Manon Lescaut, la prostituéeAbbé Prévost, Manon Lescaut, 1731

Manon emmenée avec des filles de joie

La jeune Manon est envoyée au couvent pour contrôler son « penchant au plaisir ». Mais elle rencontre le jeune chevalier Des Grieux avec qui elle s'enfuit. L’œuvre restitue un milieu social immoral et corrompu : Manon trompe son chevalier avec un financier pour se procurer de l'argent. Elle justifie sa vénalité :

Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l'idole de mon cœur, et qu'il n'y a que toi au monde que je puisse aimer de la façon dont je t'aime ; mais ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l'état où nous sommes réduits, c'est une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? La faim me causerait quelque méprise fatale ; je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d'amour. Je t'adore, compte là-dessus ; mais laisse-moi, pour quelque temps, le ménagement de notre fortune. Malheur à qui va tomber dans mes filets ! Je travaille pour rendre mon Chevalier riche et heureux. Mon frère t'apprendra des nouvelles de ta Manon, et qu'elle a pleuré de la nécessité de te quitter.