Titre : Le Monte-Cristo : journal hebdomadaire de romans, d'histoire, de voyages et de poésie / publié et rédigé par Alexandre Dumas, seul
Auteur : Dumas, Alexandre (1802-1870). Auteur du texte
Éditeur : Devalier (Paris)
Date d'édition : 1857-04-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32819834x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 832 Nombre total de vues : 832
Description : 23 avril 1857 23 avril 1857
Description : 1857/04/23 (N1). 1857/04/23 (N1).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2052715
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE MONTER RISTO.
2
Il a refusé de répondre à cette question.
Sachez seulement, chers lecteurs, qu'il avait eu l'impru-
dence de quitter la maison paternelle. Il y est rentré
quand il a eu par trop faim, voilà tout.
Un illustre spéculateur bien eu raison de dire que le
~foM~M~?'r6 était une bonne action, mais était une mau-
vaise affaire 1
-t
II avait vécu quatre ans, le pauvre J!fo!M~:<ëPendant ces quatre ans, il n'avait fait de mal à personne,
et avait fait du bien à beaucoup.
Pendant ces quatre ans, il n'avait pas produit le moindre
scandale.
N'avait point attaqué un faible,
N'avait point flatté un fort,
N'avait point calomnié une femme,
N~avait point insulté un exilé..
Bon, me dira-t-on, de quoi vous plaignez-vous, votre
-~OM~
En échange, voici ce qu'il avait fait
II avait aidé le digne abbé .Moret à élever son œuvre
des petites incurables;
II avait sauvé Léon Reynier de la conscription
Il avait empêché le frère de M"" Duchesnois de mourir
de faim
Il avait donné une tombe à Hégésippe Moreau
Il avait fait connaître Saphir
II avait naturalisé Henri Conscience
Il avait popularisé le capitaine Mayne Reid
Il'avait ouvert ses colonnes aux poètes inconnus, aux
romanciers ignorés, aux dramaturges incompris.
Ce n'est point sa faute s'il n'est venu que Saint-Maur.
Le seul reproche qu'on lui faisait, c'était de n'être point
Son rédacteur en chef chargea, les uns après les autres,
les faiseursQue voulez-vous, chers lecteurs, son rédacteur en chef
était peut-être un peu trop difficile en fait d'esprit; mais
il arriva presque toujours que l'esprit de ceux dont c'est
l'état de faire de l'esprit, lui parut brutal, grossier, blessant.
scandaleux, quand il ne lui parut pas bête.
Il reconnaît qu'il avait to't les mêmes hommes sont
allés porter cet esprit-là ailleurs, et ailleurs on le trouve
charmant.
Tautil y a, chers lecteurs, que.le Mo:f~!femais nous espérons une chose, c'est qu'il lui sera beau-
coup remis, non-seulement parce qu'il a beaucoup aimé,
Mais encore ce qui est bien plus rare, parce qu'il n'a
point du tout haï.
Mamtenant voici une vieille connaissance à vous, chers
lecteurs, qui vient se présenter, non pas comme son héri-
tier, le pauvre ~/oM~M~(M'c n'a pas laissé un sou vaillant,
mais comme son successeur.
~/
Peut-être me demanderez-vous comment Monte-Cristo
qui représente à vos souvenirs l'idéal de l'élégance et de
la richesse, vous apparaît dans un pareil état.
Vous oubliez, chers lecteurs, que Monte-Cristo s'est d'a-
Lord appelé Dantès.
Monte-Cristo se présente à vous comme il'était lorsque
chacun le croyant mort, il se sauva du château d'If et s'ac-'
crocha au rocher de Tibouidn.
Monte-Cristo se présente à vous avant d'avoir abor-
dé à son ile, avant d'avoir exploré sa grotte, avant
d'avoir retrouvé son trésor.
Maintenant, son trésor, chers lecteurs,, c'est votre sym-
pathie –accueillez-le bien, recevez-le bien, faites pour
lui ce que voua avez faitpour son frère d'Artagnan tant
qu'il a été véritablement d'Artaguan;–faites mieux, si
vous pouvez, et vous verrez Dantès devenir peu à peu Mon-
teCristo.
C'est à vous de lui ouvrir.ce fameux crédit illimité qu'il
avait sur la maison Danglars.
Vous verrez, en .jetant les yeux sur le prospectus, que
ce crédit, sans être une ruine pour vous, peut être une
fortune pour lui.
.Mais vous savez que je ne m'occupe pas de ces détails-
lai–parlons d'autre chose..
Parlons d'une lettre de moi qui a fait beaucoup plus de
bruit que je ne désirais qu'elle en fît, et surtout qu'elle
n'étaitappeléeàenfaire.
Un jour, un de mes amis vint me dire, tout indigne, .que
M"sAugustineBrohan, correspondante du Figaro, sous le.
nomdeSuzanne, venait' sinon d'insulter, du moins d'at-
taquer Victor Hugo.
Je voudrais qu'une fois pour toutes on comprit bien le
.tripte sentiment qui m'attache à Victor Hugo.
Je le connais depuis la soirée de J~Mn 7jf/, c'est-à-
dire, depuis le 11 février 1828.
Depuis ce jour, il est mon ami.
Depuis longtemps j'étais son admirateur. Je le suis tou-
jours.
Eh bien aujourd'hui à ces deux sentiments se joint
un troisième, pour lequel je cherche inutilement un nom.
C'est au cœur de le comprendre mais'la langue ne peut
l'exprimer.
Victor Hugo est proscrit.'
Qu'éprouve de plus pour un homme proscrit, celui qui
déjà l'aime et l'admire.
Quelque chose comme une religion.
Eh bien c'était contre cette religion, qu'à mon avis, ve-
nait d'être commis un acte qui ressemblait à un sacrilège.
Surtout de la part d'une artiste dramatique.
Surtout de la part d'une artiste qui a joué dans les pièces
d'Hugo.
Surtout de la part d'une femme t
Le coup qui ne pouvait atteindre Hugo me frappa pro-
fondément.
Je pris la plume, et sans intention aucune de publicité,
j'écrivis à M. le directeur du Théâtre-Français la lettre que
vous connaissez.-
Je savais parfaitement que je n'avais pas le droit de re-
tirer mes pièces du répertoire; je savais parfaitement que
je n'avais pas le droit de retirer mes rôles à M"" Brohan.
,Te protestais, voilà tout.
Si j'eusse en le droit de retirer pièces ou rôles; je les
eusse retirés par huissier, et n'eusse point écrit au directeur.
Je crus en effet, un instant, ,que l'on avait accédé à
ma prière. On joua les Demoiselles de ~t'N~-Cyr, et M"<-
Fix avait repris le rôle de M"c Brohan.
Mais on joua j!7"e de .Be~e- et M"s Brohan avait
conservésonrôle.
C'est alors seulement que-je crus que ma lettre devait
être publiée, et que je la publiai.
Cette lettre fit un effet auquel j'étais loin de m'atten-
dre. Je n'y avais vu qu'un acte d'amitié on y vit un acte
à peine oserai-je ledire, un acte de courage.
De courage, bon Dieu on est courageux à bon marché,
à ce qu'il parait.
La lettre eut un écho rapide dans un grand nombre de
cœurs.
Je reçus cinquante cartes je reçus vingt lettres.
.Je me contenterai de citer trois de ces lettres.
2
Il a refusé de répondre à cette question.
Sachez seulement, chers lecteurs, qu'il avait eu l'impru-
dence de quitter la maison paternelle. Il y est rentré
quand il a eu par trop faim, voilà tout.
Un illustre spéculateur bien eu raison de dire que le
~foM~M~?'r6 était une bonne action, mais était une mau-
vaise affaire 1
-t
II avait vécu quatre ans, le pauvre J!fo!M~:<ë
et avait fait du bien à beaucoup.
Pendant ces quatre ans, il n'avait pas produit le moindre
scandale.
N'avait point attaqué un faible,
N'avait point flatté un fort,
N'avait point calomnié une femme,
N~avait point insulté un exilé..
Bon, me dira-t-on, de quoi vous plaignez-vous, votre
-~OM~
En échange, voici ce qu'il avait fait
II avait aidé le digne abbé .Moret à élever son œuvre
des petites incurables;
II avait sauvé Léon Reynier de la conscription
Il avait empêché le frère de M"" Duchesnois de mourir
de faim
Il avait donné une tombe à Hégésippe Moreau
Il avait fait connaître Saphir
II avait naturalisé Henri Conscience
Il avait popularisé le capitaine Mayne Reid
Il'avait ouvert ses colonnes aux poètes inconnus, aux
romanciers ignorés, aux dramaturges incompris.
Ce n'est point sa faute s'il n'est venu que Saint-Maur.
Le seul reproche qu'on lui faisait, c'était de n'être point
Son rédacteur en chef chargea, les uns après les autres,
les faiseurs
était peut-être un peu trop difficile en fait d'esprit; mais
il arriva presque toujours que l'esprit de ceux dont c'est
l'état de faire de l'esprit, lui parut brutal, grossier, blessant.
scandaleux, quand il ne lui parut pas bête.
Il reconnaît qu'il avait to't les mêmes hommes sont
allés porter cet esprit-là ailleurs, et ailleurs on le trouve
charmant.
Tautil y a, chers lecteurs, que.le Mo:f~!femais nous espérons une chose, c'est qu'il lui sera beau-
coup remis, non-seulement parce qu'il a beaucoup aimé,
Mais encore ce qui est bien plus rare, parce qu'il n'a
point du tout haï.
Mamtenant voici une vieille connaissance à vous, chers
lecteurs, qui vient se présenter, non pas comme son héri-
tier, le pauvre ~/oM~M~(M'c n'a pas laissé un sou vaillant,
mais comme son successeur.
~/
Peut-être me demanderez-vous comment Monte-Cristo
qui représente à vos souvenirs l'idéal de l'élégance et de
la richesse, vous apparaît dans un pareil état.
Vous oubliez, chers lecteurs, que Monte-Cristo s'est d'a-
Lord appelé Dantès.
Monte-Cristo se présente à vous comme il'était lorsque
chacun le croyant mort, il se sauva du château d'If et s'ac-'
crocha au rocher de Tibouidn.
Monte-Cristo se présente à vous avant d'avoir abor-
dé à son ile, avant d'avoir exploré sa grotte, avant
d'avoir retrouvé son trésor.
Maintenant, son trésor, chers lecteurs,, c'est votre sym-
pathie –accueillez-le bien, recevez-le bien, faites pour
lui ce que voua avez faitpour son frère d'Artagnan tant
qu'il a été véritablement d'Artaguan;–faites mieux, si
vous pouvez, et vous verrez Dantès devenir peu à peu Mon-
teCristo.
C'est à vous de lui ouvrir.ce fameux crédit illimité qu'il
avait sur la maison Danglars.
Vous verrez, en .jetant les yeux sur le prospectus, que
ce crédit, sans être une ruine pour vous, peut être une
fortune pour lui.
.Mais vous savez que je ne m'occupe pas de ces détails-
lai–parlons d'autre chose..
Parlons d'une lettre de moi qui a fait beaucoup plus de
bruit que je ne désirais qu'elle en fît, et surtout qu'elle
n'étaitappeléeàenfaire.
Un jour, un de mes amis vint me dire, tout indigne, .que
M"sAugustineBrohan, correspondante du Figaro, sous le.
nomdeSuzanne, venait' sinon d'insulter, du moins d'at-
taquer Victor Hugo.
Je voudrais qu'une fois pour toutes on comprit bien le
.tripte sentiment qui m'attache à Victor Hugo.
Je le connais depuis la soirée de J~Mn 7jf/, c'est-à-
dire, depuis le 11 février 1828.
Depuis ce jour, il est mon ami.
Depuis longtemps j'étais son admirateur. Je le suis tou-
jours.
Eh bien aujourd'hui à ces deux sentiments se joint
un troisième, pour lequel je cherche inutilement un nom.
C'est au cœur de le comprendre mais'la langue ne peut
l'exprimer.
Victor Hugo est proscrit.'
Qu'éprouve de plus pour un homme proscrit, celui qui
déjà l'aime et l'admire.
Quelque chose comme une religion.
Eh bien c'était contre cette religion, qu'à mon avis, ve-
nait d'être commis un acte qui ressemblait à un sacrilège.
Surtout de la part d'une artiste dramatique.
Surtout de la part d'une artiste qui a joué dans les pièces
d'Hugo.
Surtout de la part d'une femme t
Le coup qui ne pouvait atteindre Hugo me frappa pro-
fondément.
Je pris la plume, et sans intention aucune de publicité,
j'écrivis à M. le directeur du Théâtre-Français la lettre que
vous connaissez.-
Je savais parfaitement que je n'avais pas le droit de re-
tirer mes pièces du répertoire; je savais parfaitement que
je n'avais pas le droit de retirer mes rôles à M"" Brohan.
,Te protestais, voilà tout.
Si j'eusse en le droit de retirer pièces ou rôles; je les
eusse retirés par huissier, et n'eusse point écrit au directeur.
Je crus en effet, un instant, ,que l'on avait accédé à
ma prière. On joua les Demoiselles de ~t'N~-Cyr, et M"<-
Fix avait repris le rôle de M"c Brohan.
Mais on joua j!7"e de .Be~e- et M"s Brohan avait
conservésonrôle.
C'est alors seulement que-je crus que ma lettre devait
être publiée, et que je la publiai.
Cette lettre fit un effet auquel j'étais loin de m'atten-
dre. Je n'y avais vu qu'un acte d'amitié on y vit un acte
à peine oserai-je ledire, un acte de courage.
De courage, bon Dieu on est courageux à bon marché,
à ce qu'il parait.
La lettre eut un écho rapide dans un grand nombre de
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