Titre : Le Monte-Cristo : journal hebdomadaire de romans, d'histoire, de voyages et de poésie / publié et rédigé par Alexandre Dumas, seul
Auteur : Dumas, Alexandre (1802-1870). Auteur du texte
Éditeur : Devalier (Paris)
Date d'édition : 1857-04-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32819834x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 832 Nombre total de vues : 832
Description : 30 avril 1857 30 avril 1857
Description : 1857/04/30 (N2). 1857/04/30 (N2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k205272j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE MONTE-CRISTO.
i8- v
rompu à son septième ou huitième numéro.
/H~e!'ro!.
.Un autre journal, mais celui-là je ne le nomme pas,
jugez de ma. pudeur, moi qui viens de nommer le Père Du-
e~Mnc,– un autre journal a raconté qu'avant mon départ,
M. Emile, ou plutôt Mme Emile de Girardin m'avait de-
mandé de faire une pièce pour être jouée dans son salon,
mais qu'alors, comme je ne fais rien pour rien, j'ai ap-
pelé-un illustre magistrat et lui ai dit
Faites passer mes procès de la première à la cin-
quième chambre, et je ferai la pièce que madame désire.–
Donnant donnant.
Ce qui fut fait, ajoute le journal, ou plutôt le journa-
liste, le pauvre journal n'étant pas plus responsable: de
ce qu'on lui'fait dire, qu'un âne du fardeau qu'il porte.
Avouez, chers lecteurs~ qu'il est impossible d'insul-ter plus
grièvement, en' moins de mots, trois des plushonorables
noms dels magistrature.
Sans compter que ce n'est point vrai que mes procès
soient passés à la cinquième chambre.
Il est vrai qu'il y a quelque chose comme une dizaine
d'années, j'ai fait condamner ce même journaliste à quinze
jours de prison, a l'insertion du jugement dans quatre
'grands journaux et à son affichage sur les murailles.
Ajoutons que sur la demande de la femme, du journa-
liste et sur la prière de M. Nogent Saint-Laurens, son avo-
cat, .je l'ai tenu quitte de: tout; cela pouvait monter à qua-
tre mille francs, ou à cinq ans de Clichy.
Enfin terminons en disant que ce même journaliste a.
emprunté, depuis, douze cents francs à Porcher, en lui-
exprimant par écrit tout le regret qu'il avait de' m'avoir
attaqué, et en promettant bien, si les douze cents francs lui
étaient prêtés,, que pareille chose ne lui arriverait plus.–
Porcher'les lui prêta, sans me prévenir, bien entendu:
L'imprudent!
Porcher a la lettre,–eUe porte-à à cette heure une date de
huit ou dix ans,– il n'est pas payé-et le journaliste m'at-
taque.
Et remarquez encore que je serais désolé qu'il ne.m'atta-
quât plus,–on croirait que je suis devenu son ami, quand
je. nie qu'il ait jamais été même mon confrère.
Qu'on nous permette d'introduire ici'une petite anec~
dote sur une'vipère..
Elle ne sera pas déplacée.
Vous vous rappelez peut-être, chers lecteurs, que j'ai,
dans le Mousquetaire, entrepris de raconter l'histoire des
animaux dans l'intimité desquels j'avais l'honneur de vivre.
Gette histoire commençait par ces mots
< J'ai un chien, et j'avais onze poules et deux coqs:
Cette histoire, a été. interrompue,, comme bien.. d'autres
histoires. Je m'y remettrai si quelques-unes des personnes,
qui l'ont lue veulent.bien. me .dire que le -commencement
des aventures. d& mes-bêtes ne les a pas trop ennuyées.
Au nombre de ces; commensaux de la maison, devait, à
son tour venir prendre son rang une chienne braque~ por-
tant le.nom prétentieux de Flore.
Flore était une. excellente bête,, fort douce, fort crain-
tive,-rapportant, indinëremment et avec la même adresse,
sur l'ordre'de Michel, soit un hérisson/soit une. pièce- de
six liards, soit un œuf, trois choses, camm&.savent les chas-
seurs, fort difficiles à rapporter.
Or, dans, un& chasse que-je' ns. dernièrement. aux envi-
rons d Auxerre, Flore se prit d'inclination pour un fort
beau et fort bon chien, qui me promettait, vu son arbre
généalogique, tenu comme celui d'un cheval arabe, de me
.perpétuer une magninqu& race de braques, les meilleurs
à mon avis, quoique' les plus modestes, des chiens de
chasse..
Flore, prête à devenir mère, fut laissée par moi à'' un
ami, notaire à Saint-Bris, et là, selon la nouvelle que j'en
viens de recevoir, mit au monde .huit fort beaux chiens,
d'ont on noya immédiatement quatre.
La présente n'est point pour vous faire part de son heu-
reuse délivrance, comme vous pourriez, le croire,, au con-
traire mais pour vous soumettre, à propos de la mort tra-
gique de la pauvre bête, car la pauvre bête est morte, un
point, curieux d'histoire naturelle.
Voici la simple narration du trépas de Flore,, extraite
de la lettre de mon ami. On, peut le croire, j'ai dit: qu'il
était notaire.
Et à propos'de Flore, jfai une très-mauvaise: nouvelle
à vous apprendre votr& cœur va.. saigner à Sots. Fïore a
vécu, comme disent les latins Mors Mt'a~.
Après ses couches, je l'avais mise en pension ehez le
père. Marceau' (1 ) qui en avait le plus grandi so'ia. et la pro-
menait un peu tous les jours.
Avant-hier, en allant au bois, Barbant,. notre; autre
garde, trouve une vipère femelle et la tue.
« Hier, Marceau, selon son habitude, emmène la.ehienne
au bois, et passe près de l'endroit oü gisait, l'e carpa. de la
vipère tuée la veille.
La chienne s'en 'approche et pousse un cri. Le mâle,
qui était couché sur le cadavre de la femelle s'était élancé
et avait mordu Flore à. la lèvre.
t Au' cri poussé par~la chienne, le père M'arceau accou-
rmt et tua le mâle; mais'il étai'Ëtro~ tardL.Moiins d'une
minute après, Fl'ore tombait morte et comme foudroyée.
c. A part la. perte de'FloFe qui nous a été très-sensible,
cette fidélité de la vipère mâle.au cadavre de sa .femelle,-
dontelle s'était constituée gardienne, ne vous parait-elle
pas très-curieuse, et savez-vous que les savants naturalis-
tés qui ont écrit sur les ophydiens aient jamais constaté,
chez les reptiles,, cette tendresse d'outre-tombe.
EneSét.j.'ignorais cette persistance de sentiments chez les
vipères. Je livre l'e fait aux naturalistes, sans commentaires
pour ou contre, mais l'affirmant comme réel.
If.
Revenons à. nos moutons, dont nous ne nous étions pas
tant écarté qu'on pourrait- le croire.-Les journaux anglais
aussi ont commis leur part d'erreurs sur mon compte.
Ils ont tous annoncé que l'auteur de la .Da~M a!M* CoM~-
~'(M était venu étudier les élections de Londres.
Le'yMKM a spirituellement ajouté
Cela nous vaudra sans doute une longue suite de let-
tres pareilles à là première,, les romanciers français étant
habitués à voyager-à, la ligne. » '0 w
J'écrivis au. ~'mM cette épître.courte,mais.expl!.Gife.:
« Monsieur le. rédacteur en. chef,,
» Somme votre journal' passe pour le mienx imforniè de'
l'Europe,, et. que js désire q~'il. conserve cette'. répatat.iQn,.
permettez-moi de relever deux petites erreurs qu'Hi vient
de. commettre à mon endroit..
(i); LetpÈre Marceàtiesf'ùn \'ieux garde cétèbre'da.na le' départe-
ment deI.'YQjme.BM iT.facon.dent-iLeMxe.etdresse.te: Ghiem..
i8- v
rompu à son septième ou huitième numéro.
/H~e!'ro!.
.Un autre journal, mais celui-là je ne le nomme pas,
jugez de ma. pudeur, moi qui viens de nommer le Père Du-
e~Mnc,– un autre journal a raconté qu'avant mon départ,
M. Emile, ou plutôt Mme Emile de Girardin m'avait de-
mandé de faire une pièce pour être jouée dans son salon,
mais qu'alors, comme je ne fais rien pour rien, j'ai ap-
pelé-un illustre magistrat et lui ai dit
Faites passer mes procès de la première à la cin-
quième chambre, et je ferai la pièce que madame désire.–
Donnant donnant.
Ce qui fut fait, ajoute le journal, ou plutôt le journa-
liste, le pauvre journal n'étant pas plus responsable: de
ce qu'on lui'fait dire, qu'un âne du fardeau qu'il porte.
Avouez, chers lecteurs~ qu'il est impossible d'insul-ter plus
grièvement, en' moins de mots, trois des plushonorables
noms dels magistrature.
Sans compter que ce n'est point vrai que mes procès
soient passés à la cinquième chambre.
Il est vrai qu'il y a quelque chose comme une dizaine
d'années, j'ai fait condamner ce même journaliste à quinze
jours de prison, a l'insertion du jugement dans quatre
'grands journaux et à son affichage sur les murailles.
Ajoutons que sur la demande de la femme, du journa-
liste et sur la prière de M. Nogent Saint-Laurens, son avo-
cat, .je l'ai tenu quitte de: tout; cela pouvait monter à qua-
tre mille francs, ou à cinq ans de Clichy.
Enfin terminons en disant que ce même journaliste a.
emprunté, depuis, douze cents francs à Porcher, en lui-
exprimant par écrit tout le regret qu'il avait de' m'avoir
attaqué, et en promettant bien, si les douze cents francs lui
étaient prêtés,, que pareille chose ne lui arriverait plus.–
Porcher'les lui prêta, sans me prévenir, bien entendu:
L'imprudent!
Porcher a la lettre,–eUe porte-à à cette heure une date de
huit ou dix ans,– il n'est pas payé-et le journaliste m'at-
taque.
Et remarquez encore que je serais désolé qu'il ne.m'atta-
quât plus,–on croirait que je suis devenu son ami, quand
je. nie qu'il ait jamais été même mon confrère.
Qu'on nous permette d'introduire ici'une petite anec~
dote sur une'vipère..
Elle ne sera pas déplacée.
Vous vous rappelez peut-être, chers lecteurs, que j'ai,
dans le Mousquetaire, entrepris de raconter l'histoire des
animaux dans l'intimité desquels j'avais l'honneur de vivre.
Gette histoire commençait par ces mots
< J'ai un chien, et j'avais onze poules et deux coqs:
Cette histoire, a été. interrompue,, comme bien.. d'autres
histoires. Je m'y remettrai si quelques-unes des personnes,
qui l'ont lue veulent.bien. me .dire que le -commencement
des aventures. d& mes-bêtes ne les a pas trop ennuyées.
Au nombre de ces; commensaux de la maison, devait, à
son tour venir prendre son rang une chienne braque~ por-
tant le.nom prétentieux de Flore.
Flore était une. excellente bête,, fort douce, fort crain-
tive,-rapportant, indinëremment et avec la même adresse,
sur l'ordre'de Michel, soit un hérisson/soit une. pièce- de
six liards, soit un œuf, trois choses, camm&.savent les chas-
seurs, fort difficiles à rapporter.
Or, dans, un& chasse que-je' ns. dernièrement. aux envi-
rons d Auxerre, Flore se prit d'inclination pour un fort
beau et fort bon chien, qui me promettait, vu son arbre
généalogique, tenu comme celui d'un cheval arabe, de me
.perpétuer une magninqu& race de braques, les meilleurs
à mon avis, quoique' les plus modestes, des chiens de
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Flore, prête à devenir mère, fut laissée par moi à'' un
ami, notaire à Saint-Bris, et là, selon la nouvelle que j'en
viens de recevoir, mit au monde .huit fort beaux chiens,
d'ont on noya immédiatement quatre.
La présente n'est point pour vous faire part de son heu-
reuse délivrance, comme vous pourriez, le croire,, au con-
traire mais pour vous soumettre, à propos de la mort tra-
gique de la pauvre bête, car la pauvre bête est morte, un
point, curieux d'histoire naturelle.
Voici la simple narration du trépas de Flore,, extraite
de la lettre de mon ami. On, peut le croire, j'ai dit: qu'il
était notaire.
Et à propos'de Flore, jfai une très-mauvaise: nouvelle
à vous apprendre votr& cœur va.. saigner à Sots. Fïore a
vécu, comme disent les latins Mors Mt'a~.
Après ses couches, je l'avais mise en pension ehez le
père. Marceau' (1 ) qui en avait le plus grandi so'ia. et la pro-
menait un peu tous les jours.
Avant-hier, en allant au bois, Barbant,. notre; autre
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« Hier, Marceau, selon son habitude, emmène la.ehienne
au bois, et passe près de l'endroit oü gisait, l'e carpa. de la
vipère tuée la veille.
La chienne s'en 'approche et pousse un cri. Le mâle,
qui était couché sur le cadavre de la femelle s'était élancé
et avait mordu Flore à. la lèvre.
t Au' cri poussé par~la chienne, le père M'arceau accou-
rmt et tua le mâle; mais'il étai'Ëtro~ tardL.Moiins d'une
minute après, Fl'ore tombait morte et comme foudroyée.
c. A part la. perte de'FloFe qui nous a été très-sensible,
cette fidélité de la vipère mâle.au cadavre de sa .femelle,-
dontelle s'était constituée gardienne, ne vous parait-elle
pas très-curieuse, et savez-vous que les savants naturalis-
tés qui ont écrit sur les ophydiens aient jamais constaté,
chez les reptiles,, cette tendresse d'outre-tombe.
EneSét.j.'ignorais cette persistance de sentiments chez les
vipères. Je livre l'e fait aux naturalistes, sans commentaires
pour ou contre, mais l'affirmant comme réel.
If.
Revenons à. nos moutons, dont nous ne nous étions pas
tant écarté qu'on pourrait- le croire.-Les journaux anglais
aussi ont commis leur part d'erreurs sur mon compte.
Ils ont tous annoncé que l'auteur de la .Da~M a!M* CoM~-
~'(M était venu étudier les élections de Londres.
Le'yMKM a spirituellement ajouté
Cela nous vaudra sans doute une longue suite de let-
tres pareilles à là première,, les romanciers français étant
habitués à voyager-à, la ligne. » '0 w
J'écrivis au. ~'mM cette épître.courte,mais.expl!.Gife.:
« Monsieur le. rédacteur en. chef,,
» Somme votre journal' passe pour le mienx imforniè de'
l'Europe,, et. que js désire q~'il. conserve cette'. répatat.iQn,.
permettez-moi de relever deux petites erreurs qu'Hi vient
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