Titre : Les Droits de l'homme / fondateur Henri Deloncle
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-07-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759074m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 juillet 1898 29 juillet 1898
Description : 1898/07/29 (A1,N201). 1898/07/29 (A1,N201).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5700
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
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Ordre et progrès par la Révolution Française
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Tous les jeudis jusqu'à
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LA PRESSE
EN 1879
fournit aux artistes
hommes politiques,
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monde entier.
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— Téléphone.
5,000 journaux
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FRANCE ET ALGÉRIE
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RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
142 — Rue Montmartre — 142
Les annonces sont reçues chez MM. Lagrange, Cerf et C”
6, Place de la Bourse, 6. et au* Bureau* du Journal
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N* 101 87
Autour d'un Duel
Voici un siècle et plus, en pleine
séance de l’Assemblée nationale, le
duc de Castries s’écriait qu’il était
prêt à se couper la gorge avec tous les
chefs du parti populaire. Puérile et
maladroite fanfaronnade de grand
seigneur, mais elle était bien dans le
ton de cette époque agitée, furieuse,
ou les passions publiques déchaînées
se heurtaient chaque jour en des
chocs douloureux et tragiques. Charles
Lameth tout aussitôt releva ce défi,
proposant sur l’heure une promenade
au bois...
Cartel accepté, duel. Il fallait en
découdre. On se rendit donc sur le
pré, avec l’appareil accoutumé de ces
sortes de rencontres. Lorsque les
adversaires se trouvèrent en présence,
la nuit avançait de telle sorte qu’à
peine l’on pouvait distinguer les
objets. Le combat singulier fut cepen
dant engagé, et les épées se croisè
rent. Charles Lameth tirait bien, le
duc de Castries n’était pas moins
expert en l’art de diriger sa lame. Au
cours d’un engagement où chacun des
combattants apportait en l’affaire la
fougue de son tempérament et son
expérience des armes, Charles Lameth
porta à son adversaire une botte ter
rible qui le devait infailliblement
tuer... Mais on n’y voyait point assez,
et le coup porta à côté du duc. Alors,
— je cite VOrateur du Peuple, —
Lameth « écarta de la main gauche
l'épée ennemie dont la pointe lui la
bourant le poignet et l’avant-bras,
pénétra assez avant pour lui faire une
blessure grave. »
Molière a dit quelgue part :
Un duel met les gens en mauvaise posture.
Victime de sa main gauche, Charles
Lameth fut-il disqualifié ?sa mauvaise
posture lui fut, en tout cas, cruelle,
car il fut puni par quoi il avait pêché.
Entre cette rencontre historique et
le duel de Saint-Cloud, qui depuis une
semaine alimente la chronique pari
sienne, la similitude des situations
ne se poursuit point jusqu’à un dé
nouement identique. Mais combien
n’est-il point permis de plaindre, sans
cesser de l’estimer, le galant homme
dont la main gauche machinalement
tomba sur l’épée de son adversaire ?
Ici, personne ne fut blessé, ni M. Paul
Deroulède, ni M. Gustave-Adolphe
Hubbard, et cependant il semble qu’une
ècole de moralistes sévères, de cen
seurs impitoyables veuille faire peser
sur celui-ci le poids d’une disqualifi
cation, — cette peine morale inexora
ble qui demeure sans appel devant la
conscience des duellistes profession-
nels. Contre un pareil jugement, la
raison humaine déjà s’inscrit en faux
et il suffit d’un examen tout à fait im
partial des faits pour reviser une sen
tence qui serait tout à la fois cruelle
et injuste.
Le duel, d’importation germanique
e France est de pure convention.
Philosophiquement on le condamne,
car il ne prouve rien.Corneille formu-
ait quant à ce « triomphe de la mode »,
selon le mot de La Bruyère, son opi-
Dion en ces termes :
La valeur aux duels fait moins que la fortune.
Il n’est point un philosophe, un pen-
Seur qui n’ait énergiquement dé-
daigné, abhorré, réprouvé cette insti-
ution que Jean-Baptiste-Rousseau
qualifiait de « mode affreuse et bar-
are ”. Et, cependant, nous y sacri-
ons les uns et les autres, pour obéir
d une coutume souveraine et tyranni-
de» par instinct de respectabilité, par
souci de réputation, pour épargner à
otre amour-propre, à notre dignité
ss commentaires offensants du qu’en
“ra-t-on mondain. En ceci, comme
* J toutes choses, la logique humaine
nest-elle point faite, hélas! de quel-
due compromission, de quelque affais-
Sement de la volonté morale? **Tse
Le duel a donc ses règles, ses usages
codifies selon la tradition convention-
nelle. Toutefois, le Code de Château-
yllard,, qui fait autorité en cette ma-
tere, n’est point, que nous sachions,
posé à la connaissance de tous. Nul
nest censé ignorer la loi, dit un
axiome judiciaire; il s'agit de la loi du
Pays. Mais la loi dite d’honneur, la loi
" duel, qui donc oserait prétendre
que tous doivent la connaître? En
répondant aux tabarinades, d’ailleurs
inqualifiables autant qu’outrageantes,
de M. Paul Déroulède, transformant
une enceinte de justice en tréteaux, M.
Hubbard fit preuve d’un courage,
d’une franchise el d’une loyauté in
contestables; mais il n’avait jamais
exercé sa main à tenir une épée, en
core qu’il se fut battu deux fois, non
sans bravoure, non sans une absolue
correction, avec M. Papillaud et avec
M. Canrobert. Or, il ne viendrait à la
pensée de personne d’insinuer qu’il
dût posséder son Châteauvillard.
Notre distingue confrère, M. Ranc,
rappelait en une de ses dernières chro
niques, le souci qu’avait Jacob, le
célèbre maître d’armes, de connaître
si un adversaire coupable d’incorrec
tion avait l’habitude des armes, avant
de prononcer contre lui l’arrêt de sa
conscience. Jacob ne condamnerait
certes point M. Hubbard.
*
* *
A défaut des adversaires, on ne sau
rait trop se pénétrer de la nécessité de
choisir pour témoins des hommes
d’escrime, accoutumés au jeu de l’épée.
Un tel choix devient de jour en jour
plus indispensable,puisque nos mœurs
n’ont point aboli l’institution du duel.
C’est l’opinion de Louis Mérignac, le
distingue professeur d’armes, le « roi
du fleuret », comme l’appelait Adolphe
Tavernier, que les incidents de ren
contres sont toujours dus à l’inexpé
rience ou à l’inattention des témoins.
Combien de fois le Patron, — c’est
ainsi que familièrement nous l’appe
lons, dans la salle de la rue Joubert où
il nous enseigne son art avec tant de
maîtrise, — combien de fois ne nous
l’a-t-il point répété : « Si vous tenez
absolument à échanger la paille de
fer, prenez des témoins au courant de
l’escrime, sachant tirer, — et les meil
leurs tireurs possible ! »
« On n’est jamais tué que par ses
témoins », a dit un homme d’esprit.
C’est qu’ils trahissent leur devoir, sou
vent, et inconsciemment, parce que,
en général, sauf exceptions, ils sont
incapables de remplir la délicate et
lourde mission qu’ils ont acceptée.
Châteauvillard professait que tout té
moin qui a manqué à son mandat,
dépassant les pouvoirs qui lui sont
confiés, est responsable vis-à-vis de
son tenant du dommage causé à son
honneur.
Les témoins ont le devoir strict
d’unir et de multiplier tous leurs efforts
afin de régler le conflit, sans effusion
de sang, voire de réconcilier les adver
saires. Si une rencontre entre ceux-ci
devient impossible à éviter, c’est une
faute d’en vouloir brusquer le dénoue
ment, d’ordonner que le duel ait lieu
sur l’heure, sans désemparer, alors
qu’une nuit de sommeil porterait de si
sages conseils, sinon d’apaisement et
d’oubli, au moins de calme et de sang-
froid. Un duel aux lanternes peut tou
jours être dangereux et une rencontre
entre adversaires vivement surexcités,
— tel fut le cas, au parc de Saint-
Cloud, — peut aboutir à des consé-
quences désastreuses. N’est-ce pas
chose terrible de vouloir disqualifier
un galant homme indiscutablement
brave, courageux et loyal, incapable
d’une félonie ou d'un crime ?
crime. Ni félon, ni traître, mais tireur
inhabile, inexpérimenté, malheureux!
Sa main gauche n’a fait qu’une sorte
d’opération de police de la rencontre,
opération à laquelle il est regrettable
que les témoins n’aient point procédé
plus tôt, ce qui aurait évité un inci
dent fâcheux.
On a observé, en outre, que l’épée
de M. Paul Déroulède avait été tordue
à cinq centimètres environ de la co
quille, — d’où cette conclusion qu’elle
a été tordue par M. Hubbard lui-
même. On imagine volontiers, cepen
dant, que la lame en est d’excellente
trempe. Comment supposer qu’elle ait
été ainsi déformée dans sa partie la
plus rigide par une main d’homme,
alors que pour y réussir il faut dé
ployer une force musculaire considé
rable que ne possède certes point
M. Hubbard, et que, d’autre part, il
faut admettre, pour rendre l’hypo
thèse vraisemblable, que la main de
M. Paul Deroulède a fait office d’un
étau immobile et puissant! L’expé
rience se recommande d’elle-même aux
amateurs qui fréquentent les salles
d’armes. Elle montrera l’inanité de
l’accusation que vainement l’on essaye
de produire contre M. Hubbard.
Les hurleurs de Vantisémitisme ne se
souviennent - ils donc plus qu'ils n'ont
fait cracher ce qu'ils ont voulu à l'homme
aux guêtres blanches que le jour où ils
ont daigné se taire sur lui ?
Qu'ils se taisent et ils auront les trois
millions ! Qu'ils se taisent et fassent sim
plement entrevoir à M. Laferrière la
perspective d'une publication de papiers
de famille, de lettres piquantes, de cartes
sensationnelles, ci histoires un peu salées
et M. Laferrière, sur l'illustre exemple
du bel ami de Nicolas, s'empressera de
mettre les fonds, les dignités et les hon
neurs dont il dispose à la discrétion de
ces braves gens.
Il est vraiment extraordinaire que ce
soit un pauvre diable de naïf homme qui
doive donner de tels conseils à d'ha
biles flibustiers qui ont su plumer jus
qu'au chef de l'Etat.
Ils veulent les trois millions! Il faut
qu'ils lésaient, que diable! ou leur répu
tation d'irrésistibles brigands est perdue.
LE PIC.
n’aurait pensé qu’à son salut, laissant les
passagers se débrouiller comme ils pour
raient, repoussant même à coups d’aviron
ceux qui s’accrochaient à eux en désespérés.
Quant aux officiers, ayant perdu du coup
toute autorité, il ne leur restait plus qu’à
sauver l’honneur en se laissant noyer passi
vement.
Bref, l’égoïsme humain s’est étalé dans
toute son horreur. Les femmes tendaient
vers les canots leurs mains suppliantes. Et les
canots, montés par vingt personnes quand
ils pouvaient en porter cinquante, se sont
éloignés. Ce cri instinctif :
«ma peau
d’abord », des marins l’ont crié. Que diriez-
L’acte reproché à M. Hubbard, acte
qu’il fut d’ailleurs le premier à avouer
et à regretter, a été observé, selon
les termes du procès-verbal, « après
un vif engagement et au moment d’un
corps à corps. » Cela veut dire que la
phrase d’armes était interrompue par
le corps à corps; le combat avait eu
lieu sans qu’aucune incorrection eût
été constatée. Selon le témoignage du
médecin de M. Paul Déroulède, M. De-
villers, de qui le Petit Journal tient de
minutieux détails sur la rencontre, les
adversaires s’étaient en effet rappro
chés poitrine contre poitrine, sans
hélas! que les témoins eussent en
temps utile empêché ce corps à corps.
Ils ne pouvaient donc en cet instant
se toucher ni l’un ni l’autre; c’était
impossible.
C’est dans ce même instant, pen
dant le corps à corps, que M. Hubbard
laissa tomber sa main gauche... Ce
fut automatique, impulsif, nerveux,
ce ne fut point un acte réfléchi de sa
volonté, un acte par conséquent dé
loyal et répréhensible, — ce fut ce que
les hommes de science appelleraient
un mouvement réflexe de la sensibilité
nerveuse. Acte regrettable, sans doute,
mais involontaire et dont M. Hubbard
ne saurait être rendu responsable. Il
n’en doit point pâtir. Il n’a nullement
immobilisé l’épée de son adversaire
pour se servir de la sienne et blesser
M. Paul Deroulède, — ce oui eût été
Les incidents qui ont suivi ce duel
au dénouement si négatif et si impré
vu, les nouveaux échanges de témoins
et les procès-verbaux qu’ils ont pro
voqués, attestent aussi bien, qu’un
galant homme tel que M. Hubbard ne
saurait être disqualifié pour si peu.
S’il en était autrement, le procès-
verbal de la rencontre de Saint-Cloud
devait clore toute espèce de négocia
tions nouvelles. Or, il n’en fut rien.
Des témoins ont été constitués, qui
ont échangé des commentaires parfois
inattendus sur le caractère du procès-
verbal de ce duel, qui ont refusé la
constitution d’un tribunal arbitral et
déclaré qu’il n’y avait pas motif à
rencontre lorsqueM. Hubbard deman
dait une réparation pour des com
mentaires qu’il estimait injurieux.
On constitue donc des témoins pour
répondre à la démarche d’un adver
saire qu’on prétendait avoir disqua
lifié ? Et l’on discute avec ses amis s'il
y a ou non motif à rencontre nou
velle ?
Qu’en pense M. le duc Féry d’Es-
cland, qui connaît à fond le code de
Châteauvillard ?
Pour nous, la question n’est pas
douteuse. A cette heure où, selon l’ex
pression si pittoresque et si vraie
d’Emile Zola, les « cannibales » gou
vernent ce malheureux pays, il ne nous
surprend point que l’on veuille déchi
rer à belles dents la réputatian des
meilleurs d'entre-nous. C’est dans l'or-
dre. — ou plutôt dans le désordre des
choses actuelles. L’opinion ne sera
point dupe des fureurs impuissantes
de ceux qui pour faire diversion aux
graves préoccupations de la cons
cience publique, n’hésitent point à ou
trager gratuitement les honnêtes gens
qui passent. Les mœurs de ce temps
nous ont, hélas ! accoutumés à ces
pratiques de cannibalisme. Nous sau
rons nous défendre contrôles excès de
cette sorte et rendre hommage aux
citoyens qui, défendant le Droit op
prime, la Justice égorgée et trahie, et
la République violée par la pire des
réactions, mettent au service de cette
cause généreuse, le courage, le talent
et le désintéressement auxquels M.
Hubbard nous a accoutumes. Et celui-
là est un galant homme digne de tous
égards, qui peut invoquer de tels états
de service.
MAXIMILIEN CHAMPAGNAC.
Les DROITS DE L'HOMME publiè
rent demain un article de
JEAN AJALBERT
Pour les Trois Millions
Les escrocs de Vantisémitisme croyaient
pouvoir mettre à Alger un brave homme
pas trop regardant sur le coulage des trois
millions de francs de fonds secrets algé
riens que le gouverneur peut distribuer
à ses amis et connaissances. Trois mil
lions! vous pensez que ça n'est pas un
gâteau que les antisémites vont aban
donner aux 1 bonnnes œuvres. Alors,
comme M. La ferrière ne parait pas dis
posé, à première vue, à distribuer ses
trois millions de fonds secrets aux escrocs
de la bande « Drumont qui gagnent vrai
ment assez avec le chantage contre les
Juifs, ces gaillards font à M. La ferrière
une guerre qui n'a de précédent que celle
qu'ils ont faite jadis, au bon monsieur
Félix.
C'est extraordinaire comme en France
Cexperience est cnose perdue.
NOTE OFFICIEUSE
Tous les journaux du Hulan insèrent, ce
matin, cette note qui donne la mesure de
leurs angoisses ;
On a fait courir le bruit dans la soirée que
M. Cavaignac, ministre de la guerre, avait
donné sa démission.
Nous pouvons affirmer de la façon la plus
catégorique que cette nouvelle est absolument
démentie au ministère de la guerre.
La note en question émanant d'une façon
évidente de la rue Saint-Dominique, vous
jugez de la tranquillité d ame de tous ces
gens-là.
M. Ernest Judet n’a pas répondu.
Soyons patient. Il se promène peut-être
sur la Côte d’Azur et notre généreux
avertissement ne sera pas parvenu jus
qu’à lui.
Ou bien il médite.
La confection d’un article du Petit
Journal n’est pas une chose ordinaire,
surtout lorsqu’il s’agit de la personne du
directeur politique.
Songez qu’il est nécessaire de réunir
un faisceau de sympathies composé des
«grands» de l’Elysée, des «humbles»
des loges et des « honorables » du gou
vernement.
Je me borne donc à dire une seconde
fois à M. Ernest Judet, notre « grand
écrivain national » :
A quelle époque M. Ernest Judet a-t-il
fait son service militaire?
Où l'a-t-il fait?
Si M. Ernest Judet répond d’une façon
satisfaisante à ces questions, il détruira
cette insidieuse légende, accréditée un
peu partout, qui veut contester l’excel-
lence de son patriotisme.
S’il ne répond pas... nous déposerons
des conclusions.
HENRI DAGAN.
LIBRES PROPOS
RAPPORT OFFICIEL
Qui dit rapport officiel dit mensonge. C’est
un parti-pris en France, chez les gens en
fonctions, de cacher la vérité quand elle n’est
pas belle. Témoin le rapport sur le naufrage
de la Bourgogne qui a paru dans tous les
journaux et qui prétend clôturer au plus vite
les polémiques engagées de l’autre côté de
l’Atlantique, comme de celui-ci, sur la con
duite de l’équipage de ce paquebot.
Satisfecit pour tout le monde — excepté
pour les Autrichiens, naturellement. Ce sont
des étrangers. On peut les charger. L’hon
neur national n'en reluit que davantage —
ceux qui se sont noyés, admirables; et ceux
qui ont échappé, encore plus admirables.
C’est ainsi qu'on rédige d’ordinaire les bul
letins de bataille : l’ennemi a fui honteuse
ment; mais les Français, comme toujours, se
sont surpassés.
Chaque peuple en fait autant, d'ailleurs.
Aussi, quand vous lisez le récit d’une même
époque dans deux histoires de langue difé-
rente, ne diffèrent-elles qu’en ceci : que cha
cune attribue aux autres les lâchetés, les
crimes, et à soi les grandes actions. Il règne
une sorte de complicité nationale à déguiser
ce dont on n’a pas sujet de tirer vanité. Dans
quelques années, il sera admis que nous
avons été tous des héros en 1870, que nos
généraux furent tous des aigles, et les histo
riens officiels écriront des phrases comme
celle-ci . « L’héroisme de nos soldats ne put
avoir raison de la fatalité ».
La fatalité a bon dos. Elle a un dos d’au
tant plus large qu’il est impossible de le
mesurer. C’est la fatalité qui a fait qu’en
quarante minutes, temps qui s est écoulé
entre la collision de la Bourgogne avec le
voilier anglais et le moment où elle a som
bré, on n’a sauvé qu’un sixième des passa
gers, alors que la mer était calme et
que le voilier anglais, ayant stoppé, était
prêt à recevoir les naufragés
Malheureusement, quelque entente qu’il y
ait pour cacher les vilenies, elles transpi
rent un peu par quelque petit trou de lu
mière. En même temps que le rapport offi-
ciel, paraissait dans le Matin le témoignage
d’un passager au dire duquel l’équipage
vous de pompiers qui fileraient avec leurs
pompes devant l’incendie ? Ces gens, fami
liarisés avec la mer et ses dangers, ont
perdu la tête tout comme les premiers
venus.
Ceux qui le méritaient, on leur a craché
au visage en arrivant à New-York. Au Havre
on propose de leur décerner des récom
penses ! Je vous dis que nous n'avons pas
changé depuis 1870 ! Vous rappelez-vous ces
extraits que je vous ai cités du Journal du
Siège, de Francis Garnier ! Une fois Pa
ris capitulé, ce sont des décorations pour
tous les généraux. Il y en eût peu qui les refu
sèrent. Aujourd’hui nous proposons des mé
dailles pour un équipage soupçonné de ne
pas avoir fait tout son devoir. Non, nous
ne sommes pas changés !
EDOUARD CONTE.
LÉGION D'HONNEUR
Demain va paraître à l'Officiel un décret
signé du President de la République, ne sus
pendant pas Esterhazy des prérogatives atta
chées à la croix de chevalier de la Légion
d’honneur.
Quant à la croix de Zola, il est question de
la donner à Fernand Xau, à moins que ce ne
soit à Vervoort...
Vive la République?...
LE GÉNOD MA RINONI
Il n’est pas content de Judet, le gros Mari-
noni.
Son valet de chambre se dérange et com
promet depuis quelque temps la bonne tenue
de la maison.
Dans une maison de l'avenue Friedland, où
le Génois était en soirée, il se laissa aller à
des confidences, ce brave Mari., noni.
— Yudet, il empouasounne ma maison....
C'est un mal blanc qui ne veut point criver !
Le fait est que la vente, malgré les feuille
tons criminels...
,**
L ES GAlTÉS DU SCRUTIN
Un curieux incident vient de marquer la
période électorale dans le canton de Bourgo
gne, près de Reims.
MM. Monnesson-Champagne et Danneaux,
candidats républicains progressistes, le pre
mier au conseil général, le second au conseil
d’arrondissement, avaient organise, hier soir,
une réunion publique électorale dans un café
de la commune de l‘Isles-sur-Suippes.
M. Danneaux a pour concurrent au conseil
d’arrondissement M Gobréau, maire d’Isles-
sur-Suippes; celui-ci assistait à cette réunion.
Quand elle fut terminée, M, Gobréau inter
vint et dressa procès-verbal pour contraven
tion à la loi sur les réunions publiques, qui
veut que déclaration de la réunion soit faite
au moins deux heures avant son ouverture.
* *
DU DERNIER GALAXT
Les jurés des assises avaient à statuer, hier,
sur le cas bizarre que voici :
Le 28 mars dernier, un nomme Rouard
avait invité des amis à dîner insensible aux
charmes du loto familial, ces invités trou
vaient le temps long, et c'est sans doute afin
de les distraire que l’amphytrion tira au des
sert un coup de revolver à la figure de sa
femme.
C’était se mettre, comme vous pensez, dans
un bien mauvais cas, d'autant plus qnc la
femme Rouard déclara que depuis longtemps
son mari voulait « lui faire son affaire. »
C’est M" Jacques Cohen, — celui-là même
qui signe aux Droits de THomms, du pseudo
nyme de Me Jacques les chroniques du Palais,
— qui avait assumé la lourde tâche de dé
fendre ce mari peu galant.
Il faut croire que le talent de l’avocat a su
avoir raison de la difficulté de l’aventure, car
le nommé Rouard a été purement et simple
ment acquitté, après avoir juré d’ailleurs qu il
serait à l’avenir plus galant.
LES YEUX OUVERTS
M. l’abbé Perrin, vicaire à Bourg-de-Péage
(Drôme), vient d’adresser sa démission à l’é
vêque de Valence par une lettre dans laquelle il
dit qu'il s’affranchit du joug clérical pour sui
vre le credo de la raison et de la libre-pensée.
Voilà bien le troisième en moins de quinze
jours.
Pour ceux qui n’ont pas l’ambition du Père
Didon et qui ont son intelligence, le Iroc aux
orties est la plus sage solution.
* *
LES LAURIERS
L’heure des vacances a sonné.
Depuis longtemps déjà, ces entants ridicu
les qu’on appelle députés sont partis dans
leurs foyers.
Le college Rollin a donné hier la volée aux
jeunes élèves. Demain, la Sorbonne enten
dra les ultimes et somptueux flots d’eloquence.
C’est le signal.
Les lauriers seront cueillis.
Nous irons au bois
‘ ’ *‘*
LES GAIETÉS DU PARLEMENTARISME
de
Les journaux allemands ont coutume
publier de petits recueils ou sont assembles
les plus belles naïvetés, sottises, lapsus ou
coqs-à-l’âne échappés aux lèvres des députés
pendant les séances du Reichstag.
Voici quelques-unes de ces paroles mémo
rables, qui furent prononcées au cours de la
dernière session, et qu’envie certainement
Rochefort :
« Notre vœu, c’est que les oscillations de
l’assiette de l’impôt deviennent immobiles...
— L’honorabic M. X... a effleuré la question
en y pénétrant... — Ce point est la base... —
La dent du temps marche vers cet ordre du
jour... — Quand on a négligé de prendre des
précautions à l’avance, il faut les prendre
après coup... — Le commerce du bétail se
meut dans les régions supérieures du domaine
de l’humanité... — Messieurs, si nous com
mençons à pondre des œufs... — Ce n’est un
secret pour aucune personne éclairée que le
ministre des finances s’occupe de questions
d’argent... — L'histoire universelle, pour
autant qu’elle se concentre dans le ministère
royal prussien des chemins de fer, poursuit
paisiblement sa marche... — Je sens un be
soin local... — La rivière Oder, ou la vierge
Oder, si j’ose m’exprimer ainsi, n a de mys
tères ou de voiles en aucune de ses • artics.
ni dans le calme, ni dans l'agitatior
pour les yeux des hydrographes.
n. du m
ENCORE la BASOCHE. — La Cour d’appel de
Douai vient d'acquitter le fossoyeur d Aves-
nes qui avait été condamné en première ins
tance pour vol d'un centime de sable. J'ap-
prends cela d’un vieil avocat, praticien jovial,
et plein de souvenirs, qu’il a recueillis pen-
dant quarante ans d’exercice au même bar-
reau.
Tout en regardant mourir les vagues, il me
conte cent godans, histoires d'accusés, de-
témoins, de juges et de gendarmes Les meil-
leures sont les plus salées. Bo navent ire des
Périers ou Béroald de Verville en cussent fait
leurs choux gras : ils auraient mis en b< nn?
place dans leurs facétieux recueils « la femme
qui montre en rue son direrlissmr » eu la
plaignante qui déclare avoir vu dans sa p. -
turc l’accusé « en train de dévergo nder son
biaudet. « Mais notre pudibonderie ne tolère
pas dans un journal ce qu’elle va chercher
chez nos vieux conteurs. Il faut choisir.
Soyons grave et abritons-nous derrière la ma
gistrature.
Un président fait remarquer au témoin que
sa déposition manque de clarté, que d'ailleurs
il était ivre le jour où se passa l’affaire. L
témoin répond : « Certainement j'étais plein,
j'étais plein comme la justice. »
Le président d’un tribunal son de l’au-
dience à six heures du soir, très fatigué. Il
rencontre dans les couloirs un avocat et, le
prenant sous le bras, lui dit confidentielle
ment : <• Je suis harassé. Maître X nous a
tenus jusqu'à six heures, li croit vraiment que
je suis fait pour m'occuper des affaires des
autres! »
Une femme de soixante-dix ans passe en
correctionnelle pour ivresse et bris de clôture.
Le président l’admoneste : « Vous êtes très
mal notée. Vous étiez autrefois sur le registre
des filles publiques ; pourquoi n etes-vous plus
inscrite? »
Une femme du surnom de Caoutchouc
comparaît en correctionnelle pour avoir dame
en levant la jambe sur la place publique Le
président termine ainsi son interrogatoire :
» Bref, j’ai le regret de vous dire que vous
êtes d'une élasticité regrettable. »
Pour finir, un joli mot d'avocat.
Aux assises, un président entre en conflit
avec le défenseur. Le président à l’avocat :
— « Vous savez. Maître X., vous ne réussi
rez pas à endormir la Cour. Je suis à cheval
sur le droit.
— « Vous avez tort, M. le Président 11 ne
faut jamais monter une bête qu'on ne connaît
La Chronique,
mory.
TRADITIONS RETROGRADES
L’Université a toujours le même esprit
rétrograde. Elle refuse, en 1898, a un de
ses membres les plus brillants, le droif
d exercer un cours libre sur les « principes
du socialisme dans leurs rapport* avec les
idées d’individualité, de moralité, d'art et
de religion, » comme elle s'est opposée, à
des époques anterieures, à ce que d’autres
penseurs éminents puissent élever le niveau
intellectuel de la jeunesse sous prétexte
que leurs doctrines ne plaisaient pas aux
classes dirigeantes.
Le cas de M. Jaurès a un précédent :
c’est celui de l’auteur de la Philosophie po
sitiviste, Auguste Comte. En 1835, Auguste
Comte avait, en effet, sollicité de M. Guizot
une chaire d histoire générale des sciences
dont il proposait la création. Elle lui fut
naturellement refusée et il est curieux do
rappeler, à ce propos, les impressions du
ministre de Louis-Philippe lui-même sur
l’opportunité de cette proposition.
« Il désirait, dit M. Guizot, que je tisse
«
99
»
créer pour lui, au Collège de France. une
chaire d histoire générale des sciences
physiques et mathématiques; et, pour
m’en demontrer la nécessité, il m exposa
lourdement et confusément ses vues sur
l’homme, la société, la civilisation, la
religion, la philosophie, rtistoirc. J’avais
quelque peine, en l’écoutant, à ne pas
m etonner tout haut qu’un esprit si vigou
reux lût borné au point de ne pas même
entrevoir la nature ni la portée des faits
qu i! maniait ou des questions qu'il tran
chait, et qu’un caractère si désintéressé
ne fût pas averti par ses propres senti
ments, moraux malgré lui, de l'immorale
fausseté de ses idées. Je ne tentai mémo
pas de discuter avec M. Comte; sa sin
cérité, son dévouement et son aveugle
ment m inspiraient cette estime triste qui
se réfugie dans le silence. Il m’écrivit peu
de temps après une longue lettre pour
me renouveler sa demande de la chaire
dont la création lui semblait indispen
sable pour la science et la société. Quand
j’aurais jugé à propos de la faire créer.
ncert à tous 1-
vari
matin
tazes.
â. —• Barbe-Bleue
Mlle Thylda, M.
Severus Scheffer,
— Dimanches et
1 — . wwrko., -
> Le Numéro : CIN. centimes < —* " VENDREDI 29 JUILLET 1893
Ordre et progrès par la Révolution Française
ABONNEMENTS
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Bloch.
Heurtine
on. — Cinéma-
taurant). — Excursion!’
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Tous les jeudis jusqu'à
lis à Corbeil et Seine-
E VILLÉGIATURE
in, l'Administrait r
l’Homme délivre
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O fr. 60 CM dan
LA PRESSE
EN 1879
fournit aux artistes
hommes politiques,
leur compte dans les
monde entier.
est le collaborateur
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question, s’occupent
ux de l’Argus, 1*,
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COURTE
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LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SONT PAS RENDUS
TÉLÉPHONE N* 101 87
Autour d'un Duel
Voici un siècle et plus, en pleine
séance de l’Assemblée nationale, le
duc de Castries s’écriait qu’il était
prêt à se couper la gorge avec tous les
chefs du parti populaire. Puérile et
maladroite fanfaronnade de grand
seigneur, mais elle était bien dans le
ton de cette époque agitée, furieuse,
ou les passions publiques déchaînées
se heurtaient chaque jour en des
chocs douloureux et tragiques. Charles
Lameth tout aussitôt releva ce défi,
proposant sur l’heure une promenade
au bois...
Cartel accepté, duel. Il fallait en
découdre. On se rendit donc sur le
pré, avec l’appareil accoutumé de ces
sortes de rencontres. Lorsque les
adversaires se trouvèrent en présence,
la nuit avançait de telle sorte qu’à
peine l’on pouvait distinguer les
objets. Le combat singulier fut cepen
dant engagé, et les épées se croisè
rent. Charles Lameth tirait bien, le
duc de Castries n’était pas moins
expert en l’art de diriger sa lame. Au
cours d’un engagement où chacun des
combattants apportait en l’affaire la
fougue de son tempérament et son
expérience des armes, Charles Lameth
porta à son adversaire une botte ter
rible qui le devait infailliblement
tuer... Mais on n’y voyait point assez,
et le coup porta à côté du duc. Alors,
— je cite VOrateur du Peuple, —
Lameth « écarta de la main gauche
l'épée ennemie dont la pointe lui la
bourant le poignet et l’avant-bras,
pénétra assez avant pour lui faire une
blessure grave. »
Molière a dit quelgue part :
Un duel met les gens en mauvaise posture.
Victime de sa main gauche, Charles
Lameth fut-il disqualifié ?sa mauvaise
posture lui fut, en tout cas, cruelle,
car il fut puni par quoi il avait pêché.
Entre cette rencontre historique et
le duel de Saint-Cloud, qui depuis une
semaine alimente la chronique pari
sienne, la similitude des situations
ne se poursuit point jusqu’à un dé
nouement identique. Mais combien
n’est-il point permis de plaindre, sans
cesser de l’estimer, le galant homme
dont la main gauche machinalement
tomba sur l’épée de son adversaire ?
Ici, personne ne fut blessé, ni M. Paul
Deroulède, ni M. Gustave-Adolphe
Hubbard, et cependant il semble qu’une
ècole de moralistes sévères, de cen
seurs impitoyables veuille faire peser
sur celui-ci le poids d’une disqualifi
cation, — cette peine morale inexora
ble qui demeure sans appel devant la
conscience des duellistes profession-
nels. Contre un pareil jugement, la
raison humaine déjà s’inscrit en faux
et il suffit d’un examen tout à fait im
partial des faits pour reviser une sen
tence qui serait tout à la fois cruelle
et injuste.
Le duel, d’importation germanique
e France est de pure convention.
Philosophiquement on le condamne,
car il ne prouve rien.Corneille formu-
ait quant à ce « triomphe de la mode »,
selon le mot de La Bruyère, son opi-
Dion en ces termes :
La valeur aux duels fait moins que la fortune.
Il n’est point un philosophe, un pen-
Seur qui n’ait énergiquement dé-
daigné, abhorré, réprouvé cette insti-
ution que Jean-Baptiste-Rousseau
qualifiait de « mode affreuse et bar-
are ”. Et, cependant, nous y sacri-
ons les uns et les autres, pour obéir
d une coutume souveraine et tyranni-
de» par instinct de respectabilité, par
souci de réputation, pour épargner à
otre amour-propre, à notre dignité
ss commentaires offensants du qu’en
“ra-t-on mondain. En ceci, comme
* J toutes choses, la logique humaine
nest-elle point faite, hélas! de quel-
due compromission, de quelque affais-
Sement de la volonté morale? **Tse
Le duel a donc ses règles, ses usages
codifies selon la tradition convention-
nelle. Toutefois, le Code de Château-
yllard,, qui fait autorité en cette ma-
tere, n’est point, que nous sachions,
posé à la connaissance de tous. Nul
nest censé ignorer la loi, dit un
axiome judiciaire; il s'agit de la loi du
Pays. Mais la loi dite d’honneur, la loi
" duel, qui donc oserait prétendre
que tous doivent la connaître? En
répondant aux tabarinades, d’ailleurs
inqualifiables autant qu’outrageantes,
de M. Paul Déroulède, transformant
une enceinte de justice en tréteaux, M.
Hubbard fit preuve d’un courage,
d’une franchise el d’une loyauté in
contestables; mais il n’avait jamais
exercé sa main à tenir une épée, en
core qu’il se fut battu deux fois, non
sans bravoure, non sans une absolue
correction, avec M. Papillaud et avec
M. Canrobert. Or, il ne viendrait à la
pensée de personne d’insinuer qu’il
dût posséder son Châteauvillard.
Notre distingue confrère, M. Ranc,
rappelait en une de ses dernières chro
niques, le souci qu’avait Jacob, le
célèbre maître d’armes, de connaître
si un adversaire coupable d’incorrec
tion avait l’habitude des armes, avant
de prononcer contre lui l’arrêt de sa
conscience. Jacob ne condamnerait
certes point M. Hubbard.
*
* *
A défaut des adversaires, on ne sau
rait trop se pénétrer de la nécessité de
choisir pour témoins des hommes
d’escrime, accoutumés au jeu de l’épée.
Un tel choix devient de jour en jour
plus indispensable,puisque nos mœurs
n’ont point aboli l’institution du duel.
C’est l’opinion de Louis Mérignac, le
distingue professeur d’armes, le « roi
du fleuret », comme l’appelait Adolphe
Tavernier, que les incidents de ren
contres sont toujours dus à l’inexpé
rience ou à l’inattention des témoins.
Combien de fois le Patron, — c’est
ainsi que familièrement nous l’appe
lons, dans la salle de la rue Joubert où
il nous enseigne son art avec tant de
maîtrise, — combien de fois ne nous
l’a-t-il point répété : « Si vous tenez
absolument à échanger la paille de
fer, prenez des témoins au courant de
l’escrime, sachant tirer, — et les meil
leurs tireurs possible ! »
« On n’est jamais tué que par ses
témoins », a dit un homme d’esprit.
C’est qu’ils trahissent leur devoir, sou
vent, et inconsciemment, parce que,
en général, sauf exceptions, ils sont
incapables de remplir la délicate et
lourde mission qu’ils ont acceptée.
Châteauvillard professait que tout té
moin qui a manqué à son mandat,
dépassant les pouvoirs qui lui sont
confiés, est responsable vis-à-vis de
son tenant du dommage causé à son
honneur.
Les témoins ont le devoir strict
d’unir et de multiplier tous leurs efforts
afin de régler le conflit, sans effusion
de sang, voire de réconcilier les adver
saires. Si une rencontre entre ceux-ci
devient impossible à éviter, c’est une
faute d’en vouloir brusquer le dénoue
ment, d’ordonner que le duel ait lieu
sur l’heure, sans désemparer, alors
qu’une nuit de sommeil porterait de si
sages conseils, sinon d’apaisement et
d’oubli, au moins de calme et de sang-
froid. Un duel aux lanternes peut tou
jours être dangereux et une rencontre
entre adversaires vivement surexcités,
— tel fut le cas, au parc de Saint-
Cloud, — peut aboutir à des consé-
quences désastreuses. N’est-ce pas
chose terrible de vouloir disqualifier
un galant homme indiscutablement
brave, courageux et loyal, incapable
d’une félonie ou d'un crime ?
crime. Ni félon, ni traître, mais tireur
inhabile, inexpérimenté, malheureux!
Sa main gauche n’a fait qu’une sorte
d’opération de police de la rencontre,
opération à laquelle il est regrettable
que les témoins n’aient point procédé
plus tôt, ce qui aurait évité un inci
dent fâcheux.
On a observé, en outre, que l’épée
de M. Paul Déroulède avait été tordue
à cinq centimètres environ de la co
quille, — d’où cette conclusion qu’elle
a été tordue par M. Hubbard lui-
même. On imagine volontiers, cepen
dant, que la lame en est d’excellente
trempe. Comment supposer qu’elle ait
été ainsi déformée dans sa partie la
plus rigide par une main d’homme,
alors que pour y réussir il faut dé
ployer une force musculaire considé
rable que ne possède certes point
M. Hubbard, et que, d’autre part, il
faut admettre, pour rendre l’hypo
thèse vraisemblable, que la main de
M. Paul Deroulède a fait office d’un
étau immobile et puissant! L’expé
rience se recommande d’elle-même aux
amateurs qui fréquentent les salles
d’armes. Elle montrera l’inanité de
l’accusation que vainement l’on essaye
de produire contre M. Hubbard.
Les hurleurs de Vantisémitisme ne se
souviennent - ils donc plus qu'ils n'ont
fait cracher ce qu'ils ont voulu à l'homme
aux guêtres blanches que le jour où ils
ont daigné se taire sur lui ?
Qu'ils se taisent et ils auront les trois
millions ! Qu'ils se taisent et fassent sim
plement entrevoir à M. Laferrière la
perspective d'une publication de papiers
de famille, de lettres piquantes, de cartes
sensationnelles, ci histoires un peu salées
et M. Laferrière, sur l'illustre exemple
du bel ami de Nicolas, s'empressera de
mettre les fonds, les dignités et les hon
neurs dont il dispose à la discrétion de
ces braves gens.
Il est vraiment extraordinaire que ce
soit un pauvre diable de naïf homme qui
doive donner de tels conseils à d'ha
biles flibustiers qui ont su plumer jus
qu'au chef de l'Etat.
Ils veulent les trois millions! Il faut
qu'ils lésaient, que diable! ou leur répu
tation d'irrésistibles brigands est perdue.
LE PIC.
n’aurait pensé qu’à son salut, laissant les
passagers se débrouiller comme ils pour
raient, repoussant même à coups d’aviron
ceux qui s’accrochaient à eux en désespérés.
Quant aux officiers, ayant perdu du coup
toute autorité, il ne leur restait plus qu’à
sauver l’honneur en se laissant noyer passi
vement.
Bref, l’égoïsme humain s’est étalé dans
toute son horreur. Les femmes tendaient
vers les canots leurs mains suppliantes. Et les
canots, montés par vingt personnes quand
ils pouvaient en porter cinquante, se sont
éloignés. Ce cri instinctif :
«ma peau
d’abord », des marins l’ont crié. Que diriez-
L’acte reproché à M. Hubbard, acte
qu’il fut d’ailleurs le premier à avouer
et à regretter, a été observé, selon
les termes du procès-verbal, « après
un vif engagement et au moment d’un
corps à corps. » Cela veut dire que la
phrase d’armes était interrompue par
le corps à corps; le combat avait eu
lieu sans qu’aucune incorrection eût
été constatée. Selon le témoignage du
médecin de M. Paul Déroulède, M. De-
villers, de qui le Petit Journal tient de
minutieux détails sur la rencontre, les
adversaires s’étaient en effet rappro
chés poitrine contre poitrine, sans
hélas! que les témoins eussent en
temps utile empêché ce corps à corps.
Ils ne pouvaient donc en cet instant
se toucher ni l’un ni l’autre; c’était
impossible.
C’est dans ce même instant, pen
dant le corps à corps, que M. Hubbard
laissa tomber sa main gauche... Ce
fut automatique, impulsif, nerveux,
ce ne fut point un acte réfléchi de sa
volonté, un acte par conséquent dé
loyal et répréhensible, — ce fut ce que
les hommes de science appelleraient
un mouvement réflexe de la sensibilité
nerveuse. Acte regrettable, sans doute,
mais involontaire et dont M. Hubbard
ne saurait être rendu responsable. Il
n’en doit point pâtir. Il n’a nullement
immobilisé l’épée de son adversaire
pour se servir de la sienne et blesser
M. Paul Deroulède, — ce oui eût été
Les incidents qui ont suivi ce duel
au dénouement si négatif et si impré
vu, les nouveaux échanges de témoins
et les procès-verbaux qu’ils ont pro
voqués, attestent aussi bien, qu’un
galant homme tel que M. Hubbard ne
saurait être disqualifié pour si peu.
S’il en était autrement, le procès-
verbal de la rencontre de Saint-Cloud
devait clore toute espèce de négocia
tions nouvelles. Or, il n’en fut rien.
Des témoins ont été constitués, qui
ont échangé des commentaires parfois
inattendus sur le caractère du procès-
verbal de ce duel, qui ont refusé la
constitution d’un tribunal arbitral et
déclaré qu’il n’y avait pas motif à
rencontre lorsqueM. Hubbard deman
dait une réparation pour des com
mentaires qu’il estimait injurieux.
On constitue donc des témoins pour
répondre à la démarche d’un adver
saire qu’on prétendait avoir disqua
lifié ? Et l’on discute avec ses amis s'il
y a ou non motif à rencontre nou
velle ?
Qu’en pense M. le duc Féry d’Es-
cland, qui connaît à fond le code de
Châteauvillard ?
Pour nous, la question n’est pas
douteuse. A cette heure où, selon l’ex
pression si pittoresque et si vraie
d’Emile Zola, les « cannibales » gou
vernent ce malheureux pays, il ne nous
surprend point que l’on veuille déchi
rer à belles dents la réputatian des
meilleurs d'entre-nous. C’est dans l'or-
dre. — ou plutôt dans le désordre des
choses actuelles. L’opinion ne sera
point dupe des fureurs impuissantes
de ceux qui pour faire diversion aux
graves préoccupations de la cons
cience publique, n’hésitent point à ou
trager gratuitement les honnêtes gens
qui passent. Les mœurs de ce temps
nous ont, hélas ! accoutumés à ces
pratiques de cannibalisme. Nous sau
rons nous défendre contrôles excès de
cette sorte et rendre hommage aux
citoyens qui, défendant le Droit op
prime, la Justice égorgée et trahie, et
la République violée par la pire des
réactions, mettent au service de cette
cause généreuse, le courage, le talent
et le désintéressement auxquels M.
Hubbard nous a accoutumes. Et celui-
là est un galant homme digne de tous
égards, qui peut invoquer de tels états
de service.
MAXIMILIEN CHAMPAGNAC.
Les DROITS DE L'HOMME publiè
rent demain un article de
JEAN AJALBERT
Pour les Trois Millions
Les escrocs de Vantisémitisme croyaient
pouvoir mettre à Alger un brave homme
pas trop regardant sur le coulage des trois
millions de francs de fonds secrets algé
riens que le gouverneur peut distribuer
à ses amis et connaissances. Trois mil
lions! vous pensez que ça n'est pas un
gâteau que les antisémites vont aban
donner aux 1 bonnnes œuvres. Alors,
comme M. La ferrière ne parait pas dis
posé, à première vue, à distribuer ses
trois millions de fonds secrets aux escrocs
de la bande « Drumont qui gagnent vrai
ment assez avec le chantage contre les
Juifs, ces gaillards font à M. La ferrière
une guerre qui n'a de précédent que celle
qu'ils ont faite jadis, au bon monsieur
Félix.
C'est extraordinaire comme en France
Cexperience est cnose perdue.
NOTE OFFICIEUSE
Tous les journaux du Hulan insèrent, ce
matin, cette note qui donne la mesure de
leurs angoisses ;
On a fait courir le bruit dans la soirée que
M. Cavaignac, ministre de la guerre, avait
donné sa démission.
Nous pouvons affirmer de la façon la plus
catégorique que cette nouvelle est absolument
démentie au ministère de la guerre.
La note en question émanant d'une façon
évidente de la rue Saint-Dominique, vous
jugez de la tranquillité d ame de tous ces
gens-là.
M. Ernest Judet n’a pas répondu.
Soyons patient. Il se promène peut-être
sur la Côte d’Azur et notre généreux
avertissement ne sera pas parvenu jus
qu’à lui.
Ou bien il médite.
La confection d’un article du Petit
Journal n’est pas une chose ordinaire,
surtout lorsqu’il s’agit de la personne du
directeur politique.
Songez qu’il est nécessaire de réunir
un faisceau de sympathies composé des
«grands» de l’Elysée, des «humbles»
des loges et des « honorables » du gou
vernement.
Je me borne donc à dire une seconde
fois à M. Ernest Judet, notre « grand
écrivain national » :
A quelle époque M. Ernest Judet a-t-il
fait son service militaire?
Où l'a-t-il fait?
Si M. Ernest Judet répond d’une façon
satisfaisante à ces questions, il détruira
cette insidieuse légende, accréditée un
peu partout, qui veut contester l’excel-
lence de son patriotisme.
S’il ne répond pas... nous déposerons
des conclusions.
HENRI DAGAN.
LIBRES PROPOS
RAPPORT OFFICIEL
Qui dit rapport officiel dit mensonge. C’est
un parti-pris en France, chez les gens en
fonctions, de cacher la vérité quand elle n’est
pas belle. Témoin le rapport sur le naufrage
de la Bourgogne qui a paru dans tous les
journaux et qui prétend clôturer au plus vite
les polémiques engagées de l’autre côté de
l’Atlantique, comme de celui-ci, sur la con
duite de l’équipage de ce paquebot.
Satisfecit pour tout le monde — excepté
pour les Autrichiens, naturellement. Ce sont
des étrangers. On peut les charger. L’hon
neur national n'en reluit que davantage —
ceux qui se sont noyés, admirables; et ceux
qui ont échappé, encore plus admirables.
C’est ainsi qu'on rédige d’ordinaire les bul
letins de bataille : l’ennemi a fui honteuse
ment; mais les Français, comme toujours, se
sont surpassés.
Chaque peuple en fait autant, d'ailleurs.
Aussi, quand vous lisez le récit d’une même
époque dans deux histoires de langue difé-
rente, ne diffèrent-elles qu’en ceci : que cha
cune attribue aux autres les lâchetés, les
crimes, et à soi les grandes actions. Il règne
une sorte de complicité nationale à déguiser
ce dont on n’a pas sujet de tirer vanité. Dans
quelques années, il sera admis que nous
avons été tous des héros en 1870, que nos
généraux furent tous des aigles, et les histo
riens officiels écriront des phrases comme
celle-ci . « L’héroisme de nos soldats ne put
avoir raison de la fatalité ».
La fatalité a bon dos. Elle a un dos d’au
tant plus large qu’il est impossible de le
mesurer. C’est la fatalité qui a fait qu’en
quarante minutes, temps qui s est écoulé
entre la collision de la Bourgogne avec le
voilier anglais et le moment où elle a som
bré, on n’a sauvé qu’un sixième des passa
gers, alors que la mer était calme et
que le voilier anglais, ayant stoppé, était
prêt à recevoir les naufragés
Malheureusement, quelque entente qu’il y
ait pour cacher les vilenies, elles transpi
rent un peu par quelque petit trou de lu
mière. En même temps que le rapport offi-
ciel, paraissait dans le Matin le témoignage
d’un passager au dire duquel l’équipage
vous de pompiers qui fileraient avec leurs
pompes devant l’incendie ? Ces gens, fami
liarisés avec la mer et ses dangers, ont
perdu la tête tout comme les premiers
venus.
Ceux qui le méritaient, on leur a craché
au visage en arrivant à New-York. Au Havre
on propose de leur décerner des récom
penses ! Je vous dis que nous n'avons pas
changé depuis 1870 ! Vous rappelez-vous ces
extraits que je vous ai cités du Journal du
Siège, de Francis Garnier ! Une fois Pa
ris capitulé, ce sont des décorations pour
tous les généraux. Il y en eût peu qui les refu
sèrent. Aujourd’hui nous proposons des mé
dailles pour un équipage soupçonné de ne
pas avoir fait tout son devoir. Non, nous
ne sommes pas changés !
EDOUARD CONTE.
LÉGION D'HONNEUR
Demain va paraître à l'Officiel un décret
signé du President de la République, ne sus
pendant pas Esterhazy des prérogatives atta
chées à la croix de chevalier de la Légion
d’honneur.
Quant à la croix de Zola, il est question de
la donner à Fernand Xau, à moins que ce ne
soit à Vervoort...
Vive la République?...
LE GÉNOD MA RINONI
Il n’est pas content de Judet, le gros Mari-
noni.
Son valet de chambre se dérange et com
promet depuis quelque temps la bonne tenue
de la maison.
Dans une maison de l'avenue Friedland, où
le Génois était en soirée, il se laissa aller à
des confidences, ce brave Mari., noni.
— Yudet, il empouasounne ma maison....
C'est un mal blanc qui ne veut point criver !
Le fait est que la vente, malgré les feuille
tons criminels...
,**
L ES GAlTÉS DU SCRUTIN
Un curieux incident vient de marquer la
période électorale dans le canton de Bourgo
gne, près de Reims.
MM. Monnesson-Champagne et Danneaux,
candidats républicains progressistes, le pre
mier au conseil général, le second au conseil
d’arrondissement, avaient organise, hier soir,
une réunion publique électorale dans un café
de la commune de l‘Isles-sur-Suippes.
M. Danneaux a pour concurrent au conseil
d’arrondissement M Gobréau, maire d’Isles-
sur-Suippes; celui-ci assistait à cette réunion.
Quand elle fut terminée, M, Gobréau inter
vint et dressa procès-verbal pour contraven
tion à la loi sur les réunions publiques, qui
veut que déclaration de la réunion soit faite
au moins deux heures avant son ouverture.
* *
DU DERNIER GALAXT
Les jurés des assises avaient à statuer, hier,
sur le cas bizarre que voici :
Le 28 mars dernier, un nomme Rouard
avait invité des amis à dîner insensible aux
charmes du loto familial, ces invités trou
vaient le temps long, et c'est sans doute afin
de les distraire que l’amphytrion tira au des
sert un coup de revolver à la figure de sa
femme.
C’était se mettre, comme vous pensez, dans
un bien mauvais cas, d'autant plus qnc la
femme Rouard déclara que depuis longtemps
son mari voulait « lui faire son affaire. »
C’est M" Jacques Cohen, — celui-là même
qui signe aux Droits de THomms, du pseudo
nyme de Me Jacques les chroniques du Palais,
— qui avait assumé la lourde tâche de dé
fendre ce mari peu galant.
Il faut croire que le talent de l’avocat a su
avoir raison de la difficulté de l’aventure, car
le nommé Rouard a été purement et simple
ment acquitté, après avoir juré d’ailleurs qu il
serait à l’avenir plus galant.
LES YEUX OUVERTS
M. l’abbé Perrin, vicaire à Bourg-de-Péage
(Drôme), vient d’adresser sa démission à l’é
vêque de Valence par une lettre dans laquelle il
dit qu'il s’affranchit du joug clérical pour sui
vre le credo de la raison et de la libre-pensée.
Voilà bien le troisième en moins de quinze
jours.
Pour ceux qui n’ont pas l’ambition du Père
Didon et qui ont son intelligence, le Iroc aux
orties est la plus sage solution.
* *
LES LAURIERS
L’heure des vacances a sonné.
Depuis longtemps déjà, ces entants ridicu
les qu’on appelle députés sont partis dans
leurs foyers.
Le college Rollin a donné hier la volée aux
jeunes élèves. Demain, la Sorbonne enten
dra les ultimes et somptueux flots d’eloquence.
C’est le signal.
Les lauriers seront cueillis.
Nous irons au bois
‘ ’ *‘*
LES GAIETÉS DU PARLEMENTARISME
de
Les journaux allemands ont coutume
publier de petits recueils ou sont assembles
les plus belles naïvetés, sottises, lapsus ou
coqs-à-l’âne échappés aux lèvres des députés
pendant les séances du Reichstag.
Voici quelques-unes de ces paroles mémo
rables, qui furent prononcées au cours de la
dernière session, et qu’envie certainement
Rochefort :
« Notre vœu, c’est que les oscillations de
l’assiette de l’impôt deviennent immobiles...
— L’honorabic M. X... a effleuré la question
en y pénétrant... — Ce point est la base... —
La dent du temps marche vers cet ordre du
jour... — Quand on a négligé de prendre des
précautions à l’avance, il faut les prendre
après coup... — Le commerce du bétail se
meut dans les régions supérieures du domaine
de l’humanité... — Messieurs, si nous com
mençons à pondre des œufs... — Ce n’est un
secret pour aucune personne éclairée que le
ministre des finances s’occupe de questions
d’argent... — L'histoire universelle, pour
autant qu’elle se concentre dans le ministère
royal prussien des chemins de fer, poursuit
paisiblement sa marche... — Je sens un be
soin local... — La rivière Oder, ou la vierge
Oder, si j’ose m’exprimer ainsi, n a de mys
tères ou de voiles en aucune de ses • artics.
ni dans le calme, ni dans l'agitatior
pour les yeux des hydrographes.
n. du m
ENCORE la BASOCHE. — La Cour d’appel de
Douai vient d'acquitter le fossoyeur d Aves-
nes qui avait été condamné en première ins
tance pour vol d'un centime de sable. J'ap-
prends cela d’un vieil avocat, praticien jovial,
et plein de souvenirs, qu’il a recueillis pen-
dant quarante ans d’exercice au même bar-
reau.
Tout en regardant mourir les vagues, il me
conte cent godans, histoires d'accusés, de-
témoins, de juges et de gendarmes Les meil-
leures sont les plus salées. Bo navent ire des
Périers ou Béroald de Verville en cussent fait
leurs choux gras : ils auraient mis en b< nn?
place dans leurs facétieux recueils « la femme
qui montre en rue son direrlissmr » eu la
plaignante qui déclare avoir vu dans sa p. -
turc l’accusé « en train de dévergo nder son
biaudet. « Mais notre pudibonderie ne tolère
pas dans un journal ce qu’elle va chercher
chez nos vieux conteurs. Il faut choisir.
Soyons grave et abritons-nous derrière la ma
gistrature.
Un président fait remarquer au témoin que
sa déposition manque de clarté, que d'ailleurs
il était ivre le jour où se passa l’affaire. L
témoin répond : « Certainement j'étais plein,
j'étais plein comme la justice. »
Le président d’un tribunal son de l’au-
dience à six heures du soir, très fatigué. Il
rencontre dans les couloirs un avocat et, le
prenant sous le bras, lui dit confidentielle
ment : <• Je suis harassé. Maître X nous a
tenus jusqu'à six heures, li croit vraiment que
je suis fait pour m'occuper des affaires des
autres! »
Une femme de soixante-dix ans passe en
correctionnelle pour ivresse et bris de clôture.
Le président l’admoneste : « Vous êtes très
mal notée. Vous étiez autrefois sur le registre
des filles publiques ; pourquoi n etes-vous plus
inscrite? »
Une femme du surnom de Caoutchouc
comparaît en correctionnelle pour avoir dame
en levant la jambe sur la place publique Le
président termine ainsi son interrogatoire :
» Bref, j’ai le regret de vous dire que vous
êtes d'une élasticité regrettable. »
Pour finir, un joli mot d'avocat.
Aux assises, un président entre en conflit
avec le défenseur. Le président à l’avocat :
— « Vous savez. Maître X., vous ne réussi
rez pas à endormir la Cour. Je suis à cheval
sur le droit.
— « Vous avez tort, M. le Président 11 ne
faut jamais monter une bête qu'on ne connaît
La Chronique,
mory.
TRADITIONS RETROGRADES
L’Université a toujours le même esprit
rétrograde. Elle refuse, en 1898, a un de
ses membres les plus brillants, le droif
d exercer un cours libre sur les « principes
du socialisme dans leurs rapport* avec les
idées d’individualité, de moralité, d'art et
de religion, » comme elle s'est opposée, à
des époques anterieures, à ce que d’autres
penseurs éminents puissent élever le niveau
intellectuel de la jeunesse sous prétexte
que leurs doctrines ne plaisaient pas aux
classes dirigeantes.
Le cas de M. Jaurès a un précédent :
c’est celui de l’auteur de la Philosophie po
sitiviste, Auguste Comte. En 1835, Auguste
Comte avait, en effet, sollicité de M. Guizot
une chaire d histoire générale des sciences
dont il proposait la création. Elle lui fut
naturellement refusée et il est curieux do
rappeler, à ce propos, les impressions du
ministre de Louis-Philippe lui-même sur
l’opportunité de cette proposition.
« Il désirait, dit M. Guizot, que je tisse
«
99
»
créer pour lui, au Collège de France. une
chaire d histoire générale des sciences
physiques et mathématiques; et, pour
m’en demontrer la nécessité, il m exposa
lourdement et confusément ses vues sur
l’homme, la société, la civilisation, la
religion, la philosophie, rtistoirc. J’avais
quelque peine, en l’écoutant, à ne pas
m etonner tout haut qu’un esprit si vigou
reux lût borné au point de ne pas même
entrevoir la nature ni la portée des faits
qu i! maniait ou des questions qu'il tran
chait, et qu’un caractère si désintéressé
ne fût pas averti par ses propres senti
ments, moraux malgré lui, de l'immorale
fausseté de ses idées. Je ne tentai mémo
pas de discuter avec M. Comte; sa sin
cérité, son dévouement et son aveugle
ment m inspiraient cette estime triste qui
se réfugie dans le silence. Il m’écrivit peu
de temps après une longue lettre pour
me renouveler sa demande de la chaire
dont la création lui semblait indispen
sable pour la science et la société. Quand
j’aurais jugé à propos de la faire créer.
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