Ce fut le début d’un
véritable casse-tête pour le professeur Auguste Duméril, créateur et responsable du vivarium du Jardin des plantes. Il s’avère qu’au bout d’un an, un des axolotls se met à pondre. Or l’axolotl est alors considéré comme une larve, un têtard, mais un têtard ne se reproduit pas ! Puis, autre surprise de taille : un deuxième spécimen change complètement de couleur et de forme en perdant ses branchies, se rapprochant alors d’un batracien connu sous le nom d’
Amblystome… Les chercheurs découvrirent alors le concept de
néoténie. Terme pour la première fois employé par le biologiste Kollmann vers 1882, la néoténie (« jeunesse prolongée ») désigne la capacité de certains animaux à garder des caractéristiques larvaires tout en sachant se reproduire.
Ce n’est que le commencement des découvertes concernant les aptitudes hors norme de l’axolotl. Auguste Duméril mena de multiples expériences à ce propos : il essaya par exemple de
forcer leur métamorphose. Il en vint à la conclusion que l’axolotl peut se métamorphoser, perdre ses branchies et devenir un animal terrestre s’il est en bonne santé et que les conditions s’y prêtent, ou au contraire rester aquatique durant toute sa vie. Duméril
publia ses observations. D’autres expériences permirent de constater que l’axolotl peut aussi
régénérer ses pattes endommagées ; plus récemment, les scientifiques ont découvert qu’il en était de même pour ses yeux, sa colonne vertébrale et une partie de son cerveau ! Il est également très tolérant aux
greffes de peau mais aussi d'
organes internes, ce qui fait de lui un sujet de recherche toujours très convoité.
Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie comparée – 1811-1833
L’axolotl est aujourd’hui classé parmi les espèces en danger d’extinction par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Considéré comme un
mets d’exception par les Aztèques, il fut longtemps vendu sur les
marchés comme nourriture. S’il n’est maintenant plus chassé, il n’en reste pas moins en danger, son environnement s’étant énormément dégradé ces dernières années en raison de la pollution et de l’urbanisation.
Il est à noter que les axolotls domestiques ne sont bien sûr pas ceux provenant directement du Mexique, mais une variété issue des recherches effectuées en laboratoire. Ces animaux n’ont pas fini d’étonner et d’interpeler les chercheurs, qui ne leur trouvent pas uniquement d'impressionnantes capacités, mais sont parfois sensibles à leur
"grâce de tutus de l’Opéra"…