Voyage de monsieur de Saussure à la cime du Mont Blanc. Planche I, la montée. 18ème siècle
La montagne


A travers les récits de Johann-Jacob Scheuchzer (1723), d’Albrecht von Haller (1732), ou de Windham et Pococke aux glacières de Chamonix se forge une tradition de découverte des montagnes. Une génération de savants alpinistes allient l’exploration scientifique des Alpes à une fascination pour les glaciers (La Rochefoucauld, La Relation du voyage aux glacières de Savoye, 1762 ; Saussure, Voyage dans les Alpes). Sous l’influence de Rousseau, la montagne devient un lieu de promenade méditative. La Suisse (qui englobe le versant français dans les récits) prend alors une dimension mythique : terre de liberté, paysages pastoraux bucoliques ou glaciers sublimes, lacs chers romantiques, tout concourt au succès durable des Alpes et notamment de Chamonix (Ovide de Valgorge, Promenade dans une partie de la Savoie et sur les bords du Léman ; Denys Luce, Un mois à Aix en Savoie, impressions et souvenirs, 1875). Les premiers guides Murray, Joanne et Baedeker sont consacrés à la Suisse et c’est vers les Alpes que se dirigent les premières "caravanes scolaires" en 1863-1865. S’inspirant explicitement des Voyages en zigzags de Töpffer, et persuadé des valeurs thérapeutiques et morales d’un séjour alpestre, le Club alpin français, fondé en 1874, organise des excursions en montagne pour les enfants.

Les Pyrénées sont "découvertes" plus tardivement et souvent les voyageurs y recherchent les paysages qu’ils admiraient dans les Alpes (Ramond de Carbonnières, "Observations faites dans les Pyrénées pour servir de suite à des observations sur les Alpes"). De 1760 à 1815, la plupart des relations de voyages sont écrites par des botanistes ou des géologues et portent sur la partie montagneuse des Hautes Pyrénées. A côté de publications savantes (Chausenque), guides et récits de voyage se multiplient par la suite. Les voyageurs s’intéressent désormais à l’ensemble des Pyrénées, y compris au versant espagnol. Lourdes et Gavarnie deviennent des destinations incontournables  (Une messe à Gavarnie, 1864). Les excursions sont favorisées par un bon réseau de communications amplifié par Napoléon III avec la "Route thermale". Le voyage dans les Pyrénées est l’occasion de découvrir, accompagné de guides locaux, les joies de l’aventure, une nature inquiétante et sauvage, des habitants considérés comme frustres et donc pittoresques. Le pays basque fascine aussi par son côté mystérieux et ses chasses à l’ours. (Prosper de Lagarde, Voyage dans le pays basque et aux bains de Biarritz).