Le roman "réaliste"

Jacques, son maître et l’hôtesse qui raconte l’histoire

Au XVIIIe siècle, le roman d’une veine réaliste (mais le terme n'apparaît qu'au XIXe siècle) cherche l’adhésion du lecteur dans la narration d’histoires où les personnages paraissent en prise avec le monde, tout en imaginant des solutions nouvelles à leurs problèmes. Les histoires emboîtées sont une forme qui connaît un vif succès au Siècle des lumières, période traversée par tant d’évolutions fondamentales. Dans Jacques le Fataliste, Diderot fait de la digression l’argument principal de son roman.
À l’inverse, l’abbé Prévost narre l’histoire de Manon Lescaut comme un simple épisode des Mémoires et aventures d’un homme de qualité. Prévost construit ses fictions autour d’aventuriers au lyrisme sombre et volontiers tragique, mais avec une âme de révoltés : tous les retranchements du monde de l’époque sont ainsi visités.
Le roman réaliste du XVIIIe a valeur de document pour l’historien, tant sont précis les faits économiques, les comportements sentimentaux et sociaux. Mais l’ellipse et la périphrase y sont de mise et cette forme de discrétion le distingue nettement du roman « naturaliste » en vogue au XIXe siècle.


EN SAVOIR PLUS
> Diderot, Jacques le Fataliste, 1796 
> Prévost, Manon Lescaut, 1731