Après des débuts obscurs et erratiques, Eugène Atget, la quarantaine venue, entreprend un projet démesuré: photographier de manière systématique « toutes les vieilles rues du vieux Paris ».
Après des débuts obscurs et erratiques (il fut peut-être marin, acteur ambulant, peintre), Eugène Atget, la quarantaine venue, entreprend un projet démesuré, auquel il voue avec ténacité le reste de sa vie : photographier de manière systématique « toutes les vieilles rues du vieux Paris ».
Une œuvre foisonnante en procède, dont la Bibliothèque nationale de France conserve un ensemble majeur, intégralement accessible sur Gallica.
En 1915, la Bibliothèque nationale achète à Atget un album intitulé Intérieurs parisiens, réunissant 58 tirages sur papier albuminé d'après des négatifs sur verre. Les épreuves sont tirées par le photographe, comme à son habitude. Les légendes au crayon de papier sont de sa grande écriture.
Chaque intérieur, celui de la rentière , de la modiste, du financier ou encore du négociant devait fournir des documents sur le décor contemporain. Atget classe d’ailleurs les intérieurs en trois catégories : artistiques, pittoresques et bourgeois.
Du vivant d’Atget, sa clientèle est composée de bibliothèques et de musées, d’artisans et d’artistes, d’éditeurs, d’historiens de la capitale, qui recherchent une iconographie parisienne. De 1900 à la mort d’Atget, en octobre 1927, la Bibliothèque nationale acquiert directement auprès de lui plus de 3600 tirages et sept albums. Des acquisitions et des dons de collectionneurs (notamment
Paul Blondel, Marie-Thérèse et André Jammes) portèrent cet ensemble exceptionnel à 4500 épreuves.
L’ampleur de cet œuvre, si bien représenté à la BnF, fit écrire à l’historien Eric Hazan : « L’œuvre d’Atget et celle de Proust sont en France les deux derniers grands efforts pour atteindre à une totalité non pas au sens d’œuvre d’art totale mais à celui d’exploration totale d’un monde ».
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