MARTIN, L.H DE
Les trois formes de la matière minérale, organique, O~M~
Paris 1868
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y"– –––––––––––– LES TRCiS FOHMES
DE LA MATIERE M!NËRALE-<H{GAMQ!JK-<~ANtSËH
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LE Dr L.-H. DE MARTIN
Hec~t~ire pcm~T) de )n f~x* m~ticatc 't'~mnhmon 'tf ~ftntjwtti' LnmvttL<tc!'nL'netit<jdGnt'-dc<'h)C
Membi~tt~Socit' chimique <c' Pni't~, butfu)i'iue<<<- t-'mhCt' <tctit<~cciïtt'ctchirHrtf[f;]rf~i<)"c~<tcMo))ttK]tic)' Hontlu·llirr
c<'))tf&te:t d'ORrtcuUnre <tt; !'Amtc, de )'J)<;m :tt.. de )~ C6tc-<)'0r, tïc HaMU~û~-nNue dn Comice "t~M~JC' dP Nar)wnn(-. <h' 'A'T'in).inn -i~ntiîiftUt' dc-j~&~cc C $ ~[CTOH 1 t M'Ot'~T Fij~, i.inKAJRHS PLACE UH~OLB-nH<~M!~S)i
J~ MONTPË!~R Il C.~OULET. LÏHRA!RR DE LA~ACtJI/rR nH M~:))ECIKK F <:RA~~R]L~5
))t)'<~ix\m –– -–– ––––––o~
LES TROIS FORMES
DE L A MATIÈRE
MtNÈRALE– ORGA~QUE– ORCAMSËE
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Des Fermentations et des Ferments dans leurs rapports avec la physiologie et la pathologie. Grand in-8", 30 pages. t8C5. Paris, J.-n. BaiXicre et 08, rue HautofHuMc, <9.–Montpellier, Coulet, Grand'Hue. 5.
Des Engrais alcalins extraits des eaux de mer. In-8". t6 pa~es, i867. Pai'is librairie agricole dp ht Maison ru<tique. rue Jacob. 29. MompcUier, Coutet.
Ëtudes sur la fabrication des Fromages (fermentation caseiquc). Grand in-S", 60 pa!;esj867.– MontpcHier. Coulet Paris, librairie agricole de la Maison rustique.
Compte rendu des travaux de l'Association soientinque de France. Session d''Montpe)!ier. juin ~867. In-8°, i t pagM. – Montpeilier, Coulet.
Lettre sur la fabrication agricole des Vins a l'abri du contact de l'air. In-8", 4 pages, août t867. -Paris, Blériot, quai des Gntndf.-Au~tMtins, 55. Montpellier, Coulet. Lés Appareils vinicoles en usage dans le midi de la France. ht-8", 120 pages [868. Paris, librairie agricole de la Maison rustique Montpellier, Coulet.
Fabrication des Vins a l'abri du contact de l'air. Experienccs instituées à Montraboch près Lézignan ( Aude ). <'n t867. In-8*. 12 pa~es. Mai 1868.– Paris, Blériot. Mont- t- peiiier, Coulet.
Compte rendu des travaux de la Société médicale d'émulation de Montpellier. Ann<'e~ t86'i867.
LES TROIS FORMES
DE LA MATIERE
M!NÉRALH-ORGAN!QUE-ORGAN)SER
Mn n
LE Dr L.-H. DE MARTIN
SMnitth'e~htS<KMMmMfca)~d\;mu)aUondoMont;x')Her Lonr~t de )~ Faculté de mMcctne
McmbM des Soctetta chtmi~tM de Paris. botanique do Fronce
de mMccinc e~ chirurgie pratfquci' de MontpcUicr
centrales d'agrtctt)turc de l'Aude, de t* tK'rnutc, de )a Cutc-d'Or, de ta Hautc.Oaronnc du ComtM agrlcolo do Narbonne, de t'AsoctaUon KicntmqNc de FnuK'e
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rAnia -s-0~
VICTOR MA8SOM ET FILS, MBRAI~S°°~' Pt.ACE[)KL't:COLE-UE-MÈBMtKE
MONTPËLHER
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C. GOULET. LIBRAIRE DE LA FACULTE DE MHDECIKB Gft\ND'fLUB,5 a
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MOKTPEt.UER– )!tn<)!)EME GBAS
a~MMAmas
1
Matière minérale
La matière se transforme, mais ne s'anéantit, point,. Équivalence (les forces. Rien ne se perd. rien no se crée.- Passage do la matière du règne minéral au rc~ne organique, et de celui-ci dans le monde organisé.–Définition de la matière organique. Importance du carbone. Par quels éléments est formée la matière organique? 2
il
Matière organique
Les forces, les lois et les etémcnts de la chimie minérale sont les même!) dans ta chimie dite organique. H n'y a qu'une seule chimie, Bases de ta synthèse chimique moderne. Moyens de cette synthèse.
m
Synthèse' de 'l'acide fbrmique (PHO* par t'oxyde de carbone CO
IV
Synthèse dn gaz oteaa.nt C<H< et de t'a.ïcoot C~H'O'. V
Synthèse de l'alcool méthylique C~H'0* par le chlorure de méthyle C~H'Cf.
VI
Synthèse de ta. glycérine ( C"H"0"
(La hase des corps uras.
VII
8yath6se de composés divers & l'aide
du propylene C"H'
A.tcoot j~'o~ytique. Aldéhyde propioniquc. Acide jtropionique. Triacetine. Acroléine )
vin
Synthèse des acides gras
( Acide butyrique. Acide vaterianique. – Triphocénine. ° IX
Synthèse de l'acide oléique
( Acide gras particulier )
x
Synthèse des substances azotées
I<r. – Cyanogène. – Acide cyanhydrique. Carbamide. –Urce.
II. – Laetamidp. – Créatine. – Sareosine. – Atanine. –Leucine. Acide hippurique.
XI
Limites de la synthèse chimique
XII
Résumé des travaux réalisés par la synthèse chimique xm
Travaux a réaliser
XIV
Matière organisée
I". – Par quels etÉments est-elle formée? Les forces et les lois du monde minéral peo\'ent-et)es produire
t'organisation ? – Nécessite des organismes les plus
inférieurs. Leur formation ne saurait être due au
hasard. Les forces et )(M fois du règne organique
conservent-elles leur action dans le règne organisé?
II. – Rôfe et importance deséetiobies au point de vue hygiénique ou agricole. I[s servent d'intermédiaire in-
dispensable entre le monde organisé ou organique
et le règne minéral.
§ 111.– Preuves expérimentâtes de la non-existence de la génération spontanée.
XV
Conclusions
AVANT-PROPOS
L'idée première du travail que nous publions seulement aujourd'hui nous a été inspirée, il y a déjà quelques années, par les leçons faites à la Faculté de médecine de Montpellier par M. le professeur Bechamp. Nous avons cru qu'il pouvait être utile d'insister à notre tour, quoiquè après des voix bien plus autorisées que la nôtre, sur une question dont tous les esprits se sont préoccupés dans ces derniers temps et qui touche aux problèmes les plus délicats et les plus élevés que l'intelligence humaine puisse jamais aborder.
Démontrer que la matière est toujours minérale,
quelle que soit la substance dont elle fait partie, et que, dans les mutations qu'elle subit, les lois physiques et chimiques conservent toujours leurs droits;. prouver, par des faits expérimentaux, que le chimiste la gouverne à sa guise et la force de revêtir les degrés de composition les plus complexes; arriver enfin à mettre à néant les doctrines des hétérogénistes, qui soutiennent que ia matière peut d'elle-même s'organiser tel est le but que nous nous sommes proposé. Si nos efforts sont couronnés de succès, on nous permettra d'én rapporter tout le mérite à ceux de nos Maîtres qui déjà, avant nous, avaient abordé le mêmf s~et.
MontpaUM'r, t! min <M.
INTRODUCTION
L'examen des diverses modalités de la matière n'a jamais été poussé aussi loin que depuis quelques années, où la science s'est enrichie des découvertes de l'isomorphisme, du dimorphisme, de l'isomérie, etc. Les divets états allotropiques de certains composés tels que le soufre, le phosphore, l'acide arsénieux, etc., ainsi que les diverses particularités relatives à l'acide tartrique, avaient attiré l'attention des physiciens et des chimistes. Mais c'est surtout lorsque les substances organiques ont été mieux connues que les savants ont été frappés de ce fait, que certaines matières fort différentes de propriétés physiques et chimiques avaient cependant la. même exposition élémentaire, ou que le même composé pouvait se présenter à nous avec des aspects multiples et des réactions nouvelles. En approfondissant cette notion, nous sommes arrivés à reconnaître à la matière la puissance de recevoir, pour ainsi dire, à notre gré,
des formes et des états très-différents les uns des autres, au point qu'on serait porté quelquefois à donner deux noms spéciaux au même composé observé dans des conditions diverses. Il semblerait donc que, selon les circonstances oA les éléments se groupent et au moment où ils se combinent, ils reçoivent des propriétés particulières. L'histoire de la chimie organique nous fournit d'innombrables exemples de ces curieux phénomènes.
C'est aux travaux de la science contemporaine que revient l'honneur d'avoir déchiré le voile épais qui obscurcissait cette étude, en rattachant à un groupe de faits généraux ce qui n'était que des exceptions dont..le nombre et la valeur grandissaient tous les jours. Grâce a. la synthèse chimique, nous avons appris à regarder la matière comme un être multiple, à formes et à, manifestations très-diverses, et qui, selon les cas, peut nous apparaître avec tel ou tel de ces états que, d'autre part, nous sommes maîtres de lui imposer.
Nous savions que le régne végétal sert de base au règne animal, et que le premier a son point de départ dans le monde inorganique. Jusque dans la première moitié de notre siècle, le monde organique et le monde organisé – car les deux étaient confondus sous le même nom d'organique étaient très-difîérents du monde minéral, non-seulement comme matière, mais comme forces. On admettait bien que les éléments inorganiques dont étaient for-
mées les matières organiques étaient empruntés à la terre, à l'air et à l'eau, mais on voulait voir une limite très-tranchée dans la manière dont se produisaient les groupements qui s'opéraient entre les divers composés.
Aujourd'hui la ligne de démarcation est complétement effacée et nous savons passer, à volonté, du monde minéral aux composés organiques les plus complexes, et cela en nous servant des seules lois et des seules forces physiques et chimiques. Il résulte de l'immense progrès accompli de nos jours dans la fabrication artificielle des substances organiques que la matière peut, à notre choix, être ornée des formes les plus diverses et les plus complexes, pour revenir ensuite à son point de départ élémentaire, d'où nous la reprendrons plus tard pour lui donner de nouveaux attributs.
La matière serait donc une; elle serait minérale, et tous les autres états sous lesquels elle peut se présenter à nos yeux ne seraient que des modifications, des transformations en plus ou moins, qu'elle aurait subies pour en arriver au degré actuel.
La matière organique ne serait donc plus une matière spéciale, douée de forces particulières et régie par des lois qui lui sont propres elle ne serait que de la matière minérale plus condensée, plus agglomérée. Les changements qu'elle éprouve s'opéreraient en vertu des mêmes principes que celle-ci et à l'aide des mêmes moyens. Toutefois les procédés
synthétiques mis en œuvre par le génie humain sont basés sur des voies détournées, par ce seul fait que nous ne possédons pas, comme la nature, le secret de manier, à volonté et pendant un aussi long temps qu'elle, les forces qui régissent la matière; mais notre mode opératoire est du même ordre, comme on le verra plus tard.
Quant à la matière organisée, elle appartient au domaine de la vie; elle ne saurait être jugée que par le tribunal compétent du physiologiste, auquel nous la renverrons, après avoir toutefois essayé sur elle toutes les connaissances que la chimie actuelle met à notre disposition.
C'est à démontrer la réalité et la certitude de ces assertions que nous allons consacrer tous nos efforts.
LES TROIS FORMES
DE LA MATIÈRE M!NÉMLE – GRECQUE OR8AN!SÉE
1
MATIÈRE MINÉRALE
La matière se transforme, mais ne s'anéantit pas. Equivalence des forces. Rien ne se perd, ripn no sacrée. -Passage de la matière minérale au règne organique, etdec.cttti-ci dans le monde organise. Définition de la matière organique. Importance du carbone. – Par quels éléments est formée la matière organique?
Depuis les admirables travaux de Lavoisier, les notions de mesures et de poids ont pris dans les études scientifiques le degré d'importance qu'elles n'avaient jamais pu acquérir sous le règne des doct.rines hypothétiques. On veut et on doit aujourd'hui,
dans l'histoire des transformations de la matière, se rendre compte, non-seulement des quantités que l'on met enjeu, mais encore de l'arrangement définitif des molécules après leurs mutuelles réactions, w Dans toutes les expériences, on est obligé de supposer une véritable égalité ou équation entre les principes des corps qu'on examine et ceux qu'on en retire par l'analyse'.
Nous avons ainsi introduit dans la science une certitude et une précision dont elle avait longtemps manqué. Peu à. peu nous avons compris que l'ensemble des phénomènes matériels est uniquement constitué par une série de mouvements particuliers, se succédant les uns aux autres et se remplaçant mutuellement aussitôt que l'un d'eux disparaît. « I~a tendance du XIX' siècle, dans l'étude des sciences physiques, se caractérise dans l'abandon général de ces êtres hypothétiques connus sous le nom de /?M! t?MpOMC~)'<ïM(M~ et invoqués pour l'explication des phénomènes de chaleur, de lumière et d'électricité, et réduction de tous ces phénomènes à des causes purement mécaniques. On tend à revenir à l'unité dans la nature comme à l'unité dans l'essence divine. La fusion qui, depuis quelques années, s'est opérée entre les diverses branches de la science, nous a permis d'entrevoir le jour où toutes les forces de
Lavoisier, !'r<!tM<'M)Mm<a't)'«!f!e/<tMt't.(.,p. t4). Paris. Deterville, an IX–MOt.
la nature physique se réduiront a. une seule, où tous les phénomènes seront les manifestations des mouvements, soit de la matière, soit d'un agent particulier que nous avons appelé l'éther. Cet espoir est, on peut le dire, a peu près une réalité 1.
Ces notions ont aujourd'hui pris droit de domicile dans la science et elles ont chaque jour gagné en force et en certitude, au fur et à mesure que les savants du monde entier, à l'aide de la méthode expérimentale, dérobaient à la nature ses secrets les plus caches. La physique, dont les progrès contemporains ont mis au jour les plus belles découvertes, la physique, disonsnous, nous a victorieusement démontré que les forces ne se perdent pas, mais se transforment; pas de perte de matière et rien que des transmutations, pas de création ni de destruction, voilà ce que l'observation nous apprend à chaque instant.
L'équivalence du mouvement et de la chaleur a été démontrée, après Carnot, par MM. Joule et Hirn, Clapeyron, Séguin, Mayer, Colding-, Helmholtz, Clausius, Macquorn Rantdne, William Thomson, etc. Nous voyons tous les jours l'électricité devenir mouvement, chaleur, lumière, magnétisme, son, etc. et réciproquement. « Aussi la science n'hésite-t-elle pas à conclure à l'identité de toutes ces forces et à les confondre dans une force unique, dont les résultats. Wotff. Rentrée solennelle (les FncM/Mï, Discours du 15 novembre i859. p. 40. ~,63.
toujours réductibles à un déplacement de molécules, ne doivent leur variété de forme qu'aux modifications des milieux et à la diversité de nos moyens de perception
M La force motrice pourra s'employer tour à tour à la gravitation des mondes, à maintenir en contact les molécules des corps, à varier leurs associations, à dévier l'aiguille aimantée ailleurs, elle produira des mouvements vibratoires que nos yeux sauront traduire en sensation lumineuse, nos oreilles saisir sous la forme de sons divers, notre sensibilité générale apprécier sous le nom de température actrice admirable, elle suffira seule aux rôlessi infiniment variés que nous ogre la scène de la nature
Ces lois de l'équivalence et de la transformation des forces s'accordent, du reste, fort bien avec les hypothèses de MM. Dumas et Graham. Le premier, se basant sur une remarque de Prout qui avait fait observer que les poids atomiques des corps simples, c'est-à-dire leurs densités, sont des multiples entiers du poids atomique de l'hydrogène, a supposé qu'il n'y a qu'une seule substance irréductible, qu'un seul élément dans la nature, l'hydrogène, et que tous les autres corps sont constitués par de l'hydrogène à divers degrés de condensation. Le second admet que les atomes chimiques sont constitués par des M~?'D-- E. Bertin, Montpellier médical, t. XII. p. 363. <864.
~!0~ molécules physiques infiniment petites, iden <~M~ cot~6 ~M~<aMC~ mais animées de mouvements vibratoires qui déterminent la formation des corps. Quant à l'origne des M~?'~f<<~ à leur mode de formation, c'est une question inabordable'.
« Le problème de l'univers dépasse l'intelligence humaine, et l'homme n'a pas la mission de le résoudre. L'intelligence humaine peut être comparée à un instrument de musique qui rend seulement un certain nombre de notes. Au delà des bornes de notre clavier intellectuel, nous rencontrons un silence infini. Les phénomènes de la matière et de la force sont de notre domaine, mais notre domaine est circonscrit et entouré de mystères. Donnez au mystère la forme qu'il vous plaira, sur ce point je n'ai pas à discuter mais que votre conception de l'Architecte de cet univers soit digne et noble faites-en votre pensée la plus haute et la plus sainte' < La nature n'anéantit rien, mais dissout simplement chaque corps en ses principes élémentaires. D'ailleurs, si le temps anéantissait tout ce qui disparait à nos yeux, dans quelle source puiserait la nature'?. Les corps ne sont pas anéantis en disparaissantà nos yeux; la nature de leurs débris forme TaU~C .Voh'OM~ ~)f)' M/Wf' ''< /X'Op)')< </<' /<! )))<<')'<' o'MtMef', p. t(. Paris. Germer DaiHim'c, )8M.
John Tyn();d). .)Mt')' f< la /Wcf, ;). M. Trad. Moigno. Paris, Gauthier-Villars.
de nouveaux êtres, et ce n'est que par la mort des uns qu'elle accorde la vie aux autres
"Les corps sortis du sein de la terre y rentrent une seconde fois, et les particules descendues de l'air sont reçues de nouveau dans les plaines éthérées. La mort, en détruisant les corps, ne touche point aux éléments; son pouvoir se borne à rompre les tissus, à former de nouveaux assemblages, à changer les formes et les couleurs
Or Lavoisier avait compris et élucidé ces grands phénomènes quand il écrivait, il y a déjà longtemps, à une époque où la science était encore bien obscure
Hue acceflit, uti quidque in sua cordera rursum Dissolvat natura, ncquead nihitum interiniat res.. Prfeterca, quœcunque vetustute amovet~tas,
Si penitus perimit, consumens materiem omnem,
Unde intimée genus generatim in tuminit vi~
Reducit Venus?.
Haud igitur penitus pereuntquœcunque videntur;
Quando alid ex alio reticit, natura, nec uHam
Rem gigni patitur, nisi morte adjuta atiena.
( Lacrccc, de ~rum A'M<t<)h'. I, v.2)6-226-2M, p. 13, 14, 15; trad.Lagrango. Paris, Garnier, t86~.)
Cedit autem retrù, de terra quod fuit antè,
In terras, et quod missum est ex mtheris oris,
Id rursum c(c)i relatutii tempta reeeptant.
Nec sic interimit nMt's ras, ut materiaï
Corpora. conficiat, sed costum dissupat oftis
Inde aliis aliud eonjungit, et efficit omnes
Res ut convertant formas mutentque colores.
( Lucrèce, ~o-MM AMt~Y;. tiv. 11, p. i03, Y. 998-)OU7.)
< Rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que dans toute opération il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu'il n'y a que des changements, des modifications
Ce cercle perpétuel oit se meut la matière, sans que jamais elle puisse rien perdre de ses molécules ou de ses atomes, a été de nos jours admirablement décrit par le plus ardent des admirateurs du grand chimiste de la fin du XVIII" siècle, celui dont les travaux ne faisaient, du reste, que compléter et mieux définir les pensées de l'homme que nous pouvons appeler son guide et son maître. Tout ce que l'air donne aux plantes, les plantes le cèdent aux animaux, les animaux le rendent à l'air; cercle éternel dans lequel la vie s'agite et se manifeste, mais où la matière ne fait que changer de place. La matière brute de l'air; organisée peu à peu dans les plantes, vient donc fonctionner sans changement dans les animaux et servir d'instrument à la pensée puis, vaincue par cet effort et comme brisée, elle retourne, matière brute, au grand réservoir dont elle est soriie
Lavoisier, Traité (fec/tMtM, t. I, p. Mt, 3" édition, an IX1801. Paris, DetervHta.
Dumas, E~Mt de ~<7~~<M cAMtxyK'' des <M organises, p. t6. Paris, tM2. Fortin, Masson et C°.
DÉFINITION DE LA MATIÈRE ORGAKIQUE. – La matière organique, on l'avait, dit depuis longtemps, est tout corps qui contient du carbone au nombre de seselèments, ilcn résulte doncciairementque, si toute substance carbonée est organique, un composé sera minéral par ce seul fait qu'il ne contiendra pas de carbone. Cette division n'est faite que pour rendre l'étude plus facile; et, en s'occupant des phénomènes qui rég-issent la matière, cette manière analytique de procéder permet plus facilement de scruter chaque manifestation séparément, afin de pouvoir ensuite mieux comprendre la synthèse générale. Ce fut vers 1784 que Lavoisier donna cette déiinition, alors que, auparavant, on ne connaissait pas l'essence de la. matière organique.
Nous acceptons sans restriction aucune la pensée de La. voisier aussi, pour nous, la fonte de fer est certainement une matière organique au même titre que les alcools, les éthers, les corps gras, etc., car à son aide on peut former artinciellement presque tous les composés connus de la chimie organique. La craie, le marbre, la pierre calcaire à bâtir, sont aussi, à ce même point de vue, des matières organiques. Nous donnerons bientôt la preuve de ce que nous avançons. L'air atmosphérique, qui contient de l'acide carbonique, lequel fournit à la plante les matériaux de son organisation, est certainement un composé minéral personne ne le contestera. Donc tout ce que
cette plante renferme est d'origine minérale, puisque tout lui est venu de l'air, de la terre ou de l'eau, composés minéraux par excellence.
Mais ce n'est pas tout si la matière dont sont formés les végétaux est de la matière minérale, les animaux qui se nourrissent de végétaux ne font, en déunitive, que manger des substances inorganiques transformées; ils sont donc constitués aussi à leur tour par-cette même matière minérale. Cela nous montre que, si l'on considère les êtres vivants, en gênerai, au point de vue de leurs éléments organiques et de leur composition chimique, on remarque qu'ils dérivent tous de l'air, ce grand réservoir des matières premières de toute organisation, qu'ils ont pour ainsi dire condense jusqu'à le solidifier; de l'eau et de la terre, dont ils se sont assimilé et approprié les matériaux qui les constituent: c'est-à-dire qu'ils ont donc tous pour source première la matière brute, inorganique, minérale.
IMPORTANCE DU CARBONE. Une substance ne mérite le nom d'or~M~MC, avons-nous dit, que tout autant qu'elle contient du carbone au nombre de ses éléments. II nous parait utile et intéressant d'étudier les aptitudes fonctionnelles et les diverses modalités de ce corps simple.
Au point de vue de son origine et de sa manière d'être, de son importance et de ses nombreux dérivés, le carbone mérite un instant de nous arrêter.
~Le carbone est le support de la matière organique. Dans cet ordre, son importance est égale à celle de l'oxygène. Supprimez l'oxygène, et vous anéantirez toute vie sur le globe supprimez le carbone, et vous abolissez du même coup le monde organique.
Que l'oxygène cesse d'être gazeux, qu'il soit absorbé de n'importe quelle façon, tout le reste continuant d'exister ou d'être comme aujourd'hui, et toute vie rentrera dans le néant, toute pensée disparaîtra de la terre. La seule activité qui restera sur le globe ne sera plus que celle des actions chimiques accomplies par la matière brute, et encore peut-on concevoir que celle-ci arriverait bientôt à un état d'équilibre stable qui serait pour elle la mort même? Mais que le carbone disparaisse, avec lui disparaîtra la possibilité même de la création des êtres animés, et le rôle de l'oxygène sera sans objet. “ Le carbone, en réalité, n'a besoin que de trois satellites, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote, pour produire le monde organique; et, tandis que tous les autres éléments, en se combinant entre eux, ne produisent qu'un nombre limité de combinaisons, les combinaisons du carbone avec ces trois satellites sont en nombre dont on prévoit à peine la limite, et, si l'on y ajoute tous les autres corps simples, l'imagination est effrayée de la multitude des composés carbonés possibles.
Sans doute, la matière organique n'est pas formée
23
de carbone seulement, et le rôle que l'hydrogSne~ l'oxygène et l'azote y jouent a une importance qui ne saurait, être méconnue. Sans doute encore, la matière organisée n'est pas &rmée seulement des quatre éléments que je viens de citer, car l'on sait que, dans un organisme complet, les matières minérales remplissent des fonctions d'une importance si grande, au point de vue physiologique, que leur privation nnirait par entraîner la mort de cet organisme, mais tous ces matériaux gravitent autour du carbone, et c'est de lui qu'ils reçoivent l'impulsion, entrainés qu'ils sont dans la sphère de son active personnalité
Ce dernier est certainement le résidu de générations éteintes. Le diamant iui-meme le prouve, car, en le brûlant, on obtient des cendres sous la forme d'un réseau très-délié, absolument comme en laissent certaines matières organiques, la moelle de sureau, par exemple. Or ces cendres contiennent les mêmes corps simples que celles des vègéta.ux. On le rencontre dans la terre et dans tous les êtres organisés. Son grand gisement se trouve dans l'immense réservoir de la matière organique et de la matière organisée. Pnmitivecteni, et je veux dire immédiatement apres la création, il était dans l'atmosphère, où l'ont puisé les végétaux. Tout celui que nous trouvons aujourd'hui a fait partie, il y a plus Béchamp, M<)'M Mr /<tC/«tw. 6'!e(fre'. (.(M!~<'W('f'M(W<Y~, t. IX, p. 48-49. i86;
oumoins longtemps, d'un être vivant. On peut donc dire que le carbone et l'acide carbonique en proviennent tous les deux, car le premier ne se trouve que dans les couches du globe n'ayant pas subi de trop hautes températures; on n'en trouve plus dans les terrains ignés, pas plus qu'on n'y rencontre la moindre trace de corps organises. Sur la terre, partout où l'on rencontre le carbone, sous n'importe quelle larme/dans n'importe quel état de combinaison, on peut ètre certain que son origine a été un être vivant.
r Lorsque Dieu créa. le monde organique des végétaux, il le créa à l'état de germe vivant. La terre lui fut donnée pour support, l'acide carbonique dans l'atmosphère pour aliment principal, la chaleur et la lumière pour excitants généraux. Les végétaux sont les agents, appareHs merveilleux qui, à chaque instant, transforment le carbone minéral de l'acide carbonique en matière organique vivante Dans la terre, en allant de bas en haut, on trouve, au centre, des matières en fusion ou qui l'ont été là, pas la moindre trace du carbone sous n'importe quelle ibrme.–Au-dessus des terrains ignés viennent t. les terrains cambriens; ceux-ci ont subi l'action du teu leur couche contient cependant du carbone, lequel a été porté à une très-haute température, d'où il Bechamp, Montpellier MxMt'ca), t. IX, p. GO. 1865. 6' Lettre sur ta chimie.
résulte qu'il a du entrer en combinaison; c'est aussi à l'état de carbonate de chaux, de calcaire grossier, que l'analyse l'y démontre. MM. Milne-Edwards, Achille Comte, Béchamp, pensent que c'est la seule relique des êtres organisés qui peuplèrent cette période des temps géologiques il serait, je crois, ditficile de soutenir une opinion contraire. Le système silurien vient ensuite on y voit déjà des vestiges de plantes et d'animaux; aussi le carbone apparaît luimême sous forme de graphite, lequel, pour M. le professeur Béchamp'; de Montpellier, est le type du carbone. Après ce dernier se montre l'anthracite, déjà moins pur, plus voisin de la matière organique puis enfin viennent les houilles diverses, les lignites, les tourbes et les végétaux.
En voyant toujours ce carbone comme le fondement t de toute matière organique, nous sommes souvent t tenté, dans l'étude analytique de ces composés, de le considérer comme un corps simple organique. C'est un fait établi d'une manière incontestable par Lavoisier et ses illustres successeurs, Cray-Lussac, Berzelius, Thénard, Chevreul, Dumas, Liebig, etc., que toute matière organique contient du carbone, uni
Carbures d'hydrogène, oxydes de carbone, azoiures de carbone;
1 A l'état de composés binaires avec Fbydrogene, roxyg'ène ou l'azote
Béchamp. ~<'<'o<)ïO)-(!/M. Pacn~' de tncdccincd&Mont.pettier. i"teçon,~[ novembre tMO.
2° A l'état de composés 1 ternaires avec l'hydrogène et l'oxygène ou l'azote et l'hydrogène
3° A Fêtât de composés ¡ quaternaires avec l'hydrogène, l'azote et l'oxygène
Oxycarbures d'hydrogène, carbo-azotures d'hydrogène;
Matières albuminoïdes, plusieurs bases organiques.
L'étude du carbone est l'histoire de toute la chimie organique. Il y a quatre-vingts ans à peine, on ne connaissait du carbone que son existence. Tout résidu noir, tout résidu de la destruction des matières organiques, était réputé du carbone. Lavoisier vint, et montra que ce que l'on regardait comme du charbon est un corps simple. Il alla plus loin, et prouva que toutes les diverses substances, si diverses en apparence, diamant, coke, houille, tourbe, lignite, charbon de bois, ne sont pas autre chose que le seul et même corps simple, du carbone, et cette démonstration, faite expérimentalement, était sans réplique. Tous ces composés, au contact de l'oxygène pur et à une température suffisante, mais variable pour chacun d'eux, donnèrent naissance au même produit oxydé, l'acide carbonique. Le charbon de bois ou du ligneux brûle au rouge sombre le graphite au rouge blanc, le coke au rouge blanc intense; enfin à de très-hautes températures se produit la combustion du diamant. La série du carbone commence par le diamant, puis BÉchamp, ~OM ~'otfMWto' 5 janvier 1857, p. tO.Facuttôde médecine de Montpellier.
viennent successivement le graphite, l'anthracite, les houilles et toutes les variétés du lignite jusqu'à la tourbe. Il y a une échelle de l'un à l'autre la pureté augmente de la tourbe au diamant, et encore même ce dernier n'est-il pas du carbone absolument pur c'est le corps le moins impur de cette série, il donne le moins de cendres à l'analyse. L'anthracite en laisse 5 à 6 "/“ et contient encore de l'azote. Le graphite ne contient plus d'azote. Le diamant ne contient plus ni azote ni hydrogène. 11 est cependant quelques auteurs qui admettent encore qu'il renferme un peu de ce dernier métalloïde nous nous rangeons de ce dernier parti, parce que déjà Lavoisier avait remarqué qu'en brûlant du diamant on le voyait se couvrir de fuliginosités, propriété que possèdent seules les matières hydrogénées. En outre, il avait cru voir que pendant cette combustion il se dégageait quelque chose qui annonçait la présence de l'hydrogène. -Dès lors, nous devons considérer le carbone comme le résidu non plus d'une substance organique, mais d'une substance organisée.
Lavoisier avait dit que le carbone est le résultat de l'action du feu sur les matières organiques, qui, pour lui, ne le contenaient pas tout formé. En étudiant le diamant, il s'assura bien que, comme le charbon de lui connu, il est combustible et engendre de l'acide carbonique, l'acide o'a~ëMa?~ comme on l'appelait à son époque; mais l'individualité du carbone n'était pas claire pour son esprit. Plus tard,
dans un de ses derniers mémoires, il écrivit que le carbone et l'hydrogène sont condensés par les végétaux. Enfin ce fut en 1786 seulement que le carbone fut regarde comme un corps simple.
On connaît aujourd'hui au moins six espèces de carbone, douées chacune de propriétés diuërentes; nous serions plus dans le vrai en disant que le carbone se présente à nous avec des qualités particulières à chacun de ses divers états allotropiques, au point qu'il semble, au premier abord et après un examen superficiel, qu'on ait affaire à des corps de nature trës-dissemHable. Qui pourrait croire que le diamant et les houilles, le coke et le charbon de bois, etc., sont absolument du carbone plus ou moins pur ? $ On a écrit, il y a encore bien longtemps, que le diamant sera &rmé le jour où l'on pourra fondre le charbon: c'est tout bonnement un leurre et une dérision. Le charbon peut être fondu, mais fondu ce n'est pas du diamant; car, si l'on essaye de fondre celui-ci, on obtiendra du coke. Cela nous prouve que la fusion par la chaleur n'est pas le mode opératoire à l'aide duquel s'est formé ou se produit le diamant. La synthèse de ce dernier n'est pas encore possible, et elle ne le sera que lorsqu'on découvrira une méthode se rapprochant davantage des moyens employés par la nature.
Les recherches synthétiques modernes nous ont, du reste, appris par combien de voies détournées les vrais amis de la science sont obligés de passer pour
arriver à un résultat heureux, lorsqu'ils veulent essayer de surprendre les secrets de cette impénétrable nature et en imiter les productions. Le Chimiste des chimistes a pour lui la volonté du Très-Haut et l'éternité pour agir, de plus, il manie à son gré les grands agents physiques, à qui il donne l'impulsion en la quantité déterminée par sa prévoyance divine. Nous ne pouvons disposer, comme lui, de ces forces mystérieuses et puissantes; aussi sommes-nous obligés de tâtonner, et quand cependant, après avoir bien cherché, nous avons une bonne fois trouvé la véritable route, nous devons encore faire une série de circuits et de détours avant, de parvenir au but. Lorsque nous arriverons à prouver que la synthèse totale de la matière organique est non-seulement t possible, mais encore réalisée, nous verrons combien il a fallu de génie ou d'esprit, inventif, industrieux et patient, à, M. Berthelot pour réussir à produire artificiellement du beurre, des corps gras, de l'alcool; à MM. Vôhler, Hofmann, Zinin, etc., pour engendrer de l'urée, des alcaloïdes artificiels, avec du charbon et de l'eau, et plus exactement avec de la pierre calcaire et de l'eau. Conquêtes magnifiques, que l'on ne saurait trop admirer, et que le public, qui ne va pas au fond des choses ou qui profite des sueurs du savant sans lui en avoir, en général, la moindre reconnaissance, trouve bien simples et toutes naturelles. Comment se douterait-il, dans son insouciance, du temps employé, de la patience et de la sagacité
dont il faut être doué, des soucis et, le plus souvent, des revers que l'on doit subir avant d'instituer une méthode qui puisse guider, dès lors et à pas sûrs, ceux qui voudraient répéter l'expérience du maître? Nous nous sommes un peu appesanti sur l'importance du carbone, parce que c'est à son aide, ou mieux à l'aide d'une deses combinaisons élémentaires, qu'a été réalisée la synthèse de tous les composés organiques produits artificiellement. Son étude était une introduction naturelle et obligée pour arriver à un des points les plus importants de notre travail, à la formation de la matière organique.
PAR QUOI EST FORMÉE LA MATIERE ORGANIQUE. –Lavoisier avaitannoncéque quatre métalloïdesétaient essentiels à la création de la matière organique; ce sont
Carbone Hydrogène Oxygène – Azote. Avec ces quatre corps, on est à se demander aujourd'hui ce que l'on ne peut pas obtenir. Le nombre des composés réalisables est si étendu, qu'on ne saurait apercevoir la limite imposée au génie de l'homme. Les progrès accomplis depuis environ dix ans ont pleinement. Justine l'opinion de M. Dumas, qui déjà, en 1835, refusait d'admettre deux sortes de matière, l'une minérale, l'autre organique, étudiées chacune d'elles par une chimie spéciale, et "aujourd'hui, gràce à de nombreux travaux dont M. Ber-
[.helot a été l'initiateur persévérant et profondément original, l'intervalle est comblé la chimie organique n'est plus qu'une partie de la chimie générale, qui obéit aux mêmes lois, procède des mêmes règles et emploie les mêmes méthodes générales ou les mêmes procédés particuliers d'oxydation ou de réduction que l'ancienne chimie dite minérale.
Pour réaliser ces synthèses, le Chimiste éternel a d'abord à sa disposition le temps. S'il s'agit des combinaisons minérales, il dispose de moyens puissants que l'homme se procure à grand'peine la chaleur, la lumière, l'électricité. Pour la synthèse de la matière organique, il s'est construit les appareils merveilleux dont il a tissé l'organisation des végétaux'. »
A ces quatre corps-carbone, hydrogène, oxygène et azote ajoutons un peu de chlore, de soufre, de phosphore, de silicium (du caillou), de la potasse, de la soude, de la chaux, de la magnésie, du fer, de l'alumine, et nous aurons là. toutes les substances dont se trouvent composés les végétaux, qui accumulent tous ces matériaux sous un très-petit nombre de formes.–II en est de même pour les animaux, depuis les plus inférieurs jusqu'à l'homme, le plus élevé de la série, Cela est encore vrai pour la terre, qui n'est pas constituée par d'autres éléments, si l'on considère < Béchamp, .~on~Mf MtWM<. Lettres sur ta chimie, t.. !X. p. 244-M5.ett.re. t862.
toutefois ceux qui sont les plus communs et le plus généralement répandus, car certains de ceux qu'eDc renferme n'y sont que comme des raretés.
En tout nous retrouvons donc, dans ht très-grande majorité des cas, toutau plus seize corps simples dans l'organisme le plus complexe chimiquement, alors que soixante-trois ont concouru plus ou moins à la formation de notre globe.
Huit d'entre eux sont de l'ordre des métalloïdes. Ce sont
Hydrogène.
1~ section, ~i Sodium.
1re section. ¡Ue aux: a ca Sodium.
t Magnésium.
y section.Afuminium.
{ Manganèse.
3'section. Fer.
Les huit autres appartiennent au groupe des métaux. Nous y trouvons
f groupe. Oxygène–Soufre.
2° groupe. Fluor Chloré.
3° groupe. Azote-Phosphore.
4" groupe. Carbone-Silicium.
Parmi les autres corps simples que l'on trouve aussi dans certains êtres organisés, on compte: dans les métalloïdes, l'iode et le brome; parmi les métaux,
le cuivre, le plomb, le mercure, l'antimoine, l'argent et peutrêtre le titane et l'or (Ch. Robin); mais ils s'y trouvent, soit comme des raretés, soit temporairement, par suite de traitements spéciaux. Ce sont, dans tous les cas, des exceptions venant confirmer la règle générale qui a présidé à la création, je veux dire la simplicité élémentaire des corps vivants.
De ces seize éléments, au point de vue qui nous occupe, les plus importants pour le chimiste, quand il étudie la matière organique, sont les suivants Carbone Hydrogène Oxygène Azote. Ces quatre corps, en se combinant entre eux, engendrent un nombre infini de substances. Nous allons les unir deux à deux, puis trois à trois, etc., pour en donner un aperçu. Il va sans dire que nous n'allons pas énumèrer tous les composés connus aujourd'hui: nous ne donnerons que les plus importants et ceux qui pourraient nous intéresser dans la suite de ce travail.
C+0
Le carbone et l'oxygène donnent
Oxyde de carbone. CO
Acide carbonique. CO'
Acide oxanquc. C'O*
C-j-N
Le carbone et l'azote constituent
Cyanogène (Cy). C'N
.tiyat'ogenes caruones (tieptus teur homotogue,
le gaz oléfiant, C'H', jusqu'au meténo C'H"). C"H°
Hydrogènes ca.rbonM. C"H""
Hydrogènes ea.rbonM. C"H'
C+H+0
Le carbone, l'hydrogène et l'oxygène forment
Paculeoti amidon. \1
Ligneux ou cellulose. C"H"'0"'=-
Dextrines.(C"H'0',HO
Lévulosane ou saccha,)'i<)e de M. CcHsJ 1
;Citron. Orange. Co-t
pahu;–Etemi.t~"
CuMbe. c~H*'
Terebenthina. – Sabine.
–Bergamote (partie la
plus volatile). Persil.
-Thym (partie liquide).
Essences hydro- – Valériane (partie non
s carboRées sans attaquée par la potasse
M oxygène. caustique). Poivre C~'H" noir. – C~momiUe ro-
'-< maine. – Carvi (Oftr-
v<;ne). – Citoutohone
(Caoutchinc). Girofle
§' (partie neutre). Hou-
?' bien (partie non oxydée).
Gutta-percha (Isonand)'a, perch:t). – Caoutchouc ( Si.
phonie~ cahuchu, ticus elastica C'H'
Benzine. Maphtatine. Toluène. –
Xylène. Curnène. Ciméne. Naphte. C'Hl
Xyiene. – Cumcne. Cimcne. – Naphte. C'H"
– Naphtène. – Naphtote. – Pett'otcne.
CHH
Le carbone et l'hydrogène produisent:
Arabine ou gomme ara-
bique (Acacia, arabica et
senegatonsis).
G Ccrasinoou gomme du
hommes, p~yg (arbres fruitiers,
amandiers, poottCt's,ete.j
Bassorine ou gomme adra-
ganto (Asu'agalus). C"H"0<'
Saccharose ou sucre de canne.
fMetitose ( Euoatyptus du
Isomères t Vatt-Dietncn).
Isomères ~réhatoso (Echinops tribu Il
canne. ) dosCynarécs).
sucre de canne J~ ~~g~~
(Metexitosc (Pinus farix).
Lactose ou sucre de tait. C"H"0",HO Glucose ordinaire ou sucre
de raisin.
Lévutoso ou glucose de
fruits. fMHMM! Œucoses. ou ~g~ de
mMtt.
Galactose ou gtucose de
lait.
Sorbme (Sorbier). CWt)"
1. Eueatync( Manne d'Aus- rq r_ vs o
Isomeres tratie). C'~f"0",m0 des glucoses. ~~sine(ehairmuscutaire, C IL -0 ,HO
es g ucoses. Illosine(chairUlusculaire,
haricots verts). C"H"C~,4HO
Mannite t
Mannitane) (frêne).
Mannide ) )
Phaséomannite (haricots).
(Substances in-
D'c connues doMa~
Substances D" dagascar).
sucrées ~Phycite (Protoeoccus vu[- (joH"t.o'
surbydrogënées. Pinite garis.) (PinusLambertiana) (
Quercite (glanddu chêne).
Mebmpyrite ( Métampy-
rum némorosum).
Erythrite (Lichens).
Indiglucite (Indigo).
· Salicine.
(~lucosides. Coryamyrtine. C~H,O~
Glucosides. ~~t-.
Phlorizine.
Depuis l'alcool méthyli-
Alcools. que C'H'O'jusqu'à l'ai-
cool mottssiquo (de la C H U
cire d'abeille C~H~O').
Gtycols. c''H""0*
Correspondants aux at-j
coo)s, dont ils sont les
Ethers simples, oxydes, les alcools étant C"H"~0
les hydrates de ces
oxydes. )
(A. Acides sériés. Acides homologues de
1 l'acideformique,dsta
1° série des acides gras.
Série de l'acide Depuis l'acide formi- C"H'0',HO
formique et des que C2HO8,HO, jus-
acides gras. qu'à l'acide meiissi-
queC'H~O",HO.
Acide oxalique C'0',HO ¡
suceiniquo C'H'0',HO
2° – pyf-ofart.riqu<.C'H'0',HO
Série e – adipiquo C"H'0',HO C"H"0',HO
oxalique. – pymélique CU~O~HO
– subérique CWO~HO~
– sébaoique C"'H~O',HO/
B. Acidegras hors série.–Acide oléiquo C"H'~0\HO
tTartriques C'H'0'HO
tMalique C'H'Ô~HO
C Acidesdivers~ C"H"O~HO
non~~e Cit'-ique C"H'0",3HO
non en séné..ponzotque C"H'0\HO
Gallique C"H<'0'HO
\TaBnique C~H"0",HO
Glycérine (C'H'O', 3 HO – Base des corps gras). C'H'O*
Corps gras (naturels et arf.i&ciets, formés par
des acides gras et ta glycérine ).
Ethers salins (formés d'éthers simples et d'a-
cides). ).
Créosote. C"H"0*
Orcine, Orceine (OrseiHe).–Léca.-
norine (Lécanora. paretla.).– &ar
rancine, aUxarine, purpurine
(Garance). – Hématine, Héma-
téine, Brésilihe, BrésUéine, San-
taline (bois de tcintut'e).–Car-
thatainc (Carthamus tinctorius;.
–Oroancttë(Lithospermum<tnc-
Matières torium). – Cocheni!)o ( Coctus (-'n~.of colorantes. caett).–Kermès (Coecus illicis). –Bixino, OreUiue (Rocou). –
LuteoUne (Gaude, Réséda. lu-
téola). – Quercitrmo ( Querct-
tron, Quercus tinctoria). – Mo-
rin (bois jaune, Morus (.inetoria).
Purr'e, jaune indien et acide
euxanthique. – Genêt. – Cur.
ouma.
r ~tp Papon. C~H'~O'
Camphre~ C"'H"0<
Badiane. ('
Estragon.
A. Essences Fenouil doux. C"H"0~ oxhydro- Fenouil amer.
carbonées Anis.
indéterminées Thym C"'H"0* Absinthe. C'"H"0'
Menthe poivrée(p~rtieso!ide) C"'H"'0*
m SerneB-contra. fbouiUant à S +175"). C"H'"0' g ,'Vateriane (principe oxygéné) C"H"'0~ M S. Essences (Amandes amércs. C"H'0* oxhydro- \Roine des prés (Spirœa ulma-
carbonées { ria). C"H"0' 'ouant le roIe/CanneUe C'H'O' d'aMébydes. f Cumin. C"'H"0'' \Ruthe. C"'H"'0*
C. Essecees GauMhéria,procum)'ens(Sa-~
oxhydro- licytato de méihyiène C"'H'0* carbonées C'H'0,C"H'0") -t acides Girone (partie acide). C"'H"0*
C-H+N
Le carbone, l'hydrogène et l'azote ibrment: Acide cyanhydrique (CyH). C'NH Conicine (Conium maoulatum. -Petite ciguëj C~"H"N Nicotine (Nicotiana. tabacum.– T~bac). C"H" N' Anitine. C"H~N
(BÉCHAMP. ZININ.)
Bases organiques artificielles ~°" polyamines di. non o~généos. ~momaques corn. non oxygénées posées.
(WURTZ, DE CLERMONT,
HOFM.U<N.)
+N+0
Le carbone, l'oxygène et l'azote donnent L'acide cyanique (CyO,HO). C'NO,HO La cyamélide M(CyO,HO). nC'NO,HO L'acide eyauunque 3(CyO,HO). 3G'NO,HO C+H+O+N
Le carbone, Phydrogène, l'oxygène et l'azote produisent
Indigo blanc et bleu isatine, indigotine, pourpre d'indigo (Isatis tinctoria.,Potygonum tinctorium, tndigofera. argentée).
Presque toutes les bases orga-
niques azotées natureItes.)~P°~'
azo ees na ure Strychnine, etc.
Bases orgamaues azotées arti- composées ncieUes. (WunTZ,Z.MN,
floielles. CHANREL, HOFMANNJ.
Amydaline. C~H'~NO"
Urée. C'H'N'O'
Aiianto'mo. C'HWO'
Ca.rba.mide,
Toutes les amides. OxamMe,
Benzamide, etc.
Oxamique,
Tous les acides amiques. Benzamique,
Carbamique, etc.
Acide urique. C'"H'N*0',HO Acide hippurique. C"H'NO',HO Glycocolle ou sucre de gélatine. C'H'NO*
f.t. Sarcosinc. C"fPNO'
museubire Crëatmo. C'H"N'0"
museutMre. ~inino C'H~N'(~
C+H+S
Le carbone, l'hydrogène et le soufre fournissent Essence d'ail. C"H*S
f;uj~uç
Essence d'assa.-fœtida. j""<oi
C+N+S
Le carbone, le soufre et l'azote constituent La sulfocyanogène (salive). C'NS
C-f-H+N+S
Le carbone, l'hydrogène, l'azote et le soufre forment
L'essence de moutarde. C'H'.NS
C+H+Ph ou Sb ou As
Le carbone, l'hydrogène et le phosphore, ou l'antimoine ou l'arsenic, produisent.
Les amines phosphorees, antimoniees, arseniées (C~hours et Hoftn~un)
C+H -t-0 +N et, selon les cas, S, Ph, Fe Enfin, dans un dernier groupe très-complexe et où viennent se ranger des substances très-diverses, nous trouvons la plupart des matériaux organiques qui constituent les principes immédiats des êtres organisés, et des composés dont l'origine première est dans les tissus vivants
Protéine (Mulder). Fibrine végètale et animale. Albumine vegetate ctanimate.–Caséine vcgéta.le etanimale. – Globuline Hematosine, hOmatontine, hema.tocristatline. Vitcttine. Matière visqueuse du jaune d*œuf. Ichtina, ichtuline, ichtidinc, emydino. – Osseine. Gélatine. Cartilagéine. Chondrinc. Acide cerebrique. Cérebrine. Acides phosptM-glyoérique et otéo-phosphorique. Les ferments soiuMes.
Nous osons croire qu'après ce long, mais important résumé, on ne saurait plus longtemps douter qu'avec les quatre principaux de ces corps, qui sont le carbone, l'hydrogène, l'azote et l'oxygène, auxquels il s'en ajoute quelquefois un cinquième, il ne soit possible d'engendrer les substances organisées les plus complexes.
Quant aux matières organiques, la plupart sont formées seulement par trois ou quatre de ces éléments.
Aussi un auteur a-t-il pu dire, avec une profonde sagesse Dieu fait très-simples les choses nécessaires.
Mais comment comprendre le procédé à l'aide duquel ces matières minérales ont pu s'associer? Fautil une graine, un être organisé vivant, pour que la matière inorganique devienne organique? Non, cela n'est pas nécessaire. La suite de ce travail nous l'apprendra.
II
MATIÈRE ORGANIQUE
Les forces, les !ois et los éléments de )a. chimie minérale sont les mômes dans la chimie dite organique.–U n'y a qu'une seule chimie. –BMes do la synthèse chimique moderne.–Moyens de cette synthèse.
La seule matière essentiellement organique, en tant qu'elle se trouve toujours faire partie des substances dites organiques, est, comme nous l'avons dit, le carbone, sans la présence duquel aucune d'elles ne saurait être reconnue comme telle. Ce qui montre bien cette importance prédominante, c'est que, une fois que le chimiste a obtenu une combinaison du carbone, il est le maitre de la matière organique, qu'il reproduit et transforme à son gré. Le carbone, voilà l'élément, le pivot sur lequel repose le monument, l'édince d'une molécule organique. Un savant, avec du carbone isolé, ne peut rien produire; mais avec du carbone en fonction, en combinaison ou à l'état naissant, il fabriquera à volonté et de toutes pièces de la matière organique.
Il y a déjà assez longtemps que Gmelin a écrit tout un chapitre intitulé de la ~'o~o~ de la
matière 0)'~ft?M'y<«? ~Mt' /<! <Ka<?'ë~ MM'M~'O~C. 11 croyait donc que la première dérive de la seconde et se crée par des voies et des lois exclusivement chimiques et physiques. Aujourd'hui la chose n'est plus douteuse, et l'on sait fort bien que les forces qui président à la formation des combinaisons organiques sont les mêmes que celles qui déterminent les combinaisons minérales. Cesont toujours les affinités, aidées ou entravées parle concours de la chaleur, de la lumière, de l'électricité et des agents mécaniques. Parmi les conditions les plus caractéristiques des combinaisons et des décomposit.ions en chimie organique, on doit citer au premier rang l'intervention du temps, presque inaperçue en chimie minérale. En effet, en chimie organique, la plupart des combinaisons s'opèrent par voie de réaction lente et progressive. Par là deviennent manifestes une multitude d'affinités si faibles et si peu actives, que, dans les conditions ordinaires d'action rapide et (le contact peu prolongé, elles demeureraient dissimulées
Personne plus ne conteste qu'une goutte de graisse tirée d'un animal, l'huile de certains végétaux, le beurre du lait, la graisse, l'huile et le beurre fabriqués de toutes pièces par le chimiste, ne soient tout autant de corps identiques; comparés, ils sont sans différence.
Berthelot, Chimie o~antf/Me /bnd<'e sur la <yK<Mje, t. II, p. 436-437. Paris, t860. Mallet-Bachelier.
Nous nous sommes engagé à donner la preuve expérimentale de la non-existence de la matière organique en tant que matière spéciale, en tant qu'espèce nouvelle. Voyons comment nous arriverons à résoudre un problème aussi compliqué.
< En premier lieu, la chimie a été à même de constater à l'évidence que les éléments de la matière du monde organique et inorganique sont partout exactement les mêmes qu'en conséquence, ces deux mondes sont formés parfaitement des mêmes éléments, et que la vie, dans son existence matérielle, ne peut offrir aucun atome matériel qui ne se trouve également dans le monde inorganique et qui ne manifeste son action dans le cercle de la métamorphose de la matière
D'autre part, il y a à peine quinze ans, dit le docteur Schiel dans un article qui nous a été communiqué en manuscrit, qu'on a jugé presque impossible, non dans le laboratoire de la nature, mais dans le laboratoire du chimiste, la synthèse de substances organiques, c'est-à-dire la création de substances organiques de substances inorganiques, et aujourd'hui on fait de l'alcool et de précieux parfums de charbons de terre, des bougies d'ardoise, de l'acide prussique, de Purée, de la taurine, etc. Büchner. Force et matière. p. 219. Trad. Gamper. Paris, 1863, Reinwald.
'BûehMr,td.,p. 228.
Non-seulement la chimie crée des phénomènes, mais elle a la puissance de refaire ce qu'elle a détruit; elle a même la puissance de former une multitude d'êtres artinciels semblables aux êtres naturels, et, participant de toutes leurs propriétés. Ces êtres artificiels sont les images réalisées des lois abstraites dont elle poursuit la connaissance. C'est ainsi que, non contents de remonter par la pensée aux transformations matérielles qui se sont produites autrefois et qui se produisent tous les jours dans le monde minéral et dans le monde organique, non contents d'en ressaisir les traces fugitives par l'observation directè des phénomènes et des existences actuelles, nous pouvons prétendre, sans sortir du cercle des espérances légitimes, à concevoir les types généraux de toutes les substances possibles et à les réaliser nous pouvons, dis-je, prétendre à former de nouveau toutes les matières qui se sont développées depuis l'origine des choses, à les former dans les mêmes conditions, en vertu des mêmes lois, par les mêmes forces que la nature fait concourir à leur formation
IL K'Y A QU'UKE CHIMIE. Longtemps on a voulu admettre une barrière infranchissable entre la chimie qui s'occupait des composés minéraux et la chimie Berthelot, CAt'MM organique /bHdM sur la synthèse, t. II. p. 8i2.
qui étudiait les substances dites organiques. Les esprits les plus sérieux, même de nos jours, ont lutté contre les tendances de la science moderne, qui marchait tout droit vers l'unité constitutionnelle minérale de la matière. Fpurcroy a dit u qu'il n'y a que le tissu des végétants vivants, qu'il n'y a que leurs organes végétaux, qui puissent former les matières qu'on en extrait, et qu'~MCMM instrument de l'art ne peut imiter les compositions qui se font dans les machines organisées des plantes' Pour lui donc, cela est évident, les deux parties de la chimie actuelle étaient très-séparées et s'occupaient de questions entièrement spéciales à chacune d'elles. Il admettait huit branches principales de chimie, car je n'osé pas dire huit sortes de chimie
Chimie philosophique.
Chimie météorique.
Chimie minérale.
Chimie végétale.
( Chimie physiologique
Chimie animale Chimie «athoiopque.
Chimie thérapeutique.
Chimie pharmacologique.
Chimie pharmacologique.
Chimie manufacturière.
Chimie économique.
En voulant ainsi trop analyser le phénomène qu'il étudiait, ce savant compliquait singulièrement la solution du problème que s'est imposé la science moderne.
Foureroy, PAtfojopMe chimique, p. 303. Paris, 1806. Levrautt, SchœU et Cc.
Après lui, M. Gaudichaud, membre de l'Académie des sciences, a soutenu la même opinion avec tout le talent que comportait sa haute notoriété scientifique.
II y a dans la nature une physiologie, une chimie physiologique ou chimie naturelle, dont les phénomènes s'accomplissent sous l'action de la vie et pour la vie elle-même; chimie entièrement distincte, à nos yeux, de celle qui traite et n'a encore pu traiter que des corps inorganiques et des corps organises mourants ou entièrement privés de vie, qui tue et ne saurait rien animer, et que bien mal à propos, selon nous, on décore du titre de physiologie.
Ce n'est pourtant qu'avec une certaine répugnance que nous avons adopté le nom de chimie physiologique. Si nous l'avons fait, toutefois, c'est que, en réalité, les corps organisés, leurs éléments organisateurs et t.outes leurs sécrétions, résultent positivement de la combinaison des quatre éléments principaux qui les caractérisent. Mais quelles sont les forces, les agents énergiques qui président à ces combinaisons'? Quelles sont les actions bien nettement indiquées produites par l'électricité, par la lumière et par la chaleur; par l'air, par l'eau et leurs éléments par les corps étrangers qui pénètrent et s'y fixent, pour la plupart, après avoir subi de nom breuses réactions~
Telles sont les questions qu'on pourrait faire et qui resteraient sans réponses.
f Puisque, enfin, la physiologie, comme il nous est aujourd'hui donné de la comprendre, produit des combinaisons, nommons-la donc chimie physiologique, en attendant des noms qui jurent un peu moins de se trouver ensemble. Mais distinguons-la entièrement des autres chimies, de la chimie des corps inorganiques surtout, et non moins nettement de la chimie des corps organisés, qui serait peut-être mieux nommée des corps désorganisés.
Nous admettons trois sortes de chimie 1° La chimie des corps inorganiques, qui n'a pas besoin d'ètre caractérisée
2" La chimie des corps organisés, qui est aujourd'hui si riche en faits admirables, niais qui n'en est. pas moins désorganisatrice pour cela
"3° La chimie physiologique ou naturelle, qui, sous l'action d'une force encore inconnue, sous l'action de la vie, est essentiellement organisatrice, et dont le sublime Artisan, les laboratoires, les appareils, les agents, les forces et les combinaisons n'ont rien de commun avec ceux des autres chimies'. « L'impuissance de la chimie à reproduire l'association du carbone avec l'hydrogène et les composés si divers auxquels cette association donne naissance, tout avait concouru à faire regarder, par la plupart des esprits, la barrière entre la chimie (matière) mi~Gàudictmud, Comptes !'e)M~ut /ica~Mtc:eM«, t. XXIV. p. 993-994. t847.
nérale et la chimie (matière) organique comme infranchissable. Pour expliquer notre impuissance, on tirait une raison spécieuse de l'intervention de la force vitale, seule apte jusque-là à composer les substances organiques. C'était,, disait-on, une force particulière qui résidait dans la nature vivante et qui triomphait, des forces moléculaires propres aux éléments de la matière inorganique. Et l'on ajoutait c'est cette force mystérieuse qui détermine exclusivement, les phénomènes chimiques observés dans les êtres vivants; elle agit en vertu de lois <'&'scK<M~//M7M< tlistinctes de celles <~M' )'C~K~ les MOKMMMK~ de /? HtC~'C ~K~Me~ MM&!7<? et ~MMSC! Elle itoprime à celle-ci des états d'équilibre particuliers et qu'elle seule peut; maintenir, car ils sont incompatibles avec le jeu régulier des aninités Minérales M
"Aussi, avant d'avoir fait la nouvelle tentative sérieuse pour arriver à la synthèse directe d'une matière organique; avant d'avoir appliqué aux combinaisons du carbone les méthodes de la chimie générale, on affirma que le chimiste était impuissant à les produire, et cette opinion, propagée par des savants éminents, finit par pénétrer si profondément dans les esprits, que l'on ne remarqua pas même que Berthetot, C/tt'nn'e o~n~Mc /<);)<?; sur /ft .o/nM~f, t. II, p. 806. Paris, 1860.
depuis longtemps on avait fait de la matière organique, mais sans s'en douter
Gerhardt lui-même encore, dans ces derniers temps, en 1842, à propos de ses recherches sur la classification chimique des substances organisées, disait « J'y démontre que le chimiste fait tout l'opposé de la nature vivante; qu'il brûle, détruit; opère par analyse que la force vitale S<?M~ opère pCM' S!/M<Sg qu'elle reconstruit Fèdmce abattu par les forces chimiques'. ri
La formation des composés organiques au sein des organismes vivants dépend de l'action mystérieuse de la force vitale, action opposée, en lutte continuelle avec celles que nous sommes habitués à regarder comme la cause des phénomènes physiques ordinaires'.
Il faut cependant avouer que, dans la suite, le professeur de Montpellier fut amené à modifier un peu son opinion, ici par trop exclusive, comme on le verra plus bas.
Cette idée de l'impuissance de la part des chimistes à reproduire les composés formés par la nature vivante était tellement enracinée dans les es-
Bechamp, ~oH~rMt'ct- me~t't-a;. t. IX. p. ~i3. t!~62.– Lctff !tt)' f<t cAtt~tf.
t Gcrhin'dt, Cowp~ r~tdM~ /)M< des ~e<etMM, t. XV, p. 498. t842.
Gerhardt, F<-ec« <~ cMmtc Ot'~ant'qM. t. 1, p. 2 et surtout p.3.-i844.
prits, que les savants les plus sérieux déclaraient entreprises inutiles toutes les tentatives faites à cet égard. La plupart confondaient, quoiqu'ils aient cherché à s'en défendre, le monde organique avec le monde organisé, et, pour mettre une barrière infra.ndiissable, ils proposaient le défi suivant par l'organe de M. Gaudicbaud Nous ne croirons donc à la physiologie des savants modernes qui se sont élevés contre l'évidence des faits et des principes rationnels, que lorsqu'ils auront composé, nous ne dirons pas un être végétal vivant, un organe, un tissu complexe, même un tissu simple, puisque cela est impossible mais seulement une cellule, une fibre, un vaisseau, un grain de pollen, un grain de iecule, ou selon les uns une goutte, et, selon les autres, une utriculede ce qu'ils appellent le c~~MM: Jusquelà, la chimie peut faire d'innombrables découvertes, elle n'en restera pas moins ce qu'elle est aux yeux de tous, une science sans nul doute admirable, mais insuffisante pour expliquer les phénomènes de la vie. Lorsqu'elle agira sur les corps organisés, elle nous fera exactement connaître, un à un, les éléments constituants, les proportions, peut-être même les équivalents elle extraira tous les corps MM ~fK<?Ws~ toutes les sécrétions, tous les tissus particuliers, et nous en dévoilera la nature inunie elle séparera nettement la cellulose, le ligneux, la fécule, le sucre, la gomme, la résine, les huiles fixes et volatiles, toutes les combinaisons salines, etc.; mais pour
cela elle n'en sera pas moins de la chimie organique pure et non de la physiologie'.
« La chimie ne peut que désorganiser, décomposer et séparer tout ce que la physiologie a organisé, composé et rapproché à l'aide d'un divin principe ou sounie de vie que la chimie ne découvrira pas Proposer à un chimiste de iabriquer quelque chose de vivant, n'est-ce pas un errement bien grand, surtout de la part de ceux qui ont pour mission d'étudier exclusivement les lois de la nature vivante ? Ils ont oublié que tout ce qui est vivant est ibrmèpar la matière, et que le chimiste a le pouvoir de fabriquer avec les élément:- premiers cette matière, qui vivra peut-être un jour. Mais il s'arrêtera là; il ne fera jamais de la matière vivante, parce qu'il n'a en lui rien qui le lui permette. Donc il ne saurait faire cette cellule qu'on lui oppose comme ses colonnes d'Hercule.
Pour ces savants, matière organique, matière organisée représentent la même matière, et it y a un monde entre les deux la seconde est toujours organique, la première peut ne pas être organisée. C'est cette distinction que la science moderne a cherché à établir le plus clairement possible. La synthèse s'attache à reproduire, en tant que matière constitutive, tout ce qui semblait réservé à la matière vivante,
~GMdichaud. C. ?.. t. XXIV, p. 995, <847/M<f., (. XXIII, p. <70. ~646.
mais elle ne saurait rien produire de vivant ou qui puisse le devenir en dehors d'un être organise. Le savent chimiste suédois Berzèlius, se fondant sur l'impuissance de la synthèse en chimie organique, se laissait quelquefois aller au découragement,. Au milieu de magnifiques pages où il traçait, de main de maitrc, l'avenir d'une science dont, son grand génie prévoyait, déjà l'importance, on trouve de l'hésitation, des correctifs, des réserves et (les restrictions, comme s'il eût voulu atténuer ainsi la trop grande hardiesse de ses vues, sacrifiant, certainement t à regret, à l'opinion généralement admise, une partic de la vérité si bien entrevue par lui, et qu'il n'osait encore dévoiler tout entière.
« Dans la nature vivante, écrivait-il en 184~, les éléments jparcM'SM'~ obéira des lois tout autres que dans la nature inorganique les produits qui résultent de l'action réciproque de ces éléments diffèrent, donc de ceux que nous présente la nature inorganique. Si l'on parvenait à trouver la cause de cette différence, on aurait la clé de la chimie organique; mais cette théorie est tellement cachée, que nous n'avons aucun espoir de !a découvrir, du moins quant à présent Et, comme si un remords l'eût poursuivi, ou que son génie se fut refusé à se rendre solidaire d'une pareille assertion, qui nous enlevait tout espoir pour l'avenir, le même savant ajoute Uerzetms, T't-afM dfc/ttmK. t. V. p.i. Traduction française Hoëfer etEssUnger.l8t9. Paris, Finmn Didot.
« Quand même nous parviendrions, avec le temps, à produire avec des corps inorganiques plusieurs substances.d'une composition analogue a celle des produits organiques, cette imitation incomplète est trop restreinte pour que nous puissions espérer produire des corps organiques, comme nous réussissons, dan~ la plupart des cas, à confirmer l'analyse des corps inorganiques en faisant leur synthèse
Le grand chimiste de Giessen, M. de Liebig, partagea aussi cette opinion, et, en 1845, il écrivait encore que nous ne sommes maîtres que des combinaisons organiques déjà formées, dont nous pouvons diriger à volonté la force qui régit leurs molécules. combinaisons que nous ne savons pas faire à l'aide des éléments.
Nous pouvons composer un cristal d'alun au moyen des éléments de soufre, d'oxygène, de potassium et d'aluminium, parce que nous pouvons disposer sans obstacle, jusqu'à une certaine limite, de leur amnité chimique, ainsi que de la chaleur, et déterminer par là leur groupement. Nous ne pouvons toutefois composer un atome de sucre au moyen de ses éléments, parce qu'à leur mode de réunion sous la forme qui est particulière au sucre a concouru la force vitale, qui n'est pas à nos ordres comme le sont la chaleur, la lumière, la gravitation, etc. Berxotius. T'rat'M~c/tMtte. M; [~. 13-f4.–Traduction française. <83t.
Mais quand ces éléments se sont une fois réunis en un atome organique, alors ils rentrent dans la classe des autres combinaisons chimiques nous sommes alors en état de porter dans plusieurs directions, de changer, d'augmenter et de neutraliser la force qui agit sur leurs atomes et qui les retient ensemble nous pouvons produire des atomes d'un ordre supérieur avec deux, trois, quatre atomes composés organiques, en les combinant l'un avec l'autre; nous pouvons faire que les atomes les plus composés se décomposent en atomes plus simples avec du bois et de l'amidon nous pouvons produire du sucre; avec du sucre nous pouvons produire de l'acide oxalique, de l'acide lactique, de l'acide acétique, de l'aldéhyde. de l'alcool, de l'acide formique, et cependant nous ne pouvons produire aucune de ces combinaisons avec leurs seuls éléments
Jusqu'alors donc, on ne savait que détruire on ignorait à l'aide de quels moyens on pouvait reconstruire. On étudiait les diverses transformations que subit la matière soumise aux forces et aux lois que manie le chimiste. On savait simplifier de plus en plus un composé et rapprocher toutes les substances de leur état de plus en plus élémentaire en un mot, l'analyse était le seul moyen d'investigation à l'aide duquel on sondait les secrets de la nature. Depuis lors Liébig, te«rf.ttt- ~cAtntK-.p. i43 t84~. <?' Lcttrp. Paris, Charpentier.
les choses ont bien changé, et le savant professeur de l'Ecole de pharmacie de Paris a donné le coup de gràceà cette séparation fort peu logique des sciences chimiques. Le problème que s'est imposé la science moderne, personnifiée à ce point de vue par M. Berthelot, a été de « remonter l'échelle et de partir des corps ëIèmentMres pour former, par le seul jeu des amnités que l'on a coutume de mettre en œuvre dans la nature inorganique, des carbures d'hydrogène. puis des alcools et des composés de plus en plus compliqués'.
SUR QUOI S'EST FOKDISE LA. SYKTHMSE MODERNE. i~ous ne saurions trop répéter, à l'honneur du nom français, que c'est un jeune chimiste, aujourd'hui l'un des maîtres de la science, qui a fait tomber le voile qui nous cachait les mystères de la matière organique, dont les voies de tbrmation sont les mêmes que celles de la matière brute, Mnérale. Nous démontrerons, cela est certain, grâce aux admirables travaux synthétiques accomplis de nos jours, que, à l'aide de la matière minérale et des seules ibrces physiquesqui la régissent, le génie de l'homme peut produire, artificiellement et de toutes pièces, les composés chimiques dont les êtres organisés, même de l'ordre supérieur quelquefois, étaient, jusqu'à ces Rerthelot.,8ociet6chtmiquede Paris, Leçons. 1860. p. <58.–Paris. Hachette.
derniers temps regardés comme les producteurs exclusifs.
On raconte que quelqu'un, entendant Thénard, dans une de ses leçons, dire et prouver que le sucre n'est composé que de charbon et d'eau, crut avoir trouvé le moyen de faire du sucre en remplissant son puits de charbon. L'on se formerait, comme cet homme, une bien fausse idée de la création des matières organiques, si l'on s'imaginait qu'elles peuvent t être ainsi directement obtenues à l'aide de leurs éléments primitifs. Il est bien certain que, pas plus nous-mêmes que la nature, nous ne pouvons à l'aide des corps simples arriver., par synthèse directe, à former des composés complexes, comme le sont les matières dites organiques.
Quand une plante g'crme et. se développe, ce n'est pas aux dépens de l'oxygène, du carbone, de l'azote, etc., libres. mais bien au moyen de l'eau, de l'acide carbonique et de l'ammoniaque qu'elle trouve dans les milieux où elle vit, air, terre ou eau.
Aucun élément n'est capable, par lui-même, de servir à la nourriture et au développement d'une plante ou de l'organisme animal. Toutes les substances qui prennent part aux fonctions de la vie sont t des groupes inférieurs d'atomes simples, qui se réunissent en atomes d'un ordre supérieur sous l'influence de la force vitale. La force chimique, sous la puissance de la chaleur; détermine la forme, les propriétés des groupes les plus simples la force vitale
détermine la forme et les propriétés des groupes supérieurs qui constituent des atomes organises II est, bien prouvé qu'une plante peut germer, se former, se développer, donner des fleurs et fructiner dans de la poussière, la plus pure possible, de verre pilé, de iteur de soufre ou de quartz, pourvu qu'on imbibe d'eau ces poussières et que l'on place le vase où croit la plante dans une atmosphère contenant de l'acide carbonique et. des vapeurs ammoniacales, substances auxquelles on devra ajouter des matières minérales nécessaires à la charpente du végétal. Pour qu'un corps vivant donc, pour que nousmêmes, dans nos laboratoires, puissions réunir deux corps simples, surtout s'ils ont peu d'àtSnité directe l'un pour l'autre, il faut que nous les empruntions à la décomposition de corps composés déjà formés. Jamais, par exemple, en chaunant pendant des siècles du carbone en présence de l'hydrogène, on n'aura de l'hydrogène bicarboné C'H*, puisque l'expérience de tous les jours nous prouve que cet hydrocarbure est détruit par la chaleur en carbone et en hydrogène
C'H' = 4C + 4H
Au contraire, en opérant par une voie indirecte et détournée, comme l'a tenté M. Berthelotavec un plein succès, on arrive à avoir l'hydrogène et le car'Liebig. ~'M sur /« C/MH' p. '44. 12° Lettre. – t~tris, i845, Charpentier.
bone à l'état naissant et à ce moment, <M< ils sortent d'un composé OM avaient MMf ~OMC~'OM et OM ils M~M ont pas encore pris une autre, ces deux éléments s'unissent très-aisément. Dans cette méthode, on use seulement de l'intervention des actions lentes et desaSinités faibles et délicates. Le point essentiel réside dans la formation des premiers termes au moyen des éléments, c'est-à-dire dans celle des carbures d'hydrogène et des alcools, à l'aide desquels aujourd'hui les chimistes ont pu produireartinciellement de toutes pièces une foule de composés organiques très-complexes.
Ce qui avait rendu l'entreprise difficile, c'est que l'on s'étan aperçu que, pour aborder la reproduction d'un composé naturel, il est souvent nécessaire d'élever un édincc entier fondé sur la formation d'êtres artificiels. On savait aussi qu'aucune substance organique (carbonée), sauf la fonte de fer, l'acide carbonique et peut-être l'oxyde de carbone, ne se forme directement, car c'est, toujours par des voies indirectes et détournées que naissent les combinaisons du carbone.
Les tentatives ont été nombreuses, beaucoup n'ont pas réussi. Heureusement, pour nous que les expérimentatours ne se sont pas découragés et que, grâce à leur persévérance, nous connaissons aujourd'hui une route certaine pour aller droit au but.
DES MOYENS us LA SYNTHÈSE. Trois moyens
généraux sont. surtout usités dans cette synthèse 1" L'oxydation;
2° La réduction;
3° La substitution;
Moyens que l'on aide par la chaleur, l'électricité et la mise en contact de corps doués d'atBnités chimiques différentes. Nous allons entrer dans quelques détails, afin qu'il soit bien démontré que la matière organique différente de la matière minérale n'a jamais existé.
C'est toujours à l'aide d'une combinaison du carbone que les chimistes ont tenté de produire artificiellement la matière organique. Trois combinaisons binaires on) été surtou! employées et ont ibrmé le point de départ, la base des magnifiques travaux que nous allons examiner; ce sont
1° L'oxyde de carbone CO.
2° Les hydrogènes carbonés (homologues ou non du gaz olénant. CW) C"H"–C"H""–C"H' ( Le cyanogène C~N.
( L'acide cyanhydrique C*NH.
A l'aide des uns, sur le cyanogène et l'acide cyanhydrique comme pivot, repose, à un certain point de vue, -la formation de matières organiques déjà trèscomplexes. Ils sont le point de départ de la synthèse des matières azotées.
Les deux autres, l'oxyde de carbone et les hydrogènes carbonés, sont la base sur laquelle a été fon-
dée et réalisée la fabrication artificielle des alcools et des corps gras.
C'est surtout par le premier, substance d'origine et de formation purement minérales, que ceux-ci ont été formés synthétiquement, par l'intermédiaire de l'acide formique, qu'il engendre en se combinant avec les éléments de l'eau. Des méthodes analogues ont permise M. Berthelot d'obtenir les principaux carbures d'hydrogène au moyen des éléments; c'est le premier pas de la synthèse. La génération de ces composés, sans analogues en chimie minérale, constitue le point de départ de toutes les autres formations c'est la base de l'édifice. Le point essentiel réside dans la formation des premiers termes au moven des éléments, c'est-à-dire dans celle des carbures d'hydrogène et des alcools c'est elle qui enace en principe toute ligne de démarcation entre la chimie minérale et la chimie organique'.
C'est par cette étude que nous allons commencer la revue des travaux synthétiques réalisés de nos jours.
Bert.hctot. C/ff'mM or<7<m" /<w< < ~M< t. L, in(rodttcHon. p. xxvu! ~60. –PMis. Mat!ct.-R!tch<n'r.
SYNTHÈSE DE L'ACIDE FORMIQUE C'H'O' PAR L'OXYDE DE CARBONE CO
Nous prenons de l'oxyde de carbone et nous allons imiter ce qui se passe dans les végétaux. Pour présparer ce composé, nous nous garderons bien de le retirer d'une substance appartenant au règne organique, afin demettreà l'abri de tout soupçon de complaisance cet. oxyde de carbone, trop intimement apparenté avec ce monde-là. Nous employons alors de la pierre calcaire à bàtir, de la craie, du carbonate de chaux ef mieux du carbonate de baryte, traitons-les à une haute température par du charbon, et mieux encore, ann d'éviter tout contact avec tout ce qui est du règne organique, traitons ces carbonates par du fer. Nous aurons la réaction représentée par l'équation suivante, purement théorique
B&OCO'~ + Fe := BaU + FeU + Cu. Carbonatettc tMt~tc. Frr, O~yde de bariuen. Uijde de fff. Otydt decifbeat. Cet oxyde de carbone a donc une origine minérale.
Ce composé, ainsi obtenu parla réduction de l'acide carbonique, est traité, dans un tube de verre scellé à
la lampe, par de l'hydrate de potasse à + 100°, pendant 70 ou 80 heures au moins. Par le seul concours s du temps et des aSinités ordinaires, il se fait la réaction que voici
2 CO -)- KO HO = KOC'HO'
Ot\'t''tt'-e''rhon' Hydrate dépotait. Formate d<!pot«H'
Du fbrmiate ainsi obtenu l'on retire l'acide ibrmique, 1)u formiate ainsi obtenu I'on ret:ire l'acide forrnique, en transformant ce sel en formiate de chaux et traitant ce dernier par de l'acide sulfurique étendu. Nous avons donc engendre ainsi, avec cette pierre, un acide qui existe normalement dans un animal, la fourmi rouge (/<M'Mf?cc! )'K/!f), crée et ~briqué artificiellement, par les seules voies chimiques, un produit qui tire son origine habituelle du règne organise et qui est, le premier terme d'une nombreuse série de composés que par son aide on peut obtenir; en un mot, nous avons obtenu un corps (M'~M~M~ car il contient du carbone, et cela en nous servant de la pierre, du fer et de l'eau, substances minérales si jamais il en fut.
SYNTHÈSE DU GAZ OLÉFIANTC~H*
ET DE L'ALCOOL C'H'O"
Un autre exemple, et peut-être l'un des plus beaux, est encore dû à l'investigation de M. Berthelot. Il s'agit dans celui-ci de faire de l'alcool d'une manière toute minérale. On va peut-être crier à l'impossible, à l'absurde, mais le savant professeur n'a. pas donné à la critique le temps de s'exercer il a annoncé sa découverte en même temps qu'il a montré les produits qui en résultaient.
Dans le cas actuel, il fallait unir le carbone et l'hydrogène, deux corps ayant peu d'affinité l'un pour l'autre. M. Berthelot s'est dit outre la voie indirecte, on peut essayer le procédé par l'état naissant, c'est-à-dire présenter l'un à l'autre les corps au moment où ils sont isolés d'une de leurs combinaisons et avant qu'ils aient pris une nouvelle fonction. !I a, forcé, par conséquent, le carbone et l'hydrogène à s'unir au moment ou, sortant d'un composé, leurs aptitudes propres leur sont revenues et où ils sont vraiment eux-mêmes. Voici comment il s'y est pris Le problème à résoudre était de faire minérale-
ment de l'alcool; pour cela il fallait se procurer l'hydrogène carboné &*H\ Nous avons vu que l'on savait faire aruScieUement le formiate de potasse; or ce formiate, transibnné en sel de baryte puis calciné, donne, entre autres composes, un gaz combustible comme l'oxyde de carbone, formé alors, lui aussi, à l'aide de l'acide carbonique non combustible. Ce nouveau gaz intia.mmabte est le gaz dit, à tort, hydrogène bicarboné C'H', legaz de l'éclairage, identique à celui qui éclaire nos rues, que nous brûlons dans nos maisons, et qui cette fois n'a pas pour origine la houille, matière organique, vestiges d'êtres qui ont vécu, mais bien au contraire la matière minérale. Prenons cegaz C'H' ainsi minéralement formé, traitons-le par deux équivalents d'eau, 2 HO, sous l'influence de l'acide sulfurique, qui n'agit que par sa présence, sans rien donner ni recevoir, et, à l'aide d'un procèdé expérimental fort ingénieux, nous obtenons de l'alcool ordinaire, dit vinique, dont la tb)'mation dans ie cas actuel est toute minérale. En faisant cette synthèse de l'alcool, composé organique, à l'aide d'éléments minéraux et des seule:forces chimiques et physiques, M. Berthelot a voulu fermer toute issue à la moindre objection. Il aurait pu prendre C'IT, t'éthyléne, provenant de la distillation de la houille, fixer sur ce composé deux équivalents d'eau, et produire l'alcool tout de même. Mais la réaction eut été moins probante, car on aurait dit tout de suite C*H~, ainsi préparé, a
"conservé en lui quelque chose qui le rend plus apte que C*H' d'origine minérale à engendrer une substance organique. Pour se mettre -à l'abri de ce reproche, il a voulu fabriquer de toutes pièces, et par des éléments minéraux, cet hydrogène carboné C*H' 1 qui devait lui servir pour engendrer l'alcool correspondant.
Il prend exclusivement des substances essentiellement minérales par leur origine du cuivre, qu'il met à la température du rouge sombre, en présence du sulfure de carbone, de l'hydrogène sulfurè et de l'oxyde de carbone, car il a remarqué que la présence de deux composés gazeux du carbone donne une plus grande quantité de gaz oléfiant; il obtient ainsi de l'hydrogène dit bicarboné, C*H~ dont l'origine est évidemment inorganique. L'équation du phénomène n'a pas été donnée, mais voici comment on peut l'expliquer
4CS~ -)- 8Cu = 8CuS + 4C.
Sutfure de carbone. Cnure. Sutfuft de cuitte. C~fboM. 4HS -)- 4Cu == 4CuS + 4H.
H~dfogtnetutrutt. t:uHre. SutfurtdccuiTtr. tt!')dm6c"
Or 4C et 4H à l'état naissant s'unissent et font C'H', l'éthyléne. L'équation totale serait
4CS~ + 4HS + 12Cu = !2CuS + C<H'. ~utfu[edeMfbonF.Hydt06t)tetutf)jft. Cuivre. Suture de cunr~. KtttyMnc. Il est donc bien entendu que C*H' est ainsi un produit minéral.
Prenons donc ce composé et introduisons-le dans des flacons, où l'on met un peu d'acide sulfurique
concentré et du mercure. L'on agite d'autant plus longtemps que le volume gazeux employé est plus considérable. Sous l'mnuence de l'agitation, de l'acide et du mercure, que l'on a seulement introduit pour mieux diviser la masse gazeuse et l'acide sulfurique, le gaz est absorbé par l'acide. L'absorption finie, on traite alors le produit formé par de l'eau, HO l'ondistille et on obtient de l'alcool expérience magnifique, car voilà une matière organique, produit jusqu'alors exclusif du règne organisé, formée cette fois directement par des éléments minéraux. Si l'on n'agitait pas le mélange avec du mercure, ou si avec ce mercure on abandonnait le mélange à lui-même, jamais la plus petite quantité de gaz ne serait absorbée. Pour que, dans ces circonstances, la formation de l'alcool puisse avoir lieu, il faut réaliser deux conditions
1° Il faut que la formule de l'acide sulfurique employé soit exactement HO,SO'; or il suffit, pour le ramener à cet état, de le faire bouillir quelque temps à la température de -}- 1~5°;
2° Il faut agiter longtemps et diviser la masse avec soin.
Dans sa grande et mémorable expérience, M.Berthelot a pris:
C'H' pur. 31 à 32 litres. HO.SO' pur et, bouilli, que l'on
a versé en plusieurs fois. 900 gr.
Hg. quelques kilogr'.
«H fallut, pour terminer l'opération, quatre jours de travail pendant lesquels furent donnés 53,000 secousses." Trente litres d'éthylène furent absorbés, et l'on obtint par la distillation
AicooIC'H'O' 52 gr. Correspondant à l'alcool absolu. 45 –Ce poids représente les 3/4 du gaz absorbé; le reste s'est perdu dans les manipulations.
L'esprit de vin est donc un composé minéral. Il se forme, on le sait, dans la fermentation alcoolique des sucres, des glucoses et de bien d'autres matières qui donnent naissance à cet alcool et à l'acide carbonique or, ces deux derniers produits étant des composés minéraux, comme nous venons de le prouver, ace même point de vue le sucre de canne, les glucoses et les matières glucogéncs seraient aussi des substances organiques dont on peut également prévoir la formation artificielle.
«Aujourd'hui le chimiste n'extrait plus des fourmis l'acide que ces insectes sécrètent et qui porte leur nom; il trouve plus d'avantage à le préparer avec le sucre, la fécule ou la gomme. Rarement il extrait encore des oxalis ou des ~MM~c l'acide oxalique employé dans la fabrication des toiles peintes; car le sucre, la fécule ou la gomme le lui fournissent pluspromptement et à meilleur compte. Avec lesang, la corne ou la chair, il fabrique des cyanures, et avec ceux-ci l'urée, ce principe dont l'extraction directe de l'urine exige des opérations longues et repous-
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santes. Avec la cire, il prépare l'acide de m,g~Msse de l'homme et du mouton, l'acide du succin,~i~Se contenu dans le beurre: avec le sticcin et l'acide~ trique, il obtient le camphre des laurinées. Le chimiste peut aussi transformer en sucre la tëcule, le bois, la gomme, le principe amer des saules: en essence d'amandes amères, en acide benzoïque. le blanc d'œuf, la fibre musculaire, la colle forte; en acide butyrique, le sucre; en essence d'ulmaire, le principe cristallisablecontenu dans l'écorce dessauln~ et des peupliers'.
On peut très-bien prévoir qu'il arrivera un moment où le chimiste fabriquera du sucre de toutes pièces. Ainsi prenons de l'acide carbonique et de l'eau tout le monde sait que, sous l'influence des parties vertes, il se dégage de l'oxygène venant de l'acide carbonique réduit, lequel devient oxyde de carbone ou est ramené à l'état d'élément. On comprend très-bien aussi que, sous l'influence générale de l'organisme-plante, un arrangement nouveau se fasse et qu'il puisse se faire la réaction suivante 2 CO~ + 2 HO = Q! + es 32 o'
D'autre part, l'on peut concevoir cette autre combinaison
2CO' +2HO=o"-)-("'H~
Or,
C2H2 + CWO' = f~H'O' = CWO~HO.
'Go'hardt. 7'<'<)<M(feF/HH)'fo<'<iff;<)ff/M<t. t. ~bo~u~t'oH.?. i. – Paris, 1853.
formule de l'acide acétique à l'état de sel d'eau, formule expérimentale de la glucose, dont la formule rationnelle est trois fois celle-là
3C' H*0~==C"'H" O".
Donc, si l'expérience, comme tout lé fait prévoir, confirme nos données théoriques, le sucre serait un produit de réduction, par rapport à l'eau et à l'acide carbonique et l'on sait que c'est toujours par des moyens de réduction que l'on arrive à produire la synthèse de la matière organique, que l'on soumet ensuite, à volonté, à tous les agents modificateurs, pour lui faire subir les mêmes évolutions qu'à la matière organique fabriquée sous l'influence de la vie. De plus, il n'est pas douteux que le sucre ne remonte vers le ligneux, mais vers le ligneux chimique; il suffit de lui enlever deux équivalents d'eau pour arriver à ce dernier, car
C'~ H" 0'~ – 2 HO = C'~ H'" 0'
GtueMC. Ligueur
L'expérience semble déjà avoir mis les savants sur la bonne voie en mettant du sucre de canne dans de l'eau gazeuze, on obtient du ligneux de sucre (Béchamp).
Dans la synthèse des alcools, on ne s'est pas arrêté à l'alcool ordinaire, on a essayé de reproduire tous les autres, et la manière dont a été produit l'alcool méthylique mérite de nous arrêter un instant.
v
SYNTHÈSE DE L'ALCOOL MÉTHYLIQUE PAR LE CHLORURE DE MÉTHYLE C'tT'CI
L'on connaît, pour chaque alcool, trois hydrogènes carbonés lui correspondant ainsi, pour l'alcool vinique, on a
C~H< – C'H~ C'H".
M~M. Etb}!t. Uydrurc tf.tbtk.
On n'a reproduit encore l'alcool vinique qu'à l'aide deC'H*.
Dans la série du méthylène, on ne connaît qu'un seul des trois hydrogènes carbonés, on ne connaît que C'H' (hydrure de méthyle), correspondant à C* (hydrure d'éthyle). M. Berthelot a cherché à transformer ce corps en alcool méthylique, en suivant le procédé ordinaire si remarquable créé par le génie persévérant et sag'ace de l'habile professeur de l'Ecole de pharmacie de Paris. Il traite C~H* par du chlore, à parties égales. Or il prend C~H* fait; soit. par la calcinadon de l'acétate de soude, NaO,C'H'0', soit par le sulfure de carbone, le cuivre et l'hydrogène sulfuré. Obtenu de cette dernière façon, C*H* est un produit d'origine minérale.
D'autre part, l'alcool C*H°0*. que nous savons
fabriquer de toutes pièces, peut se convertir en vinaigre, en acide acétique, lequel aura aussi une origine minérale, et, par conséquent, il en sera de même pour les acétates.
On le voit donc, les deux sources auxquelles on a emprunté 1'liydrure de méthyle C'H' sont toutes les deux minérales. Ceci a une irès-grande importance, comme nous l'avons montré car, ainsi, plus de filiation qui rattache ce composé à la famille organique c'est un tiouvelétre sans parents, sans hérédité, et, par conséquent, chose à noter, sans préférence ni penchant inné pour telle ou telle combinaison, sans haine ou répulsion pour telle substance à qui l'on voudrait l'unir.
Au contraire, en prenant C'H* tiré du monde organique, on n'aurait pas manqué d'accuser ce composé de préférence pour tout ce qui touche à la famille ou à l'espèce de matière qui lui a donné naissance; on l'aurait certainement bien vite taxé d'une complaisance vendue aux intérêts de son parti. On met donc C~H* et du chlore, à parties égales, dans des nacons de un à deux litres. On expose à la lumière diffuse seulement, car au soleil il y aurait danger d'explosion. La couleur jaune verte du chlore disparaît et, si l'on analyse le gaz définitif, on s'aperçoit que la réaction suivante a eu lieu
C'H< + 3CI == CWC) + HCt. Hyttm~d~mttt~ KMon!ted<'mtt)<))c- AfMccM«fh)<inqu' Il isole le gaz C'H~Cl qui, comparé au composé
produit par l'alcool méthylique et l'acide chlorhydrique, lui est identique et a. la même formule c'est donc du chlorure de méthyle qui s'est forme. M. Berthelot s'est alors demandé comment il parviendrait à rem placer le chlore par de l'oxygène dans ce chlorure de méthyle, et, cela fait, comment il pourrait ajouter de l'eau à l'alcool tncthylique en voie de formation, pour arriver au compose C'H'O~ l'alcool méthylique, tel que nous le connaissons. M traita alors ce chlorure de mefhyle par de l'hydrate de potasse en présence de l'eau, à -j- IUO". pendant une semaine, et il obtint le résultat suivant: C~'Ci + KO + HO = C~0~ + KO. <:)'t<jfNM<te)n~t)~t' )'o)tMpcamttq"f Hat). Atp<'<'tn~<hy!if)Ut. <:h)omt<'dt-j'M).ttt)U)H. En distillant le produit, on isola l'alcool; mais on avait perdu beaucoup de matière à cause des diverses manipulations nécessaires à l'opération, surtout à cause de la grandeur des vases; aussi la quantité d'alcool obtenue ne fut-elle pas celle qu'avait prévue la théorie. II fallut alors chercher ailleurs un procédé plus exact et plus sûr.
L'on savait que le chlore a une grande affinité pour l'argent, et cependant le chlore du chlorure C'H'Cl n'est absorbé ou enlevé par aucun sel d'argent, même en chauffant cent heures l'acide sulfurique est aussi sans action.
Rappelons-nous à ce sujet que, si l'on met un composé en présence d'un autre, si l'un d'eux peut déterminer la formation d'un nouveau corps dont il
puisse s'emparer, celui-ci prendra naissance. Imbu de cette idée, M. Berthelot a pris du chlorure de méthyle. du sulfate d'argent et de l'acide sulfurique concentré. Il a chaude, et. il a obtenu la reaction suivante, amenée par l'acide libre en présence, lequel a chasse le chlorc qui s'empare de l'argent et fait du chlorure d'argent, et cet acide sulfurique à son tour s'unit à l'alcool produit. On a donc:
2SO'+ C'tPO, HO=CWO'.2SO'==(."IPO,HO, 280~ = fC~H''0,SO\ HO.SO'.)
acide vinique de l'alcool méthylique. Nous avons donc remplacé le chlore par de l'oxygène, et le composé formé, C'IIO, l'oxyde de méthyle, composé basique alors que le chlorure C'HPCl ne l'était pas, s'unita. l'acide sulfurique. On élimine le chlorure d'argent insoluble, on sature le produit de la réaction par la baryte et l'on obtient le sulfbméthylate de baryte
(C~O,SO'+HO,SC'~+ BaO,A=(C' fPO.SC~+ BaO SO~ Sutfat!~tf.))!He<f\'au Suffu'pthj)~)~. d<-t..tf~te.
HO,A,––– A étant un acide quetcouque.
Maintenant, si l'on traite ce dernier composé pardu benzoate de potasse uniquement choisi à cause de la grandeur de son équivalent, car tout autre sel amènerait la même réaction on obtient du sulfate de baryte, du sulfate de potasse et du benzoate de métbyle
.'C~ H~SC~-j- BaO SO~+KO.C'~ H'!0~'==KO,SO~ BaO.SO S))~mtt~!Mf~t.lr.t~. !irnto.trdc pcK.nc. S~f.dej'MaMC.Sutf.tteb~M. + C~'H'0,C" H~ O.
BeaMate d'o~df de méthjte.
Ce dernier, traiu' par Iapo<c caustique, donne ~HO~(;"IW-j Kn..t!U=; Kt).C"H'0'-)-C!H~O,HO nrntfaK-~tt<ttde!~}).. ft}'<['"<t't-.)~!m!p"<'t'}'t.<i' =c~r~.
At~t'"«)'y)i')'
On le voit, en définitive, (ome cette série de longues et difRciles opérations n'n'i'a.uu'e bu), que d'ajouter deux équivalents d'oxygène à. C~IF, et on n'a. pu y réussir qu'à l'aide d'amnités très-énergiques et par des voies trës-dctournées. Cel~ nous fait voir, une fois encore, combien cette synthèse est dimcile et combien, dans ce genre de recherches, on est obligé de prendre des chemins de traverse, ibrt heureux encore si l'on ne l'ait pas fausse route.
La. nature iait-cllc absolument comme nous'? Nous l'ignorons. Elle possède seule le secret de se servir de forces dont la. propriété nous a été refusée: le temps, les cha.leur.s so)aires ou terrestres, l'électricité, etc. Or ces moyens nous manquent; et c'est ce qui peut expliquer la différence des voies suivies par les deux synthèses claus leur mode opératoire. Un jour, peut-être, les procédés artificiels se rapprocheront de ceux de celle-ci, alors que nous connaîtrons mieux la manière d'être des agents qu'elle on ploie, et surtout, )a. manière de les utHiser. Ce temps-là n'est peut-ètre pas aussi éloigné de nous que l'on pourrait le croire; mais, dans tous les cas. les procèdes mis en usage parle- ~'énie de l'homme sont du même ordre que ceux qu'emploie la nature; ils ne din'érent que par leur mise en œuvre.
Vî
SYNTHÈSE DE LA GLYCÉRINE
( LA BASE DES CORPS M<A8 C"H'0")
La science moderne est allée pins loin et, a osé tenter la formation des corps gras; dont le nom rappelle la graisse, compose qui entraîne fatalement avec lui l'idée d'organisation.
L'acétate de baryte, que nous savons être désonnais un composé minéral, si l'on vient à le calciner, donne divers hydrogènes carbonés
c~ H' – c< H' c° H".
MM~m. Hthyttn.. t'Mp~nr.
Les deux premiers nous ont servi à engendrer l' les alcools correspondants; le troisième va former la base des corps gras naturels. Le propylène C"H", dans des conditions convenables, tixe de l'eau et engendre la glycérine: C"HW,~HO C°H''0". Voici comment on est arrivé à cette magninque réalisation. On savait expérimentalement que la glycénhe C"H"0~3HO et l'acide propionique C''H'0%HO ont le mente radical C''H", le propylène; cet hydrogène carboné, dérivant soit de la glycérine, soit de l'acide propionique, a la même composition. C"H'
(propylène) + 2HO a servi à refaire synthétique ment l'alcool propylique C°H'0', car
C'H" + 2 HO == C"H''0".
Propylène. Atmotpnptt")"
Mais:
C'H'O' + 0~ = C"H''0'.
Aleool prDp)'liqu~. Atddb,de prapioniqur.
De plus
C"H"0'' -(- 0~== C"H"0< = C''H~'0~ HO.
Atdtb)d<'pr')pieB)i')t)t. Aeidep'opiof'qne. Propxtnattd'ttu.
cotnposè représenté par la formule de la glycérine a. un équivalent d'acide hydrique, -l'eau étant l'acide hydrique. Maintenant la glycérine normale, naturelle, C"H'0', 3HO == C''H''b", délayée avec de la levure de bière à la température de + 20''à + 30°, au bout de quelques mois, donne du propionate d'eau C''H~O~HO: ce dernier dérive donc de la glycérine par une simple déshydratation.
Le propylène, depuis quelques années, a été obtenu dans l'étude de la glycérine par M. Ber~belot. On le produit, à l'état de propylène iodé, à l'aide du pro(oiodure de phosphore agissant sur la glycérine ordinaire
C"H~3HO + Phi = HO.PhO~' + ('"H'-L Ctycfrine. (udore de p6mplnore. p6wpLite d'cau. Iodurr dr propylin~. Cette équation n'est que théorique; elle ne peut représenter qu'une partie de la veritc M. Berthelot n'en a pas donne. II doit se dégager aussi C"H* et de l'eau. Ce propylène iodé est traité, selon M. Wurtz, par 3Br et l'on obtient 1 -r C°H"Br' le propylène bromé. r
Maintenant
C"H~Br" + 3AgO, C'H'O~ = ~A~Bt- + Prop;Mncbr«nM. tcfmedMstnL ~nmfj'ttttM. C~H'0~,3C<H'0'.
Tr'ac<tatod~j!tyetr"'e.
thacétate de glycérine, triacétine, corps gras, ayant la même ibrmule que ceux que produit la naf.urc; et qu'en saponifiant l'on dédouble en un acide gras, l'acide acétique; et en glycérine, la base des corp< gras naturels.
M. le professeur Béchamp, considérant la glyccrine comme un hydrate analogue aux alcools, voulut savoir s'il obtiendrait avec elle des produits correspondants à ceux que donnent les alcools dans les même conditions. Ainsi l'hydrate d'oxyde d'èthyle C'H°0,HO, traité par un chlorure organique, par le chlorure d'acétyle C'HWCI, donne
C~POJiO + (~H~Ct = HCt -)-C'H~O,C<H"0' tt.t-. <)'yi'-dt)).))f. Ch.orare djefty)~ AcfM~ d'oyde d'<(b))'Tentant la même expérience avec la glycérine, il eut:
<~Lno + CW<~Ct. =. 5'L~O~c<H~O~ + UC! = C''H=0~3 C'HW
Tri.
triacétine, triacéta!e de glycérine. Inexpérience a répondu atHi'mativetnent aux prévisions du savant chimiste de Montpellier, du laboratoire duquel est. sortie une nouvelle méthode d'engendrer à volonté les corps gras, méthode généralisable à tous les chlorures des radicaux organiques acides.
Le propylène C°H" s'obtient aussi par la distillation d'un acètatedont l'acide est d'origine minérale; mais, ainsi préparé, il ne saurait engendrer la glycérine, et cependant, chose cttrieuse et qui doit nous taire bien rénéchir à la differencc des synthèse;! naturelles et des synthèses artificielles, ce propylène peut produire l'alcool propylique et l'acide propionique; tuais il ne peut aller plus loin, alors que le propylène tiré de la glycérine est apte et à régénérer la glycérine et à engendrer l'acide propionique.
SYNTHÈSE DE COMPOSÉS DIVERS A. L'AIDE DU PROPYLËNE C°H'*
(At.COOt. PKOfYH~UE. – AMÉHYDE PROt'MNtQUH. AODE t'ROP)OK!QUH. – TRtACKTiSE. – ACROt.ÉtKK.)
Mais nous n'avons pas épuisé le champ fécond ouvert par le propylène. M. Berthelot avait depuis longtemps produit l'iodure de propyIèneC°H''I; en remplaçant l'iode par du soufre, on aurait fait l'essence d'ail. M. Cahours, se basant sur la découverte de ce savant, prend:
C"H~ + AgO, C='0~ = Agi + C''HsO,C=0'. tcdttred* jtfepyMoc. OM)<tt'! t)ot)J--d'arftut. Mttreft'tfttn). OHht<t)'et}~<('<nyt)). oxalate d'oxyde d'allyle; ce dernier composé, traité par l'hydrate de potasse, donne:
CWO,(W + KO, HO = KO.C~ + C''tPO,HO 0"kK'd'Mt')t<i't)~!c. H~<irttr<trpo~Mc OMÎt'edepeu'tf. H)<~ttd'.)tyt)<'d*njtt CeH"0~.
A'coot tffM~f.
Après ce travail de M. Cahours, M. Berthelot eut l'idée de traiter l'iodure de propylène par le su!focyanure de potassium
C~I KS,CyS = Kl -f- C'H~S,CyS MuM de j.rop}thK. Su.f.My.<nute d~ jXMO~m. Sa~ot)tDmf de pMj~ette. Or ce composé n'est pas autre chose que l'essence de
moutarde', de laquelle bien certainement on arrivera à l'essence d'ail C°H"S, et de celle-ci à l'oxyde d'allyle, car
€"?8 + AgO = AgS C'H~O.
Voilà donc une série de composés foncièrement organiques; et cependant nous les avons formés artiiiciellement, de toutes pièces, à l'aide d'agents minéraux, alors que, jusqu'à nous, ils n'avaient été produits que sous l'influence d'êtres vivante. Ainsi, en résumé
A. -Le propylène considéré en lui-même s'unit, de toutes pièces, à l'iode, au brome, et donne CWBr, parexemple, lequel, traité par AgO, donne C~H~O*; et, si l'eau est en présence, celle-ci s'unit au composé nouveau, et on aura C~H~O~, le propyl-glycol, d'où l'on pourra avoir C°H''0% le bioxyde de propyl-glycol.
B. D'autre part, considéré comme un hydrure C'H* ==C°H'H; oreetèquivalent d'hydrogène peut être remplacé par 1,0,8, etc., et on arrive ainsi à l'essence de moutarde.
C. – C''H"Br" peut perdre Br, que l'on -remplace parsO, et, si les éléments de l'eau sont en présence, l'on arrive à C"H'0~3HO, la glycérine naturelle.
Berthelot. et de Luca. ~M/M c/N))))' ft ~c /)~)/!M/;t< !t's6rie.t.XLI.<2[6.–)854.
D. –C'H", considéré comme un hydrogène carboné, peut ~xer un ou deux équivalents d'eau et former l'éther et l'alcool propylique. L'oxydation de ce dernier nous fournira l'acide propionique. E. Enfin C'H'0',3HO C'H'O" peut perdre quatre équivalents d'eau et engendrer l'acroléine C'H'O', celle-ci donne l'acide acrilique; or l'acroléine n'est pas autre chose que l'aldéhyde de l'alcool allylique: nouveau rapprochement naturel de tous ces corps, qui ont l'air si éloignés les uns des autres.
On voit donc combien il y a de composés groupés autour de ce propylène C'H". Quel vaste champ est compris par la synthèse etque de choses peut produire l'esprit humain, quand il est une fois bien dirigé et que la base de ses opérations est constante et repose sur la vérité!
Nous venons de montrer la génération de la base des corps gras et d'effleurer la question des acides gras. C'est de ces derniers que nous allons étudier, plus à fond maintenant, le mode de formation totale.
~111
SYNTHÈSE DES ACIDES DES CORPS GRAS Parmi les divers gaz fournis par la décomposition ignée des acétates, l'on trouve le composé C'H* le butylène, l'amylène C"'H" C'est à l'aide de C°H° (propylène)-C~r (butylène)–C"'H" (amylène), que nous pourrons montrer la génération artificielle des acides gras.
Le butylène C'H', dans des circonstances voulues, parfaitement connues et réalisables à volonté, s'unit à deux équivalents d'eau pour former l'alcool butyUque:
C8 H" -)-. 2 HO = C8 H"' 0~.
Ullt)I~II". a~.m ~yq.
Ce dernier, oxydf', donne l'acide butyriqueC"H.'0%HO. composé que M. Chevreul a extrait du beurre du lait. Nous avons déjà fait voir que nous pouvons engendrer mineralement la glycérine, or le beurre naturel est formé par du butyrate de glycérine. Si donc nous avons formé, minèralement et de toutes pièces, d'une part, l'acide butyrique et, de l'autre, la glycérine, leur union ou leur sel étant le beurre, celuici sera donc un produit, d'origine inorganique. En effet, l'expérience a réussi, et avec l'un et l'autre
nous savons faire aujourd'hui du beurre artificiel. Tout récemment encore, M. Arnuif Schœyen', en traitant l'éthyle par te chlore, a obtenu du chlorure de butylène qu'il a traité par une solution de baryte. Il a fait bouillir et distiller le tout, qui s'était dissous, et le produit de la distinction, saturé par du carbonate de chaux, a donné un sel cristallisé qui possédait la composition du butyrate de chaux. Donc avec du charbon et de l'eau nous sommes arrivés à faire du beurre d'origine exclusivement inorganique.
Le valèria.nate de soude, NaO,C""H''0', donnerait, par sa décomposition ignée une série d'hydrogènes carbonés jusqu'à C"H" l'éthalène. On peut arriver ainsi à isoler C°°H" la paraffine.
Prenons, comme l'a fait M. Berthelot., du bromure d'amyléne C"H"Br = C"'H'"BrH, chauiîbns-Je avec AgO,C'H"0" dans un tube scellé, et nous obtenons: AgBt-+C"'H"0,C<H~Or.
J~e~t~tc d'oxyde d'a't') te.
éther amylacétique ou acétate d'oxyde d'amyJe. Ce dernier composé, traité par l'hydrate de potasse, donne:
+ JL ~L
(~'H~5) (C<HW) + (KO) (HO) = KO,C<H~ 4c<UM d'onde d.m~tc A~ttatt de p~Mf. -)-C"'H"0,HO.
Bydmt d 'etyde <t'*a)]!)e.
'<t:H~M~y<<MfftM~Mrm<!C<e, t.. CXXX. p.233(nouvelle série, t. LIV, mai t864.– /tMHa~~ec/<tmf'ee< de physique, 4'série. 1.11. p. MO, août t864.
Ce produit est l'alcool amyliquc, ou essence de pomme de terre.
Cet alcool oxydé donne l'aldéhyde valérique, lequel, en fixant de l'oxygène, nous amène à l'acide valérianique, qui préexiste dans la racine de valériane, les baies du V~M~'KM/M opM~<.s et certaines sécrétions animales. Cet acide valérique surnage audessus de l'eau comme les corps gras, et il est, de plus, identique à un acide du règne animal, à l'acide phocénique, à l'acide naturel de la graisse du dauphin, dans laquelle il existe non pas à l'état d'acide, mais uni à la glycérine, avec laquelle il forme la phocènine, analogue à la stéarine, à l'oléine, à la margarine, etc.
Voilà donc engendré un acide animal à l'aide de corps minéraux.
Mais nous pouvons aller plus loin. Nous sommes libres et maitres d'isoler la glycérine de la triacètine artificielle, et, une fois isolée, nous pouvons l'unir, en chauffant pendant soixante heures, à cet acide valérianique dont nous venons de montrerla génération artificielle, et le composé qui résultera de cette combinaison sera de la graisse de marsouin, de la phocénine naturelle, de la triphocénine
C''H'0',3C"'H'0\
N'est-ce pas vraiment merveilleux de faire ainsi, par les seules facultés de l'intelligence et du génie, des composés que la chimie vivante seule est capable de faire? N'estrce pas un tour de force prodigieux
que l'homme, par les seuls moyens de la pensée et de la rénexion, puisse se passer de cette force vitale si cachée à. qui il ne peut commander, et parvenir cependant, à l'aide des seules forces matérielles, des forces chimiques et physiques, à produire ce que la nature fabrique dans l'ombre et le mystère? Ces mêmes forces sont-elles employées de la même façon par la vie? Nous sommes dispose a. le croire seulement elle réussit plus que nous, parce que 1 la source de ce feu que Prométhée voulait ravir aux t dieux nous est encore totalement inconnue.
Nous croyons sincèrement que les grands moyen;
des deux synthèses sont les mêmes et que ce sont seulement les détails de l'expérience qui varient. L'une va droit au but l'au < re est forcée de chercher. et, quand elle a trouvé, elle doit longtemps tâtonner. elle doit, pour ainsi dire, surprendre les éléments se réunissant à son ordre et presque malgré eux. En outre, il faut bien reconnaître que les instruments de l'une sont autrement perfectionnés que ceux de l'autre. 1
Un mot de la synthèse prochaine d'un corps gras particulier je veux parler de l'acide oléique, qui n'appartient pas à la série des acides gras homologues de l'acide formique, acides dont la formule est C"H'"0". Sous certaines iniiuences, cet acide se dédouble en acide acétique et en acide palmitique. Or l'acide acétique, nous l'avons vu, a été tait de toutes pièces par C'H*; j'ignore si l'acide palmitique a pu ètre obtenu à l'aide d'un de ses hydrogènes carbonés. Dans tous les cas, on peut prévoir le moment où cela sera possible, réalisé même, et on sera bien prés alors de iabriquer l'acide olèique de toutes pièces, le jour où l'on pourra mettre les acides acétique et palmitique en contact, à l'état naissant, à cet état où les synthèses sont le plus réalisables. Ce serait là un bien grand service rendu, non pas à l'industrie, non pas au bien-être de l'homme, mais à la science, en confirmant une fois de plus la méthode générale synthétique fondée par M. Berthelot. Ce sont, en dénnitive, toujours des moyens de
tx
SYNTHÈSE DE L'ACIDE OLÉIQUE
~OCE OKAS PARTICULIER)
réduction qu'on emploie pour créer la matière organique. Une fois ces alcools, ces acides produits, on arrive à leurs sels, aux corps gras, aux éthers, etc. A l'aide de ces acides et de l'ammoniaque, nous faisons des produits azotés qui se rapprochent de la matière de nos muscles, des matières azotées de l'urine, des dérivés de certains matériaux normaux de l'organisme, etc. Cette étude va nous amener à examiner la synthèse des matières azotées.
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SYNTHÈSE DES SUBSTANCES AZOTÉES §1"
OYANOGHKH. ACtUE CYANHYMIQUE. – UKKK. – CARBA&UDE 11 y a longtemps que le commerce prépare en grand des composés de carbone et d'azote, des cyanures, simples ou doubles, qu'il produit en calcinant des matières animales en présence de bases alcalines ou de leurs carbonates et du fer. Or, le cyanogène C'N est déjà une matière organique, soit parce que, comme nous l'avons admis, il contient du carbone, soit parce que, par des transformations spontanées, U donne naissance à des composés vraiment organiques. Mais, pour être fort dans notre manière de voir, il faut engendrer le cyanogène sans le moindre contact ou la plus petite intervention de n'importe quelle matière organique.
Nous prenons du charbon d'origine non organique, isolé d'une combinaison dite minérale du carbone, CO%CS',CO, ou emprunté à l'atmosphère, afin qu'on ne vienne pas nous dire que ce carbone a conservé quelque chose de sa filiation organique. Ce
charbon, calciné en présence de l'air et du carbonate de potasse, s'unit à l'azote de l'atmosphère sous l'influence du potassium. Eneuet:
2C + N + K =- C~NK.
Ct~b~nt. AN'c. !t~m. <:)ti.Utc <tc ~titim.
La présence du potassium libre s'explique fort.bien, car:
KO,CO' + 3 C = a CO + K.
<:atbo"atc ttt'po~o~. )'< b'mc. OttJ" d'- c.ttUo'tp CotLMfmn.
Remarquons ici en passant, un phénomène bien étrange c'est que deux corps aussi combustibles que le sont le carbone et le potassium; à une aussi haute température que celle a laquelle l'on opère, ne sont pas brûles par l'oxygène et s'unissent l'un à l'autre. Cela nous montre de combien d'aSni tés énergiques et spéciales sont doués les corps, quand ils sont à l'état naissant et dans des milieux convenables ou appropriés à leur combinaison.
Or ce cyanogène, au contact de l'eau, spontanément, au bout d'un certain temps donné, subit des réactions intimes; de l'eau intervient, et l'on obtient, entre autres produits, de l'acide oxalique
G*N-f- tH~NH'O.CsQ'
<:ymf;.etn-. Ot-').* e <i\unu'o<n..jMe.
Ainsi donc, voilà engendré minéra!ement l'acide oxalique, que l'on trouve dans l'oseille, les pois chicues, etc., dans le règne végétal, et dans les calculs muraux chez les animaux.
D'autre part:
C<N + H = C<NH.
CjtMt' U..df<~M. 4<<tecyM.t.)Jt!<)ttr.
Or
C'NH + 4 HO = NH'O.C~HO~.
jK-'tt*auf';t!riq..<. Fmf"i.t<"J'j!n:n<'t)t.tq<)t
Ce compose, qui se forme aussi tout seul spontanément, est l'acide Ibrmique; normalement sécrét:é par les fourmis rouges et que nous avons vu plus haut être un produit de la synthèse artificielle.
"Le cyanogène est donc, comme on le voit, la première matière organique, et f~/b~o~'la première matière organique azotée, que l'on ait produite par synthèse totale et d'où dérivent, d'une part, deux acides que l'on isole l'un des oxalis, l'acide oxalique l'autre des fourmis, l'acide ibrmique Nous avons montré que le cyanogène, composé minéral par son origine, en dissolution dans l'eau, s'altère, comme aurait dit un ancien chimiste et comme diraient encore aujourd'hui les ~'ens du monde; mais nous devons parler plus exactement et dire que le cyanogène sf transforme, ou que l'arrangement t nouveau et plus stable des molécules engendre l'acide oxalique, en faisant intervenir quatre équivalents d'eau.
Si lesquantitcs réagissantes sontplus grandes, nous aurons
2 C'~N ) HO = C'n + 2 C0~+ NIP. t:yuos~u.. N".n. Acivr q.nlf~d'¡q"f"cid.: varLum. dmmooiuque Nous obtiendrons de l'acide cyanhydrique, minéral Hochant, .)/H/!(;)~<- MftWrn;. L IX. p. :~3. ~62. 7" /t'. .t)~f<7;Mf'.
aussi par son origine, et qui existe virtuellement dans les amandes amères.
Enfin nous pourrons constater la présence de l'urée, dont la production semblait être le privilège des organismes supérieurs
4 C'N -f- nHO == C'HWO' + C'NH + 2 CO* CyM~ne. Naa. Uf< Acide Acide earbowiqMc + NH\
Am01l1)lIlaqo~ D'autre part, le chimiste, qui aime à se rendre compte de ce qu'il voit, a dû singulièrement se préoccuper de l'apparition de l'urée dans les transformations du cyanogène, et voici où nous en sommes arrivés, grâce aux magnifiques études de M. Wôhler'. On sait faire, d'une manière toute minérale et par des réactions fort simples, le cyanate d'ammoniaque N'H*0 C~NO. Il suffit d'oxyder le cyanogène, qui, une fois devenu acide cyanique, s'unit très-facilement à l'ammoniaque. Or une dissolution de ce sel, dans lequel à volonté on peut faire apparaitre, d'une part l'acide, de l'autre la base, finit par se transformer dans sa totalité, en sorte que, au bout d'un certain temps, il n'y a plus de sel, plus d'acide, plus de base le tout s'est groupé autrement et est venu constituer l'urée
NH<O.CWO = C'N'H'O'.
CtonMe d'MtmMitque. Utte
< Woh)er,~)UM~~cM)Mee<(~p/tyttçM,2'se)-ie,t. t. XXXVII, p. 330. ~828.
A ce moment-là, on aurait beau traiter le composé par une base ou un acide, on n'en isolerait rien. Le produit nouveau est un tout qui a renie, pour ainsi dire, tout lien de parenté avec le corps primitif qui lui a donné naissance.
M. Williamson a chauffé de l'oxamide avec de l'oxyde de mercure, et il a constaté la formation d'urée, composé dérivant de l'acide carbonique, car
CWNH'' + HgO = HgO + CO' + CONH'. Ot.nnxte Qt)d< d*- Mtn:urf. Cwttumidf.
Or la carbamide est de l'urée quant à sa formule. En effet
2CONH'==CWH<0'
C.~midr. Ct*t.
On sait que l'oxamide dérive de l'acide oxalique. car
NH~O.OC'O~ – 2 HO = NH~O~.
Utalutr d'amu.ondaqur. tO,,mide.
Le cyanogène aussi a la méa]H origine, en tant que dérivé de l'acide oxalique, puisque
NH'0,C'0~ –4HO=C'N.
0~.b~. Eyinostne.
Or tous les deux, sous l'influence d'une base, reproduiront la première, l'acide oxalique: le second, l'oxamide et l'acide oxalique.
Ce sont là des réactions importantes qui se passent dans la nature, et qui nous expliquent comment les
végétaux peuvent s'assimiler l'acide carbonique, l'eau et l'ammoniaque qui composent leurs tissus. Les êtres supérieurs, par une combustion plus complète des substances ingérées et à l'aide des divers milieux nouveaux de leur organisme, arrivent à produire le sucre, les albuminoïdes, etc., qui constituen! leur agrégat si compliqué.
§11
LACTAMIDE. CRÈAT!NE.– SARCOStKE.– .AN!NH.– LEUONK. ACtOE HJPPUM~t;.
Un mot de la synthèse plus complexe des matières azotées que nous retrouvons dans la chair musculaire, et de quelques-uns de leurs dérives ou isomères.
L'acide lactique, on le sait, existe normalement dans le suc gastrique, l'urine, le sang or ce composé peut être produit de toutes pièces, étant donné du charbon et de l'eau. II est isomère de l'acide carbovinique, car
t'C'H~O.COï. HO:CO~ = CWO~HO.
Seid~ cue4u.iniqm Laenle d·eau.
Or on sait faire l'un et l'autre artinciellement on sait passer du sucre à l'acide lactique, mais on ne sait pas remonter au sucre en partant de cet acide. Un mot sur l'importance de ce dernier composé.
L'acide lactique ordinaire, ou lactate d'eau, se fait à l'aide de la glucose, car
C"H'0" == ~C''H'O~HO.
(!)ucotf. Aei<)c):)e(!que.
Ce lactate d'eau, traité par la chaleur, est détruit, et on isole ainsi l'acide lactique anhydre.
L'acide lactique anhydre, qui, pour nous, est le vét-itable acide, C"I-PO% chauH'é à une température sufilsante, perd un équivalent d'eau HO, et engendre l'anhydride lactique ou lactide C"H'0'.
Ce dernier composé, en présence de l'ammoniaque MI\ ~'unit à celle-ci de toutes pièces et forme la lactamide C'H'O'NH*. On a donc la série suivante C"n~O'HO. – Lact:nc d'ciu~ dit. acide )<)c<iquc <)t'din:mt'. C"H''0~. – Acide !acttque ditfmhydt'c.
C"H'0'. – Lactide ou :tnhy())'id<- )ttc<K()K-.
("'IPO*N!–L:tctamidt..
Or cette lactamide est isomère, a la même formule que la sarcosine, base qui dérive de la créatine contenue dans la chair. Mais, d'autre part, la lactamide est un produit, artificiel, et, sans être taxé de trop de hardiesse, on peut concevoir la formation de la sarcosine comme on réalise la formation de la lactamide.
La créatine a été découverte par M. Chevreul, il y a trente ou quarante ans; en perdant de l'eau, elle engendre la créatinine, laquelle a de grands points
de contact avec l'acide lactique. La créatine traitée par les alcalis au contact de l'eau donne
C" H" N~0" + 4 HO == (2 CÔ' + 2 NH'G) == C°H'NO\ Crt~'ift. Pt~tttom t'!)t))utaec Sareotine. dM <)<~)n.
Tout d'abord, il est facile de voir que, dans cette sarcosine, il y a une quantité de carbone égale à la moitié de celle qui est dans la glucose C'WO", mais égale aussi à celle que renferme l'acide lactique C°H"0%HO. En bloc, la formule de la sarcosine est celle de la lactamide
C'H'NO' –– C''H!'0'NH~
Sattwtin~. Loctam'.de.
L'acide lactique de la chair est un peu différent de l'acide lactique ordinaire, qui a pour. origine la glucose. II rattache d'une certaine façon la créatine, lacréatinine, etc., aux matières sucrées, et ce sera probablement par ces composés que la chair, l'albumine, etc., seront ramenées à cette série si simple de créatine, créatinine, inosite, acide inosique, sarcosine, etc. Les intermédiaires nous manquent, et il est à peu près certain que ce sera par la gélatine, l'osséine, la chondrine, la cartilagéine, etc., matières azotées peu complexes, que nous trouverons les termes qui nous manquent. On peut donc prévoir le moment où l'on obtiendra la formation de la sarcosine, par rapport à l'acide lactique de la chair, comme on a déjà obtenu la lactamide correspondant à l'acide lactique dérivé de la glucose.
D'autre part, l'aldéhyde vinique C'H~O% que l'on peut faire de toute pièce minéralement par l'alcool, traitée par de l'ammoniaque NIP, s'y unit tout simplement
C'H~ + NH~ = C'H'0!NH~.
A)-tt)')de wittttut. Aldudydated'ammuuiaque
Ce dernier compose, traite par l'acide cyanhydrique C~H, l'eau HO et l'acide chlorhydrique HCI, tous composés minéraux donne la réaction suivante C~H'O'NH~ + C~NH + 2HO+HCt=NH~Cl tM.~tt~d'.M.mMi.'jUt MJe e;m.h)dr~nt. t:h)<<rnreft'mmeuiun~. +CWNO'.
Ah.m.
On obtient pour résultat un produit qui, comme un le voit, est isomère de la lactamide et de la sarcosine'.
L'acide chlorhydrique et l'ammoniaque ne sont là qu'un simple artifice pour mettre l'aldéhyde, à l'état naissant, en présencedo l'acide cyanhydrique. Traitant l'alanine par l'acide nitreux, comme nous le ferions sur une amide, nous produirons un acide lactique différent encore de l'acide lactique ordinaire engendré par la g-lucose, mais identiqueàcelui dela chair musculaire
Cette alamine serait donc une amide, puisqu'on peut en isoler un acide dont le radical est C"H'0', le laetyle.
G" tP NO* + NO'' = Aq-t- 2 N 4- C"HW,HO.
Aeid. t..o.q..t
Streûker..(M~mM~M&icncM, t. XXXI. p 204. i850 /&M.
L'origine de l'acide lactique des muscles paraît devoir être dû à une transformation d'un sucre spécial qu'ils contiennent, l'inosite, isomère de la glucose C"H"0", mais incapable de fermenter alcooliquement sous l'influence des ferments, car il ne saurait. produire que l'acide lactique
Une autre remarque importante est la suivante dans l'équation qui représente l'action de l'acide cyanhydrique sur l'aldéhyde, on voit sans peine que C'NH --(- 2 HO constitue la formiamide, car C'NH + 2HO = C~HO~NH'.
AcMe P)raMt)}<h)que. Puff)mt'M!d<'
laquelle, une fois formée, s'unit à l'aldéhyde. Donc C'HQ', le radical de l'acide formique, le formyle et l'aldéhyde, voilà les principes constituants de l'alanine Or nous savons préparer artificiellement tous ces composés, et, par conséquent, nous sommes les maîtres de former ainsi cette nouvelle amide. D'autre part, sous l'inMuence de la baryte, la créatine 6xe de l'eau et on a
C'H"N'0'' -J-2HO == CWNO' + (2 CO' +2 MH' L~tin~. S~rcOtiue.
Mais
CO~ + 2 NH* = 3HO – 2 CONH' =\ <N:0'. C.ubJMtidc. tJrée.
Scherer, <t)M<~Mt der c/taoM :«!d pAc/'MMeM, t. LXXIIl. p. 322.
Strecker, ~MM~ <!e)' c/)C)t)t'c ttttd pharmacie, t. LXXV. p. 27.–1850.
Donc
C'H"N'0" – C~H'N'O* = C"H'NO<-
<;[fiec UKt. S.<!CMi)t'.
Or
G" H< N~ 0~ + KO HO = 2 KO C0~+ 2 NHa. Uree
On voit donc combien tous ces composés, normalement produits dans l'organisme, se rattachent simplement, par de pures réactions chimiques, aux substances minérales à l'aide desquelles nous savons les produire déjà en partie. Cette génération de l'urée et de la sarcosine est un fait expérimenta! nous finirons bientôt par transformer la sarcosine et ~on isomère la lactamide en urée et créatine, et cela en vertu des lois de dédoublement qui régissent la matière inorganique.
Un autre aldéhyde, le valèraldéhyde, C"'H'"0*, traité comme on l'a fait pour l'aldéhyde vinique, engendre la &MC!'M<?', corps découvert par Braconnot dans les produits résultant de la putréfaction du fromage, caséum, chair musculaire, etc. c'est-àdire que l'on peut admettre dans les matières albuminoïdes plusieurs molécules complexes, comme la leucine.qui les constituent par leur réunion, et la putréfaction de ces matières ne serait plus alors leur dédoublement, mais leur simple dissociation. La découverte de la protéine, si bien étudiée par M. MulLimpricht, .4'tna~e)) (!e)' c/totue und p/tan'tact'e, t. XCrV, )t.243.<855.
der, serait encore une nouvelle preuve de l'exactitude de notre manière de voir. La. synthèse de la. leucme est un grand pas vers la production artificielle des matières albuminoïdes.
Enfin un autre composé, l'acide hippurique, qui existe dans les urines d'un animal qui n'a pas travaillé, est l'amide d'une autre amide traité convenablement, il donne une nouvelle amide, l'hippuramide
C~H'NO'. HO + 2 HO =: C"H~\ HO -)- C'H"NO*. Uipptt.~cd'tM. BtUt''M<!dci.t.. S.t<))M<.t. gltc~.aulte.
Mais ce sucre de gélatine est une amide, car C'H~NO' .= GWO'NH''
St)Ctt<te6~iu'- <)«s);MeoM< U~othmide.
laquelle, traitée par NO' donne
CWO'NH' +N0' = HO + 2N + C<H''O~HO G!)e<.U.mHe. (;<tM~.M.
Ce sucre de gélatine est donc la glycollamide. Or l'acide hippurique est formé d'acide benzoïque et de glycollamide. EneSet
C"HSO'-)-C'H'0'NH~=HO+C"H"O~C' H'O~NH~ AcHtbm..)~t. (;!)M~i. Xtn.n. f;).n.i<).. ==C"H'NO',HO.
U'fftur.ttf d'f.<u.
Donc l'acide hippurique est l'amide benzoïque du sucre de gélatine, lequel est, à son tour, l'amide de l'acide glycolliq ne.
Or cet acide hippurique, considéré comme un tout
nouveau et traite par l'ammoniaque, nous donne l'amide correspondante
('"H''NO.HC -j- !W == ~H0+ C"H"NO'NH- tlippur..t. dS·au. IIipFuramid~.
M. Dessaignes', ayant remarqué que cet acide hippurique se décompose en acide benzoïque et en sucre de gélatine sous l'influence des acides énergiques. eut l'idée de le reproduire synthétiquement à l'aide de ces deux composés, et il a parfaitement réussi CU HJ 0' Ci + C< If Z). N0' = Zn (;t + C'H'NO\HO. CbtotUfcd''b'xot['. <!)~c'jO~<t-d"tiMe. t))ppt)tM[fd'tau 11 obtint ainsi une substance que l'organisme ne donne que dans des conditions exceptionnelles, le repos.
Nous venons de voir que l'on a fait artificiellement de l'acide hippurique par la glycollamine (sucre de gélatine) que l'on unit à l'acide benxoïque. Mais on est allé plus loin, et l'on a donné naissance à ce même acide, artificiellement, au sein mème de l'économie. L'on a administré de l'aride benxoïque à un animal carnivore, et on a retrouvé de l'acide hippuriquedans les urines, alors que normalement elles n'en contiennent pas (Ure). Mais, afin de parer à cette objection que, par extraordinaire, l'urine d'un carnivore pourrait bien contenir de l'acide hippurique; on a fait une série d'expériences à l'aide de substances qui n'existent jamais dans l'économie. Il a été donné à un aniD['ssaign<'s,/tca<<<')));'e<fMjctencM.Co<Mp<Mfcn~)< t. XXXVII. p. 251. –i853.
mal de l'acide toluique, et les urines ont contenu de l'acide tolunque, qui est lié à l'acide toluique par les mêmes relations que l'acide hippurique l'est à l'acide benzoïque; de même l'acide salicylique a donné l'acide salicilurique; l'acide nitrobenzoïque produit artificiel, sans analogue dans l'économie vivante, a; fourni l'acide nitrohippurique. De ces magnifiques expériences nous devons conclure, hardiment et avec certitude, que l'acide hippurique formé dans le premier essai est dû aux éléments de l'acide benzoïque ingéré. Quant au second principe dont est formé l'acide hippurique au sein des êtres vivants, nous voulons parler du glycocolle ou sucre de gélatine, il est nécessairement tiré de l'économie, niais on ignore quelle est son origine.
Nous n'en finirions pas si nous voulions passer en revue tous les travaux de la synthèse moderne. Nous avons voulu seulement donner des exemples des plus importants, empruntés aux composés ternaires et quaternaires les plus remarquables,-en les choisissant surtout parmi ceux que les êtres vivants produisent. le plus en abondance. Nous pourrions parler longuement de: l'asparagine, de l'acide aspartique et de leur connexion intime avec l'acide malique; des travaux de M. Redtenbacher, qui a produit un composé isomère de la taurine', produit normal de la Berzelius, /!(;pp<))'<!ur~pro~'M<<e~cAtntt'e. 8° année,1848 p. 371. Trad. P)Mtamour. Paris, Fordn, Maison et C".
bile, mais qui avait des propriétés différentes, -des recherches de M. Strecker', qui, après lui, a engendré une taurine ayant cette fois les mêmes propriétés que la taurine formée par un organisme vivant; -de la formation de l'acide succinique au moyen des éléments, en partant soif du cyanure d'éthyléne', soit ducblorured'èthylidène";–delà synthèse accomplie d'une fouled'hydrogènes carbonés;–de la production artificielle de l'allantoïne, principe immédiat animal contenu dans l'amnios de la vache, par MM. Vohier et Liebig – de la xanthine, principe de certains calculs urinaires,–de la triméthylamine, qui fait partie des liquides de l'économie animale et qui se retrouve dans certains végétaux; du phénol, principe contenu dans le castoréum et dans l'urine humaine, etc., etc.; mais ce serait alors faire une histoire complète des substances réalisées aujourd'hui par l'expérimentation, et ce n'est pas suffisamment le lieu ici de se livrer à de pareils développements.
Strecker, ~caA'wM des .Mw;o'.t. CoM/yw~.f. t. XXXIX. p.62.I854.
Schùtxenbprger. C/tù'n'<; a/)~/)~M<'f à la physiologie «ti)))M<c p. 7. Piths. Victor Masson. t86t. Wurhi, 7')'a)M <<M))M<atn' (bc/ttoxe médicale, t. II. p. 38C. (H~xwc) Sun~son.~ Paris, Victor Masson. [865.
Ertcnmeyer pt Muthaeuser. /<u/M)~ .')oct'<'M cMtH~Mf d'' ParM, nouv. sér., t. IX. p. 316. Avril <«?. – ~et;«;/t;'t/! /'xr c/«t)m', nouv.scr.. t. 111. )'- 59:
Le chimiste est-il allé plus loin dans ses opérations? A-t-il engendre des composes plus complexes que les corps ternaires, formés de carbone d'hydrogène. d'oxygène, et que les quaternaires les plus simples. ». tels que le cyanogène, la carbatttide, l'urée et quelques autres produits qui sont cependant normaux et nécessaires, résultant de la destruction ultime des matières azotées de l'organisme ou qui sont éliminés à chaque instant par les urines, que nous pourrions appeler, à cet égard, la fumée et la suie du foyer humain ? Oui, le génie de l'homme est allé plus loin, et il a pu réaliser des composés n'existant, pas dans la nature etfbrt complexes de constitution. MM. Dumas etPelouze, Laurent, Liebig, Fownerethien d'autres chimistes avec eux, MM. Zinin, Bschamp, Hoffmann et Cahours surtout, ont augmenté le nombre des bases organiques azotées artificielles en étudiant l'essence de moutarde, l'action de l'ammoniaque sur divers aldéhydes ou sur les carbures d'hydrogène dans lesquels une partie de l'hydrogène a été remplacée
XI
LIMITES DE LA SYNTHÈSE
par de la vapeur nitreuse.-M. Paul Thénard arat~taché la production des alcalis organiques, non plus aux carbures, mais aux alcools; c'était une nouvelle méthode de synthèse.–M.Wurtx a engendré les amides des alcools qu'il appelle amines, composés basiques ayant avec l'ammoniaque les analogies les plus frappantes, et dont le nombre a été accru par MM. Chancel,Cahours, Hoffmann, etc., etc. D'autre part, des recherches récentes ont amené M. Hunt à considérer les matières azotées plastiques comme constituées par de la cellulose ou un congénère uni à l'ammoniaque, moins les élements de l'eau. L'expérience prête à cette vue un appui réel, car, d'un côté, on a pu dédoubler certaines d'entre elles en ammoniaque et sucre fermentescible; d'autre part, des essais de synthèse entrepris par quelques chimistes, ont montré que les sucres, chauffés longtemps à-j-140° avec de l'ammoniaque aqueuse, peuvent former des amides incristallisables, se rapprochant par quelques caractères des matières azotées dont nous nous occupons'. Ces corps peuvent donc être considérés comme des amides à la fois sulfurées et phosphorées ou simplement sulfurées, suivant l'espèce que l'on a en vue'. Il esta peu près certain que c'est en vertu de ces considérations que nous arriveSchüt.zenberger, CAt'HU'e app/tq«<'e à 1(1 pAj/MO~M animale, p. 27. Paris, Victor Masson. )8H4.
Taule, <oc. cil., p. 20.
rons un jour à la synthèse totale de ces substances si complexes, dont les modes de formation, jadis si secrets, nous sont de plus en plus connus, et que depuis longtemps Vogel avait remarquées comme présentant une analogie singulière avec le ligneux, l'amidon et la dextrine*.
Nous voilà, ce me semble, nageant en pleine eau, non-seulement dans la chimie organique, mais dans ce que l'on aurait appelé autrefois et que quelquesuns appellent encore aujourd'hui la chimie vivante; comme s'il était possible qu'il pût y avoir deux chimies, douées de ibrces différentes et s'exerçant chacune sur une matière spéciale.
Disons donc hautement, sans crainte de voir notre dire démenti par les faits, que la chimie chez les êtres vivants ne diffère nullement de la chimie des êtres morts ou des matières qui n'ont jamais vécu; mais que, seulement, les milieux où se font les réactions étant très-dinerents et très-complexes, il n'est pas étonnant qu'il faille de nouvelles conditions pour qu'elles se produisent chez les uns et chez les autres; ne soyons pas dès lors surpris si leur manifestation ou leur mode opératoire n'est pas le même. Ajoutons encore qu'il nous sera toujours impossible de répéter et d'instituer des expériences complètement identiques à celles du monde vivant, quant aux Dumas (de l'Institut), Statique chimique f~Mo~aMjA. p. 30. Paris, Fortin, Massonet-C*. i842.
moyens employés pour les réaliser, parce que nous n'avons pas à notre disposition un appareil vivant que nous puissions faire marcher, arrêter et scruter à notre aise. Il nous est seulement permis de mettre en jeu des phénomènes du même ordre et ayant le plus d'analogie possible avec ceux que la matière emploie d'ordinaire.
Nous avons réalisé aujourd'hui tout ce qu'il était en notre pouvoir de faire avec nos ressources d'êtres inférieurs à Dieu; nous avons reproduit chimiquement avec de la matière brute, avec des substances inorganiques, nous avons obtenu minéralement des composés dont la formation semblait être l'apanage exclusif de la vie; nous pourrons, sans nul doute, faire la matière chimique d'une cellule, mais voilà tout. Arrivés à ce point ultime, tous nos efforts seront impuissants non cW~ on~Nts. Dès lors la scène change, nous entrons dans le domaine de la vie, qui ne nous appartient pas et qui est la propriété exclusive de Dieu. Jamais le plus habile expérimentateur ne verra se former la moindre petite cellule vivante sans le secours indispensable de la M~Mrg <M:?')/K~. Nous avons, je crois, suffisamment justifié ce que nous avions avancé, à savoir
1" La formation artificielle, par la matière minérale et par les seules forces chimiques qui la régissent, de composés dits organiques et même de substances très-complexes et sécrétées au sein de l'organisme;
S" Et, comme conséquence, la. non-existence de la matière organique dinerente de la matière minérale. 3° L'unité minérale de la matière est donc démontrée.
Berzélius avait depuis longtemps prévu cette unité de la chimie, et son génie avait pressenti les admirables travaux synthétiques de la science moderne. Pendant longtemps j'ai cherché à attirer l'attention des chimistes sur i'immuabilité des lois qui président aux combinaisons des éléments, et sur ce qu'elles sont applicables à la nature organique aussi bien qu'à la nature inorganique, ce qui du reste n'est contesté que par un très-petit nombre de personnes. Quant à la manière dont la nature organique et la nature inorganique se conforment à ces lois, nous savons que certaines circonstances accessoires interviennent, et qu'elles sont beaucoup plus nombreuses dans la nature organique, où souvent même leur mode d'action nous est inconnu, de sorte que les produits des combinaisons nous offrent une très-grande diversité*.
Ici Berzélius nous parait confondre la nature vivanteou organisée avec la nature organique; l'une s'exerçant sur une matière qui échappe & notre investigation l'autre agissant sur des substances dont la réalisation synthétique nous appartient. Le mode opératoire de ta première nous est inconnu et !o sera toujours; les moyens de ta seconde, si nous no savons pas exae.tement les reproduire, nous savons les remplacer par des actes analogues du même ordre, à laide desquels nous arrivons au même résultat qu'elle.
Mais, pour découvrir le mode de combinaison des éléments entre eux, nous devons partir des composés les plus simples de la nature inorganique et nous appuyer sur ce qui est connu pour chercher l'inconnu. En employant comme guide les lois de combinaison des composés inorganiques, nous découvrirons de plus en plus le mode de combinaison des substances organiques
Nous ne nous exprimerions guère autrement aujourd'hui que nous savons réaliser une grande partie du problème largement entrevu par le savant chimiste suédois.
Berzélius, Rapport a~M<-< Mt- les progrès <<c;ac/t!'Mte. traducduction Plantamour, 7°ann6o,p.229. Paris, <847; Fortin, MassonetC*.
XII
TRAVAUX RÉALISÉS PAR LA SYNTHÈSE CHIMIQUE
En résumé, voici où en est arrivée la synthèse moderne, dans la reproduction des matières organiques «Nous transformons d'abord l'acide carbonique nous lui enlevons son oxygène et, faisant intervenir les éléajents de l'eau, nous le métamorphosons en acide formique.
Avec ce dernier, nous formons les cs~M~s e~Avdrogène.
Au moyen des carbures, nous reproduisons les alcools, les éthers composés, les a:M<~c~ les acides <M~<MM<~
Ennn, avec le concours de l'ammoniaque, les ~~Metlesco~o~ <HMM~etc., eest-à-dire un nombre infini de principes organiques formés suivant des lois générales et régulières, et dont le développement progressif paraît devoir embrasser l'ensemble des principes immédiats naturels, tels que la morphine, quinine, etc., dont nous devons regarder la reproduction artificielle comme probable et prochaine
'Berthelot, C/wMM organique fondée sur la ~Mt/~c, t. 11, p. 794.
A l'aide des éléments, nous avons obtenu les carbures d'hydrogène ces derniers nous ont donné les alcools. Les alcools unis aux acides nous fournissent les éthers. Tels sont, par exemple, les principes odorants de la plupart des fruits, l'essence aromatique de gaultheria, les essences irritantes de l'ail et de la moutarde, divers principes contenus dans les baumes, les matières cireuses désignées sous le nom de blanc de baleine et de cire de Chine, enfin la cire d'abeille elle-même.
» En oxydant les alcools avec ménagement, on donne naissance aux aldéhydes, c'est-à-dire à un nouveau genre de composés très-curieux par leurs propriétés et par leurs aptitudes caractéristiques, et qui comprennent la plupart des essences oxygénées naturelles. Les principes odorants de la menthe et des amandes amères, le camphre ordinaire, les essences de reine des prés, de cannelle, de cumin, de girofle et d'anis, appartiennent à cette catégorie générale. Pour eSectuer leur synthèse totale au moyen des éléments, il suffit de réaliser celle des alcools qui concourent à former lesdits aldéhydes.
Une oxydation plus profonde des mêmes alcools engendre une autre classe de composés, non moins générale et non moins importante que celle des aldéhydes on veut parler des acides organiques. Une multitude d'acides naturels ont déjà été formés au moyen des alcools; tels sont notamment l'acide des fourmis, l'acide du vinaigre, l'acide du beurre,
l'acide de la valériane, plusieurs des acides gras proprement dits, l'acide du benjoin, l'acide du lait aigri, lequel se rencontre aussi dans les tissus animaux les acides de l'oseille, du succin, etc. Les acides, étant obtenus, deviennent l'origine de formations nouvelles. Sans rappeler les éthers qu'ils produisent en s'unissant avec les alcools, il sumra de citer les amides, c'es~à-dire les composés qui résultent de la combinaison de ces mêmes acides avec l'ammoniaque. A l'étude des amides se rattache sans doute la formation de tous les principes azotes naturels qui ne dérivent pas des alcools. Entre ceux de ces principes dont la synthèse est aujourd'hui réalisée, il suffira de nommer l'urée, l'un des corps les plus importants parmi les excrétions des animaux supérieurs la taurine, matière contenue dans la bile; le sucre de gélatine et la leucine, substances alcalines fort répandues dans les tissus des animaux l'acide hippurique, principe contenu dans l'urine des herbivores. Voilà pour les matières volatiles et les corps que l'on peut former avec cellesci. C'est le premier étage de la chimie organique. x Mais quant aux principes fixes, tels que la fibrine et le ligneux, qui constituent les tissus des végétaux et des animaux, tels que les matières sucrées et albumineuses dissoutes au sein des liquides qui baignent ces tissus, ils demeurent en dehors; leur
synthèse totale est à peine ébauchée elles constituent le second étr.ge de l'édince
u A c6té de la chimie organique qui se réalise au sein des êtres vivants, nous avons donc constitué une chimie nouvelle qui est, en quelque sorte, parallèle à la nature. Pour fondre ces deux chimies en une seule, un pas reste encore à faire c'est la reproduction des principes végétaux à l'aide des procédés mêmes employés par les êtres organisés
Berthetot. C/))'")'' '!<-</a)~Me /()))(M<: sto- ta ~)/)t</t~e, t. n. p.803.804. 1860.
Berthelot, id., M p. 794.
15
XIII
TRAVAUX A RÉALISER
Le domaine de la. chimie organique synthétique s'est considérablement agrandi les produits artinciels sont très-nombreux, mais il reste encore bien faire.
Ainsi l'on n'a pu encore réaliser la synthèse artificielle des bases organiques naturelles, telles que la quinine, la morphine, etc.
On n'est pas encore parvenu à tabriquer minet'alement les cléments chimiques de nos tissus, de nos muscles, leurs principes immédiats. les matières albuminoïdes, etc., quoique cependant les chimistes aient depuis lon~tetups entrevu cette possibilité. La science moderne a fait d'immenses progrès, et les relations des composes ternaires, cellulose, sucre, etc., avec les matières azotées, nous sont aujourd'hui bien mieux connues. Dè)à nous sommes bien près de réaliser la fabrication artificielle des premiers, et, si l'on songe que la nbrineestinsolublecomuie la matière ligneuse, que l'albumine se coagule à chaud comme l'amidon, que le casèum estsoluble comme la dexirine (Dumas), nous sommes en droit de prédire le moment où nous saurons passer des uns aux autres.
Sans trop nous avancer et sans craindre d'être .(.censé de témérité, nous pouvons a~irmer que l'on arrivera un jour à ces brillants résultats, mais seulement à l'aide de procèdes de plus en plus compliqués et de voies de plus en plus indirectes. Lorsque, par des réactions néanmoins aussi simples que celles que nous avons enumérées, par le simple départ d'eau ou d'acide carbonique, par une pure oxydation ou une simple réduction, on peut fabriquer des matières aussi complexes, et se rendre un compte aussi iacile qu'exact de ce qui se passe dans l'intimité des êtres vivants, ne devons-nous pas otra surpris des découvertes mcrveiUeuses et incontestables d'une science qui compte à peine un demisiècle d'existence ? Si nous songeons qu'un homme seul, avec de l'eau, du charbon ou de la pierre, peut faire à son gré de l'alcool, de l'urée, de l'acide formique, du beurre ou de la graisse de marsouin, et qu'un jour il produira certainement de la chair et du pain chimiques, et cela dans son classique alambic que l'on a tant bafoué, ne doit-on pas pressentir que cette lubie des alchimistes de faire, de toutes pièces, des corps simples, avait quelque chose de grandiose et peut-être de &ndè, tant nous sommes tous portés à essayer de produire tous les objets qui nous entourent et dont nous cherchons à connaître le mode de génération?
Le vent est aujourd'hui à la synthèse. On veut suppléer par la science à l'insuffisance de production
naturelle, et déjà nous pouvons prévoir le moment oùun chimiste béni de Dieu et des hommes fera du pain artificiel, c'est-à-dire fera non plus de la fécule ou du gluten organisés, mais des composés isomères qui serviront à l'alimentation humaine. Ce jour-là, le monde entier admirera la puissance de la science contemporaine, dominée dès son origine par la grande et noble figure de Lavoisier, cet homme de génie dont les derniers travaux sur le carbone nous font voir qu'il avait pressenti les merveilles réalisées de nos jours. Lorsque par le progrès nous aurons obtenu la confirmation expérimentale de ces magnifiques conceptions de l'esprit, le doute ne sera plus permis, car cette fois il sera, par-devant tous, bien démontre que la matière organique est formée d'après les lois de la matière minérale, qu'elle n'est que de la matière minérale, que son origine est la matière minérale mais, je le répète, on n'en dira jamais davantage.
XIV
MATIÈRE ORGANISÉE
§1"
PAR. QUELS ÈLÉMEKTS ËST-ELLK FORMÉE?– LES FORCES ET LES LOIS DU MONDE M~ÈRAL PEUVENT-ELLES PRODUIRE L'OR<,AMSAT!0!< ? NÉCESSITÉ DES ORCAXtSMES tNFÉKtEURS. LEUR FORMAl'NN NE SAUK.UT ÊTRE LH'RÉB AU HASARD. LES FORCES ET LES LOIS DU MONDE t!<f)HGANI<jL'ECO!<SERVE!'<TELLES LEUR ACTION DANS t.E RÈGNE ORCANtSÈ ?
L'analyse nous démontre que setze éléments ou corps simples servent à former le M<a;~{M de la matière organisée. Sur ce nombre, quatre sont les plus importants, ce sont:
Carbone Oxygène Hydrogène – Azote, et, si nous leur ajoutons dans quelques cas du souû'e, du phosphore et du fer, nous aurons les composés qui servent à former la presque totalité des corps organisés. Nous savons faire la matière organique avec des éléments minéraux. Par des moyens analogues, la science nous a-t-elle appris à faire la synthèse du plus simple des êtres vivants~ C'est ce que nous allons examiner dans ce dernier chapitre. La matière organique, supposée minéralement faite
de foutes pièces, peut-elle d'elle-même s'organiser? Evidemment, non. Elle est souvent, cela est vrai, fort compliquée dans su composition, elle est trèsrapprochée chimiquement de la matière organisée, et néanmoins elle ne saurait mettre un pied dans le domaine de la vie. Jamais un chimiste, dans son laboratoire, n'a vu et ne verra se produire une feuille, un fruit, un muscle, pas même la plus humble des cellules. Aucune loi ni aucune théorie ne lui permettent de conclure que la matière minérale, organique si l'on veut, peut l'engendrer en s'organisant d'elle-même. Créer la vie quand nous ignorons où en est la source et- quels en sont les facteurs, n'est-ce pas se bercer de mots et se payer de chimères ?
"La même force qui est mise en œuvre dans l'organisme des animaux et des plantes peut-elle se manifester au milieu des débris de ceux-ci '? "La même loi qui préside à la formation d'un ovule dans le tissu du stroma peut-elle élever à la puissance d'un (nuf les molécules organiques dispersées en d'autres endroits
Cela ne nous parait pas possible, si l'on n'admet pas, et nous sommes de ce nombre, que la toute-puissance divine continue; à chaque instant, l'oeuvre de la première création. Pour nous, nous refusons d'accepPoncho, 7'MtM </<' r/x-Mre.~xM. – Paris, J. B. Bitittu-re. 1859.
ter cette incessante intervention céleste à ce point de vue. Dieu a fait, une seule ibis pour toutes, une création générale et s'est reposé le huitième jour, ainsi que le disent tous les livres sacrés, huitième jour qui dure encore pour l'éternité du Très-Haut. Il dirige tout et assiste aujourd'hui aux divers résultats de son oeuvre il ne crée plus rien. Cela nous paraissant évident, comme ni nous ni ce que l'on appelle la nature ne pouvons rien créer d'organisé, en dehors de la vie, il est impossible de supposer un seul instant que les forces vivantes, les forces actives. tes forces d'organisation, appartenant exclusivement au domaine de la vie, puissent être mises en jeu dans un autre milieu. En d'autres mots, celles-ci ne sauraient, dans de pareilles circonstances, produire quelque chose d'organisé, pas plus avec les cadavres des générations passées qu'avec leurs matériaux premiers.
Comment veu~on que du monde inorganisé, à l'aide des seules forces que celui-ci possède, il puisse. n'importe par quelle série de phénomènes, ntéme les plus compliqués et les plus ingénieux, se faire un œuf, ce quelque chose qu'un être parfait a. tant de peine à produire et à mener à bonne fin? La vie d'une plante tout entière, est, pour ainsi dire. exclusivement consacrée à la production de ce germe après la maturité duquel elle périt, celle de certains animaux cesse quelquefois, après la ponte de cet œuf que les spontéparistes veulent voir produit par la matière
morte ou, si l'animal ne succombe pas, combien la force vivante prend de détours et de précaution pour arriver à un résultat heureux Comment concilier ces faits avec la possibilité de la génération spontanée? 1 M. Pouchet lui-même nous dit La génération sexuelle se compose d'un acte tout spontané, par jequel tout d'abord la force plastique rassemble dans un organe spécial les éléments primitifs de l'organisme. Après cela, le système est prêt aux actes subséquents d'où doivent résulter la fécondation et la naissance du nouvel être. Le système prévoit, dès longtemps et à l'avance, le but final, ce germe, cet œuf à produire, et il se prépare chez le mâle comme chez la femelle à réunir des matériaux dont le contact ou toute autre évolution vitale encore inconnue, au MM/~M vivants, dans leur O~M!M?~Më en ~<MM~ dans tous les cas sous /M/~MC<' des lois t& vie, donnera naissance à ce quelque chose qui sera plus tard un autre individu. Or, s'il faut tant de temps à un milieu of~HM~ et vivant pour assurer la vitalité d'un germe ou d'un œuf, comment admettre qu'au sein de la matière morte ou de celle qui n'a jamais vécu il puisse se former un être vivant ? 1 Néanmoins cette doctrine a été embrassée et détendue par des savants du plus grand mérite.
« Les matières organiques qui se séparent de leur organisation (êtres vivants) conservent, lorsqu'elles ne sont pas ramenées à leurs éléments ou converties en composés binaires par l'action des affinités chi-
miques, la propriété de reparaitre, avec le concours d'itiRuences extérieures favorables, de la chaleur, de l'eau, de l'air et de la lumière, sous des formes animales on végétales plus simples, qui varient toutefois en raison des influences à l'action desquelles elles se trouvent soumises'. Il nous parait bien difficile que, dans les circonstances dont parle Tiedeman, la putréfaction et la fermentation n'amènent pas la dissociation complète des matières organiques et des réactions chimiques, parfaitement favorisées par les circonstances énumerées par ie savant physiologiste. U est impossible qu'au milieu de tous ces agents divers il ne se fasse pas des groupements nouveaux, plus stables que ceux des matières organiques complexes de l'organisation. La fermentation, la putréfaction oxyderont les uns, réduiront les autres, et, somme toute, on aura, si rien ne s'échappe et n'est perdu, un même poids d'éléments premiers, mais dont l'édifice et l'arrangement actuel seront différents. La matière organique ne saurait rester eUe-méme dans un pareil milieu: ramenée par conséquenten ses éléments, ou, ce qui est plus exact, en des composés minéraux, elle ne saurait venir directement constituer des êtres vivants, quelque inférieurs qu'ils puissent être. Aussi, malgré l'opinion du savant allemand, nous rangerons-nous à l'a vis de Redi, pour qui «depuis la création la terre n'a produit, d'elle-même, T:edeman, ~tj/M'o~t'e~f/tOtMXM, p. <04.
aucun être organisé – Aucune science ne saurait nous expliquer comment, par exemple, le premier couple de chaque espèce de mammifère a pris naissance sur le globe. Celui qui prétend pouvoir approfondir cette question à l'aide de la simple faculté de penser ne jouit pas de toute la plénitude de sa raison. Ce qui est vrai pour les mammifères s'applique aussi à tout être vivant, bien que la chose ne saute pas autant, aux yeux pour les organisations intérieures que pour les organisations supérieures. Enfin tout homme habitué à réfléchir sur ces questions doit être convaincu de l'impossibilité de les résoudre, et, sur l'origine mystérieuse de la vie, il s'en tiendra aux premiers versets de la Genèse
Nous dirons donc, avec Fourcroy, "que les animaux qui existent ont, fait partie intégrante d'animaux semblables à ceux dont ils se sont séparés; qu.. cette séparation, ce détachement d'animaux de leurs pères; se fait de plusieurs manières que, dans les plus simples et les moins comptiqués dans leur structure, il se forme, comme dans les végétaux, des bourgeons remplis de petits animaux semblables à ceux d'où ils proviennent, et qui s'en détachent à un certain degré d'accroissement, ou qu'un fragment de leur substance, séparé d'un premier indiRedi, E~fimexto orcft ~cn~rah'onf't <'))!<'c<o)'H)t). Amstetodami, <G7), p. M.
Berzélius, Traité de chimie, t. V, p. 9. t849. 2' édit. fran-. çaise, trdd. Hoefer et Esslinger.
vidu adulte, forme un animal fout semblable à celuici, comme les boutures dans les plantes que, dans d'autres, et c'est le plus grand nombre, le concours de deux organes, l'un mâle et. l'autre femelle, soit réunis sur le même individu, soit. sépares, est de toute nécessité pour qu'il y ait fécondation et reproduction que, Facto de la fécondation étant opéré, l'embryon, auimé par la liqueur spermatique, grossit, soit dans le sein de la iemelle, soit hors de son sein
A ceux qui nous diront que, puisque Dieu a créé une fois, il peut bien continuer à créer encore à M. Pouchet, qui nous demande de lui citer le verset du livre sacré qui dit que Dieu s'impose de ne jamais reprendre son œuvre, nous répondrons qu'en une seule fois tout a été créé et bien créé, et que toute nouvelle intervention céleste est inutile, vu que, dans le cycle général de la création, il y a un transport continuel de la matière morte à l'ètre vivant, le végétal que de ce dernier elle passe aux animaux, d'où elle retourne à la terre en formant ainsi le cercle du mouvement éternel, le CM-c~MS œtM motus aperçu depuis longtemps par l'ingénieur Beceher, car tout va en un même lieu, tout. a été lait de poudre et tout retourne en poudre que, dans cet enchaînement si admiF<Mi'o'oy, .'))/w~ <'<WMf~<<)CMC/am!<u< t. tX, p. ~4 An IX. Pans, !3au')ot'.in.
t Bible, sac. jMf/M.chap.XIV. v. t4. -F''cMs<M;f!chap. III, v. 20.
rablement combiné, chacun a son rôle; que ces microzoaires etcesmycrophytesyjouentle leur, comme nous le verrons bientôt, et que par conséquent leur naissance ne pouvait être dès lors abandonnée au hasard.
Ces êtres qui, pour les spontiparistcs, se créent de toutes pièces à l'aide de la matière ambiante, ont, au point de vue final, des fonctions aussi grandes, aussi sérieuses et aussi utiles qu'importantes; je dirai plus, aussi indispensables que celles qui sont confiées aux organismes les plus supérieurs. Pouvait-on laisser leur production ace hasard, quand ils sont les intermédiaires obliges entre les ;nimaux et !cs végétaux, entre ce qui détruit etce qui reconstruit?
Berzélius, le grand chimiste suédois, avait du haut de son génie solennellement stigmatisé les tendances d'une certaine école matérialiste qui, de temps à autre, essaye vainement de faire irruption dans la science. Tout ce qui tient à la nature organique annonce un but sage et se manifeste comme le produit d'un entendement supérieur; et l'homme; en comparant les calculs qu'il fait, pour atteindre un certain but, avec ceux qu'il trouve dans la composition de la nature organique, a été conduit à répartir la faculté de penser et de calculer comme une image de cet être à qui il doit son existence. Cependant, plus d'une fois, la philosophie à vue courte a prétendu que tout était l'oeuvre du hasard, et que les produits pouvaient seuls se perpétuer, en tant qu'ils avaient
accidentellement acquis )e pouvoir de se conserver et de se propager. Mais cette philosophie n'a pas compris que ce qu'elle désigne dans la matière inerte sous le nom de hasard est une chose physiquementimpossible. Tous les eSets naissent de causes ou sont produits par des forces; ces dernières (semblables à la volonté) tendent à se mettre en activité et à se satisfaire, pour arriver à un état de repos qui ne saurait être trouMé, et qui ne peut être sujet à rien qui réponde à notre idée du hasard. Nous ne comprenons pas comment cette tendance de la matière inorganique à parvenir à un état de repos et d'insuffisance, en neutralisant les forces antagonistes, sert à les maintenir dans une activité continuelle; mais nous voyons cette régularité calculée dans le mouvement des inondes; nos recherches nous conduisent tous les jours à de nouvelles connaissances sur la structure admirable des corps organiques, et il vaut bien mieux admirer la sagesse dont nous ne saurions sonder la profondeur que vouloir nous élever avec une arrogance philosophique, et par de vaines arguties, à une connaissance supposée des choses qui seront probablement à jamais hors de la portée de notre entendement
Pourquoi dire que Dieu continue encore l'œuvre de la création ? Au point de vue de la toute-puissance Berxutius. Traité de cMnt'c minérale. végétale et animale, 2* édition française, trad. par Hoefer etEsstinger, t. V, p. 3. Paris. 1849, Firmin Didot.
éternelle, il le peut, mais où en est la nécessité II a créé une somme de matière voulue, qu'il a répartie entre tous les règnes et dans des états divers. De plus, il a arrangé les choses dans une harmonie si parfaite, que les matériaux utiles aux végétaux sont précisément ceux que rejettent les animaux, de sorte que chacun des ouvriers du règne animal travaille avecles éléments que son voisin, le végétal, lui fournit tout préparés, et donne en échange à ce dernier dés matériaux que celui-ci met de nouveau en œuvre ce qui a fait dire très-ingénieusement à un spirituel écrivain «que le règne végétal n'est pas autre chose que la grande cuisine où se prépare en permanence le diner du règne animal, et, quand nous mangeons le bœuf, c'est l'herbe qu'il a mangée qui nous nourrit en définitive
De cet accord tacite naît une grande sécurité pour tous les êtres vivants, dont la nourriture est ainsi assurée. C~MM'ec <'? w~Mtft'a c~oKt~'c et KMme~o e~po~KM~ nous dit le livre de la Sagesse. C'est exprimer clairement qu'il ne se crée plus rien, car tout a été produit, dès l'origine, en mesure, poids et nombre voulus par la sagesse du Créateur. Nous n'assistons qu'à des transformations, des régénérations, des réapparitions de la matière, dont la quantité jadis créée par le Très-Haut ne saurait ni augmenterni diminuer. «La matière, toujours immuable, Macé, //M<«!<' d'line ~otff/f/'otM, )ettre2~. p.~97, 20'' édittOti. Paris, Hetzel.
change seulement de forme et d'aspect. Jusqu'à présent, on ne connaît ni création ni transmutation d'éléments tous les changements qui s'opèrent continuellement à la surface du globe sont dus à des combinaisons qui se font ou à des combinaisons qui se dèfont. Lu matière du tapis de verdure qui, aujourd'hui, revêt une prairie, lait partie, le lendemain, des animaux qu'elle nourrissait; quelques jours encore, et elle passera pénètre dans notre propre organisation, d'où elle s'en ira dans l'atmosphère, qui, la cédant, à de nouvelles plantes, reproduira plus tard une nouvelle végétation. La matière du bois que nos foyers consument aujourd'hui fera peut-être demain partie de quelque végétal d'un pays lointain
"II faut souvent des siècles à la vie animale pour détruire le travail qu'une prairie a fait en une seule saison, et de la sourde action des brins d'herbe qui la composent va sortir la matière au moyen de laquelle se manifesteront les plus belles intelligences ou les instincts les plus prodigieux
Après ce qui précède, au point de vue de la création permanente d'êtres même inférieurs, nous dirons donc:
"Dieu n'a pas besoin de créer continuellement des Dumas. C/n'M'e ~)~t«'f aux aW~, t. VU1, p. 418. i846 Paris, Bechet.
Dumas, CAt'ntf'e appliquée <!<M' arts, t. VIII. p. 750. <846. Paris, Bechet.
organismes, quelque bas placés qu'ils soient dans l'échelle des êtres vivants.
"Il n'est pas nécessaire qu'il soit rien crée de nouveau dans l'état actuel du monde, où tout change, mais rien de ce qui est ne s'anéantit.
Le Très-Haut conserve fort bien son pouvoir créateur, dont il peut, s'il le juge convenable; faire tel usage qu'il lui plaira; mais ce sera alors une œuvre due à sa volonté.
» La naissance de ces petits êtres ne peut. pas être et n'est pas le fait du hasard, leur place dans l'harmonie générale de la. création étant trés-hnportante et devant ên'e assurée et réglée d'avance. L'homme qui, dans son laboratoire, déterminerait la naissance et l'évolution de quelque être nouveau, attenterait à un pouvoir qui ne lui a jamais été donné, qu'un seul être possède et dont les forces vivantes sont seules les dépositaires
La fermentation et la putréfaction, en s'emparant d'un corps organisé mort, le détruisent et le simplifient; pourquoi n'y aurait-il pas une force opposée à celles-là, qui construirait et édifierait, capable de grouper les molécules qu'une autre disperse à son gré ? Mais, nous dit-on, de même qu'en chimie on admet l'affinité entre corps simples et corps composés, de même les molécules qui se groupent pour L.-tf. de Martin. des ~'n)M7!/<0/M f< f~ /vrMtf'<i~ f~a/M ~u~foppor~afcc~<;p/t!M<opM~~a~a<Ao<09t'< p. 26. Paris, J.-B. BaiHiëre MontpeUier, Goulet. 1865.
former l'organisme peuvent jouir de cette qualité M. Pouchet oublie, ce nous semble, que les forces mises en jeu en dehors de tout être vivant sont du domaine chimique ou physique, et qu'en sur une substance organique ou organisée, formée de quatre ou d'un plus grand nombre d'éléments, elles ne sauraient procéder à son égard autrementqu'elles ne le feraient sur tout autre composé aussi complexe n'ayant jamais fait partie d'un organisme. Si donc il était possible à l'ensemble de ces forces, obéissant à cette prétendue force ~fMc~M~, de constituer l'édifice détruit, elles ne sauraient rebâtir qu'un être chimique, qu't'H comoosè organique, et voilà tout. Elles ne referont jamais le composé organisé primiuf, encore moins le reformeraient-elles vivant, parce que la somme d'action que nous voyons à l'oeuvre dans un milieu pareil ne saurait avoir pour résultat la force vitale, la seule capable d'édincr un organisme. Des hommes du plus grand t&Ien), ont soutenu les mêmes idées, et on comprend que les hétérogénistes de nos jours se sentent très-forts quand ils peuvent compter dans leur camp des auxiliaires aussi précieux que Lamarck, Tiedeman, Tréviranus,etc. La nature, dit Lamarck à l'aide de la chaleur, de la lumière, de l'électricité et de l'humidité, forme des générations spontanées ou directes, à l'extrémité de
t Pouchet, ~c<'o~<'Mte, p. i2t.
*Lamftrck,<M;t..n.p.80.
chaque règne des corps vivants où se trouvent les plus simples de ces corps." En lisant ces quelques lignes de ce grand naturaliste, nous sommes surpris que son génie se soit laissé abuser par la manifestation du phénomène, manifestation dont il s'occupait exclusivement, sans remonter aux causes qui l'amenaient. D'après lui, dans la création de certains êtres, la nature ne mettrait évidemment en jeu que des forces dont dispose le génie de l'homme et qu'il peut faire agir à son gré. Ces conditions dont il parle sont précisément celles que la germination des plantes réclame pour se faire; mais elles ne sont que les causes occasionnelles et nécessaires de la production, de la manifestation du phénomène, du développement du végétal dont le ~-)KC t-c~Y oM/cws. La réunion de ces circonstances ne fait que le milieu où se f/ec~opp~ MtfM's oit il ne naît pas. Le germe a été auparavant formé par d'autres forces et des causes d'un ordre tout différent.
Cette opinion a été, du reste, adoptée par Cuvier, «qui croyait à la préexistence des germes; non pas à la préexistence d'un être tout formé, puisqu'il est bien évident que ce n'est que par des développements successifs que l'être acquiert sa forme, mais, si l'on peut s'exprimer ainsi, à la présence du ~M~/ f~-f, radical qui existe avant la série des évolutions, et, qui remonte certainement, suivant. les belles observations de Bonnet, à plusieurs générations' » LauriU-n-f), Éloge de CxoMt-. p. 05.
On ne saurait être plus clair. Ils préexistaient donc pour ce savant naturaliste, ces germes, c'est-àrdire ce quelque chose qui a en lui tout ce qu'il faut pour qu'un nouvel être se forme et se développe, si les circonstances lui sont favorables;. ce quelque chose qui 'este germe si les milieux lui sont contraires. Aussi Cuvier lui a-t-il donne fort heureusement le nom de radical, qui est l'être, l'individu en miniature. Aujourd'hui nous dirions qu'en ce germe il y a un être en puissance.
En chimie, nous sommes habitués à cette notion de virtualité. Ainsi aucun chimiste ne dira que les amandes ameres contiennent de l'acide cyanhydrique, et cependant c'est à ce dernier composé qu'elles doivent leursaveur spéciale c'est que cet acide est en puissance, à l'état virtuel, dans un produit contenu dans les amandes amères, et dont la décomposition, au contact de l'eau de la salive, amène la formation de celui-ci, qui voit immédiatement sa présence déeelée par les papilles du goût. Les exemples de ce genre sont nombreux dans la science. Aussi avec M. P. Gervais, que la Sorbonne a ravi à la Faculté des sciences de Montpellier, admettonsnous que les germes des infusoires et des entozoaires se trouvent répandus dans les fluides que nous respirons, ou dans les substances qui nous servent d'aliments ou qui circulent dans notre organisme. Ils seraient là, attendant que des circonstances favorables viennent les faire éclore; ces organismes en
miniature sommeilleraient, si je puis parler ainsi, en attendant que le réveil soit sonné dès qu'un terrain favorable se présente
«Si la vie n'était que le produit d'un certain mélange proportionné de substances, le chimiste, après avoir décomposé un corps organisé, pourrait redonner à ce dernier sa structure primitive; mais c'estce que ne peut faire le chimiste, par laraison qu'il n'est pas maître de l'esprit, cause principale de la vie'. » ? Le principe vital ne se transmet pas, il se manifeste dans toutes les circonstances où la vie peut se développer*. Par conséquent, une matière quia son origine dans un être vivant, une fois qu'elle est devenue cadavre, ne saurait conserver encore cette aptitude à régénérer d'eHe-méme cette vie qu'elle a désonnais perdue pour toujours, car la nature ne réunit les rudiments de t'être qu'elle veut former que dans des lieux ou dans des organes où tout peut favoriser son accroissement – "Ce qui n'est pas organisé ne peut donner ce qu'il n'a pas ni plus qu'il ne possède; ce qui ne pense pas est incapable de créer la pensée; ce qui ne sent pas ne
P. Gervais, ~!c/V<M<. K«<.c<~<-y/<<'w/K)'f. Paris, t836t.IV.p-t48.
Dremser, 7'<-at'M :oo~t~M et p/)!0~t<?Ms des vers intestiMM,p.87.Pari-t837.
apouchct.et-o~x' p. 430. J.-B. Baillière. Paris, 1859. Fray, Essai ~Mt- <'o)-);))'!c des '-o)- or~nMM f))o<-<?ont~. p. t59. Paris. 1817, veuve Courcier.
formera pas le sentiment ce qui est inerte et mort n'engendrera par le mouvement et la vivacité. C'est pourquoi tout germe animé ne peut tirer son existence que d'une autre créature animée Or, nous le demandons à M. Pouchet, est-ce qu'il y a. dans le cadavre de la matière organisée, quelque chose à l'aide de quoi le plus humble des phénomènes de la vie puisse se réaliser? Où résiderait la cause initiale'~ D'où lui serait venue la première impulsion et par quel moyen se serait-elle maniiëstee? 11 faut considérer avec grande attention la matière chimique hors de la vie et la même matière chimique pendant qu'elle fait partie des corps vivants. On peut et l'on doit concevoir dans le muscle, par exemple, outre la cellule musculaire, être vivant, la matière chimique qui constitue matériellement cette cellule. La première est du ressort de la vie et appartient aux recherches du physiologiste la seconde est notre esclave et sujette à nos lois chimiques et physiques. La matière organisée se trouve dans un organe, fut il le plus simple, et elle le constitue en tant qu'ètre vivant; tandis que la matière organique sert à bàtir cet organe, mais n'est pas l'organe celle-ci seule pourra un jour être produite artificiellement. Du reste encore, au point de vue chimique ou physique,
Gmétin, CAMn'c «pp/t'~ud <) ~t ~A~b/o~t'f' et <(t HtM~ct'M. Tt'aducuon Ineichen. Virey, ~Mt'OM;~ ~Mf /'o~y<'H)Mtc ut'Mnt, p. xxv. Paris, 1823.Ferra.
il y a une grande différence entre la madère organique et la ma-uère organisée.
MATIÈRE ORGANIQUE
Pure, elle ne laisse jamais de cendt'cs par sa combustion.
Amorphe ou cris<anisée, a formes. géomctrtques d6iinics.
Formée' généralement de métaUoïdes seutement.
MAT!ÈRE ORGANISÉE
Laisse toujours des cendres par sa combustion. Forme toujours se rapprochantdcta.sphére.
Formée de métatioïdes et de motaux: les premiers constituent sa paftion vraimentorganique, les seconds sa portion minérate.
Fait toujours part.ie d'un organe.–Creecpar!es êtres vivants sous l'influence de la vie. A vécu ou vit.
Peut no pas t'aire partie d'un e<rc vivant. Peut utre créée [taries forces et les moyens de la matière qui n'a jamais vécu – n'a point vécu ne vit pas. Réalisme paria synthése artificielle.
irréalisable par le chimiste.
En outre, lorsqu'on consulte les enseignements de l'expérience, on est frappé de l'importance du rôle joué dans la nature par tout ce qui est organisé. On a cherché à prouver la possibilité de la généra.tion spontanée, et on n'y a pas encore réussi. Mais allons plus loin. Si nous démontrons que ces myriades de petits êtres, si bas placés dans l'échelle vivante, ont une action considérable dans l'ensemble général de la création, si nous parvenons à faire voir que leur présence est indispensable pour la bonne harmonie entre le régne végétal et le règne animal, pourra-t-on
persister à croire que la formation de ces échobies peut être due au hasard, au caprice d'une action chimique ou physique? Nous ne le pensons pas. C'est donc à la défense de cette thèse que nous allons consacrer tous nos soins.
§11
)MK)KTAKCE ET RÔLE HES ÈCHOMES AU ['OIKT KK VUM HYUtÉKKjL'E HT A(.iK)COLE. – ft.S SHKYEKT U't!<TERMËDIA)RE EXTKE ).H Mm<DK OKUAKtSK OU 0~~(:A~~Q~:E ET LE RHGKK MtKHK.).. Lorsqu'on embrasse l'ensemble de la création et qu'on examine l'enchaînement graduel qui relie entre eux les divers règnes de la nature, on est frappé de l'importance presque cachée de ces innombrables organismes microscopiques dont fourmillent la terre, les eaux et l'atmosphère. Sans leur précieux secours, sans leur intervention incessante, l'équilibre serait rompu.
Pourquoi donc, en définitive, les petits êtres qui se développent dans les liqueurs sucrées, dans les matières fermentescibles, etc.,sera!eni-iissani-! action? Pourquoi leur création actuelle et incessante? Il nous sera très-aise de prouver leur grande utilité, en démontrant que, sans leur existence, l'air que nous respirons serait bien vite vicié, et qu'ils sont aussi nécessaires à l'harmonie générale de la création que tous les autres êtres vivants.
Avec la doctrine des hètérogénistes, la naissance de ces êtres organisés dont. nous étudions lé rôle et les importantes fonctions serait livrée complètement au hasard,
Ces organismes si petits sont cependant indispensables à notre création. Le savant ne doit pas et n'a pas le droit de faire des hypothèses. Il y a un plan. un enchaînement général dans la création; or les infusoires ont la même raison d'être que les organismes supérieurs car, sans eux tout serait bientôt anéanti. Comment donc concevoir que celui qui les a créés dans sa sagesse et sa prévision éternelles ait pu abandonner leur naissance a.u vague de 1~'Me~M? Le simple bon sens se refuse à admettre une pareille possibilité, démentie, du reste, chaque jour par les nouveaux faits acquis à la science. Ces petits êtres sont tous actifs; ces moisissures brùlent le carbone et ramènent les divers composés organiques ou organisés à l'état de carbonate, absolument comme le font les organismes les plus supérieurs. Si l'on opère, par exemple, avec l'oxalate de potasse, dont l'acide toxique ne peut se former, dans nos laboratoires, que sous l'inHuence d'agents oxydants énergiques, ces moisissures l'oxydent irèsfacilement, brûlent le carbone et ramènent ce sel à l'état de carbonate de potasse. Voilà donc une oxydation que l'acide nitrique produit, pour ainsi dire, à grand'peine, et que ces frèles organisations amènent aisément. Puis on viendra nier leur influence
et leur importance, l'on viendra nous faire croire que leur naissance n'est, pas prévue et qu'elle se fait en dehors des règles ordinaires de la création L'Architecte éternel, quand il a créé l'univers, ne l'a. abandonné aux lois qu'il lui assignait que lorsque son œuvre a été bien complète et que les causes de destruction ont eu à leur côté les forces de création, leurs antagonistes.
Le rôle bien accentué et bien évident de ces petits organismes est de ramener les résidus des matières organiques et des matières organisées vers l'état le plus simple; l'acide carbonique et l'ammoniaque, composés que les végétaux reprennent et avec lesquels ils reconstituent leurs éléments complexes.« L'objet de la fermentation est évident c'est un artifice à l'aide duquel la nature dédouble les matières organiques complexes pour les ramener à des formes plus simples, qui les conduisent vers la constitution habituelle des composés de la nature minérale.
Les fermentations sont toujours des phénomènes du même ordre que ceux qui caractérisent l'accomplissement régulier des actes de la vie animale. Elles prennent des matières organiques complexes elles les défont brusquement ou peu à peu, et elles les ramènent et les dédoublent à l'état organique.
A la vérité, il faut souvent plusieurs fermentations successives pour produire l'effet total; mais la
tendance générale du phénomène se manifeste toujours, dans chacune d'elles, de la manière la plus évidente.
Le ferment nous apparaît donc comme un être organisé qui absorbe à son pront la force au moyen de laquelle étaient unies les particules du corps qui éprouve la fermentation, il consomme cette force et se l'approprie. Les particules des corps désunies se séparent en produits plus simples.
o Le rôle que joue le ferment, tous les aMWM! jouent; on le retrouve même dans toutes les p~~s des plantes qui ne sont pas vertes. Tous ces êtres ou tous ces organes consomment des matières organiques, les dédoublent et les ramènent vers les formes plus simples de la chimie minérale. De même qu'il faut aux animaux, pour vivre et se développer, une nourriture formée de ces matières animales, de même tous les ferments exigent, pour se développer, une nourriture formée aussi de ces mêmes matières animales don t. les animaux se nourrissent.
Dès qu'un ferment trouve réunies les condittons desonexistence, c'est-à-dire uue matière or~a-nique à décomposer, et celles de son développement, c'est-àdire une matière organisée ou organisable às'assimfler, ce ferment semble donc agir et se développer comme le ferait une suite de générations d'êtres organisés quelconque'.
Dumas (')e t'tnstitut). C~ttHM appliquée aux arts, t. VJ. p. 304-305. t843, Bécliel jeune.
II suffit qu'un germe trouve un milieu qui lui soit favorable pour qu'il éclose. Des lors, obéissant aux lois de la nutrition, il choisira, les cléments qui pourron lui être utiles et les ramènera à l'état le meilleur pour qu'il puisse se les approprier. Moins les composés dont il dispose seront complexes, moins il devra les modifier.
Les matières albuminoïdes ne sont qu'un aliment pour les germes des infusoires et des mucédinées, car on peut les remplacer par des matières cristallisables, telles que des sels d'ammoniaque et des phosphates. Cela détruit cette opinion; que les albuminoïdes conserveraient en quelque sorte un reste de vitalité qui leur permettrait de s'organiser au contact de l'oxygène, lorsque les conditions de température et d'humidité sont iavorables. -Dans une liqueur formée de
Eau pure. 10~00 Sucre candi. 10,00 Tartrate d'ammoniaque 0,2 à 0,50 Cendres fondues de levure de bière 0,10 si l'on sème, en présence de l'air calciné, les poussières qui existent en suspension dans l'air, on y voit naitre les bacterium, les vibrions, les mucèdinèes, etc. Les matières azotées albumineuses, les matières grasses, les huiles essentielles, les substances colorantes propres à ces organismes, se forment de toutes pièces à l'aide des éléments de l'am-
moniaque, des phosphates et du sucre. Tout le carbone de la plante est emprunté au sucre, qui disparaît peu à peu complètement, son azote à l'ammoniaque, sa matière minérale aux phosphates. Il y a donc, sur ce point de l'assimilation de l'azote et des phosphates, une complète analogie entre les ferments, les mucédinées et les plantes d'un organisme compliqué Sous le rapport de l'origine du carbone, les mucedinées dif~rent essentiellement des plantes phanérogames. Elles ne décomposent pas l'acide carbonique et ne dégagent pas l'oxygène. L'absorption de l'oxygène et le dégagement de l'acide carbonique sont, au contraire, des actes nécessaires et permanents de leur vie Ces curieux phénomènes rapprochent encore plus les bio-ferments du règne organisé animal, dont ils ont même les propriétés exhalantes. D'autre part, on a observé que, si la liqueur necontient pas d'éléments azotés, une dissolution d'acide tannique, par exemple, les êtres qui se développent en elle sont des MM'c~o~A~s (Béchamp et Moitessier). Or ces microphytes se conduisent comme tous les végétaux connus et créent de toutes pièces la matière azotée dont leurs tissus ont besoin que si, au contraire, il s'y trouve des éléments azotés tout formés, ce sont des microzoaires surtout qui y prennent naissance et s'assimilent ces matériaux Il Pasteur, /~fM/M~ec/t(n!tef< ~p/i~Me, 3"8~rie, t. LXIV, p.i05-t08.-i862.
Béchamp, Lepons orales, )864.
est important de se bien entendre et de bien connaître la valeur des mots que l'on emploie pour expliquer des phénomènes si curieux et si sujets à la controverse. Les ferments, dit-on, naissent par le contact des matières albuminoïdes et de l'oxygène. Si ce dernier seul, en tant qu'oxygène, leur donne naissance par son contact avec les matières azotées, ces ierments sont des générations spontanées; si ces ferments ne sont pas des êtres spontanés, l'oxygène intervient comme excitant d'un germe apporté en même temps que lui, ou existant dans les matières azotées ou fermentescibles Le développement des bio-ferments dans des liqueurs préparées artificiellement, enayant le soin d'éviter la présence des matières albuminoïdes, met à néant la première objection, si bien bien réfutée par M. Pasteur.
D'après ce que nous avons vu, nous ne saurions un instant croire qu'il puisse y avoir spontéparité; aussi accepterons-nous sans restriction l'action de l'oxygène comme excitant. Du reste, cela était connu depuis fort longtemps. Tout le monde sait que les œufs ne peuvent donner naissance à l'animal que tout autant qu'ils sont soumis à l'action de l'oxygène il se fait une vraie respiration, une vraie combustion, absorption d'oxygène et dégagement d'acide carbonique. Mais, si l'on empêche l'entrée de Pasteur, ~!tM<M de chimie et de ~~Me, 3° sMe, t. LXIV. p. 24.–i8(i2.
l'oxygène par un moyen quelconque, Fœuf restera. intact et ne produira, rien. La force vitale, la vie seront mises dans des conditions que le sommeil du germe n'aura point de fin, et tout dormira encore sans qu'elles puissent entrer en activité; et si cela dure troplongtemps, la mort du germe survenant, il pourra se faire des réactions chimiques a'j sein de l'œuf devenu désormais impropre à la reproduction, je dirai presque un cadavre. Il en est de même chez tous les animaux dont l'œuf féconde se développe au sein de l'organisme qui lui a donné naissance. L'enfant respire l'oxygène que lui apportent les échobies du sang (globules rouges) de la mère, et renvoie, par les canaux émergeants de ses tissus, tous les produits qui ne peuvent plus servir à sa nutrition. Cet oxygène est nécessaire, non pas à la vie en tant qu'aliment il est nécessaire parce qu'il est indispensable aux réactions chimiques vitales qui s'opèrent dans les cellules vivantes. L'ensemble de ces phénomènes peut être réduit en gros à une oxydation générale; or pas d'oxydation sans oxygène. Ce dernier, toutefois, en agissant sur n'importe quelle matière albuminoïde ou sur toute autre substance des plus complexes, ne saurait faire autre chose que de comburer ses éléments, à moins qu'il ne reste inactif; mais jamais, dans aucun cas, de son contact avec elles ne sauraient naître les moindres êtres organisés prenant naissance aux dépens des matériaux de celles-ci.
« La combustion lente des matières organiques est à peine sensible; mais elle est rapide et considérable si elles peuvent se couvrir de mucédinées, de monades, bactéries et mucors. Ces petits êtres sont des ouvriers de ruine et de destruction. Ils transportent L'oxygène de l'air sur les débris désorganises, sur la matière organique, comme un ouvrier va chercher du bois au bûcher pour alimenter son foyer'. "Les principes immédiats des corps vivants seraient en quelque sorte indestructibles sans l'existence de ces petits êtres. Le grand cycle de retour à la matière minérale serait interrompu ou difBciIe.
Dans un gouvernement bien établi, il doit y avoir une hiérarchie à laquelle tous doivent se soumettre, et les plus simples, loin de se révolter contre leurs supérieurs, doivent rendre à ceux-ci leur tàche plus facile. On en voit un grand exemple dans l'organisme vivant, où chaque organe à part concourt au grand œuvre sans ambition et sans regret. La fable de Laibntaine, /c.a!6s et /E'o~ae, a mis spirituellement et profondément en relief cette grande pensée. Or, dans l'économie, il y a aussi des substances dont le rôle est bien humble, et néanmoins très-important. Cette pensée nous remet. en mémoire le dialogue de la Couronne et de la Sandale – Souviens-toi que nous sommes sœurs et au De Parville, Causeries ~t'~t'MM Paris. Sa\'y. 1864.
service du même maître, disait la Sandale à sa compagne.
– Moi, ta soeur répliquait la Couronne indignée, et que fais-tu donc alors là-bas, dans la fange ou la poussière
“ Ne le vois-tu pas? reprit la Sandale; je t.'aide à rester en haut, dans l'air pur et le soleil Cette humble mais sage réponse doit nous faire comprendre que rien n'est de trop en ce monde, et que, quelque infime que soit le rôle d'une substance, il ne faut pas crier à l'inutilité ou au superflu. En approfondissant les choses, nous verrons que, dans la nature, on rencontre parfois des phénomènes dont on ne comprend pas bien la nécessité et dont cependant la somme d'action nnit par représenter un total effectif auquel nous sommes obligés d'accorder un~ grande importance. Nous apercevons le fleuve sans penser que sa source est formée par des suintements imperceptibles qui, goutte à goutte, constituent un petit ruisseau réunissons un grand nombre de ces derniers et nous arriverons au grand tout, le fleuve. Ne nous hâtons donc jamais de condamner à l'inaction des matériaux dont le seul fait de l'existence doit être pour nous une preuve qu'ils ont leur part générale de besogne.
On ne s'était jamaisexpliquécommentdes matières organiques fertilisantes, quand elles sont solubles, Cité parE-Souvestre, 6'<Mffe/!)~ d'un ~Mard. p. 8.
ne sont pas absorbées en nature par les plantes, et l'on était surpris que, si elles venaient, sous l'influence de la végétation, à s'introduire dans les cellules vivantes, elles eussent une action funeste sur les tissus. L'on concevait difficilement, avec raison, cette étrange loi de la nature qui oblige toutes ces substances organiques et organisées, solubles et insolubles, à se détruire pour être ramenées à l'état minéral, avant de pouvoir servir à la nutrition des végétaux. Aussi Liebig, peut-être frappé de cefait, a-t-il cru qu'il était préférable de fournir à la terre les principes utiles tout prêts à être absorbés, afin que le sol n'ait pasà convertir les engrais et les fumiers en matières minérales, matières que le célèbre chimiste de Giessen regarde comme supérieures, au point de vue du résultat, aux fumiers de ferme.
Il nous semble bien aisé d'expliquer leur différence d'action et la préférence fâcheuse de ce célèbre agronome pour les composés minéraux.
Ces derniers agissent plus vite, et cela se conçoit très-bien. Tout en eux est soluble ou sur le point de l'être, grâce à de simples réactions chimiques entre les éléments en présence il n'y a absolument que l'eau à faire intervenir pour que l'assimilation soit faite parla plante consécutivement à l'absorption par les racines.
Au contraire, dans le cas du fumier de ferme, il faut attendre, non-seulement qu'une pseudo-fermentation, qu'un acte échobique, grâce à ces petits êtres
vivants qui y donnent lieu, ait ramené à leur plus simple état les composés organiques qui le constituent, mais encore que les composés insolubles deviennent solubles à l'aide de leur action vitale et de doubles décompositions purement chimiques'.Or il faut du temps à cela, et nous ne devons pas nous étonner que l'effet utile soit plus lent à se produire. Mais aussi quel immense avantage Ici action lente, mais continue, le fumier non encore décomposé est un réservoir prêt à fournir quand besoin en sera. Là-bas tout est prêt quand même, et si des pluies ou des arrosages intempestifs, des chaleurs trop Ibrtes, surviennent, une bonne partie est perdue pour la couche arable. II en est de même des engrais artificiels que l'on prône tant aujourd'hui. Aucun n'est un engrais complet, ou tout au moins plus complet que le fumier de ierme. La nature prévoyante a mis eu celui-ci le !oa;M ~'MM/~r~AKf et 4'~a?~ de </<'Mt«/H, c'est-à-dire des principes immédiatement assimilables et des produits qui ne léseront que peu à peu. Ces derniers ont encore un grand chemin à faire, et ils doivent, avant de redevenir sujets du règne végétal, servir d'aliment à une série d'êtres vivants qui, tout en se nourrissant d'eux, les ramèneront à un état plus simple et plus minéral. Cette dernière action se fait peu à peu, et voilà bien naturellement expliquée la juste préférence que l'expérimentation avait donnée au L.-H. de Martin, /ac.<')< p. 27.
fumier de ferme. A notre avis, le meilleur laboratoire d'un engrais est le monde vivant. Que les agriculteurs l'aménagent mieux, le soignent davantage, et ils s'apercevront qu'en taisant ainsi ils auront plus tard de meilleurs résultats, car les lois naturelles qui lient les deux règnes végétal et animal sont simples, et si nécessaires qu'elles s'imposent d'elles-mêmes. L'existence de ces petits êtres nous explique fort bien cette diversité d'action et cette espèce de retour obligatoire à la matière minérale. Ces substances plus ou moins complexes sont utiles pour leur nourriture. Ils les brûlent à l'aide de l'oxygène de l'air, ramènent leurs éléments à l'état d'acide carbonique et de sels ammoniacaux, et les présentent alors aux végétaux à l'état convenable d'aliment absorbable et assimilable. M. Pasteur a trouvé de ces èchobies (bio-ferments, ferments organisés) dans les diverses putréfactions qu'il a étudiées, et je ne doute pas qu'on ne les rencontre aussi dans le sol arable ou dans les fosses à fumier.
Du reste, ce qui n'a pas été fait pour le cas des engrais animaux ou végétaux enfouis dans le sol a été démontré dans le cas de la germination, où, en définitive, sous l'influence vitale, les éléments de la graine doivent, pour nourt-ir et faire développer le germe en elle dépo~, se détruire, se pourrir et être ramenés, comme pour les fumio's, à l'état de matière minérale. Et ici, comme dans la putréfaction, que
j'appellerai désormais pseudo-putré&ction', il y a des organismes chargés de rendre à l'état minéral les composés organiques constituants.
Lorsque une plante germe, elle ne saurait pour se développer absorber la fécule, les albuminoMes, les huiles, etc., contenues dans la graine. La diastase rend la fécule soluble; peut la transformer en dextrine, en sucre, puis les divers êtres s'emparent de ces produits et des autres contenus dans cette graine, ils les ramènent à l'état le plus simple possible, à l'état minéral, le seul essentiel et utile aux plantes. Ils sont donc chargés d'apprêter, en l'état et les proportions les plus convenables, les aliments des végétaux. Dès lors, on le voit, leur rôle est grand et leur existence indispensable.
Si, en même temps, nous disons intervenir l'action des cellules vivantes de la plante, nous aurons encore là une preuve de l'importance totale des myriades d'êtres organisés qui, les uns vivant séparés, les autres par leur réunion en un seul individu,
De mémo que. pour ne pas choquer )c:- hat'itudas rcrue". nous n'avons pas voulu créer un mot. nouveau pour designer les fermentations pnr échobies (ètres organises), phénomènes auxquels nous avons donné te nom de ;)MU(<o-/ermeHMwt. de murnc nous dtrons désormais /Meu~o-~M<r<c/)07), vu que putréfaction et fermentation sont des mots matheureux aujourd'hui et représentant d'ailleurs le même phénomène. H vaudrait bien mieux tes appeler des actes ~c/«)t<~t<e.<, par opposition aux fermentations à ferments sotuMos, que l'on a déjà décrites comme étant des actes ~MO<M~.
concourent chacun de son côté à une œuvre commune. Ces cellules végétales agissent de la même manière que les ferments organisés, vivent et fonctionneht en vertu des mêmes lois. Tout en prenant leur part du travail généra!, elles ont leur vie propre et individuelle. Elles sont chargées de fabriquer de quoi nourrir les animaux. Or n'est-ce pas là une fonction aussi importante que celles des cellules microscopiques, dont la mission est de détruire les composés supérieurs pour les ramener à un état plus simple ?
Dans les liqueurs putrescibles, lors de la putréfaction des substances organiques et organisées à l'air libre, on voit tout d'abord se produire des êtres tels que les monas c~epMCM~MM, le Aac~M~ ~'M:o~ qui courent après l'oxygène, dont ils sont très-avides; quand l'air dissous dans les liqueurs est épuisé; ils viennent alors à la surface, où ils constituent une certaine couche qui désormais empêchera l'oxygène de l'atmosphère d'arriver au sein du liquide. Dés qu'il n'y a plus d'air ou d'oxygène, éclosent alors d'autres êtres, pour qui la présence de ce dernier est une cause d'arrêt dans leur développement apparaissent alors les vibrions, qui forment la couche inférieure si l'on opère à l'an* libre. Dans ce milieu privé d'oxygène, les premiers n'écloraient jamais. On a ainsi deux étages superposées d'êtres vivants, parfaitement distincts.
Les vibrions transforment la matière azotée en
produits plus simples, mais encore complexes; les bactérium, les mucors, etc., comburent ces derniers produits et les ramènent à leur état le plus élémentaire, l'acide carbonique et l'ammoniaque. Les vibrions, ayant épuisé la nourriture qui leur était présentée, finissent par mourir de faim, et leurs cadavres, constituant désormais de la matière organique, servent d'aliment aux seconds. Tous ces échobies (bioierments) se nourrissent aux dépens de la matière que l'on disait fermenter, et c'est cette nutrition de l'être vivant qui détermine le phénomène appelé alors fermentaiion. II y a donc, comme on le voit, un transport de matière de la substance qui est dite fermenter à celle qui provoque la pseudo-iermentation. Le rôle des échobies (bio-ferments) n'est pas de détruire c'est une erreur relative et une vérité au point de vue absolu. Dans tous les cas, iissimplinent, cela est certain mais, dans un cas (putréfaction, fermentation), ils simplifient seulement; mais, dans un second (germination, végétation), ils simplifient afin que la nature vivante bâtisse.
MM. de Mirbel et Payen ont parlé, dans leurs écrits, de.phytosperines chargés de construire et de bâtir, vivant dans les êtres organisés pour les édifier, artisans et éléments constitutifs à la tbis de l'édifice qu'ils habitent.
Des globules de matière organisée, pouvant être considérés comme autant <s<<KC<s, comme autant de c<<% ~aMa? ~o~aMMS~'OM re-
production, pleins d'abord, ensuite vésiculeux, se reproduisant et se multipliant par de nouveaux globules développes par ea~e~o~ des parois inférieures des vésicules devenues mères, des globules de matière organisée, dis-je, composent les masses tissulaires de tout le règne organisé.
Les globules des sucs laiteux des végétaux, les globules du sang et ceux du lait chez les animaux, me semblent devoir être soumis au même mode de reproduction et de multiplication'
MM. Laurent et Elie Margelle ont accepté et démontré expérimentalement qu'il en est ainsi. M. Lcma.ire* a fait voir que, toutes les foisqu'il y a germination, il apparait des infusoires, des &ac~<M~ <(M"Mo et ~KtKe~MM plus tard des ~~w ~Mo/g et fM~M~ des woH<M lens; plus tard de nombreux mo. nadiens et des amibes. Il a fait des contre-expériences où il a employé des substances toxiques pour ces êtres. et il a pu s'assurer que, dans la terre contenant 2 de goudron de houille, la germination est impossible. Il en est de même pour le coaltar, la benzine et l'acide phénique, qui mis en petite quantité, empêchent la fermentation et la germination. Or ces substances ne tuent pas l'embryon, car une graine plongée dans une de ces dissolutions, même après trois à cinq jours, peut encore germer un contact plus prolongé anéantit le pou voir germinatif.
Turpin, CM'Mt'M;MM.!H)' ~M~XMp~w:)- Xtt'-nMM;))~); –Académie des sciences, 12juin t82U.
CoMmer (~ sciences, 1863, p. H9-1M.
§ ni
PREUVES EXPERtMESTAt.ES DE LA NOK-EXtSt'ENCE DE M aÉNÉRATKMt SPONTAK8E
D'autre part, l'expérimentation directe, dont nous ne saurions ici donner même un rapide aperçu, se basant non-seulementsur les données théoriques que nous venons d'émettre, mais encore sur l'importance des organismes microscopiques auxquels on prétendait que la génération spontanée donnait naissance, a démontre scientifiquement, et à n'en plus douter, que l'hétérogénie est radicalement impossible jusqu'à plus ample informé.
Dans ces dernières années, les essais ont été nombreux, et leur retentissement a eu un éclat inaccoutumé. Malgré le talent incontestable des partisans de la spontéparité, malgré leur profonde honnêteté dans leurs convictions, malgré les dinicultés de toute sorte inhérentes à un pareil sujet, la doctrine de la panspermie est sortie victorieuse du débat. Après les travaux de Redi et de SpaIIanza.ni, de nos jours les expériences de Schwau, Schultze, Schrœderet Dusch, Mitscherlich, Helmholtz, Pasteur et Claude Bernard, ont porté un coup mortel à la doctrine défendue en France, avec autant d'ardeur que de talent, par MM. Pouchet, Joly et Musset. L'École de Mont-
pellier ne s'est pas laissé devancer dans l'étude d'une question si importante, et déjà, en 185T, M. le professeur Béchamp avait fait le premier pas dans l'élucidation d'un problème aussi compliqué. Après lui, en 1868, M. le D' Donné, recteur de l'Académie de Montpellier, institue des expériences très-curieuses, qu'il n'a cessé de poursuivre depuis, et qui, après quelques résultats contradictoires, l'amenaient à se ranger définitivement au nombre des panspermistes les plus convaincus'. En 1865, M. le professeur Rouget, s'il faisait encore ses réserves quant à la génération, pour lui non encore prouvée impossible, des végétaux les plus inférieurs que l'on puisse concevoir, admettait, toutefois, comme certaine et obligatoire, la génération des animaux, quels qu'ils soient, à l'aide de parents qui leur ont donné naissance'. Nous n'avions donc plus qu'à attendre le jugement de la science contemporaine la plus autorisée, et nous avons un moment pu croire que de cette lutte, où se trouvaient mêlés les hommes du plus grand savoir, une grande lumière allait jaillir et que la vérité allait enfin se montrer dans tout son éclat. Malheureusement d'honorables susceptibilités n'ont pas permis aux spontéparistes d'accepter le débat avec les conditions qu'on leur imposait. 1 Comptes r<n<!tMde<t<'a<f<')<tfe~MMncM. 1863-t868. Leçons orales faites à la Faculté de médecine, 2t décembre 1865.
TI est & regretter, dans l'intérêt de tous, que, ne laissant pas à chacun le soin de procédera sa façon et d'instituer telle expérience qu'il a-uraitjugée utile, le tribunal dont les deux parties avaient accepté la la compétence n'ait pu continuer sa mission. Nous aurions bien certainement trouvé, dans ces ultimes et solennelles expériences, la confirmation des doctrines panspermistes, et plus que jamais nous aurions pu dire, avec l'illustre Harvey om~g ~M~M ~a? oï?o.
Si donc la génération spontanée n'est pas possible, si donc la matière organique la plus complexe ne peut d'elle-même engendrer la vie, nous sommes arrivé à la fin de notre tàche. En effet, la matière organique tire son origine de la matière minérale; nous l'avons prouvé, puisque avec celle-ci le chimiste remonte aux substances les plus compliquées dans leur composition. Nous sommes alors en droit de proclamer ce que nous voulons démontrer, à savoir l'unité de la matière sous les trois formes minérale, organique, organisée.
XV
CONCLUSIONS
Désormais donc nous dirons qu'il n'existe pas de matière organique; que tout ce qui se forme et que nous connaissons n'est pas autre chose que du limon de la terre, de la matière minérale; en un mot, que tout ce qui constitue chimiquement nos tissus et nos organes n'est que de la matière minérale, et, à ce point de vue, l'homme, de l'enveloppe matérielle duquel les plantes se sont chargées d'ourdir la trame avec des élément qu'elles empruntent à l'air ne serait qu'un minéral pensant (Béchamp). C'est que, pour un chimiste, la force vitale n'est pas ce qui créée, mais bien ce qui organise la matière; et si nous pouvons, nous comme elle, fabriquer de la substance organique, ce n'est pas en empiétant sur ses droits, qui sont imprescriptibles, auxquels nous ne saurions porter atteinte et faire le plus léger emprunt, mais en usant des mêmes lois, dont l'usage et l'emploi nous appartiennent à nous comme à elle. Là s'arrête notre pouvoir; l'organisation de la matière est la propriété exclusive de la vie, que celle-ci ne partagera jamais avec personne.
Dumas (de l'Institut), LccotMmr fs statique chimique des ~fM organisés, p. 8.1842.
« Nous ne croyons pas que la force vitale ait puissance sur la matière pour changer, contre-balancer, annuler les amnités naturelles nous nous rappelons que rafmiié n'est pas une force absolue, qu'elle se modifie d'une foule de manières dès que les circonstances qui enveloppent les corps varient, et nous cherchons les différences entre les réactions de l'organisme et celles du laboratoire, dans- les conditions spéciales qu'il sait seul réaliser'. C'est là notre droit, c'est encore notre devoir.
Ainsi, plus de doute. II n'existe pas deux espèces de matières et deux chimies les étudiant chacune d'elles séparément. En saine chimie, comme en saine philosophie, il n'y a pas de matière organique absolue il n'y a qu'une seule matière, la matière minérale, organisable, pouvant se transformer et servir à composer, à certains moments, l'ensemble de l'organisme des végétaux et des animaux. La matière est essentiellement minérale
II y a déjà bien des années que M. Dumas avait protesté contre cette tendance de certains chimistes à dualiser ainsi la science. "Je nie suis laissé entraîner à croire que la chimie organique et la chimie minérale se confondent. En effet, est-ce bien sérieusement que l'on peut dire que le cyanogène et l'hydrogène bicarboné, qui résultent toujours et uniquement de la Schützenberger, /oc. cil., p. 9.
Béchamp, Leçons orales, Facutté de médecine dcMontpeJHer, jeudi 3 mars i864.42° leçon.
modification de corps organiques, sont pourtant des produits dépendant de la chimie minérale, tandis que l'acide oxalique, l'alcool, l'éther, l'acide sulfovituque, l'urée, seraient des matières organiques? Je cherche la différence qui sépare ces corps et je ne puis la voir.
Dans mon opinion, il n'existe pas de matières organiques, c'est-à-dire que je vois seulement dans les êtres organisés des appareils d'un effet lent, agissant sur des matières naissantes et produisant ainsi des combinaisons inorganiques très-diverses, avec un petit nombre d'éléments'
Ainsi, déjà en 1835, M. Dumas émettait une opinion bien arrêtée et très-clairement exprimée. Or l'expérimentation a surabondamment démontré l'exactitude doctrinale de l'illustre doyen de la chimie française. < Les progrés accomplis depuis environ dix ans ont pleinement justifié sa pensée, et aujourd'hui, gràce à de nombreux travaux, dont M. Berthelot a été l'initiateur persévérant et profondéinent original, l'intervalle est comblé la chimie organique n'est plus qu'une partie de la chimie générale, qui obéit aux mêmes lois, procède des mêmes règles, et emploie les mêmes méthodes générales ou les mêmes procédés particuliers d'oxydation ou de réduction que l'ancienne chimie dite minérale Dumas, CAwnf appliquée aux arts, t.. V, p. 78.
Bëchamp, Montpellier !)«'<?'«!, t. IX. p. 243,1862, 7° Lettre sur ta chimie.
A l'avenir, l'expression MMt~'6 organique ne nousen imposeraplus, et cemot<M'~K~~ supprimé dans son acception spéciale, nous fera oublier que nous sommes plus proches du monde organisé, tant, pour les esprits qui ne vont pas au fond des choses, l'idée de corps organique et celle de corps organisé semblent se donner la main. Il nous répugnera, donc beaucoup plus alors d'admettre, avec les hétérogénistes, que la matière minérate brute, la pierre, la terre, l'eau, l'air, éléments premiers de la combinaison organique la plus complexe, peuvent s'organiser et créer par eux-mêmes des organismes vivants.
Nous conclurons donc, en finissant, que la matière est une, essentiellement minérale, et nous dirons avec Lucrèce Les principes à l'aide desquels ont été construits le ciel, la mer, la terre, les fleuves et le soleil, sont les mêmes qui, mêlés avec d'autres et diversement arrangés, ont formé les graines, les arbres et les animaux
Cette matière sert continuellement d'aliment à tous les êtres animés ou inanimés qui se succèdent sur le globe, mais elle ne se perd pas nous n'assistons qu'à des métamorphoses. Rien ne tombe dans Namqueeadem cœtum, mare', terra, flumina, solem Constituunt eadem fruges, arbusta, anunantps
Vernm aliis alioque modo comnusta noventur.
(Lucrèce, /Km A'a~ura, tivre I, v. 820. Trad. Lagrange, p. 4i.)
l'abîme du Tartare. Il faut que la génération présente serve de semence aux races futures: elles passeront bientôt elles-mêmes et ne tarderont pas à te suivre. Les êtres actuellement existants disparaîtront comme ceux qui les ont précédés. Chacun fournit sa part aux reproductions de la nature, et nous n'avons que l'usufruit de la vie sans en avoir la propriété A mesure que le siècle vieillit, les hommes qui ont vécu de la vie s'en vont avec les années. L'arbre se dépouille de ses premières et vigoureuses feuilles. Les générations passent, elles règnes d'idées comme les règnes de dynasties se succèdent. Le combattant de la veille, retombant sur ses armes brisées, se voit enlevé aux luttes qu'il aimait et va se reposer dans la mort. Ceux qui restent debout s'arrêtent quelquefois étonnés de n'être plus les jeunes, les vaillants et les hardis, et voient déjà. grandir après eux une autre jeunesse agitée de nouvelles ardeurs, marchant à un but encore indistinct. Le monde ne s'arrête pas, mais il change, et, au milieu même de cette évolution qui s'accomplit, on n'a qu'à tourner son regard
Nec quidquam in barathrum necTartara dpeiditatra. Materies opus est, ut crescant postera sa'c)A
Qa:B tamen omnia te, \'Hapert'unct&, sequentur.
Nec minus ergoante haie. quam nunc cecidere cadpntque, Sic attd ex alio numquam desistet oriri;
Vitaque mancupio nulli datus, omnibus usu.
(Lucrèce, <~ Rerum ~V<!<M)~, livre m, v. 979, p. 159. id.)
un peu en arrière pour voir se relever par degrés, à l'horizon, tout ce passe d'hier'.M »
C'est ainsi qu'a été formé, par la sagesse divine, ce grand cycle de la création où la matière passe alternativement d'un règne à l'autre, constituant tantôt un être minéral, tantôt une matière dite organique, tantôt un organisme, sans que jamais elle perde rien de son poids et de sa substance. « Ce qui a été semence devient herbes, puis épis, puis pain, suc nourricier, sang, sperme, embryon, homme, cadavre; puis derechef terre, pierre ou autre corps solide, et ainsi de suite
Nous devons voir donc, tant dans l'innombrable série des composés de la nature que dans les produits de l'art, une même matière toujours douée de propriétés à elle inhérentes, et possédant parfois des qualités qui ne lui sont pas essentielles. Ce sont des aspects physiques divers qu'elle nous présente, et non pas une substance nouvelle c'est toujours de la matière minérale, laquelle, subissant diverses évolutions, constitue concrètement tous les êtres qui nous entourent, quel que soit le règne auquel ils appartiennent. «Si, à l'origine de la. science, ou lorsqu'elle estimparfaite encore, il est du devoir de ceux qui la gouvernent d'y établir des divisions précises, Ch. de Mazttde, Revue des Peux .f/onc~M, 2" série, t. LI. p. 225.
Giordano Bruno. f600
d'empêcher les empiétements des différentes forces reconnues, plus tard vient une époque où la fusion se produit, en dépit des théories, comme une conséquence forcée des progrès accomplis; et ce mouvement ne s'arrêtera pas, l'œuvrc de la science ne sera achevée qu'au jour où il n'y aura plus ni force électrique, ni aninité, ni lumière, ni chaleur, ni forces vitales, mais une force unique gouvernant une matière unique, la volonté de Dieu gouvcrnantia création de Dieu
R''ntref-so!cnnc))c(tM Facttth' Woif. /~Mw~. p. 37. Mont.p<'))im'.<5)~v.~85<).
FIN
LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
DES AUTEURS OFfÉS DANS CET OUVRAGE
B
BÉCHAMP. Leçons orales faites à la Faculté de médecine de Montpellier, 1857.1868. (Manuscrits en la possession de l'auteur.)
– ~oo~e~Mr meJ<M<, t. IX. Lettres sur la chimie. BERTHELOT. Chimie or~xe /bK(Mc sur ~st~/tese. Paris, 1800. Mallet-Bachelier.
Société chimique de Paris. Leçons, 1860. Paris, Hachette.
BERTIN. ~ott~Mto- MM<f'<;a.~ t. XII, 1864. BERZÉLIUS. Traité de chimie. Traduction française HSeferetEssUnger. Paris, Firrnin Didot, 1849. – M. édition 1831.
– JRcppoW <ttttttte< sur les pro~M (le la chimie, 1847 et 1848. Traduction Plantamour. Paris, Fortin, Masson et C'°.
BREMSER. Traité zoologique et p~iito~~ue des vers <M<e~MaM~. Paris, 1837.
BUCHNER. Force e< Matière. Traduction Gamper. Paris, Reinwald, 1863.
m
DESSAIGNES. -Comptes rendus de f/icfK~Mtedes sct'ettces~ t. XXXVII, 1853.
DONNÉ. Comptes rendusde FAc<tfMm!'e des <etettcex. 18031867.
DUMAS. – CAtmt'e appliquée a<M- arts. Paris, 1828. Béchet.
– Essai <<e statique cMtMt~MO dos êtres organisés. Paris, 1842. Fortin, Masson et C".
E
ERLENMEYER et MULHAEUSER. Bulletin de la Société chimique de Paris. Nouvelle série, t. IX. 1868. –Zeitschriftfur chemie. Nouvelle série, t. m.
F
FOURCROY. Philosophie chimique. Paris, 1806. Levrault,SchœIl et Comp'.
Systèmedes connaissances chimiques. An IX. Paris, Baudouin.
FRAY. Essai sur ~o~Me des corps organisés. 1817. Paris, veuve Courcier.
e
GAUDICHAUD. Comptes rendus de {'/tcft~m:e des sciences, t. XXIII.XXIV, 1846-1847.
GERHARDT. – Compas rendus de l'Académie des sciences, t. XV. 1842.
Précis de chimie organique. 1844.
Traité de chimie organique. 1853. Paris, Firmin Didot.
GERVAIS. &c<)<WMtre d'histoire naturelle et despMnoMe~M(~~M<Mre. Paris, 1836.
GMELIN. Clainüe appliquée Ii la physiolugie et à la méGMELIN. – Confite Traduction Incielien. Virey, Discours
<;ectt)e. TraductMn Inoichen. – Virey, DtsceMrs
sur l'organisme vivant, 1823. Paris, Ferra.
LAMARCK. Philosophie zoologique.
LAURILLARD. Eloge de Cuvier.
LAVOISIER. Traité de chimie. Paris, Deterville, anIX~ (1801).
LEMAIRE. – Courrier des sciences, 1863.
LIEBIG. Lettres sur la chimie. Paris, Charpentier, 1845.
LUCRÈCE. –De ~entm~Mnt. Traduction Lagrange. Paris, Garnier, 1861.
M
MACÉ. ~Mtone <<'Mne toMe/~e de pain. Paris, Hetzel, 20° édition.
MARTIN (L.-H. de). Des FermeH<tt<<OMX e< des Ferments dans leurs rapports avec <<t ~MO~M e< la
pathologie. Paris, J.-B. BaiHicM, 1865.
MAZADE jChartcs de). .ReMe des Deux Afon~es, 2' série, t.LI.
P
PARVILLE (de). CatMe/'f~ MK~~MM. Paris, Sa.vy, 1864.
PASTEUR. /ttm<!<<;s ~e chirnie et ~<' physique, 3" série, t. LXIV, 1862.
POUCHET. Hétérogénie. Traité de la génération spontanée. Paris, J.-B. PaiUière, 1859.
a
REDI. – Ea~eWtKenfs circà getera~cnetH tnsectorMm. Amstelodami, 1671.
ROUGET. fe~oos orales /!tt<es à la Faculté de m~eet'tte de Montpellier, 1865. (Manuscrits eu la possession de l'autour.)
a.
SCHERER. –/<MM<M (f<cAeMtt'eM))~pA<n'maetc.t.LXXMI, LXXV, XCIV. 1850-1855.
SCHŒYEN ARNULF. /inM~eM~er c/teM)te«n~~A<K'Mtacte. Nouvelle série, t. LIV.
/int)ft/ex de chimie et f~ p~st<j;«e. 4' série, t. XI. 1864.
SCHUTZENBERGER. C/{<mM «~~«<'o« ~/M~o/o<~e <!Ht'w<t~c. Paris, Victor Masson, 18G4.
STRECKER. CoMp~cs rendus ~r~c<t~entM ~MMMMCM. t. XXXI. 1850 t. XXXIX, 1854.
T
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TURPIN. Académie des sciences, 1826.
~V
WOLF. Rentrée solennelle des Facultés. – DMcoMrs. Montpellier, 1859.
WURTZ. Traité élémentaire ~ec/Mmtf médicate. Paris, Victor Masson, 1864-1865.
TABLE DES MATIÈRES
Pnj!<~
I. –Matière minérale.
La matière se transforme, mais ne s'a-
néantit point. Équivalence des
forces. Rien ne se perd, rien ne se
crée. Passage de la matière du
règne minéral au règne organique et
de celui-ci dans le monde organisé.
– Dé&nition de la matière organique.
– Importance du carbone. – Par
quels éléments est formée la matière
organisée. 13
II. – Matière organique.
Les forces, les lois et les éléments do la
chimie minérale sont les mêmes dans
la chimie dite organique. Il n'y a
qu'une seule chimie. Bases de la
synthèse chimique. Moyensde cette
synthèse. 42
III. Synthèse de l'acide formique par l'oxyde de carbone. 62 IV. Synthèse du gaz oléNant et de l'alcool ordinaire. 64 V. – Synthèse de l'alcool méthylique par le chlorure de méthyle. 71
fages
VI. Synthèse de la glycérine (la base des corps gms). 70 VII. Synthèse de composés divers à l'aide du propylène (alcool propyliquo, – aldéhyde
propionique, – acide propionique,
triacétine, acroléine). 80 VIII. – Synthèse des acides gras (acide butyrique, – acide valérianique, triphocénine). 83 H. – Synthèse de l'acide oléique (acide gras particulier). 87 X. – Synthèse des substances azotées.
§ I". Cyanogène. Acide cyanhydri-
que. Carbamide. Urée. 89
§ II. Lactamide. Créatme. Sarco-
sine. Atanine. Leueine. Acide
hippurique. 94
XI. Limites de la synthèse chimique. 104 XII. Résumé des travaux réalisés par la synthése chimique. ~1~ XIII. Travaux à réaliser. ~4 XIV. Matière organisée.
§ I" Par quels éléments est-elle formée?
Les forces et tes lois du monde mi-
néral peuvent-elles produire l'organi-
sation? – Nécessité des organismes
les plus inférieurs. Leur formation
ne saurait être due au hasard. – Les
forces et les lois du règne inorganique
conservent-elles leur action dans le
règne organisé ?. H7
Page.
§ II. Rôle et importance des échobies
au point de vue hygiénique ou agri-
cole. Ils servent d'intermédiaire
indispensable entre le monde organisé
ou organique et le règne minéral. 135
§ III. Preuves expérimentales de la non-
existence de la génération spontanée. 152
XV. Conclusions. 155
MontpeUIer, impr. Otas.–Jt.MC