Le Tour de France de Gallica , étape 11 : Pau

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12 juillet 2017

De la seconde moitié du XIXe siècle à la fin des années 1920, la ville étape du jour fut the place to be, le lieu où il fallait être et être vu. Pau, aujourd'hui préfecture des Pyrénées-Atlantiques, était un haut lieu de villégiature. Attirée par un climat jugé salutaire pour la santé et des distractions remarquables, la gentry britannique en fit une station incontournable du grand tourisme hivernal.

Chemins de fer du Midi-Pyrénées, affiche, F. Hugo d'Alési, 1895.

C’est au milieu du XIXe siècle que Pau, modeste ville de province, voit son destin basculer à la faveur d’un argument médical de poids : le climat de la ville aurait des effets bénéfiques sur la santé des malades de la tuberculose, fléau de l'époque.

Cette "découverte" est le fait d’un médecin écossais qui, arrivé très malade dans la ville, recouvre la santé après y avoir séjourné. Convaincu qu’il doit sa rémission aux effets apaisants du climat palois, le docteur Alexander Taylor (1802-1879) rédige en 1842 un traité médical au succès décisif. Véritable best-seller, son ouvrage met la ville sous les feux des projecteurs. Si les premiers à venir passer l’hiver à Pau sont britanniques, bientôt la clientèle s’internationalise.

Du milieu du XIXe siècle aux "années folles", la ville de Pau se transforme en une station climatique et mondaine, fréquentée durant la season, d’octobre à mars. Grâce à ses aménagements urbains et ses attractions réputées, elle rivalise avec les grandes stations de villégiature de l'époque.

 La terrasse et les hôtels, photographie de presse,
Agence Rol, 12 avril 1910, Pau.

Pau se distingue par sa promenade et son panorama. Le boulevard des Pyrénées, véritable balcon donnant sur la chaîne montagneuse, permet d’admirer la vue, de voir et d’être vu. Il mène à l’autre lieu emblématique de la ville, le Palais d'hiver, (inauguré en 1899) qui réunit des attractions remarquables : un jardin d’hiver, un théâtre et surtout des cercles de jeux. Chaque jour, des concerts sont donnés dans les kiosques à musique de la place Royale et du parc Beaumont, à l'hôtel Gassion ou au théâtre Saint-Louis. Les soirées s’animent avec les bals et autres événements mondains, organisés dans les hôtels prestigieux ou dans les villas des familles en villégiature qui en profitent pour arranger des mariages bien assortis : ainsi le célèbre Batchelor Bal ou bal des célibataires, organisé à l’hôtel Gassion, ponctue-t-il chaque année la season.

 Palais d'hiver, photographie de presse,
Agence Rol, 12 avril 1910, Pau.

Loin de chez elle, la gentry britannique fortunée partage son temps entre le Cercle Anglais, haut lieu de sociabilité fondé en 1840, et la pratique de loisirs propres à sa culture et à son rang. La plus prestigieuse est la chasse au renard, organisée par le Pau Hunt, qui attire à Pau les chasseurs du monde entier. En lien avec cet art de vivre autour du cheval, chaque season est ponctuée de courses de chevaux et de concours hippiques. Le premier golf du continent est créé en 1856 sur l'actuel terrain de la plaine de Billère. Et, selon la mode du moment, on s’adonne au jeu de paume, au lawn-tennis, au polo, au croquet ou encore au tir aux pigeons, voire au patin à roulettes...

Si le temps de la villégiature climatique et aristocratique est révolu (la crise économique des années 30 et la vogue croissante du tourisme de bord de mer en ont sonné le glas), il a contribué à façonner une certaine image de la ville. On parle de Pau, ville anglaise ou de Pau, reine des sports pour qualifier cette ville à l'histoire singulière, dont l'architecture liée à la villégiature marque aujourd’hui encore le paysage urbain.

Pour en savoir davantage, rendez-vous sur Pireneas.fr

 

Laëtitia Conti
Coordinatrice de l'action culturelle et pédagogique
Ville de Pau