La station de métro Gambetta

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Découvrez grâce à la RATP et Gallica l'histoire des stations du métro parisien. Pour ce deuxième épisode, direction station Gambetta !

Jules-Adolphe Chauvet, Rue Ramus- Rue des Pyrénées, 20e Ménilmontant Père Lachaise , 1896

La station Gambetta dans le 20ème arrondissement est indissociable de sa voisine, Martin Nadau, qu'elle a fini par absorber. Toutes deux racontent également l'histoire de l'extension de Paris, le développement des quartiers populaires de l'est parisien et l'arrivée du métro aux portes de la banlieue avant son prolongement en dehors de la capitale dans les années 1930.

Les deux stations se situent dans un quartier populaire, le sud de Menilmontant, marqué par le cimetière du Père Lachaise, qui a été conçu sous le premier Empire comme un jardin à l'anglaise et installé en dehors de Paris.
Mais les limites administratives de la capitale ont été étendues par la loi du 16 juin 1859 et le quartier du Père Lachaise a été intégré dans le nouveau 20ème arrondissement. Le journal le Temps présente ainsi en 1884 la physionomie du quartier : " Dans l'usage, on appelle ce quartier Les Amandiers-Menilmontant", "on y travaille la corne" et "on y apprête toutes sortes de marchandises en vue des ateliers de Paris". Les aquarelles de Jules-Adolphe Chauvet, réalisées à la fin du 19ème siècle témoignent du mélange d'ateliers et de petites maisons qui bordent le cimetière.

 

Le quartier du Père Lachaise est très peuplé, comme les quartiers voisins : Belleville est ainsi en 1859 la treizième ville française par sa population. Mais le quartier n'est alors que peu desservi par les transports en commun : une ligne d'omnibus permet de rejoindre la gare Montparnasse faisant partie des lignes les plus fréquentées après les lignes du nord de Paris et une ligne relie la Villette au cours de Vincennes.
 

Plan éventail de Paris avec les lignes d'omnibus et de tramways, L.Joly 1899

La place Puebla (qui devient par la suite place des Pyrénées puis place Gambetta) est en outre située à mi-chemin entre deux stations très fréquentées du chemin de fer de ceinture, Menilmontant et Charonne, comme le présente ci-dessous le Plan général du chemin de fer de ceinture de Paris. C'est aussi un quartier en pleine transformation à la fin du 19ème siècle avec la construction de la mairie du 20ème arrondissement inaugurée en 1875 et celle de l'Hôpital Tenon qui s'achève en 1878. 

La construction d'une ligne de métro, la ligne 3 desservant l'est parisien est déjà planifiée dès l'élaboration du projet du métro. Les deux stations Martin-Nadau et Gambetta, terminus de la ligne donnant sur la mairie du 20ème arrondissement, sont ouvertes en 1905.

La construction de ces deux stations, documentée par de nombreuses photographies de l'Union photographique française rencontre des difficultés techniques comme la nature du terrain. La Petite presse indique ainsi le 22 mai 1904 : "La station Martin-Nadaud est exécutée dans des marnes et des glaises imprégnées d'eau."
C'est sur la ligne 3 que l'on va utiliser pour la première fois le nouveau matériel roulant monté sur boggies et la loge de conduite isolée. Ces innovations s'inspirent du métro de Berlin, ville dans laquelle " M. Bienvenüe, Ingénieur en chef du métropolitain" a fait un voyage d'études qui "n' a pas été d'un faible poids dans la décision qu'a prise la Compagnie de modifier les plans d'excécution de tout son matériel" et interviennent après le dramatique incendie de Couronnes. 

226 mètres séparent les deux stations, Martin Nadaud et Gambetta, soit la plus courte intersection du réseau de métro. Alors que le prolongement de la ligne est prévue, la décision est prise de modifier la station, et annoncée par la presse dès 1967.

Les différentes cartes du réseau montrent l'extension du métro en direction des portes de Paris. A la veille de la Première Guerre mondiale, la ligne 3 s'est agrandie : elle relie la Porte de Champerret à Gambetta puis en 1921 à Porte des Lilas. Elle propose en outre des équipements modernes comme des portillons automatiques expérimentés sur la station Martin-Nadaud en 1923.

 

Et Gambetta, c'est aussi...
Un homme politique de la IIIème République qui entre au Panthéon il y a tout juste 100 ans. Le 11 novembre 1920, le soldat inconnu est conduit sous l'Arc de triomphe. La cérémonie s'accompagne de la panthéonisation de Léon Gambetta (1838-1882), dont le coeur est conduit aux Invalides, et de la célébration du cinquantenaire de la République. Les photographies de l'agence de presse Rol documentent l’événement.

Pour en savoir plus :
- "Un jour, une station : Gambetta, la grande station qui a mangé la petite." sur le site de la RATP
- Gallica part en live, les 120 ans du métro parisien