Titre : La Revue des beaux-arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, musique, renseignements artistiques, expositions, concours : gazette hebdomadaire fondée en 1830 / dir. Henri Revers
Auteur : Union provinciale des arts décoratifs (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-01-11
Contributeur : Revers, Henry. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858203k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2009 Nombre total de vues : 2009
Description : 11 janvier 1914 11 janvier 1914
Description : 1914/01/11 (SER3,N296)-1914/01/25 (SER3,N298). 1914/01/11 (SER3,N296)-1914/01/25 (SER3,N298).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1201211
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-50380
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2008
Du Caractère de Race
Les différentes manières d'interpréter
en art peuvent se ramener a deux gran-
des catégories celle de l'idéalisation et
celle de la notation du caractère. Par
l'idéalisation, on sort du caractère
individuel d'un être, parfois de son
caractère ethnique, on sacrifie les signes
particuliers à l'harmonie des propor-
tions, à la pureté des galhes, on crée
des types au-dessus ou a côté de l'hu-
manité, une beauté sans patrie. Aussi
les figures idéalisées vraiment artistes
sont-elles aussi rares que les livres de
vers vraiment poétiques. Au contraire,
tout ce qui dénote la race d'un être,
tout ce qui constitue son individualité,
sa vie propre, est relevé, écrit, accusé
par la notation du caractère. Plus épris
de vie que de beau lé, le caractériste
s'intéresse à tout ce qui respire, repré-
sente, sous tous leurs aspects, les réa-
lités objectives. Une face curieuse, une
silhouette anormale l'arrêtent plus
qu'une structure aux plans disposés
avec grâce, et la vulgarité d'un mouve-
ment ne le choque point si l'action s'en
trouve soulignée.
Quelle que soit la préférence de l'es-
théticien pour l'une ou l'autre de ces
recherches, il est juste de reconnaître
que toutes deux sont intéressantes.
Noble est la préoccupation d'idéaliser,
elle témoigne de concepts élevés, d'une
vision plus pure mais il est très artiste
aussi et fort louable de se vouer à un
art plus particulièrement expressif, à
un art d'observation qui n'exclut pas
l'interprétation large. L'art simplement
humain est bien aussi digne d'admira-
tion que l'art qui tend à élever nos esprits
au-dessus de la réalité sensible. L'un est
plus évocateur, plus intellectuel, l'autre
plus passionnant, plus émouvant, tous
deux ont leurs dangers l'idéalisation
entraîne au manque de vie, à l'irréel, le
dans l'Art Français
caractérisme au manque de goût, au
quelconque ou au trivial.
Signes de deux tournures d'esprit, ces
modes d'interpréter se rencontrent par-
fois et se concilient en un artiste, mais
l'un prédomine toujours. Le synthétiste
tend à idéaliser, l'analyste à caractéri-
ser et les esprits à dominante nette-
ment marquée ne sont pas rares chez
les artistes, l'éducation qu'ils reçoivent
exagérant certaine faculté au détriment
des autres. Parfois aussi, des artistes
d'intelligence et de volonté supérieures
ont engagé contre leur dominante une
lutte couronnée de succès, tels Le Pous-
sin et Ingres qui, plus analystes que
synthétiques, s'obligèrent à l'interpré-
tation synthétiste, le premier pour arri-
ver au décoratif harmonieux, le second
pour idéaliser la forme.
Tous les arts, soit à leur naissance,
soit il quelque moment de leur vie, su-
bissent l'influence d'un ou de plusieurs
autres arts, cette vérité se passe de dé-
monstration. Il se produit, pour les
éléments essentiels de la plastique, un
phénomène presque semblable a celui
qui se produit pour les idées les peu-
ples se les communiquent et en font un
échange perpétuel, sans avoir une lan-
gue unique, alors que tous s'efforcent
il une science commune. Les arts sont
autant de langues, usant de moyens
analogues pour arriver à un même
objectif, et de même que les langues, ils
se manifestent avec des caractères par-
ticuliers selon les civilisations et les
décors où ils se développent et tloris-
sent. Ne sont-ils pas autant d'interpré-
tations d'une humanité et d'une nature
diverses en leur unité V
Quoique d'origine hybride ou poly-
gène, un art n'en sera pas moins ethni-
que, tant que ses interprètes n'emprun-
teront aux autres peuples que les qua-
lités qu'ils peuvent s'assimiler, tant
qu'ils sauront choisir leurs analepti-
ques, pour me servir d'un vocable bar-
bare mais précis. L'art hellénique et les
arts de la chrétienté (France des XVIII'
et XV" siècles, Italie, Flandres des XIV*
et XV1 siècles, Angleterre du XIII siè-
cle, Allemagne du XIVe siècle) en sont
une preuve péremptoire. Quels arts ont
été formes d'éléments plus hétérogènes? '?
Quels arts portèrent plus nettement
l'empreinte d'une race? Aucuns, pas
même ceux d'Egypte et d'Assyrie, si
expressifs pourtant. C'est que l'origina-
lité, qu'elle émane de l'individu ou du
collectif, n'est autre que l'heureuse assi-
milation d'élémen ts adventices. Or, cette
assimilation ne peut pas ne point trahir r
les qualités et les défauts des assimila-
teurs, et c'est cela qui constitue le carac-
tère de race.
Evidemment, les portraits et les nus
offrent de nombreuses manifestations
du caractère de race. Mais ce caractère
ne se lit pas seulement sur les figures
et les tètes, et ce n'est point fiav là qu'il
faut commencer ses recherches. D'a-
bord, parce que les personnages repré-
sentés n'accusent pas toujours nette-
ment un type aborigène, ensuite parce
que ce type est quelquefois altéré par
ceux qui le traduisent. Maints artistes,
en cifet, se laissent influencer par un
art étranger au point de transformer
leur vision et de perdre les qualités par-
ticulières a leur propre race. Or, ce sont
ces qualités, répétons-le, qui, plus que
la notation exacte des types et des for-
mes autochtones, manifestent le carac-
tère etchnique d'un art c'est donc à les
bien connaître qu'il importe de s'appli-
quer.
Les Hellènes qui ne virent jamais
plus loin que la réalité sensible et ne
se passionnèrent jamais que pour la
vie extérieure, commencèrent par ca-
ractériser et s'y attachèrent avec soin.
L'Apollon de Ténéa, le bronze Payne-
Knight, l'Apollon de Piombino, les
sculptures du Temple d'Egine et de
Les différentes manières d'interpréter
en art peuvent se ramener a deux gran-
des catégories celle de l'idéalisation et
celle de la notation du caractère. Par
l'idéalisation, on sort du caractère
individuel d'un être, parfois de son
caractère ethnique, on sacrifie les signes
particuliers à l'harmonie des propor-
tions, à la pureté des galhes, on crée
des types au-dessus ou a côté de l'hu-
manité, une beauté sans patrie. Aussi
les figures idéalisées vraiment artistes
sont-elles aussi rares que les livres de
vers vraiment poétiques. Au contraire,
tout ce qui dénote la race d'un être,
tout ce qui constitue son individualité,
sa vie propre, est relevé, écrit, accusé
par la notation du caractère. Plus épris
de vie que de beau lé, le caractériste
s'intéresse à tout ce qui respire, repré-
sente, sous tous leurs aspects, les réa-
lités objectives. Une face curieuse, une
silhouette anormale l'arrêtent plus
qu'une structure aux plans disposés
avec grâce, et la vulgarité d'un mouve-
ment ne le choque point si l'action s'en
trouve soulignée.
Quelle que soit la préférence de l'es-
théticien pour l'une ou l'autre de ces
recherches, il est juste de reconnaître
que toutes deux sont intéressantes.
Noble est la préoccupation d'idéaliser,
elle témoigne de concepts élevés, d'une
vision plus pure mais il est très artiste
aussi et fort louable de se vouer à un
art plus particulièrement expressif, à
un art d'observation qui n'exclut pas
l'interprétation large. L'art simplement
humain est bien aussi digne d'admira-
tion que l'art qui tend à élever nos esprits
au-dessus de la réalité sensible. L'un est
plus évocateur, plus intellectuel, l'autre
plus passionnant, plus émouvant, tous
deux ont leurs dangers l'idéalisation
entraîne au manque de vie, à l'irréel, le
dans l'Art Français
caractérisme au manque de goût, au
quelconque ou au trivial.
Signes de deux tournures d'esprit, ces
modes d'interpréter se rencontrent par-
fois et se concilient en un artiste, mais
l'un prédomine toujours. Le synthétiste
tend à idéaliser, l'analyste à caractéri-
ser et les esprits à dominante nette-
ment marquée ne sont pas rares chez
les artistes, l'éducation qu'ils reçoivent
exagérant certaine faculté au détriment
des autres. Parfois aussi, des artistes
d'intelligence et de volonté supérieures
ont engagé contre leur dominante une
lutte couronnée de succès, tels Le Pous-
sin et Ingres qui, plus analystes que
synthétiques, s'obligèrent à l'interpré-
tation synthétiste, le premier pour arri-
ver au décoratif harmonieux, le second
pour idéaliser la forme.
Tous les arts, soit à leur naissance,
soit il quelque moment de leur vie, su-
bissent l'influence d'un ou de plusieurs
autres arts, cette vérité se passe de dé-
monstration. Il se produit, pour les
éléments essentiels de la plastique, un
phénomène presque semblable a celui
qui se produit pour les idées les peu-
ples se les communiquent et en font un
échange perpétuel, sans avoir une lan-
gue unique, alors que tous s'efforcent
il une science commune. Les arts sont
autant de langues, usant de moyens
analogues pour arriver à un même
objectif, et de même que les langues, ils
se manifestent avec des caractères par-
ticuliers selon les civilisations et les
décors où ils se développent et tloris-
sent. Ne sont-ils pas autant d'interpré-
tations d'une humanité et d'une nature
diverses en leur unité V
Quoique d'origine hybride ou poly-
gène, un art n'en sera pas moins ethni-
que, tant que ses interprètes n'emprun-
teront aux autres peuples que les qua-
lités qu'ils peuvent s'assimiler, tant
qu'ils sauront choisir leurs analepti-
ques, pour me servir d'un vocable bar-
bare mais précis. L'art hellénique et les
arts de la chrétienté (France des XVIII'
et XV" siècles, Italie, Flandres des XIV*
et XV1 siècles, Angleterre du XIII siè-
cle, Allemagne du XIVe siècle) en sont
une preuve péremptoire. Quels arts ont
été formes d'éléments plus hétérogènes? '?
Quels arts portèrent plus nettement
l'empreinte d'une race? Aucuns, pas
même ceux d'Egypte et d'Assyrie, si
expressifs pourtant. C'est que l'origina-
lité, qu'elle émane de l'individu ou du
collectif, n'est autre que l'heureuse assi-
milation d'élémen ts adventices. Or, cette
assimilation ne peut pas ne point trahir r
les qualités et les défauts des assimila-
teurs, et c'est cela qui constitue le carac-
tère de race.
Evidemment, les portraits et les nus
offrent de nombreuses manifestations
du caractère de race. Mais ce caractère
ne se lit pas seulement sur les figures
et les tètes, et ce n'est point fiav là qu'il
faut commencer ses recherches. D'a-
bord, parce que les personnages repré-
sentés n'accusent pas toujours nette-
ment un type aborigène, ensuite parce
que ce type est quelquefois altéré par
ceux qui le traduisent. Maints artistes,
en cifet, se laissent influencer par un
art étranger au point de transformer
leur vision et de perdre les qualités par-
ticulières a leur propre race. Or, ce sont
ces qualités, répétons-le, qui, plus que
la notation exacte des types et des for-
mes autochtones, manifestent le carac-
tère etchnique d'un art c'est donc à les
bien connaître qu'il importe de s'appli-
quer.
Les Hellènes qui ne virent jamais
plus loin que la réalité sensible et ne
se passionnèrent jamais que pour la
vie extérieure, commencèrent par ca-
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L'Apollon de Ténéa, le bronze Payne-
Knight, l'Apollon de Piombino, les
sculptures du Temple d'Egine et de
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