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Titre : L'hypnotisme et la stigmatisation / par le Dr Antoine Imbert-Gourbeyre,...

Auteur : Imbert-Gourbeyre, Antoine (1818-1912). Auteur du texte

Éditeur : Bloud et Barral (Paris)

Date d'édition : 1899

Sujet : Hypnose

Sujet : Stigmatisation (religion)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb356777872

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 63 p. ; 18 cm

Format : Nombre total de vues : 70

Description : Collection : Science et religion : études pour le temps présent ; 65

Description : Contient une table des matières

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k915024

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-R-14946 (65)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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DEBUT D'UNE SERIE DE DOCUMENTS

EN COULEUR


aff~ °s li ~lENCE ET RELIGION ~C)t, Ëtttttes p<*<tp te temp'< présent_ ~HYPNOTiSME. B,

LA-SHGMATISATION g x. ;·~`~ n

PAR

.cn 'Anto~m~

––

i'ROF~SSEM<A;/)~ECO[-E DE MÉDECtKE DE CLERMONT (t8j2-t888) COMMANDEUR DE L'ORDRE DE CHAKI~ESm

''PARIS' LIBRAIRIE BLO~D ET BARRAL $ 4, RUE MADAME ET RUE DE RENNES, 59

1899

ToN9(!roitsréaer,vés.


SCIENCE ET RELIGION

Etudes pour le ten'ps p«'sent. t'rix 0 !r. GO te vol. 't

Certitudes sctentin<)ucs et Certitudes philosophiques, par l' Il. )'. nE LA BARRE, S. J., prof. a t')nstit.ut catholiclue de Paris. 1 vot Dit même a't<e«'' L'ordre de ht nature et Je Miracte. 1 vol. L'Ame d<; t't«nn<Me, paL' J. GumKR'r. supérieur du séminaire de l'Institut M catholique du Paris. 1 vol. f'tut-tt une t'c)i<)i<m '? par )'a)<)))' Guvo'r. 1 vol. –~)tt n:e/He QM/eK; t'<mt<tuui y a-t-H <)<< h«n<mes qu! ne professent aucune t eU;(tMn '? 1 vo! K!eeessit6scientiti<tuede <*extstence<teD«'u,parP.CouRBET i vol. Du même <ttt<eft/' .tcsuM-Cht'tst est Uteu 1 vol. id. Convenance scicnHti<)ue tte t'tncarna-

tion. 1 vol.

Etudes sur ta ptu< aUtc des mondes habites et le do{)me de t'tncafnatimn. par le R. )'. ORTOt.AN.

f.~)<!<:f)ft;'MenMn<~e~c/eof'~ftn~Kea~'MC~'9~ft:Meo~e~('~?t!. 4 vo!. Il. &'Ms et <e/es célestes. 1 vol. H). Les ~tma!n<<es ~M<f<<M et ~7nc«<-fM<t'Uf). 1 vol. Du même <ï<t<eM?*. La t ausse Science c«ntemp<n'a!ne et les Mystères d'Outre-tombe. 1 vol.

i'). Vie et Matiefe ou Matet'iaiisnte et Spit'i-

tualisme en présence de la Cristatt«-

Mente. 1 vol.

i<). Materiatistes et Musiciens 1 vol.

L'Au deta ou ia Vie future d'apt es ia foi et la science, par t'abbé J. LAXENAIRE. 1 vol. Le Mystère de t'~ucharistie. Aperçu seientinuue, par )abb6 CONSTANT. 1 vo). Du même <ï~eM/ Le ~!a!~sa nature, aon "riginc, sa réparation. 1 vol.. –L'E;))ise cat)mti<)ue et les t'r«testants, par G. HoMAtN. 1 vo). DKmemeaK<eH/L'))n<)UtSitton,son rôle ro)igieux,po!itiquectsocia).l 1 vol. Mah<t<net et son <Muvre, par ). L. GONDAL. professeur d'apotogétique et d'histoire au séminaire Saint-S'<)pice. l vo). Du même <M~eK;' L'E;)tise Musse. 1 vol. –ChrtstiantstMOett!«uddhts<ne ~~<M<e<o/'iett~ par l'abbé THOMAS, vicaire généra) de Verdun. 2 vol. Du même <tM<e«< Mteu auteur de la vie. i vot. id. La t~tn du monde d'ap)e« ta Foi. 1 vu)

<~& en est t't'ypn«ti!'it«e, son histoire, sa nature et ses dangers, par A. JsANMAttD DU t)OT, auteur du ,S/wf<Mme dévoilé. l vol. Du memeaM<eif/' Oit en est le Spiritisme. 1 vol. M. L'HypnMtisme et la science catt)oU<tue. 1 vot. i') L'Hypn«tis'ne transcendant en face de N

ta pttttttSMphie chrétienne i vol t


L'Apo)«((eti<)ue ))!'<)«) i()«e nx XtX siet-te. La C< tthtue

it't'ei'~ieuse de Henan, <-tc. par t'nhhéCh. DEMia. 1 vol.

–battue et nis(«itede)a )ihe<-te de conscience, p. !'aht.CANET.l vot.

L'Atii<t<at t'ai'<«tmah!e et t'Aoi'na) tout c'm) t, pu C. r.H

~mwAN. vo'-

La <:«t«-cp<ifm cat))o)i<jue de )'f;nt<-t-, par t'nbhc BftÉMONH. 1 vo!.

t.'Am<ud<'dM<H)f<ti<tU<-devat)t)!<'S<')t't'<-<p.(. t'nK~EnnnE. 1 vol.

/)Mn:eM<'aM<ew: te <attt«)icis<))e et <:< «<')!<)!«« de )'t:~t'it. 1 vol.

Ua ttout.M i) ta Foi. pnr !(' H. P. Tc'[;F~F!nfXR, S. J. 1 vo).

Z~ /xc/n' n!'f~'f« opinions <))< j<n))' M«t' )("< )tt'io<"< d'«utrc-

tfnHhe. 1 ~c'L

tLa Myt~a<<)f))t<; tnod<'rtt<s.') '['tri tient son fuite, par A.F. SAUni~. 1 vol.

V~tH~/oe~f~r t.<;Ta)«m<t<'t, !aS;n:«t<n)«ct')<«<<')'))< 1 vot

);v«!uH<n) et to))t)uta)<i)it<' <!<* )a <)<«'t<'<u<' )'e)i')icu*<e dans

t'P~tise, par ~[. P!tUK)En, snpHrfHur f)e ,;Tan<) sentin~ire. 1 vol.

– La R<'U<ji<tn spo'itf, son do~mc, sa n)0''n!e et ses pratiques, par j. RER'

!KAND. 1 VOL

7)~ ;)te/)!f ffM<tW L.'Occutti'ont' ancien et infuteroc. 1 vol.

t.t!y)n)«t)!Stn<; tra«c et t'Hyjm«tis<)«' n'ai, pnL le D' HÉLOT. 1 vol.

– L'E~tisc et le Tt'avai) )«:«««'), pDrf'nMit'SAMrtER. 1 vol.

tj<t<t<* de t'cspe<;<; htt'naine, /)/uc~ /~r ~i: a/~<7~ < con-

,'e/)<(0<Me<f~.<!<ef<<tOfM~<'<to;M/t:e, par le marquis [)e NAnAU.t.AC. 1 vol.

– 7.)f'' L'Htt)nnt<' et le Minf" 2 vol.

– Le Sociati~ox' f<mt<'n)j«t<'ai« ct)a t't'«[n'i<-<<p. M.G ARnANT 1 vol.

t'om'<t<«ti te H«man a )a nxxte <"<t )) :t))m<n'a) <'t pttt<!<~t«t le

ton~a~t a ht !nfx!<~ n'c't<-i! ~a' tn<n'a) par Ct. <) AxA~tDfjiA. 1 vol

–C<mtntC~t se sont t<n'n)é~ les Kvan<~i)<<, p;u le P. rn. CAî~tES,

'roress~ur au grand semmaîre de Rouen. 1 vol.

t'<f?~e~ /)~/v~e

L'tmpût et les Th<'«)nf)!e«s. 7L'<;<f /)/)f7osop/i!~M~, /)tom~ et fcoHo-

~t:'(/ par le comte de VoRGES, ancict~ ministre plénipotentiaire, membre de

Académie de Saint-Thonms, etc., etc. 1 vot.

Z)K m~e 6t<ft<'M/* Les Re"i'«)t'ts de la V<tt<t«té et le tiht'e

Afbttt'e. 1 vo'.

~!eces!t<5 mathctnatKtue de t'Existcnce de0ien. 7~.t/~t\'a<tona–

0/j:nt'on~ – De/Hons<«<t'o;t, par René (te CLÉRÉ. il vol.

– Saint Thomas et ta Question juive, par Sim&n DEPLOIGE, professeur

t! l'Université Catho!it[uc de I~uvam. 1 vol.

!*tenttet' pt i<K-ipes de S«cio!o;)ie CathoU<jue, par tabbé

NAUDET. 1 VOt.

– La t'atrie. ~l/~e/'p~A~o~o/e et /t~s~or~ pai'J. M. ViLLEFRAN-

OtE. 1 vot.

– Le Oe)u!)C de ~«e et tes races t'tedituvienne'-i, par C. de

KtRWAN. 2 VOt.

– La Samt-Hat'thetemy, par Henri UELLO. 1 vol.


L'Esprit et la Chair P/M'~o/K'e des ma:ce;'a!<ton~, par Henri LASSERRE, auteur de A'b<Da~F ~e /.oM~W<?~, etc., etc. 1 vol. Le t't'obtemc Apoto<)6ti<tue, par l'abbo C. MANo, docteur en phitos~phic. 1 vo'. Le Levier d'Archimede ou la Mécanique céleste et le Cetcstc Mécanicien, par !c It. OMt'oLAN. 2 vot Ce<tueteChrist!anist'<eataitpourtatemnte,p.G.d AxAMiiUjA. 1 vot L'Hypnoti's))'eet!aSti<)tnatisation,par)eD'h<BERT-GouRUE\'Rn. 1 \oi. L'Education chrétienne de la Uemoeratie, essai ~apo~~t~t sociale, par Ch. CAUt'f'E. 1 vo). La Keti;)um caiho!K,MS peut-eHe ê't'e une science ? par ) abbé G. FRÉMOKI'. 1 ~"). /)K n:M:e «tf<e«< Que t'0r<)ueit de t'Esprit est le grand écueil de ta Foi, y7;e«f<o''e ~OM~-oy, Z.a!en<taM, Ernest 7?etief!. 1 vuL La ttevétation devant la Maison, par F. VERDtER, supérieur de Grand S':minaire. 1 vol. – <<mh'et*ies ntuxutmanes. 7/i's<ot/'eD<sct/)<fnc Bife/'a;e/t;f, par JeH.P.PHTtf. j€°'– t'<'ati<)ue Me la Litterte de conscience dans no%~g~< Ctmte<np«<*atnes, par t'abb~ CANET.. vu). Comment peutMnirt'Univers.dapresiasciencc, p.C. UEKtRWAN 1 vol. – Les Théories modernesde ta Ht'imina)itc,pai iu D'DE! Assus 1 .Dt Faillite du M:!tèt'iati"«ne, par Pierre CouKUEr, 3 voL se cen~an~ t'epsrérnent

t.–~ff.~<M'«yM< 1vol. !t.–DMeMMto't;~o'<om<moMce/)!e/t<. 1 vol. Ut. D~CM~to't,' l'éther, ~as, <'«M''<:e<<o<t. Cone~tM'OM.– .pe~M~. 1 vol. Le Ctobe tet'restre, par A. r)E LA~'pAttENT, Membre de l'Institut, professeur a t'Ecote libre des Hautes Etuttes. 3 voL se vendant ~/ja/'e/):ef!<.

J. La 7''o;)t<t<t'wt de ~'eco/'co <cr/'M<e. 1vol. Il. La <M<«/ t~! HtOMcemen~ clc ~'sco/'ee <e/e;!<< 1vol. Ht. La Destinée <<<* la <e/e ,<)te e< /? DM/'ee t<<*s <e/MyM. 1vol. Me ta CoMnaissancf d~ Heau, sat ~<?/!<K'o;t, application de cette <<<.%m<t<m aux beautés de la ;K<<we, par ['abbé GAtiORir, archiprôtre de la Cath<idrate de Nantes. 1 voL – Le BiaMe dans t'itypnotisme, par le docteur Ch. HÉLo-r. 1 vol. Be la t't'osp~t'ite comparée des nations protestantes et des mattonscathoti~ues, <tK/)o;'n< de vue Bconontfytte –/):or<t~ social, parte le R. P. FLAMÉMOK, S. 1 vot. L'Art et la Mfn'ate, par le P. SERTiLLANGES, dominicain, docteur

en théologie. 1 vol. –LttSot'cette)'ie,)mr. BERTRAND.. )yoL –Qu'est-ee<tuet'ÉCt'itut'e sainte? Les ~t'e/'M :)!<'es~<tf)s~<:tt<<- quité cAr~t'eftne. y/teo/'t'f de l'inspiration, par le P. Th. CALMES. 1 vol. Impr. de<Orph.-Appr.d'Auteu!D. Fontaine, 40, rue La Fontaine, Paris.


FM D'UNE SEME DE DOCUMENTS

EN COULEUR


L'HYPNOTISME

ET

LA-~STIGMATISAT ION

G I'wlR TI SA TI 0 N

f- ')

~Le~AntoineIMBERT-GOURBEYRE MÉDECIYE DE CLERMOYT ~I$~2-I$$$~

PROt~BSSE.mt-~A L'ÉCOLE DE MEDECIfE DE CLERMOUT (t852-l888) 1 COMMANDEUR DE L'ORDRE DE CHARLES Jft

PARIS

LIBRAIRIE BLOUD ET BARRAL

4, RUE MADAME ET RUE DE RENNES, 59

~– i899

~°'~ ~'ervés.



INTRODUCTION

Lorsque saint François d'Assise reçut les stigmates

au mont Alverne, il y eut une explosion d'étonnement

et d'admiration dans tout le monde catholique. Le mi-

racle ne fut divulgué qu'à la mort du patriarche séra-

phique. Frère Elie, son successeur, écrivit aux Frères

Mineurs de France « Je vous annonce, leur disait-il,

une grande joie et un miracle inouï. On n'en a jamais

vu de pareil qu'en la personne du Fils de Dieu, qui est

le Christ Dieu. Quelque temps avant sa mort, notre

Père et notre Frère nous est apparu crucifié, portant

sur son corps les cinq plaies qui sont réellement les

stigmates du Christ. »

François fut canonisé par Grégoire IX en t2.28,

moins de deux ans après sa mort. Le S avril 1237, le

même Pape écrivait à toute la chrétienté pour certifier

de nôuveau le miracle des stigmates il affirmait que

ce miracle avait été la raison spéciale pour laquelle le

serviteur de Dieu avait été inscrit au catalogue des

saints. Soixante-quinze ans plus tard, Benoît XI insti-

tuait la fête des stigmates de saint François.

L'événement divin rencontra plus d'un adversaire,

surtout à la Réforme, grande époque de floraison pour

la libre pensée. Pierre Pomponace, un savant du

xvi" siècle, soutint que les stigmates du saint étaient

dus à l'ardeur de son imagination il fut suivi par Cor-

nélius Agrippa, Giordano Bruno et bien d'autres. Bref,

le miracle de l'Alverne fut proclamé par ces prétendus

intellectuels comme une affaire d'imagination restaient

les preuves à fournir, qui ne furent jamais données.

Héritiers directs des Réformateurs, nos libres pen-

seurs modernes ont aussi acclamé l'imagination elle


est même devenue leur argument principal contre

l'ensemble des faits surnaturels. S'agit-il de la stigma-

tisation des saints ou des guérisons merveilleuses de

Lourdes, mais l'imagination est toute-puissante pour

faire des stigmates ou guérir subitement les maladies

les plus incurables.Quant aux extases, visions et révé-

lations,elles s'expliquent naturellement par des halluci-

nations intenses. Et toutes ces insanités sont débitées

avec aplomb, sans la moindre preuve valable. La libre

pensée contemporaine est plus qu'en banqueroute

elle est en pleine débauche scientifique.

D'autre part, il y a du désarroi au camp catholique,

là où il devrait y avoir unité de science, unité de foi.

Depuis les envahissements de l'hypnotisme, beaucoup

de médecins, même des plus pieux, se sont laissés en-

tamer par le rationalisme ils manquent de théologie.

Puis, il existe tout un groupe d'abbés hypnotistes

ils clament l'omnipotence de l'imagination. Ceux-là

manquent de médecine, c'est-à-dire de connaissances

médicales appropriées. Telle est la situation.

Le mal est plus grand qu'on ne pense. Voici que

deux catholiques, en haute situation, sont devenus

partisans de l'imagination stigmatogène, comme Pierre

Pomponace < /M~< quanli.Le premier,docteur Ferrand,

de Paris, a écrit de longs articles pour établir sa thèse

le second, tout un livre, c'est le R. P. Coconnier, do-

minicain. Leur thèse connexe est celle des libres pen-

seurs contre la stigmatisation divine c'est dire qu'elle

est radicalement fausse.

LaProvidencem'ajeté,depuis une trentaine d'années,

dans 1 étude des questions surnaturelles j'ai passable-

ment écrit sur ces matières (i) je continue.

i~ 1873. –Z~MM/M~, a vot., in 12. XX, 3o4-3i8.–

Paris, Palmé.

Lettre à ~M/ sujet de

/<t&t<M<M~' de ZoM~Z~~M. (Z'6/~M' 27 mai.)

1876. La ~~M/MOM~ /M/ penseurs. (Z'MM-

vers, 5 et 6 janvier.)


INTRODUCTION 5

Le présent tract a pour objet de réfuter plus à fond

la thèse de l'imagination stigmatogène, et de démon-

trer que l'hypnotisme est en lui-même extra-naturel.

Après avoir posé les principes théologiques et scien-

tifiques qui serviront à la discussion, il sera procédé

aux débats où le docteur Ferrand et le Père Coconnier

seront principalement mis en cause. Cette nouvelle

étude est un apport considérable à mes autres travaux.

1804. La ~<~WO!/M~M«, l'exlase divine et les miracles

de Z<w~'y, 2 voI.,m-8°,XLI,5:r6 et 576.– Clermont-Ferrand,

Bellet.

1895.–~ ~Md'OM.–CM~ aux articles de SPEC-

TATOR. (Le Monde, 18 février.)

J?~M~ <t ~<M~ criliques sur la stigmatisation. (LI Uni-

vers, 3o août, 2 et 7 septembre.)

Le docteur Ferrand ~M/M/(.6~'t'T6 dé-

cembre.)

,8gg. Une question ~o/o~~a~. Le Père Coconnier

~MC/&<MF. (L'Univers, 6, 8 et 9 juin.)

La stigmatisation, 2' édition. Prix y fr. Clermont-

Ferrand, Bellet, éditeur. Paris, Ch. Amat, rue Cassette. –

Bioad et Barrât, rue Madame.



~1 L'HYPN(mE ET LA ~T~ .~T~T~~

1

Stigmatisation divine.

Parmi les nombreux faits de stigmatisation recon-

nus d'origine divine par l'Eglise, il en est quelques-

uns qu'elle a consacres par le cuite, comme les stigma-

tisations de saint François, sainte Claire de Montefalco,

sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse et sainte

Véronique Giuliani. Elle a institué la fête de l'impres-

sion des stigmates de saint P'rançois, de sainte Cathe-

rine de Sienne, celle de la Transverbération du cœur

de sainte Thérèse. Elle a mentionné dans les Oraisons

le fait de leur stigmatisation, aux offices de saint Fran-

çois, de sainte Claire, de sainte Thérèse et de Véro-

nique Giuliani.

Par ce culte, elle impose ces faits à notre croyance,

non comme étant de foi divine ou révélée, mais en

vertu de son infaillibilité personnelle qu'elle engage

ici de la manière la plus incontestable. D'autre part,

de l'obligation de prier découle l'obligation de croire,

Z<ec~M~ credendi et quand l'Eglise, par exem-

pte, aux fêtes de saint François et de sainte Thérèse,

nous invite à prier Dieu tout-puissant en disant

« 0 Dieu, qui avez marqué votre serviteur François

des signes de la Rédemption. Vous qui avez trans-

percé le cœur de Thérèse d'un dard enflammé », il se-

rait étrange qu'on pût rappeler à Dieu les magnifi-

cences de son amour, sans être obligé d'y croire de

croyance intégrale.

II est donc avéré que l'Eglise tient la stigmatisation

divine pour un miracle. Elle l'impose forcément à notre

croyance nous ne pouvons lui refuser notre foi sans

pécher.

Le miracle des stigmates sacrés. l'Eglise l'a proclamé

liturgiquement de la manière la plus explicite pour


saint François, sainte Catherine de Sienne et sainte

Thérèse, en établissant des fêtes spéciales en l'hon-

neur de leur stigmatisation aussi en mentionnant dans

leurs offices les stigmatisations de sainte Claire de

Montefalco, sainte Françoise Romaine, Elisabeth de

Reute, Mathieu Carreri, Stéphanie de Soncino, Lucie

de Narni, Catherine deRacconigi, Catherine de Ricci,

Charles de Sezze, et sainte Véronique GiuJiani. Un

outre, le miracle de., stigmates a été reconnu implici-

tement par l'élévation aux honneurs des aute!s d'une

soixantaine de stigmatisés. Ce qui ne veut pas dire

que toute stigmatisation, tous stigmates, soient un

miracle seule, la stigmatisation divine est miracu-

leuse. La stigmatisation des saints n'est pas une opi-

nion libre qu'on peut débattre dans un sens ou dans

l'autre elle s'impose à notre foi.

II

Les lois du sang.

L'homme en pleine santé ne perd son sang par au-

cune voie il en est de même de la femme, exception

faite de ses hémorragies mensuelles. Cette absence de

toute hémorragie, chez l'homme bien portant, est attes-

tée par l'observation universelle. Qui a jamais vu, par

exemple, un homme en pleine santé perdre du sang

par la peau, à moins d'être blessé 1

Non seulement l'homme physiologique ne perd pas

de sang, mais il lui est impossible d'en perdre ce

qu'ont prouvé les belles expériences du professeur

Bouchard sur les animaux. Il a lié les veines jugulaires

du lapin, de manière à accumuler tout le sang dans la

tête. Les oreilles de l'animal se sont congestionnées

elles ont même rougi, mais il n'y a pas eu la moindre

exsudation sanguine à la peau. Il a lié aussi l'aorte

abdominale pour projeter tout le sang dans la région

céphalique, et le sang n'est pas encore sorti. Bien

plus, il a injecté un autre sang dans le torrent circula-

toire pour augmenter sa pression sur les parois vascu-


laires, et ces parois ne se sont jamais rompues pour

laisser échapper le liquide.

D'autre part, on a pu calculer mathématiquement la

tension du sang, c'est-à-dire la force dépensée par le

cœur pour pousser le sang dans les vaisseaux elle a

été évaluée à if) centimètres au maximum. Or, le pro-

fesseur Bouchard a démontré qu'il fallait une tension

de 78 centimètres pour que les parois des capillaires

de la peau se rompissent, donnant passage au sang.

Au fond, l'éminent professeur n'a fait que confirmer

expérimentalement une vérité universellement recon-

nue, comme quoi l'homme physiologique ne perd ja-

mais de sang.

Ht du coup, on est force de conclure que les stig-

matisations divine et diabolique sont nature'iement

impossibles et constituent deux faits extra-naturels.

Seule est possible la stigmatisation humaine qui se fait

à coups d'épingle, de canif ou autres instruments,

mais ce n'est là qu'une fausse stigmatisation.

Par là même, l'imagination prétendue stigmato-

gène est déclarée impossible. Elle ne peut agir sur la

masse sanguine que par le cœur or, comme celui-ci

est impuissant dans l'état normal à faire sortir le sang

par la peau, l'imagination est condamnée à la même è

impuissance, puisque l'instrument lui fait défaut. Donc,

la thèse de l'imacrination stigmatogëne est ruinée en

principe. Z, el

Seul, l'homme malade ou blessé peut perdre du

sang. En dehors du traumatisme, les hémorragies ont

des lois et coutumes qu'il est urgent de connaître pour

la discussion.

Au fond, la maladie est le grand facteur des hémor-

ragies. Son pouvoir est énorme hémorragies de la

peau, hémorragies intestinales hémorragies à l'inté-

rieur des tissus ces dernières,dites interstitielles, sont,

de toutes,les plus fréquentes, constituant à elles seules

presque toute l'anatomie pathologique. Autant sont

fréquentes les hémorragies internes, autant sont rares

les hémorragies spontanées par la peau. Je dis sponta-

nées, par opposition aux hémorragies traumatiqucs


1V nl.~J."V"oJ'1U,

qui,naturellement, sont d'une fréquence extrême. Pour- tant, ces hémorragies cutanées devraient être les plus M fréquentes, puisque la peau est le siège habituel d'une foule d'affections aiguës ou chroniques, où le sang apparaît visiblement à la surface en force et abondance, tout prêt à sortir et ne sortant jamais.

Les hémorragies de la peau sont si rares que la plu-

part des médecins passent leur vie entière sans en voir un seul cas. C'est que, dans le monde pathologique, il n'y a que deux ou trois maladies où on les voit se produire l'hémophilie, l'hématidrose et la déviation des menstrues, trois espèces morbides excessivement rares il est même des médecins qui mettent en doute les hémorragies supplémentaires chez la femme. j Dans l'hémophilie, les hémorragies cutanées sont ( elles-mêmes très rares, dans la proportion d'un vingt- cinquième seulement, tandis qu'elles sont bien plus fréquentes par les autres voies. Nous sommes donc ici en présence de raretés pathologiques, que les méde- cins ne connaissent guère que de nom, et qui n'ont été observées que par quelques privilégiés. C'est ce qui explique comment saint Hilaire a pu dire que la sueur de sang était contre nature, Contra naturam est sudare ~M~w~~M – comment Scaliger niait les sueurs de sang, parce qu'il n'en avait jamais vu.

Etcommel'imagination ne peut pas être mise en cause

dans les trois maladies précitées, il s'ensuit que la création des stigmates par imagination est aussi impossible en pathologie qu'en physiologie. Conclusion: il n'y a pas d'imagination stigmatogène.

III

L'imagination stigmatogène.

Mais je vois s'élever contre moi tous les partisans de

l'imagination stigmatogène. Cette armée est singulièrement composée on y voit de tout, des juifs, des protestants, des catholiques, des libres penseurs, des


francs-maçons, de pieux médecins, de pieux abbés,

même des théologiens. Quelle macédoine 1

Et tous de s'écrier Quoi vous oubliez l'imagi-

nation et toutes ses puissances, le rôle immense qu'elle

joue dans le composé humain vous niez donc l'in-

nuence du moral sur le physique ?

Non, je n'oublie rien, je ne nie rien. Seulement,

je prétends que les pouvoirs de l'imagination ont une

limite qu'elle n'a pas la puissance de faire sourdre la

moindre gouttelette de sang à la peau de plus, j'en-

tends que, ces stigmates sacrés que Notre-Seigneur

Jésus-Christ imprime parfois sur le corps de ses élus,

vous n'en fassiez pas une affaire d'imagination.

Telle est ma thèse; je l'ai démontrée, a ~'c~ en

établissant que toute hémorragie, interne ou externe,

est impossible physiologiquement. Voici d'autres preu-

ves visibles pour tout le monde; il n'y a qu'à ouvrir

les yeux.

Considérez, je vous prie, un homme qui subitement

est en proie à l'émotion la plus vive. Soudain son front

rougit, toute la face s'injecte. Le sang y afflue en

quantité telle qu'il y a turgescence des tissus. Il sem-

ble que le liquide rouge va sortir à travers la peau, et

cependant, jamais on n'a vu ce front qui rougit verser

la moindre goutte de sang. Cela est si vrai que l'on

dit souvent « Il est des fronts qui ne savent pas rou-

gir. » A-t-on jamais dit « II est des fronts qui ne

savent pas saigner. » Toutefois l'imagination émue a

témoigné ici d'une puissance énorme. C'est bien elle

qui a poussé le sang à la face il est étonnant qu'elle

ne puisse pas faire sortir par la peau ce même sang

qu'elle y a projeté avec tant de force. Puissance et im-

puissance cependant le sang ne demande qu'à sortir.

Il suffit d'enfoncer une aiguille, la plus fine, dans les

couches superficielles de la peau, pour que le sang

jaillisse avec la plus grande facilité. Ce petit instrument

fait, même lorsque la circulation est paisible, ce que ne

peut pas faire l'émotion la plus vive, alors que le sang

est poussé avec violence à la périphérie. Quel ensei-

gnement 1 Et comme il faut du sang pour faire des


stigmates, et que l'imagination ne peut pas en fournir, il n'y a donc pas d'imagination stigmatogcnc.

Voyez encore dans les rues ces ouvriers qui sou-

lèvent. ou mobilisent de grands fardeaux. Ils y vont de tout leur cœur, ils suent sang et eau suivant l'expression vulgaire beaucoup d'eau, en effet, mais du sang, pas une seule goutte.

Voulez-vous une particularité physiologique ? Je ne

crains pas de l'aborder, parce qu'elle fait preuve. L'imagination a un pouvoir incontestable sur trois liquides de l'économie les larmes, la sueur et le liquide prolifique. Elle est puissante sur ce dernier, surtout dans l'état de rêve les continents, les chastes en savent quelque chose.

Mais, dans le même état de rêve, l'imagination n'a

aucun pouvoir sur le liquide rouge. Combien fréquents les rêves, où l'on se croit blessé en duel ou sur le champ de bataille Il semble que le sang coule sur les membres mais bientôt on est éveillé par cette émotion imaginaire instinctivement on se tâte le corps à l'endroit soi-disant blessé, sans y trouver la moindre goutte de sang, et pourtant dans cette double expérience, l'une positive, l'autre négative, l'imagination a affaire à deux liquides essentiellement vitaux, l'un qui propage la vie, l'autre qui l'entretient. Pourquoi cette différence ? C'est que la loi conservatrice du sang fonctionne aussi bien dans l'état de rêve que dans l'état de veille, et que l'imagination est forcée de lui obéir. Mais à quoi bon ces particularités ? Ne suffit-il pas

de contempler l'humanité entière, aux prises chaque jour avec ses propres passions la colère, l'indignation, la honte, l'envie, la volupté, la fureur des combats pour constater que, sous ces influences morales si diverses, le sang se précipite avec violence aux frontières de la peau sans pouvoir les franchir. Même, ne suffit-il pas de contempler les fronts humains qui, tous les jours, rougissent et ne saignent jamais. N'estil pas évident qu'avec l'imagination, le sang n'a qu'un droit de circulation et n'a aucun droit de sortie ?

Ce sont là des faits visibles, palpables, compréhen-


sibles pour tous, savants et ignorants faits qui constituent des vérités de sens commun et les érigent en lois.

La loi conservatrice du sang domine même toute l'échelle animale. Les animaux ont aussi leurs passions, et on ne les a jamais vus perdre leur sang a l'extérieur, à moins d'être blessés. Tout ce qui a vie et sang est soumis à la même loi.

Ht maintenant, comment oser dire que la stigmatisation n'est qu'un fait d'ordre naturel, et que l'imagination pieuse peut imprimer sur le corps humain les stigmates sacres ?

Ô stigmatogènes, vous n'êtes que de piètres observateurs et vos thèses n'ont pas le sens commun.

Ainsi, dans l'état de santé, le sang ne sort jamais du corps humain dans l'état de maladie, il ne sort par les voies de la peau que dans des cas rarissimes et toute sortie lui est interdite sous l'influence de l'imagination. Comme le sang est admirablement gardé Il semble que Celui par lequel toutes choses ont été faites, ait prévu les objections contre ces stigmates qu'il devait imprimer un jour sur la chair de ses élus. On dirait qu'il a bâti le corps humain en conséquence.

IV

Observations préliminaires.

Une preuve historique considérable contre le pouvoir stigmatogène de l'imagination, c'est le silence dela stigmatisation pendant les douze premiers siècles, argument M/yK~j~y. Si, pendant cette longue période, l'imagination n'a pas fait de stigmates, c'est qu'elle était radicalement impuissante à faire sortir la moindre goutte de sang à la peau, et, cependant, quelle époque fut jamais plus favorable à la stigmatisation, que les premiers temps de l'ère chrétienne, et quand, au xn~ siècle,ont surgi les stigmatisations divines, forcément l'imagination n'y a été pour rien. Comment


aurait-elle fait dans les six derniers siècles ce qu'elle n'avait pu faire durant les douze premiers, et c'est justement ce silence de douze cents ans qui met la stigmatisation divine complètement a l'abri des attaques des libres penseurs. Lors même qu'il y aurait, par impossibilité, une imagination hémorragigcne, ce silence ne prouve-t-il pas que la folle du logis ne peut pas opérer sur le terrain de la stigmatisation et y produire les marques sanglantes.

La stigmatisation ne consiste pas seulement dans

cinq plaies les marques divines n'en sont que l'ccorce. Ces plaies ressemblent a toutes les autres, n'en différant que par leur origine supposée,leurs lieux d'élection, leur évolution, quelquefois des accidents miraculeux, ce qui est fort rare.

Dans la stigmatisation, il y a aussi l'extase qui en

est l'àme, les marques extérieures n'en étant que le corps. Mais l'extase est chose fort compliquée. Les extatiques, par exemple, reconnaissent les objets saints et bénits ils discernent les personnes, les consciences €t prophétisent. Parfois, leurs corps jettent des parfums, des lumières incomparables même, ils peuvent s'élever en l'air, y rester longtemps suspendus <"i). Croyez-vous qu'on puisse expliquer ces faits merveilleux par l'imagination? Le tenter serait imbécile. Si, nonobstant, vous soutenez que l'imagination est ici réellement en puissance, comment se fait-il, que, possédant vous-même cet instrument, vous ne vous en serviez pas pour vous élever aussi en l'air? Un résumé, puisque la stigmatisation ne relève pas du pouvoir imaginatif, à plus forte raison l'extase.

Il sera question, plus tard, de stigmates obtenus par

hypnose mais il manquera toujours aux stigmatisés de l'hypnotisme, d'avoir des stigmates, comme les stigmatisés du Seigneur, d'avoir leurs extases, leurs dons gratuits et leur sainteté.

J'ai dit que la thèse de l'imagination stigmatogène

i. Cfr. La ~MaA'M~M, t. 2., chap. de XV à XX.


n'avait pas le sens commun donc elle manque de.

logique.

Prenons, par exemple, dans le tas, quatre belligé-

rants. Voici d'abord le docteur Beaunis, professeur

de physiologie à l'école de Nancy c'est un libre pen-

seur. 11 nous dit « Il suffit de regarder avec a~M-

lion une partie de son corps, d'y penser yo~M~M~

~~M~y// quelque temps, pour y éprouver des sensations

indéfinissables, des picotements, des ardeurs, des bat-

tements, etc. » Et il ajoute qu'on en trouve lapreuve

~cc~K.yy~'o~ chez ces fameux mystiques du

moyen âge, dont le front, les mains, les pieds, étaient

aux heures d'extases le siège de fluxions, de sueurs

de sang et même de véritables plaies.

Le fait expérimental invoqué par M. Beaunis serait-

il réel, il est interdit de conclure de sensations indéi:-

nissables à des plaies, des hémorragies, des tumeurs

le saut est par trop démesuré, et l'on ne voit pas

trop comment les mystiques du moyen âge deviennent

une preuve frappante en la matière. Que M. Beaunis

regarde son pouce avec attention, qu'il y pense forte-

ment, mais très fortement, et il verra s'il y fait surgir

une plaie, une hémorragie, une tumeur ou verrue quel-

conque. Si le professeur de physiologie croyait être

en sûreté de conscience au point de vue de la logique

et du bon sens médical, il se tromperait fort. 22,

Un autre libre penseur, M. Albert Lemoine, nous dit

gravement (c'est un philosophe)

« L'influence de l'âme sur les organes et les fonc-

tions de la vie nutritive est certaine, depuis la rougeur

dont le sentiment de la honte colore le front du men-

teur, jusqu'aux stigmates que l'adoration d'un Dieu

crucifié fait apparaître en des jours déterminés aux

mains, aux pieds, au flanc d'un extatique. »

Et tout cela est dit en style empêtré. Evidemment,

le philosophe s'est inspiré du physiologiste et moi,

je réclame aux deux préopinants des preuves tirées

directement de l'expérience et de l'observation. Fils

dévoué de la méthode expérimentale, il me faut abso-

lument des pouces qui saignent après y avoir /o~-


mentpensé; des fronts rougis par la honte, mais qui

aient au moins saigné et comme ces honorables ne

peuvent pas produire ces deux pièces d'anatomie pa-

thologique et que personne au monde ne les fournira,

ils auraient mieux fait de ne pas poser devant le public

des conclusions fausses qui choquent les deux bons

sens, le vulgaire et le médical.

Le docteur Ferrand et le R. P. Coconnier ont adopté

l'idéeBeaunis.Mais comment ne se sont-ils pas demandé

s'il était rationnel de conclure d'une partie du corps

longtemps contemplée et~c~~c/M. à la pro-

duction sur place d'une hémorragie ou d'une plaie

quelconque ? La question en valait la peine.

Tous illogiques, les belligérants de l'armée stigma-

togène.

V

Le docteur Ferrand.

Médecin des hôpitaux de Paris, membre de l'Aca-

démie de médecine, le docteur Ferrand est en même

temps président général des sociétés de Saint-Luc,

Saint-Côme, Saint-Damien association entre tous

les médecins catholiques de France, qui a pour but la

défense de la Foi sur le terrain scientifique. J'en fais

partie.

Mon ouvrage sur la .y/~M~M/M'~ n'a pas plu à notre

Président de là, la série d'articles qui ont paru dans le

journal Le Monde, sous le voile de l'anonyme, signés

SPECTATOR (i). Il déclare mon livre « un ouvrage bour-

ré de faits pieusement réunis, mais manquant son but

comme œuvre d'apologétique scientifique.C'est, dit-il

encore,unlivredangereuxpour les libres penseurs,vis-à-

vis desquels il compromet la Foi dangereux pour les

gens de peu de foi qu'il peut rejeter dans l'incrédulité.

Oui, ce livre a été rédigé avec la conviction d'un ca-

ï. Cfr. Z~~o< 24 décembre t8~. 7, i4 et i5 jan-

vier i5, 18 et a5 février; 6 et n mars 21 octobre 1895

6 janvier 1896.


~5·· mvy ucuycme c41i10Q. HYPNOTISME ET STtGMATtSAT<&N~tQL7i' 2

tholique croyant, mais je lui conteste la logique du philosophe et je lui refuse la méthode scientifique ».

Je n'ai pas à répondre ici à ces appréciations passa-

blement injustes: je l'ai fait ailleurs en bonne prose. Ce livre, du reste, a eu l'approbation des grands juges, cela me suffit (i). Quant au fond du débat, voyons ce que dit le docteur Ferrand.

t. Voir ma réponse dans Z'6~M'< du i5 décembre i8()5-

Le 12 novembre de la même année, je recevais la lettre suivante de S. Em. le cardinal Parocchi, vicaire de Sa Sainteté « Monsieur le docteur,

« Je suis un peu en retard pour vous remercier de l'amabi-

lité que vous ayez eue de m'envoyer votre livre sur /tt stigmatisation. J'ai voulu le lire à mon aise et je n'ai pas perdu mon temps. Votre travail est digne de tout éloge aussi bien pour la forme que pour le fond. Je n'en connais de mieux fait et de plus complet sur cette matière aussi importante et aussi délicate. Laissez-moi donc vous en féliciter dans toute la sincérité de mon âme.

« Fruit de longues recherches et de savants examens, votre

ouvrage a été rédigé avec toute la logique du philosophe, avec toutes les connaissances d'un médecin expérimenté, avec toute la conviction d'un catholique croyant. Il produira, je n'en doute pas, une profonde sensation dans le monde médical et religieux. J'en suis heureux, parce qu'il était temps que la Faculté fût mise au courant des phénomènes mystiques et des miracles par un travail aussi sérieux et aussi solide que le vôtre, et que, d'un autre côté, la piété des fidèles fût vengée contre les attaques d'une certaine école qui cherche à expliquer tous ces phénomènes par des causes naturelles.

« Vous pouvez avoir la conviction d'avoir atteint dignement

ces deux buts, et d'avoir rendu un immense service à la science et à la religion.

« Agréez, cher Monsieur le docteur, une nouvelle expression

de ma reconnaissance. »

(Rome, 8 novembre 1804.)

Je vous ai jfelicité, je tiens à faire plus. Je vous remercie de

tout cœur du service que vous venez de rendre à l'Eglise, et j'aime àsaluer en vous un de ses apologistes dans un ordre de choses qui, sans avoir été négUgé, n'a pas été suffisamment exploré, du moins au point de vue spécial où vous vous êtes placé. (~/<~ C<t~dinal Za~M.MM;, 3S août 1894.) Voir d'autres témoignages dans! l'avant-propos deZtt~t~'M~ deuxième édition.

_m_u,- -·a


Notre confrère est un partisan déclare de l'imagination

stigmatogène. Suivant lui, les stigmatisés pourraient

faire eux-mêmes leurs stigmates, rien que par leur ima-

gination, et il n'est pas prouvé qu'ils ne puissent pas le

faire c'est là sa thèse ou plutôt son hypothese.Comme

preuve générale, il invoque l'action de cette même ima-

gination sur l'enveloppe externe ou périphérie, et cite à

l'appui, sous le nom anglais d'expectant attention, les

faits signalés par le docteur Heaunis, et les nombreux

faits du docteur Fabre, d'après lesquels, dans diverses

maladies du système nerveux, il y aurait eu des plaies et

des hémorragies à la peau. Or, l'imagination n'a

jamais produit de plaies, ni d'hémorragies sur l'enve-

loppe périphérique le docteur Beaunis, en contem-

plant son pouce, n'a pas pu obtenir la moindre ulcé-

ration, la plus petite goutte de sang quant aux faits

du docteur Fabre, l'imagination n'y est absolument

pour rien.

Puis, M. Ferrand mentionne à l'appui de sa thèse

saint François de Sales et G"rres, deux incompétences

médicales. C'est bien à tort qu'il invoque le premier

la citation qu'il fait, extraite des couvres de l'évoque

de Genève, est incomplète un passage important a été

supprimé. Le grand évoque a conclu positivement au

miracle des stigmates de saint François, en procla-

mant l'impuissance de l'imagination à les faire. Quant à

Gorres, nous lui avons reproché depuis longtemps,

l'abbé Ribet et moi, les explications naturalistes qu'il a

données de la stigmatisation, dont il n'a, du reste, jamais

contesté l'origine divine.

En somme, le docteur Ferrand n'a nullement démon-

tré sa thèse, chose qui lui était impossible deux con-

clusions fausses tirées de faits physiologiques et patho-

logiques deux autorités invoquées à tort, voilà toute

sa démonstration.

Nonobstant, il se met à dire que la question qui se

pose au sujet de la stigmatisation est donc la suivante

« L'image des plaies du crucifix, évoquée dans les cou-

ches corticales du stigmatisé, est-elle assez puissante

pour provoquer naturellement sur les parties périphé-


riques de ce dernier des lésions analogues à ces plaies ? La preuve d'une tellè merveille n'a pas été donnée, dit fort justement le docteur Surbled; pas plus, ajouterai-je, que n'a été donnée la preuve du contraire. »

Cependant le docteur Surbled avait dit à M. Fer-

rand L'imagination ne crée pas /< stigmate. Il fallait l'écouter.

Sache notre confrère, qu'une vérité étant établie, il

n'est pas besoin de prouver le contraire.

L'image du crucifix, évoquée dans les couches cor-

ticales du cerveau, n'a pas la puissance de se reproduire sur la peau pour deux raisons: l'une scientifique, l'autre catholique. La première, c'est que, d'après les lois du sang, l'imagination est impuissante à produire des plaies et à faire sourdre le liquide rouge sur l'enveloppe cutanée. La raison catholique, c'est qu'il existe une stigmatisation divine, affirmée parl'Eglise; et comme la thèse de l'imagination stigmatogène est en elle-même la négation de la stigmatisation divine, elle est nécessairement fausse, attendu qpe la science ne peut être en désaccord avec la foi, et tout cela, en vertu du concile du Vatican dont l'enseignement s'impose à tous.

D'autre part, le stigmatisé de M. Ferrand pourra-t-il

aussi évoquer de ses circonvolutions cérébrales l'extase avec ses visions et sa science infuse, avec ses propriétés d'hiérognose et de rappel ? Notre confrère ose- rait-il le soutenir? Pourtant, il n'y a pas de stigmatisation sans extase, et, alors, il nous présente une stigmatisation qui n'en est pas une. Comprendra-t-il maintenant l'absurdité de sa thèse ? >

Kt, du reste, qui a jamais vu les' images cérébrales

apparaître à la peau ou ailleurs ? Je demande les photographies.–Je disais encore à M. Ferrand: « Si 1 imagination avait cette puissance, les désolés de ce monde pourraient reproduire à volonté, jusque dans leur cœur, l'image des êtres qu'ils ont perdus. » Lorsqu'une personne aimée est enlevée aux affections de la terre, ceux qui la pleurent ne disent-ils pas tous les jours « Son image restera éternellement gravée dans mon cœur. Mais personne n'a vu les gravures. Cepen-


des images du crucifix ont été trouvées, avec les

instruments de la Passion, dans les cœurs de sainte

Claire de Montefa)co, de sainte Véronique GiuHani et

autres (t~. Mais,c'est te Seigneur qm les a sculptées lui-

même sur ces chairs vivantes, défiant ainsi toute main

humaine d'en faire autant. Ht voilà pourquoi, une fois

de plus, il n'y a pas d'imagination stigmatogène.

l'~n outre, je disais « Si, dans certains cas, chez les

personnes pieuses, comme le prétend M. Fcrrand,

l'imagination peut créer les stigmates, ne peut-on pas

soutenir qu'elle a pu le faire, qu'elle l'a fait positi-

vement chez saint François et tous les autres stigma-

tisés inscrits au grand catalogue de la sainteté ? D'où

mon honorable confrère doit comprendre tout le dan-

ger de sa thèse. Il a voulu défendre la stigmatisation

des saints contre les attaques rationalistes, en disant

que leurs stigmates avaient une évolution spéciale et

ne suppuraient pas mais nul médecin n'acceptera ce

diagnostic différentiel les plaies stigmatiques ne peu-

vent pas être distinguées des plaies ordinaires, puis

l'évolution et l'absence de suppuration ne sont pas des

symptômes constants et assez sûrs.

Trois faits militent encore contre la thèse de l'ima-

gination. Les stigmatisés en majorité n'ont jamais

demandé les stigmates. Un certain nombre de stig-

matisés ont reçu les stigmates sans en avoir con-

science. Le plus grand nombre ont demandé la dis-

parition de leurs stigmates une vingtaine seulement

l'ont obtenue.

Ajoutons que les fausses stigmatisées recourent aux

moyens mécaniques pour faire leurs stigmates, dans

l'impuissance où elles sont de les faire par imagina-

tion.

M. Ferrand a juré ses grands dieux qu'il ne voulait

pas attaquer la stigmatisation divine je le crois sans

peine. Mais comment ce médecin de très haute piété

n'a-t-il pas vu qu'il commettait une faute insigne, en

élevant en face d'elle un groupe imaginaire de stig-

t. La stigmatisation, t. s, ch. IV.


matisés faisant eux-mêmes leurs stigmates ? n'a donc pas compris que, sans le vouloir, il faisait injure au Christ, seul stigmatisatcur? Hst-cc que le charisme divin, pour M. Ferrand, ne devait pas être intangible aussi bien dans la forme que dans le fond t

Notre confrère prétend être reste sur le teirain de la saine doctrine mais, malgré ses protestations très sincères de soumission à t'Elise, sa thèse de l'imagination stigmatogène n'en est pas moins profondement rationatiste quoique restreinte aux personnes pieuses, elle est absolument la même que celle des Salpêtriens et autres libres penseurs, qui affirment que les stigmates sont affaire d'imagination chez les stigmatises. Cette thèse bat en brèche la stigmatisation des saints, et par suite l'infaillibilité de t'Ëguse qui en a reconnu le caractère surnaturel et l'a maintes fois proclamé liturgiquement.

Pendant que M. Ferrand écrivait ses articles contre l'auteur de La .y/a'M//cM, les avertissements ne lui ont pas manqué. Déjà, le docteur Surbled s'était sépare de lui sur la question d'imagination stigmatocongène. Dès les premiers articles, nombre de lettres tradictoires arrivaient au médecin feuilletoniste, Combien il eut mieux fait d'écouter ce vieux curé de campagne, qui lui écrivait « En lisant le premier article de SpECTA'rop sur les stigmatisations, je me suis demandé quel profit en résulterait pour les âmes, et même pour une certaine science qui veut tout expliquer, tout redresser, sans tenir assez compte des desseins et de l'action de Dieu. Si je comptais pour quoique chose, je dirais ne faisons pas un travail inutile et peut-être dangereux. » Ce bon curé était prophète.

Le t8 février, je répondais aux articles parus dans Le Monde, en relevant trois points qui me paraissaient en défaut. Le docteur Ferrand donna sa réponse, les 25 février et fi mars. Je répliquai, mais cette fois, je ne fus plus admis au Monde le rédacteur en chef tint à couvrir son feuilletoniste, en me refusant la parole devant ses lecteurs habituels. Je parus dans Z.'6~


du 7 septembre. Le 21 octobre suivant, réponse beaucoup trop émue de M. Ferrand plus que jamais, il maintenait ses dires, et m'accusait de manquer de critique, en m'interpellant solennellement sur les cœurs de sainte Thérèse et de sainte Claire de Montefalco.

Quant au premier, à propos de la célèbre blessure

dont les catholiques connaissent l'histoire, il osait dire que c'était « une fente dont il serait aujourd'hui bien impossible de dire si ce fut uneplaie <~<~M~ 7d! vie,ou bien une altération survenue soit à la mort, soit après elle Pour le cœur de sainte Claire, notre très ignorant confrère me sommait de donner les preuves d'authenticité de cette relique merveilleuse, et m'accusait de compromettre la Foi. Je me contentai de renvoyer le docteur Ferrand à l'Eglise qui avait proclamé miraculeux les cœurs de sainte Claire et de sainte Thérèse.

Ainsi se termina cette campagne qui avait duré une

année entière. M. Ferrand avait commencé par soutenir la même thèse que les libres penseurs, et fini par nier deux miracles insignes, reconnus liturgiquement par l'Eglise. Il ne pouvait pas mieux se fourvoyer.

VI

Le R. P. Coconnier.

Religieux de Saint-Dominique, le R. P. Coconnier

a publié en 1897 un livre intitulé l'.S~t'.M~y~ c'est l'oeuvre d'un homme considérable dans son Ordre. Maître en théologie, professeur de dogme à l'Université de Fribourg, il est, en outre, directeur de la Revue thomiste. Le R. P. Franco, jésuite, l'un des rédacteurs de la CM'<7~i ca~c~'c~, avait soutenu que l'hypnotisme est au fond immoral, préternaturel, diabolique. Le Père Coconnier s'inscrit contre cette thèse il innocente l'hypnotisme de la plupart des reproches qu'on lui fait, 'et le prétend d'ordre entièrement naturel.Aussi l'a-t-il nommé hypnotisme franc, comme s'il était affranchi de tout occultisme et diablerie. Dans l'ou-


vrage sur La ~M~<?M, j'avais pris parti pour le

Jésuite romain ce qui me valut l'admonestation sui-

vante de la Revue thomiste:

« Pourquoi le docteur Imbert est-il si sévère à l'égard

de l'hypnotisme ? L'argumentation du Père Franco

le ravit,elle n'est pourtant pas extrêmement solide,et par

malheur, celle de l'auteur lui-même ne l'est pas beau-

coup plus. Sa discussion sur ce point ne nous satisfait

nullement, nous devons le dire ce qu'il appelle la

thèse théologique de l'hypnotisme,n'est d'abord pas plus

théologique qu'une autre, et elle est moins philoso-

phique à coup sûr.

« Voir le diable ~tc/c dans la suggestion hyp-

notique, est une fâcheuse exagération qui fait tort à la

z'~K'~ thèse théologique. Laissons le diable là où il est,

son rôle est assez grand dans le monde ne le faisons

pas entrer de force dans les manifestations, fussent-

elles obscures, des forces naturelles qui régissent le

composé humain. Quand l'auteur nous dit qu'on ne

peut mettre que des inepties à la place de sa thèse

« théologique », il prononce un mot un peu rude, et

qui pourrait bien intéresser, sans qu'il le sache, plus

d'une illustre mémoire. Laissons encore ces exagéra-

tions que la vérité réprouve n'opposons pas, dans nos

discussions, radicalisme à radicalisme mais tâchons

de faire la part du vrai cette attitude plus digne, plus

scientifique, profitera mieux à la cause chrétienne que

celles de pourfendeur à outrance. Une tentation contre

laquelle les hommes de grande foi et d'humeur belli-

queuse doivent se défendre, c'est celle qui consiste à

dire aux adversaires Vous ne voulez pas du surna-

turel, on en mettra partout.)) (Revue thomiste, novembre

1894..)

Comme le livre de l'o~M~~a~c est la néga-

tion plus ou moins directe de tout ce que j'ai écrit sur

ces questions, j'ai tenu à répondre et à juger l'oeuvre

en trois articles parus dans Z.' 6~M'y (6, S et 9 juin

i8()8) (i). La campagne du docteur Ferrand, les admo-

i. La Revue du Monde 7~SM~/<' a dit à ce sujet Ces

articles de notre savant confrère de Ciermont-Ferrand, très


nestations de la Revue thomiste, le livre du Père Coconnier m'ont peu inquiété j'étais sûr de mes dires au point de vue de la science et au regard de la foi. Toutefois, le dirai-je, un instant je me suis cru abandonné des miens et réduit à combattre seul, lorsqu'il m'est survenu du renfort.

Le docteur Charles Hélot (de Bolbec) vient de faire paraître fin [898, une brochure sur /c/MM<<ï//c et /)'M/MM vrai (i), où il combat sur toute la ligne.la thèse du Père Coconnier. Cet opuscule, de soixante pages, est un chef-d'œuvre de science et de philosophie. Le Coconnisme ne se relèvera pas du coup qui lui est porté. Déjà, l'auteur avait publié l'année précédente un grand ouvrage sur les névroses et les possessions diaboliques (2). Sur toutes ces questions, il a pris d'emblée le premier rang parmi les médecins catholiques. Charles Hélot est un maître.

Le 25 août 1898, le docteur Surbled donnait dans le Correspondant une fort belle étude sur les sueurs de sang, question de stigmatisation. Là, il reproduisait la quintessence de mes articles sur le Père Coconnier et l'hypnotisme. Comme moi, il a été sévère pour le Père dominicain, on en jugera bientôt par quelques citations. Depuis longtemps, M. Surbled a pris bon rang dans l'apologétique chrétienne.

A cette heure, je ne suis plus seul en face du Père Coconnier. D'autres médecins viendront encore bientôt, nous serons légion.

Sous le titre <c/M~ ~Mc, le Père dominicain s'est taillé un hypnotisme de fantaisie, élaguant remarqués et remarquables, ont droit à une mention spéciale. Le docteur Imbert-Gourbeyre montre avec science et mesure, que le Père Coconnier, dans son livre sur l'hypnotisme, a traité sans compétence la difficile question de l'imagination dans ses rapports avec la sueur de sang et les stigmates. Nous nous associons à ses conclusions, pour tout ce qui ne sort pas du domaine expérimental. (Docteur Surbled, :5 août t8<)8.)

t. Paris, Bloud et Barrai.

2. ~M~ et possessions diaboliques, Paris, !8o7 Bloud et Barrai.


tout ce qui pouvait gêner sa thèse le spiritisme comme les phénomènes transcendants de l'hypnose. Ces derniers, quoique admis par tous les observateurs, hommes de science, sont pour lui non avenus. Cet hypnotisme bâtard se trouve réduit au sommeil et à la suggestion hypnotiques, à trois phénomènes reconnus ~M, le dédoublement de la personnalité, les suggestions à échéance et les exsudations sanguines. Le Père Coconnier prétend que tous ces faits, si extraordinaires qu'ils paraissent, peuvent s'expliquer naturellement il a écrit un livre de ~.38 pages pour le démontrer. A-t-il réussi ? C'est ce qu'on va juger à la discussion.

Là où l'auteur de l'hypnotisme franc s'est trompé

au maximum, c'est dans la question des exsudations sanguines obtenues par hypnose. Ici, l'erreur est des plus graves, parce que la thèse, qui est celle des libres penseurs, est en opposition formelle avec l'enseignement de l'Eglise sur la stigmatisation divine.

VII

Sommeil et suggestion hypnotiques.

Pour réfuter d'une manière générale la thèse natu-

raliste du Père Coconnier, il suffit de dire

L'hypnotisme n'a aucun analogue phy-

siologie oit pathologie.

Aucun effet hypnotique ne peut être O~MW à 1 état

normal.

Si ces deux propositions sont vraies, l'hypnotisme

est nécessairement extranaturel, préternaturel ou surnaturel, ces trois expressions étant employées dans le même sens. Pour le démontrer, passons en revue l'hypnotisme franc, en commençant par le sommeil et la suggestion hypnotiques.

Le sommeil des endormeurs n'est pas assimilable au

sommeil physiologique, parce que tout autres sont les effets obtenus; et quels effets que ceux de l'hypnose 1 Tous, des phénomènes extraordinaires qu'on ne peut pas expliquer naturellement, sans violer le sens com-


mun. Ils s'étendent nombreux, depuis le despotisme

étonnant de l'endormeur sur l'endormi, et la sugges-

tion jusqu'aux trois phénomènes étranges, et au delà,

à toute la série des phénomènes transcendants de

l'hypnotisme, phénomènes rayés d'un trait de plume

par le Père Coconnier, comme s'ils n'existaient pas.

« Non, dit Charles Hé!ot, le sommeil hypnotique,

par les procédés mécaniques qui le déterminent invin-

ciblement, après un premier consentement néces-

saire par les phénomènes très souvent contraires

aux lois de la nature qui l'accompagnent et ne se

montrent qu'avec lui, très différents de ceux qui se

produisent dans l'état physiologique ou pathologique,

ne saurait être un sommeil naturel. »

Une preuve bien simple que le sommeil hypnotique

n'est pas le sommeil naturel, c'est que le sommeil de

l'hypnose a été décomposé en plusieurs périodes ou

syndromes léthargie, catalepsie, convulsions, hallu-

cinations ou suggestibilité, somnambulisme, etc., etc.

Or, cette évolution si variée, si complexe, sur laquelle

même on n'est pas d'accord, n'existe nullement dans

le sommeil ordinaire.

Le docteur Liébault a tenté d'assimiler les deux

sommeils en leur donnant pour genèse commune « le

retrait de l'attention loin des sens, et son accumulation

dans le cerveau sur une idée qui en est l'élément prin-

cipal. L'explication est passablement embrouillée,

hypothétique et fausse. Le Père Coconnier, à bout

d'autres preuves, s'en est emparé pour étayer sa thèse.

Mais, sérieusement, peut-on assimiler les deux som-

meils, déclarer naturel le sommeil hypnotique, alors

qu'il est produit par quelques simagrées, ou une

simple parole qu'il ne peut se réaliser que sur des

sujets spéciaux et de leur consentement qu'il se ma-

nifeste par la léthargie, la catalepsie, le somnambu-

lisme et autres syndrômes et qu'on obtient de lui, par

la suggestion, les phénomènes les plus étranges, jus-

qu'à faire sourdre du sang à la peau par simple injonc-

tion verbale? Soutenir que ces étrangetés sont choses

naturelles, mais le bon sens proteste c'est à lui seul

qu'il faut en référer.


La suggestion par hypnose est préternaturelle pour les raisons suivantes

1° Elle est invincible;

2° Elle est l'œuvre d'un seul, le médium étant uniquement sous la dépendance de son hypnotiseur

3° Elle suppose chez ce dernier un pouvoir surhumain, puisqu'il s'est rendu maître de toutes les facultés psychiques et sensorielles du médium, qu'il opère des suggestions à coup sûr et qu'il en obtient des effets surprenants;

~.° Et pour faire tout cela, le sepi moyen employé est la parole humaine ici, le moyen est de toute disproportion avec les résultats.

En présence de tous ces faits extraordinaires, les naturalisateurs de l'hypnotisme ont bien été obligés de fournir des raisons, des explications ils n'ont rien produit de valable.

On a dit que la suggestion hypnotique était la même chose que la suggestion naturelle.. Cette assimilation est impossible pour les raisons données plus haut, qui les différencient à fond. Le Père Coconnier confond à tort les deux suggestions. Vouloir naturaliser la suggestion dans l'hypnose, c'est violenter le sens commun l'étrangeté des phénomènes s'y oppose.

Pour expliquer naturellement le fait étrange du seul hypnotiseur, le Père Coconnier donne la parole à l'abbé Ledong; le grand vicaire hynoptiste nous dit naïvement que « si un autre individu ne peut pas opérer de suggestions sur le sujet de l'hypnotiseur, c'est qu'il s'est laissé devancer par celui-ci qui a pris la place en s'emparant de la volonté du médium ». C'est tout simplement expliquer le fait par le fait, c'est-àdire ne pas répondre. Le Révérend Père fera bien de chercher une autre explication. Nous persistons à demander pourquoi il n'y a de place que pour un seul, tandis que, pour la suggestion faite à l'état normal, en dehors de l'hypnose, il y a place pour tout le monde. Donc, de ce chef, la suggestion hypnotique n'est pas la suggestion naturelle.

Ne pouvant apporter ni raisons scientifiques, ni rai-


sons de bon sens, les naturalisateurs ont fini par dire, ainsi que le Père Coconnier /t~<MM, c'est la suget quand on leur demande une explication de tous les phénomènes extraordinaires, ils répondent encore par le mot .~<y//M. Eh bien, ce n'est pas fort.

« La suggestion naturelle, dit Charles Hélot, n'a ja-

mais été jusqu'à supprimer la mémoire, la conscience, le libre arbitre, la volonté. Qu'elle puisse impressionner, troubler, fausser l'intelligence, le fait est incontestable mais il y a loin de là à son anéantissement même passager, à l'impossibilité de toute réaction, à l'abandon de toutes ses facultés entre les mains d'un hypnotiseur qui, lui-même, ne saurait dire comment une telle puissance lui est échue, comment il s'en sert. comment elle existe et pourquoi les autres ne l'ont pas. Ce qui est préternaturel, ce n'est pas la suggestion en elle-même, c'est la suggestion invincible c'est l'accaparement de toutes les facultés du sujet par l'hypnotiseur seul, même après le réveil, et tant d'autres effets que le Père Coconnier ne veut pas étudier. » VIII

Dédoublement de la personnalité. Sugges-

tions à échéance.

Arrivé aux trois ~c/M/M~M F/M, le Père Co-

connier conclut d'avance à leur naturalité, parce que, dit-il, « ils ont leurs analogues ou tout au moins leurs éléments dans les faits notoirement naturels ». Hélas, le Révérend Père a compté sans les différences qui s'opposent à toute assimilation.

Ecoutons-le, d'abord, dans le dédoublement de la

personnalité,!à où l'hallucination hypnotique brille dans tout son éclat « On nous parle d hallucinations, et on s'exclame sur l'étrangeté de pareils événements. Mais rien n'est plus commun chez les hommes distraits, préoccupés, et chez les somnambules. Si un homme est sous le coup d'une vive émotion, ou s'il a simplement


une absence, il passera près de vous, vous regardera

en face et ne vous verra pas. Il se heurtera à un mur,

se déchirera la figure ou la main, recevra un coup,

une blessure et ne s'en apercevra pas. Faut-il rappeler

l'histoire d'Archimede, les stupéfiantes aventures de

M. Ampère, et du docteur Robert d'Hamilton, d'Aber-

deen ? Hallucinations positives, hallucinations néga-

tives, amnésies, mais c'est de tout cela qu'est faite

l'histoire quotidienne du somnambulisme naturel.

Pourquoi se croire obligé d'en appeler au diable,

quand on rencontre ces faits dans l'hypnose qui n'est

qu'un somnambulisme artificiel ? »

Le Père Coconnier a tort de dire que l'hypnose n'est

qu'un somnambulisme artificiel il y a tout un monde

de différences entre le somnambulisme nature! et l'hyp-

nose. Puis, il n'est pas besoin du diable pour

démontrer que les hallucinations hypnotiques ne sont

pas des hallucinations ordinaires c'est qu'à côté des

hallucinations spontanées qui peuvent exister dans

l'hypnose, toute espèce d'hallucination f:st invincible-

ment provocable de par l'hypnotiseur, c'est-à-dire qu'à

côté de l'halluciné se trouve un hallucinateur.

Il est facile de provoquer une hallucination sur le

terrain hypnotique il est impossible de le faire sur le

terrain physiologique et même pathologique. Pouvez-

vous, par exemple, présenter un verre d'eau pure à un

passant de la rue, et lui faire croire qu'il boit du

Champagne ? Serait-il possible de reproduire chez

un autre individu les stupéfiantes aventures d'Am-

père ? Il vous est interdit de provoquer la moindre

hallucination dans le somnambulisme naturel et chez

les fous. En physiologie, comme en pathologie, les

hallucinations sont exclusivement spontanées, tandis

que dans l'hypnotisme on les fabrique à volonté et de

toute pièce.

Puis, les hallucinations de l'hypnose sont invincibles

comme ta suggestion, si invincibles que les sujets,

sachant même qu'il y a hallucination, sont obligés de

la subir. Il n'en est pas de même des hallucinations

physiologiques, soit pendant la veille, soit en plein

rêve. Il n'est pas impossible aux distraits, aux préoc-


cupés, aux rêveurs, de corriger eux mêmes leurs illusions, ce qui est d'expérience quotidienne.

Mais, chose incroyable, il y a dans l'hypnose un

fabricant d'hallucinations, l'hypnotiseur. Seul omnipotent, maître absolu de l'intelligence et de la volonté de son sujet, il petit lui faire croire tout ce qu'il veut,

le faire agir à son 'gré, même le déterminer à l'acte immoral ou criminel, tant sont faibles les résistances. Maître des cinq sens, il peut les lier, les délier à volonté, et leur faire subir toute espèce d'illusions. Quelle puissance extraordinaire et de l'autre côté,

l'esclavage absolu, avilissant. Le sujet est devenu automate, mannequin, une véritable amusette. La plaque photographique conserve l'impression des objets qu'on lui présente le serf de l'hypnose, une

fois réveillé, n'a même pas le souvenir de ses halluci-

nations, tandis que nous tous qui rêvons chaque nuit, nous gardons au moins souvenance de nos rêves.

Conclusion rien: de plus extranaturel que l'halluci-

nation hypnotique provoquée elle est sans analogue en dehors de l'hypnose.

Quoi de plus 'étrange que les suggestions à

échéance – Commander à un sujet hypnotisé d'ac-

complir tel acte dans dix jours, soixante-trois jours,

cent jours, dans cent soixante-douze jours et trois

cent soixante-cinq jours (chiffres donnés par les

expériences) et pendant tous ces laps de temps, aus-

sitôt après son réveil,le sujet aura oublié la commission

prescrite, il ne's'en souviendra qu'au jour indiqué, à

l'heure précisée; et alors il l'accomplira fatalement.

Il saute aux yeux de tous, à ce simple exposé, que les

phénomènes à échéance sont tout à fait contre nature,

à moins de renier le sens commun.

Cependant le Père Coconnier ne voit aucune raison

de tenir ce genre de suggestion pour extranaturel.

Pour le démontrer, il passe encore la parole à un autre

abbé.

« Ce phénomène, dit Mgr Méric, implique trois'

éléments une suggestion, la conservation et la per-

manence de cette suggestion dans le cerveau incons-


cient de l'hypnotisé et enfin son accomplissement au jour indiqué.

L'hypnotisé reçoit la suggestion il la reçoit comme s'il recevait le même ordre, tout éveillé.

H garde la suggestion pendant un temps il la garderait également en état de veille.

Il exécute la suggestion il aurait agi de même, s'il avait reçu l'ordre, étant éveillé. (~a'c, Mgr Méric.) Oserai-je dire à ce vénéré seigneur que son explication n'en est pas une, se bornant à expliquer le fait par le fait; qu'elle n'est qu'une comparaison et que cette comparaison cloche sur toute la ligne ici, tout logicien dira Nego paritatem.

Vous oubliez trois éléments essentiels qui font la disparité et rendent ces suggestions extranaturelles i° La suspension invincible de la mémoire pendant un long temps donné

2° La résurrection invincible de cette mémoire à un moment ~c~

3° L'accomplissement fatal de l'acte, qu'il soit ridicule, immoral ou criminel.

Comprenez-vous maintenent, mon Révérend Père, que ces suggestions ne sont pas comparables, qu'elles sont sans analogues ?

IX

Exsudations sanguines. Historiettes.

Les partisans de l'imagination stigmatogène ont produit un grand nombre de faits à l'appui de leur thèse le P. Coconnier les a tous indiqués et recueillis soigneusement. Mais, comme ils visent presque tous l'influence du moral sur le physique en général, et fort peu l'imagination qui, soi-disant,fait les stigmates, le Révérend Père s'est vu obligé d'en rabattre pour la quantité il n'a pu citer que six faits, empruntés à l'observation moderne,à l'effet de prouver que «l'imagination est capable à elle seule de produire, en certains


sujets, des exsudations sanguines à la peau ». Voyons ce qu'ils valent.

Le premier, c'est une femme qui voit un enfant sur

le point d'avoir le pied écrasé par une porte en fer

elle est prise d'une douleur intense au même pied où elle croit l'enfant blessé. Par suite, rougeur et enflure autour de la cheville, ce qui l'oblige a rester au lit quelques jours. Second fait Un enfant a décroche-

la crémaillère d'un rideau de cheminée et s'expose à

avoir le cou coupé par la chute de la tôle. La mère

s'en aperçoit elle est tellement saisie à la vue du

danger, qu'il se forme aussitôt un cercle rouge et sail-

lant autour de son cou, dans le point même où l'en-

fant allait être frappe. Cette empreinte persiste plu-

sieurs heures. Puis vient l'historiette d'une

cuisinière de Bordeaux qui,voyant saigner sa maîtresse,

est tellement saisie au moment où le chirurgien enfonce sa lancette, qu'elle ressent au pli du coude une sen-

sation de piqûre, et bientôt apparaît une ecchymose

sur ce point.– Quatrième exemple raconté par Tissot

Un homme avait cru voir un spectre le saisir par les

pieds il en fut si effrayé qu'il se produisit immédia-

tement à l'un de ses pieds de la rougeur, du gonfle-

ment et bientôt après de la suppuration.

Suivent deux autres faits dont le Père Coconnier

trouve la valeur démonstrative particulièrement frap-

pante.

Il s'agit d'abord d'un officier demarine,hydropique,

auquel on propose une opération chirurgicale.D" coup,

il tombe dans un affaissement moral profond,pleurant,

s'agitant, déclarant qu'il préfère mourir. La nuit suivante, il est pris d'une sueur énorme qui transperce

les matelas et inonde le sol guérison consécutive.

Puis,c'est un matelot qui, sous l'effroi d'une horrible

tempête, a peur d'être englouti dans les flots. Sous

cette influence morale, une sueur sanguinolente apparaît sur son visage et les parties supérieures de son

corps. Ce fait est relaté par Hanfield Jones, dans ses .~M~M~ on junctional nervous disorders.

Discutons maintenant ces quelques faits que le Père


Coconnier trouve si péremptoires, faits cités par les

libres penseurs contre la stigmatisation divine.

Les trois premiers, ou figurent deux dames et une

cuisinière, sont très remarquables cependant ils sont

à rejeter,puisqu'il n'y a pas eu d'exsudation sanguine,

que le sang est resté dans les mailles de la peau, et

qu'il n'y a pas eu de plaies. Ils prouvent même contre

l'imagination stigmatogène, en faisant voir qu'elle peut

pousser le sang avec violence à la périphérie, mais

qu'elle est dans l'impuissance de le faire sortir.

Le quatrième fait, l'homme au spectre, est une his-

toriette inadmissible, du post koc, propter hoc. Tous

les jours, on se croit, en rcve, mordu par un spectre ou

des animaux, et constamment on se réveille sans rou-

geur, sans gonflement ou suppuration.- Le cinquième

fait, celui de l'officier de marine, n'est pas acceptable,

puisqu'il n'a présenté qu'une évacuation de sérosités.

Reste le matelot anglais, seul fait de valeur en appa-

rence, sur lequel je vais bientôt m'expliquer.

Le Père Coconnier affirme que, dans une disserta-

tion de dom Calmet,dont je parlerai plus tard, il existe

M~< riche collection ~M/.y ~CM~, dans laquelle il

aurait pu puiser, s'il n'avait pas été suffisamment ren-

seigné par ailleurs (les six faits qui précèdent).J'ai tenu

à lire la dissertation du docte bénédictin or,. cette

riche collection se réduit aux six historiettes suivantes,

les seules qu'on puisse rattacher à des émotions mo-

rales

Il s'agit d'abord d'un jeune homme qui fut si enrayé

d'avoir été mis en prison qu'il tomba en faiblesse et

sua du sang par la poitrine, les mains et les bras c'est

Durrius qui le raconte dans les Ephémérides d'Allema-

gne.-Dans lemêmerecueiI,RosinusLentiliusrapporte

qu'un jeune enfant fut mené devant l'échafaud où l'on

pendait deux de ses frères, et qu'il sua du sang par

tout le corps pendant l'exécution.– Puis vient Fagon,

qui raconte d'après les mêmes Hphémérides, qu'une

religieuse tombée aux mains de soldats effrénés dans

une ville prise d'assaut,mourut, enteurprésence,d'une

sueur de sang. Vient ensuite le fait de Maldonat


« Hst-ce que, dit-il, je n'entends pas raconter par ceux

« qui l'ont vu ou connu,qu'i) y a deux ans, a Paris, un

« homme robuste et bien portant, ayant ouï prononcer

« contre lui la sentence de mort,fut subitement couvert

« d'une sueur de sang?))– Dans la vie de .Sixte-Quint,

par Grégoire Léti, il est fait mention d'un autre con-

damné à mort qui sua du sang dans les mêmes circon-

stances. Enfin, une dernière historiette se trouve

dans l'histoire de de Thou il s'agit d'un gouverneur

de forteresse qui, menace de mort s'il ne rendait pas

la place, fut tellement effrayé qu'il en sua sang et eau.

(Ajoutez à ces six observations le fait du matelot an-

glais, rapporté par Hanfieid Jones en tout, sept faits,

invoques par le I~ere Coconnier c'est maigre comme

apport. )

Au fond, quelle est la valeur de ces quelques faits

relatés par dom Calmet KHe est nulle. Ces faits sont

sans authenticité, racontes par des gens, comme Mal-

donat et de Thou, qui n'ont rien vu, mais qui ont

entendu dire impossible d'admettre de pareils faits

aussi piètrement exposés en dehors de toutes les règles

de l'observation exacte. On ne fait pas de la science

avec des historiettes.

Ces faits recueillis, il y a deux cents ans, et publiés

sans critique, n'ont pas été, bien entendu, confirmés

par 1 observation postérieure. Depuis lors, combien de

gens ont été mis en prison,en ont même été très effrayés

sans qu'on ait vu apparaître la moindre goutte de sang

à leur peau. Des foules considérables ont assisté

aux exécutions publiques, il y a eu là aussi des parents

des victimes nulle sueur de sang n'a été constatée

sur les spectateurs. Nombre de filles pieuses ont été

violées aucun médecin légiste n'a signalé encore la

sueur de sang parmi les signes du viol. Grand

nombre de criminels ont été condamnés à mort les

bourreaux, pas plus que les spectateurs, n'ont cons-

taté qu'en marchant au supplice, ils aient eu la moindre

sueur de sang. De plus, nul chirurgien au monde n'a

vu de malade suer du sang devant le couteau qui allait

bientôt l'opérer. – Quant au gouverneur de forteresse

cité par de Thou, il a été dit qu'il avait sué sang et


eau donc il n'avait sué que de l'eau. En résumé,

comme faits décisifs, le Père Coconnier n'a cité que

des historiettes, ou des faits d'où il a conclu à faux.

Dans un article publié dans le Zukunft, et analysé

dans la Revue des revues (i" juillet !8o5), article écrit

contre la stigmatisation des saints, le docteur en philo-

sophie Karl de Prel n'a pas pu citer un seul fait d'exsu-

dation sanguine à la peau sous l'influence d'émotions

morales. Le Père Coconnier ne peut en produire

qu'un seul, tous les autres faits présentés par lui étant

inadmissibles (i). Mais le fait du matelot anglais est-il

bien authentique ? Comme tous les autres, il doit être

frappé de suspicion et d'inadmissibilité.

Voici ce qu'en pense le docteur Surbled « Oh-

servation pleine d'intérêt qui offrirait une extrême im-

portance, si elle présentait toutes les garanties d'u-

sage, si elle était absolument vérinée. Mais quel

fond la science peut-elle faire sur elle ? On remarquera

qu'elle ne mentionne ni lieu, ni date, et que le nom du

bâtiment manque comme ceux du malade et de son

chirurgien même. Quel praticien, nous le demandons,

ne serait pas fier de rencontrer un tel sujet d'étude, et

empressé d'en signer les détails dans les annales de la

science ? Le récit de Hanneld Jones est peu circons-

tancié, et parait fait de seconde main d'après des con-

versations de voyageurs. Dans ces conditions, il est

difficile de se rendre et nous partageons la ménance

du docteur Imbert. »

t. On m'a communiqué récemment une autre ~M/f~ qui

vaut celle du matelot anglais. On lit dans la Vie de N.-S.

Jésus-Christ, par l'abbé Lecamus, la note suivante C'était

vers 1860 à Sorèze. Le Père Lacordaire, déjà malade depuis

quelque temps, venait de lire une lettre qui avait bouteversé son

âme si sensible, en l'atteignant dans sa plus légitime suscepti-

bilité. Ses cheveux .~AH~/ dressés sur sa qui semblait

en feu, une sueur rougeâtre inondait son front. S'étant essuyé,'

il fut fort surpris de voir son mouchoir ensanglanté. Je tiens le

fait du religieux qui était avec lui en ce moment. C'est surtout

chez les natures délicates et sensibles que cette action du moral

sur le physique se produit plus souvent. (T. III, p. 264.)


D'autre part, en médecine nous sommes en droit de rejeter les faits uniques, exceptionnels, rarissimes, parce que le plus souvent ce sont des faits mal observés, mal interprétés. Nous devons les repousser, surtout lorsqu'ils sont en opposition avec des faits contradictoires, constants, universels, qui font loi.

En somme, le Père Coconnier n'a produit aucun fait valable. En pouvait-il être autrement, puisque chaque jour toute la race humaine fait preuve contraire par -ces milliers de fronts qui rougissent sous des influences morales diverses et ne saignent jamais. En outre, les .hémorragies de la peau sont matériellement impossibles par une émotion quelconque. La thèse du Père dominicain est donc fausse et en fait et en droit.

X

La sueur de sang de Notre-Seigneur.

Les grands théologiens.

Le Père Coconnier a voulu surtout prouver sa thèse par la sueur de sang de Nôtre-Seigneur au Jardin des -Oliviers fait unique, incomparable. Il a cité Suarez, -dom Calmet, Benoît XIV, parce que tous les trois ont -attribué une origine naturelle à la sueur de l'Agonie. 'Cependant, dès les premiers siècles de l'Eglise, l'opinion commune était pour t'origine surnaturelle. En <ête marche saint Hitaire « Personne, dit-il, n'osera -attribuer la sueur de sang de Notre-Seigneur à la maladie, parce que suer du sang est contre nature Quia .et contra naturam est sudare .M/~M."M. ? » Le Vénéa-abte B&de adoptait l'opinion de saint Hilaire. A la Re!naissance, époque où la question fut fort débattue, les médecins catholiques soutenaient l'origine miraculeuse de la sueur de sang de Notre-Seigneur, se fondant sur -ce qu'il n'y avait en lui aucune maladie qui pût l'expliquer naturellement. Le Père Coconnier a oublié de faire connaître à ses lecteurs l'opinion traditionnelle. Suarez explique la sueur de sang du Christ par la tristesse et l'agonie durant sa prière. D'après lui, il


était nécessaire que cette ~ueur se fit sans miracle,. pour qu'il y eut un signe certain et évident de l'immense tristesse qui t'accompagnait. Que penser de. cette raison théologique que le Père Coconnier n'a pas. reproduite, pensant peut-être qu'elle n'avait pas grande valeur? Est-ce que la tristesse du Seigneur avait besoin de ce signe naturel pour être démontrée ? Le récit des Evangiles ne suffisait-il pas ? Est-ce que l'intelligence de l'homme avait besoin du même signe, pourcomprendre l'agonie du Christ au jardin de Gethsémani ?

Puis, Suarez complète sa prétendue démonstration par les explications de Cajetan, lesquelles sont par trop naïves comme quoi, par exemple, le corps de Notre-Seigneur étant épuisé, la sueur étant tarie, le sang coula, chassé par la peine intérieure Aristote est ensuite cité pour avoir enseigné que l'homme peut quelquefois suer du sang par trop grande abondance de celiquide et par maladiecorporelle. Cajetanet Suarez auraientdûfaireattentionquelegrandphilosophe n'avait attribué la sueur de sang qu'à la maladie et non aux émotions morales. Suarez avoue que l'opinion de saint Hilaire est en opposition avec la sienne il concède qu'il fallut un véritable miracle pour soutenir Nôtre-Seigneur dans son agonie, qu'aucun homme n'aurait pu la supporter sans mourir. En somme, Suarez n'a nullement démontré que la sueur de sang fut naturelle, même en citant Aristote et Cajetan dé- monstration'impossible.

Dom Calmet comprit vite que, pour trancher la question, il fallait avant tout s'adresser à la médecine. Sur sa prière, Alliot de Mussey, docteur-régent de la Faculté de Paris, fit de nombreuses recherches sur les~ sueurs de sang, et recueillit un certain nombre de faits dans la tradition, ainsi que dans les archives sr'~tifiques de son époque. C'est d'après ces matériaux ei. les explications physiologiques d'Alliot que dom Calmet écrivit sa dissertation sur la sueur de sang dû Christ. Il conclut à la possibilité des sueurs sanguines contre Scaliger puis, se fondant sur quelques faits


d'hémorragies dues soi-disant à des émotions morales (ce sont les six faits précédemment jugés et mis au rebut) le docte bénédictin soutenait que la sueur de sang de Notre-Seigneur n'avait pas été miraculeuse. Benoît XIV mentionne avec éloge la dissertation de dom Calmet il est évident que les faits produits par Alliot de Mussey l'ont poussé à embrasser la même opinion toutefois il le fait avec une certaine réserve, se contentant de dire que la sueur du Christ a pu être naturelle Potuit naturaliter sudor .M~M~ ema<M~.

Non, la sueur de sang de Notre-Seigneur n'a pas été naturelle les lois qui régissent la circulation s'y opposent; l'homme, en pleine santé, ne perd pas de sang; seul, l'homme malade ou blessé mais jamais par imagination.

Les tristesses humaines n'ont jamais sué de sang seule, la tristesse divine qui n'eut pas d'égale. Voilà pourquoi Suarez, dom Calmet, Benoît XIV se sont trompés, en opinant que la sueur de sang du Seigneur ne fut pas miraculeuse ils n'étaient pas médecins.

Certes, cette sueur sacrée ne fut pas naturelle. Ce aang, Notre-Seigneur ne pouvait pas le verser en -vertu de la maladie, son humanité sainte n'y étant pas snjette non plus en vertu de la nature, les lois physiologiques s'y opposaient. Alors, il brisa lui-même ces lois qu'il avait faites, comme architecte du corps humain, de par la même puissance qui devait briser trois jours plus tard les pierres de son tombeau, et ce lui fut plus glorieux de verser ce premier sang de sa Passion, en témoignage de son amour immense pour les hommes, que de le verser naturellement en preuve de l'immense tristesse de son agonie.

Après Suarez apparaît saint Thomas. Le Père Coconnier en cite le texte suivant « Le corps peut être modifié et changé en dehors des agents physiques, principalement par une <~M~M~'c~ fixe, en suite de laquelle le corps s'échauffe soit par les désirs, soit par


la colère, ou même est altéré jusqu'à la Sevré ou la lèpre..i4~~M~M lepram. »

Et le Révérend Père de s'écrier « Nous voilà main-

tement renseignés sur la puissance que reconnaît saint Thomas à l'imagination une imagination fixe peut d'après lui non seulement donner la fièvre, mais LA LÈPRE. Lisez, si vous en avez le courage, la description de la lèpre dans n'importe quel livre de médecine. et dites si nous allons plus loin que saint Thomas, en attribuant à la redoutable fantaisie le pouvoir de produire sur la peau des exsudations et des gouttelettes de sang. »

Oui, mon Révérend Père, vous êtes allé beaucoup

plus loin que saint Thomas, en soutenant que l'imagination peut faire sortir le sang par la peau de son côté, le grand théologien est allé beaucoup trop loin, en étendant la puissance imaginative jusqu'à la genèse de la lèpre (i). Il a commis tout simplement une erreur d'étiologie qui s'explique, du reste, par les idées ayant cours en son temps, et c'est sur cette erreur que le Père Coconnier a basé sa thèse des exsudations sanguines, concluant d'une prémisse fausse à une thèse erronée.

Cette question de lèpre a attiré au Père Coconnier

une verte réplique de la part du docteur Surbled Comment admettre un seul instant, dit-il, que l'imagi- nation puisse remplacer le microbe dans la genèse de la redoutable maladie? Et les affirmations de l'Ange de l'Ecole doivent-elles être acceptées sans discussion, les yeux fermés, même quand elles dépassent le domaine de la raison et s'égarent à l'aventure sur le terrain étrange de la science. Nous ne le pensons pas, et t. Cette erreur de saint Thomas vient de trouver son expli-

cation au Congrès de la lèpre tenu à Berlin en octobre i8oy, Congrès de spécialistes. Il y a été dit que la contagion de cette maladie est due à un bacille, celui de Hansen qu'elle s'opérait surtout par le mucus nasal, même par l'air expiré de la bouche des lépreux, ainsi que par les pieds exsudant le bacille, d'o& on a pu contracter la lèpre à distance des lépreux, sans contact immédiat c'est ce qui a fait croire, au moyen âge, que l'on pouvait devenir lépreux rien que par imagination.


croyons ainsi mieux servir la grande mémoire

T-

croyons ainsi mieux servir la grande mémoire de saint Thomas que ses <M < <c~/M (i). Même, le texte cite- par t<; Pcrc Coconnier prouve contre sa thèse. Il est dit que l'imagination, en échauffant le corps soit par les désirs soit par la colt're, peut al1er jusqu'à produire la fièvre et la t<pre mais si la même imagination avait eu la puissance de faire sortir le sang du corps humain, saint Thomas n'eût pas manqué d'étendre le pouvoir Imaginatif, non seulement jusqu'à la fièvre et la t<'pr< mais jusqu'au sang: il n'eût pas négligé cette preuve majeure en faveur de l'imagination.

Un résume, a quoi se réduisent tes dires des grands théologiens sur les exsudations sanguines A saint Thomas qui n'en a pas parte et qui s'est trompe sur la cause de la lèpre a Suarex, dom Calmet, Benoît XIV, qui ont soutenu seulement que la sueur de sang de Nôtre-Seigneur ne fut pas miraculeuse ignorant les lois du sang, ils se sont encore trompés sur ce point, se mettant en outre en opposition avec l'opinon traditionnelle de saint Hilaire et de la plupart des médecins de la Renaissance. En particulier, Dom Calmet et Benoît XIV ont été induits en erreur par les six historiettes recueillies par Alliot de Mussey. Notons que les grands théologiens n'ont pas parte théologie, mais seulement médecine, à leurs risques et périls, en pleine incompétence.

Cependant le Père Coconnier est tellementconvaincu de la bonté de sa thèse et de la valeur de ses arguments dits théologiques, qu'il ne craint pas de s'écrier « Une opinion qui peut se recommander de saint Thomas, Cajetan, Suarez, Maldonat, ne manquera point, selon toute probabilité, de se gagner un nombre considérable de partisans dans le monde des théologiens. » S'ils veulent m'en croire, ces derniers feront bien de ne pas entrer dans les idées du Révérend Père ils feraient fausse route. Pour les en détourner, je citerai encore le docteur Surbled (2).

t. CM'W<&M/, z5 août i8<)8, p. 792.

:t. C~OM~, z5 août t8p8, p. 788, 78<).


t- Il-- ._s_ .c

f-jL L-A amjMAtta~nt'M

« H nous reste, dit-il, à parler de l'opinion très ré-

pandue qui attribue les sueurs de sang & l'M~

Que les anciens comme Suarez l'aient cru, rien d'éton-

nant ignorants du domaine nature!, ils ont accepté

bien d'autres hypothèses, plus singulières, plus invrai-

semblables, et dont la science a fait justice mais l'er-

reur se transmet, se perpétue, et l'on rencontre de nos

jours, non seulement des philosophes, mais des savants

réputés pour attribuer a l'homme le pouvoir magique

de créer la sueur de sang (de même que les stigmates),

par le seul effort d'une imagination ardente et concen-

trée.

« Cette opinion est-elle fondée ? a-t-elle une valeur

scientifique ? Aucun physiologiste n'oserait l'affirmer

et il n'y a que des profanes, égarés en médecine,

pour établir des analogies trompeuses et des rappro-

chements forcés entre les faits observés et la sueur de

sang.

« Le R. P. Coconnier est manifestement au nombre

des profanes et il lui faut, dirons-nous à la suite du

docteur Imbert-Gourbeyre, une rare audace, avec

beaucoup d'inexpérience, pour affirmer que la sueur

de sang n'a rien d'extraordinaire, pour en rapprocher

les phénomènes transcendants de l'hypnose, tels que

vésication et exsudation sanguine, pour regarder tous

ces faits étranges comme aussi simples que naturels,

et en fournir une explication soi-disant satisfaisante. »

XI

La stigmatisation hypnotique.

En ï885, M. Focachon, pharmacien, près Nancy,

produisait des vésications par voie de suggestion sur

la peau d'une somnambule, pendant que trois méde-

cins de La Rochelle obtenaient quelques gouttes de

sang sur un sujet hypnotisé. Ces faits extraordinaires

eurent un grand retentissement. Aussitôt les tenants

de la libre pensée proclamèrent à son de trompe que la

stigmatisation des saints n'était qu'un fait naturel; la


preuve en était faite expérimentalement, c'était chose jugée. Le Père Coconnier reconnaît que ces faits étranges qu'on pourrait appeler les phénomènes transcendants de l'hypnose, ont ému l'opinion et même jeté un certain trouble dans des esprits réputés fermes.–Je donne le nom de stigmatisation hypnotique aux faits de Nancy et de La Kochclle, parce qu'ils ont été obtenus par hypnose et qu'on a voulu les opposer à la stigmatisation divine.

C'est une erreur du Père Coconnier d'avoir mis sur

le pied d'égalité les faits de dom Calmet et autres que j'ai déclaré inadmissibles, et les faits de stigmatisation hypnotique. Autre chose est l'imagination hypnotisée, comme celle d'un médium auquel on dit: T'M-M~M, et qui saigne. La sueur de sang du condamné à mort ne répugne pas précisément à la raison, quoiqu'on soit obligé de la rejeter scientifiquement mais la sueur sanguine de l'hypnose répugne complètement à cette même raison et au sens commun le plus vulgaire.

C'est que ces exsudations sanguines sont tout ce

que l'hypnotisme a produit de plus étonnant dans cette frn de siècle. Dire à un sujet endormi Ce soir, à quatre heures, tu saigneras de ce bras, et que l'hémorragie ait eu lieu, c'est renversant au premier chef, un véritable miracle en son genre. Le Père Coconnier n'en prétend pas moins que c'est naturel.

Cette thèse dela stigmatisation hypnotique, ou des

exsudations sanguines par imagination, le Révérend Père a tenu à la faire sienne. Il a fait pour elle ce qui n'a été fait par aucun libre penseur il a voulu la démontrer-à fond par les faits, la théologie, la physiologie humaine, même par la psychologie de saint Thomas, l'exposant avec une ardeur, une ferveur dignes d'un meilleur sort.Il a même affirmé que les théologiens 'de l'Ecole dominicaine et thomiste n'étaient pas éloignés de penser comme lui ici, je demande le Referen~M<w. Son grand argument a été le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, versé au jardin des Oliviers il n'a pas craint del'invoquer àl'appuidusangimpur de l'hypnose.


Mais la stigmatisation hypnotique est-elle aussi naturelle que veut bien le dire le Père Coconnier ?

Nul homme au monde, malade ou bien portant, n'a le pouvoir par la pensée ou la parole, de faire sortir du sang de son propre corps,en quelque région que ce soit. Le sang ne peut sortir que par l'instrument tran- chant. Nul homme au monde, par pensée ou parole, n'a le pouvoir de faire sortir ce même sang du corps de son voisin. Si le fait existe, il est nécessairement extranaturel.

Qu'un homme rencontre un individu et lui dise impérieusement « Ce soir, à telle heure, tu saigneras à tel endroit de ton corps », il aura bien prononcé cette parole fatidique, mais le sang ne sortira pas il sortira peut-être, si au préalable cet homme a hypnotise son individu. M est bien extraordinaire que le sang ne puisse sortir que par hypnose et seulement chez certains sujets; qu'on ne puisse pas faire saigner un homme physiologiqucment.quand on le peut hypnotiquement. Donc l'état hypnotique n'est pas physiologique la stigmatisation par hypnose ne l'est pas davantage.

Ce qui prouve encore l'extra-naturel de l'hypnotisme et le fait soupçonner diabolique, c'est que le pouvoir de l'imagination est exclusivement limité aux stigmaties. Comment se fait-il qu'on ne puisse pas lui faire faire à l'aide de la suggestion, par exemple, des plaques d'eczéma ou de psoriasis et même des cors au pied ? N'est-il pas étonnant qu'on n'ait obtenu que deux ou trois fois quelques stigmates frustes, un peu de vésication, quelques gouttelettes de sang et pas autre chose. Pourquoi cette exclusion, cette limite posée a la suggestion, dont on dit cependant le pouvoir immense? N'est-ce pas dévoiler par là le véritable opérateur, le diable singeant les œuvres de Dieu. S'il avait pu produire toute espèce de signes à la peau, il eût caché admirablement son jeu. Il a été limité providentiellement au stigmate diabolique, pour qu'il fût reconnu à ce signe, et que son œuvre fut distincte des stigmates des saints, si différents d'ailleurs pour des raisons multiples.


La stigmatisation hypnotique est deux fois antiphysiologique, ou extranaturelle, parce que l'imagination ne peut pas faire sortir le sang par la peau, et que cette stigmatisation est un fruit d'hypnose qui ellemême n'est pas naturelle.

Si la stigmatisation hypnotique était chose naturelle, elle pullulerait, les forces de la nature étant constantes or, nombre d'hypnotiseurs ont voulu reproduire les expériences de ~ancy-La Rochelle, ils ont échoué. La stigmatisation hypnotique est l'œuvre de deux individus qui par eux-mêmes ne peuvent pas faire de stigmates. Comment pourraient-ils faire naturellement en hypnose ce qu'ils ne peuvent pas faire physiologiquement, hors l'état hypnotique Cette stigmatisation exige nécessairement un tiers, une puissance inteiiigente qui supplée à deux impuissances radicales (i). Tout philosophe de la nature qui étudiera l'hypnose en elle-même et dans ses contradictions avec la physiologie humaine, opinera que la stigmatisation hypnotique n'est pas chose naturelle de même, tout théologien, sachant d'autre part que le diable est le grand singe des actes divins, dira à propos de cette même stigmatisation Timeo diabolum et dona y~M. On dit en théologie mystique, qu'il n'est pas permis au démon de prendre la figure de la colombe ou de l'agneau; il lui est interdit probablement de reproduire les cinq plaies qui ont sauvé le monde. Jusqu'ici, l'hypnotisme n'a rien atteint de semblable les stigmates hypnotiques n'ont pas encore été vus aux cinq lieux d'élection.

Chose extraordinaire, depuis l'hypnotisme, les médecins sont devenus prophètes. Les médecins de La Rochelle ont dit à leur gendarme hypnotisé « Ce soir, tu t'endormiras à quatre heures, et tu saigneras aux bras sur les lignes que je viens de tracer. » Ainsi dit, ainsi réalisé. Le médecin a donc prophétisé le sommeil à échéance avec son hémorragie à heure fixe. ï. Cfr. La y~<M//M/M~ T. 2, ch. XIV, où l'on trouvera de plus longs développements.


Aurait-il pu le faire en dehors de l'hypnose ? Ces deux faits sont évidemment contre nature.

Disons, pour en finir, que le Révérend Père n'a nul-

lement démontré sa thèse la preuve en est dans les lignes suivantes, où il a concentré toute son argumentation

« Reste donc l'apparition des marques sanglantes,

stigmates, vésications, etc. Le R. P. Franco signale ce fait comme étant favorable à sa thèse, sans insister toutefois autant que d'autres le font, et cela se comprend. Les anciens théologiens auraient déjà suffi à le rendre circonspect sur ce chapitre, mais à la suite des récentes études sur ce qu'on appelle « le dermographisme, les hémorragies et les ecchymoses spontanées » la réserve du Révérend Père est plus que justifiée. On conçoit en effet, dit l'abbé Lelong, et nos savants l'expliquent physiologiquement, d'une manière assez satisfaisante on conçoit que l'imagination surexcitée par l'état de somnambulisme artificiel, détermine à un point donné du corps, un de ces afflux de sang, qu'une affection morbide opère fréquemment dans l'état ordinaire, et qu'alors il y ait un gonflement des chairs, voire même une exsudation de quelques gouttelettes de sang. -Tous ces phénomènes sont de simples troubles circulatoires qui démontrent l'influence de l'âme sur le corps(docteurBonjour).-Ils ne dépassent point le pouvoir de l'imagination par elle-même, que ne fait pas cette humaine faculté (abbé Schneider). »

Et tous ces dires du Père Coconnier sont sans va-

leur. Le dermographisme ne peut pas être invoqué, puisqu'il ne produit pas d'exsudations sanguines-les grands théologiens ont été jugés quant aux deux abbés, ce sont des profanes l'un a parlé sans savoir l'autre s'est contenté de pousser un hourra en faveur de l'imagination et tout cela, pas plus que l'opinion du docteur Bonjour, ne prouve pas qu'il y ait une imagination stigmatogène ce qu'il fallait démontrer.

En résumé, le Père Coconnier a basé uniquement

sa thèse des exsudations sanguines sur la stigmatisation hypnotique, c'est-à-dire sur un fait diabolique. Il


a voulu chasser le diable de l'hypnotisme, et par les exsudations sanguines, il s'est rallié à la thèse des libres penseurs, qui chassent Notre-Seigneur Jésus-Christ de la stigmatisation des saints il s'est trompé deux fois en matière grave. Demain, les libres penseurs qui réduisent la stigmatisation divine à un fait naturel, le citeront comme autorité à l'appui de leur thèse.

XII

Les deux avocats. Réplique.

Il fallait bien répondre au docteur Imbert qui avait vivement attaqué la thèse du Père Coconnier.Réponse a été faite par deux médecins choisis ad Ace elle a paru dans la Revue thomiste du 13 janvier dernier signée du docteur Arthus, professeur de physiologie à l'Université de Fribourg, collègue du Révérend Père, et de M. Victor Chanson, de Paris, promu docteur en 1893.

Dans cet article collectif, le nom du Père Coconnier n'est pas même prononcé saint Thomas, les grands théologiens ont disparu. On reste sur le terrain exclusif de la science.Il n'est pas question du docteur Imbert et de son argumentation contradictoire idem, du docteur Surbled qui lui a prêté main forte du docteur Hélot qui a combattu /c~M~ sur toute la ligne. De fait on n'a pas voulu apprendre aux lecteurs de la Revue thomiste que son rédacteur en chef avait trouvé des contradicteurs sérieux à son œuvre.

Les avocats du Père Coconnier débutent ainsi « Certains médecins,disent-ils,sont sceptiques à l'égard des sueurs de sang etiesconsidèrent comme des fables. pour d'autres personnes, les sueurs de sang ne sont pas des fables on en peut citer des cas authentiques, indiscutables, mais ces mêmes personnes, incapables (?) d'en connaître le mécanisme, ont tendance à les considérer comme des manifestations d'une intervention surnaturelle. Les sueurs de sang, disent-ils, sont inexpli-


cables par la physiologie, sont antiphysiologiques,

pourrait-on dire leur cause n'est pas physiologique.»

Mais, chers confrères, je vous arrête immédiatement,

avant que vous alliez plus loin. Vous ignorez, ce me

semble, le courant d'opinion dans la question des

sueurs de sang. A cette heure, pas un médecin n'en

nie l'existence, et parmi les médecins catholiques que

vous visez sous le nom de certaines personnes (pardon,

j'en fais partie), il n'en est pas un seul qui ait été assez

sot pour dire que la cause des sueurs de sang était

nécessairement surnaturelle. Ils disent seulement que,

parmi ces sueurs, il en est d'ordre surnaturel, comme

les exsudations sanguines dans la stigmatisation divine,

et d'autres d'ordre pathologique, comme celles de

l'hémophilie, de l'hématidrose et des hémorragies sup-

plémentaires. Ils sont dans le vrai.

Les deux avocats poursuivent en disant que « les

cas de sueurs de sang, signalés dans l'histoire, sont en

général discutables ». Ils font silence sur les faits soi-

disant probants invoqués par le Père Coconnier mais,

en compensation, ils apportent de nouveaux faits au

nombre de neuf, pour prouver qu'il existe des faits

indiscutables de sueurs de sang, ce qui n'est contesté

par personne.

Les neuf faits en question se décomposent en six

observations d'hématidrose du mémoire Parrot (i853),

une du même genre communiquée par le docteurBarthe de Sandford, et deux observations de purpura (Gilibert

et Lancereaux). Ces deux dernières ne comptent pas,

parce qu'il n'y a pas eu d'exsudations sanguines ou hé-

matidrose. Ces sept observations valent encore moins

que les six faits probants du Père Coconnier .11 suffit de

les lire attentivement pour se convaincre que l'imagi-

nation diversement émue n'a pas été la cause détermi-

nante des hémorragies produites à la peau.

Le docteur Bourneville, sectaire de premier ordre,

avait déjà invoqué les six observations Parrot contre

la stigmatisation de Louise Lateau, prétendant que

cette pieuse fille n'était qu'une hystérique. Mais, guidé

par le bon sens médical, il s'était bien gardé de s'en

servir, dans le but de prouver que Louise avait fait ses


stigmates et leurs hémorragies par la puissance de son imagination. H n'avait pas la même foi aux hémorragies émotionnelles que le Pcre Coconnier et ses deux avocats.

MM. Arthus et Chanson parlent ensuite du rôle des nerfs dans les hémorragies. Ils citent quelques expériences physiologiques, démontrant qu'on peut obtenir des hémorragies à distance par la section des nerfs de la région ils produisent trois faits d'anatomie pathologique pour établir que des maladies du système nerveux peuvent aussi provoquer à distance des hémorragies, puis ils parlent d'hémorragies réflexes causées par le froid ou le chaud, et finissent par invoquer les hémorragies supplémentaires, et partant de ces données scientifiques, « nous pouvons, disent-ils, prévoir ~c~que'des hémorragies peuvent être produites par des émotions violentes, par des affections morales énergiques

Pardon, chers confrères, je vous arrête une seconde fois. Vous n'avez pas le droit de prévoir, encore moins de conclure.

Les faits d'expérimentation physiologique que vous citez, tournent contre vous. D'abord, il n'y a pas eu d'exsudations sanguines puis les hémorragies interstitielles ont été seulement provoquées par le couteau qui a sectionné les nerfs or, le couteau n'est pas l'imagination.

Vous citez quelques faits d'anatomie pathologique par exemple, une hémorragie du rein succédant à une inflammation de la substance grise cérébrale. Mais oserez-vous dire que cette hémorragie reinale a été produite par une émotion violente avec un cerveau en plein ramollissement ? Est-ce qu'un cerveau ramolli est la même.chose que l'imagination ?

A propos d'hémorragies réflexes, Claude Bernard, dites-vous, a constaté à plusieurs reprises la présence d'ecchymoses chez des lapins morts à la suite d'une trop grande élévation de température mais Claude Bernard vous a-t-il dit que ces ecchymoses provenaient <ie l'imagination du lapin ? 3


Vous parlez aussi d'hémorragies supplémentaires,

speciaiitë de la femme mais,parmi ces faits rarissimes,

pourriez-vous m'en citer un seul provenant d'une émotion violente, ou d'une affection morale énergique –Oui, peut-être mais pas à la peau.

En résumé, tous les faits que vous avez produits.

sont des plus positifs, mais ils ne démontrent nullement qu'il y ait des hémorragies par imaginationPartant, toutes vos prévisions et conclusions sont à mettre au chapitre des illogismes.

L'imagination peut faire suer, pleurer, saliver, sper-

matiser, provoquer même la diarrhée du conscrit mais elle ne saurait faire saigner, surtout par la peau, ce que j'ai hâte de démontrer.

Je doute qu'il y ait beaucoup d'hémorragies émotion-

nelles les faits sont rarissimes. En tout cas, ces hémorragies par imagination ne se produisent jamais à la surface de la peau là, elles sont impossibles. En d'autres termes,M~Mr~M~' sortir le .M~a~M~ec~MCM.y;)'~Mr<</<.f~M' C'est là ma thèse je la fais mienne, désirant qu'ellesoit examinée et discutée à fond.

Elle repose sur un fait visible pour tout le monde r

c'est que les fronts humains rougissent incessamment sous les émotions les plus violentes et ne saignent ja-

mais on peut ériger ce fait en loi, parce qu'il est cons- tant, universel, immuable. C'est la loi du./r< qui' rougit et ne saigne jamais. D'un côté, elle établit I& puissance énorme que possède l'imagination de pous-

ser le sang à la périphérie, et de l'autre, elle proclame son impuissance à le faire sortir.

Cette loi n'est que le corollaire d'une loi plus géné-

rale, que j'ai appelée Loi conservatrice du sang; Elle a

sa raison d'ôtre dans ce fait constant, universel, que

l'homme physiologique, l'homme bien portant ne perd

son sang par aucune voie (sauf le fait naturel des menstrues féminines). Il était nécessaire que l'homme ne perdît pas de sang, car le sang, c'est la vie on la perd en le perdant, et vitam cum ~~g~<f/M~. Seul,

l'homme malade ou blessé peut perdre'du sang


d'homme physiologique jamais. Il n'y a donc pas <t'hémorragies émotionnelles chez l'homme bien portant, de sorte que l'imagination en est réduite à pousser le sang à la peau, sans pouvoir le rejeter dehors. Si elle était douée de cette puissance, comme les pas-sions humaines font rougir chaque jour des milliers de fronts, ces fronts se mettant à saigner, on ne verrait partout que des figures ensanglantées. Heureusement, la Providence a veillé à la conservation du sang, comme Ja même Providence a voulu rendre impossibles les objections contre la stigmatisation des saints.

Les deux lois du sang en question n'en font qu'une. ~Eltes sont confirmées par les expériences du professeur Bouchard sur les animaux, démontrant que le .cœur est impuissant à faire sortir le sang par la peau -aussi par l'expérience du professeur Beaunis, contemplant son pouce en y pensant fortement pouvant jpeut-être le faire rougir, mais ne pouvant pas le faire :saigner. Confirmées en outre par les vivisections chez les animaux on leur a coupé les nerfs, parfois il en -est résulté des hémorragies interstitielles mais jamais on n'a pu obtenir la moindre exsudation sanguine à la ,peau.

Donc, physiologiquement et expérimentalement, /'<OMt~M~M~ peut pas faire sortir le sang par la ~MM ma thèse est établie et je puis soutenir a ~~t'c~t' que tous les faits contradictoires qu'on pourrait lui opposer, sont nécessairement faux, ou sans valeur, et de fait, tous ceux qui ont été produits, /sont justiciables du gros bon sens médical qui ne peut les admettre comme hémorragies émotionnelles. Bien plus, sur les six faits mis en ligne par le Père 'Coconnier, il en est trois qui démontrent ma thèse je tes a! déjà cités (IX). C'est la domestique de Bordeaux -qui assiste à une saignée pratiquée au bras de sa maîtresse; une mère qui voit son enfant sur le point -d'avoir le cou tranché par un rideau de cheminée une ~iame qui aperçoit dans la rue un enfant dont le pied va être écrasé par une porte de fer. C'est bien l'émotion violente qui a déterminé chez elles une ecchy-


mose et des rougeurs persistantes ce sont là trois

beaux faits d'hémorragie émotionneUe mais le sang s'est arrête dans les mailles de la peau, l'émotion n'a 1 pu le faire sortir,

D'autre part, la rareté des faits de sueurs de sang

attribuées à l'imagination, on en compte à peine quinze,

ne prouve-t-elle pas leur non-valeur dans l'espèce,

attestée du reste par les millions de fronts qui rougis- sent chaque jour et ne saignent jamais.

Et de ce que l'imagination ne peut pas faire sortir

le sang par la peau, et comme il faut du sang pour faire des stigmates, il s'ensuit que

Tous les libres penseurs proclamant que la stigma-

tisation divine n'est qu'un fait naturel dû à l'imagina-

tion des saints;

Tous les médecins qui prétendent, comme le docteur Ferrand, que les personnes pieuses peuvent faire des stigmates par imagination 3

Tous les abbés ou religieux qui soutiennent, comme

le Père Coconnier, que, chez certaines personnes, il

peut se produire des exsudations sanguines par ima-

gination Tous, libres penseurs, médecins pieux, abbés régu- S

liers ou séculiers, tous font erreur et banqueroute au 1

point de vue scientifique. a

Cette même imagination, impuissante à faire sortir

le sang par la peau, explique pourquoi, jusqu'à pré- M

sent, on n'a pas trouvé un seul fait probant en faveur

de 1 imagination hémorragigène, Pourquoi les stigmatisations hypnotiques de Nancy- S

La Rochelle ne sont pas des faits naturels et ne vien-

nent pas de l'imagination, j

Pourquoi la sueur de sang de Notre-Seigneur, au

Jardm de l'Agonie, a été essentiellement miracu-

leuse.


XIH

Le silence.

La thèse des exsudations sanguines par imagination, est condamnée par la science elle est encore condamnable au regard de la Foi.

Si réellement certaines personnes peuvent, en vertu de leur imagination, faire sortir du sang à la peau, certaines personnes aussi, comme les stigmatisés, ont pu, en contemplant fortement la Passion, faire sourdre leur sang aux lieux d'élection des cinq plaies, en imitation des plaies divines. S'il en était ainsi. la stigmatisation des saints ne serait plus qu'un fait physiologique; l'Eglise, qui en a reconnu l'origine surnaturelle par la liturgie et les canonisations, se serait grossièrement trompée.

La thèse du Père Coconnier est identique à celle des libres penseurs. Il l'a émise de propos délibéré, l'appuyant même sur les grands théologiens, essayant aussi de l'endosser aux religieux de son Ordre.: que Dieu les garde – Le livre de l'Hypnotisme franc est du pur rationalisme tout libre penseur eût pu le signer. L'auteur a tout fait pour naturaliser l'hypnotisme sa thèse se dresse en objection contre la stigmatisation des saints.

Comment le Révérend Père en est-il arrivé là ? Ceci mérite explication et touche aux circonstances atténuantes.

Etant au couvent de Nancy, il voulut étudier l'hypnotisme, et se mit à suivre la clinique du docteur Bernheim, l'auteur de Z.a! .s~ Or, mon collègue professe la naturalité complète de l'hypnose. L'élève partagea bientôt les convictions du maître. D'autre part, un Jésuite romain, le Père J.J. Franco, avait soutenu, dans un livre célèbre, la thèse de l'hypnotisme diabolique. Trop confiant dans ses études cliniques, ignorant surtout les choses de la médecine, le directeur de la Revue thomiste partit en guerre contre l'éminent rédacteur de la Civilta c~o/ Y fut-il poussa


par cette envie singulière de M<M~<MM<7~ espèce

de névrose qui se produit parfois dans les Ordres reli-

gieux Je serais tenté de le croire, aux grandes ardeurs

qu'il a déployées dans le combat.

H fallait démontrer que l'hypnotisme était un phéno-

mène naturel mais l'hypnotisme venait de révéler son

caractère diabolique par les fausses stigmatisations de

Nancy-La Rochelle. Comment tourner la difficulté ?

Le Révérend Père se mit alors à soutenir que, chez

certaines personnes, y compris le gendarme de La

Rochelle, l'imagination était assez puissante pour pro-

duire des exsudations sanguines à la peau c'était juste

la thèse des libres penseurs contre la stigmatisation

divine. Là, le Père Coconnier a sombré à fond, et

scientifiquement et théologiquement. Mais combien il

a aggravé sa position, en ne répondant pas aux objec-

tions qui lui ont été faites en gardant le silence sur

la stigmatisation des saints, sur l'Eglise qui avait fixé

la Foi à ce charisme divin. Ce silence a été sa con-

damnation.

De l'Eglise surtout naissait la lumière. Sur ce point,

elle l'a prodiguée à flots à l'Ordre de saint Dominique.

Ce grand Ordre que j'ai vu renaître en France, où

j'ai compté de nombreux amis qui ne sont plus a

été singulièrement privilégié il possède le plus beau

fait de stigmatisation qui existe, celui de sainte Cathe-

rine de Sienne. Rien de plus émouvant que la page

où le B. Raymond de Capoue raconte comment Cathe-

rine fut stigmatisée par le Seigneur.

En commémoraison de ce fait miraculeux, l'Eglise a

octroyé à l'Ordre de saint Dominique la fête de l'im-

~M.K'~ des stigmates de sainte Catherine de Sienne.

Dans l'office concédé, elle raconte tout au long le mi-

racle insigne de Pise. Par l'établissement de cette fête,

elle a proclamé la stigmatisation divine et le Christ

seul stigmatisateur de ses saints. Ici, la loi de prier

impose la loi de croire au charisme divin.

Sainte Catherine de Sienne marche, avec sainte

Catherine de Ricci, à la tête d'une pléiade de vierges

dominicaines qui, elles aussi, ont reçu les stigmates du

Seigneur. J'ai raconté ailleurs leur histoire merveil-


"t 6.I"&Cf

leuse, toute à la gloire de l'Ordre de Saint Dominique. Que si ces vierges pouvaient parler du haut du ciel, je crois qu'elles nous diraient « Nous avons porté sur terre les stigmates de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est lui qui nous a donné ces marques divines. Dire que nous aurions pu les faire de notre imagination propre, c'est une injure faite à l'Epoux du Ciel et à l'Eglise de la terre. » Mais qu'est-il besoin que les vierges parlent, quand l'Eglise a parlé ? l

Les deux avocats du Père Coconnier ont fait éga-

lement silence sur la stigmatisation divine, silence qui leur a été évidemment commandé. Un terminant leur plaidoirie, ces défenseurs par trop officieux prétendent « avoir établi que les sueurs de sang ne se présentent pas avec le caractère merveilleux et surnaturel qu'elles ont pour les personnes mal renseignées ».

Mais, pardon, les adversaires de la thèse du Père

Coconnier quorum pars <w~M y~' sont gens parfaitement renseignés sur la question ils la connaissent même à fond. Les faits de sueurs de sang que vous signalez, n'ont jamais eu pour nous de caractère surnaturel nulle part, nous n'avons écrit pareille sottise. En somme, nous soutenons qu'en dehors des sueurs de sang ou exsudations sanguines de l'hémophilie, de l'hématidrose ou des déviations périodiques, toutes d'origine morbide, il en est d'autres qui ont une origine surnaturelle.

Vous ne niez pas la possibilité, dans certains cas, de

cette seconde origine seulement, vous demandez qu'on en fasse preuve, nous sommant de dire dans quelles conditions se seraient produites ces sueurs de sang extraordinaires. Eh bien, elles se sont produites dans les conditions de la stigmatisation divine. L'Eglise t'a démontré & sa manière. Vous le savez aussi bien que nous pourquoi avez-vous fait semblant de ne pas le savoir ?


XIV

L'hypnotisme diabolique.

Le diable existe. Comme Dieu, il est le grand arti-

cle de foi du genre humain. Sa puissance est incontes-

table reste à savoir s'il l'exerce dans l'hypnotisme.

A elle seule, la stigmatisation hypnotique prouve

d6}à que le diable est dans la place. Y est-il toujours ?*

Non. Sa présence est contingente visible seulement

aux yeux de l'esprit, elle se démontre par un ensemble

d'effets hypnotiques.

Il est permis d'employer l'hypnotisme dans le traite-

ment des maladies le Pcre Lehmkuhl en a donné les.

raisons theotogiqucs (t). Toutefois l'application en est

i. Jt est évident que l'hypnotisme estitticite, non seulement!

lorsqu'il est opposé à la vertu de religion, mais encore lorsqu'il

n'a pour but que la satisfaction d'une vaine curiosité. Mais s'ib

faut l'employer comme remède, faut-il aussi le repousser. Le~

R. P. Lehmkuhl hésite fortement à croire à l'efficacité de ce-

remède mais, cette efficacité une fois admise, il ne voit point

sur quelle base on s'appuierait pour infirmer la licité du pro-

cédé. Serait-ce en disant que t'itticité consiste dans la manière

de procurer t'état hypnotique ? Mais il n'y a point d'injure, te

consentement étant mutuel, soit de la part de l'hypnotisant, soit

de la part de l'hypnotisé il n'y a pas non plus de superstition~

les effets auxquels on vise étant purement naturels. Ou bien

sera-ce en disant que t'itticité consiste dans les effets de cet

état hypnotique ? Mais on agit pour un motif grave, on s'en-

toure de textes les précautions voulues. Donc, l'hypnotisme, an

point de vue médical, ne saurait être absolument condamné.

Le Père Ignatius Serra S. J., qui a publié à Rarcetonetes

Disquisitiones .M~/<M//t-c-<M//Ct!' du Père Val Cara-

joana, n'accepte pas l'opinion de son confrère allemand. Pour lui,

l'usage de l'hypnotisme est illicite, non seulement quand ses effets

sont certainement diaboliques, mais aussi lorsque ses effets sont

probablement naturels, et qu'on l'emploie à la cure de certaines

maladies si intime, dit-il, est en effet la connexion entre les

phénomènes simples et les phénomènes transcendants de l'hyp-

notisme, et sa pratique est l'occasion de tant de dangers qu'on

ne saurait avoir le moindre doute sur son origine diabolique.

(Extrait de L'Univers du 8 janvier t8o7.)


fort restreinte; elle a peu ou point pénétré dans la pratique médicale. L'École salpêtrienne ne croit ni à sa valeur ni à son avenir. Les résultats ont été surfaits.

Si l'hypnotisme est licite en quoique cas, il ne s'en-

suit pas qu'il te soit toujours. L'Élise et les médecins €n ont posé les conditions chacun à leur manière ~'Eglise au point de vue du diabolisme; la science médicale au point de vue des dangers.

Il est interdit de conclure des guérisons obtenues

par hypnose à l'absence de tout diabolisme dans t'hypnotisme. L'hypnotisme bienfaisant est un trompe-I'œit qui égare beaucoup de bons esprits dans cette q uestion. Hors le cas de maladie, l'hypnotisme est illicite et

habituellement diabolique. Pratiqué en passant par amusement, l'hypnotisme de salon, sauf les dangers possibles, ne parait pas être sous Faction diabétique il n'en est pas de même de celui pratique assidûment dans le but de provoquer les phénomènes supérieurs, A l'aide de médiums spéciaux et perfectionnés; ici, on est en plein diabolisrne.

A côté de l'hypnotisme thérapeutique qui n'est

qu'un très petit cote d~ la question, il -existe donc un hypnotisme diabolique. Les deux n'en font qu'un, mais ils diffèrent par les effets. L'hypnotisme appliqué aux maladies n'est pas un terrain favorahte à l'action diabolique pour deux raisons )c malade qui veut guérir n'abandonne sa iibert'- que dans un but moral puis il n'est pas à l'état de médium perfectionné, espèce éminemment diabo)isab)e. L'application thérapeutique n'est pas un appel au diable.

L'hypnose peut même être considérée comme un

moyen naturel, mais tout moyen naturel peut devenir diabolique, et c'est le cas de l'hypnotisme appliqué à d'autres recherches que celles de la guérison. Le R. P. Franco qui déclare l'hypnotisme préternaturel et diabolique, n'a jamais prétendu que le diable y fut toujours présent mais il a affirmé son immixtion, surtout dans les phénomènes supérieurs.

Au reste, il faut juger cette question à l'aide des

deux grands critères de la mystique Probate spiritus an ex Deo sint atractibus eorum cognoscetis ebs.


il en ressortira len esprit qui ne vient pas de Dieu, et

des fruits ou effets qui ont une origine diabétique ce

qui peut s'établir par de fortes présomptions, autam

que par des preuves directes.

D'abord, il est étonnant qu'après quelques simagrées

de passes, de regard ou une simple invitation à dor-

mir, on puisse obtenir un sommeil en réalité extraor-

dinaire. Il y a là toute disproportion entre l'effet et la

cause apparente il va de soi que ce sommeil n'a pas

pu naître d'une simagrée.

Puis, ce prétendu sommeil n'a été obtenu que par

l'aliénation complète de la liberté humaine ce qui est

immoral et coupable. De sorte que, dès ses débuts,

l'hypnotisme entre en sccne à l'aide d'un moyen à dis-

proportion suspecte et se constitue d'emblée dans

l'état mauvais, c'est-à-dire qu'il nait dans le péché et

se trouve sous l'empire du démon.

Et de cet état extraordinaire, on va retirer les effets

les plus surprenants, rien que par la parole parole qui

suggérera une idée, un acte fera croire et faire au

sujet tout ce que'voudra l'hypnotiseur qui n'a qu'à

parler pour être obéi.

L'action diabolique se présume encore de l'étran-

geté des phénomènes ou de leur extranaturalité, déjà

longuement exposée.

Considérez, en outre, que l'homme hypnotisé perd

non seulement son intelligence, son libre arbitre, sa

mémoire, mais encore toute dignité. Devenu chose de

l'hypnotiseur, il subit un esclavage que n'a pas connu

l'esclave antique, une dégradation analogue ou su-

périeure à la démence, au crétinisme, à l'idiotie.

N'est-il pas permis de soupçonner dans cette dégra-

dation extraordinaire une influence, une action diabo-

lique.

Le Dante semble avoir entrevu les humiliations de

l'hypnotisme, quand il représente dans les enfers le

serpent s'enlaçant au corps du pécheur, l'étreignant

dans ses spires, paraissant ne faire plus qu'un avec lui,

tant il l'a compénétré, et finissant par lui dire « Je veux


que tu rampes comme moi. » Tel est le génie diabo-

lique.

Que dire des dangers de /'Ay~~c/MM~

Es ont été affirmés par la science et même par les

gouvernements qui ont interdit les hypnotisations pu-

bliques comme péril social. C'est que l'hypnotisme

produit parfois les maladies les plus terribles, comme

l'épilepsie, les convulsions, la folie, l'idiotisme et

même la mort subite en pleine hypnose. Or, il est

extraordinaire qu'après avoir plongé un sujet dans le

sommeil hypnotique à l'aide de quelques passes ou

autres moyens inoffensifs, il puisse s'ensuivre les ma-

ladies les plus graves et même la mort. Evidemment,il

y a disproportion de cause à effet; et, puis, rien d'a-

nalogue dans toute la pathologie humaine. Donner

pour explication le détraquement du système nerveux,

la dépression du cœur, etc., ce sont là des mots qui

n'expliquent rien et non des leçons de choses.

Peut-on invoquer ici une action démoniaque ? In-

contestablement, si l'on s'en réfère à l'histoire de la

mystique divine et diabolique, terrain fort expérimen-

tal. Elle nous apprend que le diable est le méchant

absolu, qu'il tâche non seulement de séduire l'homme

par les superstitions, de fausses visions, de faux mira-

cles, des pratiques occultes, mais encore de lui nuire

en sa personne et jusque dans ses biens.

Il est donc rationnel de présumer l'action diabolique,

en se basant sur la disproportion entre la cause et

l'eoet, sur l'étrangeté des phénomènes, sur les humi-

liations et les dangers de l'hypnotisme. Cette présomp-

tion va devenir certitude par des preuves plus directes.

Je me borne à trois.

Ce sont d'abord les Phénomènes transcendants de

l'hypnotisme qui ont été niés si légèrement par le

Père Coconnier. Dans son ardeur à pourfendre le

Père Franco, il a oublié qu'il existait une mystique

divine et une mystique diabolique que ces mêmes

phénomènes transcendants se rencontraient dans les

deux mystiques. Il a oublié surtout que le diable était


le grand singe des œuvres de Dieu qu'il les contrefaisait incessamment, et que ces contrefaçons constituent la mystique diabolique, comme les faits divins constituent la mystique divine.

Et, maintenant, il va de soi que les phénomènes de lévitation, de clairvoyance, de télépathie. et même d'exsudations sanguines, que l'on rencontre dans l'hypnotisme, ne proviennent pas de Dieu, mais seulement de l'esprit contrefacteur. Donc l'hypnotisme, où se produisent ces phénomènes, est nécessairement diabolique. Cette conclusion s'impose, ou bien il faut nier les deux mystiques.

Et maintenant qui ne connaît les expériences de Crookes, l'illustre physicien anglais ? Grâce à ses médiums, il a pu entendre des coups frappés, des sons de toute espèce, provenant d'êtres invisibles il a vu des accordéons jouer tout seuls sur place, s'élever même tout seuls en l'air, continuant leur musique des meubles marcher à son commandement, s'élever aussi contre les lois de la pesanteur. Bien plus, ont apparu devant ses yeux des mains lumineuses, même des corps entiers, corps visibles et tangibles; ces mains lumineuses, il a pu les tenir et les serrer dans sa main propre.

Je passe bien d'autres faits. Tous se sont produits en présence de nombreux témoins, en toute rigueur scientifique, à l'abri de toute fraude et supercherie. Ils ont été contrôlés et reproduits par nombre d'observateurs de toutes nationalités. L'authenticité de tous ces faits est chose jugée.

Fort de ses belles expérienses, Crookes a conclu que tous ces phénomènes étranges étaient nécessairement gouvernés par une intelligence. Pour nous catholiques, quelle est cette intelligence, sinon l'esprit mauvais et contrefacteur ?

La démonstration scientifique du diable, faite par Crookes, est confirmée par les aveux des ~< qui reconnaissent et proclament la même intervention des


esprits dans les phénomènes obtenus par les médiums. Donc, l'hypnotisme est diabolique (i).

XV

Magnétisme condamné par l'Eglise. Catherine Emmerich et le curé d'Ars.

L'Eglise a positivement condamné le magnétisme par un décret du Saint-Office ainsi formulé Magne/M7M/M, prout M~o/M/M~, lion est admittendus. Or, le magnétisme n'est autre que l'hypnotisme; en prenant ce nouveau nom, s'il a changé de veste, il n'a pas changé de nature. « La question de l'hypnotisme, dit Paul Kicher (2), louche de près aux faits rangés dans le cadre du magnétisme animal. Convient-il d'établir entre l'hypnotisme d'une part, et le magnétisme de l'autre, une séparation nettement tranchée ? Nous ne le pensons pas, du moins quant à présent. Le Père Coconnier n'a pas hésité à les séparer pour les besoins de sa cause, mais il n'a fourni aucune preuve à l'appui. 11 est vrai que, par sa décision du août i856, le Saint-Office a toléré l'emploi médical du magnétisme mais les conditions posées il ce sujet prouvent combien, dans l'esprit de l'Eglise, le magnétisme est suspect et entaché de diabolisme.

L'Eglise vient encore de condamner indirectement le magnétisme dans le décret d'introduction de la cause de la vénérable servante de Dieu Marie-Françoise de Sales Chappuis, supérieure du monastère de la Visitation de Troyes, décret du 27 juillet 1897, dans lequel il est dit de la Vénérable « Elle détourna plusieurs personnes des témérités du gallicanisme, des supers~<cw du magnétisme et des restes du jansénisme. » Il faut espérer que l'Eglise condamnera un jour fort. Sur cette question des phénomènes transcendants, il faut lire Crookes et le R. P. Lescœur La science et les faits -sur<M~f&<-<M<<M'M. Paris. 1897. Roger-Chernovitz. 2..E& médicales sur la grande hystérie.


mollement l'hypnotisme, à raison même des thèses qui se sont élevées en sa faveur jusque dans le camp des catholiques.

Par décision du 3o mars 1898, approuvée par le Pape, le t' avril, la Sacrée Congrégation de l'Inquisition a formellement condamné le spiritisme, quand bien même le médium ne s'adresserait qu'à des anges et n'obtiendrait que des réponses en conformité avec la Foi.

Est-ce que cette condamnation ne tombe pas sur l'hypnotisme ? Le spiritisme, n'est-ce pas l'hypnotisme pratiquant lès évocations ? l

Il faut aussi écouter les saintes âmes. Je citerai à ce propos la sœur Catherine Emmerich, grande stigmatisée de notre siècle.Ses dires sur le magnétismesont tout un enseignement. Son confesseur et son médecin avaient voulu la magnétiser pour calmer ses douleurs. Elle les en détourna. Ce qu'elle dit d'une somnambule célèbre de Francfort est applicable doctrinalement à toutes les somnambules. « La pratique du magnétisme, disait la voyante de Dulmen, confine à la magie seulement on n'y invoque pas le diable, mais il vient de /M~M~M.~ »

Catherine eut une foule de visions au sujet du magnétisme « Je voyais toujours Satan, disait-elle, dirigeant tous les mouvements du magnétiseur et les fai- sant avec lui. » Et ailleurs « Je n'ai presque jamais vu personne sous l'influence du magnétisme sans qu'il s'y mêlât au moins une impureté charnelle très subtile. Je vis des gens tomber de la région lumineuse dans la région ténébreuse par suite de ces participations à ces procédés magiques qu'ils appliquaient au traitement des malades, prenant pour prétexte l'intérêt de la science. Je les vis alors magnétiser, et égarés par des. succès trompeurs, attirer beaucoup de personnes hors de la région lumineuse. Je vis qu'ils voulaient confondre ces guérisons d'origine infernale et ces reflets du miroir des ténèbres, avec les guérisons opérées par la lumière et avec la clairvoyance des personnes favorisées du ciel. Je vis, à cet étage inférieur, des


hommes très distingués travailler à leur insu dans la sphère de l'église infernale (t) ».

Et en disant tout cela, la voyante allemande n'avaitelle pas jugé de son regard prophétique tout notre hypnotisme contemporain, tous les médecins et tous les abbés qui s'en mêlent ? 2

Maintenant je laisse la parole au R. P. Lescoeur. Qu'il soit permis à celui qui écrit ces lignes, de raconter un fait, à lui personnellement connu, qui met en relief et en contraste,d'une manière saisissante, les deux surnaturels « le divin et le diabolique ». C'est à moi-même et par le héros de l'histoire que la chose a été rapportée. « Le Vénérable Curé d'Ars, que j'ai eu le bonheur d'approcher dans ma jeunesse, avait pour voisin et pour ami M. de M.excellent chrétien M. de M. était, en même temps, un curieux de métaphysique et de philosophie, il a toute sa vie travaillé à un grand ouvrage qui ne verra jamais le jour. Souvent il venait à Paris pour ses études mais jamais il ne quittait son saint ami sans venir lui. demander sa bénédiction. Il en faisait autant au retour. Or, un jour, M. de M. se décida à venir à Paris étudier le magnétisme en suivant les séances, alors célèbres, du baron Du Potet. Il n'avait en aucune façon mis le Curé d'Ars dans la confidence au retour il vint, selon son habitude, lui demander sa bénédiction. Il le trouva debout sur le seuil de son église. Mais du plus loin que le saint vieillard l'aperçut, il fit un geste comme pour le repousser, et lui cria d'un ton sévère « Vade retro satanas,retirez-vous de moi, satan, vous venez d'avoir commerce avec le diable 1 » Tout interloqué, M.de M. fut obligé d'avouer ce qu'il venait de faire, et n'obtint son pardon que sur sa promesse de ne pas recommencer ».

Les saints ont les illuminations divines aussi, ai-je plus de confiance dans les dires de la pieuse Catherine t. Prière de lire complètement dans la Catherine Emmerich, par le Père Schmoeger, t. I", le chap.XXXII, à partir de la page


ET LA STIGMATISATION 63 w · .-1' 1_ .La__

Emmerich et du saint Curé d'Ars, que dans la thèse

du Père Coconnier, donnant la chasse au diable pour

la donner surtout au Père Franco.

Les débats sont terminés. J'avais dit dans La y~

matisation L'hypnotisme est diabolique l'imagina-

tion ne peut pas faire de stigmates. Arrive l'auteur

de l'hypnotisme franc qui a soutenu tout le contraire

de mes deux thèses. J'ai répliqué.

Qui a raison du maître en théologie ou du docteur en

médecine ? Au-dessus de nous, il y a heureusement des

juges tôt ou tard, ils se prononceront sur ces ques-

tions en litige, d'autant plus que toute la mystique

divine y est mise en cause par l'hypnotisme et ses

fausses stigmatisations.


TABLE DES MATIÈRES

FagM

IXTRODUCTtOM. 3 I.Stigmatisationdivine. 7

n.Loisdu sang. 8 Ht. L'imagination stigmatogène. to IV. Observations préliminaires. 3 V. Le docteur Ferrand. !6 VI. Le Père Coconnier. 22 VII. Sommeil et suggestion hypnotiques 25 VHI. Dédoublement de la personnalité.–Suggestions à

échéance. 28

IX. Exsudations sanguines. Historiettes. 31 X. La sueur de sang de Notre-Seigneur. Les grands

théologiens. 36

XI. Stigmatisation hypnotique. 41 Xn. Les deux avocats. Réptique. 46 XUI. Le silence. 5z XIV. L'hypnotisme diabolique. 55 XV. Le magnétisme condamné par l'Église.–Catherine

Emmerich et le Curé d'Ars. 60