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Titre : Les femmes artistes au Salon de 1878 et à l'Exposition universelle / par Jean Alesson,...

Auteur : Alès, Anatole (1840-1903). Auteur du texte

Éditeur : Duval (Paris)

Date d'édition : 1878

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30009241p

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 31 p. ; in-16

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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k743037

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-V. Pièce-1697

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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LES

FEMMES JUSTES AU SALON DE ~878

BT A L')tXPOS!TION UNtVSRSELLE

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Jean ALESSON

tt'ftMteHr en chef de ta Rasfitf f!f.t ~ftnmee

fjRjrx~ UN FRANC

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AU BUREAU DE LA <M~.MTN jMMf ~N~MN&' MPHmEBtB CCYAt., 26, RUE B'AMET

1878


LES

FEMM ES ARTIST

au Salon de 1878

Aussi bien pour les artistes eux-mêmes qu'en faveur des amateurs, il nous paraît urgent de rechercher parmi les 762 femmes (ï) qui exposent au Salon actuel, celles qui, toujours en avant, toujours en progrès, débutantes d'hier ou d'au-

(t) Nombre, par catégorie de genre, des exposantes MX cinq derniers Salons. (Les femmes artistes qui exposent dans ptmienrs sections, sont comptées aatant de fois qu'elles paraissent.)

M7* M7S iS7N M77 iSM

SeatptaK. 27 22 M 26 33 Peinture 85 86 i26 t65 <99 PoKietaimN, Menées, ëatanx. 84 e? i66 274 29i Miniature 40 32 49 44 55 Aqnardte. <n <n M 38 <5 G6uache (ËventaiM, Sepia.. } 7 24 40 Paete). 9. 24 23 30 43 Fmam. t 7 6 8 15 D<asinsdiver~ 0 0 M M 3T GnuntM. i0 M il M 9 GmvaTeméthiUe. 0 0 2 i t MennmMtspabUM. 0 2 1 0 0 286 M2 446 648 762

Ces ehittfss éloquents nous dispensent de mettre en relief, som une autre forme, la progression Meendante du nombre des femmes qui cultivent les arts.

73 femmes seulement sont reoempemeee < décorée de la Légion d'honnear (Rasa Bonhear). t< premières médaiites (hors coneonrs). 19 aecondet médailles et 39 troisièmes médailles. Quelques-unes ont eu des mentions honorables.


jourd'hui, viennent se joindre au petit nombre des femmes qui soutiennent, sans -défaillance, un des brillants côtés de l'honneur féminin le talent dans les beaux-arts.

La femme qui s'élève en mettant au profit d'un travail intelligent son goût et sa délicatesse naturels, recueille de si rares ou de si faibles encouragements, qu'il devient, un devoir pour l'observateur de saluer ses premiers succès et de lui prêter la main, si l'on est un personnage, pour la conduire jusqu'à la Renommée.

Scmtptm~e

La sculpture féminine est représentée par 3 groupes, 8 statues, 2 bas-reliefs, 20 bustes et 6 médaillons. De ces derniers, nous ne voyons à citer que le profil argenté de l'auteur, Jeanne Bonaparte (1), plus heureuse à la sculpture qu'à la gravure, malgré ses lauriers de l'Ecole nationale. Ce médaillon bien fouillé, d'une ligne pure, constitue en somme un début heureux. Notons après ceci le profil et les épaules d'une forte dame, œuvre de Berthe Valérie, et c'est tout. (t) Nous allons avoir un grand nombre de noms à écrire. Notre imprimeur nous supplie d'alléger son labeur par la suppression des titres de Madame et de Mademoiselle, difficiles et longs à composer, et de les remplacer par des prénoms qui désigneront les auteurs d'une manière plus précise et plus favorable à la mémoire.

:Ceci est grave. La seconde raison nous décide pourtant. Mesdames et Mesdemoiselles les artistes sont trop femmes d'esprit et nous connaissent assez déjà pour nous suspecter d'irrévérence il doit suf6re de leur présenter dès maintenant nos excuses.


Un seul des groupes et des bas-reliefs nous plaît les .P~~M~, d'Eugénie Le Bouviez, regrettant leur ciel bleu et le porche de leur dôme. Nous en félicitons l'artiste, qui commence. La statuaire, difficile et peu commode pour les femmes, compte en France une quarantaine de prêtresses. Huit, c'est beaucoup, ont essayé de créer des statues, trois ont réussi. Fina Nicolet avec son jS'sM~-6'co~ Jeanne Dubray avec son ange décoratif tenant haut la croix byzantine et rappelant par son titre au catalogue la devise des étendards de l'empereur Constantin. Enfin, la meilleure statue, suivant nous, serait la Sibylle, grandeur nature, exécutée par Marie Fresnaye; le livre sibyllin est remplace par une table de pierre sur laquelle Persica vient de prédire l'anéantissement du génie du mal par la Vierge; la pose a la dignité voulue, les grandes lignes s'élancent, courent et ondulent librement, et de tout point l'ensemble apparaît comme un morceau d'artiste.

Nous n'avons plus rien à dire de l'jB'~oM~ de M"Astoud-TroIIey, exposée en plâtre en 1874, en bronze en 1878. Chez cette artiste,. Calliope a chassé Apollon, la passion de la rime a empêché M' Astoud de trouver un sujet en quatre ans. Il nous reste à passer en revue les bustes. Nous saluons, comme une vieille connaissance, le buste de Scribe par Fanny Dubois-Davesnes. M. Stanley avec son vêtement collant, et M. Worms, de la Comédie-Française, sont ressemblants et animés auteurs Charlotte Dubray et Pauline Richard-Bouffé. Cette jeune Elle aux cheveux tombant par flots légers personnifierait bien la Résignation; sa créatrice, M' Signoret, l'a nommée l'Innocence; peu importe. Cette tête de matelot méridional a du caractère (n° 4632). Le


jeune tragédien en peplùm de Fanny Crozier est l'œuvre d'une jeune artiste qui ne s'était révélée jusqu'ici que par une grande habileté dans le fusain. Ce début promet.

Le ~~M~oc~eA de M' Halévy, sans le talent de l'artiste, aurait rappelé, écrasé ainsi sous son large bonnet russe, certain jeu forain bien connu. Voici un joli buste de femme, costume Renaissance, bien détaillé, quoiqu'ayant encore des raideurs en désaccord avec son ampleur c'est le portrait de Françoise de Châteaubriant, munie, sur la poitrine, de l'effigic de son royal amant; auteur Jeanne Eymard de Lanchatres. Voici mieux encore deux bustes, l'un d'homme, l'autre de femme, par Marthe Angelo le modèle féminin, fort joli, ce qui ne nuit jamais au succès d'un artiste, est décolleté, un morceau d'étone légère court sur ses épaules, une fleur est nxée dans ses cheveux, c'est expressif et élégant; le modèle masculin est très-vivant aussi sous son vêtement ouvert. Où d'autres n'ont obtenu qu'un masque, Marthe Angelo a introduit la flamme. La remarque peut s'appliquer également à Sarah Bernhardt, dont le nom retentissant va clore cette première galerie. Le journalisme parisien n'a pas marchandé ses trompettes à M"" Sarah Bernhardt, il a eu raison, cette femme est extraordinaire, mais il y a aujourd'hui pour l'artiste un inconvénient grave autrefois sa réputation passait après elle, c'était le bon temp< aujourd'hui elle passe après sa réputation, mie est condamnée au cheM'œuvro à perpétuité. Qu'on le sache bien, elle est étrangère à tout ce bruit fait à cause d'elle par les ~M~MM et les

<H~M~MM, toutefois son indépendance en

est victime. toutefdis son indépendance en

Son Salon de cette année montre qu'elle peut


encore tenir tête à son nom. Elle expose deux portraits, celui d'un auteur dramatique et celui d'un habile journaliste. Le réalisme r'a rien donné de plus vivant. Peu flatteuse dans ses œuvres, Sarah Bernhardt n'aspire qu'à entrer en lutte avec la nature et à lui disputer le mouvement, aussi aimera-t-eiïe mieux pour modèle un visage spirituel montrant comme un cadran que l'on nous accorde ce mot les expressions de l'âme, qu'une beauté grecque, impassible comme la mort, frappée de l'inertie stupide d'une mondaine qui se sait belle et redoute le contact du moindre atome.

L'art proprement dit perdrait évidemment à cette école pourtant, en matière de portrait, il n'y a pas à hésiter, on doit être de l'avis de Sarah Bernhardt.

fe!mt<M'e (Portrait et F~'M~)

Henriette Browne fait plus que soutenir sa réputation, elle l'élève. Est-il dans tout le Salon une ngurc plus distinguée, plus patricienne, plus adorable et mieux peinte que sa Convalescente. Ce visage, correct comme celui d'une héroïne de Walter Scott, rendu diaphane par la maladie et l'obscurité, se recolore à la lumière, le sang remonte la fleur se ranime, demain elle sera plus belle et plus fraîche encore. La nature s'est repentie, elle va devenir prodigue. Et comme ces étoffes floconnant, faisant parure de leurs tons délicats et tendres, sont malgré leur légèreté solidement Rxées. Nous voudrions sur les lèvres l'esquisse d'un sourire. Ce serait vulgaire, nous le savons bien, mais une convalescente est un être sauvé; or, tout être sauvé doit sourire s'il n'est pas sacrilége.


Madeleine Lemaire, que nous reverrons aux aquarelles, a brossé un spirituel portrait d'Emile Saintin, qui suffirait à maintenir l'auteur à son rang. Néanmoins, elle expose une page fantaisiste rappelant Ophélie, ses roseaux et ses iris. Admirable figure, calme, pénétrante et fascinafrice, que le pinceau n'a quittée qu'achevée. Aussi quelle récréation folle a succédé à l'assiduité Quelle sarabande le pinceau a dansée sur le reste

Après quelques Salons peu remarquables, Angèle Dubos vient de se redresser avec éclat. Nous avons moins goûté sa damoiselle au satin bleu à brandebourgs, peinte avec soin, mais trop contournée, que son portrait d'une toute jeune fille blonde à large collerette rehaussée d'un nœud bleu cette tête est vivante, les yeux out toute la transparence et la limpidité de la jeunesse. Nous glisserons sous les félicitations une remarque commune aux deux toiles les chairs ont une teinte plombée qui atténue les saillies et fond les traits désagréablement.

Une médaille méritee serait celle que. l'on décernerait à Berthe Delorme. Les progrès de l'artiste devraient ouvrir la main au jury. Le portrait de sa jeune sœur en velours violet, se détachant sur un fond de satin jaune, est d'une peinture hardie et distinguée. Nous aimons mieux cependant celui de la femme de son maître mêmes qualités, plus la grâce et le fini. L'attitude fière du modèle, reportée sur la toilé, lui donne une vitalité qui n'est pas sans charme. Delphine de Cool s'est affranchie des couleurs crues qu'elle transportait de ses porcelaines à ses toiles. Son vieux toreador en casaque orange buvant gaiement aux dangers qu'il a courus au-


trefois, est sobrement peint, bien éclairé sur un dessin irréprochable.

Pauline Coeffier nous montre le grand et beau portrait d'un jeune professeur de droit civil. Bien que l'original soit revêtu de la robe, la peinture a des retenues savantes: Ce portrait, d un effet saississant, d'une lumière douce et pénétrante, est fait avec talent. Une médaille ici, Messieurs. Il est ressemblant le portrait de M'~Roma Rattazzi, nous trouvons seulement que le peintre, Amélie Valentino, paraît avoir redouté le noir de jais des cheveux de l'enfant. L'autre figure, de femme celle-ci, est préférable; presque de dos, le modèle tourne la tête et s'arrête au profil, mouvement aimé de M. Edouard Dubufe. Peinture d'un goût exquis.

Deux figures de femmes, faites dans le même style, bien que signées différemment une jeune Vénitienne, par Helen Devy, d'une peinture harmonieuse et solide qui a tout le cachet des toiles de notre vieille école, et le portrait d'une dame âgée, par Gabrielle de Pomaret, assise et couverte de dentelles, d'une sobriété de couleur et d'une solidité précieuse.

En même temps qu'un bon portrait d'homme, Eugénie Salanson, qui expose aussi au Champde-Mars, a exécuté une grande figure de jeune marchande de mouron. Par le soin avec lequel elle est traitée, on sent qu'il s'agit ici d'une de ces études, si chères aux artistes, sur lesquelles ils se ?'<o~ la ~M~, et causent intimement, pour ainsi dire, avec leur art, pour se délasser des travaux obligatoires.

Jeanne Scapre a deux portraits, l'un d'une marquise, l'autre d'un député connu et reconnu. La marquise, sur fond rouge, est vêtue d'une


robe de velours noir, ouverte et bordée de dentelles blanches le député, qui a posé assis, a le coude appuyé sur un bureau de chêne sculpté. Ces toiles, exécutées avec sagesse de moyens et bien finies dans leurs détails, sont empreintes d'une grande distinction. Il y a des parties dignes d'un maître par exemple, le bras en raccourci du député.

Léonie Dusseuil nous montrait, l'année précé- dente, la brillante figure d'un jeune homme, co- quet et sympathique, tout pimpant sous ses vê- tements frais; aujourd'hui, îe pinceau de l'artiste, oui a toutes les souplesses, s est fait grave. Il a c; fixé sur la toile les traits d'une religieuse supé- rieure et les plis sombres de sa bure austère. On n'avait sans doute demandé qu'un portrait, Léo- nie Dusseuil a fait un tableau.

Une jeune femme, en robe de soie noire à cre- vés, coiffée d'un large chapeau empenné, portrait d'un dessin large et sûr, d'une peinture chaude et et adhérente, tel est le premier tableau que nous voyons portant la signature de Claudie. Madame ou Mademoiselle Claudie. pouvait le signer tout au long.

Une servante en fonctions devant un évier, tel est l'humble sujet de la toile principale envoyée par M"" Colin-Libour. L'œuvre est bien celle d'un professeur. Aucune faute de dessin, aucun heurt de couleurs, tout est tranquille, correct et fini comme un modèle de classe. Les vaisseaux de cuivre sont merveilleusement reproduits, les étoffes souples tombent bien; il n'y a plus qu'à dégager un peu la figure du fond.

La Ciga d'Ânaïs Beauvais est une jeune brune que le vent d'automne surprend grelottante sur un banc de pierre, et n'ayant pour tout habillement qu'une mandoline gisant à ses


pieds elle a cependant sur les genoux, pour détourner les regards de son imprévoyance, une pièce d'étoffe verte qui serait mieux à sa place sur les épaules, si l'on s'en rapportait au plus spontané des mouvements instinctifs. Cette composition manque de la gaieté humoristique dont les peintres, qui ont traité cette nouveauté avant M"" Beauvais, ont entouré la leur, Voillemot par exemple. Il faut, malgré ce défaut, tenir compte à l'auteur de son élan et ne pas tarir sur les éloges a l'adresse d'une femme qui vise, sinon à la grande peinture, du moins à la composition. Son tableau présente d'ailleurs des qualités réelles de peinture.

Devant ce portrait d'une dame brune, par Mathilde Robert, on n'aurait qu'à applaudir sans ce rose intense qui surcharge les joues et sans l'épaisseur trop accentuée des parties noires. Laure de Châtillon nous prive de ses pages patriotiques auxquelles elle substitue un portrait agréable à voir, bien qu'un peu lourdement gris. C'est celui d'une femme d'esprit et de talent, professeur dans une école municipale de dessin, exposant depuis t848 (époque à laquelle elle se nommait M"~ Delaune), une série intéressante de pastels et de toiles.

Un petit portrait de femme, en robe de satin de chine blanc, exécutée sans prétention, brossé franchement, avec une science vraie du dessin et de la couleur, représente tout le bagage artistique de Germaine Dawis. Après la toile magistrale de 1877, nous aurions le droit d'en demander davantage.

Joséphine Houssaye a fait un bon portrait d'homme, simple, mais d'une facture expérimentée.

Le portrait de l'amiral de Challié, par sa fille,


est d'une touche vivante et chaude, qualité rare chez une débutante.

Une jeune blonde couverte d'une robe noire s'est assise, découragée, sur la pierre froide d'un monument, un petit Schu bleu, le Bchu des/MWM*<f, encadre son visage, un violon tout nonteux repose sur ses genoux, telle est la virtuose du pavé par Louise Dubréau, qui avait à l'autre Salon une toile: Ne <M~y<MMM en ville, qui fut assez remarquée. Ici, la mine piteuse nous semble exagérée de plus, la vertu jolie ou la beauté vertueuse, comme on voudra, jeune et valide, se livrant à la mendicité, nous frappe comme une dissonnance qui contrarie les éloges que mérite d'ailleurs l'auteur pour sa peinture harmonieuse, d'une tonalité sympathique.

Nous aimons mieux l'~M~c d'Amélie d'Hermigny. Cette vieille mendiante encapuchonnée exhale une expression de profonde douleur. Le motif était d'une aridité désespérante on doit savoir gré à l'artiste de son courage.

Avec un bon portrait en pied d'une toute jeune fille vêtue d'une robe violette rehaussée d'un large col, Berthe Massé expose un gracieux profil de jeune brune habillée de velours noir, trèsélégante de couleur.

Marie Mathieu a dérobé aux heures du professorat le temps de peindre une jeune demoiselle, fort gentille, qui a tenu à poser avec son mignon camarade un oiseau en cage elle est dans une robe violette dont la teinte est relevée par un nœud de rubans bleu clair.

Mademoiselle Abbema. Nous voici en présence d'un pinceau intransigeant et audacieux qui ne doit aimer que médiocrement les observations. Nous voudrions bien savoir ce que pense M" Dochc, cette excellente et spirituelle comédienne,


du festin de violet auquel l'a conviée son peintre. La toile, grandeur nature, placée déjà très-haut, ~a<"ne la frise, de sorte que les qualités nous échappent. Nous n'avons rien à dire d'ailleurs d'une œuvre que l'administration a été la première à porter aux nues. Louise Abbema s'est amendée avec sa dame verte aux lilas blancs portrait de la femme de l'un de nos premiers chroniqueurs judiciaires. Abstraction faite du semis de crème devant imiter le lilas blanc et de que! que lourdeur dans les traits, il reste une toile fort gaie, dont peu de personnes aimeront l'accent criard, réservant à l'examinateur des coins joliment peints, tels que le buste, les lignes sveltes et élancées, les plis harmonieux de la robe, etc. Supposez que cette jeune femme vous apparait en plein midi, montant joyeusement les marches d'un perron, vous avez devant vous un aimable feuillet de la vie.

La.dame brune, tout de noir habillée, par Clémence Alterner, peinte de profil, est traitée avec simplicité, mais non sans talent.

La jeune fille ~M'M ~v<M~ tenant un oiseau dans la main. gauche et arrosant de la main droite un pot de primevères (n" 269) nous parait menacer la vie de ce pauvre oiseau. En effet, il n'est guère possible, lorsqu'on tient dans une main un objet d'un certain poids, de ne point fermer l'autre main ou de ne pas l'appuyer sur le corps comme dans l'espèce c est un mouvement involontaire du mécanisme physiologique. Ceci est peu de chose en somme et n'a rien qui diminue la grâce naïve du sujet, ni la tiédeur charmante de l'ensemble, encore moins la délicatesse du nn!. Nous exprimerons cette année encore le même regret la bouche de cette innocente petite fille est toujours Mbdte, il serait


facile ou d'atténuer l'éclat de la lèvre ou de moins assombrir les commissures.

M" Compte-Calix est toujours heureuse dans le genre gracieux, ses petites têtes sont bien étudiées, finement peintes et jolies, mais ce sont toujours des têtes de poupées en porcelaine. Le portrait du mari de Fauteur, M. de Fouquières, nous représente celui-ci fumant tranquillement assis sous une casquette noire qui rompt, non sans bonheur, la lumière tombant verticalement. De beaucoup, nous préférons cette peinture à l'huile aux pastels de la même artiste. Ceci pourrait être un conseil.

Depuis la dame au lorgnon de l'année dernière, Moina Binet a fait un grand pas dans le progrès. Son pinceau est toujours gras. Quoique cela, cette enfant en robe grise est bien peinte. Un gentil portrait d'un pinceau très-féminin, amoureux du détail, est celui qu'à fait, d'une dame en bonne santé, Lucile Doux. La dame venait probablement de fort loin, en chaise de poste, poser dans l'atelier, car elle est encore toute couverte de la poussière du voyage. Agar et son fils Ismaël chassés dans le désert par Sara, ont inspiré Elise Drojat. C'était une idée difficile à traduire, sortant du ~M<M~m ordinaire. Nous nous empressons de complimenter l'artiste sur son énergique résolution. Ses deux figures sont très-acceptables, mais le peintre a eu la malencontreuse pensée de soulever les sables du désert et de vouloir nous initier aux fureurs d'une trombe. Nous ne vous dirons pas ce qu'il en est résulté, ni ce que le public en a pensé, comme on dit aux jeux innocents. Traitant un autre sujet biblique, Moïse confié au fleuve, Jane Gardner a éprouvé un accident inverse. Son coin de paysage, ses blés, son ber-


ceau, ses deux corps de femmes ont du naturel dans le mouvement, de la couleur, une certaine harmonie poétique dans la tonalité, mais nous nous demandons où l'artiste est allée chercher de pareils types d'Egyptiennes. A l'Assommoir, probablement.

La Lisette de Cécile Ferrère vend ses fleurs d'un petit air narquois assez plaisant. Composition nerveuse qui eût gagné à être achevée. Pour épuiser la série des figures ou des portraits de femmes, nous citerons 1" la jeune fille qui tient un chaudron, qu'un indiscret petit chat vient inspecter; ce n'est qu'une étude, nous l'espérons, qu'a voulu faire Emma Roslin. 2° L'Espoir de Marie Dubreuil, rendu par une jeune brune aux épaules nues et portant ses regards vers Dieu; peinture élégante. 30 Un grand portrait fortement éclairé à la Bonnat ou à la JaMochkoS'. par Marguerite Massip. 4° La dame vêtue de noir, avec des grains de corail dans les cheveux, qui constitue le troisième Salon d'Angèle Marmonier; bonne couleur, mais de la dureté; l'artiste ferait bien de fondre; qu'elle consulte un de ses maîtres, pas le second, le premier. S" Le groupe aimable, par Marie Nicolas, montrant une mère enseignant la lecture à sa fille sur une image d'Epinal. M. Chaplin doit être satisfait de cet autre lui-même. Même coloris, même touche, même style, même luxe de demi-teintes. 6" Le portrait d'une jolie fille, aux cheveux frisés et fins, dans un corsage à crevés, sur un fond un peu tapageur, mais traité avec souplesse, bien rond, bien nuancé, chaudement peint dans un velouté mesuré qui donne de la grâce; auteur: Fanny Fleury. M"" Fleury nous sera reconnaissante de ne pas souffler mot du portrait des décorations du général de N. 7" Et enfin, un portrait de


M"" Marie Renaud (?), par Bertha Formstecher. Le modèle a posé assis de côté sur une chaise, sans hésitation. Le peintre a riposté, sans hésitation non plus il a brossé une figure qui, pour être d'une élève récalcitrante de Chaplin, n'est pas sans valeur. On croirait l'artiste élève de Fantin-la-Tour.

Nous signalerons, parmi les derniers portraits d'enfant, celui qu'a signé Pauline Laurens, représentant une toute jeune demoiselle en velours gris relevé d'un nœud rouge grenadier. L'enfant, qui tient un cerceau, n'est immobile que par obéissance la vie ne l'a pas abandonnée. C'est une belle peinture, très-distinguée. Puis, nous citerons le jeune garçon appuyé sur une table, en veston gris, portant les cheveux comme les enfants d'Edouard, peint par Alexandrine Joaunis les chairs ont peut-être quelque dureté, néanmoins, la peinture est remarquable. Citons aussi, à cause des progrès réalisés en un an par Ernestine Quantin, son portrait, un peu gris. Il nous reste à désigner un portrait d'homme à favoris, par Agathe Devé, et le monsieur qui lit dans une cave, par Noémie Guillaume. Nous n'aimons pas le genre paravent de ce dernier; sa peinture molle et cotonneuse, /~M, pour dire le mot, nous séduit faiblement cela nous fait l'effet d'une parodie de la manière de Rembrandt ou de Henner.

t*e!m~npe (<%M~).

Une pauvre jeune fille, victime de l'amour, revient désabusée, flétrie, au foyer honnête de la famille elle s'humilie, à' genoux, devant ses parents assemblés. La scène se passe en Bretagne. Les personnages sont bien groupés la si-


tuation, attendrissante, donne à chacun son expressionpropre. Lagrand'mère a acquitté l'enfant depuis longtemps, elle'a tout oublié, elle lui tend les bras; le père, impassible et digne, qui sait que son pardon n'effacera rien, regarde la morte vivante la mère pleure et le supplie; le frcrp. un peu retiré, frappe à la fois dans son amoui' filial et dans son amour fraternel, demeure silencieux devant toutes ces douleurs/Nous ne voulons pas chercher de défauts dans cette belle page sentimentale, sur laquelle une femme a dépensé tout son cœur.

La petite soubrette respirant le ~OK~M~, de Jeanne Fichel, a un mouvement heureux sa tête est délicieusement peinte. Sans méconnaître la ressource que les Gobelins fournissent aux artistes, nous nous demandons si, malgré ses couleurs éteintes, la tapisserie qui fait fond aux fleurs ne nuit pas à leur éclat. Dans un sujet aussi simple, aussi gracieux, il n'y avait pas lieu d'étouffer la cause au profit de 1 effet. Les jolis petits sujets Louis XIII, traités avec tant de fraîcheur et de jeunesse par Jeanne Ron-

gier, n'appartiennent pas encore à cette galerie

de tableaux qui, vous ravissant dès le premier coup d'œil, vous gardent encore une innnité de charmes cachés. Dans le F~e~ctM;, le corps en spirale de l'amoureux mélomane manque d agrément le fâcheux n'est-il pas un peu trop petit? Si l'amoureux se levait, quel géant! Il nous semble aussi que l'harmome de couleurs, déjà satisfaisante, eut été parfaite si les amoureux eussent échangé leurs perruques. Mais ceci a

peu d'importance, le point capital était d'opposer un teint à l'autre. n y a ici plus qu'une notion artistique, il y a une leçon à 1 adresse des jeunes gens, la voici dans toute sa nouveauté ae ja-


mais tomber amoureux d'une femme qui a la même nuance que soi. L'observation a beau remonter à Adam, qui, paraît-il, était brun, bien qu'il eùt pu se dispenser de cette précaution, elle est méprisée des jouvenceaux. Tout récemment un splendide jeune homme, épris d'une adorable blonde, l'a suivie à genoux de Paris à Edimbourg, et retour, sans obtenir même une mention honorable. Le malheureux était blond comme un Suédois.

Les aimables scènes Louis XV de M" Leleux nous plaisent fort à cause de leur sobriété dans la réunion de couleurs primitives. L'artiste tient ce procédé de son mari. Nous n'avons qu'une crainte, c'est que la préoccupation d'adoucir un ensemble, de le fondre dans une atmosphère nébuleuse, n'entraîne M°"* Leleux à négliger le dessin de ses figures; ainsi, nous ne lui demanderons pas la main de la jeune fille qui dessine, encore moins la tête.

La veuve d'Antigna peint chaque année un petit coin retiré avec la même dureté de touche et les mêmes négligences défauts effacés à demi par le même accent mélancolique qui révèle une âme timide, ne s'émancipant que devant la nature. Sa jeune Bretonne s'inclinant pour boire à sa cruche est gentiment posée; quel dommage que les rayons de soleil qui filtrent à travers le feuillage pour égayer les abords de la fontaine s'arrêtent trop tôt et ne viennent pas effleurer les épaules de la buveuse. Quel joli effet manqué 1 Dans le paysage, où l'on peut tout oser, puisque la nat.ure est responsable, la pusillanimité du pinceau est impardonnable.

Une artiste américaine, Comélia Conant, débute chez nous par une petite toile intitulée la Veûle d'une /?<! <M~<MM~. On y voit des enfants


occupés à la confection de drapeaux. Peut-être trouverait-on quelque inexpérience de mise en scène; en attendant, on doit reconnaître chez ces enfants des mouvements naturels bien observés. Croirait-on qu'une dame qui expose pour la première fois ouvre sa série par un tableau intitulé Découraflement, représentant, devant, son chevalet, une ~Mc armée du pinceau et de la palette, anéantie, sans doute, par un clair obscur récalcitrant. Pas encore, madame Petros. Courage, votre petit tableau est d'une bonne lumière on croirait voir un petit Rembrandt. Bébé vient de se réveiller, sa mère le cueille dans son berceau, l'enlève et l'embrasse le bambino tend ses petits bras potelés et sourit à cette première caresse. Gentil sujet, gentille petite toile, un peu étouffée par ses voisines. L'auteur, Amélie Reumaux, n'a encore exposé qu'én province, nous le regrettons.

~e!m<mpe ~mMM~.)

Le baiser maternel interprété par Juliette Peyrol est celui qu'une vache donne à son veau. Passons. La mare défendue par une oie est.meilleure la vache a des raideurs de contours et des duretés de tons que n'ont jamais commises ni Van Marcke, ni Troyon, mais le mouton, par contre, est admirablement peint.

Louise Lalande, très-compétente pour les études de chiens, a envoyé deux chiens en arrêt savamment dessinés ils ont la forme, la couleur et le mouvement. Que peut-on attendre de plus? R Le chien est l'anhnal nerveux par excellence, toujours agité, changeant d'allure à toute minute. Dévoué jusqu'au sacrince de sa vie à la


plus cruelle des espèces, le pauvre imbécile n'a aucune complaisance pour les peintres. Le roquet d'Estelle Feral doit être en effet une fine-mouche; de sonpetit air goguenard, il semble dire « Mon peintre ordinaire débute, faites-en donc autant. » Pas possible, cher Little Fly. Peinture (.M~M~, FMM .P~.M~). Nous saluons avec respect les toiles de M" Elodie La Villette elles sont plus favorables à la cause des femmes que les plus chaleureux discours. Nous traduirons ainsi notre impression «Voici ce que peut faire une femme » Chacune de ses marines est une fenêtre ouverte sur la nature, suivant l'expression de M. Louis Enault. Dans les Falaises ~F~o~, par exemple, combien est fidèle la représentation de cet équerre grandiose produit par l'assaut éternel livré par la mer à la terre. Avec quel sentiment ce pinceau, devenu le confident de la nature, a brossé ce vaste et profond horizon, et même cet air vif et pur qui balaye l'espace et laisse voir à nu les nuances capricieuses que le plafond céleste fait subir à l'eau et à la terre. M" La Villette fait une élève, sa sœur, Mmo Espinet, qui a le bon goût de voir par les yeux de son maître. Celle-ci nous convie au flambage d'un gros bateau de pêche. Un marin ne trouverait rien à reprendre au gréement de l'embarcation, mais un critique taquin trouverait peut-être que l'horizon manque de profondeur ou que la plage est dépourvue de plans. L ru était

Ernestine Lavieille, dès sa naissance, était vouée au paysage; fille d'un paysagiste et de plus, née presque dans le Bas-Bréau, elle devait


suivre fatalement les petites flèches bleues du bienfaisant Deuecourt. Cette année, l'artiste a traversé la forêt et rapporté de Thommery-lesTreilles une vue du Chemin-des-Buttes aux Sablons. Quelle admirable couleur et quel habile eopiste le soleil a rencontré Nous reprocherons cependant à l'artiste un papillottement général fatiguant pour la vue. Nota ne pas regarder les pieds de derrière de la vache uoire.

Caroline Courtin a tiré des bords de l'Aven, un petit paysage ~ai. La rivière, après quelques méandres, s'enfonce sous les arbres, un pont de bois, jeté au second plan, et quelques canards folâtrant sur l'herbe occupent les regards. C'est un peu monotone, un peu gris, mais l'étude est valable.

Les grands murs nus d'une halle au poisson, cette halle fùt-elle provençale, n'ont rien pour faire frétiller les pinceaux cependant, la femme d'un peintre, M"" d'Alheim, a jugé ce motif suffisant. Cette vue en vaut une autre après tout, la lumière froide et tamisée qui dessine les vendeuses est d'une observation juste. L'auteur a fait des progrès depuis sa C~j~MM~'c de 1876, signée Jeanne Limousin.

Peinture ~F?<M~ et Fh~

Euphémie Muraton nous offre un second service de grenades. Loin de nous en plaindre, nous regrettons de ne pouvoir les emporter. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus des grenades ou du plateau d'argent, tant les reflets de celui-ci sont d'une illusion surprenante. Quelle étincelante palette! Adorable aussi l'autre toile, de fruits et de gibier celle-là les petits oiseaux,


hier sur la branche, aujourd'hui dessous et pendus à elle comme par ironie, les pêches, le melon, les mirabelles sont d'une venté succulente, on mordrait dedans, disait une dame. Toutes ces jolies choses, arrachées à la vie par une main sotte et destructive, ont trouvé une fée en M"* Muraton, une seconde existence, de nouveaux Tantales.

Une branche d'iris, un chrysanthème blanc et quelques brindilles de gypse fine ou autres fleurs légères, émergeant d'une carafe de cristal à col efSIé posée sur un guéridon au milieu de points de Malines et de Valenciennes, tels sont les objets gracieux groupés avec élégance par Pauline Cuno. L'artiste, dont le goût se manifeste avec éclat, a ménagé au cœur même du bouquet, une cavité simulée par du feuillage sombre; cette cavité, qui fait valoir avec vigueur tout le reste est une trouvaille. Pour une débutante voici qui promet des merveilles. Le livret certifie que le n° 616 est de la même main, ceci est un poisson d'avril tardif.

M" Malbet, deux vaillantes amies de la nature, ont, comme d'habitude, fait cause commune avec les fruits et les fleurs. Elles ont quatre toiles remarquables. Nous signalons le plantureux amas de fruits peints par Delphine Malbet, très en progrès; les fraises dans une feuille de chou, le citron coupé à vésicules transparentes sont d'une imitation minutieuse et parfaite. Léontine Malbet joint à sa bonne toile de roses blanches et de pêches, une étude d'azalées blanches et roses, le peintre s'est tiré en maître de la difficulté de reproduire ces fleurs si tendres sous leurs pétales de mousseline.

Les camomilles des champs de Louise Darru, quoique bien détaillées, ne valent pas les roses


de 1877, les coquelicots qui les accompagnent sont privés des reflets de satin dont nos yeux aimeraient à se réjouir. Emma Fanty-Lescure a mieux peint les siens.

Un peu chargé le bouquet de Clarisse Alozio, le large soleil abuse de son disque envahissant, mais la couleur générale est vraie. Bon début. Les roses et les giroflées de Léonie Barillot (un nom nouveau) sont une excellente étude. Couchées sur le coin d'une table, elles ont été saisies sans arrangement aucun; c'est un excès de simpHcité prévue; les roses, ainsi séparées les unes des autres, étaient plus faciles à peindre. Le second Salon d'Anna Bourgeois n'a rien gagné sur le premier. Les chrysanthèmes dans un vase de faïence camaïeu, sout rendus avec soin, il faut le dire. Le chrysanthème est une fleur complaisante, qui pose longtemps, dont le d'étal! échevelé est d'une reproduction rapide; les artistes n'en abusent-ils pas un peu? En voici sur un banc de pierre par Julie Crouan, en voici encore avec des marguerites par Stéphanie Dussieux. Tous sont très-vifs, très-frais, mais trop de chrysanthèmes.

Après avoir montré un bon tableau en 1876, puis un moins bon en 1877, Louise Desbordes vient de ressaisir le succès avec de belles pivoines traitées en panneau. Peinture large, abondante, colorée.

Les hortensias de Gabrielle Desvignes méritent plus que des encouragements. Il y a progrès sur le portrait de 1877.

Ces deux pots de primevères d'Emily Palier ont le velouté agréable. La bourriche versant, gtroQées, jacinthes et pensées par Marthe de Jouffroy, est d'une simplicité heureuse en dépit de quelque négligence de dessin. On conçoit ai-


sément que l'auteur ait eu des succès en province.

Rien, cette année, de M"" Alice Vasselon. Ce pinceau délicat et gracieux aurait-il des défaillances ?

PehtÉm'e C~~M~M ~M'~

Des huîtres, des crevettes, un citron coupé, des verres à boire du vin du Rhin, tout cela bien éclairé, frais et vrai, constitue la toile de début d'Emma Beleys.

Un bar reposant sur des huîtres, appétissant comme la vitrine de Chevet, tel est le tableau de M"" Noble-Pigeaud.

Pour terminer avec les mollusques, citons les cinq coquilles d'huîtres et les moules d'Amélie Deschamps. On ne saurait reprocher à la débutante la recherche dans les apprêts.

Brillant pinceau celui d'Isabelle Claudon. Sa nature morte est vivante: violon, flaoon, lauriers, le tout rehaussé d'une draperie doublure orange, s'entend bien à fournir une décoration puissante.

Sabine Méa pouvait se dispenser d'annoncer son maître. Son vase de Sèvres, et surtout son aiguière en cristal de roche, avec ses facettes et ses transparences, rappellent M. Desgoffes. Un peu ternes, les vieux livres, le collier et le pistolet de Louise Blanchard (un nouveau nom). Tant de locomotives lancent leur suie sur les fenêtres de l'artiste 1 Mais ces objets sont bien détaillés, bien finis.


M!n!&tmres e< Emaux

L'art si féminin, si gracieux, mais si long à acquérir, de la miniature, fait peu d'élèves. Nous ne voudrions pas faire un grossier rapprochement, cependant, il faut en convenir, les photographies enluminées, assez bonnes aujourd'hui, sont auprès d'un certain public en rivalité avec les miniatures. Par leur exposition annuelle, les artistes ont l'esprit de montrer qu'ils ne sont point surpris d'une nouveauté qui les atteint ils soutiennent hardiment ce côté charmant de l'art français. Il existe chez nous et ailleurs, d'assez nombreux amateurs connaisseurs pour délivrer les palmes aux miniaturistes.

Si l'on remarque peu de signatures nouvelles, en revanche celles de M* Monvoisin, Lapoter, Delville-Cordier, dont le public a consacré la notoriété, ainsi que celles de M" Caroline Desenclos, Thérèse Chautard, Marie de Chevarrier, qui gagnent* chaque jour de nouvelles mémoires, les meilleures en un mot traduisent leur ferveur et leur confiance par des bijoux remarquables. La dame brune en robe bleue (n° 3517), le portrait de M. Davrigny par M"" Lapoter, si vivant qu'on dirait que le jeune comédien va dire les .P~MMM la jeune fille vêtue de soie noire (n° 2623), d'un délicieux détail; les deux enfants par Caroline Desenclos, ainsi que la dame parée de violettes et de marguerites, par la même, sont d'une douceur et d'un fini adorables. La jP~t~ du ~M~d'après Cot, par M"" Boquentin, est d'un effet un peu vif, pourtant les parties ombrées sont aérées.

L'administration a classé avec la céramique


cinq petits portraits peints à l'huile par Louise de Lacger, de Toulouse. Rien n'est plus coquettement terminé que cette œuvre d'un pinceau effilé comme la pointe d'un graveur.

Aux émaux, nous avons noté le F~ ~<MM~M, camaïeu grisaille de Marie Gobert; un portrait de femme (pas celui de la reine d'Espagne) par Marie Puisoye; le portrait de sa sœur, par Gabrielle Debillemont; deux portraits d'hommes par Henriette Horden, qui jusqu'ici n'avait exposé qu'aux porcelaines, eti'gcc, de Marie de Nugent.

Aquarelles et Gouaehes.

Les aquarellistes voués au paysage ont toujours à leur tête M°"'la baronne Nathaniel de Rothschild et M" Courtois-VaIpinçon. Celle-ci montre neuf vues prises aux environs de Dinard. On ne rend pas avec plus de sûreté ni avec si peu de touches le soleil, la distance et le grand air. M" de Rothschild, qui s'était abstenue en 18T7, a passé d'Italie en Bretagne, d'où elle rapporte deux brillants feuillets, garnis au premier plan de ces effets de mirage que l'artiste recherche et rend avec tant de bonheur; les maisons du vieux Vitré avec leurs toits moussus, pittoresquement superposés, et ce lavoir breton au milieu de masures dont les lignes sont rompues par des bouquets d'arbrisseaux dont les racines sont un mystère; toute cette nature est soigneusement reproduite.

Amélie Rey a tiré d'un site connu du Dauphiné, la Monde, une très-franche aquarelle. Après la grande nature, la petite après les arbres, les fleurs; après les maisons, les habitants. Voyons d'abord les fleuristes. Voici M* Le-


maire avec de grosses roses jaunes et des marguerites les fleurs viennent d'être coupées. leur éclat va disparaître, l'artiste le sait, aussi l'on jette les tons à la hAte, ils se pressent, s'accumulent, complètent des ensbmbles et prennent des formes avec hardiesse, avec brio, avec science. Cette école parait être suivie avec intelligence par une jeune artiste, Jeanne Mazeline, qui débutait cet hiver au Salon de Nice; ses roses sont largement peintes. Plus loin, nous rencontrons des talents différents en Marie Pichon fqui s'abstient à la peinture), et en Fanny Burat; les anémones de l'une et les capucines et volubilis de l'autre sont, au contraire, d'un pinceau plus retenu, mais nnu moins heureux. Les anémones de M"' Burat, cependant, sont en trop grand nombre, elles ont l'aspect d'une tapisserie. Dans les rares figures à 1 aquarelle, nous distinguons une petite femme en satin violet, époque Louis XVI, consultant son baromètre, par Cécile Lafosse; l'allure, le mouvement n'a peut-être pas une grâce accomplie, en retour, on est ravi de la bonne couleur obtenue par la silhouette sur le fond marbré de la salle. Nous voyons ensuite un amoureux Louis XV, coloré gentiment, attendant que Louise David le vienne débarrasser de son chapeau; puis une dame couverte d'une robe épatsse, par Bertha Formstecher; et enfin, la petite blonde, peinte avec amour par sa mère, Alice Wagrez. N'oublions pas une ûdèle copie de Palizzi, par Marthe LanjaIIey.

Des éventails, nous parlerons peu. Soit par fatigue, soit par sévérité injuste, nous ne les trouvons pas brillants. Le ~e~c~ aw-c F7eM~, d'Eugénie Gruyer, qui signait hier Brielmann. et obtenait sous ce nom un prix à l'Union centrale, a des groupes heureux, maia l'ensemble est


inondé de laque; le Coin de %OM, copié sur Delobbe par Alice Lévy est meilleur; il a des verts et des bleus irisés comme des décors de féeries. Les Z~KCM~, de Marie Pichon. méritent mention. Nous ne voyons plus à citer qu'une gouache à la mode, du blanc sur soie noire, d'Eugénie Molard, et la J?<<< de Thérèse Roubaudi, dont nous écrivons le nom pour la première fois. Pastels, Fnsa!ns, etc.

Marie Fontaine, délaissant les fleurs pour la figure, a fait de son père, -et de son maître à la fois, un magnifique grand portrait souple, transparent et solide. Sur le même rang, notre appréciation place Pauline Coeffier, Louise de Lacger, Marie Baübry et Jeanne de Lanchatres. D'un accent plus chaud que sa voisine, la blondinette, en chemise, de M"" Coeffier; est ravissante d'espérance sous sa chevelure luxuriante; la Jane, de M" Baûbry offre les mêmes qualités sous sa mousseline blanche nxée par une ceinture écossaise. Comme Elisa, Jane a d'abondants cheveux. Le profil 2888 est d'une coquetterie charmante, d'une harmonie fine. Les deux grands portraits dessinés par Louise de Lacger sont dignes d'examen. C'est d'abord une jeune brune, en robe bleu-clair, le coude appuyé sur des livres placés sur une table au milieu des objets favoris du modèle, trop de détails puis une autre brune, de profil celle-ci, toute de rosé habillée, mieux éclairée, plus fondue et plus ronde. D'autres pastels nous ont retenu 1" la dame âgée, de M" Mac-Nab, professeur municipal; 2° la petite fille oravatée de bleu, par Marie Bordeaux 30 une tête d'étude, tête féminine, parée


d'une chevelure à la Titien, par Valérie Gautier; 4° une grande figure de femme en robe jaune un peu ouverte, par Lucile Artus les étoSes sont exactes, mais le visage ne donne que des promesses, ilest monté sur une carotide raide et disgracieuse, et les yeux sont desséchés sous de la poudre de charbon. Hâtons-nous d'atténuer notre sévérité en rappelant que nous ne discutons que les œuvres ayant une valeur quelconque. Citons enfin, pour fermer la galerie des portraits, la jolie petite fille au sourire d'adulte, dessinée par Blanche Langlois, très-fraîche et très-coloré au retour d'une course dans les blés.

Si nous passons a l'examen des fruits au pastel, nous trouvons deux artistes qui ont atteint; suivant nous, la perfection; l'une est Eugénie Pelletier, auteur des framboises et des prunes dans des feuilles de chou; l'autre est Claire MaIIon, qui a signé une branche d'abricotier chargée de ses fruits. Ces modestes, mais superbes études, n'ont de rivales qu'en la nature.

Arrivons aux fusains. Le fusain a fait des conquêtes nouvelles, toutefois, il garde ses fav orites M* Fanny Crozier et de Naintré, (pseudonyme de M"" L. d'I.). M"" Crozier a dessiné une vue des bords du Rhône, non pas ce Rhône impétueux qui se permet les galets comme un océan, mais un Rhône tout jeune, contournant avec docilité un paysage qu'il anime, qu'il rafraîchit, qu'il ensoleille et qu'il poétise. Le pont de Bétharan, connu des touristes, a trouvé, lui aussi, un aimable interprète en M" de Naintré, qui a copié, sans trop de lourdeur, les nappes de verdure suspendues à ce pont et qui font de lui un décor de ballet. Si nos souvenirs sont précis, il nous semble que l'artiste a omis de reproduire la toile de fond dudit décor. Un gentil fusain est encore


celui de M"' Bouvier-Pellion, donnant une vue de Manneville prise en deçà de la porte du vieux château. De la part d'une commençante, c'est fort joli.

Parmi les dessins, nous choisissons un bon profil par Eugénie Frisler; une jeune fille assise tenant un éventail, d'un crayon un peu dur, mais habile, par Louise Duponchel; les petites Italiennes, de Florence Kœchlin et d'Hélène Przepierska, et trois portraits d'enfants, estompés par M~'Wymbs.

iPereeMmeat et Fatemeea.

Le nombre des œuvres d'art exposées dans cette catégorie suit une progression ascendante considérable, on l'a vu par notre tableau. Chaque année, l'examen devenant plus long, rend en même temps notre choix plus scabreux, plus délicat; notre attention est tenue en éveil par la crainte de décourager qui que ce soit. On rencontre moins ici que dans les autres branches des beaux-arts, des talents dits <f<M)M~M*, sur le degré desquels la critique peut dire librement son sentiment. La plupart des peintres céramistes cherchent dans 1 exercice de leur art une ressource lucrative on doit donc être circonspect. Nous ne pouvons pas non plus nommer tout le monde. Que faire alors? Se taire? Est-ce possible lorsque tant de talents disséminés demandent justice? Peut-on, par exemple, obtenir sur porcelaine un portrait de femme meilleur que celui de M"" A. par Claire Chevalier, d'une pureté et d'une harmonie aussi suaves? Quelle expérience des couleurs vitrifiables Peut-on mieux reproduire le Printemps que Delphine de Cool? Le


camaïeu rouge d'Elisabeth Bernard? LAtala, si bien dans le style de l'original, par Marie Bodsom ? La JVo~<MM~ de Vénu, d'Eliane Pappassimos ?le F~e~~w fJL~M~ de Camille Brazon ? R Le n" 245 i, de Louise Bion? Le n" 3685, de Marie Puisoye? Les deux ovales fleuris, si finement peints, de Louise Coura)od? Le petit <So<M ~o~. un vrai Diaz, de Virginie Quesnel-Pouyer, etc.? q Ne sont-ce pas là des morceaux de premier ordre? 't

Il faut absolument que l'on nous passe pour cette fois la division en trois sections du mérite de ces infatigables et si intéressantes artistes. On vient de lire la première, voici la seconde les roses et les ~w~~ d'Emma Boyé, la ~~<z de Mélanie Bocquillon, dont le pinceau ne laisse pas la couleur patiner sur l'émail; le portrait d'une forte dame blonde par Eugénie Delahays; une fort belle Léda de Moreau sur émail cru par M"" Bauderon de Vermeron, un grand camaïeu bleu, très-vigoureusement nuancé, par M" Léon Boutin; la 2~~ de Claire Hildebrand, des portraits par Marie Jalabert, Marie Rouen et Marie Leclaire, le vaste plateau de Marie Boverat (depuis hier M"* Alavoine), le n° 2493 par Gabrielle Bouilh et le n" 2418 d'Alice Bellion, la dernière Vierge de Bouguereau par Jeanne Vautrin, un Chaplin par Eugénie Salle, une idylle de Berthe Lajugie, etc., etc., et une vingtaine d'autres noms inscrits sur notre carnet et qu'à notre grand regret nous sacrifions faute de place.

Passons à la troisième série. Voir le livret. €<Mtvmpe

Désertion générale à la gravure. Seule, Pauline Laurens pourrait être citée avec justice. Faisons


uu effort, promenons nos regards à trois mètres au-dessus de leur niveau. Voici cinq sujets destinés à illustrer un livre de Droz, gravés sur buis par Claire Duvivier voici d'autres bois, diantrement secs, envoyés par M" Lecoursonnois et Clémence Moll. Mesdemoiselles que vous êtes jeunes encore! 1

La gravure sur pierres fines est plus heureuse. Elle compte une représentante, Léonie François, qui a un très-pur profil de Méduse sur cornaline. Notre humble examen est terminé. C'est ~a~'cWM~ /OM qu'à propos du Salon, on publie sur les ouvrages des femmes un compte rendu aussi spécial, aussi détaillé, aussi étendu. Nous espérons qu'en faveur de notre labeur consciencieux il nous sera fait rémission des fautes qu'inévitablement nous avons dû commettre dans un travail aussi hâté.

LES FEMMES ARTISTES

A L'EXPOSITION UNIVERSELLE

Dans notre Gazette des j!M~, nous avons annoncé une étude sur les travaux féminins à l'Exposition universelle. Pressé par la nécessité de publier le Salon en temps opportun, nous né pouvons fournir ici cette étude si longue, qui n'aura d'intérêt et de valeur que si elle est méthodique et par conséquent faite lentement. Nous la publierons, en attendant mieux, dans la (??des .Z~MM~y.


Toutefois, dans nos courses rapides au Champde-Mars, nous avons pu saluer des œuvres dont nous avons déjà rendu compte ailleurs, ou dont la beauté nous a frappé, entrautres les tableaux de M' Henriette Browne, d'Elodie La Villette, d'Eugénie Salanson, de Marthe Esnée-Perin, de Clémentina Tompkins, de Rosa Veuneman, d'Agnès Borjesson, etc.; les aquarelles de M" Madeleine Lemaire, de la baronne Nathaniel de Rothschild, de Gillies, etc. les sculptures de M" Léon Bertaux ou Claude Vignon, de miss Grant ou de Fina Nicolet, etc., etc. les émaux, les faïences ou les peintures toutes spéciales de M" Fanny Olivary, J. Sterne, Marie Puisoye, comtesse de Villermont, etc., etc.

17 juin 1878.

La Gazette des Femmes, revue du progrès des femmes dans les beaux-arts, la littérature, l'enseignement, etc. Rédacteur en chef Jean ALESSON. 26, rue d'Arcet, à Paris. &. par an. Rédaction place de Vintimille.

–s&f~–i-!j'.

M<. tmp. Dtmtt, rue d'ArMt, M.