Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-12-10
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 décembre 1923 10 décembre 1923
Description : 1923/12/10 (Numéro 343). 1923/12/10 (Numéro 343).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Seizième Année. — N* 343».
3 EDITION DU MATIN
L*mdi 10 Décembre 1923.
£ cent. j
Seine à Scine-ei-Ois*. {
20 cc . n ''
Dépanementi t Cotonie*.
ABONNEMENTS : r. a.
France et Colonies. 48 fr, 25 fK 1 3 fr.
Etranger. 82 » 42 » 22 »
ORGANE DU NATIONALISME INTEGRAL
« Tout ce qui est national est nôtre. »
Le Duc d'ORLiËCvS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la rraae».
REDACTION & ADMINISTRATION
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Fondateur s HENRI VALGEOIS --- Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAUURÀS — Rédacteur en chef i MAURICE PUJO
I Aux Elals-llnis, quand il s'agit d'eux-mêmes,
• Pour commencer on augmenterai le nombre
des avions et des sous-marins, et les fortifications
du canal de Panama seront renforcées, m Nous ne
« désirons pas la guerre », conclut M. Coolidge :
« mais nous ne désirons pas davantage cette
« faiblesse qui invite l'agression. Un peuple qui
« néglige sa défense naturelle ne fait qu'aban•
« donner au hasard son honneur national. »
Message du Président COOLIDGE
au Congrès américain
Les criminels se contredisent
VA
Ce que l'on entrevoit
Ce que Ton sait
•, La' découverte du sac de Philippe chez
l'anarchiste Gruffy, et du fait — soigneu
sement tu par Vidal — que l'enfant fut
chambré, chez ce « compagnon », dans la
nuit du vendredi, constitue un sérieux pro
grès de l'instruction. Des quarante-huit
- licures passées par la petite victime chez
les cannibales du Libertaire, nous connais
sons maintenant la première moitié, qui est
celle de la préparation du crime. Il est
évident, que les. cannibales connaissaient
l'identité' de" l'enfant. Je pense même que,
sachant le désir de Philippe de venger son
ami Plateau dans un coup de contre-espion
nage, ils le guettaient depuis plusieurs
semaines, et l'ont attiré chez eux à sa des
cente du train du Havre. Reste à découvrir
l'hameçon. Reste à connaître l'emploi des
^dernières vingt-quatre heures, ce qii'il y a
«derrière la prétendue ; promenade aux
Halles, -« seul ou accompagné? — ce qui
■s'est passé réellement au Grenier de Grin-
goire,' le samedi matin. On se rappelle que
le sieur Davray, directeur du Grenier de
Grin goire, avait déjà hébergé la Berton,
dans les heures précédant Fassassinat de
Plateau. Le sieur Davray^ comme le sieur
[Vidal, comme le sieur Gruffy, comme le
sieur Colomer, connaissent très certaine-
ànent Ia_ vérité. : .
-Ils ne la diront pas tout de suite, celte
vérité, afin dè ne pas envoyer à la guillo
tine le ou les assassins de mon fils, leurs
icopairis ; dans la crainte aussi' d'une incul
pation de complicité. Mais ils seront ame-
âés à la dire, cette vérité, tôt ou tard, ou
bien elle bousculera leur silence. Trop de
jgens sont au courant. Oni m'a rapporté que,
dès le jeudi soir, le propos suivant avait
été tenu dans un eafé connu : « Nous te
nons le fils de' Daudet. C'est shakespea
rien ». Je rappelle que le frêle échafau-
Jdage des fables concertées par les erimi-
inels repose uniquement sur ceci qu'ils
ignorèrent jusqu'au bout la personnalité
}de Philippe. La preuve une fois faite qu'ils
(la • connaissaient et qu'ils l'avaient attiré
'chez eux, tout s'écroule.
i Le maquillage d'un crime en suicide est,
'dans ces milieux, chose fréquente. Philippe,
au sortir de ses-fugues, tombait générale
ment en proie à nn lourd et profond som
meil dé douze ou quinze heures, qui est la
■règle en ces sortes de troubles.' L'hypothèse
la plus logique et la plus simple est qu'il
ait été tué pendant ce sommeil, à bout por
tant, dévalisé de son argent et démuni de
. tous ses papiers, et que, dans leur panique,
les assassins aient omis de lui retirer son
paletot, comme ils avaient convenu de le
faire tout d'abord, pour une raison péremp-
toire, que je tais ici. Les complications et
les fables accumulées dès le début, par la
bande, autour de cette question du paletot,
indiquent qu'il , y a là un accrochage sé
rieux. Je suis bien convaincu que la jus
tice l'éclaircira, le moment venu, comme
'le reste. . . .
De même, les motifs, donnés par les
.cannibales, de l'envoi des papiers trouvés
'dans le portefeuille de l'enfant — moins
l'argent —- à Marseille, chez. M me Vidal
mère, puis ramenés de Marseille, en vi
tesse, dans le corsage de. M m ? Colomer, ces
motifs ne tiennent pas debout. Il y a autre
!chose que l'on démêlera, si ce n'est déjà
'fait Que redoutait donc le -ménage Colo
mer ? • ■
!• Ce que nous pouvons attester, la mère
ijet moi, c'est que Philippe avait emporté
avec lui sa bourse de voyage, renfermant
exactement 1.700 francs. Il était très rai
sonnable en matière d'argent et, quand
nous voyagions ensemble, modérait ma
prodigalité naturelle : « Papa, tu vas nous
forcer à revenir plus tôt. Ne. va pas si
fort ». Au moment où il reprit le train du
Havre pour Paris, il avait, au dire du
chauffeur, tiré de son portefeuille une
liasse de billets de banque de cinquante
francs. C'est pourquoi ses prétendus em
prunts du vendredi et du samedi l'un
attesté de sa main, disent les anarchistes
— me laissent plus que rêveur. J'en dirai
autant de la petite somme (83 irancs)
trouvée dans son portefeuille vide, à l'arri
vée du corps à-Lariboisière ; somme qui
semble laissée là à dessein par les meur
triers, le dépouillant du reste ; somme
attribuée., par les anarchistes, à la vente
d'un paletot si peu vendu qu'il figure, avec
ses caractéristiques, parmi les pièces à
conviction sous. scellés. ,
On aperçoit déjà, derrière cet amas de
mensonges affalés, la silhouette des bois
de justice et du couperet -
. . .Léon DAUDET
i ■ .v .Jj. Député de Par is,
LA POLITIQUE
I. Au tombeau Les derniers hommages funèbres à Mau
rice Barrés lui seront rendus aujourd'hui
dans la ville de Charmes qu'éternisent son
patriotisme et sa poésie. Un maréchal de
France, fils de Lorraine aussi, dira l'adieu
suprême, et celui qui pendant quarante an
nées entières aura initié sou siècle à la
philosophie de la Terre et des Morts, se
reposera définitivement dans leur sein.
Est-il besoin de dire pourquoi je ne
puis prendre aucune part au pèlerinage ?
Le souvenir, l'admiration, la gratitude,
l'affection"ancienne et profonde m'y con
viaient, m'y obligeaient ; nulle raison vul
gaire ne .m'en eut détourné! Quand des
devoirs insurmontables auront cessé de
me retenir à Paris, la première course de
Liberté sera pour ce tombeau de Maurice
Barrés qui aimante déjà tant de piétés di
gnes cle lui.
Samedi, en suivant le triste convoi, au
premier rang des Comités directeurs de
PActioM française ; Georges Valois nous
•murmurait : —: Voilà donc le premiei
hommage officiel rendu à la pensée natio
naliste ! Notre ami ne se trompait pas. Le
monde officiel n'a pu désavouer encore
les Dreyfus ni les Panamas, il a dû avouer
leur incomparable ennemi, leur exem
plaire justicier. Cette rare pompe funèbre
établit donc que, peu à peu, bon gré mal
gré, envers et contre tout, des élites fran
c-aises de plus en plus vastes prennent
conscience de la destinée obligatoire de
notre nation. En vérité, en vérité, nous ne
sommes plus en 1848 ni même en 1898! 11
ne nous est plus permis de nous désarmer
par bonté d'âme! Ou bien, nous aussi, nous
•composerons un formulaire et un rituel
de moralité nationale, un esprit public
fortement organisé dans le sens du • na
tionalisme, ou toutes les poussées na
tionalistes du dehors, toutes les pressions
nationalistes de tous les peuples de l'Eu
rope, de l'Asie et de l'Amérique auront
vite fait de crever comme, toile la vague
et-vvaine carapace d'un militarisme sans
moral et d'un étatisme sans cœur. La
grandeur du rôle, de Barrés aura été de
prévoir cela et de travailler énergique-
ment. à. y. .pourvoir. Ce grand esprit si at
tentif et si affectueux ne s'étonnerait pas
de me voir évoquer ici, à ce grave pro
pos, le nom d'un ami commun regretté qui
avait été son collaborateur dans cette
voie : mon cher Frédéric Amouretti. Peut-
être aussi, puisque les Allemands de Pa
ris essaient de rattacher le Culte du Moi
et sa dérivation nationale à la philosophie
d'un Allemand de Berlin, Maurice Bar
rés aimeraitj-il entendre nommer le puis
sant penseur français auquel son génie
dut quelques éléments dialectiques de la
religion de nos prédécesseurs dans la vie.
Ce Français que le Bekannte et ses
suiveurs voudraient faire oublier pour
Ficliie ne s'appelait qu'Auguste Comte.
Barrés, dans sa jeunesse, "le lisait avec
profit. Quand Barrés eut quitté la rue
Chàptal pour la rue Lcgendre, après son
élection de 1889 à la Chambre, je le
trouvai, à ma première visite, dans ce
nouvel appartement, plongé jusqu'au cou
dans un volume du Système de politique
positiviste, et tout aussitôt il m'ex
prima combien il trouvait Comte supé
rieur à tous ses disciples anglais, Alexan
dre Bain, Stuart Mill, Herbert Spen
cer, ce qui était fortement contesté à ce
moment-là,. Un coup d'œil sur la Synthè
se subjective pourrait aussi guider les ap
prentis philosophes et les apprentis cri
tiques étonnés de trouver certaines thè
ses chez Barrés et qui se hâtent d'y
coller une fausse étiquette allemande ou
américaine : pragmatisme ? fichtisme "!
Allons donc : c'est du positivisme fran
çais !
II. Le dessein de Philippe Daudet
Ainsi, d'après upe déposition nouvelle;
notre pauvre Philippe voulait nous tuer
tous : son admirable père, qu'il adorait ;
Maxime Real del Sartc, au mariage de qui
il avait été garçon d'honneur, et moi avec
eux au sans eux. Je serai mort, comme je
vis, en belle et bonne compagnie. Mais
les gens du Libertaire n'ont décidément
d'esprit que dans le crime : ils n'ont pas
encore senti jusqu'à quel point cet aveu les
compromet. .Te le leur avais dit dès le pre
mier jour. Si Philippe voulait nous tuer,
qu'avail-il besoin de courir les arrondisse
ments-excentriques et les palabres liber
taires! Rue Saint-Guillaume, rue de Rome,
il avait tout ce qu'il faut, à portée de la
main, pour commettre tous. les attentats
désirables.' Quand il accompagnait son
père parmi nous, les Camelots du Roi se le
disputaient, je ne manquais jamais de l'ap
peler pour lui montrer cc qui m'arrivait
d'intéressant et de neuf : un beau livre,
un portrait du Prince, d'une Princesse de
■ la Maison de France. Quand j'ai fait enca
drer, il y a quelque temps, une belle et
exacte photographie du bordereau Drey
fus,mon premier soin a été d'appeler Phi
lippe : — Venez voir dans mon cabinet.
Nous étions seuls. C'était une belle occa
sion de nie larder de coups. Pif ! Paf !
l'as du tout. Nous causâmes en bons
vieux amis. .Et, peu après, chez lui (je
parle de l'été dernier), comme je disais
adieu à son père et à sa mère, il me pour
suivit dans l'antichambre pour me pré
senter à trois de ses camarades devenus
aussi Action française que lui. — Qui
vous a conduits au Roi ? leur demandai-je.
—> Philippe, naturellement !... Parbleu !
Et c'est ce jeune recruteur qui aurait été
anarchiste « depuis longtemps » et
qui. « depuis longtemps » (c'est écrit)
nous aurait voulu trucider. Mais alors,
encore un coup, comment ne l'a-t-il pas
fait? Chez lui, chez nous, nous.défilions
à j^out portant î II n'avait même pas A
choisir, il n'avait qu'à tirer diins le tas. !
On ne conçoit pas qu'il ait abandonné
cet admirable point d'affût. Lé circuit
par la rue Louis-Blanc, la rue des Abbes-
ses et la rue de Chartres, ne se compren
drait que si Philippe Daudet eût exécuté
une feinte et eût tenté de pénétrer chez les
compagnons pour les châtier.
III. La note aux six adresses
— Et maintenant, honneur au courage
malheureux ! Seule de la presse entière,
Madame Séverine a eu le cœur assez
hardi pour proposer une explication de
l'étonnante altitude de la police devant
la note aux six adresses trouvée sur la
corps de Philippe. Les Débats se sont tus:
Rafl'alovitch sans doute ! Le Temps n'a
rien dit : le Temps a, lui aussi, une
sale affaire de correspondant russe ap
pointé par le isar et qui partageait avec
lui (pas avec le tsar, avec le Temps). Ma
dame Séverine, elle, est libre. Elle s'ex
prime avec beaucoup de naturel et
de simplicité. Mais il est vrai de dire
que pour résoudre le problème, elle en
simplifie admirablement les données.
«Le choix», écrit-elle, « le clioix qu'a
fait l'enquêteur entre l a s cinq adresses...»
Pardonnez-moi, Madame, il n'y avait pas
lieu à un choix. Nul choix ne s'imposait.
Même nul choix n'était permis. Un
corps mort était là, sanglant, inconnu.
S'il y avait six moyens de l'identifier,
ils devaient être employés simultanément
ou successivement tous les six. L'auto
s'est arrêtée boulevard Magenta à quatre
heures et quart. Philippe est mort à six
heures. On frappait à dix heures et demie
chez Mme Havard de la Montagne, 109,
rue de Grenehe. Il était tout simple de
faire en même temps, ou un peu avant
ou un peu après, les autres démar
ches. Mais, comme on l'a vu, d'après,
Madame Séverine, ces démarches s'ex
cluent... Tiens, ijourquoi"? Reprenons J& dé
fense de 1' « enquêteur » (lç police,,.fret,
ternellement associe""aux libertaires :
« Le choix qu'a fait l'enquêteur entre les
cinq adresses êntunérèes sur un papier que
l'agonisant avait en poche ?... Une sçule
était complète : nom, rue r numéro. Il est
allé au plus facile.. »
Le plus facile était de téléphoner à la
Ligue d'Action française... Mais non. Pro
cédé hérissé de difficultés, nous dit
Madame Séverine : figurez-vous l'embar
ras de cotte pauvre Police ! au commis
sariat, à la Préfecture, on ne savait pas
l'adresse de l'Action française ! C'est
ainsi: «Le siège n'était pas indiqué»,
écrit avec un beau sang-froid notre illustre
contradictricc. Lisez *:
« Quant à la Ligue d'Action française,
outre que le siège n'était pas indiqué, cet
homme naïf ignorait, sans doute, qu'elle
s'est adjoint la présidence du Conseil, et'
que s'y montrer équivaut, pour certains:
chefs... ralliés, à la cote d'amour. »
L'aimable fantaisie des derniers mots
suffit à montrer quelle importance l'au
teur de Line attache à celte explication
suave. Le problème subsiste donc. La . né
cessité , de le résoudre ne subsiste pas:
moins. A qui le tour de parole ?
Récapitulons.
La note porte six adresses. Par l'inscrip
tion de l'ambassade d'Espagne, de la Li
gue d'Action française, du iiom de Maxi
me Real del Sarte, cette note revêt un
caractère politique si net que c'est évi
demment de ce côté-là, vers les pistes po
litiques que, dès la première heure, la.po
lice doit orienter ses recherches : or, que
fait-elle ?
Elle envoie « l'enquêteur » rue de Gre
nelle, 109, à une adresse d'aspect privé,
chez une daine veuve et malade qui ne
sait rien. Est-il possible de mieux avouer
qu'en ce premier moment on ne veut ni
trouver ni chercher et que, pour couvrir
cette volonté criminelle, on l'eint une re
cherche que l'on espère sans issue.
Charles MAURRAS
Gomment Philippe Daudet est-il mort?
Le Denier de Jeanne d'Arc
Caisse de secours immédiat et caisse de combat
des commissaires d'Action françaisvetr- des C'a 1
melots du. Roi. .
CINQUANTE-SIXIEME LISTE
M. Jorsin (transmis par.rO.P.AJf,)„,:. 10 franc?-
— En l'honneur de R. Batardy, Trioulet et leurs
amis, docteitr Le Pannetier de Roissay : 50 fr. —
Hommage et remerciement aux quelques Français
qui ont corrigé le traître Malvy (3 e versement),
Claude Gibert : 5 fr. — Anonyme (transmis par
i'O.P.A.F.( :■ 4 fr. — Fricotté : 2 fr. 50 — Ano
nyme :-2 fr. ■— Désiré Robin : 5 fr. — A. M. : 10
fr. — G. Delmas r 5 fr. — Charles Tollet : 5 fr.
— Mlle Maillard (transmis par la section de Lyon)
5 fr. — Pour aider les Camelots du Roi à châtier
les traîtres : 10 fr. — Anonyme : 20 fr. — Pour
que Millerand refasse sa-sixième ! Alexandre
Josse : 10 fr. -r- En haine de la Prusse pour la
victoire du séparatisme rhénan. G. Vallery-Radot:
10 fr. — Henry Mayot : 2 fr. 50. — Marcel Maz-
zette: 1 fr. 25. — Louis Giraitd:"2 fr. 1 — M. Lan-
glois: 20 fr. — Mme Veuve Mercier: 3 fr. 50. —
Vive Batardy et ses camarades, M. Laforge: 10fr.
— Pour délivrer la France de Malvy, Caillaux et
Briand, Philippe des Roches de-Chassay: 5 fr.
En l'honneur de la nomination de M. l'ahbé
Challamel dans notre paroisse, Mlle Bisse, du Pré-
St-Gervais : 5 fr. — M. l'abbé Bouérat: 10 fr.-r-
M. Habert: 33 fr. 70. — M. Poulange: 5 fr. — A
la mémoire de Plateau, Honneur à Batardy, Triou
let et à leurs camarades, une jeune patriote: 1 fr.
— Mme de Sampigny : 10 fr. — A. Dufour: 5. fr.
— Alain Mellet: 5 fr. — En l'honneur du lieute
nant Batardy et de ses amis, la section d'A. F. de
Génerac (Gard): 10 fr.
suiv re,l _
ENCORE LES 83 FRANCS
Ainsi que nous l'avons dit, M. Barnaud
s'esl donné quarante-huit heures pour exa
miner le dossier de l'affaire, déjà touf
fu, et mardi il reprendra la série des in
terrogatoires. Mais les recherches ne sont
pas interrompues et, dans la journée
d'hier, des renseignements nouveaux, dont
certains ont le plus haut intérêt, sont par
venus soit aux magistrats, soit à nous-
mêmes. On comprendra que nous n'en par
lions pas encore et que nous les réser
vions à l'instruction.
Pendant ce temps, continuons à analy
ser'les faits acquis et publics. La saisie du
sac de voyage chez l'anarchiste Gruffy et
l'aveu, auquel celui-ci a été forcé, que
Philippe avait passé une nuit chez lui, a
jeté chez les criminels le même désarroi
que la découverte, à Lariboisière, du par
dessus.sut la vente duquel ils avaient écha-
faudé l'explication des 83 francs trouvés
sur le "cadavre. Nous avons reproduit les
mensonges délirants auxquels Vidal et le
Libertaire avaient été réduits par cette
découverte. Ils allaient jusqu'à insinuer
que Daudet avait dû substituer à l'hôpital
■un pardessus pareil à-celui qu'ils avaient
dit être -vendu. Aujourd'hui, comprenant
leur imprudente sottise, ils battent en re
traite et écrivent : -
« Nous n'avons jamais f!!l essayé de savoir ni
d'expliquer comment Philippe Daudet avait 83
francs en poche au moment, du suicide. C 'est là
une question qui nous indiffère totalement. C'est
à la police et non à nous que Tcvient le soin de
s'en oqpupcr. »
Entendu ! mais le premier soin de la
police et de la justice doit être de de
mander aux gens du Libertaire pour
quels motifs ils ont imaginé et- mis en
scène la fable des besoins d'argent de
Philippe et des prêts consentis par Da
vray, alors que la victime a été trouvée
avec 83 francs sur elle.
^ • 'S upp osez que le vendredi, utilisant son
tlfcsïr, de gagner leur confiance (pour se
mettre à même de venger. Plateau) et afin
d'être sûr de le tenir, on ait dépouillé
l'enfant de tout son argent : des 200 fr.
qu'on prétend avoir été souscrits par lui ;
des 100 francs qu'il aurait déposés, et du
reste... Il est établi que, le soir, Philippe
n'avait plus le sou. Vidal lui avait promis
qu'il le verrait au « Grenier de Gringoi-
re » et lui rendrait son argent, mais Vidal
n'est pas au rendez-vous. Philippe est ré
duit. à emprunter 5 francs d'abord, puis
30 francs à Davray : c'est ce qu'on voulait,
et le samedi matin, on lui fait écrire le
billet par lequel il reconnaît sa dette et
où il appelle,l'anarchiste : « Mon cher
copain ». Le résultat est obtenu. Après
cela, on peut lui x-endre 100 francs sur
tout ce qu'on lui a volé afin que, lorsqu'on
le retrouvera, il n'ait pas l'air d'avoir été
dévalisé.
8, RUE DE CHARTRES
^ Revenons à la saisie du sac de voyage.
Elle., n'aura pas de moindres conséquen
ces.. Tout, d'abord .elle établit un menson
ge formel de Vidal.' Non seulement celui-
ci: n'avait pas dit que Philippe eût passé
la soirée du jeudi rue de Bretagne, à-la
réunion de la jeunesse anarchiste, puis la
nuit chez Gruffy, mais il avait dit le con
traire.
Nous avons vu le texte du Libertaire :
« ...Nous retournâmes finir la soirée au
Libertaire où j'avais du travail. » '
Dans les déclarations qu'il fit aux jour
naux au début de la semaine, Vidal avait
été plus net encore. Il a dit au Matin (n°
du 3 décembre) :
« L'inconnu et moi regagnâmes les bureaux du
Libertaire et, tout en devisant il m'aida à plier et
à mettre, sous; bande des numéros de notre jour
nal. . ■ 1 .
« Vers 22 h. 30 il s'en fut, disant qu'il revien
drait me-voir l La Liberté d'hier écrit :
■ Après le dîner, a dit, en effet, à plusieurs re
prises, l'administrateur du Libertaire, Philippe est
revenu avec moi au bureau du journal, et nous
avons travailla, ensemble. Il me quitta vers 11 heu-
res et je ne sais où il a passé la .nuit;
Cç- nrçiisonge formel, indéniable, a, lui
aussi, ses motifs. Pourquoi ne voulait-on
pas découvrir Gruffy-et son logement du
8-de la rue de Chartres ? Nous essaierons
de le savoir; "
Ce Gruffy est un garçon de dix-neuf ans
et demi qui vit fivec une fille de 28 ans,
Marcelle V»- ou W... Il a raconté qu'il avait
pu loger Philippe parce que, ce jour-là,
précisément, sa maîtresse couchait « chez
line amie » ; à d'autres journaux il a dit
qu'il était brouillé avec elle depuis quel
ques jours. :I1 faudra être fixé. II faudra
aussi savoir s'il, n'a pas justement envoyé
sa maîtresse coucher en ville afin de lais
ser la place à Philippe.
Il sera surtout intéressant de répondre
aux questions,suivantes-:
. Cette femme n'est-elle pas une ancienne
détenue de Saint-Lazare, amie de la fille
Berton ? •
N'eslae-pas chez cette femme, à celte
même adresse, 8 rue de Chartres, qu'il y a
moins d'un mois une malheureuse dpnt le
cas a peut-être quelque analogie avec celui
de Philippe Daudet, fut envoyée et pas
sa, une nuit ?
Ce logement, 8 rue de Chartres, n'appa-
rait-il pas ainsi comme l'endroit utilisé
habituellement-par les anarchistes pour
hospitaliser les victimes tombées entre
leurs mains et. qu'ils veulent tenir ? N'est-
il pas évident que c'est Vidal et ses com
plices nui y_ ont cnvot/c Philippe Daudet ?
L'ENQUETE AU HAVRE
Le brigadier de la Sûreté Huguer, qui
avait été chargé de mener l'enquête judi
ciaire au Havre est rentré à Paris.
11 est établi que le jeune homme, inscrit
à l'hôtel Bellevue sous le nom de Pierre
Bouchamp, est bien Philippe Daudet. 11 y
est arrivé le mardi 20 novembre, à 13 heu
res et en est reparti le jeudi à 7 heures.
Nous savons que ce jour-là. après une pro
menade dans le taxi, du chauffeur l.ei'èvre,
il prit à 10 h. 3 le train pour Paris.
Le valet de chambre qui le servit à l'hô
tel Bellevue, M. Provis, dit qu'à 7 heures
du soir, le mardi, il entra dans la chambre,
pour prendre des ordres. Il trouva Philip
pe en bras de chemise, -fumant des ciga
rettes et se plaignant d'un violent mal de
tête. Le lit défait indiquait qu'il avait es
sayé de dormir. En s'approchant de la ta
ble, M. Provis aperçut parmi les volumes
de Ronsard, Malherbe et Régnier, etc., dont
on a parlé, line enveloppe sur laquelle
il lut le nom et l'adresse de Léon Daudet.
11 est probable que,,,dans cette lettre,
l'enfant, qui croyait alors partir pour le
Canada, écrivait ^ son père pour lui de
mander pardon de sa fugue. Cette lettre
n'est jamais arrivée à son adresse. A-t-elle
été déchirée par Philippe ou dérobée pat
ios anarchistes ?
Philippe demanda au valet de chambre
des renseignements sur le Canada où il
avait séjourné et l'adresse du bureau de
départ des paquebots pour ce pays. Il lui
demanda aussi de lui indiquer l'église la
plus proche. Ainsi, le vendredi suivant, il
faisait maigre au milieu des anarchistes.
Le croyant et pieux petit Philippe pou
vait leur donner des gages pour mieux les
tromper. Il ne pouvait, passer outre aux
lois de l'Eglise. Au Havre, quel regret,
quel remords de sa fugue le poussait au
pied des autels "?
L'enquête du brigadier. Huguer rap
porte ensuite les faits déjà connus :. la
promenade du jeudi matin,, pendant la
quelle Piiilippe déchira quelques pa
piers, la trouvaille dans la voiture du
numéro de l'Humanité, et, après qu'il eût
réglé la course du taxi, se montant-à 33
francs, le départ de l'enfant pour Paris.
♦ 4* .
Le brigadier-chef Riboulet a entendu
hier matin un rédacteur du Libertaire
nommé Sarnen qui a déposé sur le séjour
de Philippe Daudet chez les anarchistes.
Maurice PUJO
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
' — A l'Ecole normale, M. Millerand a
inauguré le monument aux 239 élèves tués
à l'ennemi.
— L 'état de santé dû dite d'Aoste s'est
aggravé. ,,
- : — A Athènes, une bagarre a eu lieu en
tre royalistes et républicains.
Abonnements aux Cahiers Verts. •
A partir du premier janvier, le prix de l'abon
nement aux Cahiers Verts est porté de 45 à 60
francs pour la série de Dix Cahiers, et de 160
à 200 francs pour la série do quarante Cahiers.
•fr
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueu
sement présentés dans des boîtes et coffrets de
haut goût, des chocolats exquis.
«. SES BAPTÊMES CHOCOLAT »
❖
Dans la ville, lorsque tout dort
Sur la Seine pesante et noire
S'étalent ainsi qu'une moire
Les reflets pourpres, bleus ou ors
Des lampes Mazda. Leur clarté ,
Semble briller sur la cité.
Ap rès les élections
Quelques journaux anglais, analysant les
causes qui ont amené la défaite des conser
vateurs, assurent que la politique extérieure
de lord Curzon a nui à M. Baldwin et. que
beaucoup d'électeurs ont été froissés- ou
refroidis par l'attitude du gouvernement à
l'égard de la France. C'est peut-être une
raison fournie par le groupe Iiothermere
afin d'expliquer sa propre attitude à l'égard
du cabinet. On peut remarquer cependant
que le parti libéral n'a pas manqué ;de se
servir de lord Grey, un des ministres qui
ont décidé l'intervention de 1914, et que
lord Grey lui-même, au .cours ■ des .pblé-
miques qui ont accompagné la campagne
électorale, a tenu à paraître comme.un
partisan de l'Entente.
Il semble, d'ailleurs, d'après sa discus
sion avec lord Robert Cecil, qu'il la :.çppsi-
dèrc comme étant fonction de la Société
des INations. 11 trouve que le rôle <|e la
Ligue a été trop restreint. Voudrait-il. lui
soumettre l'affaire des réparations, c'est;à-
dire l'occupation de la Ruhr ? Nous pou
vons nous le demander puisqu'on parle de
lui pour reprendre la direction du Foreign
Office. L'idéalisme de lord Grey comporte
également le pire et le meilleur.
Puisque le gouvernement britannique est
en état de mue, il est peut-être opportun
de chercher à quoi l'on reconnaîtrait une
amélioration véritable des rapports franco-
anglais et sur quoi se fonderaient des rela
tions stables. Il y a, croyons-nous, deux
pierres de louche. La première serait une
liquidation générale de tous les litiges, sur
le modèle de 1904.. Jusqu'ici l'Angleterre a
repoussé cette méthode et lui a préféré,
comme pour Tanger, des arrangements-sui
des points spéciaux. La seconde pierre de
louche serait évidemment- la conclusion
d'un traité d'alliance entre les deux nations.
Justement, dans un petit livre documen
taire d'une grande clarté, M. André Hon-
norat, qui est sénateur et qui a été mi
nistre. vient de raconter l'histoire du-pacte
de garantie. Les textes et les faits, mis bout
à bout, montrent la répugnance des divers
gouvernements britanniques qui se sont
succédé depuis 1919 à souscrire des enga
gements à la fois précis et durables, les
seuls qui auraient de la valeur. Le premier
pacte étant topibé par la non-ratification
des Etats-Unis, les autres n'ont été offerts
qu'à des conditions qui eussent constitué
pour nous un marché onéreux sans accroître
notre sécurité. La sobre démonstration de
M. André Honnorat est»frappante, et l'his
toire des « pactes de sécurité », ainsi 'pré
sentée. toute nue, donne peu d'espoir p'our
l'avenir. — J.- B.
L' A ction française publiera prochaine
ment un nouveau feuilleton :
Dans la ronde des Faunes
- par, Isabelle SANDY '
qui obtint, en 1921, le grand prix naiionà{:
C'est le roman, on pourrait dire':, lé
poème, . d'un, village pyrénéen où,- dans
une nature traduite avec une saveur et'Un
lyrisme émouvant, l'antique■ passion' .de
l'amour développe son cours fatal* •
XIII. — LA VIE CH-ERE
Le commerce de détail
Dans notre étude de la hausse de la
viande, nous avons réservé l'examen des
conditions de la vente au détail qui pro
voquent un renchérissement supplémen
taire.- Venons-y aujourd'hui. Ce sera l'oc
casion d'aborder un autre aspect du pro
blème de la vie chère : les responsabilités
du commerce de détail dans la hausse
générale. Nous nous efforcerons de les
rechercher et de les délimiter avec autant
d'impartialité, mais aussi avec. autant de
sincérité que nous avons étudié les ques
tions de production et la question des
fonctionnaires. . .
* *
Lu viande est chère chez les bouchers.
Nous avons vu que la première raison en
est que les bouchers l'achètent eux-mêmes
très cher. Mais, nous dit l'un d'entre eux,
ils" sont obligés de la revendre relative-
mnt plus cher encore à cause des exi
gences du consommateur. Notre corres
pondant nous donne l'explication tech
nique, de l'aphorisme'si répandu depuis
la guerre :
« On ne mange plus de pot-au-feu ni
de ragoût, mais du rôti.et du bifteck;»
Notre correspondant, qui a été boucher
dans un des centres de banlieue les plus
gagnés au communisme, y a maintes fois
entendu des « prolétaires » déclarer :
,« Les ouvriers ont le droit de manger
les bons morceaux^, comme les bourgeois. »
; « Cette formule, ajoute notre correspon
dant, est - Mte comm e chou. J'ai constaté
souvent que les riches ne s'offrent pas
toujours les meilleurs morceaux ; au con
traire, comme ils ont généralement une
bonne cuisinière, ils mangeait, avec des
morceaux ordinaires, des plats excel
lents. » ,
Observation très judicieuse qui aura
encore plus de portée si on la généralise
assez. Il est /moins question, ici, d'ou
vriers et de bourgeois que de gens qui ont
un loyer et de gens qui n'en ont pas. Man
gent ies morceaux chers —r- plutôt'.que les
bons morceaux — tous les errants de la
vie "quotidienne qui prennent leurs repas
au restaurant ou déjeunent hâtivement,
chez eux, d'une grillade. Ce sont aussi
bien des ouvriers que des hommes riches
dans les affaires. Vivent au contraire éco
nomiquement tous ceux qui trouvent, a
un loyer bien organisé, une cuisine pré
parée à loisir par une bonne ménagère.
Certes, nous n'ignorons pas les exigences
d'une vie matérielle plus difficile qui tient
souvent les hommes éloignés toute ht jour
née de leur maison, qui force souvent les
femmes elles-mêmes à gagner une partie
de la vie du ménage et les écarte des
fourneaux. 11 n'en est pas moins vrai que
toutes les fois où une famille peut, être
orgariisée selou les anciennes traditions,
la vie y est moins chère. Et lin retour à
ces traditions, dans tous les cas où il est
(1) Voir l'Action française des 4, 7, 8,
10, 15, 18, 20, 2ô, 20, 2!) novembre, 2 cl
4 décembre J923.
3 EDITION DU MATIN
L*mdi 10 Décembre 1923.
£ cent. j
Seine à Scine-ei-Ois*. {
20 cc . n ''
Dépanementi t Cotonie*.
ABONNEMENTS : r. a.
France et Colonies. 48 fr, 25 fK 1 3 fr.
Etranger. 82 » 42 » 22 »
ORGANE DU NATIONALISME INTEGRAL
« Tout ce qui est national est nôtre. »
Le Duc d'ORLiËCvS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la rraae».
REDACTION & ADMINISTRATION
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Apri* 10 h. du soir : Ségur 11-08 '
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Fondateur s HENRI VALGEOIS --- Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAUURÀS — Rédacteur en chef i MAURICE PUJO
I Aux Elals-llnis, quand il s'agit d'eux-mêmes,
• Pour commencer on augmenterai le nombre
des avions et des sous-marins, et les fortifications
du canal de Panama seront renforcées, m Nous ne
« désirons pas la guerre », conclut M. Coolidge :
« mais nous ne désirons pas davantage cette
« faiblesse qui invite l'agression. Un peuple qui
« néglige sa défense naturelle ne fait qu'aban•
« donner au hasard son honneur national. »
Message du Président COOLIDGE
au Congrès américain
Les criminels se contredisent
VA
Ce que l'on entrevoit
Ce que Ton sait
•, La' découverte du sac de Philippe chez
l'anarchiste Gruffy, et du fait — soigneu
sement tu par Vidal — que l'enfant fut
chambré, chez ce « compagnon », dans la
nuit du vendredi, constitue un sérieux pro
grès de l'instruction. Des quarante-huit
- licures passées par la petite victime chez
les cannibales du Libertaire, nous connais
sons maintenant la première moitié, qui est
celle de la préparation du crime. Il est
évident, que les. cannibales connaissaient
l'identité' de" l'enfant. Je pense même que,
sachant le désir de Philippe de venger son
ami Plateau dans un coup de contre-espion
nage, ils le guettaient depuis plusieurs
semaines, et l'ont attiré chez eux à sa des
cente du train du Havre. Reste à découvrir
l'hameçon. Reste à connaître l'emploi des
^dernières vingt-quatre heures, ce qii'il y a
«derrière la prétendue ; promenade aux
Halles, -« seul ou accompagné? — ce qui
■s'est passé réellement au Grenier de Grin-
goire,' le samedi matin. On se rappelle que
le sieur Davray, directeur du Grenier de
Grin goire, avait déjà hébergé la Berton,
dans les heures précédant Fassassinat de
Plateau. Le sieur Davray^ comme le sieur
[Vidal, comme le sieur Gruffy, comme le
sieur Colomer, connaissent très certaine-
ànent Ia_ vérité. : .
-Ils ne la diront pas tout de suite, celte
vérité, afin dè ne pas envoyer à la guillo
tine le ou les assassins de mon fils, leurs
icopairis ; dans la crainte aussi' d'une incul
pation de complicité. Mais ils seront ame-
âés à la dire, cette vérité, tôt ou tard, ou
bien elle bousculera leur silence. Trop de
jgens sont au courant. Oni m'a rapporté que,
dès le jeudi soir, le propos suivant avait
été tenu dans un eafé connu : « Nous te
nons le fils de' Daudet. C'est shakespea
rien ». Je rappelle que le frêle échafau-
Jdage des fables concertées par les erimi-
inels repose uniquement sur ceci qu'ils
ignorèrent jusqu'au bout la personnalité
}de Philippe. La preuve une fois faite qu'ils
(la • connaissaient et qu'ils l'avaient attiré
'chez eux, tout s'écroule.
i Le maquillage d'un crime en suicide est,
'dans ces milieux, chose fréquente. Philippe,
au sortir de ses-fugues, tombait générale
ment en proie à nn lourd et profond som
meil dé douze ou quinze heures, qui est la
■règle en ces sortes de troubles.' L'hypothèse
la plus logique et la plus simple est qu'il
ait été tué pendant ce sommeil, à bout por
tant, dévalisé de son argent et démuni de
. tous ses papiers, et que, dans leur panique,
les assassins aient omis de lui retirer son
paletot, comme ils avaient convenu de le
faire tout d'abord, pour une raison péremp-
toire, que je tais ici. Les complications et
les fables accumulées dès le début, par la
bande, autour de cette question du paletot,
indiquent qu'il , y a là un accrochage sé
rieux. Je suis bien convaincu que la jus
tice l'éclaircira, le moment venu, comme
'le reste. . . .
De même, les motifs, donnés par les
.cannibales, de l'envoi des papiers trouvés
'dans le portefeuille de l'enfant — moins
l'argent —- à Marseille, chez. M me Vidal
mère, puis ramenés de Marseille, en vi
tesse, dans le corsage de. M m ? Colomer, ces
motifs ne tiennent pas debout. Il y a autre
!chose que l'on démêlera, si ce n'est déjà
'fait Que redoutait donc le -ménage Colo
mer ? • ■
!• Ce que nous pouvons attester, la mère
ijet moi, c'est que Philippe avait emporté
avec lui sa bourse de voyage, renfermant
exactement 1.700 francs. Il était très rai
sonnable en matière d'argent et, quand
nous voyagions ensemble, modérait ma
prodigalité naturelle : « Papa, tu vas nous
forcer à revenir plus tôt. Ne. va pas si
fort ». Au moment où il reprit le train du
Havre pour Paris, il avait, au dire du
chauffeur, tiré de son portefeuille une
liasse de billets de banque de cinquante
francs. C'est pourquoi ses prétendus em
prunts du vendredi et du samedi l'un
attesté de sa main, disent les anarchistes
— me laissent plus que rêveur. J'en dirai
autant de la petite somme (83 irancs)
trouvée dans son portefeuille vide, à l'arri
vée du corps à-Lariboisière ; somme qui
semble laissée là à dessein par les meur
triers, le dépouillant du reste ; somme
attribuée., par les anarchistes, à la vente
d'un paletot si peu vendu qu'il figure, avec
ses caractéristiques, parmi les pièces à
conviction sous. scellés. ,
On aperçoit déjà, derrière cet amas de
mensonges affalés, la silhouette des bois
de justice et du couperet -
. . .Léon DAUDET
i ■ .v .Jj. Député de Par is,
LA POLITIQUE
I. Au tombeau
rice Barrés lui seront rendus aujourd'hui
dans la ville de Charmes qu'éternisent son
patriotisme et sa poésie. Un maréchal de
France, fils de Lorraine aussi, dira l'adieu
suprême, et celui qui pendant quarante an
nées entières aura initié sou siècle à la
philosophie de la Terre et des Morts, se
reposera définitivement dans leur sein.
Est-il besoin de dire pourquoi je ne
puis prendre aucune part au pèlerinage ?
Le souvenir, l'admiration, la gratitude,
l'affection"ancienne et profonde m'y con
viaient, m'y obligeaient ; nulle raison vul
gaire ne .m'en eut détourné! Quand des
devoirs insurmontables auront cessé de
me retenir à Paris, la première course de
Liberté sera pour ce tombeau de Maurice
Barrés qui aimante déjà tant de piétés di
gnes cle lui.
Samedi, en suivant le triste convoi, au
premier rang des Comités directeurs de
PActioM française ; Georges Valois nous
•murmurait : —: Voilà donc le premiei
hommage officiel rendu à la pensée natio
naliste ! Notre ami ne se trompait pas. Le
monde officiel n'a pu désavouer encore
les Dreyfus ni les Panamas, il a dû avouer
leur incomparable ennemi, leur exem
plaire justicier. Cette rare pompe funèbre
établit donc que, peu à peu, bon gré mal
gré, envers et contre tout, des élites fran
c-aises de plus en plus vastes prennent
conscience de la destinée obligatoire de
notre nation. En vérité, en vérité, nous ne
sommes plus en 1848 ni même en 1898! 11
ne nous est plus permis de nous désarmer
par bonté d'âme! Ou bien, nous aussi, nous
•composerons un formulaire et un rituel
de moralité nationale, un esprit public
fortement organisé dans le sens du • na
tionalisme, ou toutes les poussées na
tionalistes du dehors, toutes les pressions
nationalistes de tous les peuples de l'Eu
rope, de l'Asie et de l'Amérique auront
vite fait de crever comme, toile la vague
et-vvaine carapace d'un militarisme sans
moral et d'un étatisme sans cœur. La
grandeur du rôle, de Barrés aura été de
prévoir cela et de travailler énergique-
ment. à. y. .pourvoir. Ce grand esprit si at
tentif et si affectueux ne s'étonnerait pas
de me voir évoquer ici, à ce grave pro
pos, le nom d'un ami commun regretté qui
avait été son collaborateur dans cette
voie : mon cher Frédéric Amouretti. Peut-
être aussi, puisque les Allemands de Pa
ris essaient de rattacher le Culte du Moi
et sa dérivation nationale à la philosophie
d'un Allemand de Berlin, Maurice Bar
rés aimeraitj-il entendre nommer le puis
sant penseur français auquel son génie
dut quelques éléments dialectiques de la
religion de nos prédécesseurs dans la vie.
Ce Français que le Bekannte et ses
suiveurs voudraient faire oublier pour
Ficliie ne s'appelait qu'Auguste Comte.
Barrés, dans sa jeunesse, "le lisait avec
profit. Quand Barrés eut quitté la rue
Chàptal pour la rue Lcgendre, après son
élection de 1889 à la Chambre, je le
trouvai, à ma première visite, dans ce
nouvel appartement, plongé jusqu'au cou
dans un volume du Système de politique
positiviste, et tout aussitôt il m'ex
prima combien il trouvait Comte supé
rieur à tous ses disciples anglais, Alexan
dre Bain, Stuart Mill, Herbert Spen
cer, ce qui était fortement contesté à ce
moment-là,. Un coup d'œil sur la Synthè
se subjective pourrait aussi guider les ap
prentis philosophes et les apprentis cri
tiques étonnés de trouver certaines thè
ses chez Barrés et qui se hâtent d'y
coller une fausse étiquette allemande ou
américaine : pragmatisme ? fichtisme "!
Allons donc : c'est du positivisme fran
çais !
II. Le dessein de Philippe Daudet
Ainsi, d'après upe déposition nouvelle;
notre pauvre Philippe voulait nous tuer
tous : son admirable père, qu'il adorait ;
Maxime Real del Sartc, au mariage de qui
il avait été garçon d'honneur, et moi avec
eux au sans eux. Je serai mort, comme je
vis, en belle et bonne compagnie. Mais
les gens du Libertaire n'ont décidément
d'esprit que dans le crime : ils n'ont pas
encore senti jusqu'à quel point cet aveu les
compromet. .Te le leur avais dit dès le pre
mier jour. Si Philippe voulait nous tuer,
qu'avail-il besoin de courir les arrondisse
ments-excentriques et les palabres liber
taires! Rue Saint-Guillaume, rue de Rome,
il avait tout ce qu'il faut, à portée de la
main, pour commettre tous. les attentats
désirables.' Quand il accompagnait son
père parmi nous, les Camelots du Roi se le
disputaient, je ne manquais jamais de l'ap
peler pour lui montrer cc qui m'arrivait
d'intéressant et de neuf : un beau livre,
un portrait du Prince, d'une Princesse de
■ la Maison de France. Quand j'ai fait enca
drer, il y a quelque temps, une belle et
exacte photographie du bordereau Drey
fus,mon premier soin a été d'appeler Phi
lippe : — Venez voir dans mon cabinet.
Nous étions seuls. C'était une belle occa
sion de nie larder de coups. Pif ! Paf !
l'as du tout. Nous causâmes en bons
vieux amis. .Et, peu après, chez lui (je
parle de l'été dernier), comme je disais
adieu à son père et à sa mère, il me pour
suivit dans l'antichambre pour me pré
senter à trois de ses camarades devenus
aussi Action française que lui. — Qui
vous a conduits au Roi ? leur demandai-je.
—> Philippe, naturellement !... Parbleu !
Et c'est ce jeune recruteur qui aurait été
anarchiste « depuis longtemps » et
qui. « depuis longtemps » (c'est écrit)
nous aurait voulu trucider. Mais alors,
encore un coup, comment ne l'a-t-il pas
fait? Chez lui, chez nous, nous.défilions
à j^out portant î II n'avait même pas A
choisir, il n'avait qu'à tirer diins le tas. !
On ne conçoit pas qu'il ait abandonné
cet admirable point d'affût. Lé circuit
par la rue Louis-Blanc, la rue des Abbes-
ses et la rue de Chartres, ne se compren
drait que si Philippe Daudet eût exécuté
une feinte et eût tenté de pénétrer chez les
compagnons pour les châtier.
III. La note aux six adresses
— Et maintenant, honneur au courage
malheureux ! Seule de la presse entière,
Madame Séverine a eu le cœur assez
hardi pour proposer une explication de
l'étonnante altitude de la police devant
la note aux six adresses trouvée sur la
corps de Philippe. Les Débats se sont tus:
Rafl'alovitch sans doute ! Le Temps n'a
rien dit : le Temps a, lui aussi, une
sale affaire de correspondant russe ap
pointé par le isar et qui partageait avec
lui (pas avec le tsar, avec le Temps). Ma
dame Séverine, elle, est libre. Elle s'ex
prime avec beaucoup de naturel et
de simplicité. Mais il est vrai de dire
que pour résoudre le problème, elle en
simplifie admirablement les données.
«Le choix», écrit-elle, « le clioix qu'a
fait l'enquêteur entre l a s cinq adresses...»
Pardonnez-moi, Madame, il n'y avait pas
lieu à un choix. Nul choix ne s'imposait.
Même nul choix n'était permis. Un
corps mort était là, sanglant, inconnu.
S'il y avait six moyens de l'identifier,
ils devaient être employés simultanément
ou successivement tous les six. L'auto
s'est arrêtée boulevard Magenta à quatre
heures et quart. Philippe est mort à six
heures. On frappait à dix heures et demie
chez Mme Havard de la Montagne, 109,
rue de Grenehe. Il était tout simple de
faire en même temps, ou un peu avant
ou un peu après, les autres démar
ches. Mais, comme on l'a vu, d'après,
Madame Séverine, ces démarches s'ex
cluent... Tiens, ijourquoi"? Reprenons J& dé
fense de 1' « enquêteur » (lç police,,.fret,
ternellement associe""aux libertaires :
« Le choix qu'a fait l'enquêteur entre les
cinq adresses êntunérèes sur un papier que
l'agonisant avait en poche ?... Une sçule
était complète : nom, rue r numéro. Il est
allé au plus facile.. »
Le plus facile était de téléphoner à la
Ligue d'Action française... Mais non. Pro
cédé hérissé de difficultés, nous dit
Madame Séverine : figurez-vous l'embar
ras de cotte pauvre Police ! au commis
sariat, à la Préfecture, on ne savait pas
l'adresse de l'Action française ! C'est
ainsi: «Le siège n'était pas indiqué»,
écrit avec un beau sang-froid notre illustre
contradictricc. Lisez *:
« Quant à la Ligue d'Action française,
outre que le siège n'était pas indiqué, cet
homme naïf ignorait, sans doute, qu'elle
s'est adjoint la présidence du Conseil, et'
que s'y montrer équivaut, pour certains:
chefs... ralliés, à la cote d'amour. »
L'aimable fantaisie des derniers mots
suffit à montrer quelle importance l'au
teur de Line attache à celte explication
suave. Le problème subsiste donc. La . né
cessité , de le résoudre ne subsiste pas:
moins. A qui le tour de parole ?
Récapitulons.
La note porte six adresses. Par l'inscrip
tion de l'ambassade d'Espagne, de la Li
gue d'Action française, du iiom de Maxi
me Real del Sarte, cette note revêt un
caractère politique si net que c'est évi
demment de ce côté-là, vers les pistes po
litiques que, dès la première heure, la.po
lice doit orienter ses recherches : or, que
fait-elle ?
Elle envoie « l'enquêteur » rue de Gre
nelle, 109, à une adresse d'aspect privé,
chez une daine veuve et malade qui ne
sait rien. Est-il possible de mieux avouer
qu'en ce premier moment on ne veut ni
trouver ni chercher et que, pour couvrir
cette volonté criminelle, on l'eint une re
cherche que l'on espère sans issue.
Charles MAURRAS
Gomment Philippe Daudet est-il mort?
Le Denier de Jeanne d'Arc
Caisse de secours immédiat et caisse de combat
des commissaires d'Action françaisvetr- des C'a 1
melots du. Roi. .
CINQUANTE-SIXIEME LISTE
M. Jorsin (transmis par.rO.P.AJf,)„,:. 10 franc?-
— En l'honneur de R. Batardy, Trioulet et leurs
amis, docteitr Le Pannetier de Roissay : 50 fr. —
Hommage et remerciement aux quelques Français
qui ont corrigé le traître Malvy (3 e versement),
Claude Gibert : 5 fr. — Anonyme (transmis par
i'O.P.A.F.( :■ 4 fr. — Fricotté : 2 fr. 50 — Ano
nyme :-2 fr. ■— Désiré Robin : 5 fr. — A. M. : 10
fr. — G. Delmas r 5 fr. — Charles Tollet : 5 fr.
— Mlle Maillard (transmis par la section de Lyon)
5 fr. — Pour aider les Camelots du Roi à châtier
les traîtres : 10 fr. — Anonyme : 20 fr. — Pour
que Millerand refasse sa-sixième ! Alexandre
Josse : 10 fr. -r- En haine de la Prusse pour la
victoire du séparatisme rhénan. G. Vallery-Radot:
10 fr. — Henry Mayot : 2 fr. 50. — Marcel Maz-
zette: 1 fr. 25. — Louis Giraitd:"2 fr. 1 — M. Lan-
glois: 20 fr. — Mme Veuve Mercier: 3 fr. 50. —
Vive Batardy et ses camarades, M. Laforge: 10fr.
— Pour délivrer la France de Malvy, Caillaux et
Briand, Philippe des Roches de-Chassay: 5 fr.
En l'honneur de la nomination de M. l'ahbé
Challamel dans notre paroisse, Mlle Bisse, du Pré-
St-Gervais : 5 fr. — M. l'abbé Bouérat: 10 fr.-r-
M. Habert: 33 fr. 70. — M. Poulange: 5 fr. — A
la mémoire de Plateau, Honneur à Batardy, Triou
let et à leurs camarades, une jeune patriote: 1 fr.
— Mme de Sampigny : 10 fr. — A. Dufour: 5. fr.
— Alain Mellet: 5 fr. — En l'honneur du lieute
nant Batardy et de ses amis, la section d'A. F. de
Génerac (Gard): 10 fr.
suiv re,l _
ENCORE LES 83 FRANCS
Ainsi que nous l'avons dit, M. Barnaud
s'esl donné quarante-huit heures pour exa
miner le dossier de l'affaire, déjà touf
fu, et mardi il reprendra la série des in
terrogatoires. Mais les recherches ne sont
pas interrompues et, dans la journée
d'hier, des renseignements nouveaux, dont
certains ont le plus haut intérêt, sont par
venus soit aux magistrats, soit à nous-
mêmes. On comprendra que nous n'en par
lions pas encore et que nous les réser
vions à l'instruction.
Pendant ce temps, continuons à analy
ser'les faits acquis et publics. La saisie du
sac de voyage chez l'anarchiste Gruffy et
l'aveu, auquel celui-ci a été forcé, que
Philippe avait passé une nuit chez lui, a
jeté chez les criminels le même désarroi
que la découverte, à Lariboisière, du par
dessus.sut la vente duquel ils avaient écha-
faudé l'explication des 83 francs trouvés
sur le "cadavre. Nous avons reproduit les
mensonges délirants auxquels Vidal et le
Libertaire avaient été réduits par cette
découverte. Ils allaient jusqu'à insinuer
que Daudet avait dû substituer à l'hôpital
■un pardessus pareil à-celui qu'ils avaient
dit être -vendu. Aujourd'hui, comprenant
leur imprudente sottise, ils battent en re
traite et écrivent : -
« Nous n'avons jamais f!!l essayé de savoir ni
d'expliquer comment Philippe Daudet avait 83
francs en poche au moment, du suicide. C 'est là
une question qui nous indiffère totalement. C'est
à la police et non à nous que Tcvient le soin de
s'en oqpupcr. »
Entendu ! mais le premier soin de la
police et de la justice doit être de de
mander aux gens du Libertaire pour
quels motifs ils ont imaginé et- mis en
scène la fable des besoins d'argent de
Philippe et des prêts consentis par Da
vray, alors que la victime a été trouvée
avec 83 francs sur elle.
^ • 'S upp osez que le vendredi, utilisant son
tlfcsïr, de gagner leur confiance (pour se
mettre à même de venger. Plateau) et afin
d'être sûr de le tenir, on ait dépouillé
l'enfant de tout son argent : des 200 fr.
qu'on prétend avoir été souscrits par lui ;
des 100 francs qu'il aurait déposés, et du
reste... Il est établi que, le soir, Philippe
n'avait plus le sou. Vidal lui avait promis
qu'il le verrait au « Grenier de Gringoi-
re » et lui rendrait son argent, mais Vidal
n'est pas au rendez-vous. Philippe est ré
duit. à emprunter 5 francs d'abord, puis
30 francs à Davray : c'est ce qu'on voulait,
et le samedi matin, on lui fait écrire le
billet par lequel il reconnaît sa dette et
où il appelle,l'anarchiste : « Mon cher
copain ». Le résultat est obtenu. Après
cela, on peut lui x-endre 100 francs sur
tout ce qu'on lui a volé afin que, lorsqu'on
le retrouvera, il n'ait pas l'air d'avoir été
dévalisé.
8, RUE DE CHARTRES
^ Revenons à la saisie du sac de voyage.
Elle., n'aura pas de moindres conséquen
ces.. Tout, d'abord .elle établit un menson
ge formel de Vidal.' Non seulement celui-
ci: n'avait pas dit que Philippe eût passé
la soirée du jeudi rue de Bretagne, à-la
réunion de la jeunesse anarchiste, puis la
nuit chez Gruffy, mais il avait dit le con
traire.
Nous avons vu le texte du Libertaire :
« ...Nous retournâmes finir la soirée au
Libertaire où j'avais du travail. » '
Dans les déclarations qu'il fit aux jour
naux au début de la semaine, Vidal avait
été plus net encore. Il a dit au Matin (n°
du 3 décembre) :
« L'inconnu et moi regagnâmes les bureaux du
Libertaire et, tout en devisant il m'aida à plier et
à mettre, sous; bande des numéros de notre jour
nal. . ■ 1 .
« Vers 22 h. 30 il s'en fut, disant qu'il revien
drait me-voir l
■ Après le dîner, a dit, en effet, à plusieurs re
prises, l'administrateur du Libertaire, Philippe est
revenu avec moi au bureau du journal, et nous
avons travailla, ensemble. Il me quitta vers 11 heu-
res et je ne sais où il a passé la .nuit;
Cç- nrçiisonge formel, indéniable, a, lui
aussi, ses motifs. Pourquoi ne voulait-on
pas découvrir Gruffy-et son logement du
8-de la rue de Chartres ? Nous essaierons
de le savoir; "
Ce Gruffy est un garçon de dix-neuf ans
et demi qui vit fivec une fille de 28 ans,
Marcelle V»- ou W... Il a raconté qu'il avait
pu loger Philippe parce que, ce jour-là,
précisément, sa maîtresse couchait « chez
line amie » ; à d'autres journaux il a dit
qu'il était brouillé avec elle depuis quel
ques jours. :I1 faudra être fixé. II faudra
aussi savoir s'il, n'a pas justement envoyé
sa maîtresse coucher en ville afin de lais
ser la place à Philippe.
Il sera surtout intéressant de répondre
aux questions,suivantes-:
. Cette femme n'est-elle pas une ancienne
détenue de Saint-Lazare, amie de la fille
Berton ? •
N'eslae-pas chez cette femme, à celte
même adresse, 8 rue de Chartres, qu'il y a
moins d'un mois une malheureuse dpnt le
cas a peut-être quelque analogie avec celui
de Philippe Daudet, fut envoyée et pas
sa, une nuit ?
Ce logement, 8 rue de Chartres, n'appa-
rait-il pas ainsi comme l'endroit utilisé
habituellement-par les anarchistes pour
hospitaliser les victimes tombées entre
leurs mains et. qu'ils veulent tenir ? N'est-
il pas évident que c'est Vidal et ses com
plices nui y_ ont cnvot/c Philippe Daudet ?
L'ENQUETE AU HAVRE
Le brigadier de la Sûreté Huguer, qui
avait été chargé de mener l'enquête judi
ciaire au Havre est rentré à Paris.
11 est établi que le jeune homme, inscrit
à l'hôtel Bellevue sous le nom de Pierre
Bouchamp, est bien Philippe Daudet. 11 y
est arrivé le mardi 20 novembre, à 13 heu
res et en est reparti le jeudi à 7 heures.
Nous savons que ce jour-là. après une pro
menade dans le taxi, du chauffeur l.ei'èvre,
il prit à 10 h. 3 le train pour Paris.
Le valet de chambre qui le servit à l'hô
tel Bellevue, M. Provis, dit qu'à 7 heures
du soir, le mardi, il entra dans la chambre,
pour prendre des ordres. Il trouva Philip
pe en bras de chemise, -fumant des ciga
rettes et se plaignant d'un violent mal de
tête. Le lit défait indiquait qu'il avait es
sayé de dormir. En s'approchant de la ta
ble, M. Provis aperçut parmi les volumes
de Ronsard, Malherbe et Régnier, etc., dont
on a parlé, line enveloppe sur laquelle
il lut le nom et l'adresse de Léon Daudet.
11 est probable que,,,dans cette lettre,
l'enfant, qui croyait alors partir pour le
Canada, écrivait ^ son père pour lui de
mander pardon de sa fugue. Cette lettre
n'est jamais arrivée à son adresse. A-t-elle
été déchirée par Philippe ou dérobée pat
ios anarchistes ?
Philippe demanda au valet de chambre
des renseignements sur le Canada où il
avait séjourné et l'adresse du bureau de
départ des paquebots pour ce pays. Il lui
demanda aussi de lui indiquer l'église la
plus proche. Ainsi, le vendredi suivant, il
faisait maigre au milieu des anarchistes.
Le croyant et pieux petit Philippe pou
vait leur donner des gages pour mieux les
tromper. Il ne pouvait, passer outre aux
lois de l'Eglise. Au Havre, quel regret,
quel remords de sa fugue le poussait au
pied des autels "?
L'enquête du brigadier. Huguer rap
porte ensuite les faits déjà connus :. la
promenade du jeudi matin,, pendant la
quelle Piiilippe déchira quelques pa
piers, la trouvaille dans la voiture du
numéro de l'Humanité, et, après qu'il eût
réglé la course du taxi, se montant-à 33
francs, le départ de l'enfant pour Paris.
♦ 4* .
Le brigadier-chef Riboulet a entendu
hier matin un rédacteur du Libertaire
nommé Sarnen qui a déposé sur le séjour
de Philippe Daudet chez les anarchistes.
Maurice PUJO
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
' — A l'Ecole normale, M. Millerand a
inauguré le monument aux 239 élèves tués
à l'ennemi.
— L 'état de santé dû dite d'Aoste s'est
aggravé. ,,
- : — A Athènes, une bagarre a eu lieu en
tre royalistes et républicains.
Abonnements aux Cahiers Verts. •
A partir du premier janvier, le prix de l'abon
nement aux Cahiers Verts est porté de 45 à 60
francs pour la série de Dix Cahiers, et de 160
à 200 francs pour la série do quarante Cahiers.
•fr
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueu
sement présentés dans des boîtes et coffrets de
haut goût, des chocolats exquis.
«. SES BAPTÊMES CHOCOLAT »
❖
Dans la ville, lorsque tout dort
Sur la Seine pesante et noire
S'étalent ainsi qu'une moire
Les reflets pourpres, bleus ou ors
Des lampes Mazda. Leur clarté ,
Semble briller sur la cité.
Ap rès les élections
Quelques journaux anglais, analysant les
causes qui ont amené la défaite des conser
vateurs, assurent que la politique extérieure
de lord Curzon a nui à M. Baldwin et. que
beaucoup d'électeurs ont été froissés- ou
refroidis par l'attitude du gouvernement à
l'égard de la France. C'est peut-être une
raison fournie par le groupe Iiothermere
afin d'expliquer sa propre attitude à l'égard
du cabinet. On peut remarquer cependant
que le parti libéral n'a pas manqué ;de se
servir de lord Grey, un des ministres qui
ont décidé l'intervention de 1914, et que
lord Grey lui-même, au .cours ■ des .pblé-
miques qui ont accompagné la campagne
électorale, a tenu à paraître comme.un
partisan de l'Entente.
Il semble, d'ailleurs, d'après sa discus
sion avec lord Robert Cecil, qu'il la :.çppsi-
dèrc comme étant fonction de la Société
des INations. 11 trouve que le rôle <|e la
Ligue a été trop restreint. Voudrait-il. lui
soumettre l'affaire des réparations, c'est;à-
dire l'occupation de la Ruhr ? Nous pou
vons nous le demander puisqu'on parle de
lui pour reprendre la direction du Foreign
Office. L'idéalisme de lord Grey comporte
également le pire et le meilleur.
Puisque le gouvernement britannique est
en état de mue, il est peut-être opportun
de chercher à quoi l'on reconnaîtrait une
amélioration véritable des rapports franco-
anglais et sur quoi se fonderaient des rela
tions stables. Il y a, croyons-nous, deux
pierres de louche. La première serait une
liquidation générale de tous les litiges, sur
le modèle de 1904.. Jusqu'ici l'Angleterre a
repoussé cette méthode et lui a préféré,
comme pour Tanger, des arrangements-sui
des points spéciaux. La seconde pierre de
louche serait évidemment- la conclusion
d'un traité d'alliance entre les deux nations.
Justement, dans un petit livre documen
taire d'une grande clarté, M. André Hon-
norat, qui est sénateur et qui a été mi
nistre. vient de raconter l'histoire du-pacte
de garantie. Les textes et les faits, mis bout
à bout, montrent la répugnance des divers
gouvernements britanniques qui se sont
succédé depuis 1919 à souscrire des enga
gements à la fois précis et durables, les
seuls qui auraient de la valeur. Le premier
pacte étant topibé par la non-ratification
des Etats-Unis, les autres n'ont été offerts
qu'à des conditions qui eussent constitué
pour nous un marché onéreux sans accroître
notre sécurité. La sobre démonstration de
M. André Honnorat est»frappante, et l'his
toire des « pactes de sécurité », ainsi 'pré
sentée. toute nue, donne peu d'espoir p'our
l'avenir. — J.- B.
L' A ction française publiera prochaine
ment un nouveau feuilleton :
Dans la ronde des Faunes
- par, Isabelle SANDY '
qui obtint, en 1921, le grand prix naiionà{:
C'est le roman, on pourrait dire':, lé
poème, . d'un, village pyrénéen où,- dans
une nature traduite avec une saveur et'Un
lyrisme émouvant, l'antique■ passion' .de
l'amour développe son cours fatal* •
XIII. — LA VIE CH-ERE
Le commerce de détail
Dans notre étude de la hausse de la
viande, nous avons réservé l'examen des
conditions de la vente au détail qui pro
voquent un renchérissement supplémen
taire.- Venons-y aujourd'hui. Ce sera l'oc
casion d'aborder un autre aspect du pro
blème de la vie chère : les responsabilités
du commerce de détail dans la hausse
générale. Nous nous efforcerons de les
rechercher et de les délimiter avec autant
d'impartialité, mais aussi avec. autant de
sincérité que nous avons étudié les ques
tions de production et la question des
fonctionnaires. . .
* *
Lu viande est chère chez les bouchers.
Nous avons vu que la première raison en
est que les bouchers l'achètent eux-mêmes
très cher. Mais, nous dit l'un d'entre eux,
ils" sont obligés de la revendre relative-
mnt plus cher encore à cause des exi
gences du consommateur. Notre corres
pondant nous donne l'explication tech
nique, de l'aphorisme'si répandu depuis
la guerre :
« On ne mange plus de pot-au-feu ni
de ragoût, mais du rôti.et du bifteck;»
Notre correspondant, qui a été boucher
dans un des centres de banlieue les plus
gagnés au communisme, y a maintes fois
entendu des « prolétaires » déclarer :
,« Les ouvriers ont le droit de manger
les bons morceaux^, comme les bourgeois. »
; « Cette formule, ajoute notre correspon
dant, est - Mte comm e chou. J'ai constaté
souvent que les riches ne s'offrent pas
toujours les meilleurs morceaux ; au con
traire, comme ils ont généralement une
bonne cuisinière, ils mangeait, avec des
morceaux ordinaires, des plats excel
lents. » ,
Observation très judicieuse qui aura
encore plus de portée si on la généralise
assez. Il est /moins question, ici, d'ou
vriers et de bourgeois que de gens qui ont
un loyer et de gens qui n'en ont pas. Man
gent ies morceaux chers —r- plutôt'.que les
bons morceaux — tous les errants de la
vie "quotidienne qui prennent leurs repas
au restaurant ou déjeunent hâtivement,
chez eux, d'une grillade. Ce sont aussi
bien des ouvriers que des hommes riches
dans les affaires. Vivent au contraire éco
nomiquement tous ceux qui trouvent, a
un loyer bien organisé, une cuisine pré
parée à loisir par une bonne ménagère.
Certes, nous n'ignorons pas les exigences
d'une vie matérielle plus difficile qui tient
souvent les hommes éloignés toute ht jour
née de leur maison, qui force souvent les
femmes elles-mêmes à gagner une partie
de la vie du ménage et les écarte des
fourneaux. 11 n'en est pas moins vrai que
toutes les fois où une famille peut, être
orgariisée selou les anciennes traditions,
la vie y est moins chère. Et lin retour à
ces traditions, dans tous les cas où il est
(1) Voir l'Action française des 4, 7, 8,
10, 15, 18, 20, 2ô, 20, 2!) novembre, 2 cl
4 décembre J923.
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