Le Tour de France de Gallica, étape 17 : Serre-Chevalier

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19 juillet 2017

Serre-Chevalier sera ville-étape du Tour de France 2017 pour la cinquième fois de son histoire. La station de Serre-Chevalier a été créée en 1941, suivant la vague de développement des sports d’hiver, et notamment du ski, introduit par Henri Duhamel dans la région de Grenoble à la fin du siècle précédent.  La vallée de Serre-Chevalier, qui traversait alors une crise économique, a su profiter du potentiel commercial et touristique représenté par l’exploitation de « l’or blanc », et est aujourd’hui une station réputée des Hautes-Alpes.

Illustration de l’article de Paris Soir du 23 décembre 1941 sur l’inauguration du téléphérique de Briançon/Serre-Chevalier

La commune de Serre-Chevalier se trouve dans les Hautes-Alpes, dans la Vallée de la Guisane, du nom de la rivière qui relie le col du Lautaret à Briançon.

Plus généralement, le nom de Serre-Chevalier est utilisé pour désigner les communes qui desservent la station de ski du même nom : Monêtier-les-Bains (réputé pour ses thermes), Chantemerle, Saint-Chaffrey, et Villeneuve-la-Salle (La Salle-les-Alpes) aujourd’hui également appelée Serre-Chevalier 1400, qui sera le lieu d’arrivée de l’étape du Tour de France.

Cette région isolée a longtemps connu des mouvements d’émigration massive notamment pendant la saison d’hiver, qui limitait fortement les travaux d’agriculture et d’élevage. La disponibilité de cette main-d’œuvre a permis la création, en 1842, de l’usine de la Schappe, à Briançon. Cette usine a employé jusqu’à 1400 ouvriers, en 1870, spécialisés dans la filature et le tri des déchets de soie. Au début du XXe siècle, les conditions de travail difficiles furent remises en cause par les ouvriers qui commencèrent à s’organiser en syndicat et lancèrent notamment une grève en 1907 pour protester contre les licenciements, grève qui ne fera pas les gros titres de l’époque malgré son importance au niveau local.

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Agence Rol. Briançon, quartier Ste Catherine (1923) – Au centre de la photographie, on voit le bâtiment imposant de l’usine de la Schappe

En 1907 a également eu lieu le premier concours international de ski organisé dans la région, à Montgenèvre (dans la vallée voisine) par le Club Alpin Français ; concours qui marqua les esprits et qui illustre le développement des sports d’hiver dans les régions montagneuses, suscitant un intérêt grandissant.

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Agence Rol. Montgenèvre pendant le concours, une tribune improvisée [spectateurs dans un arbre, 1907]

L’usine de la Schappe fermera définitivement ses portes en avril 1933, après avoir licencié tout son personnel en 1932. Des centaines d’ouvriers se retrouvent alors inoccupés et les maires des communes de la vallée vont voir dans le développement du tourisme d’hiver un débouché commercial important.

André Georges, skieur et alpiniste alors investi au sein du Club Alpin Français, est à l’origine du premier projet de réalisation du téléphérique et du domaine skiable de Serre-Chevalier, qu’il présenta au syndicat d’initiative en 1935.

Soutenu par le député des Hautes-Alpes, Maurice Petsche, le projet est adopté par le Conseil Général des Hautes-Alpes et mis en œuvre avec les communes qui ont souhaité que se développe le tourisme hivernal dans la vallée.

Le premier piquet est planté en juin 1937, lançant le chantier dont la construction et l’exploitation sont confiées aux Ponts et Chaussées. Les travaux connaitront des aléas du fait de la guerre et de l’occupation, mais le téléphérique sera finalement inauguré en grandes pompes en décembre 1941.

Serre-Chevalier a donc été créée en 1941, en même temps que le téléphérique reliant Chantemerle, située à 1900 mètres d’altitude, à Serre-Chevalier, à 2486 mètres d’altitude. Ce téléphérique était alors le plus long d’Europe, fort de ses 4 kilomètres de câbles, compensés par un contrepoids de 50 tonnes et une étape à Serre-Ratier.

Cet équipement moderne, associé à l’enneigement et l’ensoleillement réputés de la région en feront une des stations françaises les plus en vue du XXe siècle.