Né à Blois en 1805 et mort en 1871, Jean-Eugène
Robert-Houdin est connu pour être une des grandes figures de la magie, tant en France qu’à l’étranger. Le célèbre Harry Houdini tient d’ailleurs son
pseudonyme de Robert-Houdin auquel il souhaitait rendre hommage. Robert-Houdin a fait parler de lui grâce à ses numéros spectaculaires comme « le carton fantastique » (un carton à dessin duquel il tirait objets et animaux), ou « l’oranger merveilleux » (un arbre que l’on voyait littéralement fleurir et se garnir de fruits), et bien d’autres décrits dans son
Album des soirées fantastiques de Robert-Houdin au Palais-Royal.
Les talents du magicien n’ont pas échappé au pouvoir politique. Sa réputation est telle qu’il est
missionné en 1856 par le gouvernement colonial pour partir en Algérie avec une délégation française, en vue de «
discréditer les marabouts » locaux. Les
nombreux récits qui ont été faits de son voyage illustrent bien les rapports entre la science, l’idéologie coloniale et les représentations condescendantes que le pouvoir, et Robert-Houdin lui-même, se faisaient des traditions locales.
Pour Robert-Houdin, comprendre, et surtout expliquer, les astuces de ses confrères est une part importante de sa production littéraire. Il publiera à ce propos
Les tricheries des Grecs dévoilées, et même
Magie et physique amusante dans lequel il divulgue la plupart de ses propres tours.
Magie et science sont pour lui bien imbriquées. Avant d’être un prestidigitateur, Robert-Houdin est un horloger et la passion de la mécanique ne l’a jamais quitté. Bien au contraire, il l’utilise dans bien des tours.
Il met son talent d’inventeur au service de sa sorcellerie et fabrique de ses propres mains ses stupéfiants automates comme « l’écrivain dessinateur », ou encore « le pâtissier du palais royal » (un petit pâtissier qui s’agite à l’intérieur d’une maison de poupées et ressort avec une confiserie bien réelle), qui se produisaient dans le théâtre qu’il créa en 1845.
Tout au long de sa vie, Robert-Houdin n’a jamais cessé d’innover. Sa première invention, pour laquelle il
dépose un brevet, est un réveil-briquet : lorsque le carillon sonne, une allumette sort pour enflammer la bougie. Robert-Houdin développe quelques années plus tard une
horloge mystérieuse dont on ne voit pas le mécanisme, celui-ci étant directement intégré aux aiguilles. L’électricité devient même un de ses principaux sujets d’intérêt. Il aurait ainsi éclairé en 1863 tout son jardin grâce à des lampes à incandescence à filament végétal. Précurseur de la domotique, il équipe sa maison de Saint-Gervais, « Le Prieuré », de toutes sortes d’astuces qu’il
dévoile dans un ouvrage dédié, destinées à simplifier le quotidien des habitants ! Il aurait aussi inventé un appareil nommé «
pyrangelie », une sorte d’alarme incendie, et des instruments médicaux comme un iridoscope ou un
pupillomètre. Enfin, invention notable : il présente lors de l’Exposition de 1855 la
première horloge électrique populaire.
Bien plus qu’un magicien, Robert-Houdin a donc marqué toute une époque avec ses
soirées fantastiques et ses découvertes incessantes. De nombreuses personnes ont été inspirées par ses travaux, notamment le non moins célèbre Georges Méliès qui lui
consacra un film.