Dès le début des années 1920, Citroën organise des croisières à but publicitaire. Elles font connaître la marque, alors à ses débuts, et ses autochenilles, véhicules tout terrain. Adolphe Kégresse en dépose le brevet en 1917, racheté par Citroën en 1920. Les croisières explorent des lointaines contrées, et embarquent des scientifiques et artistes qui donnent une caution scientifique. Des arrière-pensées colonialistes se manifestent notamment en Afrique et en Asie.
La Croisière des sables : sur la piste de Tombouctou (1922-1923)
La première expédition Citroën est une caravane de cinq véhicules Citroën de série 10 HP munis de chenilles. Elle part de Touggourt, ville algérienne, aux portes du Sahara le 17 décembre 1922 en direction de Tombouctou au Mali pour revenir à Touggourt le 16 mars 1923.
Elle est menée par Georges-Marie Haardt et Louis Audouin-Dubreuil. Haardt est directeur général des usines Citroën et Audouin-Dubreuil, ancien officier aviateur dans le Sahara durant la première guerre mondiale. Il a l’avantage de connaître le terrain. Cette première traversée aller-retour du Sahara en automobile avait pour objectif de démontrer la possibilité d’établir des communications entre l’Algérie et l’Afrique occidentale, alors colonies françaises ett ainsi de faciliter le transport des ressources naturelles vers la France.
L’expédition revient à Paris où ses membres sont reçus en grande pompe. C’est un succès technique pour les autochenilles qui apportent une renommée aux automobiles Citroën.
La Croisière noire : sur les traces des explorateurs du XIXe siècle (1924- 1925)
C’est la deuxième expédition de Georges-Marie Haardt et Louis Audouin-Dubreuil à travers l’Afrique. Elle part le 26 octobre 1924 de Colomb-Béchar en Algérie, traverse le Sahara jusqu’en Afrique du Sud et Tananarive, capitale de Madagascar dont Gaston Doumergue, président de la République, disait que c’était la plus belle colonie française. Quatre groupes de deux voitures parcourent en huit mois 20 000 kilomètres de désert, de brousse, de savane, de marécages et de forêts sont parcourus à bord d’autochenilles de type B2. Le voyage met à l’épreuve la résistance des machines et atteint des records de vitesse.
Le ministère des Colonies et d’autres institutions dont la Société de géographie et le Muséum d’histoire naturelle demandent aux hommes de l’expédition des rapports d’ordre économique, politique, sanitaire et touristique sur l’Afrique. Ils reviennent avec des relevés topographiques, des études géologiques, 2 000 photographies et 27 000 mètres de pellicule de films ethnographiques, ainsi que des études sur la faune et la flore. Le ministère de la Santé demande un rapport sanitaire sur les épidémies, particulièrement sur la maladie du sommeil qui sévit en Afrique en 1925.
En 1926, le film « La Croisière noire », journal cinématographique de l’expédition, est présenté au public. Il est réalisé par Léon Poirier, cinéaste documentariste, qui faisait partie de l’expédition.
Ces hommes ont fait œuvre d’ethnographe sans le vouloir en ramenant des documents cinématographiques et photographiques. Et, ils ont également inspiré des sommités de l’ethnographie. C’est en 1925 que Marcel Mauss et Lucien Lévy-Bruhl fondent l’institut d’ethnologie à Paris. La Croisière noire et le film qui en est issu ont inspiré la mission Dakar-Djibouti menée par Marcel Griaule et Michel Leiris de 1931 à 1933.
La croisière jaune : sur la route de la soie. Sur les traces de Marco Polo (1931-1932)
Ces quatre expéditions ont servi les intérêts publicitaires de Citroën. Mais, ce sont aussi des aventures techniques, diplomatiques et humaines, à l’issue parfois dramatique. Les hommes ont ramené des témoignages photographiques et cinématographiques sur des civilisations peu connues inspirant des ethnologues, archéologues, géographes…, sur leurs traces, notamment en Afrique et en Asie. Les autochenilles Citroën ont ouvert des itinéraires encore inconnus.
Pour aller plus loin
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