Citations

  • « C'est dans l'indépendance des choses, comme dans le silence des passions, que l'on peut étudier son être. »

    Lettre I. Genève, 8 juillet, I (première année)
  • « Les torts d'un ami peuvent entrer dans notre pensée, mais non dans nos sentiments. »

    Lettre III. Cully, 11 juillet, I
  • « Tout produit doit être un : on n’a rien fait si l’on n’a pas mis d’ensemble à ce qu’on a fait. Une chose n’est pas belle sans ensemble ; elle n’est pas une chose, mais un assemblage de choses qui pourront produire l’unité et la beauté, lorsque, unies à ce qui leur manque encore, elles formeront un tout. »  

    Lettre XXI. Fontainebleau, 1er septembre, II
  • « Je suis seul ; les forces de mon cœur ne sont point communiquées, elles réagissent dans lui, elles attendent : me voilà dans le monde, errant, solitaire au milieu de la foule qui ne m’est rien ; comme l’homme frappé dès longtemps d’une surdité accidentelle, et dont l’œil avide se fixe sur tous ces êtres muets qui passent et s’agitent devant lui. Il voit tout, et tout lui est refusé ; il devine les sons qu’il aime, il les cherche, et ne les entend pas ; il souffre le silence de toutes choses au milieu du bruit du monde. »

    Lettre XXII. Fontainebleau, 12 octobre, II
  • « J’ai passé dans le vide et les ennuis la saison heureuse de la confiance et de l’espoir. Partout comprimé, souffrant, le cœur vide et navré, j’ai atteint, jeune encore, les regrets de la vieillesse. »

    Lettre XXXVII. Lyon, 2 mai, VI
  • « C'est une bien douce volupté de prolonger la jouissance en éludant le désir, de ne point précipiter sa joie, de ne point user sa vie. L'on ne jouit bien du présent que lorsqu'on attend un avenir au moins égal, et l'on perd tout bonheur si l'on veut être absolument heureux. »

    Lettre LIX. Du château de Chupru, 22 mai, VIII
  • « Celui qui est homme sait aimer l'amour sans oublier que l'amour n'est qu'un accident de la vie : et quand il aura ses illusions, il en jouira, il les possédera ; mais sans oublier que les vérités les plus sévères sont encore avant les illusions les plus heureuses. »

    Lettre LXIII. Juillet, VIII
  • « Heureux celui qui possède ce que l'homme doit chercher, et qui jouit de tout ce que l'homme doit sentir ! Heureux encore, dit-on, celui qui ne cherche rien, ne sent rien, n'a besoin de rien, et pour qui exister c'est vivre. »

    Lettre LXIII. Juillet, VIII
  • « L'ambition est ce feu stérile qui brûle sous les glaces, qui consume sans rien animer, qui creuse d'immenses cavernes, qui ébranle sourdement, éclate en ouvrant des abîmes, et laisse un siècle de désolation sur la contrée qu'étonna sa lumière d'une heure. »

    Lettre LXIII. Juillet, VIII
  • « Heureux celui qui ne vit pas seul, et qui n'a pas à gémir de ne point vivre seul. »

    Lettre LXXXVI. Imenstrom, 16 novembre, IX
  • « Pour n'être pas vraiment malheureux, il ne faut qu'un bien ; on le nomme raison, sagesse ou vertu. Pour être satisfait je crois qu'il en faut quatre : beaucoup de raison, de la santé, quelque fortune, et peu de ce bonheur qui consiste à avoir le sort pour soi. À la vérité, chacun de ces trois autres biens n'est rien sans la raison, et la raison est beaucoup sans eux. Elle peut les donner enfin, ou consoler de leur perte ; mais eux ne la donnent pas, et ce qu'ils donnent sans elle n'a qu'un éclat extérieur, une apparence dont le cœur n'est pas longtemps abusé. Avouons que l'on est bien sur la terre quand on peut et qu'on sait. Pouvoir sans avoir, est fort dangereux ; savoir sans pouvoir, est inutile et triste. »

    Lettre LXXXIX, Imenstrom, 6 décembre IX
  • « L'homme est périssable, il se peut. Mais périssons en résistant et si le néant nous est réservé, faisons que ce soit une injustice. »

    Supplément. Lettre XC. Imenstrom, 28 juin, X