Pionnières ! Episode 2 : Séverine

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24 avril 2019

Après une première vidéo consacrée à Olympe de Gouges, le blog Gallica vous présente le deuxième épisode de sa série "Pionnières !". Connaissez-vous la première femme française directrice de quotidien ? Avec la bibliothèque Marguerite Durand, nous vous invitons à suivre les traces de Séverine, libertaire, féministe et pacifiste.

"Pionnières !" est une série de vidéos qui relate le destin de femmes, célèbres ou méconnues, ayant marqué l’histoire. Le deuxième épisode de cette série, construite entièrement avec des documents numérisés, porte sur Séverine. Retrouvez, sous la vidéo, la biographie de Séverine, enrichie des liens vers les documents utilisés, issus des collections de la BnF et des Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris, notamment de la bibliothèque Marguerite Durand, qui possède un très riche fonds dédié à l'histoire des femmes et du féminisme. 
 

De son vrai nom Caroline Rémy, Séverine naît en 1855 à Paris, dans le 12e arrondissement.

Elle reçoit une éducation classique par son père, ancien membre de l’Université. A 17 ans, elle quitte le domicile familial pour se marier avec un homme bien plus âgé, qu’elle découvre violent.

Elle s’enfuit dans l’année pour retourner chez ses parents. Elle rencontre ensuite Adrien Guébhard avec qui elle se met en ménage. Elle l’épouse en 1885, à la faveur de la loi sur le divorce. En 1879, à Bruxelles, elle rencontre Jules Vallès, communard en exil. Revenu à Paris, Vallès l’initie à l’édition et au journalisme. Avec le soutien financier de Guébhard, ils relancent Le Cri du Peuple.
 
Elle travaille d’abord comme secrétaire particulière de Jules Vallès, puis comme journaliste dans le quotidien.
 

Vallès, mentor et ami de Séverine, meurt chez elle, en 1885.

Elle prend sa suite au Cri du Peuple, et devient ainsi la première femme directrice d’un quotidien en France. Elle quitte le journal assez rapidement suite à des désaccords avec le reste de l’équipe. Son parcours de journaliste est marqué par son investissement politique. Elle écrit partout où sa plume n’est pas censurée, notamment dans tous les grands journaux de l’époque, comme Les Temps nouveaux, L’Intransigeant, le Gil-Blas, Le Gaulois, Je sais tout, Le Matin ou encore lExcelsior. Elle défend plusieurs militants anarchistes, comme Clément Duval, condamné à mort pour vol, et Germaine Berton qui a assassiné un membre de l’Action Française.
 
Le 9 décembre 1897, elle fonde La Fronde avec son amie Marguerite Durand. Elle y tient la rubrique Notes d'une Frondeuse.
 

C’est le premier quotidien non-seulement destiné aux femmes, mais aussi conçu, rédigé, administré, fabriqué et distribué exclusivement par des femmes : journalistes, rédactrices, collaboratrices, typographes, imprimeuses, colportrices, etc. Marguerite Durand et Séverine entendent ainsi prouver que des femmes peuvent réussir dans le monde du journalisme, fortement dominé par les hommes, et qu'une entreprise de presse peut fonctionner sans recourir à leur assistance.

Elles y défendent l’avortement, l’éducation mixte, l’égal accès à toutes les professions, mais aussi plus largement le progrès social. En 1899, Séverine couvre  le procès en révision de Dreyfus et s’engage en sa faveur. Certains titres antidreyfusards lui ferment alors leurs pages.
 

 

Si elle commence par refuser de militer pour le droit de vote des femmes, par antiparlementarisme et en accord avec ses idéaux libertaires, elle finit par organiser en juillet 1914 une manifestation mémorable de suffragistes.

 

La guerre interrompt le mouvement. Séverine s’investit, sur les traces de Jules Vallès, dans le pacifisme. Cette prise de position lui ferme encore une fois la porte de certains quotidiens, qui la jugent anti-patriotique. Sa dernière apparition publique, en 1927 au Cirque d’Hiver, sera pour défendre Sacco et Vanzetti, militants anarchistes accusés de meurtre aux Etats-Unis et condamnés à la chaise électrique.

Elle s’éteint deux ans plus tard à Pierrefonds, où une foule nombreuse assiste à ses obsèques. Sa résidence est alors rachetée par Marguerite Durand, qui la transforme en résidence d’été pour les femmes journalistes.

Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des pionnières du féminisme français.

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