Il y a 150 ans, le 15 avril 1874, une exposition indépendante de 31 artistes, que l’histoire de l’art retiendra comme la première exposition « impressionniste », ouvrait ses portes au 35 bd des Capucines à Paris, dans les anciens ateliers de Nadar. Des documents de l’époque sont à découvrir dans Gallica.
En 1874, cela fait déjà une dizaine d’année que les peintres de la « nouvelle école », du groupe des Batignolles autour de Manet, adeptes de la peinture en plein air sur le motif, des thèmes de la vie moderne, d’une touche libre et de tons clairs, explorent la possibilité de se constituer en société anonyme afin d’organiser eux-mêmes leurs expositions.
Ce projet, ajourné du fait de la guerre de 1870 et de la Commune - certains s’engagent, Bazille meurt au combat, d’autres s’exilent - aboutit enfin en 1874, année par ailleurs de difficultés financières pour le marchand Paul Durand-Ruel, unique soutien de ces artistes.
Lassés des refus fréquents du jury du Salon, qui défend une peinture académique au rendu fini, ils souhaitent créer une voie alternative pour pouvoir rencontrer un large public, vendre et faire carrière.
Ce sont donc des artistes déjà arrivés à maturité artistique qui se lancent dans cette aventure collective, comme une dernière tentative pour atteindre un plus large public et la reconnaissance : Renoir, Morisot et Guillaumin ont 33 ans, Monet 34 ans, Sisley et Cézanne 35 ans, Degas 40 ans et Pissarro 44 ans. Les voici vers 1874 : Alfred Sisley (par Renoir),
Ce sont donc, les critiques d’art, dans la presse, en utilisant l’expression « Exposition des impressionnistes », qui donneront son nom au mouvement.
Jules Antoine Castagnary, fervent défenseur de ces artistes, reprend le terme de Louis Leroy et l’adopte dans un sens positif, dans son article du 29 avril dans Le Siècle.
Emile Cardon quant à lui, dans La Presse du 29 avril parle d’une « Ecole de l’impression » :
Ernest Chesneau dans Paris : ancienne Gazette des étrangers du 7 mai, regrette fortement ce mélange :
… tout comme Marc de Montifaud dans L’Artiste, Armand Silvestre dans L’Opinion nationale du 22 avril.
Cette question de réserver, ou non, l’exposition à des toiles à l’identité esthétique proche, opposera Monet (favorable) et Degas (opposé) jusqu’à l’organisation de la septième exposition impressionniste.
Si la société coopérative est déclarée en faillite fin 1874 et que les ventes ont été faibles, l’exposition a attiré 3500 visiteurs et l’aventure impressionniste se poursuivra, jalonnée de huit expositions (la dernière en 1886) jusqu’à la reconnaissance.