Le souvenir joue un rôle primordial dans certains types de voyage, tel le pèlerinage patriotique. Pour le visiteur, c’est une véritable incursion dans le passé qui remue des souvenirs au plus profond de lui même. La vision de territoires perdus ou l’exaltation des sacrifices ravivent le sentiment de perte. Là encore, la Révolution a servi de matrice. Le voyage en Vendée devient un signe d’allégeance à la cause royaliste. Les relations de retour au pays des chouans ne manquent pas : Chateaubriand encore, Edouard Lalaing (Mémoires d’un proscrit, souvenirs d’un voyage en Basse-Normandie), Eugène Genoude (Voyage dans la Vendée et le Midi de la France), etc. A contrario, d’autres célèbrent la mémoire révolutionnaire ou impériale (la série de romans d’Erckmann-Chatrian, Histoire d’un paysan). Le deuxième grand choc est la guerre de 1870 (Théophile Gautier : Tableaux de siège). Le retour des communards exilés donne lieu à des récits émouvants (Paul Alexis : Le retour de Jacques Clouard). Mais c’est la perte de l’Alsace-Lorraine qui déclenche un flot intarissable de publications. Le voyage sur les terres "occupées et martyrisées par les allemands" devient un véritable genre à part entière. Chacun y raconte des anecdotes et cherche à jouer systématiquement sur la corde sensible et nationaliste des lecteurs : Louis-Charles Collas : Au pays d’Alsace, Edmond About : Alsace 1871-1872, Maurice Barrès :Un homme libre en Lorraine, Lucien Fretin : Compte-rendu d’un voyage en Alsace-Lorraine, etc.
De la mémoire collective à la mémoire
privée, il n’y a qu’un pas. Les souvenirs de toutes sortes fleurissent
(Chateaubriand, George Sand, Alexandre Dumas, etc.). Certains auteurs retournent
dans les lieux qui les ont vu naître, ou dans lesquels ils ont grandi.
Gérard de Nerval sillonne le Valois (