Couverture du Petit Journal.
La France va pouvoir porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix. Conquête militaire et politique coloniale

Afrique du Nord
En 1830, la conquête d'Alger qui embarrasse tout d'abord le gouvernement français, sonne le glas de l'indépendance de fait des régences turques d'Afrique du Nord. A la suite des succès militaires de Bugeaud sur Abd el Kader et ses alliés marocains, la colonisation de l'Algérie démarre sous tutelle militaire française et l'empire chérifien du Maroc, jusque là fermé à l'influence étrangère, s'ouvre au commerce surtout britannique au départ. Sous Napoléon III, la soumission de la Kabylie est achevée. En Algérie, l'occupation des terres par les Français s'accélère ; elle se systématisera après 1871. L'immigration européenne y connaît alors un essor décisif ; différents textes codifient peu à peu l'organisation politico-administrative qui revient désormais aux civils : naturalisation des juifs (Crémieux), code de l'indigénat, création d'un organe représentatif et consultatif, les Délégations financières. Après le traité du Bardo (1881), en dépit de l'opposition italienne, Paul Cambon organise le protectorat français de Tunisie, qui servira de modèle à celui du Maroc trente ans plus tard après le coup d'Agadir en 1911. C'est Lyautey qui pacifie le pays et lance des réformes administratives (finances, justice, santé publique et enseignement). Hostile à une politique de colonisation officielle, il ne peut cependant contrarier l'afflux d'immigrants européens et d'abord français à Casablanca qui devient vite un pôle économique. La France qui a entraîné des bataillons puisés en Afrique du Nord dans la guerre de 1914, consent à des réformes à compter de 1919, assiste à la naissance du Destour tunisien et mène la guerre du Rif au Maroc. L'exposition coloniale de 1931, après les cérémonies du centenaire de l'Algérie, est toute à la gloire de la France des cent millions d'habitants, loin des revendications d'autonomie ou d'indépendance en gestation.

Afrique subsaharienne
Avant 1850 peu de territoires ont été colonisés en Afrique subsaharienne : les Français contrôlent Saint Louis et Gorée au Sénégal, les Anglais Zanzibar et la Gambie, les Portugais Bissau et le Mozambique, les Boers le Cap. Jusqu'en 1885 coexistent explorations individuelles et expéditions commanditées par les militaires européens, prélude à une conquête systématique. Faidherbe fait d'abord basculer le Sénégal vers la France ; l'occupation de la Guinée et d'une partie de la Côte d'Ivoire suit. A la chute de l'empire égyptien, Anglais et Français se disputent le Soudan. La découverte du Congo par Stanley précipite la Conférence de Berlin, où les Européens édictent leurs règles de partage des territoires. L'état indépendant du Congo, "léopoldien", est reconnu tandis qu'à partir du Gabon, Brazza crée le Congo français. La France enchaîne avec la fondation de Djibouti par Lagarde puis la conquête de Madagascar par Galliéni. Les Anglais consolident leurs acquis en Sierra Leone, Kenya, Ouganda et Afrique du Sud et développent le système des compagnies à charte. L'Allemagne annexe Togo et Cameroun. En 1900, seule l'Ethiopie a échappé au partage. A l'intérieur des tracés, le contrôle de l'administration européenne reste souvent théorique. En France, différentes écoles de colonisation s'affrontent, celle des militaires partisans d'une conquête militaire méthodique l'emportant sur celle de Paul Leroy-Beaulieu, à visée civilisatrice, qui influencera Brazza. C'est une colonisation d'encadrement et non de peuplement, gérée par le Ministère des colonies (1894) qui met en place l'Ecole coloniale et les fédérations d'Afrique Occidentale Française et d'Afrique Equatoriale Française. Comme au Maghreb, des bataillons d'Africains sont entraînés dans le conflit européen en 1914. Ce n'est qu'après la guerre que la colonisation prend le pas sur la conquête militaire dans l'ensemble du continent noir. Le temps des indépendances viendra après 1945.