Traductions espagnoles

(Dossier établi par Setty Alaoui Moretti - Université Stendhal Grenoble 3)

Paris le 30 mars 1888

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous écrire de la part de M. Fernando Fé, libraire à Madrid, dont je suis le correspondant.
M. Fé vient de voir annoncé la prochaine publication en feuilleton d'un nouveau roman, Le Rêve, dont vous êtes l'auteur. Il désirerait en publier une traduction espagnole et me charge de vous demander si vous voudrez bien l'y autoriser et à quelles conditions.
L'excellente réputation de la maison de M. Fernando Fé, sous tous les rapports, vous est, je crois déjà connue et pourrait me dispenser d'y ajouter la garantie de mes très anciennes et toujours très importantes relations avec lui.
Veuillez agréer l'expression des sentiments respectueux avec lesquelles je suis, Monsieur, votre très obéissant serviteur.

Coll. J. C. Le Blond, TE 30

Paris le 15 avril 1888

Monsieur,

J'ai le plaisir de vous informer que M. Fernando Fé adhère au prix de 3000 francs pour les droits de traduction en langue espagnole de votre nouvelle oeuvre Le Rêve.
Il vous prie de vouloir rédiger la formule de cette cession en marquant les dates de paiement, de remise du manuscrit et des publications, à votre convenance.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre respectueux serviteur.

Coll. Dr. F. Emile Zola 15 avril 1888

Paris le 17 avril 1888

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 16 avril par laquelle vous consentez à céder à M. Fernando Fé la pleine et entière propriété de la traduction du Rêve en langue espagnole. Cette cession est faite aux conditions suivantes :

  1. Le paiement du prix convenu de trois mille francs dès remise des premiers chapitres.
  2. La publication en chapitres qui sont au nombre de quatorze n'aura lieu qu'en concordance avec leur publication dans la Revue Illustrée. Cette revue bi-mensuelle paraissant le 1er et le 15, publie depuis le 1er avril deux chapitres par mois et n'aura terminé leur insertion que le 15 octobre. M. Fé ne pourra publier ces chapitres que le lendemain de leur parution dans la Revue Illustrée.
  3. De même, M. Fé ne pourra mettre en vente le volume de la version espagnole que le lendemain de la publication de l'édition française qui paraîtra chez Charpentier dans les derniers jours d'octobre.

Vous voulez bien ajouter que vous livrerez à M. Fé les chapitres du roman un mois avant leur publication dans la Revue Illustrée afin qu'il ait le temps de les faire traduire.
J'ai l'avantage de vous écrire ce qui précède, autorisé par M. Fernando Fé pour le représenter et prendre les engagements en son nom.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes respectueux et dévoués sentiments.
P .S : Je suis prêt à remplir la première condition, soit que vous voudrez bien me faire tenir votre reçu des 3000 francs, en même temps que les premiers chapitres soit que vous préferiez (sic) m'indiquer le moment venu où je pourrais vous faire remettre la somme sus-indiquée.

Coll. J. C. Le Blond, T.E 31

Paris le 10 mai 1888

Monsieur,

Je vous remercie de l'envoi des placards 8 et 9 contenant le chapitre 4 du Rêve et je me suis empressé de les transmettre à M. Fé.
Dans une lettre que je reçois de cet aimable correspondant et dans laquelle il me marque sa satisfaction du traité conclu avec vous, il me dit que le droit dont vous lui avait fait cession comprend sans doute, bien que cela ne soit pas explicitement indiqué, la publication en chapitres dans un recueil périodique comme celle du volume en librairie et le droit de propriété de la traduction dans les colonies espagnoles et la Sud-Amérique (sic) comme en Espagne.
La rédaction large et sans réserve de votre lettre de cession m'avait paru avoir cette entière signification. Toutefois, M. Fé désirant avoir votre autorisation expresse, je vous serais très reconnaissant de me la donner dans quelques lignes de bienveillante réponse.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre respectueux et dévoué.

Coll. J. C. Le Blond T. E. 32

Paris le 25 mai 1888

Monsieur,

J'ai reçu ce matin le chapitre V du Rêve que vous avez voulu m'adresser.
J'espérais aussi avoir le plaisir de recevoir une réponse à la lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire le 10 de ce mois, et qui ne vous sera peut-être pas parvenue.
Dans cette lettre, je vous faisais part d'un désir de M. Fernando Fé.
Ne trouvant pas votre lettre de cession suffisamment explicite, il me chargeait de vous demander la confirmation 1) du droit de publier chaque chapitre dans une revue espagnole après la publication du chapitre dans la Revue Illustrée ; 2)que le droit de traduction s'appliquait aussi bien à l'Espagne et à ses colonies qu'aux pays de langue espagnole de l'Amérique du Sud.
Votre lettre de cession, très largement rédigée et sans réserve, m'a paru contenir implicitement les points ci-dessus. Par scrupule, M. Fé préfère avoir votre autorisation expresse à cet égard ; et je vous serai reconnaissant de vouloir bien lui donner cette satisfaction.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments respectueux.

Coll. J. C. Le Blond T . E. 33