Missions au XVIIème siècle : Moyens surs et honnêtes pour ramener les hérétiques à la foy catholique. Copié d'après un dessin original fait en 1686
L’Eglise itinérante : administration, visites, missions.

L'administration de l’Eglise nécessite de constants déplacements entre les différentes structures ecclésiastiques. Des papes voyagèrent en France pour des raisons essentiellement politiques. Il y eut Pascal II qui, au XIIe siècle, vint en France chercher secours contre l’empereur, mais aussi Innocent II qui, expulsé de Rome par l’antipape Anaclet, se réfugia à Cluny. Pendant les séjours dans les villes qu’ils traversaient, les papes octroyaient souvent des immunités ou des privilèges (Itinéraire des rois de France et des papes dans l’Auvergne et le Velay). Urbain V, pape résidant en Avignon, se rendit en 1365 à Marseille pour admirer les travaux de restauration effectués sur son ordre à l’abbaye de Saint-Victor. Avant lui, en 1305, Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, apprit son élection à la papauté alors qu’il était en train de visiter sa province (Itinéraire de Clément V pendant l’année qui précède son avènement au Saint-Siège).

La visite pastorale remonte aux temps apostoliques et fut pratiquée par les Pères de l’Eglise. L’évêque ou son délégué visite les églises, contrôle les monastères et inspecte les bâtiments, comme le montre le Journal des visites pastorales d’Eudes Rigaud, archevêque de Rouen (1248-1269). Malgré un certain renouveau au XVe siècle, la visite pastorale est délaissée vers 1550. Le concile de Trente rappelle aux prélats qu’ils ont l’obligation de parcourir leur diocèse. La visite pastorale d’Antoine-Pierre de Grammont (1665-1668) dans le diocèse de Besançon illustre le rétablissement de ce devoir. Il arrive que les évêques coordonnent leurs visites pastorales avec les missions.

Au cours du XVIe siècle, l’activité missionnaire, sous forme de prédications itinérantes, connut un nouvel essor. Son but était de convertir les protestants mais aussi de catéchiser les populations des campagnes. Elle fut l’oeuvre des jésuites, des capucins, des prêtres de la Mission (ou Lazaristes) organisés par Vincent de Paul, ainsi que des membres de la congrégation de Jésus et Marie créée par Jean Eudes. L’Oratoire de France suscita également de nombreuses missions. De 1594 à 1598, François de Sales passa et repassa dans les villes et les villages du Chablais qui comptaient alors environ 25 000 protestants.
La surveillance de la discipline et de l’administration des biens peut motiver les visites d’un supérieur dans les maisons d’un ordre religieux (Visites faites dans les prieurés de l’ordre de Cluny du Dauphiné de 1280 à 1303).
Les hommes d’Eglise voyagent aussi à titre privé, tel le prêtre Michel de Saint-Martin qui admire "la foy de ceux qui ont fait bastir les eglises, les abbayes, les monasteres", mais qui observe également "la maniere d’agir des peuples" (Relation d’un voyage fait en Flandres, Brabant, Hainaut, Artois, Cambrésis, etc. en l’an 1661).
De nombreux voyages furent entrepris par les bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur (fondée en 1618) à la quête de manuscrits nouveaux à découvrir et à exploiter. Ils consistent en visites des monastères pour connaître les droits et les privilèges de chaque abbaye, son histoire, s’enquérir des reliques importantes des saints, dessiner les tombeaux, les cénotaphes, les épitaphes, les inscriptions et tous les anciens monuments. Ils contiennent aussi des détails sur les contrées parcourues, sur de nombreux personnages, sur la vie monastique : Journal de voyage de dom Jacques Boyer, ..., dans les diocèses de Clermont, Le Puy, Bourges, Autun, Lyon, Vivier…, entre 1710 et 1714 ou encore Voyage littéraire de Dom Guyton en Champagne (1744-1749).

Durant le XVe siècle, alors que l’Eglise est ébranlée par le Grand Schisme, de nombreux clercs, victimes de la multiplication du nombre des gradués et du cumul des bénéfices ecclésiastiques, sont condamnés à l’itinérance, comme ces compagnons dont les gains étaient aussi faibles que les leurs. Les moins malchanceux se contentaient des maigres rentrées d’une seule paroisse ou d’une unique chapellenie. Certains se firent truands, mendiants, fabricants de fausse monnaie, ou maîtres d’écritures ambulants, comme en témoignent plusieurs lettres de rémission (Les clercs vagabonds à Paris et dans l’Ile-de-France sous Louis XI).