Le roman merveilleux
Le roman merveilleux du XVIIIe siècle se veut dépaysant, ouvrant le besoin de rêve et d’irrationnel pour dépasser la philosophie sceptique du moment. Le héros est volontairement déréalisé, sa morale est modelée par des conditions imprévisibles. L’auteur peut ainsi entraîner le lecteur aux quatre coins du monde réel, dans un lieu de désirs informulés et de hantises inconscientes.
Charles Perrault construit le genre du merveilleux avec ses Contes en 1697. La concision de ses histoires, en série, lui vaut un succès durable. En jouant la crédulité, le rationnel est dépassé, surcodé par le fait apparu. Les fantasmes de luxe et de beauté sont évoqués dans une langue à la fois naïve et imagée, par des situations réelles et dans l’univers de vraisemblance psychologique d’un monde injuste cruel, inquiétant.
L’apparition du genre fantastique est attachée au livre de Cazotte Le Diable amoureux, publié en 1772. Mais de nombreux ouvrages du Siècle des lumières font ressortir les nouveaux intérêts de l’époque : le récit de voyage, l’expérimentation scientifique, les modèles sociopolitiques nourrissent le genre merveilleux.
La science-fiction, qui aura une place considérable au XIXe siècle, commence à percer, avec un ouvrage paru en 1747 : La Poupée, d’un auteur peu connu, Bibiena. Il y est question d’une poupée qui grandit comme une personne vivante.
Au XVIIIe siècle, le merveilleux exotique présente des formes d’utopies : trace des origines perdues avec le mythe du « bon sauvage », ouvertures pour l’expansion économique, mode orientale au sens large : du Moyen-Orient à l’Extrême-Orient, en s’arrêtant sur les Indes…
> Perrault, Contes, 1697
> Mme d'Aulnoy, Contes de fées, 1697
> Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête, 1757
> Cazotte, Le Diable amoureux, Paris, Librairie des bibliophiles, 1883