Se destinant à une carrière littéraire, le jeune Guillaume Apollinaire cherche très tôt à proposer ses services aux nombreux journaux et revues de son époque.
Des débuts difficiles
À la suite d’un voyage en Allemagne, en Autriche-Hongrie ainsi qu’à Prague de février à mai 1902, il présente quelques articles à
La Revue blanche, dont «
Le Pergamon à Berlin » (15 mai 1902). Plusieurs nouvelles et chroniques de l’auteur y sont également publiées : «
L’Ermite », «
L’Hérésiarque », ainsi que «
Le Passant de Prague ».
Apollinaire fréquente les soirées de la revue littéraire La Plume, où il rencontre notamment Alfred Jarry et décide de fonder sa propre revue Le Festin d’Ésope, qui publiera neuf numéros entre 1903 et 1904. Il y contrôle tout : du titre au recrutement de ses collaborateurs. Il tient la rubrique « Les notes du mois » où se révèlent ses talents naissants de journaliste. L’année suivante il occupe le poste de directeur de publication de La Revue immoraliste qui n’aura qu’un numéro, prolongé par Les Lettres modernes qui connaîtra le même sort éphémère. Il y tient les rubriques sur la peinture et les nouveaux livres ainsi que les « Propos mensuels » qui prolongent son expérience des « Notes du mois » du Festin d’Ésope.
Défense et illustration de l'avant-garde esthétique
Des collaborations régulières
Entre 1910 et 1914, il parvient enfin à obtenir des collaborations régulières. Il devient critique d’art à
L’Intransigeant, de mars 1910 à mars 1914 dans la rubrique « La vie artistique ». Il y évoque entre autres «
Le salon des indépendants » (18 mars 1910),
« Paul Gauguin » (11 mai 1910), «
Marie Laurencin » (21 avril 1911). Il dresse le portrait de son ami
Max Jacob (29 novembre 1910) et évoque le «
rapt de la Joconde au Louvre » (24 août 1911), quelques temps avant d’être inculpé de recel pour le vol d’une statue ibérique qu’un ami indélicat avait déposé chez lui. Ayant restitué l’objet par l’intermédiaire de
Paris-Journal, il est toutefois incarcéré sept jours à la prison de la Santé.
Le goût d’Apollinaire pour les avant-gardes esthétiques provoque une incompréhension, puis une hostilité latente de la part de la rédaction de L’Intransigeant qui le poussera à démissioner.
À partir du
1er avril 1911, il tient, sous le pseudonyme de Montade, la rubrique « La Vie anecdotique » au
Mercure de France, qu’il signe de son nom à partir du
16 juin 1911. Il y traite avec sa sensibilité de poète des petits faits de la vie quotidienne et dresse des portraits d’amis (
Ernest La Jeunesse) ou de rencontres de hasard.
D’autre part, ni moi ni le Douanier ne fréquentions les salles de rédaction, et nous connaissions peu de journalistes. Ils ne faisaient alors et ne font encore pas grand cas de moi […]
La revue cesse de paraître entre juin et novembre 1913, époque à laquelle Apollinaire prend le poste de directeur de publication dévolu jusque-là à son ami André Billy. Il oriente fortement la revue vers le cubisme et l’avant-garde avec de nombreuses reproductions d’œuvre (Picasso, Matisse, Laurencin, Braque, Léger…). Il y publie également ses premiers
calligrammes ainsi que le poème «
Lettre-océan ».
Les dernière années
Engagé lors du premier conflit mondial, blessé puis trépané en 1916, il déploie malgré tout, lors de ses deux dernières années, une activité journalistique soutenue. Il se fait interviewer en
août 1916 dans la revue
SIC, pour laquelle il écrit également un énième
article sur Picasso (mai 1917).
Il collabore également à
Paris-Journal (« L’art de la guerre », 9 déc. 1916), à
L’Europe nouvelle à partir de mai 1918 (N°17
, 4 mai 1918), à
L’Excelsior à partir de septembre 1918, ainsi qu’à
La Baïonnette («
L’Almanach des gothas », sept. 1918).
Les publications posthumes de ses articles et chroniques (Anecdotiques, Contemporains pittoresques, Le Flâneur des deux rives…) permettent de mesurer son travail d’échotier poétique, de critique d’art et dans une moindre mesure de critique littéraire. Malgré son rapport compliqué au journalisme, il semblait apporter un certain crédit à sa production journalistique, dont il s’est servi pour porter ses idées sur l’art, puisant également parfois dans leur contenu pour alimenter sa production littéraire.
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