et qui ne le connaissait point encore, il se disait « Va,j'en ferais aussi bien que toi, des chansons, si je le voulais. »
Il le voulut enfin, et composa, coup sur coup, Le Sénateur, Le Roi d'Yvetot, Ma Grand' Mère, Les Gueux, et vingt autres chefs-d'œuvre. Depuis Voltaire, la poésie légère n'avait jamais été maniée avec cette élégance facile et le jeune chansonnier laissait bien loin le patriarche de Ferney pour le rythme, la précision et l'originalité. Les premières chansons ne furent point imprimées sur-le-champ, mais elles coururent manuscrites et attirèrent l'attention. Ainsi, au secrétariat de l'instruction publique, tandis que Béranger copiait les rapports de son chef de bureau, celui-ci copiait les chansons de Béranger tous deux se trouvaient expéditionnaires, l'un, de pièces administratives, l'autre, de couplets.
Ces derniers r.'étaient point, pourtant, précisément de ceux qui pouvaient attirer sur le poète les faveurs du pouvoir. Sans renfermer une satire directe du gouvernement impérial, ils raillaient tout ce qui faisait sa force la vanité, l'ambition, la gloire militaire. Le Roi d'Yvetot, qui parut en 1813, semble une protestation détournée contre les rêves gigantesque du conquérant qui gouvernait alors la France c'est un appel, plein de gaieté, à la simplicité et à la modération. On y trouve la première manière de Béranger, lorsque ses vers sont encore des vers de chansonnier, un peu lâches parfois, mais déjà alertes et colorés.
LE ROI D'YVETOT
Il était un roi d'Yvetot
Peu connu dans l'histoire,