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Titre : L'Aurore : littéraire, artistique, sociale / dir. Ernest Vaughan ; réd. Georges Clemenceau

Éditeur : L'Aurore (Paris)

Date d'édition : 1897-12-17

Contributeur : Vaughan, Ernest (1841-1929). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32706846t

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32706846t/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 24412

Description : 17 décembre 1897

Description : 1897/12/17 (Numéro 60).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k701426w

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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Directeur

ERNEST VAUGHAN

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Six Trou Un fta moisi mail

PARIS 20 » 10 » E *

DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE. 24 » 12 » 8 » PTRANÛER(UNIOK POSTALE)- 35» IS » 10 »

POUR LA RÉDACTION 1 S'adresser à M. A. BERTHIER

Secrétaire cle ta Rédaction

ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : AURORE-PARIS

L'AURORE

Littéraire, Artistique, Sociale

Directeur

ERNEST VAUGHAN

LES ANNONCES SONT REÇUES Z 142 - Rue Montmartre - 14*

AUX BUREAUX DU JOURNAL

Le* manuscrits non insérés ne sont pas rendus

ADRESSER LETTRES ET MANDATS t A M. A. BOUIT, Administrateur

Téléphone : 102-53

Tous les abonnés de l'Aurore et tous les acheteurs au numéro devrontexigeraujourd'hui notre prime

la feuille, par Zod'Axa,

illustrée par Steinlen.

L'Affiche le l'Aurore

Dan» les rues de Paris, sous le ciel d'hiver, une affiche passe aux carrefours, apparaît aux murailles. Un paysage nu, ouvert au souffle de l'espace. A l'horizon, une grande lueur qui envahit le ciel, une lumière ijui se propage. Debout, regardant cette flamme grandissante, une femme pâle, le visage éclairé parle premier rayon de l'astre encore invisible. Elle est comme une statue noire, dressée dans ses vête- ments de deuil, d'orpheline et de veuve. Elle sort de la nuit, elle monte de la terre obscure, elle surgit d'une région de ténè- bres. Ses deux mains blanches, écartant les sombres voiles qui la couvrent, sem- blent aussi déchirer les tristes nuées q;ui cachent lo ciel, traînent sur le sol. Elle abandonne son visage douloureux à la ca- resse et y l'espoir du jour naissant. Elle aspire cet air frais qui vient avec Sa lu- mière, cilo se reprend à vouloir vivre, son geste machinal dit sa surprise, son émo- tion, elle croit à la promesse de bonheur, tout à l'heure elle va sourire à, l'aube nou- velle.

La page où se Ut ce beau et grave poème porte ce litre : L'Aurore - et cette signa- ture : Eugène Carrière.

Nous avons cette joie et cet orgueil qu'un tel artiste soit venu à nous, ou plutôt se soit trouvé, naturellement, au rendez- vous de pensée que nous donnons à tous. Tout de suite, Carrière a su le caractère de l'oeuvre que nous tentions et il a réalisé par l'image le programme que nous avions formulé par un mot, il a déployé notre drapeau. Mystérieuse correspondance qui existe entré les termes, les traits, les for- mes, les couleurs. S'il fallait encore prou- ver que le but suprême de l'art est l'expression, que l'écrivain et l'artiste se servent do deux langages pour dire les mêmes choses, l'oeuvre admirable que j'annonce viendrait à sou heure pour achever la démonstration,

La figure de femme qui se lève ainsi de l'ombre et va au-devant de la clarté, n'est- ce pas la représentation de l'espoir invin- cible qui anime, sans cesse et malgré tout, la pauvre et grande humanité? Elle a tra- versé les pires malheurs, supporté les plus affreuses tristesses, elle est. son en- nemie à elle-même, elle est la victime de son ignorance, de sa misère, de ses vices, de ses faux intérêts, elle a suivi de cyni- ques et perfides conducteurs. Elle a été mille et mille fois trompée, vaincue par les maîtres qu'elle s'est donnés, par tous ceux qui lui ont parlé d'idéal et de gloire, par ses prêtres, ses capitaines, ses gou- vernants de tous genres. Toujours pour- tant elle s'est relevée de ses chutes, elle a oublié ses blessures, elle a cherché de nouveau, à tâtons, son vrai chemin, tou- jours elle a eu l'espoir de voir pointer l'aube, de découvrir le grand soleil de vérité et de justice.

11 est pourtant, parmi les serviteurs de l'humanité, des hommes qui no l'ont pas trahie. Ce sont ceux-là qui ont pensé pour elle, qui ont poursuivi, en dépit de tout, leur oeuvre solitaire,qui ont dit nettement ce qu'ils avaient découvert, qui ont été aussi probes et désintéressés, dans ieur enquête sur la nature et sur la société, que le savant, accomplissant pour, lui seul, pour son désir de vérité, son expé- rience de laboratoire. Ces hommes, vous les trouverez dans la science, dans la lit- térature, dans l'art. Quelques-uns aussi dans la politique, où on leur a fait payer chèrement, comme à ce pur et in- flexible Blanqui, la force irréductible de leur pensée solitaire.

Tous ceux-là, en avant de la foule, mé- connus, et même ignorés par elle, ont pourtant travaillé pour la foule. C'est le spectacle du monde, de l'universelle mi- sere, de la perpétuelle déroute, du perma- nent écrasement des faibles, qui a suscité chez cette élite de l'esprit les oeuvres de science, de vérité, de justice. La plupart de ces hommes, pour pouvoir s'exprimer librement aux temps do mansuétude rela- tive,ont dû renoncer à l'action. Mais, dans leurs oeuvres, il y a de l'action future, il y a la création latente de l'homme de de- main. C'est le plus long, mais le plus sûr et l'indispensable moyen d'émancipation. C'est ce moyen que nous voudrions em- ployer, à notre tour, dans la mesure de uos forces. La même fâche, qui a été celle des plus hauts génies, peut être essayée par les plus humbles des serviteurs du vrai. « Je voudrais faire un journal qui Aurait pour titre : Deux Sous de vérité .' » disait souvent à ses amis Edmond de Gon- court. Nous essayerons d'en donner ici au inoins pour un sou tous les jours.

Nous sommes heureux que cette oeuvre d'Eugène Carrière, une affiche pour l'Au- rore, nous ait permis de préciser ainsi notre programme, ou plutôt notre désir. Nous ne nous présentons pas, en effet,avec un autre projet que de rechercher libre- ment toute la signification de la vie qui se déroule devant nous. Nous ne sommes in- féodés à aucun groupe, nous ne prenons le mot d'ordre d'raucun parti, pas mémo du nôtre, nous avons, vis-à-vis des socia- listes de toutes les écoles et de toutes les tactique. s, la même attitude d'indépen- dance que devant les ralliés républicains et les républicains dévoyés.

Pourquoi ne pas entrer encore dans d'autres détails que le publie a droit de connaître, et ne pas dire que nous som- mes aussi libres financièrement que po- litiquement. Lapremière mise de fonds de ce journal a été faite par des «mis de cette

liberté d'Idées, qui est la nôtre. Ils ont compris, approuvé notre tentative, ils n'ont rien à nous imposer que la fidélité à notre origine et à notre engagement. D suffit, et il suffira, d'ailleurs, de lire ce journal pour apercevoir que les opinions soutenues ne s y mélangent pas de propa- gande d'affaires. Nous essayons de creer un public qui se charge à lui seul de faire vivre la feuille où il trouvera la défense de ses intérêts, de ses idées, de sa vie. C'est dire que nous ne partons pas en chasse des gros bénéfices. Mais l'aventure est grande et belle de tenter une fois de plus le grand et beau combat do toujours, sans haine pour les individus, avec l'a- mour des idées fécondes, pour la justice et pour la vérité.

Gustave Geffroy.

COUPS DE POINTE

Etes-vous pour M. Dubout ou pour M. Bru- netière ? Voilà qui est aussi passionnant que l'affaire Dreyfus, et plus amusant. On ar- rive, en effet, pour peu qu'on réfléchisse en toute bonne foi, aux conclusions les plus inattendues.

Voyons : que la pièce de M. Dubout soit bonne ou mauvaise, la question n'est pas là. Un monsieur qui s'intitule critique prétend qu'il a le droit de parler d'une oeuvre litté- raire. El l'auteur de cette oeuvre n'aurait pas le droit de répondre? Une critique ne peut pas être autre chose qu'une discussion, et, pour discuter avec fruit, il faut être au moins deux. Il n'y a que les héros de M. Paul Bourget qui discutent Uvec eux-mêmes. Dans la vie réelle, on ne discute pas avec soi- même : on s'approuve. C'est plus simple.

Un critique bien élevé ne doit point s'of- fenser qu'on lui fasse l'honneur de lui ré- pondre : cela signifie qu'on l'a pris au sé- rieux,

La chose vous parait claire, hein? Oui, mais supposez que M. Dubout ait gain de cause, qu' il crée un précédent, et que je m'a- vise de critiquer ici l'oeuvre de M. Ledrain. Voyez-vous l'Aurore reproduisant toute la traduction de la Bible, par autorité de jus- tice/ Alors, quoi ? Etes-vous pour M. Brune- tière ou pour M, Dubout ?

EMILE SENNERIEUX.

DES FAITS

Coût : quatre cent mille francs

M. Billot vient do décider que la brigade de cuirassiers qui occupe Tours changera de

garnison avec celle de Sainte-Menehould et e Vouziers.

Ce changement de garnison, qui ne répond à aucune nécessité, correspond à une aug- mentation budgétaire de quatre cent mille francs.

Il est vrai que le commandant de la bri- gade de Sainte-Menehould est le général de Kerdrel, allié à une famille de Tours et pro- che parent du sénateur Audren de Kerdrel.

Simple coïncidence, sans doute.

A. R.

FEUILLES VOLANTES

DE LA COULEUR DES NÈGRES

La race de Cham a été pour les physio- logistes, les biologistes, les anthropologistes et autres gens en istes, l'occasion de nom- breux problèmes. Beaucoup d'hommes de science ont pâli sur ces problèmes, ce qui contribuait à les différencier des sujets de leurs études.

L'une des questions suscitées par les personnes à la peau sombre est même consignée dans une romance célèbre :

Pourquoi donc les négresses,

Au dire des savants...

Vous savez le reste. Si vous ne le savez pas, ce n'est pas moi qui vous l'ap- prendrai. Je ne l'ignore point. Mais je ne suis pas chargé d'enrichir votre répertoire de suaves cantilènes.

D'ailleurs, ce n'est pas la question traitée dans celle-ci qui actuellement me préoc- cupe. C'est la question suivante, posee par notre éminent confrère Henri de Parville : Pourquoi les nègres sont-ils noirs ?

Vous me direz qu'ils sont noirs pour être nègres et pour se distinguer des blancs. C'est une réponse. Elle n'est pas absolu- ment satisfaisante. Les descendants du plus irrespectueux des fils de Noé ont assez d'autres caractères particuliers (nez épaté, grosses lèvres, cheveux laineux) pour pou- voir se passer de ce beau ton d'ebène étalé sur leur épiderme. Pourquoi donc sont-ils noirs ?

11 semble qu'ils ne devraient pas l'être. En effet, quels pays habitent-ils ? Les pays chauds. Or, le noir absorbe la chaleur beaucoup plus que le blanc. Donc, la peau du nègre doit absorber la chaleur d'une façon désastreuse... Et, cependant, le nègre mieux que le blanc supporte les ardeurs solaires. C'est à en perdre la boule (noire) l

Pour résoudre ce casse-tète, non pas chi- nois, mais africain* vous feriez ce que j'au- rais fait moi-même : vous iriez explorer de sombres monticules... N'en faites rien ! Dirigées de ce côté, vos recherches seraient inutiles. C'est sur le mont Blanc que vous enverra M. de Parville. On ne s'attendait

guère à voir le mont Blanc dans cette af-

faire.

Néanmoins, il y est. D'expériences exé- cutées simultanément à Chamonix et à la Mer de glace, et dans le détail desquels je neveux pas entrer, il résulte : qu'il y a lieu de distinguer entre l'action chimique des radiations solaires et leur action calorifique; et que le noir, s'il absorbe la radiation calorifique, n'absorbe pas leur radiation lu- mineuse; d'où il suit que le noir - bien qu'augmentant la température - diminue assez faction lumineuse pour atténuer for- tement les effets du blond Phoebus sur l'é- piderme. Par conséquent, les nègres résis- tent plus facilement que les blancs au soleil tropical; et ce que les blancs qui se risquent sous ces latitudes torrides auraient de mieux

à faire, ce serait de s'enduire de noir de fu- mée et de se maquiller en ramoneurs.

Et voilà pourquoi la Nature, toujours in- génieuse, a mis une couche de cirage sur la peau des indigènes des brûlants climats. Cette sacrée Nature! - L. G.

LES

MAUVAIS BERGERS

La question sociale au théâtre ! J'écou- tais hier le grand drame d'humanité où Mirbeau a ordonné pour nous les cruelles péripéties de l'écrasement quotidien des faibles par les forts. Je regardais pas- ser la vie douloureuse des hommes, ou- vriers et patrons, lancés l'un contre l'au- tre dans la sombre mêlée des égoïsmes en fureur. Et voilà que le mot de Gambetta me revint en mémoire : a II n'y a pas de question sociale. » C'était hier. Il semble que cela soit du temps de Clovis.

Qu'est-ce donc qui nous étreint dans la simple et forte tragédie de Mirbeau, sinon la conscience que les horreurs dont la scène nous fait témoins ne sont rien que de la réalité vivante ? Qu'est-ce autre chose que la vie, cette implacable bataille des exaspé- rations humaines aveuglément entrecho- quées ? Que veulent ces hommes 1 Vivre ! « Ils ne demandent rien que de juste », dit le patron, songeur, qui ne leur a même pas répondu.

Vivre ! Ce mot représente pour i'un le nécessaire, pour l'autre un superflu dont l'entraînement de l'action ne lui permet pas de fixer la mesure, n Je veux vivre totale- ment», s'écrie l'anarchiste Jean Roule, et le patron, misérable dans ses richesses, patron, qui ne donne d'autre but à ses ef- forts que de réaliser toute la vie possible, chasse pour ce mot l'homme, son frère, de- venu son ennemi.

Il le chasse, et tout aussitôt s'affole de douleur, et pleure sur lui-même, car son fils, son fils qu'il vient de chasser aussi pour avoir osé dire la parole de pitié, son fils est du même coup jeté par lui-même à la mort.

C'est que la Némesis est en route, et le clairon qui retentit tout à coup annonee que la fatalité doit achever son cours. I^es fusils sont chargés. Par le fer et le feu, la grève doit finir. Et elle finit en effet dans le sang et dans l'incendie. Pitié I pitié I C'est le. patron maintenant qui demande merci. Trop tard! « Je vous adopte tous, ma for- tune est à vous ; dites-moi seulement où est mon fils. » Le silence. Le silence de la foule, le silence des cadavres. On apporte Jean Roule et le fils du patron enlacés dans la mort. Le vainqueur terrassé se tord dans l'agonie. Et voila tjue Madeleine a senti dans ses flancs le fils de Jean Roule qui veut naître. Victoire! C'est l'avenir qui, par le miracle de nos douleurs, fera, sur « le charnier de l'histoire », surgir la paix duo bonheur libre ».

Tel est le drame : toute la question so- ciale elle-même, dramatisée d'un art si complet, si puissant que l'auteur s'ef- face, et qu'on ne voit plus rien que les personnages de la vie. Le style de Mirbeau, déjà si nerveusement condensé, s'aiguise en des traits de simplicité vio- lente et grandiose qui frappent au coeur et font sursauter les libres douloureuses. Et l'art est si grand qu'il semble qu'il n'y ait point d'art. C'est tout l'homme dans sa bonté, dans sa férocité, dans sa vérité. L'homme pitoyable, l'homme implacable, torturé, torturant, marchant, les yeux bandés, vers des choses meilleures.

J'entends critiquer ce théâtre par des admirateurs de Sardou. Cela est bien. La technique des truqueurs n'a point de place ici, et ceux qui veulent emprison- ner l'auteur dramatique dans un cadre inflexible méconnaissent, à mon sens, les conditions premières de l'art. Les formules du drame changent avec les sociétés qu'elles expriment. Je veux admirer à la fols Es- chyle, Sophocle, Shakespeare, Corneille, Racine, Molière, Ibsen, Bjoernson et ceux de mes contemporains qui cherchent la vérité de la vie.

Quand le misérable Thleux à qui l'usine vient de prendre sa femme se tord sur son grabat en criant : s Plus d'usine ! plus d'usine i » quelle plus émouvante réponse que Te tragique sifflement des machines dans la cadence du marteau-pilon qui scande de ces coups sourds l'agonie de la victime.

J'entends qu'on reproche à Mirbeau de n'avoir point conclu. Montrant la vie, il a conclu comme elle, à la fécondité de la douleur. Je conviens que la condamnation bloc des « Mauvais Bergers » ne. peut pas être sans appel dans la bouche de Jean Roule. Condamner toute la poli- tique d'ensemble est d'une anarchie trop sommaire. Je connais quelque chose dés fautes et des crimes de l'autorité dans le monde. Mais il n'y en a pas moins, parmi les conducteurs des fou- les, de3 dévouements vrais, nui font les évolutions d'avenir. Et toi aussi, pauvre Jean Roule, on te l'a dit : « Tu paries comme un député, » Tu chantes ia .Carmagnole i ton tour, et que fais-tu pour tes frères, sinon de les conduire à la mort?

Les spectateurs, engrenés eux-mêmes dans les rouages sociaux qu'on met un moment sous leurs yeux, ne sont pas tous, hélas ! « du même côté de la douleur ». Ils ont applaudi tour à tour au vibrant plaidoyer au patron, et au cri de pitié de son fils.

La tuerie de la grève a révolté d'om- brageux pharisiens. Ils no peuvent nier cependant la vérité du tableau. Ils au- raient, semble-t-il, une meilleure occa- sion de protester aux jours où la réalité sanglante se dresse devant nous. « Suppri- mez le cinquième acte », a crié quelqu un. Supprimez-le donc, vous-même, de fa vie.

Le moment viendra -sans doute où no- tre indifférence barbare fera place à la grande pitié humaine que nous savons chanter, mais que nous n'osons pas agir. Pour avoir appelé cette heure qui fera date dans l'histoire de l'homme, pour l'a- voir préparée avec les chanteurs de Car-

magnole à tort exécrés de Jean Roule, qu'Octave Mirbeau, avec ses grands inter- prètes, Sarah, Guitry, Deval, emporte l'applaudissement de tous les hommes de paix qui attendent la justice heureuse de l'esprit humain rasséréné.

G. Clemenceau.

Au coura du conseil tenu Mer au ministère de l'agriculture, les ministres se sont entre- tenus d'une motion que certains députés ra- dicaux auraient l'intention de présenter dans le but de demander d'interrompre la discus- sion des dépenses et d'aborder immédiate- ment l'examen des recettes du budget de 1898- Le cabinet s'opposera à cette motion si elle est présentée.

Le ministre des affaires étrangères fera dis- tribuer avant ta fin du mois aux membres du Parlement un Livre jaune relatif aux affaires de Crète.

rÉchos et (goavelles

CALENDRIER. - Vendredi 17 décembre, 351' jour. Temps d'hier : Beau.

Thermomètre de l'Aurore Maximum, 1> au- dessus; minimum, 5°4 au-dessus.

Baromètre de l'ingénieur Secretan : A midi, 764" ; à minuit, 763»,

Vent sud-ouest.

LA POLITIQUE

M. Yves Guyot nous la fait à la dignité. Il se refuse à comparaître devant la commission du Panama et à lui donner des explications que l'on attendait avec une curiosité légi- time, Le motif ? C'est que la commission est, paraît-il, composée do ses adversaires poli- tiques.

Il faut avouer que la démission des amis de M. Yves Guyot est arrivée fort à propos pour permettre à celui-ci de mêler la politique à cette affaire. D'autant plus que l'on est assez peu fixé sur ce que M, Yves Guyot en- tend par adversaires politiques. Il est en effet de ceux dont la veste, à force d'avoir été re- tournée, est usée jusqu'à la corde et n'a plus guère de couleur.

Libre à lui, du reste, de contester la compé- tence d'une juridiction légalement instituée par les représentants du pays. Avant lui, Lacenaire récusa ses jugés.-An. M.

LA FEUILLE

M. Zo ci'Axa est un grand garçon élé-

gant, florescent, barbu, spirituel et hardi. I est d'ailleurs assez mal vu des gens de police à qui il a donné déjà bien du fil à retordre. On i a poursuivi; il s'est sauvé; il est allé jusqu'à Jérusalem et il a fini par être arrête par iftt consul de France qui ne savait point le français et était d'ail- leurs presque aussi noir qu'un nègre. Il a été un pensionnaire de Mazas et de Sainte- Pélagie, avec Philippe Dubois ; avec Phi- lippe Dubois il a prodigué aux directeurs de prison des trésors d'impertinence,

- Pourquoi ne me saluez-vous pas> lui demande un jour le directeur de Sainte- Pélagie.

- Je vous prenais pour un détenul ri- poste d'Axa.

Et le voici qui reprend maintenant la plume des jours de combat. Il publie la Feuille, légère, alerte, cruelle, sans pi- tié pour les puissants du jour, pleine de mansuétude pour les miséreux ; si pari- sienne et si philosophique.

Il n'a pas d'autre collaborateur que Steinlen : un maître. Il n'a pas d'autre but que de démasquer les imbéciles et les tartufes ; il na d'autre crainte que de ne pas marquer son mépris de la tourbe di- rigeante; il ne court d'autre danger que la prison - ou la proscription !

La Feuille porteuse dépensées et de colè- res peut affronter l'hiver ; elle ne manque pas de sève. - E, T.

PALMES

L'Agence Uavas communiquait hier soir aux journaux îa petite note suivante :

A partir d'aujourd'hui, 16 décembre, les candi- datures aux palmes académiques ne pourront plus Être examinées utilement en vue de la prochaine promotion.

Pour plus amples renseignements, voir le compte rendu de l'audience d'hier à la neu- vième chambre.

ACIDULÉS

VI

LES DEUX VOISINS Prosper est marié; Paul est célibataire. Ils habitent tous deux sur le même palier.

Chez Prosper on entend la femme chamailler Et les enfants brailler en se vautrant par terre.

Paul fait la fête, à droite, à gauche, sans mystère. Il cherche n'importe où l'amour hospitalier, Et gris, fourbu, battant les murs de l'escalier, Réintègre au matin son logis solitaire.

Au fond, il se méprise et se sent mécontent. Lorsqu'il croise Prosper reposé, Mm portant, il soupire en songeant à cette calme vie;

Et Prosper, dévoré de désirs contenus,

Révant aux soupers fins,auoe baisers,aux seins nus, Jette sur son voisin de longs regards d'envie.

CH;. GILBERT MARTIN

UN BON POINT

Un petit bravo au Conseil municipal. Il a entendu nos protestations et, à une forte ma- jorité, repoussera la demande de crédits rela- tive à la construction de l'invraisemblable monument qu'on voulait édifier à la pointe de l'ile de la dite : le vaisseau de la Ville sur- monté d'une statue allégorique.

Plusieurs conseillers municipaux dont le nom avait été mis en avant comme favorables au projet nous ont assuré hier qu'ils étaient résolus à voter contre.

Le3 « armes de Paris » qu'on rêvait de construire au bas du pont Neuf resteront un simple bateau qu'on a voulu monter aux Parisiens.

ENFANTS FORCÉS

Extrait des pétitions adressées à la Chambre de3 députés et distribuées hier :

N° 1447. Le sieur Lantior, à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), propose un mode de répression du crime d'infanticide.

Motifs de la commission. - Le pétitionnaire expose que, neuf fois sur dix, le crime d'infanticide n'aurait pas lieu ai la fille-mère yui veut cacher aa faute pouvait déposer clandestinement son enfant dans un lieu d'assistance, II expose en outre qu'an lieu de condamner ce g femmes à la prison, il faudrait les envoyer dans une colonie spéciale pour peupler et coloniser, en les condamnant à un, deux ou trois enfants, selon ses propres expres-

sions. L'idée est assez originale, bien qu'elle ne paraisse peut-être pas très pratique. Quoi qu'il en soit et bien que la signature ne soit pas légalisée, la douzième commission propose la renvoi de la pétition au ministre de l'intérieur.

Voilà une nouvelle fonction pour neveux de ministres : chargés de faire subir leur peine aux femmes condamnées pour infan- ticide.

ÇA ET LA

RÉPONSE A ZOLA.- On a vendu hier sur les boule- vards une brochure intitulée ; Réponse de la Jeu- nés se française d Emile Zola, par L. Aujar, étu- diant « Nous ne sommes pas dégénérés, écrit l'autour. Crois-tu donc, Zola, que ce qui est juste, "noble, nous laisse froids ; que nous ne pensons qu'à fumer des pipe3 et à courir les belles petites.?

» Non, ne le crois pas, ni toi, ni ceux dont la barbe grisonne, La jeunesse d'aujourd'hui, comme celle d'autrefois, sent en elle ae dresser la rouge armée des indignations. »

BALIVERNES

Dufourneau, célibataire incorrigible, est antiféministe au delà de toute expression.De- puis l'apparition de la Fronde, Dufourneau ne décolère pas.

- Ah! elles ont pris comme enseigne la fronde, l'arme de David 1 Eh bien! moi, je prendrai l'arme de Samson, et je fonderai la Mâchoire d'âne, organe des vieux gar- çons!

Scaramouche.

Tous les lecteurs et lectrices doivent lire avec attention :

LA VIE Â BON MARCHÉ

dont ils trouveront la solution à la quatrième page de ce numéro. Il est impossible de ne pas souscrire à cette merveilleuse combinai- son, absolument sans rivale et qui s'imposera à tous lea esprits sérieux et réfléchis.

(Voir aux Annonces.}

HISTOIRES DE VOLEURS

Le budget de la guerre pour 1898 doit s'éle- ver à 626 millions. Voilà vingt-cinq ans que dure ce régime; au prix de cinq à six mil- liards, dépensés par la Marine, et de vingt- deux à vingt-trois milliards, dépensés par la Guerre, nous avons une flotte hypothétique avec un « décor » d'armée; si bien que les patriotes les plus excités, les professionnels de la revanche tremblent de régler,en b'rance, au grand jour, une affaire française où serait prononcé le nom de Guillaùme.

Nous aurons l'occasion de rechercher par quelles dilapidations, par quelles concussions sont dévorées, sans profit pour la défense na- tionale, les sommes prodigieuses qu'on exige au nom de la défense nationale. Nous allons montrer d'abord, par deux exemples concor- dants, comment ces dilapidations et ces con- cussions peuvent se multiplier, comment elles sont protégées, comment elles sont éri- gées en système.

Une pétition très documentée, actuellement soumise à la douteuse attention de la Cham- bre, expose l'aventure du commandant Du- breuil-Myszkowski, laquelle répète l'aventure du colonel Allaire. C'est justement l'analogie des deux affaires qui leur enlève tout carac- tère accidentel et qui démontre la perma- nence, l'universalité, l'impunité des abus.

L'affaire Allaire, assez connue dans l'ar- mée, a été le plus possible dérobée au public. L'intéressé l'a racontée dans un volume bourré de faits, de noms, de pièces authen- tiques, d'une lecture ingrate, mais d'un inté- rêt capital. Les vices de notre administration militaire et les plaies de l'armée nationale y sont éclairés d'un jour cru.

Au mois d'octobre 1890, le colonel Allaire, breveté d'état-major, brillamment noté, pre- nait le commandement d'un régiment de hussards à Dinan. Il était choisi comme un chef énergique, et recevait mission de réta- blir impitoyablement la discipline dans un corps d'officiers où le baccara, les paris, les course^ îe trafic ci le maquignonnage des che- vaux causaient de fréquents scandales.

Peu après, sur la demande du général com- mandant le 10° corps, le ministre envoya le régiment en disgrâce de Dinan à Gray, c'est- à-dire de la Bretagne à la frontière de l'Est. Ce qui donne à penser que, dans l'opinion des chefs d'aujourd'hui, un régiment de cavalerie se trouve en disgrâce aux postes d'avant- garde.

Les soldats d'autrefois n'étaient pas du môme avis. Mais, dans l'espace d'un an, vingt-sept officiers du régiment usèrent de leurs protections pour se faire replacer dans les garnisons de l'intérieur : ils partageaient le sentiment des généraux.

Le désordre matériel, chez ces hussards, s'ajoutait au désordre moral. La comptabilité des escadrons était obscurcie par l'inscription de dépenses fictives, par des virements, par la pratique des « masses noires » ou masses occultes. Plusieurs officiers étaient en butte aux accusations et aux soupçons des fournis- seurs, des maîtres-ouvriers, des sous-officiers. Us passèrent en conseil de guerre; un capi- taine fut mis en retrait d'emploi ; le capitaine- trésorier fut condamné à trois ans do pri- son.

Alors, un toile général s'éleva contre le co- lonel Allaire. chef de corps, qui exécutait sa consigne et qui obéissait à sa conscience en imposant une vie décente à ses subordon- nés, en exigeant des comptables un© adminis- tration claire et loyale, en traquant les YO- LEURS, en défendant l'argent du public et l'hon- neur militaire, fui dénoncé comme un gê- neur. Les officiers indignes contre lesquels il avait dû sévir mirent en mouvement leurs patrons politiques ou militaires. Us trouvè- rent des complicités dans les bureaux du mi- nistère. Le régiment fut laissé sept mois sans major, six mois sans chef d'escadrons, trois mois sans lieutenant-colonel, pour surcharger le colonel. Ensuite, on lui désigna pour major un aliéné, enfermé dans une maison de santé, qui ne parut jamais au corps, mais qui figura sur les état de solde : ses créanciers touchaient pour lui.

Quant à la comptabilité, le générai de di- vision se chargea de l'enseigner au colonel. Il lui imposa dans ses casernements des dépen- ses somptuaires, des travaux de luxe, pour les- quels il n'y a point de crédits ; il lui apprit « qu'un colonel doit savoir jouer de la masse et trouver chaque année une grosse somme pour en disposer ù son gré ». Dans la cavale- rie, de même qu'un sous-officier doit avoir du chic pour être envoyé à Saumur, de môme

qu'un officier doit avoir du chic pour avancer, un régiment doit avoir du chic pour être bien noté à i inspection. Le générai indiquait au colonel les maisons de commerce auxquelles il devait s'adresser pour opérer les embellis- sements prescrits. Les fonds, la « grosse som- me », il fallait la prélever sur la nourriture des hommes, sur la nourriture des chevaux, sur le harnachemen t, sur l'entretien du ma- tériel de guerre, ou l'économiser par des con- gés, par des permissions qui eussent vidé lo régiment et rendu l'instruction impossible.

Honnête homme, honnête soldat, le colonel Allaire résista. Il refusa de commettre lui- même les actes qu'il avait sévèrement répri- més, Il fut brisé. Les grands chefs découvri- rent que cet officier d'élite, dont les notes étaient parfaites et les états de service excel- lents, qui avait été choisi à cause de ses qua- lités pour un commandement difficile, était soudain devenu incapable de commander. Ils le mirent à la retraite.

Voici maintenant la seconde histoire, dont est saisie, après le ministre de la guerre, la commission des pétitions,

A la fin de 1895, le commandant Dubreuil- Myszkowski se trouvait détaché à Dieppe avec son bataillon du 119« de ligne, dont la portion principale était au Havre. En l'ab- sence d'un capitaine, lo lieutenant qui avait pris le commandement de la compagnie si- gnala des majorations frauduleuses de fac- tures commises par le sergent-major comp- table. Aussitôt, le commandant ouvrit une enquête et 1a poussa énergiquement ; il dé- couvrit un ensemble de malversations et do détournements dont le sergent-major n'avait pu se rendre coupable qu'avec la complicité de aon capitaine.

Sur ces entrefaites, le capitaine revint de permission, trouva l'enquête en cours ot fit jouer de secrètes influences. Le lieutenant- colonel, puis îe colonel accoururent. Le capi- taine coupable, bien appuyé, déclara inso- lemment que tous ses collègues faisaient comme lui. Lo lieutenant-colonel menaça t& commandant trop scrupuleux. Le colonel fournit au capitaine et au sergent-major com- plices la liberté de se concerter, et de détruire les cahiers d'enregistrement ou. l'on aurait retrouvé la trace de leurs fraudes, antérieures.

Le lieutenant qui avait révélé le premier indice fut insulté publiquement par un capi- taine, protecteur du sergent-major ; il se vit infliger trente jours d'arrêts de forteresse pour avoir protesté contre les outrages qu'il no pouvait punir ; il fut, d'office, envoyé dans un autre corps.

Quant au commandant Myszkowski, les arrêts tombèrent sur lui comme grêle ; sef actes les plus insignifiants devinrent prétexte, à persécution ; et la commission régionale du 3e corps, qui l'avait proposé en 1895 à l'una- nimité pour le grade supérieur, le raya com- plètement de la liste en 1896. Abreuvé de dé- goûts, cet honnête homme est contraint au-^ jourd'hui de quitter l'armée... Mais le ser- gent-major voleur a simplement rendu ses galons; le capitaine complice a simplement changé de corps.

On n'a pas oublié, dans le même ordre d'idées, le cas de cet officiel* d'administration que l'intendant Baratier traita comme un malfaiteur, parce qu'il avait dénoncé les con- cussions d'un de ses collègues ; ni le cas du capitaine de frégate Picard-Destelan, brisé pour avoir pris la main dans 1e sac un lieu- tenant de vaisseau que protégeait l'amiral Duperré, déserteur et grand-croix.

Le système est donc bien établi.

Partout et toujours, l'impunité pour les voleurs, le châtiment pour les hommes do coeur qui prétendent remplir leur devoir. Ou envoie les voleurs « se faire pendre ailleurs », c'est-à-dire continuer leur métier dans le ré- giment voisin ; mais on chasse de l'armée, â force d'avanies, les honnêtes gens dont la conscience trop délicate suscite des « affaires».

Dans des «affaires» de cette espèce, il eût été surprenant qu'on ne rencontrât pas l'au- guste gendre de Belluot. On l'y trouve. Un i officier de l'Elysée écrivit au colonel Allaire : I Vous avea trop bien servi et voua avez trop de souci de l'honneur de L'armée pour ne pas com- prendra qu'alors même qu'on serait victime de la mauvaise foi des autres, il est du devoir d'un offi- cier d'éviter toute accusation, tout scandale, qui no peuvent que diminuer le prestige que nous vou- drions tant conserver â l'Armée !,.,

Pour une certaine catégorie de gens d'hon- neur, l'honneur consiste dans l'étouffement : l'honneur de l'armée exige qu'on fasse le si- ; lence sur las concussions militaires, comme l'honneur de la République exige qu'on fasse le mystère autour du Panama civil. Au ba- soîn, tous les Mézières du Parlement donne- ront un coup de main pour bâillonner les té- moins.

Mais aux yeux des honnêtes gens, l'hon- neur est inséparable de la justice. L'honneur de l'armée n'est pas atteint parce qu'on y aura trouvé des traîtres ou des voleurs. L'ar- mée se déshonore si la trahison, la conçus-» sion, le vol y sont impunis - si les braves gens y sont sacrifiés aux coquins.

Urbain Cohier.

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Mort d'Alphonse Daudet

LE FABT DU JOUR

LES PALMES

Un petit Wilson.- Bronchites opportuniste*,

En voulez-vous des honneurs? - Les illusions d'un palmé. - Le défilé. - Huissiers, notaires, commerçants.

Les Français se divisent en croyants et eu athées.

ils se divisent aussi en citoyens qui rêvent pour leur habit un petit bout de ruban (rouge d possible, sinon violet, vert tout au moins) et en libres penseurs de la boutonnière qui trouvent ab surde de demander au gouverne- ment d'estampiller le révéra gauche de leur paletot

Constatons, non sans regret, que ces der- niers sont la minorité. Rien n'y lait. L'affaire Wilson n'a point dégoûté de îa croix les dé- corables; l'affaire que juge en ce moment la neuvième chambre du tribunal correctionnel ne diminuera pas d'une unité les candidat® aux palmes, La Français croit au rubaa.

Comment on les obtient, ces palmes convoi- tées, le prévenu principal Mir va nous l'ap> prendre.

II nous suffira de transcrire l'interrogatoire