Les débuts du vaccin (piqûre de rappel)

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1 janvier 2013

La santé publique a fait un grand pas au XVIIIe siècle avec la découverte de la vaccination. La variole, appelée aussi « petite vérole », connaît plusieurs poussées meurtrières, qui déciment la cour de France. L’une d’entre elles emporte Louis XV, le Bien-Aimé, en 1774. La France reste pourtant réticente au procédé de variolisation, importé en 1717 de l’Orient, qui consistait à inoculer une variole bénigne pour éviter une variole grave. Le médecin suisse Théodore Tronchin parviendra pourtant à inoculer la variole vers 1756 à la cour de Versailles mais la France reste une des dernières nations à adopter cette méthode controversée.

[Laboratoire avec fioles diverses, appareils de pesée, microscope... et homme assis] : [photographie de presse] / [Agence Rol]
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6904825p

 

La découverte de la vaccination par Edward Jenner (1749-1823), médecin et naturaliste anglais, part d’un fait exceptionnel, à savoir l’immunisation d’une maladie humaine par une maladie animale. Ses premiers résultats apparaissent en 1798 à Londres et peu après en France :

 

Recherches sur les causes et les effets de la variolae vaccinae, maladie découverte dans plusieurs comtés de l'ouest de l'Angleterre, notamment dans le comté de Gloucester, et connue aujourd'hui sous le nom de vérole de vache. Par Edward Jenner,... et traduit de l'anglais par M. L. C. de L.******
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55507215

 

Si de nombreux savants se montrent sceptiques, la vaccination se répand malgré eux d’abord en Angleterre et arrive en France en 1800, par les soins du duc de la Rochefoucault-Liancourt.

Elle a cette fois-ci une réception enthousiaste et la généralisation du vaccin devient rapidement une affaire d’Etat. La circulaire de 1804 de Chaptal : « vacciner les enfants de la patrie et […] de manière plus générale vacciner gratuitement les pauvres » en est une preuve.

Un nouveau pas est franchi le 14 germinal, an XII (4 avril 1804) par la création d’une Société et d’un Comité Central (du vaccin) dont dépendent des comités de départements et d’arrondissements, qui comptait Corvisart, Pinel ou Parmentier parmi ses membres. Ce Comité avait pour mission de répandre massivement la pratique de la vaccination. A la même époque, Napoléon rend la vaccination obligatoire dans l’armée pour les recrues n’ayant pas encore eu la variole.

Malgré les efforts des pouvoirs publics et du corps médical, l’obstacle majeur reste celui du financement et de l’administration. C’est sur l’acte gratuit des médecins que Chaptal, ministre de l’Intérieur en 1810, fonde son espoir. Les médecins sont récompensés de manière symbolique par des médailles et des félicitations officielles mais les moyens financiers manquent à la vaccination, alors qu’il existe une prise de conscience étatique considérable.

Médaille uniface
Source: Bibliothèque nationale de France

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77003686

 

Quelques soixante ans plus tard, Louis Pasteur prend pour point de départ les travaux de Jenner pour définir les lois générales de la vaccination. Bien que le principe biologique en soit différent, il conserve le nom de vaccination, en hommage à Jenner. Une nouvelle ère, celle des vaccins modernes, commence !

Si la vaccination devient obligatoire en 1883 dans l’armée et en 1886 pour les élèves inscrits dans les établissements publics, ce n’est qu’en 1902 qu’elle deviendra obligatoire pour tout le monde.

Alina Cantau. - Département Sciences et techniques

Publié initialement le 16 mars 2010.