22 mai 1885 : la mort de Victor Hugo vue par la presse

0
17 juin 2015

Victor Hugo, figure majeure de la vie artistique, intellectuelle et politique française du 19e siècle, s’éteint dans sa maison parisienne le 22 mai 1885.

Victor Hugo sur son lit de mort, d'après une peinture à l'huile de Léon Bonnat

Ses prises de positions en faveur de la République et contre l’église catholique se retrouvent dans ses dernières volontés : « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. »

Du fait de ces engagements, on observe deux camps se former dans la presse de cette époque : L’Echo de Paris, Le Figaro, Le Gaulois, Gil Blas, L’Intransigeant, Le Journal des débats, La Justice, Le Matin, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, La Presse, Le Rappel et Le Siècle consacrent ainsi leur une à Victor Hugo tandis que Le Constitutionnel, La Croix, Le Temps, L’Univers se contentent de glisser cette information au milieu des autres nouvelles du jour.

Le choix du Panthéon comme tombeau de Victor Hugo va renforcer les tensions et les divisions, le monument étant alors église Sainte-Geneviève depuis le Second Empire… L’Echo de Paris, L’Intransigeant, La Justice, Le Matin, Le Petit Parisien, Le Rappel, Le Siècle se rangent du côté des partisans de la désaffectation de l’église. Dans le camp opposé, La Croix et L’Univers, bientôt rejoints par Le Gaulois, mènent une croisade contre ce projet. Entre les deux, Le Figaro, Gil Blas, Le journal des débats, Le Matin, Le Petit Journal, Le Temps regrettent une erreur ou une provocation dommageable.

Jeu de cartes (1880)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105224644/f1.item.zoom

Les funérailles, de la veillée à l’Arc de triomphe jusqu’à l’arrivée du corps au Panthéon, ne suscitent pas d’apaisement entre les différents camps. D’un côté, L’Echo de Paris, Gil Blas, L’Intransigeant, Le journal des débats, La Justice, Le Matin, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, Le Rappel, Le Siècle et Le Temps parlent d’apothéose et décrivent une cérémonie majestueuse et grandiose. De l’autre, Le Constitutionnel, La Croix, Le Gaulois, Le Matin, L’Univers évoquent plutôt une kermesse, une fête des fous ou une foire aux vanités…

Wilfried Muller - département Droit, économie, politique