Les femmes

 

Exploration : Portraits de femmes

 
Mme Du Châtelet à sa table de travail
Autoportrait d'Élisabeth Vigée-Lebrun
Robe de mousseline avec bordure d'indienne et coiffure anglaise
La Marchande de marrons
La Bonne Éducation
La Maman
 

• Que racontent ces illustrations de la femme au XVIIIe siècle ? Observez les visages, les vêtements, les coiffures, le décor : à quelles catégories sociales semblent appartenir ces femmes ? Sont-elles représentées de face, de profil ? Le portrait paraît-il « pris sur le vif » ou bien le modèle semble-t-il poser ?

• Associez deux à deux les gravures autour d’un titre à inventer, en n’hésitant pas à jouer sur les oppositions : par exemple « la maman » et Madame du Châtelet, qui était aussi une mère, mais qui n’est pas représentée comme telle.

• Élisabeth Vigée-Lebrun et Madame du Châtelet sont les seules à porter un nom, pourquoi ? En vous aidant des notices de l’album, essayez de déterminer en quoi elles sont emblématiques d’une image féminine en cours d’évolution au XVIIIe siècle.

• « La Bonne Éducation » met en scène un acquis considérable : la jeune fille, dans un décor modeste, fait la lecture à ses parents admiratifs. Est-ce révélateur des progrès du siècle des Lumières ?

• La femme au chapeau fait écho à la description de Montesquieu dans les Lettres persanes. Ces chapeaux inoubliables ont-ils disparu ? Menez l’enquête dans les mariages princiers, les grands prix hippiques… Identifiez-vous des points communs entre les coiffures du XVIIIe siècle et celles plus contemporaines ? Quel est le dessein des femmes qui les portent ? Au début du XXe siècle, Gabrielle Chanel, dite Coco, renouvela l’inspiration des modistes en proposant des chapeaux à la fois simples et raffinés. Recherchez des exemples : pourquoi ces créations firent-elles grand bruit ? 

La Maîtresse d'école

Découverte : l’éducation des filles

• Rousseau, dans son traité d’éducation, consacre les quatre premiers livres à l’éducation d’Émile et le dernier seulement à Sophie, image d’une épouse idéale : en quoi cette répartition est-elle révélatrice des idées défendues par Rousseau dans cet extrait ? Quels sont, selon lui, les obstacles majeurs à l’égalité entre l’homme et la femme ? L’auteur défend ses principes au nom du bonheur des femmes et de celui des hommes : lequel est privilégié selon vous ?

• Madame de Genlis cite Rousseau en référence dans Adèle et Théodore, ou Lettres sur l’éducation : quel est le point commun entre ces deux théories ? Quel est l’écueil majeur dont il faut préserver les jeunes filles selon le traité de Madame de Genlis ? Quelle similitude relève-t-elle entre l’éducation des filles et celle des garçons ? et quelles différences ? Comment comprenez-vous, en vous replaçant au XVIIIe siècle, l’expression « elles sont nées pour une vie monotone et dépendante » ?

• Trente ans séparent les textes de Rousseau et de Condorcet, le point de vue développé par chacun est bien différent. Condorcet revendique pour les femmes le droit de cité : de quoi s’agit-il ? Pourquoi l’enjeu est-il essentiel en 1790 ? Il met en place une contre-argumentation structurée à partir des idées défendues par un « on » récurrent : qui désigne ce pronom indéfini? Quels sont les principaux principes que dénonce l’auteur ? Comment les contre-t-il ? Sera-t-il entendu ?

• Simone de Beauvoir, dans Le Deuxième sexe, en 1949 écrit : « On ne naît pas génie, on le devient » : quelles sont selon elle les conditions d’épanouissement de ce génie ? Quel bilan fait-elle quant à la situation des femmes ? Repérez-vous des points communs avec Condorcet ? L’auteur souligne une période de transition au moment de la parution de l’essai en 1949 et constate que l’égalité n’est pas encore atteinte : aujourd’hui, qu’en est-il de la situation des femmes ? Marguerite Yourcenar fut la première femme admise à l’Académie française en 1981. Pourquoi l’adresse de son discours est-elle si symbolique ? Pourquoi Marguerite Yourcenar choisit-elle de mentionner le respect de la tradition et d’évoquer « la troupe invisible de femmes qui auraient dû, peut-être, recevoir beaucoup plus tôt cet honneur » ? Que dit-elle de la place historique des femmes dans la littérature ?

• Entre Rousseau et Condorcet, qui l’a emporté après la Révolution ? Quelles réponses adressent indirectement Simone de Beauvoir et Marguerite Yourcenar aux théories de Rousseau ? Quels contre-exemples aux idées rousseauistes trouvez-vous dans l’histoire des sciences, des arts, de la vie de la cité ?

 

Réflexion : la place des femmes dans la société

1 - En 1791, Olympe de Gouges propose, sur le modèle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

• Quels sont les mots ou les expressions qu’Olympe de Gouges utilise pour remplacer « homme » ? Quelle est sa cible principale dans les articles 1, 3 et 4 ?
• L’article 16 déclare la nullité d’une constitution que la majorité des individus composant la nation n’a pas ratifié : quel est le sens politique de cette formule ? Dans l’article 10, elle revendique pour la femme le droit de monter à l’échafaud comme à la Tribune : pourquoi cet article fait-il tristement écho au parcours d’Olympe de Gouges ?
• Le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 précise la portée de la Déclaration de 1789 :

« Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des Droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après : 
La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République. » Quel ajout majeur apparaît concernant les femmes ? Comment comprendre alors la phrase qui suit immédiatement ?

• Un peu plus loin, en ouverture d’un paragraphe, il est spécifié : « Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. » Cette précision est-elle conforme à la conception d’Olympe de Gouges ?
• Dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, quelle expression apparaît dans le premier paragraphe du préambule pour désigner les personnes concernées par la déclaration ?

 

2 - L’article 6 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne revendique l’égalité homme/femme dans l’accès à « toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. »

• Reste-t-il d’actualité en ce début du XXIe siècle, en France et dans le monde ? Comptez par exemple le nombre de femmes et d’hommes dans le gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat, à l’Académie Française. La parité garantit-elle l’égalité ? Comment la « Journée internationale de la Femme », célébrée le 8 mars et officialisée par les Nations Unies en 1977, sert-elle la cause des femmes ?

Pour vous documenter :
> http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/enjeux/citoyennete-democratie/parite-egalite-hommes-femmes-realite.html
> http://www.inegalites.fr/

 

3 – Si la Révolution confirme l’ouverture de la sphère publique aux femmes, en 1793 cependant celles-ci paient un lourd tribu à la liberté d’expression et les clubs des femmes sont fermés : elles se retrouvent interdites de pensée politique et le XIXe siècle marquera à cet égard un retour en arrière. Avant ce recul, les figures féminines se révèlent particulièrement présentes dans l’espace public au fil du XVIIIe siècle, dans la littérature, les sciences, les traités d’éducation ou bien dans les salons.
Le salon de Madame Roland, à partir de 1790, accueille des hommes influents tels Brissot, Pétion, Robespierre, Buzot, et participe à l’état-major de la Gironde. Son mari, Jean-Marie Roland de la Platière, devient ministre de l’intérieur le 23 mars 1792 et Madame Roland s’implique politiquement, rédigeant les discours et les circulaires de son époux. Elle est arrêtée le 1er juin 1793, jugée par le tribunal révolutionnaire le 8 novembre 1793 et exécutée le jour même. Dans cette lettre du 14 octobre 1793 (p 387-393), écrite de l’infirmerie de la prison de Sainte-Pélagie, Madame Roland s’adresse à Robespierre qui a précédemment fréquenté son salon.

• Quelle analyse fait-elle de la situation ? Comment définit-elle son rôle ? Comment évoque-t-elle la spécificité de sa condition féminine ? Quel est le statut de Robespierre à l’époque de cette lettre ? Dans la lettre XXIII (p.384-385), adressée à sa fille Eudora, Madame Roland lui fait d’ultimes recommandations : quelles valeurs fondamentales veut-elle transmettre ?

 

4 - Julie de Lespinasse, proche de d’Alembert, initie à partir de 1764 un salon que les Goncourt qualifieront a posteriori de « laboratoire de l’Encyclopédie », où se retrouvent Condillac, Condorcet, Turgot… Les échanges se poursuivent dans la correspondance accessible sur Gallica.

• Que raconte la lettre LVIII de Mademoiselle de Lespinasse du 9 octobre 1774 de sa vie sociale et de son rôle dans l’actualité littéraire, scientifique et politique ? Quels noms sont cités ? Quel était en 1774 le statut de ces personnages ? Quelles traces ont-ils laissées dans l’histoire ? Marmontel décrit avec précision l’esprit qui règne dans ce salon : cet extrait mentionné dans la notice de la correspondance (p XXVIII et XXIX) est-il en accord avec la tonalité de la lettre LVIII ?