George Sand et la presse

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George Sand (1804-1876), femme de lettres indépendante, a vécu de sa plume et a entretenu, dès le début de sa carrière, une relation étroite avec la presse. Elle y a publié une grande partie de ses romans en feuilleton, a écrit de nombreux articles sur la politique, l'art, la littérature.

George Sand par Delacroix, reproduit dans Le Monde illustré du 16 août 1884
 

Elle a elle-même fondé, ou participé à la fondation de journaux. Malgré une certaine méfiance envers le journalisme, elle défend la liberté de la presse, notamment dans la préface à l’édition de 1842 d’Indiana.

Liberté de la pensée, liberté d’écrire et de parler, sainte conquête de l’esprit humain ! que sont les petites souffrances et les soucis éphémères engendrés par tes erreurs et tes abus, au prix des bienfaits infinis que tu prépares au monde ?

A partir de 1831, Sand publie des articles dans le Figaro pour la rubrique « Bigarrures » et dans la Revue de Paris (La Marquise, décembre 1832). Le personnage intrigue : « qui est-il ou qui est-elle ? » s’interroge La Mode  dans son article du 5 juillet 1835.
En 1832 son roman Melchior paraît dans la Revue de Paris. Elle signe un contrat avec la Revue des deux mondes pour des publications régulières. Elle y publie les Lettres d’un voyageur d’avril 1834 à novembre 1836. La presse s’empare du personnage. Elle devient le parangon de la femme indépendante et sera l’objet de nombreuses caricatures.

 

George Sand, lithographie par Alcide-Joseph Lorentz, 1842

Les années engagées

George Sand crée La Revue indépendante en novembre 1841 avec son ami Pierre Leroux et Louis Viardot. Elle y publie le premier chapitre de son roman Horace et un article sur la poésie populaire. Consuelo y paraît en feuilleton à partir de février 1842.

Elle utilise désormais la presse de manière engagée, en parallèle à la parution en feuilleton de son œuvre littéraire, notamment en militant pour l’éducation des paysans et des femmes. En 1843 elle prend la défense de Fanchette  (septembre-décembre), une adolescente handicapée mentale, abandonnée dans la campagne suivant l'ordre de la supérieure de l'hospice de La Châtre, puis violée par des vagabonds. Elle crée un journal d’opposition hebdomadaire L’Eclaireur : journal des départements de l’Indre, du Cher et de la Creuse, le 1er septembre 1844. Il cesse de paraître le 22 juillet 1848 lors de la révolution. La Revue indépendante avait cessé sa parution en février de la même année. Elle a un rôle actif pendant la révolution de 1848 et l’avènement de la République. Elle rédige des brochures populaires et fonde La Cause du peuple  le 9 avril 1848 qui ne comptera que 3 numéros. L’année 1848 constitue l’apogée de sa carrière journalistique. Déçue par la politique sa production va ensuite se réduire pour redémarrer en 1851.

 

George Sand photographiée par Nadar

La maturité

Sand revient à une œuvre plus personnelle : critique littéraire, lettres, reportages. Son autobiographie Histoire de ma vie commence à paraître dans La Presse le 5 octobre 1854. Elle y rédige des critiques d’art, notamment sur Delacroix les 12 et 13 juillet 1855. Elle publie, également dans La Presse à partir du 24 juin 1856 une série intitulée « Autour de la table ». Dans la Revue des deux mondes, elle écrit des articles sur l’art comme « La vierge à la chaise de Raphaël » (15 mars 1863). Elle continue à y publier son œuvre littéraire en feuilleton : un roman Tamaris (1862), des récits  Ce que dit le ruisseau (septembre 1863) et des contes pour enfants Les Ailes de courage (décembre 1873). A partir de mars 1871 elle publie dans la même revue le Journal d’un voyageur pendant la guerre où elle raconte son expérience personnelle et livre les réflexions que lui inspire la guerre de 1870. Du 22 août 1871 jusqu’à sa mort elle publie dans Le Temps une série intitulée « Impressions et souvenirs ». Les premiers sont parus sous le titre Rêveries et souvenirs. Son dernier texte sur un livre de Renan qui clôt la série des « Impressions et souvenirs » est publié le 16 juin 1876 quelques jours après sa mort.
 

Le Trombinoscope, par Touchatou, 1872-1876 et Le Monde illustré du 16 août 1884
 
Quelques années après sa disparition, Le Monde illustré du 16 août 1884  lui consacre un dossier. On peut y voir en couverture la photographie de sa statue inaugurée le 10 août de la même année.