L'astronomie est bonne à quelque chose

Livre III

« Courrons vite l'astronomie est bonne à quelque chose »

Émile et Jean-Jacques observent la position de la forêt de Montmorency pour s’orienter et regagner.
 
« JEAN-JACQUES. – Ne disions-nous pas que la forêt était...
ÉMILE. – Au nord de Montmorency.
JEAN-JACQUES. – Par conséquent Montmorency doit être...
ÉMILE. – Au sud de la forêt.
JEAN-JACQUES. – Nous avons un moyen de trouver le bord à midi ?
ÉMILE. – Oui, par la direction de l'ombre.
JEAN-JACQUES. – Mais le sud ?
ÉMILE. – Comment faire ?
JEAN-JACQUES. – Le sud est l'opposé du nord.
ÉMILE. – Cela est vrai; il n'y a qu'à chercher l'opposé de l'ombre. Oh ! voilà le sud ! voilà le sud ! sûrement Montmorency est de ce côté.
JEAN-JACQUES. – Vous pouvez avoir raison : prenons ce sentier à travers le bois.
ÉMILE, frappant des mains, et poussant un cri de joie. – Ah ! je vois Montmorency ! le voilà tout devant nous, tout à découvert. Allons déjeuner, allons dîner, courons vite : l'astronomie est bonne à quelque chose.

 

Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’éducation, 1762.
> Texte intégral : Paris, J. Bry aîné, 1856-1857