A bicyclette : céléripède, vélocipède, draisienne, vélo bi

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31 octobre 2016

L’histoire de la bicyclette, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une succession d’inventions depuis la roue qui apparaît au Néolithique aux différentes parties datant du XIXème siècle.

Louis Baudry de Saunier, Le Cyclisme théorique et pratique, Librairie illustrée, 1893

La Préhistoire de la bicyclette

Au commencement était la roue, symbole du mouvement et du cycle du temps. Longtemps on a cru que la trace la plus ancienne se trouvait en Mésopotamie mais des recherches archéologiques récentes attestent sa présence vers 3300-3000 av. J.-C. en Slovénie. Un des plus anciennes représentations de la bicyclette est un dessin de Léonard de Vinci (1452-1519), conservé à la Biblioteca Ambrosiana de Milan. On peut consulter une reproduction dans : Il codice Alantico, Tomo I, vol. II, foglio 133. Une autre représentation, le Cycliste du vitrail de l’église Saint Gilles à Stoke Poges, se trouve en Angleterre et est datée de 1642. A la fin du XVIIIème siècle apparaissent des jouets à roue appelés célérifères.

Les précurseurs

En 1816, Joseph Nicéphore Niepce (1765-1833) invente le céléripède, littéralement « qui marche rapidement », du latin *celer = rapide, et *pes = pied. À l’origine le mot est employé pour les animaux qui courent, comme l’autruche.

En 1817, le baron allemand Drais von Sauerbronn (1785-1851) reprend l’idée avec un engin qu’il nomme vélocipède ou Hobby horse en anglais. Il  prendra aussi le nom de son inventeur : la draisienne. C’est l’abréviation de  vélocipède, vélo, du latin *velox = agile à la course qui perdure jusqu’à nos jours. L’engin possède deux roues en bois de même diamètre, reliées par une poutre, mais sans pédales. Il faut avancer avec ses pieds. Il est breveté en France mais rencontre peu de succès car peu pratique. Une fois passée la vogue de ses débuts par la bourgeoisie, il est vite ridiculisé par la presse.

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Agence de presse Meurisse, Draisienne et vélo bi, 1927

Les pédales

C’est en 1869 que Pierre Michaux (1813-1883), serrurier, eut l’idée d'ajouter des pédales, alors qu’il réparait une vieille draisienne. Il obtint ainsi un mouvement continu sans avoir à toucher terre. Cela nécessite en revanche de bien maitriser son équilibre. Pour aller plus vite, il agrandit la roue avant jusqu’à  3 mètres de diamètre. L’engin est baptisé vélo bi ou grand bi mais est toujours construit en bois ; il est aussi appelé la Michaudine.

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Agence Rol, Vélocipède Michaux ou vélo bi en bois, 1922

Le cadre

C’est à partir de 1869 que le fer commence à se substituer au bois pour le cadre des vélos bi. La guerre franco-allemande de 1870 arrête momentanément l’essor du vélocipède en France. C’est en Angleterre qu’il se perfectionne et prend le nom anglais de bicycle, qui devient bicyclette en français. En 1875, Jules Truffault (1845-1920) invente la jante creuse en acier. Puis, il remplace le cadre et la fourche par de l’acier creux et équipe les roues de rayons métalliques en tension autour d’un axe central. Ceci permet d’alléger le vélo et de gagner en vitesse.

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Extrait de La science illustrée : journal hebdomadaire, daté du 7 décembre 1895

 

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Agence Rol, Vélocipède en acier, 1913

Les freins

Les vélos bi sont dangereux, il faut donc les équiper de freins : les premiers sont  des freins à patin. Avec l’invention des pneumatiques apparaissent les freins à mâchoire présents sur la plupart des vélos actuels.

Les pneus

C’est John Boyd Dunlop (1840-1921), vétérinaire écossais vivant en Irlande,  qui invente le pneu en 1887 pour le tricycle de son fils. Il le fait breveter le 7 décembre 1888. Le pneu est en caoutchouc, rempli d’air et enveloppé avec du tissu autour de la roue entre les rayons  comme une momie. Il les appelle mummy tires ou « pneus momie ». Ces pneus permettent plus  de confort pour le cycliste en réduisant les chocs et les vibrations sur les routes pavées.  Il est le fondateur de la société Dunlop en 1889  à Dublin qui commercialise ces pneus. Le pneu est amélioré en 1891 par André et Edouard Michelin grâce à un cycliste anglais de passage à Clermont-Ferrand, qui fit réparer son vélo muni de pneus Dunlop à l’usine Michelin et  cie. Les frères Michelin inventent alors le pneu démontable posé sur la jante, plus pratique. La même année le cycliste Charles Terront dont le vélo est équipé de pneus Michelin gagne la première course Paris-Brest-Paris.

La chaîne

Là aussi, on trouve des dessins de maillons chez Léonard de Vinci au XVe-XVIe siècle. L’invention de la chaîne est due à  Jacques de Vaucanson (1709-1782). Elle est d’abord utilisée sur les métiers à tisser dans les manufactures de soie de la région lyonnaise. André  Galle (1761-1844) est l'inventeur de la chaîne à maillons avec engrenage, qu'il a breveté en 1829. Elle est nommée la « chaîne Galle ». Elle transmet le mouvement du pédalier à la roue arrière dite motrice, par la force musculaire.

Après tout ce temps et ces principales inventions voilà notre bicyclette complète ou presque :

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Louis Baudry de Saunier, Le Cyclisme théorique et pratique, 1893

Depuis quelques années, l’engouement pour la bicyclette ne semble pas tarir, en partie pour des questions d’environnement et de fluidité dans les villes. Les courses cyclistes ont quant à elle toujours été populaires comme le Tour de France  qui commence en 1903. Toutefois, les problèmes de circulation entre automobiles, piétons et vélo ne datent pas d'hier, le partage de la chaussée ne se faisant pas toujours sans heurt.

 Et pour terminer sur une note de bonne humeur :   A bicyclette chantée par Bourvil !