électrique à l'art mi-
litaire.
PAUL LAURENCIN,
48, rue de la Tour-d'Auvergne.
COMMUNICATIONS A LA PRESSE
Aujourd'hui, à trois heures, M. Eugène
Pelletan, membre du gouvernement; M.
Etienne Arago, maire de Pans, assisté
de MM. Hérisson, Clamagéran, adjoints;
EmileDurier, secrétaire du gouvernement,
ont passe en revue les bataillons de ser-
vice à l'Hôtel de Ville.
Descendus sur la place, ils ont été sa-
lués par les plus vives acclamations, qui
n'ont cessé de retentir pendant toute la
revue, et le maire de Paris a prononcé
une allocution patriotique chaleureuse-
ment accueillie.
Le gouvernement a reçu, dans les jour-
nées d'hier et d'avanthiêr, un très grand
nombre de députations d'officiers de la
garde nationale pour protester contre les
manœuvres dont ils avaient été et dont ils
étaient encore l'objet de la part de cer-
tains de leurs collègues.
Le Journal offidiel a également reçu de
nombreuses protestations dans le même
sens signées par les officiers de divers ba-
taillons. Nous ne croyons pas devoir insé-
rer ces documents in extenso, mais nous
croyons devoir les mentionner.
ACTES OFFICIELS
Création, de .régiments d'artillerie.
Le gouvernement de la défense natio-
nale,
Vu l'ordonnance du 13 mai 1867 sur l'or-
ganisation de l'artillerie;
Vu le décret du 4 septembre 1868, por-
tant modification aux tableaux du person-
uebdê l'artillerie;
Vu le décret du 16 juillet 1870, portant
création d'un cadre de dépôt dans les régi-
ments de cette arme";
Vu le décret du 28 octobre 1870, portant
suppression de la garde impériale;
Sur le rapport du ministre de la guerre,
Décrète
.Art. 1er. Il sera créé deux nouveaux ré-
giments montés d'artillerie, avec les batte-
ries et détachements des régiments d'ar-
tillerie de l'ex-garde et une partie des bat-
teries de marche qui font actuellement
partie de l'armée de Paris.
Art. 2. Ces régiments comprendront un
état-major, un petit état-major, un peloton
hors rang et un cadre de dépôt composés
conformément à l'organisation du 13 mai
1867, modifiée par les décrets du 4 septem-
bre 1868 et 16 juillet 1870, en ce qui concer-
ne les régiments montés.
Art. 3. Ces deux régiments prendront les
îios 21 et 22.
Fait à Paris, le Ier novembre 1870.
Artillerie de la garde mobile.
Le gouvernement de la défense natio-
nale,
Décrète
Art. l". Un emploi d'adjudant-major est
créé dans chacun des régiments. provisoi-
res d'artillerie de la garde nationale mo-
bile.
Art". 2. Cet emploi, dévolu à un capitaine
ou à un lieutenant, sera attrilué par le
ministre de la guerre à l'un des officiers
de batterie déjà pourvu de l'un de ces
grades.
Art. 3. Il sera procédé par la voie de l'é
lection, et conformément aux prescriptions
du décret du 17 septembre dernier et de
l'arrêté ministériel de même, au remplace-
ment du capitaine ou lieutenant désigné
pour occuper l'emploi d'adjudant-major
immédiatement après sa nominaiion.
Art. 4. Le lieutenant devenu adjudant-
major pourra être nommé capitaine après
trois mois de fonctions.
Art. 5 Le ministre de la guerre estchar-
gé de l'exécution du présent décret.
Fait à.Paris, le 1er novembre 1870.
•m Nominations.
Par décret en date du 2 novembre, M. Ernest
Cresson, avocat à la cour d'appel de Paris, est
nommé préfet ds police, en remplacement de
M. Edmond Adam, démissionnaire.
Par décret, en date du 1er novembre, rendu
sur lé rapport"' du ministre de la guerre, Kl. de
la Mariouse, colonel du 35e régiment de ligne.
a été nommé au grade de général de brigade
dans la lre section du cadre de l'état-major gé-
néral de l'armée.
Par décret du ler novembre ont été
nommés
DANS LE CORPS D'ÉTAT-MàJOR
Au grade de colonel
M. le lieutenant-colonel Crépy.
Au grade de lieutenant-colonel
M. le chef d'escadron Eoadet.
DANS L'INFATSTERTE
Au grade de colonel
35e réginftnt de ligne M. Bonnet, lieutenant-
colonel du 115e régiment de ligne
138e régiment do ligne M. Colonieu, lieute-
nant-colonel commandant le corps.
Au grade de lieutenant-colonel
35e régiment de ligne M. Martineaud, chef
de bataillon au corps;
115e régiment de ligne M. Benedetti, chef de
bataillon au 109" régiment de ligne.
Révocations.
Le gouvernement de la défense nationale
Décrète
Art. ler. Sont révoqués les chefs de bataillon
e la garde nationale dont les noms suivent
Gromier, chef du "4e bataillon;
Barberet, chef du 79e bataillon;
Dietsch, chef du 190e bataillon;
Longuet, chef du 248e bataillon;
Chassin, chef du 252e bataillon.
Art. 2. Le jour de l'élection qui aura lieu pour
remplacer les chefs de bataillon révoqués sera
ultérieurement indiqué.
Fait à Paris, le 2 novembre 15*70.
<
€HROMIQU£
Aux démissions que nous avons men-
tionnées hier, il faut ajouter celles de M.
Girard, maire du 2e arrondissement et de
ses adjoints, MM. Jernet et Turpin; de
M. Passedouet, maire du 13e arrondisse-
ment et de son adjoint, M Combes.
Quant à celles de M. Robinet, maire du
6e arrondissement et de l'un de ses ad-
joints, M. André Rousselle, il résulte d'une
lettre que nous avons reçue hier, que ces
deux citoyens n'ont pas du tout donné
leur démission MM. Robinet et Rousselle
auraient bien, en effet, signé la proclama-
tion dont nous avons emprunté le texte
au Journal de Paris, mais ce document au-
rait subi leur insu des modifications im-
portantes et aurait été affiché sans leur
aveu. Ils ont déclaré, au contraire, que
tous leurs vœux étaient pour le gouverne-
ment de la défense nationale, quoique en
désapprouvant énergiquement la rédac-
tion des affiches posées le matin et qui
pouvaient faire ^croire à des pensées de
capitulation.
Nous apprenons que MM. Georges Ave-
nel, chef de la correspondance générale à
la mairie de Paris; Edouard Siebecker,
secrétaire du cabinet de la mairie de Pa-
ris, et Gabriel Guillemot, attaché au cabi-
net de la mairie de Paris, ont donné leur
démission.
Plusieurs journaux ont annoncé que le
capitaine Emile Vandsrheym, officier d'or-
donnance du général lieutenant supérieur
de 'Vincennes, avait été tué dans l'affaire
du Bourget. Le capitaine Vanderheym
nous prie de démentir ce fait.
On lit dans le Journal des Débats
Une foule nombreuse et recueillie remplissait
aujourd'hui mercredi les cimetières pour fêter
le jour des Morts. Au cimetière Montmartre, la
tombe du général Cavaignac était couverte de
couronnes d'immortelles. Quelques manifesta-
tions ont eu lieu autour de la tombe du repré-
sentant Baudin; les bouquets et'les couronnes
jonchaient la modeste pierre qui recouvre cette
tombe. Un discours a été prononcé au nom
d'une députation des éclaireurs du 113e batail-
lon.
L'orateur après avoir rendu hommage à
la mémoire de Baudîn, a cru devoir atta-
quer « l'aristocratie financière » au nom de la
république démocratique et sociale. Il a de-
mandé l'instruction obligatoire et la Commune,
mais le cri de «Vive la Commune! » n'a point
trouvé d'écho. Le public, qui se pressait autour
de la tombe, y a répondu par le cri fortement
accentué de « Vive la république »
La Vérité annonce que M. Jules Vallès,
qui s'était emparé de la mairie de Belle-
ville, en aété expulsé parla garde nationale,
qui s'est empressée de rétablir M. Richard,
l'ancien maire.
Le conseil de l'Ecole spéciale d'architec-
ture vient d'adresser aux professeurs de
l'Ecole la lettre suivante
« Monsieur et cher collègue,
»La crise terrible que la France traverse
en ce moment crée pour toutes les œuvres
semblables à la nôtre des conditions ex-
-eeptionnelles. »
» L'isolement de Paris, l'appel adressé à
toutes les activités par la patrie en péril,
ne nous permettent pas de compter sur la
présence de nos élèves anciens etnouveaux,
ni sur les services de nos professeurs.
Presque tous remplissent, comme nous-
mêmes, un devoir sacré, et il ne nous ap-
partient pas de les en distraire.
» En présence de cette situation, le con-
seil de l'Ecole a cru devoir prendre la ré-
solution suivante:
» Ecole spéciale d'architecture. Par
décision du conseil, l'ouverture de l'Ecole
n'aura pas lieu le 10 novembre. Elle sera
ultérieurement fixée dès que les événements
dela guerre le permettront.
» En prononçant cette suspension, le
conseil conserve toute sa foi dans la va-
leur et dans l'avenir de l'œuvre à laquelle
vous vous êtes dévoués avec nous. Il croit
que la France, éclairée parses malheurs,
régénérée par l'universel dévouement, fera
une place de plus en plus grande aux crén-
tions pénétrées, comme la nôtre, du libre
esprit de l'initiative individuelle.
» Vous partagez, nous n'en doutons pas,
ces sentiments et cette espérance.
» Agréez, etc.
Les membres du conseil présents
à Paris
ÉMILE TRÉLAT, directeurde l'Ecole;
emile mtjller,. président du con-
seil d'administration; HENRI DE
DION, ÉMILE BOUTMY.
DONS PATRIOTIQUES
pour la fabrication des canons.
La réunion des Jurassiens, convoquée
pour dimanche, 29 octobre, a été nom-
breuse.
Tous ont voté par acclamation une sous-
cription pour offrir un canon à la défense
nationale.
Ce canon s'appellera le Jura.
La lr0 compagnie du 69° bataillon (quar-
tier de l'Europe), de nouvelle formation,
vient de réunir, en deux jours, parmi les
gardes et officiers de la compagnie, une
somme de 776 fr. pour souscriptions volon-
taires à la fabrication des canons.
MM..M. TM 1» ï W M k& s»
Aujourd'hui, 3 novembre, le thermomètre
de la maison A. Queslin, 1, rue de la Bour-
se, marquait
A 7 heures du matin, 1 degré 5 dixiè-
mes au-dessus de zéro.
A 11 heures du matin, 8 degrés 0 dixiè-
me au-dessus de zéro.
A l heure du soir, 8 degrés 5 dixièmes
au-dessus de zéro.
Hauteur barométrique, 765.
Après plusieurs jours de retard occa-
sionné par le mauvais temps, le ballon le
Fui ton est parti hier matin de la gare d'Or-
léans, à huit heures trente«cm«j'- minutes,
se dirigeant vers le Mans.
Il emportait dans sa nacelle l'aéronaute
M. Le Gloennec, marin, élève de MM. Go-
dard frères, et une autre personne; 253
kilogr. de dépêches, 600 kilogr. de le.t, et
plusieurs pigeons.
Aujourd'hui, jeudi matin, départ du Ga-
lilée.
La réunion de jeudi, des habitans de
Loire-t-Clier. est remise à un jour très pro-
chain qui sera annoncé, tant par lettres
missives que par voie des journaux; le co-
mité et les délégués n'ayant pu terminer
leur rapport.
NÉCROLOGIE
~3 >z.-
Avant-hier, jour de la Toussaint, malgré
les graves préoccupations du moment, les
nombreux services commandés à la garde
nationale et les tristes devoirs de famille
de chacun de nous, un nombreux cortège
d'amis artistes, professeurs, hommes
de lettres accompagnait au cimetière
Montmartre un modeste homme de bien,
M. Louis Bauderon de Vermeron, peintre
d'histoire. Le deuil était conduit par M. A.
Rén.aury et par notre collaborateur et ami
M. L. Montigny, beau-p.ère et beau-frère
du défunt. On remarquait dans l'assistance
MM. Ambroise Thomas, Barrias, Bonnat,
Guérard, Menu de Saint-Mesmin, comte
Serrurier, d'Avrécdurt Brunet-Vivien
Puvis de Chavannes, le plus cher de ses
amis parmi les artistes.
M. Bauderon de Vermeron, à quiun beau
portrait du duc de Larochefoucauld avait
valu jadis une médaille de 2e classe, s'était
depuis une quinzaine d'années plus parti-
culièrement adonné à l'enseignement, et il
était même le créateur de ces leçons sur
l'histoire de l'art, aujourd'hui recônnues si
utiles. C'est ce qu'a rappelé,avec une sorte
de reconnaissance émue, M. Menu de Saint-
Mesmin, secrétaire général de l'Associa-
tion polytechnique, dans les quelques pa-
roles si pleines d'élévation qu'il a pronon-
cées sur la tombe de ce collaborateur, qui
était pour lui un ami
« Cher Bauderon, cher collègue. com-
pagnon de mes travaux dans la Mte; enga-
gée par la science qui vivifie, contre l'i-
gnorance qui tue, nous te comptions par-
mi les plus vaillants combattants dans cette
guerre sainte qui ne fait pas de victimes,
qui ne détruit pas les hommes,mais qui les
fait. Nous nous souvenons tous de tes le-
çons que nous aimions à entendre, quand,
plein de verve et de jeunesse, malgré tes
cheveux blanchis dans le combat de la
vie, tu nous racontais l'Histoire des
arts et l'existence des grands maîtres.
Tu avais le secret de soulever la pierre de
leur tombeau et de nous les montrer vi-
vants. Tu étais le créateur de cet ensei-
gnement apôtre convaincu, tu avais réus-
si, à force de foi, de persévérance et de ta-
lent, à convaincre les autres. Les élèves
de nos premières écoles, de nos lycées,
de nos colléges, trop ignorants jusqu'ici
des lois éternelles qui régïssent'les arts et
gouvernent leurs progrès, t'avaient choisi
pour maître et te demandaient de les gui-
der au milieu des merveilles de nos mu-
sées, que les malheurs du temps nous con-
damnent à cacher dans nos caves! Cher
Bauderon. le secrétaire général de l'Asso-
ciation polytechnique te devait bien ce su-
prême adieu.
» Vous parlerai-je du citoyen? A l'âge ou
le repos est permis, il avait tenu à honneur
de prendre le fusil dans nos rangs,de payer
de sa personne, et de partager notre for-
tune dans les malheurs de la patrie. »
Son dévouement lui a peut-être coûté la
vie. Encore quelques années d'existence,
et sans doute il eùt laissé, en dehors des
œuvres de son pinceau, une trace durable
de son passage ici-bas, en publiant le ré-
sultat de ses infatigables recherches esthé-
tiques. Ces matériaux, un soin pieux enga-
gera probablement son beau-frère à les re-
cueillir et à les publier quelque jour.
TMIBEIMAIS
Condamnation à mort. Commuta •
tion de peine. Par décision du gouver-
nement de la défense nationale, en date du
24 octobre, la peine de mort prononcée con-
tre le sieur André Decker, fusilier au 95e
régiment d'infanterie par le 2e conseil de
guerre permanent de la lre division mili-
taire, pour avoir assassiné le caporal Bel-
legarde, a été commuée en celle des tra-
vaux forcés à perpétuité.
Ce condamne devra comparaître à la pre-
mière séance du 2° conseil de guerre, où il
lui sera donné lecture des lettres de grâce,
qui seront ensuite transcrites sur les mi-
nutes dudit conseil.
vaaïÉTÉà ̃*̃*̃
LA QUESTION DES AMBULANCES
La population de Paris assiégé se com-
pose de deux éléments les défenseurs, et
les habitants qui ne concourent pas direc-
tement à la défense, en autre terme, l'élé-
ment militaire et l'élément civil. Le pre-
mier n'est pas homogène, en effet, l'armée
proprement dite ne comprend pas la-gar.ie
nationale. Par conséquent, nous avons
trois groupes les troupes régulières et la
garde mobile représentent le groupe mili-
taire la garde nationale oumilice civique,
le groupe municipal, qui est intermédiaire
entre Je premier et le groupe civil propre-
ment dit. ̃
Voilà une division qu'on ne saurait con-
tester. Eh bien! c'est de cette division qu'il
faut partir pour organiser le service de
santé, ou plutôt pour en achever l'organi-
sation, car la voie est tracée, et il n'y a
qu'à la suivre.
Les militaires ont leurs ambulances vo-
lantes, qui vont chercher les blessés sur le
champ de bataille, donner les premiers
secours; le dépôt d'ambulance où se font
les opérations urgentes et les pansements
indispensables, et trois grands hôpitaux
le Val-de-Grâce, le Gros-Caillou et les' Ré-
collets, ainsi qu'un assez grand nomore
d'ambulances libres et privées qui s'intitu-
lent, à bon droit, ambulances militaires,
et qui sont l'œuvre, soit de l'esprit d'asso-
ciation, soit de la charité privée et de l'ini-
tiative individuelle.
Ces succursales des hôpitaux militaires
relèvent naturellement et doivent relever
de l'administration de la guerre; car il
peut arriver qu'à un moment donné 1rs
ressources des sociétés de secours fassent
défaut, et à plu foi le raison les ressour-
ces des particuliers; de telle sorte que les
malades et les blessés de l'armée soient
obligés de compter sur leur providence
naturelle, qui est l'intendance; et d'ailleurs,
il importe que l'autorité militaire ait sous
la main tous -les hommes -en activité de
service.
Il ne faut donc pas toucher pour le mo-
ment au service de santé militaire. Les
médecins de l'armée forment un corps qui
se compose de très bons éléments, qui
l'emplit admirablement ses devoirs et qui
n\\ pas besoin d'èlre stimulé par qui que
ce ty>it; car il a un esprit d'initiative qui
n'est pas commun dans la médecine civile s
et la p reuve, c'est la construction, de ces ba-
rauuêiuSTits élevés sur les terrains vagues
du Luxembourg; innovation heureuse,
quoique tardive, qui deviendra prochaine-
ment la picis éloquente des protestations
contre ees vastes hôpitaux civils. « Ces
magasins d'air empesté » dont Cabanis, à
qui le mot apnartient, demandait la démo-
lition, dès 1789, au nom de l'humanité, de
l'hygiène et de l'économie sociale. Ren-
dons justice aux médecin1! militaires qui
ne craignent pas de condamner autrement
qu'en paroles le régime de la caserne ap-
pliqué aux malades et aux blessés.
La médecine militaire, dont le personnel
est insuffisant, particulièrement en temps
de guerre, trouve de précieux auxiliaires
dans les médecins des ambulances où sont
reçus les hommes appartenant aux troupes
régulières et à la garde mobile. L'occasion
est unique pour cimenter entre la méde-
cine militaire et la médecine civile cette
bonne entente cordiale, qui est l'âme de
la confraternité et qui a pour base l'estime
mutuelle l'art lui-même peut retirer de
grands avantages de ce rapprochement. Il
y aurait donc impudence, pour ne rien
dire de plus, à froisser, par des empiéte-
ments intempestifs et injustifiables, les
justes susceptibilités d'un corps essentiel-
lement recommandable.
La garde nationale se compose de ci-
toyens armés; elle représente un élément
mixte. Dans cette milice, la discipline et la
hiérarchie ne portent aucune atteinte à la
liberté individuelle. Les chefs sont nom-
més à l'élection. Il en est de même des mé-
decins. Désignés au choix du bataillon par
leurs confrères d'arrondissement, ils sont
éluspar les gardes nationaux. Ceux-ci res-
tent libres, bien entendu, de confier leur
santé, même en cas d'accident, au méde-
cin ou au chirurgien en qui ils ont con-
fiance c'est leur droit, et c'est par là qu'ils
diffèrent du militaire, du soldat enrégi-
menté, qui est obligé de recevoir les soins
qu'on lui donne à l'hôpital ou à l'ambulan-
ce, et ne peut se faire traiter à domicile.
Mais tous les gardes nationaux ne sont
pas dans ces conditions exceptionnelles
le plus grand nombre n'a que la liberté
restreinte du pauvre qui, en cas de mala-
die, réclame les secours médicaux que lui
offre l'administration de l'Assistance publi-
que.
Hâtons-nous de dire que, dans la garde
nationale, telle que l'a faite la république,
la fraternité n'est pas un vain mot tous
les gardes nationaux d'un même bataillon
sont liés entre eux par le principe vraiment
démocratique de la solidarité, et animés
de l'esprit d'association, qui transforme
nos mœurs en rapprochant les distances.
La garde nationale, dans l'intérêt même
de la défense, à laquelle son concours est
si précieux, ne peut consentir à voir ses
malades et ses blessés abandonnés à des
soins étrangers. Elle doit avoir son assis-
tance à elle, assistance différente de l'as-
sistance militaire et de l'assistance publi-
que. Elle doit avoir par conséquent un ser-
vice de santé qui lui soit propre, indépen-
dant et autonome; autrement, il serait
puéril d'élire des médecins et des chirur-
giens de la garde nationale, qui ne seraient
bons que pour la parade.
Ce n'est pas ainsi que l'entendent les
gardes nationaux et les médecins qui por-
tent l'uniforme de la garde civique. Ils ont
tous droit à l'ambulance, aussi bien que
les militaires la milice sédentaire ne sau-
rait se passer des secours médicaux qui
sont assurés à l'armée active. Le person-
nel du service de santé de la garde natio-
nale, de par le principe même de l'élec-
tion, doit organiser ce service et ces se-
cours comme il l'entend, en prenant con-
seil de la nécessité, et pour modèle l'orga-
nisation du service de santé militaire, avec
les modifications heureuses qu'il peut se
permettre, n'étant tenu par aucun règle-
ment, et pouvant être utilement secondé
par l'administration municipale de son ar-
rondissement.
Le garde national est le gardien du rem-
part mais la milice sédentaire, qui rivalise
de patriotisme avec nos soldats de la ma-
rine, de la ligne et de la garde mobile, fait
aussi des sorties offensives, elle va au feu.
Il faut donc qu'il y ait pour le service de
santé de la garde nationale des ambulances
volantes, des ambulances de rempart et des
infirmeries, ou ambulances fixes, comme
on dit, par une alliance de mots singulière.
L'ambulance volante relève les blessés
après un pansement immédiat, s'il y a lieu,
ils sont conduits à l'ambulance de rempart,
d'où ils sont dirigés, si leur état l'exige,
sur l'ambulance fixe, quand ils ne doivent
pas être traités à domicile.
Un médecin distingué, M. le docteur Du-
chaussoy, a proposé, dès le 4 septembre, un
«plan d'ambulance volante, qui a le double
mérite d'être à la fois très simple, très pra-
tique et inspiré par l'initiative individuelle,
en dehors de toute influence administra-
tive.
Le personnel des ambulances voiames se
recrute parmi les chirurgiens de l'arron-
dissement ils ne relèvent que du prési-
dent élu par eux ils se partagent le servi-
ce, lequel consiste à suivre le bataillon qui
va au feu afin que les blessés puissent rece
voir des secours immédiats. Les chirur-
giens de l'ambulance volante doivent coo-
pérer, de concert avec ceux de la garde
nationale, au pansement des blessés. Ces
derniers seront transportés sur un bran-
card-lit à 11. bsraque d'ambulance, où se-
ront faits les panseme ts qu'on n'aura pu
faire sous le feu ennemi.
« Cette baraque, construite par l'admi-
nistration, sera encastrée dans le talus
intérieur des remparts, et couverte de ma-
driers formant blindage. Elle contiendra
quatre brancards-lits, des bottes de paille,
un banc, une table avec ce qu'il faut pour
écrire, un registre des blessés, de l'eau
chaude, de l'eau froide, des bassins d'é-
tain, les grands appareils pour les mem-
bres, et quatre ou cinq lanternes à main
pour la recherche des blessés pendant la
nuit. »
Voilà décrite en termes très clairs la ca-
semate, l'ambulance de rempart, la vraie,
la seule possible, bien différente de ces
ambulances que la commission spéciale de
l'Hôtel de Ville installe inconsidérément
dans des maisons par elle désignées de la
rue de rempart, exposées aux coups des
obus et des boulets, et des ervies par des
médecins et des chirurgiens de son choix,
qui n'ont rien de commun avec ceux de la
garde nationale d'où des conflits inévita-
bles et très fâcheux, et pour les blessés et
pour la dignité de la profession médicale.
Il n'en est pas ainsi dans le système très
libéral de M. le docteur Duchaussoy « La
Société internationale à laquelle nous som-
mes affilies, dit ce confrère distingué,
nous fournit les linges, médicaments et
appareils qui peuvent nous manquer. Son
service circulaire autour des remparts per-
met aussi de transporter une partie de nos
blessés après qu'ils ont reçu les premiers
soins. Ainsi, -nous tenons, d'une part, au
service de santé de la garde nationale,
pour lequel nous sommes des auxiliaires
actifs et permanents, et, d'aulre part,* la
Société internationale, dont nous remplis-
sons en partie la mission sans recevoir
d'elle aucun subside en argent (1). »
C'est là vraiment une institution utile et
libérale, très féconde. Si les médecins de
(1) Gazette médicale de Paris, n° du 17 sep-
tembre 16*70, page 507.
la garde nationale en adoptaient le prin-
cipe, ils trouveraient des auxiliaires en
grand nombre dans leurs confrères de la
ville, qui leur prêteraient un concours très
efficace dans les ambulances libres et pri-
vées, succursales naturelles des ambulan-
ces municipales ou d'arrondissement.
Pour éviter tout conflit d'attributions, il
suffirait de bien distribuer les rôles les
médecins de l'ambulance volante devraient
agir de concert avec ceux de l'ambulance
de rempart, et n'intervenir que pour les
besoins du service dans les ambulances
d'arrondissement et leurs succursales, par
exemple, quand il faudrait accompagner
le blessé à l'ambulance fixe ou à domicile,
dans les cas graves, c'est-à-dire exception-
nellement.
Il va sans dire que les gardes natio-
naux atteints de maladie ou par les projec-
tiles, pourraient faire appeler les cliirur'
giens et les médecins de leur choix à titre
de consultants, ainsi qu'il est d'usage dans
la pratique civile, car ilnefautpas oublier
que les gardes nationaux sont des citoyens
armés, et non des soldats soumis aux exi-
gences d'un règlement inflexible. Il fau-
drait seulement, pour aplanir les difficul-
tés, que les médecins et les chirurgiens du
corps de l'état- major de la garde natio-
nale, fussent élus par leurs pairs, comme
leurs confrères du bataillon, et non pas
imposés par la nomination officielle. Entre
médecins, l'égalité est de rigueur; sans
elle, la confraternité n'est qu'un vain mot.
Quant à la question économique, il fau-
drait ne pas connaître les sentiments gé
néreux de la garde nationale, pour s'in-
quiéter. Les ambulances municipales sont
parfaitement pourvues; ni le personnel, ni
le matérfel ne font défaut; et les ambu-
lances privées ou auxiliaires, desservies
par des médecins d'arrondissement, prêts
à donner leur concours aux médecins de
la garde nationale, complètent l'organisa-
tion du service.
On a dit beaucoup de mal, beaucoup trop
même, des ambulances privées, sans consi-
dérer que les attaques dirigées contre ces
établissements utiles atteignaient directe-
ment les médecins qui offrent à ces ambu-
lances leurs services gratuits, et sans le
moindre égard pour les œuvres de l'initia-
tive individuelle, condition fondamentale
de la liberté. On n'a pas considéré surtout,
et ici la considération a son importance,
car il faut respecter les principes et de plus
les sentiments les plus respectables, on n'a
pas considéré que dans ces petites infirme-
ries, les malades et les blessés, à proximité
de leurs familles, peuvent recevoir et re-
coivent en effet des soins attentifs, et sont
même l'objet de ces attentions délicates,
qu'on ne prodigue point aux malades des
grands établissements hospitaliers et qui
constituent la meilleure partie de la méde
cine morale. Or, cette médecine n'est pas à
dédaigner, surtout dans le traitement des
blessés, dont il importe de relever le mo-
ral. Le cœur a plus de part qu'on ne pense
à la cure; pour soigner avec fruit ces jeu-
nes hommes qui gardent tous les souvenirs
récents de la famille, il ne suffit point d'être
habile et d'avoir la main légère; un cœur
compatissant sait adoucir les blessures de
l'âme. Plus d'un blessé a du sa guérison
rapide à la douce charité des infirmières
volontaires qui remplissent une tâche mo-
deste et sublime dans nos ambulances pri-
vées, dont le personnel, encore une fois,
mérite considération et respect.
Ce n'est pas tout. Ces infirmités privées
offrent des avantages précieux au point de
vue de l'hygiène. Il n'est pas besoin d'avoir
étudié la médecine pour savoir que les
opérations de chirurgie sont en général
moins graves que leurs suites. C'est dans
les cas chirurgicaux particulièrement, qu'il
faut tenir compte des influences du milieu,
des choses extérieures, comme disait Hip-»
pocrate. Qu'importe que l'opération soit
bien faite, si l'opéré meurt à la suite d'une
de ces complications terribles qui sont si
fréquentes et contre lesquelles on ne peut
rien dans les hôpitaux? Opérez aussi sa-
vamment, aussi habilement que vous vou-
drez, avec touie la grâce et l'élégance d'un
artiste irréprochable pourrez-vous arra-
cher votre opéré à une mort certaine -s'il
devient la proie de cet ennemi impitoya-
ble, si bien nommé la pourriture d'hô-
pital ?
Et la diphlhérite, et l'érysipèle, et les
autres fléaux qui régnent épidéaiiquement
et endémiquement dans les grands hôpi-
taux, les conjurerez-vous par quelque se-
cret de magie? Comment, vous prétendez
confisquer nos malades et nos blessés pour
les entasser dans ces bâtiments magnifi-
ques et funestes, dans ces vastes salles
dont les murs suintent la mort? Et il s'agit
d'une question de salut public? de la santé
et de la vie de nos déienseurs? Non, ce
̃n'est point ainsi qu'on organise les divers
services destinés à recevoir les malades et
les blessés. Cen'raliser ces services dans
les hôpitaux, ce serait produire une désor-
ganisation dont les suites seraient désas-
treuses. Et janiai* le corps médical, qui a
souci de ses droits et de ses devoirs, c'est-
à-dire de sa dignité, jamais le corps médi-
cal ne consentira à cette interversion des
rôles.
Les ambulances n'ontet ne doiventavoir
rien de commun avec les établissements
de l'Assistance publique; les ambulances,
les petites surtout, qui sont les meileures,
diffèrent en tout des hôpitaux. Il faudrait
en vérité professer le plus profond mépris
des droits acquis et des principes les plus
élémentaires de l'hygiène, pour songer à
les transformer en succursales des hôpi-
taux.
Ceux-ci sont réservés aux malades in-
digents ils regorgent en ce moment, où
les misères de l'état de ssége, dans cette
population immense, font la guerre à la
santé publique; et certes, les médecins de
l'Assistance publique ne manquent point
d'occupation.
C'e<«t dans les hôpitaux qu'il faut confi-
ner.concentrer les affections contagieuses,
infectieuses et épidémiques,qu'il serait im-
prudent de disséminer dans les ambulan-
ces, car on multiplierait ainsi les foyers
d'infection
On le voit, rien n'est plus aimple que
l'organisation du service de santé dans
Paris assiégé II est évident que l'oreani-
sation deviendrait plus facile, s'il s'établis-
sait un conseil supérieur de santé, com-
posé de médecins de l'armée, de médecins
de ia garde naiiouale, de médecins civils
et des hôpitaux, nommés à l'élection, par
leurs confrères. Le conseil aur dt une
grande autoiïté,.il exercerait une légitime
influence.
J.-M. GUARDIA.
Le gérant resnonsable,
A. HÉBRARD.
~
I!adom!h'ie! diwcB'¡;¡etl
WMWW WfMHW Exigerlemot:J?fo««
~)fbUGV~ ,EJr[~I!'1iJ1 'sûr chaque bougie. K
S&WUWrE( DE î/JiS ifîliM sur chaque bougie. «
lmp. Cb. Seniller, rue du Fbg.-Montmartre, 10.
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