1er Grand Prix Noveltex : une course cycliste emblématique
Le 29 avril 1951, quatre-vingt-dix coureurs s’élancent pour un périple de 260 kilomètres reliant Paris à Saint-Amand-Montrond (Cher). Ils participent au 1er Grand Prix Noveltex, page méconnue de l'histoire du cyclisme.
Affiche Noveltex, Sepo, création Dorland
Une stratégie commerciale des Établissements Rousseau
Le développement des Établissements Rousseau au cours des années 1920, l’une des plus grandes manufactures françaises de chemises en gros, s’accompagne d’une véritable stratégie commerciale, avec la création d’une nouvelle marque de chemises : Noveltex. Les chemises Noveltex sont vendues dans les "grands magasins ainsi que chez les meilleurs chemisiers de Paris et de province" comme l’indique une publicité de 1930. L’agence Dorland Paris invente le slogan "Le trousseau de l’homme moderne", que l’on retrouve sur certaines affiches de Sepo (Severo Pozzati) ou dans la presse. Dans les années 1930, l’homme moderne est un homme actif qui travaille, fait du sport et sort le soir.
Affiche du 1er Grand Prix Noveltex, Éts Rousseau, 1951, Impr. Martinet, Paris
En cette période florissante, la pratique sportive des ouvriers des centres de production est particulièrement encouragée par l'entreprise. Le cyclisme est le sport-roi et les compétitions d'amateurs occupent une large place dans la presse quotidienne régionale. Le quotidien L’Équipe, créé en 1946, les revues sportives, Miroir Sprint et But-Club, Le Miroir des Sports, placent l’actualité cycliste en tête.
Dans ce contexte, les épreuves cyclistes se multiplient, notamment les "ville à ville" : Paris-Roubaix, Paris-Tours, Paris-Brest, Bordeaux-Paris.... Plus modestement, des Paris-Bourges ou Paris-Vimoutiers occupent une belle place dans le calendrier. Ces épreuves sont soutenues financièrement par des entreprises, qui trouvent dans ce sport populaire un élément de promotion efficace, d’autant que la célébrissime "Caravane du Tour", créée en 1930, remporte un succès phénoménal, d’ailleurs jamais démenti depuis. Aspro, Waterman, Catox, Monsavon, Nescafé… y vont de leur couplet pour soutenir le cyclisme… et élargir leur clientèle.
Caravane publicitaire Noveltex, Éts Rousseau, 1951
Cet engouement n'a pas échappé au chargé des sports et des œuvres sociales du Sporting Cub Saint-Amandois, dans l'un des centres de production les plus importants des Établissements Rousseau, qui envisage alors une course cycliste. Grâce à l'appui du journal L'Équipe et au soutien du directeur général de l'entreprise, la Fédération française de Cyclisme inscrit cette nouvelle course dans le championnat de France dont elle sera qualificative.
Une course cycliste aux allures d’une grande
La presse régionale annonce cette nouvelle épreuve cycliste dès le mois de mars 1951. Le Berry Républicain du 22 mars titre : "Le Grand Prix Noveltex allait naître !", La Nouvelle République : "Le Grand Prix Noveltex réunira les meilleurs coureurs français et étrangers". Car cette course cycliste a tout pour "être une grande épreuve". La date du 29 avril est, selon les différents directeurs sportifs, un très bon choix. Située juste après Paris-Roubaix, Paris-Bruxelles et la Flèche Wallonne, elle doit permettre de juger les coureurs en forme. Elle est, de plus, une très bonne préparation à la course Paris-Tours.
Le Berry républicain, 22 mars 1951
Vingt-deux équipes sont engagées ainsi que sept coureurs individuels. Les grandes équipes sont toutes représentées : Peugeot, La Perle, Rochet, Gitane, Dilecta, Alcyon, Mercier, Automoto, Stella, Métropole, France-sport, Vanoli.
L’Équipe, dimanche 29 avril 1951
Les pronostics vont bon train quant aux coureurs susceptibles de remporter ce premier Grand Prix. L’Équipe du 25 avril mise sur la "grande offensive de Géminiani, Lajoie et Buchonnet", alors que La Nouvelle République du Centre-ouest du 26 avril annonce des "Muller, Canavese et Guegan aux prises", sans oublier "Molineris, Aubry et Gomez qui ont glané des places d’honneur" sur le dernier circuit du Morbihan… Ce sera Pierre Molinéris pour Stella qui franchira la ligne d’arrivée.
Noveltex est partout, sur les affiches, imprimés, dossards, banderoles et la caravane publicitaire. Dans chaque ville traversée, les chemisiers dépositaires de la marque offrent des primes qui complètent la dotation initiale de 350 000 francs, dont 100 000 francs pour le vainqueur.
Pierre Molinéris grand vainqueur de la course, Éts Rousseau, 1951
Un album d’archives inédit
Conservé au Musée de la Chemiserie et de l'Élégance masculine, l’album d’archives du Grand Prix Noveltex offre un précieux témoignage de cet événement éphémère. Élaboré par les Éts Rousseau, ce document regroupe des photographies rares, des coupures de presse, du matériel publicitaire et des documents officiels, retraçant chaque étape de la course et capturant l'essence même de cette épopée cycliste. Cinq pages sont consacrées au Tour de France de 1953.
Pour aller plus loin
- Exposition 1er Grand Prix Noveltex. Une vitrine pour les Éts Rousseau par le Musée de la Chemiserie et de l’Élégance masculine et imprimerie Bonnamour, Argenton-sur-Creuse, 2024
- Musée de la Chemiserie et de l’Élégance masculine
- Site des musées de la Régions Centre
- Stadium l’héritage du Sport, du Musée national du Sport (Nice) et de ses partenaires
L'Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques.
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