Mealin, celui qui flâne pour une image

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6 octobre 2017

Gallica regorge d'images pour qui sait bien les chercher ! Mealin, auteur du blog Pour une image, nous livre aujourd'hui les secrets de ses flâneries dans l'immensité de nos collections, à la recherche de nos plus belles curiosités.

Bonjour, pouvez-vous nous parler un peu de vous (activité professionnelle et/ou recherches personnelles) ?
Bonjour à vous et merci pour l’invitation !
Je m’appelle donc Thomas Godfrin et sur Internet je publie généralement sous le pseudonyme de Mealin.
Ma formation est majoritairement axée sur l’histoire de l’art et la valorisation du patrimoine et m’a mené jusqu’en master. La carte de guide-conférencier que j’ai en poche vous indique aussi rapidement que je suis un grand curieux qui aime suffisamment partager ses découvertes avec autrui pour en faire son métier. Pour l’activité professionnelle, je suis actuellement médiateur dans un musée des bords du Léman jusqu’à fin septembre. J’ai l’occasion d’y parler tant de l’histoire de la contrebande que des gravures lémaniques du XVIIIᵉ siècle… Parfait pour qui aime autant les anecdotes historiques qu’admirer une eau-forte.
 
Comment votre blog, Pour une image, est-il né ?
C’est au sortir de l’université que j’ai lancé mon blog Pour une image afin de garder l’habitude d’écrire autre chose que des lettres de candidatures (jouons franc-jeu) et de bénéficier d’une plateforme personnelle pour partager mes découvertes. Ce n’était pas ma première apparition en ligne, mais c’est celle qui dure depuis le plus longtemps pour l’instant. J’essaie de faire en sorte qu’une image soit systématiquement le point de départ ou le sujet central de chaque article. Cette petite contrainte que je m’impose m’incite à garder constamment l’œil à l'affût pour trouver de nouvelles idées et m’a apporté bien plus que ce que je n’aurais cru au départ.
D’ailleurs mon avatar, devenu logo du site, est tiré d’une découverte gallicacienne :  Les Songes drôlatiques de Pantagruel.

Comment avez-vous découvert Gallica ?
Très bonne question ! Pour être honnête, je ne m’en souviens plus, cela commence à faire pas mal d’années, mais je parierais sur une première et brève rencontre au cours de mes études, avant de prendre enfin le temps de l’apprivoiser lors des premiers mois de mon blog. 
 
Comment utilisez-vous Gallica dans le cadre de votre métier ? De vos recherches ? De vos loisirs ?
Deux approches différentes surtout. Première option : j’y flâne, je ne vois pas de meilleur terme, en tapant au hasard quelques mots me venant sur lesquels je suis curieux de voir ce qui peut remonter dans les résultats (c’est quasiment à chaque fois un sujet d’article qui en ressort). Seconde option, j’ai quelque chose que je souhaite vérifier.
Le dernier exemple que j’ai en tête concerne un dossier d’acquisition pour une œuvre où est représenté un arc de triomphe sur le chemin de Napoléon III, pendant sa visite de la Savoie suite à l’annexion de 1860. En cherchant dans la collection de journaux d’époque en ligne, j’ai pu rapidement retrouver plusieurs références à cette visite impériale, commentée presque jour par jour, et surtout aux arcs de triomphes (de taille modeste et temporaires bien sûr) qui ont jalonné son parcours. Il y avait un petit côté “people”, à l’image des déplacements présidentiels de nos jours, assez savoureux. Quelque part, cette gravure dépeignant un épisode historique a pris vie en la confrontant aux récits d’actualité de ces années-là. En quelques clics seulement.
 
Comment choisissez-vous les images dans Gallica ? Comment les retravaillez-vous avant de les partager ?
Le choix se fait essentiellement par coup de cœur, auquel s’ajoutent des questions d’état de conservation, trop mauvais, ou de manque de lisibilité de la scène qui me font parfois renoncer à contrecœur. J’utilise essentiellement des ressources dans le domaine public, mais je suis toujours plutôt frileux à l’idée de trahir l’artiste qui s’est investi dans sa gravure ou sa photo en la modifiant. C’est pour cela que je me cantonne habituellement à deux transformations : le recadrage et le détourage d’un sujet.

Le détourage est d’ailleurs pour moi souvent aussi une façon de redécouvrir l’image dans la finesse de ses détails et en zoomant de retrouver les petites hésitations humaines du tracé qui ne se voient pas normalement.
J’ai cependant réalisé de petites images animées (GIF) pour apporter une touche de vie qui me plaisait beaucoup, notamment dans certaines de vos publications sur la page Facebook de Gallica. Cette pratique tout à fait accessoire m’a récemment donné l’occasion de créer quelques animations sur la base de vues d’optique présentées au musée Boucher-de-Perthes d’Abbeville avec qui j’ai été en contact dans le cadre de l’exposition Rêver d’Italie, voyager par l’image, prolongée jusqu’au 1er octobre 2017 d’ailleurs !
 
Rencontrez-vous des difficultés propres à vos recherches ?
Le moteur de recherche de Gallica encore perfectible ? Oups, j’ai raté mon éloge sans tâche… 
Disons surtout qu’étant axé sur les images je trouve que l’ergonomie des outils de recherche d’image est souvent perfectible et que j’espère vraiment que cela s’améliorera dans le futur. Le gallicanaute amateur que je suis se promènera bien un jour, l’espoir est là, dans une sorte de réalité virtuelle où je pourrai tourner les pages et plonger dans les estampes… Chacun ses rêves !
Une autre difficulté un brin plus sérieuse que je rencontre souvent, bien loin des questions techniques, est de réussir à placer une image dans un contexte. Je m’explique. Chaque œuvre peut être différente, voire unique, si tant est qu’on trouve le point de vue adéquat pour la mettre en valeur. Dans l’absolu, c’est une bonne chose. Ça permet de faire des articles “insolites” à la pelle pour quelqu’un qui veut alimenter un blog de curiosités, mais demeure le risque d’être tellement fasciné par une découverte faite par hasard que l’on veut y voir trop vite une pièce unique, merveilleuse et tutti quanti. Dès que l’on veut apporter des éléments autres que l’objet par lui-même, cela demande du temps. Pour prendre un exemple concret en rapport avec ma façon d’utiliser vos fonds, en cherchant “estampe japon” sur Gallica, je tombe sur une estampe de Jacques Callot (grand graveur de petites personnes) intitulée Les martyrs du Japon.

Je peux bien sûr apprécier ou non la valeur esthétique de cette gravure, mais pour comprendre son intérêt il me faudra me renseigner sur les tentatives de conversion du Japon au catholicisme, l’auteur de la matrice afin de savoir s’il était contemporain des faits, d’une autre religion susceptible de cacher une critique au sein de l’œuvre… et tant d’autres détails. Il est évident que cela demande un temps considérable si c’est fait consciencieusement. Facile de comprendre pourquoi nombre de collègues tenant un blog tentent de transformer ce loisir passionnant, mais chronophage, en un métier qui leur permet de vivre.
 
Quels sont vos projets pour votre blog et/ou sur les réseaux sociaux prochainement ?
Pas de grandes annonces de projets en ligne à faire pour l’instant mais serais-je crédible si je disais que j’aimerais reprendre ma petite sélection des Trésors de Gallica.

Si je suis content d’avoir des retours et de pouvoir partager mes découvertes, c’est un loisir pour moi et je tiens à ce que cela le reste. Vous ne me trouverez donc pas parmi les plus actifs sur les réseaux sociaux, même si je suis présent sur les deux incontournables (la liste d’amis virtuels et les abonnés gazouillant).
 
Le mot de la fin ?
Gallica m’a permis de faire de belles découvertes dans ses collections, mais aussi autour, comme un espace fédérateur. Je pense notamment à une gallicanaute dont vous avez déjà publié le portrait, Johanna Daniel (alias Peccadille) avec qui j’ai depuis eu l’occasion de faire de petits projets dans le cadre patrimonial. L’accès informatisé en ligne est primordial de nos jours, mais ce sont encore des humains qui tournent ces pages virtuelles et qui interagissent !

Pour suivre Mealin :

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