Plaquette publicitaire, Hendaye-plage, vers 1908
Les bains de mer

Vers 1740, la mer et ses rivages cessent de faire peur. Dans la décennie suivante apparaissent les premières stations balnéaires en Angleterre, avec Brighton puis Hasting et Yarmouth. En 1776, se crée à Dieppe une "maison de santé", où l’on pratique les bains de mer. Mais il faut attendre les années 1810-1830 pour que le tourisme balnéaire s’impose réellement en France. Sous la Monarchie de Juillet, de nombreuses stations viennent concurrencer Dieppe, notamment Granville, Fécamp, Trouville ou Etretat. Les plages les plus courues à la fin du Second Empire restent celles de la Manche, entre Boulogne et Cherbourg. (Bardet, Plages du Nord et de la Normandie ; Chiemlenski, Voyage d’un petit parisien de Paris à la mer, 1898)

Leur succès s’explique par la mise en place du service régulier de bateaux à vapeur sur la Seine, puis par la politique commerciale des Compagnies de chemin de fer ( publicités, billets attractifs, trains de plaisirs). Grâce au train, il faut environ 4h45 pour se rendre de Paris à Dieppe, Etretat, Deauville ou Le Havre mais encore 16h54mn pour Biarritz et 24h pour Nice (Labbée, De Paris au Havre, 1876). On commence à apprécier d’autres plages sur le littoral de l’Atlantique, mais à part Arcachon et Biarritz , elles ne sont encore fréquentées que par les baigneurs des environs. Certaines connaîtront leur heure de gloire ultérieurement. Biarritz devient ainsi de 1870 à 1914 la première station de l’Atlantique à la Manche.

Les élites aristocratiques et rentières recherchent surtout une certaine qualité de vie centrée autour de rituels mondains et de distractions. Une "architecture balnéaire" apparaît. Certaines stations sont créées de toutes pièces par des spéculateurs (Deauville par le duc de Morny, Dinard, le Touquet-Paris-Plage). Chacune reçoit son public spécifique, qui varie d’ailleurs selon les saisons : Boulogne est une colonie britannique et aristocratique, le Tréport, une ville bourgeoise et plus "provinciale". Le succès des stations dépend très souvent de l’influence d’un personnage important, créateur de mode (Dieppe et la reine Hortense de Hollande, Trouville et Louis-Philippe, Biarritz et l’impératrice Eugénie).

Vers le milieu du XIXe siècle, le baigneur se détourne progressivement de l’ascèse des bains froids pour goûter aux joies du "farniente". Un rapport différent au corps permet de découvrir les bienfaits du sable, de l’eau chaude, des journées en famille, mais aussi de la natation. Les touristes recherchent désormais la beauté des paysages marins et parcourent les environs des stations balnéaires à la recherche du "pittoresque".

Ce n’est qu’après la guerre de 1914 que les touristes, sous l’influence américaine, apprennent à goutter aux joies du soleil et envisagent la Côte d’Azur comme destination estivale : Juan-les-Pins, découverte par Dos Passos, Hemingway et Fitzgerald est ainsi transformée en grande station par Franck Jay Gould .