Grégoire Ichou, Gallica sur tous les tons

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10 septembre 2018

Peut-être l’avez-vous déjà croisé dans les couloirs d’un musée, échauffant sa voix ou relisant ses notes. Grégoire Ichou parcourt Gallica à la recherche de partitions, pour se produire en conférence concert ou en visite chantée. Rencontre avec le seul et unique ténor conférencier de France !

Bonjour Grégoire Ichou, vous êtes "ténor conférencier". Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette activité singulière ?
 
Bonjour ! Je suis effectivement "ténor conférencier", c’est-à-dire à la fois chanteur lyrique (avec une tessiture de ténor) et guide-conférencier. J’allie ces deux registres dans des visites chantées et des conférences-concerts. Le principe général est simple : autour d’une thématique, je donne des explications liées à l’histoire, aux arts visuels, à la musique, des anecdotes et j’interprète des pièces vocales en relation avec mon propos.
La seule différence entre les visites chantées et les conférences-concerts tient dans le fait que les premières sont itinérantes (en général au sein d’un musée ou d’un monument) alors que les secondes se déroulent dans des salles de concerts ou de conférences. Les thèmes abordés étant extrêmement variés, les morceaux que je chante le sont tout autant : airs lyriques, chansons populaires, morceaux anciens ou contemporains, allant du français au tchèque en passant par le latin, le néerlandais…
 

Comment est née l’idée de mêler histoire de l’art et musique, visite/conférence et chant lyrique ?
 
A vrai dire, je ne me rappelle pas très bien quand l’idée m’est venue pour la première fois. Ce qui est sûr, c’est que dès mes études de musicologie à la Sorbonne, j’ai été passionné par les cours qui jetaient des ponts entre l’histoire de la musique, les arts visuels et la littérature. Par la suite, ma formation a été double : d’un côté le chant (au conservatoire, dans des "masterclasses"), d’un autre l’histoire de l’art et la médiation (à la Sorbonne et à l’École du Louvre). J’ai assez naturellement décidé de consacrer mon mémoire de Licence de guide-conférencier à Paris-Est à ce que j’avais appelé des "visites totales" (en référence à la notion d’œuvre d’art totale, Gesamtkunstwerk) : il s’agissait des prémisses des visites et conférences musicales que je donne aujourd’hui.
 
J’ai vite remarqué que l’intégration des extraits chantés permettait d’intéresser un public plus large, a fortiori lorsque ces morceaux sont très divers. Par ailleurs, l’expérience m’a montré que l'utilisation de différentes modalités sensorielles, à travers les différents arts, aidait à une meilleure compréhension et à une mémorisation plus aisée. Grâce à la musique, la médiation n’est pas seulement d’ordre intellectuel mais aussi affectif et esthétique.

Comment avez-vous découvert Gallica ?

 
Je connaissais déjà Gallica depuis longtemps mais je pense que c’est au cours de mes recherches de mémoire d’histoire de l’art que j’ai découvert la richesse et l’intérêt de cette fabuleuse bibliothèque numérique. J’étudiais les portraits des chanteuses d’opéra du XVIIIe siècle en France et Gallica m’a permis d’enrichir mon corpus d’œuvres mais surtout de les observer de très, très près, grâce à la définition exceptionnelle des documents numérisés : aucun détail ne pouvait m’échapper !

Utilisez-vous Gallica pour préparer vos visites et vos conférences ? Et si oui, de quelle manière ? 
 
Oui ! J’utilise même beaucoup Gallica pour préparer mes visites chantées, mes conférences-concerts, mes billets de blog… J’y trouve, d’abord et avant tout, une partie des morceaux que j’interprète, grâce aux très nombreuses partitions disponibles. Je les recherche de différentes manières selon la façon dont je souhaite relier le morceau avec mon propos : par mots clés, par date, par compositeur… Et bien sûr, si j’ai déjà une idée bien précise du morceau, j’essaie d’en trouver la partition sur Gallica. Ensuite, d’un point de vue logistique, c’est très pratique : je télécharge la partition (entièrement ou partiellement) sur ma tablette et je suis prêt à la travailler.
Par ailleurs, comme je donne des cours de chant, il m’arrive de fouiller sur Gallica pour trouver des morceaux "sur mesure" pour certains de mes élèves.

Outre les partitions, je recherche très souvent d’autres types de documents dans le cadre de la conception de mes visites et conférences musicales. J’y découvre avec joie des enregistrements d’œuvres rares, des traités de chant riches d’enseignements sur l’interprétation et la technique vocales à chaque époque, des périodiques évoquant tel compositeur méconnu de nos jours, des documents iconographiques, des revues d’histoire de l’art… La liste serait interminable !

 
Une anecdote au sujet d'un document découvert dans Gallica ?
 
Pas d’anecdote sur la découverte d’un document en particulier : à chaque fois que Gallica me permet de découvrir une partition qui s’intègre parfaitement dans ma visite ou conférence, je suis très enthousiaste et reconnaissant ! Par ailleurs, j’avoue qu’il m’arrive de rire, tout seul devant mon écran, en lisant les paroles de certaines chansons de la Belle époque qui foisonnent sur Gallica.
Par exemple, dans la vidéo ci-dessous, j'interprète le refrain - légèrement adapté - de la chanson "Petite Teinturière", dont vous pouvez trouver la partition sur Gallica.

 

Rencontrez-vous des difficultés propres à vos recherches ?

 
La recherche avancée facilite grandement mes recherches. Peut-être que si j’avais une baguette magique je numériserais tous les textes des partitions afin que les recherches puissent également porter sur le contenu textuel des partitions.
 
Quels sont vos prochains projets pour vos visites chantées et conférences-concerts ?
 
Après avoir réalisé, ce week-end, des visites chantées du musée Cognacq-Jay dans le cadre du festival Les Traversées du Marais, je donnerai dans les prochaines semaines et prochains mois des visites chantées de la Villa Cavrois (un superbe monument près de Lille géré par le Centre des Monuments Nationaux), des expositions Sigmund Freud. Du regard à l’écoute au musée d’art et d’histoire du Judaïsme, et Alphonse Mucha au musée du Luxembourg... Je me produirai aussi en conférences-concerts aux quatre coins de la France. Le plus simple pour connaître les dates est de se reporter à l’agenda de mon site ou de me suivre sur les réseaux sociaux où j’annonce régulièrement mes prochains engagements.
 
Le mot de la fin ?

 
Un grand merci à l’équipe de Gallica pour cette interview et, par-dessus tout, pour votre travail !
 
Je me permets d’ajouter un postlude de circonstance interprété par Pierre Bernac : le cycle du Travail du peintre de Francis Poulenc sur des poèmes de Paul Éluard évoquant tour à tour, Picasso, Chagall, Braque, Gris, Klee, Miró et Villon. Des extraits sont disponibles sur Gallica :

Retrouvez Grégoire Ichou :

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