Fils d'un concierge parisien, Henry Murger (1822-1861) n’a reçu qu’une éducation sommaire. Successivement saute-ruisseau chez un notaire puis secrétaire d’un agent russe, il aspire à devenir homme de lettres et connaît une existence de privations. Aussi sa bohème n’est-elle pas celle de Gérard de Nerval et Théophile Gautier au Doyenné, mais celle de jeunes prolétaires tentés par l’art qui se sont réunis en une société : Les Buveurs d’eau. Murger se fera ensuite journaliste et à partir de 1845, publie dans le Corsaire-Satan des nouvelles en partie autobiographiques qu’il intitule « La vie de la bohème ». Ce feuilleton paraît pendant quelques années et se prolonge avec une adaptation à la scène, La Vie de bohème, représentée avec succès le 22 novembre 1849 au Théâtre des Variétés. Devenu célèbre, il réunit en volume ses nouvelles sous le titre Scènes de la vie de bohème (1851), dont Puccini tirera un opéra en 1896. Auteurs de nombreux romans qui gravitent autour de la vie des artistes et des écrivains, Murger reste l’inventeur de la bohème qui, certes, existait auparavant mais qu’il a su doter d’un charme et d’un pathétique inédits, lui conférant la force d’une mythologie de la vie littéraire qui s’impose toujours.