Vue de la vallée de Chamouny prise près d'Argentière, 18ème siècle
Naissance du tourisme

Dès l’époque moderne, on conçoit le voyage comme pouvant relever du seul "agrément", définition même du tourisme. Pourtant la notion de "tourisme gastronomique" voit le jour sous Louis XIV (Voyage de Chapelle et de Bachaumont, 1663). Bien que la cour soit sédentarisée à Versailles, certains continuent à se déplacer par nécessité (Saint Simon, Madame de Sévigné) ou par goût de l’aventure (Saint Amant).

Mais c’est au XVIIIe siècle que naît véritablement le tourisme, grâce au "grand tour", à l’origine du mot anglais "tourist", soit "voyage circulaire". En français, le terme "touriste" (1803) s’emploie pour désigner des "voyageurs qui ne parcourent des pays étrangers que par curiosité et désœuvrement, qui font une espèce de tournée dans des pays habituellement visités par leurs compatriotes" et "se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Italie" (Littré). En 1838, la publication des Mémoires d’un touriste de Stendhal popularise ce mot (Adenis : Etapes d’un touriste en France).

Après 1815, le voyage connaît un véritable essor, notamment dans la population favorisée (Etienne Durand, De Flandre en Navarre ). Enfin, en 1841, apparaît le mot "tourisme", année même où Thomas Cook ouvre en Angleterre une agence de voyages. Par la suite, de nombreuses organisations touristiques françaises apparaissent. L’édition rend compte de l’étonnement face à ce nouveau fait de société : portraits du touriste et guides de voyage prolifèrent. De nouveaux moyens de transports facilitent l’essor de différentes formes de voyages dont le caractère à l’origine "utilitaire" s’amenuise au cours du siècle pour laisser place à l’agrément : le tourisme thérapeuthique, la découverte de la montagne, les bains de mer, le tourisme sportif. Le XXe siècle confirme cette tendance et voit se développer le tourisme de masse, dont la genèse remonte à la loi sur les congés payés de 1936 mais qui connaîtra son apogée pendant les Trente Glorieuses.