Titre : Le Monte-Cristo : journal hebdomadaire de romans, d'histoire, de voyages et de poésie / publié et rédigé par Alexandre Dumas, seul
Auteur : Dumas, Alexandre (1802-1870). Auteur du texte
Éditeur : Devalier (Paris)
Date d'édition : 1858-01-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32819834x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 832 Nombre total de vues : 832
Description : 07 janvier 1858 07 janvier 1858
Description : 1858/01/07 (N38). 1858/01/07 (N38).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k205308q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
.'i7'ë _ŒMONTË~CMSTO:
Puis, si je me fais son parrain, la'Iettre suivante vous prou-
vera qu'elle a une illustre marraine.
c<'<
«Frère etami,
« Je vous prie de recevoir une amie à moi~que vous (li-
merez tout de suite, parce qu'elle est bonne comme vous, et
que vous exaucerez parce qu'elle a une œu vre sain te à mettra
sous votre sauve-garde. Quelques lignes de vous dans te
Monte-Cristo font des miracles, faites-en donc un de ,plus
pour les orphelins dont on veut vous parler.
» Et n'oubliez pas d'aimer les absents qui vous aiment de f
cceur.
))G..SANû.
"Nohant,17dëcembrel857.' »
Vous voyez, chers lecteurs, la confiance que 'nou~ avons
les uns dans les autres, nous autres pauvres poètes, nous
croyons avant tout, nous croyons d'abord que nous pouvons.
faire nous-mêmes; puis quand nous avons reconnu'notre'
erreur, et vu que notre bras est trop court, nous 'croyons
qu'en mettant le bras d'un ami au bout du notre nous ~tûu'-
cherons a but, puis quand une lois' encore nous sommes dë-
sabusés, plus confiants que jamais, nous nous tournons vens s
Dieu, et nous disons en souriant
Il paraît que c'est vous que cela regarde, Seigneur
Madame Sand a fait ce qu'elle=àpu en-s'adressant à moi,
je fais ce que je puis en m'adressant à vous; si j'échoue, nous
nous adresserons à Dieu.
Revenons à nos petits orphelins. r~
·
.i ~7
Quand vous passerez dans la-rue' Saint~Bënis et que vous
'hë'craindrez pas trop d'être écrase'par les voitures. ou cou-
'doyé par les passants, arrêtez-vous en face dun° 248, en"
face d'un magasin de mercier-passementier.
Autrefois, et jusqu'en 184~ ce. même''magasin était.oc--
-cupé-par une pharmacie.
Cette pharmacie était, tenue'par. un excellent homme,
nommé Tisserant.
C'est-la le point de, départ,Thùmble nid de l'asile.
Un .jour,' une vieille' femme,-tenant une petite fille à la
main, entra dans la pharmacie, sous prétexte d'acheter je ne
sais quelle drogue; elle paya,sortit et oublia l'enfant dans le
'magasinT
L'enfant avait deux ans.
Madame Tisserant, bonne et sainte femme, au cœur cha-
ritable, fut quelques jours à croire que Ton viendrait récla-
mer la pauvre petite fille.
Un mois s'écoula dans cette attente.
Elle comprit alors que .l'enfant était venue chez elle de la,
"part du bon Dieu.- ~i-
-pâttdu.bon.Dieu, :J'1.:
Elle pouvait l'envoyer aux enfants'.trouvés;'elle ne le 'fit
-pas:
Seulement, comme elle avait déjà à elle huit marmots'de
bon appétit, elle s'associa une autre daine pour faire élever
ceftè'~èntiIlé'Baby, que'l'on baptisa a tout 'hasard et sous
~condit.ioh'~uù-nomde~artë'~Hyë.~
Vous voyez qu'elle gagnait deux beaux noms à avoir perdu
.esiën:
La charité des'dëùx dames'St bruit dans le'quartier, et des
''parents bien 'avises~ trduvërënt~ qu~il "était 'commode pour
leur consciencë''ët "leur ~paresse" de-suivre" l'exemple delà
,-<
vieille femme et de déposer leurs enfants dans cette pieuse
succursale. Une autre petite fille arriva de la même manière,
puis une autre, puis une autre encore, si bien que, les frais
augmentant, madame Tisserand et son amie furent obligées,
pQurmettre les ressources au niveau des dépenses, de s'ad-
joindre~'autres amies.
Aujourd'hui, l'établissement compte quatre-vingt-dix pe-
tites filles c'est le seul orphelinat de Paris qui ne repousse
pas les enfants naturels.
L'aînée de toute cette petite famille, celle qui a montré le
chemin et frayé la route à ses compagnes, Marie Ange, âgée
aujourd'hui de dix-huit ans, vient de partir pour la Hongrie,
en qualité de gouvernante des enfants d'un riche seigneur.
')'
HélaS il faut bien avouer cette triste vérité, c*est que les
bonnes actions ne. portent pas toujours leur récompense sur
la terre, c'est lë, grand mystère de la Providence, c'est l'in-
sondable secret de Dieu.: madame Tisserant, l'humble et
pieuse fondatrice d'une œuvre dont la direction est aujour-
d'hui sous un patronage aristocratique,- madame Tisserant,
qui avait adopté lés enfants des autres, a été cruelleinent
éprouvée dans les siens; deux de ses fils eurent la glorieuse
.mais fatale, idée de prendre rang dans les missions étran-
gères et d'aller .prêcher le catholicisme aux Chinois. Par
malheur ~-non-seulement ceux-ci firent la sourde oreille,
mais, ayant mis la main sur les deux jeunes missionnaires,
ils les enfermèrent dans une cage de fer dont ils firent le
centre d'un bûcher.
Les deux frères furent brûlés en se tenant agenouillés et
embrassés.
L'Eglise fut grandement glorifiée par ce bienheureux mar-
tyre, mais la pauvre mère.en mourut de.douleur.
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n l~
~Tisserant, lui aussi, mdurut~nous l'avons dit;en 18~; c'é-
tait un ami de Récamier, qui. estimait fort deux .choses en
lui:'son grand cœur et sa science.
Peut-être la science l'eût-elle enrichi si le grand cœur n'eût
été .là. Mais.le.-moyen de devenir riche quand on donne ses
'drogues pour rien aux pauvres, j3t que_ Fon élève,. a~ec..les
siens, les enfants que l'on~qublie dans, votre boutique ?
Tisserant mourut donc pauvre, laissant l'œuvre fondée par
lui plus riche que IuL.
L'œuvre reçoit les jeunes orphelins de deux-à huit ans et
les garde jusqu'à yingt-un ans ;.ce sont des sœurs religieu-
ses, .et non des prêtres,, qui,- sous la direction'des dames pa-
tronesses, sont'chargées de l'éducation-dès-jeunes filles. Elles
reçoivent une éducation élémentaire qui les met à même de
pourvoir à leur existence par le travail, et qui s'élargit selon
-les dispositions et les aptitudes des élèves.
L'œuvre des Saints-Anges, dont madame la baronne Paul
Dubbis est présidente, dirigée par les sœurs de Marie-Joseph,
est située passage Dulac, 7, rue de Vaugirard, 83.
Maintenant, chers lecteurs, vous savez où il y a du bien à
faire; allez-y, et dites-vous que, s'il y a'des mères qui aban-
donnentJeurs enfants;, il y en a: aussi qui.meurent de:dou-
leurde.lesavoirperdus..
C'est un singulier monde, que le nôtre, brodé de mal et de
-bien,tachédepire:' .j ~t" 0 '<
-Seulement le pire n'est ni le ~ssu,.ni:la broderie, t.Y'
C'est la tache.
-~uà~DuNAS'.
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sous votre sauve-garde. Quelques lignes de vous dans te
Monte-Cristo font des miracles, faites-en donc un de ,plus
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» Et n'oubliez pas d'aimer les absents qui vous aiment de f
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))G..SANû.
"Nohant,17dëcembrel857.' »
Vous voyez, chers lecteurs, la confiance que 'nou~ avons
les uns dans les autres, nous autres pauvres poètes, nous
croyons avant tout, nous croyons d'abord que nous pouvons.
faire nous-mêmes; puis quand nous avons reconnu'notre'
erreur, et vu que notre bras est trop court, nous 'croyons
qu'en mettant le bras d'un ami au bout du notre nous ~tûu'-
cherons a but, puis quand une lois' encore nous sommes dë-
sabusés, plus confiants que jamais, nous nous tournons vens s
Dieu, et nous disons en souriant
Il paraît que c'est vous que cela regarde, Seigneur
Madame Sand a fait ce qu'elle=àpu en-s'adressant à moi,
je fais ce que je puis en m'adressant à vous; si j'échoue, nous
nous adresserons à Dieu.
Revenons à nos petits orphelins. r~
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Quand vous passerez dans la-rue' Saint~Bënis et que vous
'hë'craindrez pas trop d'être écrase'par les voitures. ou cou-
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Autrefois, et jusqu'en 184~ ce. même''magasin était.oc--
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C'est-la le point de, départ,Thùmble nid de l'asile.
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'magasinT
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Madame Tisserant, bonne et sainte femme, au cœur cha-
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Un mois s'écoula dans cette attente.
Elle comprit alors que .l'enfant était venue chez elle de la,
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Elle pouvait l'envoyer aux enfants'.trouvés;'elle ne le 'fit
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bon appétit, elle s'associa une autre daine pour faire élever
ceftè'~èntiIlé'Baby, que'l'on baptisa a tout 'hasard et sous
~condit.ioh'~uù-nomde~artë'~Hyë.~
Vous voyez qu'elle gagnait deux beaux noms à avoir perdu
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La charité des'dëùx dames'St bruit dans le'quartier, et des
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L'aînée de toute cette petite famille, celle qui a montré le
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L'œuvre des Saints-Anges, dont madame la baronne Paul
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est située passage Dulac, 7, rue de Vaugirard, 83.
Maintenant, chers lecteurs, vous savez où il y a du bien à
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